029. 3x03 - Des pokémons à la mer
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Ils croisent la route de Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. Suite à une rencontre terrifiante contre la Team Aqua, Sofian, Flora, Timmy et Monsieur Marco vivent de terribles aventures en mer, à la suite de quoi le Békipan de Sofian protège le vieil homme et Picko décède. Monsieur Marco réconforte Timmy qui s’en veut pour la mort de Picko. Dans la Grotte Granite, Flora rencontre Pierre Rochard qui découvre un antre mystérieux qui renfermerait des secrets sur le passé mythologique de Hoenn et les trois amis finissent par donner sa lettre à Pierre Rochard. La Team Rocket arrive à détruire le dossier de leurs crimes et obtiennent de l’aide du QG de Kanto qui leur envoie une toute nouvelle montgolfière afin de quitter Myokara. La prochaine destination des trois adolescents est Poivressel où ils doivent remettre un colis au Capitaine Poupe.
Chenal 107
Le paquebot lança son appel sonore qui résonna dans tous le port du Village Myokara, et une espèce d’excitation parcourut le groupe qui attendait l’heure de l’embarquement. Une voix dans les interphones annonça le départ imminent de l’embarcation pour Mérouville. Le silence retombe entre les dix personnes.
– Allez les enfants, il est grand temps de retourner à Mérouville, on a assez perdu de jours de cours comme cela, appela Roxanne qui était occupée à vérifier pour la dixième fois que les tickets étaient bien dans sa poche. Votre professeur de « Stratégie au combat » a déjà embarqué avec les autres étudiants, on se presse !
Elle fit un dernier signe de main stressé à Sofian, Flora et Timmy avant de courir vers le bateau.
– Malgré tous ces évènements, ce fut un réel plaisir de vous rencontrer, avoua Charles en serrant la main des trois adolescents.
– Si vous passez par Mérouville, évitez de venir nous dire bonjour, vous risqueriez de nous mettre en danger, s’amusa Dan en les saluant à son tour.
Le petit groupe d’amis éclata de rire. Hélène embrassa amicalement Timmy, passa à Flora (qui tenta du mieux qu’elle pouvait d’afficher un sourire convaincant) et arriva devant Sofian.
– Sofian, je… je suis contente pour ton badge Poing, félicita-t-elle en hésitant, sous les regards meurtriers de Flora qui la voyait s’approcher de son meilleur ami. Tu m’as donné envie de m’améliorer pour un match revanche contre ton père… Je crois que…
– BON, VOUS VOUS RAMENEZ, BORDEL ? hurla une Roxanne en proie à une crise de nerf sur la terrasse du bateau.
– Allez, au revoir Hélène, pressa Flora en la poussant vers ses amis. Dépêche-toi, ce serait dommage que tu rates ton bateau ! Ciao, ciao !
Timmy pouffa de rire dans son coin en entendant Flora ajouter dans sa barbe : « Bon vent… ».
À peine le groupe de l’Ecole Pokémon Fondamentale de Mérouville parti, Nathalie et Gaëlle se jetèrent sur leurs enfants respectifs et les étreignirent à les étrangler.
– Vous êtes sûrs que vous voulez repartir à l’aventure ? pleurait Gaëlle.
– Maman, le but était de partir faire le tour de Hoenn, rappela Flora en essayant de respirer entre les bras de sa mère.
– Revenez au Bourg-en-vol, personne ne vous voudra du mal là-bas ! promit Nathalie.
– Ça c’est toi qui le dis, répliqua Sofian en essayant de s’extirper de l’étreinte de sa mère.
– Et puis, mes concours…
– Mes badges…
– La célébrité…
– Le Capitaine Poupe…
– Allons, il faut que jeunesse se fasse ! intervint le Professeur Seko en tirant sa femme vers lui, libérant ainsi sa fille.
– Et puis, vous avez parié beaucoup d’argent sur Sofian, chuchota Timmy au Professeur Seko qui approuva discrètement, en agrémentant sa remarque d’un clin d’œil.
Sofian parvint enfin à se dégager des bras de sa maman et l’obligea à se tenir à l’écart.
– Ne te crée pas d’ennuis, supplia-t-elle, une larme à l’œil. Et surtout, promets-moi de ne pas chercher ta sœur.
– J’ai pas besoin de la chercher, c’est elle qui me traque, marmonna Sofian de mauvaise humeur.
– Promets-moi ! s’entêta Nathalie.
– Ne te tracasse pas, m’man !
Le paquebot qui allait les transporter jusque Poivressel fit son appel à son tour et les trois adolescents embrassèrent une dernière fois les trois adultes présents sur le port. Les deux mamans pleurèrent toutes les larmes de leur corps en assistant au départ des trois amis qui grimpèrent sur le pont d’embarcation.
– Attendez ! cria une voix au loin.
Sofian fit volte-face, s’apprêtant à remballer sa mère, mais il vit arriver sur la terre ferme l’infirmière Joëlle, courant à toute vitesse en poussant devant elle une chaise roulante. Timmy se tourna à son tour et reconnut le vieux pêcheur qui habitait prêt de Clémenti-ville qui leur faisait signe de redescendre du pont d’embarcation en vitesse. Flora grogna d’impatience alors que Timmy accourait vers Monsieur Marco ; le jeune garçon avait été très affecté par leurs aventures en mer et une complicité s’était installée entre le vieil homme et lui.
– J’ai bien cru que nous ne serions pas arrivés à temps, dit l’infirmière Joëlle, soulagée. Je t’ai apporté ceci, Timmy, au cas où tu aurais à nouveau une crise d’asthme.
Elle tendit une petite bombonne d’oxygène portable et le jeune garçon la remercia chaleureusement.
– Elle est assez pleine pour deux crises majeures.
– Monsieur Marco, vous n’auriez pas dû sortir de votre chambre, vous n’êtes pas encore assez remis de vos émotions, réprimanda Sofian.
– Je voulais vous remercier pour votre aide, les enfants, avoua-t-il.
– Quelle aide ? s’étonna Flora. On n’a fait que nous mettre en danger.
– Vous avez voulu directement m’aider à récupérer mon vieux Picko, et je ne vous ai jamais remercié pour cette gentille attention, s’expliqua Monsieur Marco en parlant lentement, comme si chaque mot lui demandait un effort important. Merci d’avoir essayé de sauver Picko des griffes de la Team Aqua et de l’avoir rassuré dans ses dernières heures.
Timmy ne trouva pas les mots pour le réconforter et préféra lui serrer l’épaule en signe d’affection. Flora lui sourit tristement, jetant un coup d’œil à leur paquebot qui menaçait de partir sans eux, tandis que Sofian restait silencieux. L’adolescent ne se sentait pas à son aise en entendant les remerciements de Monsieur Marco car, après tout, en mettant en place un plan bourré de défauts, c’était de sa faute si Picko avait été séparé de son maître, attaqué par la Team Rocket à sa poursuite, et repêché par son propre Ecrapince. Tout avait été de sa faute, et il ne pouvait rien faire pour se faire pardonner. Encore que…
Sofian fouilla dans la poche de son jeans et en sortit une pokéball. Il fit apparaître son Békipan et tout le monde lui lança un regard interrogatif.
– Qu’est-ce que tu fais ? s’inquiéta Flora qui voyait ses chances de partir pour Poivressel diminuer à toute vitesse.
– Monsieur Marco, si vous avez perdu votre Picko, c’est entièrement de ma faute, s’excusa Sofian, qui ne s’arrêta pas de parler afin que le vieil homme ne l’interrompît pas. Lorsque vous aviez disparu en mer, Békipan s’est directement porté volontaire pour vous rechercher. J’y ai beaucoup réfléchi, et je pense qu’il s’est senti bouleversé par votre histoire, ayant été lui-même un Goélise.
Puis, il s’adressa à son Békipan :
– Je vais poursuivre mon voyage dans Hoenn à la poursuite des badges d’arène, expliqua-t-il. Mais Monsieur Marco va rentrer chez lui. Je suppose que, après tout ce qu’il nous est arrivé, tu préfères rester avec ton ami Monsieur Marco et le protéger plutôt que de jouer dans des matches d’arènes, n’est-ce pas ?
Békipan détourna le regard de son maître et regarda Monsieur Marco, avant de s’envoler vers lui et de se blottir contre lui. Sofian soupira douloureusement, et tendit sa pokéball à Monsieur Marco.
– C’est vrai ? demanda celui-ci au pokémon.
Pour toute réponse, Békipan se blottit davantage et Monsieur Marco accepta l’offre.
– Merci de vouloir m’accompagner dans la fin de ma vie, remercia le vieil homme. J’aurais tellement aimé que mon Picko devienne un si beau et fort Békipan tel que toi…

Accoudé contre la barrière qui protégeait des chutes dans l’océan, Sofian regardait les petites vagues de la mer scintiller sous les rayons du soleil estival. Le vent lui caressait agréablement le visage, et il entendait derrière lui les petits cris amusés des pokémons joyeux jouant sur le bateau. Poussifeu, Nirondelle, Écrapince, Arcko, Tarsal, Gobou, Charmillon : tous s’amusaient sur le pont du paquebot qui avançait dans le bleu infini. Appuyé de chaque côté de lui, Flora et Timmy s’amusaient à observer leurs pokémons, profitant de l’air frais, du calme, de la vie paisible, d’un renouveau.
– Ça fait vraiment du bien de reprendre le voyage, soupira Flora en souriant. En plus, dans exactement dix jours, j’aurai gagné mon premier ruban. C’est parfait !
– Trop parfait… marmonna Timmy.
– Oh arrête de stresser, veux-tu ? interrompit Sofian. On va enfin reprendre une vie normale, que demander de plus ?
– C’est toujours quand tout va bien que tout part en cacahuètes, fit remarquer le jeune garçon, plus amusé qu’inquiet.
– Mais non…
Sofian plissa les yeux, le regard vers l’horizon qui lui paraissait très positif. Tout à coup, la voix du capitaine retentit dans les interphones du paquebot :
– Chers passagers, bienvenue sur le Courant 2010, ce paquebot révolutionnaire qui vous amènera à Pacifiville en un jour à peine. Veuillez respecter les consignes de sécurité et…
La fin de son annonce fut assourdie par le cri de désespoir de Flora.
– C’est une blague ? C’est une blague ? s’exclamait-elle en boucle.
– Pacifi
quoi ?? balbutia Sofian.
– Et mon concours ??
– Et le colis du Capitaine Poupe ??
– Ne me dites pas qu’on s’est trompé d’embarcation !!
– Qui a été le crétin à ne pas s’assurer qu’on était sur le bon bateau ??
– Qu’est-ce que je disais… soupira Timmy, dépité.
Alors que Sofian retenait une larme de dégoût de couler sur sa joue, Flora se laissa glisser au sol, découragée. Timmy brandit son Pokénav afin de savoir combien allait leur coûter ce détour par Pacifiville, et il faillit s’étouffer d’horreur en comprenant que leur destination était à des centaines de kilomètres de Poivressel. En d’autres termes, ils étaient loin d’avoir repris leur voyage.
– Excusez-moi ?
Une très jeune femme s’était approchée d’eux et apparut derrière une énorme carte de la région. Au premier regard, Sofian confondu sa chevelure rouge flash avec un pokémon tellement sa coupe en forme de palmier était originale. Ses vêtements étaient eux-aussi très provocateurs : son petit top rouge offrait une vue plongeante sur un ventre plat et pâle et son jeans bleu lui moulait des formes ravissantes qui bouleversèrent le jeune adolescent.
– Pacifiville, c’est la ville portuaire au sud du continent ? leur demanda-t-elle dans un accent chaleureux. Vous voyez de quoi je parle ?
– Euh… bégaya Sofian, ébloui face à la beauté de la jeune femme.
– Je pense que vous parlez de Poivressel… grommela Flora en lui tapant un coup de coude dans les côtes.
– Mais… C’est bien sur le chemin, juste ?
– Malheureusement, on dirait que vous vous êtes trompée de paquebot vous aussi, annonça Timmy d’un air triste.
– Enh c’est pas vrai !
La jeune femme se plaqua les mains au front et son regard pétillant se transforma très vite en une grimace de désespoir.
– Hoenn est une région beaucoup trop grande pour moi, se lamenta-t-elle. Je viens à peine de débarqué, c’était il y a deux jours, et je me suis déjà perdue trois fois. Je ne sais même pas comment je me suis retrouvée à
Mykorara. Je suis vraiment trop nulle en géographie. C’est le Capitaine Poupe qui va être content de savoir que j’ai encore pris du retard… Oh ! mais je parle, je parle, et je ne me suis même pas présentée. Je m’appelle Addie !
La jeune femme leur serra la main et remarqua enfin les visages désemparés des trois adolescents, ce qui l’embarrassa.
– Je sens que je vous dérange avec mes problèmes… dit-elle, mal à l’aise. Je suis désolée. Je parle trop, je suis vraiment nulle ! Pardon de vous avoir embêté.
Et elle tourna les talons.
– Non, non, ce n’est pas ça ! détrompa Sofian en la retenant près d’eux. C’est juste que… nous aussi on connaît le Capitaine Poupe. Enfin, non, on ne le connaît pas vraiment en fait…
– Ce que Sofian essaie de dire dans son langage qui restera toujours un mystère, c’est qu’on détient quelque chose qui appartient au Capitaine Poupe, rectifia Timmy.
– Ouais, bref, on devait aussi se rendre à Poivressel pour apporter son colis au Capitaine Poupe…
– Techniquement, on y va pour mon concours… précisa Flora.
Mais l’information retomba dans le vide car la conversation tourna autour du Capitaine Poupe.
– C’est donc vous qui avez son colis ! s’exclama Addie. Justement, le Capitaine m’a confié une mission et lorsqu’il m’a sonné, il m’a avoué son inquiétude quant à l’acquisition d’un colis que le patron de l’Entreprise
Démon lui aurait envoyé il y a assez longtemps…
– L’Entreprise
Devon, vous voulez dire ?
– Oui bon, on a eu quelques petits imprévus, avoua Timmy.
– C’est-à-dire ?
– Bah ! on va dire qu’en deux semaines, on a été retardé par des malfrats qui ont essayé de nous couler en mer, nous obligeant à survivre quelques jours sur une île déserte, et d’autres qui ont tenté de nous étouffer dans une grotte, ce qui a résulté à trois jours d’hospitalisation, résuma brièvement Flora.
– Imprévus classiques, en somme ! ajouta Sofian.
Et les trois adolescents éclatèrent de rire. Addie afficha un sourire poli, mais sans savoir si c’était la bonne réaction à adopter.
– Ça fait deux jours que je suis dans la région et je ne me suis pas encore faite agresser, je dois m’inquiéter ? plaisanta Addie.
Et ses rires s’ajoutèrent à ceux des trois amis, ce qui résultat à un fou rire général.
– En tout cas, ça fait du bien de voyager avec des gens aussi paumés que soi ! se réjouit Addie.
– Je n’aurais pas mieux dit ! approuva Flora.

A des dizaines de mètres d’altitude, bien au-dessus du paquebot qui ne donnait même plus l’impression d’avancer depuis une telle altitude, flottait au gré du vent estival, cachée par le soleil radieux, une montgolfière flambant neuve.
– Cet engin est fantastique ! s’émerveilla Miaouss. Vous avez vu tous ces gadgets ? Vous avez vu ces propulsions, ces cages, ces cordes, ces… oh purée y a même un « Aimanteur » !
– Je ne sais pas ce que c’est, mais le nom a l’air déjà trop badass ! répondit James qui n’arrivait plus à savoir où donner de la tête.
– Et cette nacelle en métal, une paroi double pour empêcher la casse, les coups et les griffes ! constata Jessie, les yeux pleins d’étoiles.
– C’est Noël avant l’heure ! s’exclama Miaouss en laissant tomber au milieu de leurs nouveaux accessoires de bandits.
– Une chose à la fois, les amis, se calma Jessie en reprenant son sérieux, car la mission va être longue et compliquée.
– Par où commencer ? interrogea James.
– Testons d’abord nos nouveaux jouets, histoire de savoir ce dont nous sommes à présent capables, proposa Miaouss, une demi-douzaine de télécommandes dans les pattes.
– J’approuve ! s’exclama James.
– On commence par quoi ? demanda Jessie, perdue dans leur nouvel appareil technologique.
Miaouss tira quelques câbles de leur coffre sous leurs pieds.
– Et si on testait cette manière de vol collectif ultra-rapide ?
– Mon on est en pleine mer ! rappela James.
– Et pourtant…
Jessie leur montra un petit point noir par-dessus bord : un paquebot perdu au milieu de l’océan.
– Allons nous amuser les gars !
En perdant de l’altitude, la Team Rocket s’était rapprochée du pont du paquebot où ils avaient détecté une horde de pokémon en liberté. Plus précisément : sept pokémons gambadaient loin de leurs quatre maîtres qui avaient l’air plongés dans une conversation à l’abri du soleil. La montgolfière se positionna juste au-dessus d’eux, sans attirer l’attention ; de toute façon, l’heure du dîner avait dû avoir sonné car personne d’autre ne se trouvait à l’extérieur du bâtiment. James fit un petit signe de tête, et Miaouss appuya sur un des nombreux boutons de leur panneau de contrôle et une trappe s’ouvrit sous leur montgolfière. Une pluie de cordes chuta sur les pokémons innocents et se referma autour d’eaux, se durcissant miraculeusement et créant ainsi une cage de barbelés autour des sept pokémons qui poussèrent des cris de stupeur.
Les cris apeurés des pokémons, retenus dans leur cage de barbelés par une corde qui remontait jusqu’à la nacelle en métal de la Team Rocket, alerta les quatre êtres humains sur le pont. Ceux-ci accoururent tandis que la montgolfière reprenait de l’altitude, emportant avec elle les pokémons pris au piège.
– Alors, à qui avons-nous dérobé ces jolis pokémons ? s’amusa Jessie en jetant un coup d’œil par-dessus la rambarde.
– Probablement des enfants inconscients, ajouta James en l’imitant.
C’est alors qu’en se penchant vers le bas, leurs regards croisèrent ceux de Sofian, Flora et Timmy, et ils bondirent de surprise.
– Je rêve ! s’exclama Jessie.
– Quelles étaient les chances qu’on tombe sur eux ??
– Mais bande d’imbéciles, vous avez été élevés dans un banc de Magicarpe ou quoi ?? s’énerva Miaouss. Un Poussifeu, un Gobou, un Arcko… Vous ne saviez pas me prévenir que c’était leurs pokémons ??
– Mais qu’est-ce qu’on en savait nous ?
– Tu as souvent vu trois pokémons aussi rares réunis au même endroit ?? Andouilles de première !
– Sofian, nos pokémons ! s’écria Flora, terrifiée.
– C’est… C’est… bredouilla Timmy, pétrifié de terreur.
– La Team Rocket ! lâcha Sofian, qui eut du mal à reconnaître leur montgolfière. Comment ont-ils fait pour quitter l’île Myokara ?
– Je pensais que la police de l’île entière était à leur recherche !
– Et surtout que leur montgolfière avait été détruite ! ajouta Timmy.
La Team Rocket éclata de rire.
– Je vous présente la Montgolfière Miaouss 2.0 ! annonça Miaouss en levant les bras, fier de son nouvel engin volant.
– Une nouvelle montgolfière pour un nouveau départ ! poursuivit James.
– Et vous ne pourrez plus nous arrêter ! termina Jessie en éclatant d’un rire machiavélique. Allez, ciao les nazes ! On vous emprunte vos pokémons !
– REVENEZ ! hurla Sofian en courant jusqu’à la proue du bateau, au-dessus de laquelle la montgolfière commençait à s’élever avec la cage des pokémons terrorisés.
– Attendez un instant, intervint Addie qui était restée calme, je ne comprends pas. Qui sont-ils ?
– La Team Rocket ! répondit Flora, paniquée.
– Connais pas… Pourquoi ils s’attaquent à vos pokémons ? Vous leur avez fait quelque chose de mal ?
– Parce que ce sont des voleurs ! expliqua Timmy.
– Excusez-moi Team
Roquette, appela Addie, savez-vous qu’il existe toute une réglementation sur la capture de pokémons ? demanda-t-elle naïvement, avant d’ajouter à ses nouveaux amis : je le sais bien, j’ai dû l’étudier pour passer mes examens. On ne peut pas capturer des pokémons déjà capturés — reprit-elle à l’adresse de la Team Rocket —, surtout pas de cette manière.
– Mais ce sont des voleurs ! répéta Timmy, étonné par ses réactions.
– Il ne faut pas voir le pire dans toutes les situations, dit-elle. « Team Rocket »… Comme les fusées ? Vous êtes des scientifiques du centre spatial d’Algatia ?
– ADDIE ! s’emporta Flora. La Team Rocket est une organisation mafieuse qui vient de Kanto et qui est en ce moment en train de voler nos pokémons !
Elle lui prit le visage dans ses mains et tourna sa tête vers la montgolfière qui s’élevait toujours plus haut vers le ciel, au-dessus de l’océan.
– Oh… marmonna Addie en comprenant la situation. Si ce n’est que ça, moi j’ai des pokémons qui peuvent vous aider.
Elle sortit une pokéball de sa poche et en fit sortir un petit chameau orange aux yeux mi-clos, comme s’il était en permanence fatigué.
– Allez Chamallot, je sais que la proie est lointaine, mais tes flammèches sont assez puissantes et précises pour l’atteindre ! ordonna Addie.
Le Chamallot ouvrit la bouche et d’énormes boules de feu, en rien comparables à celles qu’avait l’habitude de lancer Poussifeu, fusèrent vers la cage en barbelé. Tous les pokémons se baissèrent afin d’éviter l’attaque du pokémon allié, mais le geste était inutile. Toutes les boules de feu s’écrasèrent sur la corde qui retenait la cage à la nacelle en métal de la montgolfière. La corde prit feu et lâcha, faisant chuter la cage dans les vagues de l’océan.
– Merde, j’avais pas pensé à ça !
– Nos pokémons !! hurla Sofian en se penchant à la barrière de sécurité.

– DES POKÉMONS À LA MER !!
Une alarme stridente retentit sur le paquebot depuis tous les interphones et le paquebot s’immobilisa lentement sur l’océan. Mais il était trop tard, la cage de barbelés emprisonnant tous les pokémons des trois adolescents étaient à présents à des dizaines de mètres derrière le paquebot. Sofian, Flora, Timmy et Addie, oubliant complètement la Team Rocket qui en profita pour s’éclipser dans le ciel, coururent à toute vitesse jusqu’à la poupe du paquebot afin de garder un œil sur la cage qui flottait toujours sur l’océan. Les cris des pokémons terrorisés leur parvenaient faiblement dû à la distance qui les séparait.
– Je suis vraiment désolé ! s’écriait Addie qui se répandait en excuses.
– Je n’aime pas ça, marmonna Flora qui se rappelait au naufrage du bateau de pêche de Monsieur Marco, je n’aime pas ça du tout !
– Je voulais juste aider, je suis vraiment trop nulle !
– C’est pas grave, on va trouver une solution ! dit Sofian qui avait du mal à garder son calme.
Il regarda tout autour de lui, à la recherche d’une quelconque aide pour sauver leurs pokémons qui commençaient à immerger dans l’eau de l’océan. Des centaines de passagers étaient sortis en précipitation et observaient, impuissants, le spectacle du naufrage des pokémons, toujours sous les cris stridents de l’alarme des urgences.
Dans l’excitation, Sofian se souvint que Békipan n’avait pas été enfermé dans la cage, et il chercha sa pokéball dans sa poche durant quelques secondes avant de se souvenir qu’il l’avait légué à Monsieur Marco un peu plus tôt dans la journée, et il s’en voulut de tout son être.
– Addie, tu es la seule à pouvoir faire quelque chose ! appela Sofian.
– Je n’ai pas de pokémons capable de plonger, annonça la jeune femme, perdue dans le désarroi, je suis vraiment désolée ! Je ne sais pas quoi faire !
– Gobou, Charmillon, tenez bon ! hurla Flora qui perdait son sang-froid.
Les secours arrivèrent et se réunirent afin de mettre en place un plan pour sauver les pokémons. Ils demandèrent aux adolescents le plus d’informations pour savoir quels types de pokémons étaient enfermés dans la cage, mais Timmy ne répondait pas aux questions. En réalité, Timmy n’était pas avec eux…
Perdu dans ses pensées, Timmy n’était pas conscient de la réalité des choses. Il se trouvait simplement sur la poupe d’un paquebot à l’arrêt, face à l’océan où un minuscule point gris au large laissait deviner un coin de cage toujours hors de l’eau. Bientôt, la cage aurait complètement coulé, emportant dans les profondeurs de l’océan des pokémons incapables de respirer sous l’eau. Mais lui, il pouvait respirer sous l’eau. Il l’avait déjà fait la dernière fois, lorsque la bombe qui avait détruit le bateau de pêche l’avait fait couler et qu’il avait survécu miraculeusement. Il fallait qu’il aide les pokémons.
Timmy ôta son sac à dos, ses chaussures et sa chemise, révélant un corps imberbe et frêle qu’il n’avait jamais montré à personne de peur que sa maigreur qui laissait apparaître ses côtes sous sa peau n’apeure les spectateurs de sa nudité. Timmy grimpa sur la bordure du paquebot et fit face à l’océan infini.
– Qu’est-ce que… NE BOUGE PLUS !
Tout s’arrêta autour de lui : l’alarme, les cris angoissés,… Plus personne ne parlait, mis à part le chef de la sécurité.
– Petit, qu’est-ce que tu fais ? s’inquiéta-t-il en avançant lentement vers lui.
– Timmy, descends de là ! ordonna Sofian, terrifié.
Pourquoi tous ces gens étaient-ils en train de lui crier dessus ? Ne comprenaient-ils pas qu’il essayait de sauver leurs pokémons ? Ne comprenaient-ils pas qu’il était capable de respirer sous l’eau ? Pourquoi attendre s’il pouvait les sauver ?
– Timmy ! s’écria Flora alors que le jeune garçon avait amorcé un mouvement en avant.
Des pokémons à la mer, qui coulaient… Cela lui faisait penser à ce que ce pauvre Picko avait subi dans le sous-marin de la Team Aqua, ou plus tard, lorsqu’ils avaient poussé son corps sur l’océan : une quelconque vague l’aurait emporté au fin fond de l’océan. Mais cette fois-ci, ça ne se passerait pas ainsi. Cette fois-ci, Timmy savait respirer sous l’eau et il allait sauver ses pokémons.
– Faites-moi confiance, dit-il calmement, avant de se jeter par-dessus bord.
– TIMMY !! hurlèrent Sofian, Flora et Addie en chœur.

L’eau n’était pas glaciale. Était-ce dû à la chaleur insupportable de l’été, ou à cause d’un courant marin du sud ? Il n’en avait aucune idée. Et puis, il s’en fichait. Tout ce qui comptait à présent, c’était de retrouver la cage de barbelés qui emportait ses amis pokémons dans les tréfonds de l’océan.
Il nagea à toute vitesse vers l’endroit où les pokémons avaient fait naufrage, ignorant les hurlements terrifiés de ses amis. Qu’ils le laissent tranquille, il savait ce qu’il faisait ! Arrivé à l’endroit qu’il avait retenu, Timmy plongea la tête sous l’eau et ouvrit difficilement les yeux, brûlés par le sel marin. La cage de barbelés était déjà à quelques mètres sous ses pieds, et Timmy profita du passage d’un band de Poissirène pour se faire propulser vers le bas avec la force de leurs nageoires. Il arriva enfin à la hauteur de la cage et s’y accrocha afin de couler à sa vitesse.
Derrière les fils de barbelés, Gobou et Écrapince usaient de tous leurs pouvoirs afin de faire remonter la cage : mais leurs attaques étant trop faibles, ils n’arrivaient qu’à ralentir la descente de la cage. Les autres pokémons retenaient tant bien que mal leur respiration, tandis que Poussifeu semblait lutter contre une douleur encore plus insurmontable que pour les autres pokémons. Timmy sentit qu’il avait besoin de reprendre sa respiration et se sentit en confiance. Après tout, il savait respirer sous l’eau.
Timmy brandit la bombonne d’oxygène que l’infirmière Joëlle lui avait confiée ce matin-là, et en respira un bon coup de gaz de vie, avant de plaquer la pipette contre la cage et de la partager avec tous les pokémons qui en avaient besoin. Une fois avoir rempli les poumons des pokémons, il reprit un coup d’oxygène et commença son travail.
Il lui était impossible de pousser la cage à la surface de la mer à l’aide de ses bras seuls. Il avait bien une idée de procédé, mais il ne pouvait pas parler sous l’eau, il ne fallait pas abuser ! C’est alors qu’il se souvint d’une propriété spéciale des Tarsal, et il en avait même déjà usé quelques semaines plus tôt. Les Tarsal étaient doués d’un pouvoir qui les faisait ressentir les émotions de leurs maîtres, il se concentra de toutes ses forces et dessina l’image de son plan dans son cerveau : il désirait ainsi faire comprendre à Tarsal que les pokémons devaient attaquer en même temps le même endroit de la cage afin de l’affaiblir et de pouvoir l’ouvrir, et ainsi les libérer.
Tarsal reprit un coup d’oxygène et sa corne sur son crâne s’illumina. Il avait compris ! Timmy observa son Tarsal communiquer par télépathie avec ses pokémons, en reconnaissant les pouvoirs qui brillaient autour de sa corne, et Arcko attaqua un endroit de la cage à l’aide de sa queue. Nirondelle se mit à becqueter le même endroit, très vite imité par Charmillon et par les coups de crâne de Tarsal. Gobou et Écrapince vinrent aider à l’aide de leurs attaques aquatiques, tandis que Poussifeu gisait au fond de la cage, souffrant le martyre à cause de sa faiblesse de type.
Un trou apparut finalement dans la cage de fil barbelé et Timmy tira de toutes ses forces afin de l’élargir. Il en fit sortir tous les pokémons, prit une dernière bouffée d’oxygène, partagea avec les pokémons, et nagea vers la surface, aidé des propulsions des deux pokémons aquatiques. Quelques instants plus tard, ils émergeaient tous hors de l’eau, au beau milieu d’un océan vide.

Seul au milieu de l’océan avec un pokémon blessé, deux oiseaux qui voletaient au-dessus de lui et deux autres qui s’agrippaient aux deux pokémons aquatiques, Timmy constata avec effroi que le paquebot avait disparu. Avait-il tant dévié que ça ? Maintenant qu’il avait sauvé leurs pokémons, il se rendit compte qu’il n’avait pas pensé à la suite du plan. Comment allait-il faire pour retrouver le paquebot ?
– Timmy !
Une voix avait retenti au loin derrière lui et il se retourna du mieux qu’il pouvait, entraîné par les vagues. Au loin, près de l’horizon, un radeau de sauvetage orange avançait vers lui avec, à son bord, trois individus inidentifiables. Il reconnut difficilement les formes de ses amis Sofian et Flora, ainsi que de la jeune femme prénommée Addie.
– Gobou, Écrapince, si vous pouviez redoubler une dernière fois d’efforts, ce serait gentil, demanda gentiment Timmy.
Les deux pokémons acceptèrent et le propulsèrent en avant, vers le radeau qui avançait trop lentement à son goût. Nirondelle et Charmillon les suivirent en volant au-dessus d’eux, et ils arrivèrent très vite au radeau orange.
– Tu nous as fait une de ces frayeurs ! l’enguirlanda Flora.
– Plus jamais tu nous fais ça ! s’énerva Sofian, qui ne pouvait s’empêcher d’afficher un sourire, heureux de l’avoir retrouvé.
– Au moins, j’ai sauvé nos pokémons, fit remarquer Timmy.
– Mais les secours étaient là pour ça ! dit Addie.
– Les secours… répéta Timmy, amusé, en grimpant dans le radeau. Ça fait longtemps qu’on n’attend plus les secours pour nous tirer d’affaire !
Et les trois adolescents pouffèrent de rire en retrouvant leurs pokémons, fous de joie d’avoir été sauvés d’une noyade assurée.
– Maintenant je comprends pourquoi vous mettez un temps fou pour rejoindre Poivressel ! s’amusa Addie, ne sachant pas si elle devait rire ou être choquée.
– Je ne comprends pas, pourquoi le paquebot n’est plus là ? demanda enfin Timmy qui s’était rhabillé.
– Ah oui, à ce propos… intervint Addie. Je suis désolée de vous l’annoncer, mais ceci est un enlèvement !
Sofian, Flora et Timmy perdirent leur sourire et se crispèrent.
– Cela faisait longtemps que nous étions à votre recherche, mais la Team Magma vous a enfin retrouvé ! annonça Addie en se tournant vers eux et en arrêtant de ramer.
Les trois adolescents se resserrèrent un contre l’autre, et les pokémons restèrent sur leur garde. Enfin, Addie explosa de rire à en pleurer littéralement.
– Je suis désolée ! dit-elle difficilement entre les crises de rire. J’ai pas pu m’en empêcher !
– Mais t’es folle de nous faire une frayeur pareille ?!
Et les trois amis soufflèrent de soulagement.
– En réalité, on ne va pas retourner sur le paquebot, avoua tout de même Addie lorsqu’elle se fut calmée. De toute façon, aucun de nous ne devait se rendre à Pacifiville… Du coup, je me suis arrangée avec le capitaine du bateau qui a accepté que je prenne ce radeau de secours. Je suis désolée de vous emprunter comme ça, mais je vais avoir besoin de votre aide dans la mission que m’a confiée le Capitaine Poupe.
– Quelle est cette mission ? questionna Timmy, intrigué.
– Et où allons-nous surtout ? interrompit Flora.
– On va sur un tout autre paquebot ! annonça Addie.
Addie sortit de sa poche un Pokénav et chipota dessus un moment. Quelques instants plus tard, ils reprirent leur navigation sur l’océan complètement vide.
Mais la promenade fut longue, trop longue. Ils assistèrent au coucher du soleil, à un envol de Goélise qui devait rejoindre leurs nids après leur journée de pêche, soupèrent sur le radeau, et bientôt, la nuit fraîche s’installa.
– Nous, perdus en mer, en direction de l’inconnu… résuma Sofian qui mourrait d’ennui et dont les membres inférieurs le faisaient souffrir intensément. J’ai une légère impression de déjà-vu.
– Ne vous inquiétez pas, nous sommes exactement où nous devons être… rassura Addie.
Elle pointa du doigt devant elle et les trois adolescents tendirent le cou sur le côté afin de voir ce qu’elle leur montrait. Éclairé par la lumière de la pleine lune, une gigantesque masse sombre sortait de la surface de l’océan. Sofian n’arrivait pas bien à reconnaître la forme de la masse métallique et Timmy poussa un soupir d’émerveillement derrière lui.
– C’est… incroyable ! s’exclama Flora, qui semblait ne pas en revenir.
Mais Sofian ne comprenait toujours pas. Il plissa des yeux et découvrit que la masse en métal qui s’élevait à plus de cinq mètres au-dessus d’eux avait été recouverte de mousse avec le temps. Enfin, il comprit de quoi il s’agissait. Devant lui, penché à quarante-cinq degrés, à moitié immergé dans l’océan s’étalait un gigantesque paquebot abandonné.
À suivre dans : « Bataille à bord de l’épave »