ANNEXE 1
Liste des flashs dans le futur :
TRISTAN
- Il est interrogé au commissariat.
FEY
- Elle est interrogée dans le même commissariat que Tristan.
CLIVE
- Interrogé également au même endroit, il révèle aux enquêteurs l'implication d'Helen.
HOLLY ET GINA
- Elles sont également interrogées au commissariat.
CHRISTINA
- Elle se trouve au centre de détention où sont interrogés Lilian, Léon, Walter, Wallace, Perrine, Tino, Benjamin et Orson et finit dans la voiture de Pablo en direction du tribunal.
FRANCIS
- Il passe la journée à tenter de trouver sa sœur en compagnie de Dimitri et Arlène
HELEN
- Interrogée au même endroit que les élèves, les aveux de Clive la confondent. Roland Smirnoff en semble ravi.
WALTER
- Interrogé par une commission spéciale, il répond patiemment au sujet de son intervention, puis est libéré. Il va au tribunal où on s'aperçoit que Naomi prend la défense de Justin Truce.
VIOLETTE
Ses liens avec Roland Smirnoff sont plus profonds qu'envisagé, puisqu'il a restitué à sa famille les restes de son défunt père. Violette semble éprouver de l'empathie pour Roland Smirnoff. Elle rejoint Rebecca pour tenter de faire libérer Amélia.
MIKE
- Il aggrave son cas afin de rejoindre Fey à la maison d'arrêt, mais l'immunité provoquée par Layton ne lui suffit pas pour libérer James.
LILIAN ET LEON
- Interrogés à propos de leurs liens avec Roland Smirnoff, ils sont libérés au vu de leur superficialité. Les jumeaux tentent de fuir les lieux et l'influence de Roland Smirnoff mais ils sont kidnappés par Sacha Nolan et Tobias Morris.
QUINN
- Dans son chapitre, on découvre comment Roland Smirnoff joue avec Sacha Nolan depuis le départ.
WALLACE
- L'interrogatoire de Wallace se déroule bien. Le jeune homme semble jouer à pied égal avec Roland Smirnoff.
HOLLAND
- Il se trouve à Pokétopia et compte aider la famille de Wallace ainsi que Max et Ethel à stopper Roland Smirnoff.
***
DETAILS IMPORTANTS
TRISTAN
- Il est le premier à être interrogé au commissariat.
- Tristan est trempé et porte un bandage autour de la tête.
- Le chapitre place le flash entre le moment où Wallace est libéré de la maison d'arrêt et le moment de son interrogatoire.
- Tristan est en très bons termes avec Wallace.
- Tristan insiste sur le fait que Roland Smirnoff est le seul responsable et qu'il doit être arrêté.
- Tristan a piraté le système informatique de l'école.
- Tristan évoque Amélia et la compte comme une élève de la classe, contrairement aux policiers.
- Tristan indique qu'il ne sort pas avec Wallace.
- Quand le policier indique qu'un rapport dit le contraire, Tristan insinue que la police se sert des fichiers de Roland Smirnoff au sujet des élèves.
- Tristan est extrêmement grossier avec la police.
- Tristan hésite à dire si l'attaque est du fait de Roland ou de Direction Dresseurs.
- Tristan parle aux policiers, mais la conversation est occultée par le méchant auteur qui ne veut pas que les lecteurs la voient.
- Dehors, Tristan semble amèrement regretter ce qui s'est passé pour qu'ils soient interrogés.
FEY
- Elle est juste secouée.
- Elle était chargée de la surveillance de l'étage avec Ana.
- L'inspecteur mentionne un enfant, ce qui préfigure la grossesse de Fey, annoncée dans ce chapitre.
- Fey semble regretter également d'avoir participé.
- Fey mentionne des menaces faites sur son enfant.
- Ana a un bras en écharpe
- James est accusé d'avoir détruit la cantine et le hall.
- Fey gifle Wallace et lui ordonne d'aller au diable.
CLIVE
- Il est mentionné comme étant « L'élève qui était à l'extérieur »
- Il a terrassé une armée à lui tout seul et se retrouve menotté.
- Il est couvert de blessures mineures.
- La police mentionne que la classe est accusée d'actes terroristes.
- Clive joue avec les enquêteurs.
- On apprend que d'autres élèves d'autres classes se trouvent dans le commissariat, ainsi que les familles.
- Clive donne le nom d'Helen mais couvre Orlando dont on apprend plus tard qu'il a aidé Clive à maîtriser sa Méga-Gemme.
- Clive demande très sérieusement à Jason Mars d'arrêter Roland Smirnoff.
- Clive retrouve Andréa, couverte d'éraflures.
- On apprend au détour d'une conversation qu'Orson est considéré comme le cerveau de l'affaire, que l'école a été détruite et qu'Orson a « porté atteinte à une personne protégée par les lois gouvernementales »
- Clive s'aperçoit avec étonnement que ses parents étaient très inquiets pour lui.
- Roland Smirnoff observe le commissariat et est vu par Clive au dehors. Clive le reconnait suite à la conversation qui a eu lieu dans les circonstances décrites au chapitre de Violette.
HOLLY ET GINA
- Gina et Holly sont parmi les élèves couverts d'une matière visqueuse. Elles ont également dans les cheveux une « grêle rose » qui n'a été vue sur aucun autre élève jusqu'alors.
- Elles mentionnent les doubles messages que leur envoie Jeffrey Houston pour le compte de Roland Smirnoff.
- Elles mentionnent que Lilian et Léon étaient des cibles dans le conflit, ainsi que des menaces.
- Elles veulent également que la police se penche sur le cas Roland Smirnoff.
- La salle d'attente au moment de leur interrogatoire : Santana, Violette, Mike, Steven, Ana, Robbie, Andréa, Quinn et Lucy.
- Holly a fait quelque chose de dangereux qui implique Christina.
- Gina a également pris un gros risque et Holly l'a crue morte.
- Elles assistent à l'altercation entre les parents d'Orson et Roland Smirnoff alors que Clive et Tristan tentent de les séparer.
CHRISTINA
- Elle a fui le commissariat, a été interrogée par un sergent et attend Tino au centre de détention, où sont donc interrogés les élèves plus impliqués.
- Son flash se déroule à la fin de l'interrogatoire de Walter et donc après celui de Wallace.
- Walter a été mouillé. Il sait que Naomi est au tribunal.
- Walter mentionne que Naomi s'est démenée pour « en arriver là », ce qui lui semble très inhabituel.
- Christina doit rester pour Tino, Benjamin et Orson, dont elle mentionne que la classe a une dette envers lui.
- Christina a un objectif précis.
- Elle mentionne que les jumeaux et leurs parents sont interrogés.
- Les élèves semblent en vouloir à Wallace, Walter, Naomi et Perrine, à des degrés différents.
- Perrine est couverte de terre et comme beaucoup d'élèves semble avoir pleuré.
- Christina est menottée à sa chaise.
- Benjamin a été frappé pendant le conflit.
- Benjamin mentionne qu'il a dit ce qu'il avait à dire, ce qui implique une forme de consultation entre les élèves. Il dit aussi qu'il risque de la prison (probablement pour sa participation au piratage de Tristan)
- Christina semble enregistrer avec son téléphone.
- Orson est interrogé par une commission spéciale.
- La policière Beth Lerner mentionne le commissaire qui a les élèves « dans le collimateur ». On apprend plus tard qu'il s'agit de Sacha Nolan, un vieil « ennemi » de Roland.
- En apprenant cela, Christina se dit qu'il « avait raison », ce qui fait probablement allusion à Roland Smirnoff.
- Beth exfiltre de force Christina des locaux grâce à son Chlorobule.
- Christina sort de la voiture en marche et monte avec Pablo Montes.
- Elle a compris que la police n'était pas objective et que Truce n'est pas impliqué dans ce complot précis.
- Elle veut confirmer les propos de Roland concernant la police.
- Pablo reçoit un message concernant Seth, le duo se rend donc au tribunal.
FRANCIS
- Il passe la journée à tenter de récupérer sa sœur en compagnie d'Arlène, Dimitri et leur fils Raphael.
- Francis se remémore plusieurs éléments précis :
« Le toit de l'école »
« La détresse de Quinn »
« La folie d'Orson »
« Les géants »
« La dame en noir »
« Le métal »
« La Méga-Gemme »
« Le monde en dessous »
« Les risques insensés qu'il a pris »
- Francis reconnait Pablo comme « Le détraqué »
- Francis croise un fourgon noir contenant Amélia Levy. Il en informe Rebecca.
- Francis s'aperçoit que sa sœur est désormais chez sa mère, ce qu'il a toujours voulu éviter.
- La radio clarifie ce qui s'est passé : La classe a affronté le président de l'association Pokémon.
- Des preuves contre les élèves ont été livrées dans la foulée de la bataille aux enquêteurs.
- Francis ne récupère pas sa sœur, sa mère s'étant suicidée sous ses yeux.
- Le groupe va à la rencontre d'un inconnu qui cherche à libérer Amélia.
HELEN
- Elle est également couverte de la « matière poisseuse ».
- Helen a vraisemblablement été écartée du « plan » de Roland Smirnoff pour les interrogatoires – à dessein, visiblement, puisque Roland se réjouit de son arrestation.
- Helen appelle Roland pour avoir confirmation qu'il savait pour les accusations de terrorisme.
- On apprend que la haute commission a l'intention de redonner son poste à Roland d'ici vingt-quatre heures, ce qui semble être un ultimatum compte tenu du fait que cela lui garantirait l'immunité.
- On assiste à une scène avec le commissaire. Il fume la pipe et a deux enfants, des indices permettant de deviner par avance qu'il est Sacha Nolan.
- Helen est arrêtée par la police, et Roland semble non seulement avoir prévu le coup mais en plus se réjouir de cet état de fait.
WALTER
- Il est interrogé par la commission composée de Milo Sorensen, Jebb Crowley et Farah Ayani.
- Walter apprend à sa grande surprise que Wallace a été très courtois avec la commission.
- Walter est jugé pour la création d'une page Facebook ayant mené à la création d'un mouvement « anti-gouvernemental »
- Walter était chargé de garder une issue au début de l'offensive qui se serait divisée en deux parties.
- On voit dans ce flash les parents de Perrine, Walter et Naomi.
- Colin semble avoir couru et Aude semble traumatisée.
- David est dans un profond chagrin, Denis est embarrassé et Firmin dort.
- Les parents de Naomi et ceux de Walter se parlent cordialement.
- Perrine n'a pas été interrogée, elle semble plutôt libre de ses mouvements pour une raison inconnue.
- Le Vivaldaim de Walter a évolué
- Il se rend au tribunal pour assister au moment où Naomi, sans qu'on comprenne pourquoi, se pose en défenseuse de Justin Truce.
VIOLETTE
- Elle est trempée et intimidée.
- Au vu des flashbacks, on comprend que Violette a un lien ambigu avec Roland Smirnoff, lien que Roland a visiblement forcé en restituant à sa mère les restes de son père.
- Roland prend Violette et Rebecca avec lui grâce à Métamorph.
- Il veut aller libérer Amélia, mais Violette doute de ses motivations.
- Le flash violet de Violette est le premier chronologiquement et raconte l'arrestation des élèves.
MIKE
- Mike est demandé par Wallace, et ce faisant, il insulte les policiers pour être incarcéré.
- Là-bas, il est récupéré par Layton avec qui il passe un accord dans le chapitre de ce flash sur ordre de Seth Corrigan. Il est cependant enregistré comme sous la protection de Vivien Atkins.
- On apprend que Vivien a juste réorganisé les fichiers informatiques et qu'il a été formé par Layton.
- A la prison centrale, Mike aperçoit plusieurs membres de Direction Dresseurs :
Teresa Torres est devenue complètement folle et jure vengeance contre « un gamin », un « sale petit rat »
Shirley Benetton pleure « sa petite fille »
On aperçoit Tobias Morris qui rumine toujours les raisons de son emprisonnement (le harcèlement de Rachel Heine)
Tara Yokas a tourné folle également, faisant référence à quelque chose de « tout petit »
Randy Stallbo, Hinton Cheadle, Loretta Gold sont également emprisonnés.
- Mike en veut à Wallace, mais il en veut surtout à un certain « qui tu sais »
- Amélia a été transférée sans que Layton n'y puisse rien.
- Mike, Francis et Tristan étaient tous les trois sous immunité, Mike à cause de son entrevue avec Seth Corrigan qui aurait pu aggraver son accusation, Tristan et Francis à cause de leurs situations particulières.
- Mike parvient à faire valoir sa cause en expliquant une certaine version des faits qui est « la vérité » et cite Roland comme l'unique fautif.
- La déposition est cependant déchirée par le commissaire Sacha Nolan qui veut juste faire arrêter Roland Smirnoff coûte que coûte.
LILIAN ET LEON
- Léon pleure, trop sensible pour un interrogatoire aussi difficile.
- Lilian est calme et dit aux enquêteurs ce qu'ils veulent entendre afin de sortir et de retrouver son frère.
- Lilian explique quelque chose de très important aux enquêteurs : Les trois directives de Roland Smirnoff :
-- Le faire accuser
-- Mentir à la police
-- Lui désobéir
Trois règles contradictoires, ce qui amène Lilian à penser que Roland veut juste embrouiller la police. Lilian a choisi de ne suivre aucune règle.
- Par Laurène Grimes, on apprend que l'attaque s'est déroulée pendant la remise des diplômes.
- On apprend que Jeffrey est toujours en contact avec Gina et Holly et qu'il les exhorte à rejoindre le tribunal.
- Lilian raconte exactement à ses parents ce qui s'est passé : La classe a été menacée et une source leur a appris qu'ils allaient être attaqués à la remise des diplômes. Lilian suspecte qu'ils se soient rendus dans une autre dimension car ils ont disparu pendant un moment.
- Lilian confirme la responsabilité de James et Orson dans la destruction de l'école.
- Il manque de révéler à son père le vrai responsable, mais ils sont interceptés et kidnappés par Sacha Nolan et Tobias Morris.
QUINN
- Quinn est sauvée de l'interrogatoire par ses parents.
- On apprend la raison du départ de Nolan.
- On apprend où est transférée Amélia.
WALLACE
- Wallace n'a aucune blessure particulière.
- Wallace est ultra franc durant l'interrogatoire. On apprend donc :
-- Qu'il faisait face au Président (Justin Truce) pendant l'offensive
-- Qu'il a tout supervisé.
-- Qu'il considère l'évènement comme une contre-offensive répondant à une prétendue attaque, en réalité manipulation de Roland Smirnoff.
-- Qu'un carnet contenait des informations mais ce carnet aurait été détruit avec l'établissement. Wallace dit ignorer qui est l'auteur du carnet.
-- Quelque chose de grave s'est passé à la remise des diplômes.
-- Que la classe était un camp à part.
-- Wallace réfute tout lien avec Smirnoff.
-- Surtout, Wallace demande la clémence pour Justin Truce, ce qui surprend hautement les enquêteurs. Il désigne Truce comme une victime de Roland au même titre que les élèves.
-- Farah fait référence à un évènement qui ne s'est pas encore déroulé dans le présent de la fic, l'incident des Quatre Soldats.
-- On apprend que Roland Smirnoff aurait menacé les deux camps et donc provoqué le conflit.
-- Wallace explique comment Roland a surveillé l'école, ce que le fils Smirnoff confirme à Holland dans ses flashbacks lors du chapitre suivant.
-- Wallace ignore où se trouvent ses parents. Sa famille est en route pour Pokétopia mais se fait arrêter par Max Perry et Ethel Wilde.
Wallace semble faire jeu égal avec Roland et suggérer que l'initiative de Naomi est de son fait.
Rebecca, Violette, Tristan, Layton, les parents d'Orson et sa petite sœur, Wallace et Roland assistent à la prise d'otage de Lilian et Léon par Sacha Nolan, qui veut que Roland se rende à la police.
HOLLAND
- Holland réceptionne la famille de Wallace qui se dirigeait vers Pokétopia afin de les aider.
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PERSONNAGES RESTANTS :
ANA – Elle est toujours au commissariat, en attente d'être interrogée, retardée par l'intervention des parents de Quinn.
ROBBIE – Idem, il se trouve au commissariat et attend d'être interrogé.
BENJAMIN – Il a déjà été interrogé
STEVEN – Il ne fait que pleurer depuis le début des interrogatoires.
REBECCA – Elle se trouve avec Roland en compagnie de Violette, Wallace, Tristan, Layton et la famille d'Orson.
PERRINE – Elle doit être interrogée.
AMELIA – Elle serait transférée vers une prison de haute sécurité.
SANTANA – Elle attend d'être interrogée au commissariat.
TINO – Il est interrogé au même endroit qu'Orson, Benjamin, Lilian, Léon, Perrine, Wallace et Walter.
ANDREA – Elle est toujours au commissariat en compagnie de Clive.
ORSON – Nan… vous occupez pas de lui, il est foutu.
NAOMI – Elle est au tribunal à défendre Justin Truce.
JAMES – Il est enfermé à la prison centrale. Fey et Mike tentent de le faire libérer.
LUCY – Elle est au commissariat en attente d'être interrogée.
Il est à noter que Jackson n'a pas encore été aperçu dans aucun flashforward.
TOUS LES FLASHS FUTURS
un grand moment de copier-collé
TRISTAN
Il rangea sa paperasse sans impatience. Lui pouvait prendre son temps. Il mangea rapidement une barre céréalière. La journée serait longue. Très longue.
Lorsqu'il sortit de son bureau, l'homme regarda ses collègues qui l'observaient, envieux, jaloux ou tout simplement attentifs. Il soupira.
- Si ça peut vous rassurer, les mecs, je n'en tire aucune fierté... Je vois juste la masse de travail qui m'attend. Qui m'accompagne ? Vous vous êtes décidés ?
Un bleu leva la main.
- Jason Mars, monsieur, pour votre service.
- Mars... Un petit nouveau...
- Je suis là depuis six mois, monsieur.
- Mouais. Si tu m'appelles pas Inspecteur, déjà, ça va pas le faire.
Rire des autres dans la salle. L'inspecteur était un gros bonhomme moustachu, ni débonnaire, ni autoritaire. Il portait une chemise qui le boudinait un peu, un pantalon bien serré tenu par des bretelles, et une veste qu'il portait en écharpe sur son bras.
- Inspecteur Reiner, pardon.
- Mouais, ça va pour cette fois... Le premier est en salle d'interrogatoire ?
- Oui inspecteur, répondit un policier chauve à l'air sinistre.
- Bon... Bah on va bien voir ce qu'il a à nous dire... Mars, suivez-moi.
- Oui mons... Inspecteur.
Les deux hommes traversèrent le commissariat.
- Tu sais sur quoi porte l'affaire ?
- Soupçons d'actes terroristes.
- Bien. Tu sais qui est impliqué ?
- Oui... C'est une grosse affaire...
- Tout à fait. Prépare-toi à prendre des notes. Tu as fait quoi comme études, c'est quoi ton profil ?
- J'ai une formation de juriste.
- Une formation ?
- Six ans, monsieur.
Reiner hocha la tête.
- C'est bon pour nous, ça.
La salle d'interrogatoire. Reiner hocha la tête.
- Bon. Mars. Petite précision avant d'entrer. Ces gamins sont peut-être responsables de destruction de biens. Il n'y a pas eu de blessé grave, mais il y aurait pu, et surtout, putain, ils ont participé à la dégradation quasiment de fond en comble de leur école. Quand on dit « Soupçons d'actes terroristes », on pense bande organisée. Là, on s'oriente plutôt vers la milice.
Jason Mars hocha la tête, fiévreux.
- Le gamin qu'on va interroger, là, fait partie de ceux qu'on estime être un des cerveaux de ces actes terroristes. Ils ont beau avoir dix-huit ans, n'oublie pas qu'ils sont organisés et dangereux. Tu m'as bien compris ?
Le bleu hocha la tête. L'inspecteur Reiner ouvrit la porte de la salle d'interrogatoire. Un jeune homme aux cheveux ébouriffés et humides, portant une petite chemise et un petit pantalon noir, était assis sans menottes à la table grise. Un peu trempé, il avait un bandage autour de la tête et quelques pansements un peu partout.
- Bonjour, mon petit. Peux-tu décliner ton identité ?
Le jeune homme inspira.
- Tristan Edison.
- Ton âge.
- Dix-huit ans.
- Tu sais pourquoi tu es ici ?
Tristan soupira avec insolence.
- Parce que c'est plus facile d'interroger un gamin de dix-huit ans plutôt que le vrai responsable de cette histoire !
- Tu vas me lâcher ce petit sourire de merdeux de ta face tout de suite. L'heure est bien assez grave. Il s'est passé quelque chose de grave, et...
- Je sais, j'y étais, figurez-vous.
- Ne me coupe pas la parole.
- Je ne vous couperai pas la parole quand vous aurez envisagé d'interroger le véritable cerveau de cette affaire.
- Il est prévu qu'on l'interroge dans la journée.
- Je ne parle pas de lui. Il n'y est pour rien. Vous le savez autant que moi.
Reiner soupira.
- Bon. Vous voulez bien nous expliquer quel était votre niveau d'implication dans cette histoire ?
- J'étais aux premières loges, comme tout le monde.
- Vous avez des charges criminelles supplémentaires comparé aux autres, vous avez piraté un système informatique public.
Tristan inspira, lassé.
- Bon sang, bravo. Beau travail de police. Vous vous êtes démenés pour me stopper, moi, le gamin qui sait faire la différence entre le Wi-Fi et le Bluetooth, ouah ! Laissez-moi deviner : C'est la semaine de relâche pour les meurtriers, les violeurs, les psychopathes et les esclavagistes ou quoi ?
Reiner fixa Tristan.
- Fais pas ton malin, t'es vraiment pas en position.
- Ah non ? Je vais vous dire, moi, qui n'est pas en position de faire le malin, c'est vous. Vous savez très bien pourquoi. Vous allez tous nous interroger, un par un, alors que vous savez très bien que la personne responsable de tout cela, l'homme derrière cette attaque, celui qui a tiré les ficelles, l'homme que vous devriez – non, que vous devez – arrêter...
Tristan s'était presque levé en fixant l'inspecteur Reiner.
- ... C'est Roland Smirnoff !!
Reiner hocha lourdement la tête.
- C'est un autre sujet.
- Quand vous aurez les preuves sous les yeux, vous verrez.
- D'après nos renseignements, vous êtes un proche du présumé chef des opérations, Wallace Gribble, qui est actuellement incarcéré à titre préventif.
Tristan regarda la table avec pesanteur. Il regarda ensuite l'inspecteur Reiner.
- Je vous préviens tout de suite, inspecteur...
Jason Mars déglutit. « Il avait raison, ces gamins sont anormaux... »
- Si vous touchez à un seul de ses cheveux, vous aurez un vrai motif pour m'arrêter moi aussi.
L'inspecteur Reiner et le cadet Mars se regardèrent. Effectivement, la journée serait très longue.
***
- Vous êtes un jeune homme intelligent, qu'est-ce qui vous a pris de...
Jason Mars relut ses notes.
- Euh... de participer à une telle action ? Je veux dire... Vous êtes un orphelin placé chez sa tante, vous avez des résultats plus que corrects, vous avez obtenu votre diplôme comme la majorité de vos camarades...
Tristan observait le bleu, en ayant tout à fait compris que c'était un bleu, c'est-à-dire qu'il le regardait avec condescendance et mépris. En fait, ses yeux étaient emplis de fureur.
- Pourquoi avoir ainsi... dégradé votre école et participé à cette guérilla ?
- Vous connaissez déjà l'histoire. Sinon, vous ne seriez pas dans la police et vous ne seriez pas en train de m'interroger inutilement. Tout comme les vingt-six autres personnes que vous allez interroger.
- Vingt-sept.
Tristan haussa les sourcils en regardant l'inspecteur, au fond de la salle.
- Elle n'a pas participé...
- Elle avait beau être de l'autre côté, elle était quand même dans votre classe. On la soupçonne d'avoir pris une part plus ou moins importante dans l'attaque.
Tristan soupira.
- Bref...
- J'insiste une fois de plus pour que vous changiez de ton, jeune homme.
- J'insiste une fois de plus pour que vous interrogiez celui qui doit l'être.
- Qui vous dit que ce n'est pas le cas, déjà ?
Tristan leva les yeux au ciel.
- Le fait que VOUS soyez ici à perdre votre temps !
- Peut-être bien que j'ai envie de le perdre.
- Eh bah vous êtes un gros blaireau sans cervelle !
- Calmons-nous... souffla Jason Mars.
- Je reprends les rênes de l'interrogatoire. Vous êtes trop doucereux, Mars.
- O... Okay...
Reiner se rassit sur la chaise.
- Monsieur Edison, parlons de votre relation avec monsieur Wallace Gribble.
Tristan se mordilla les lèvres.
- On n'est pas ensemble.
- Ce n'est pas ce que dit le rapport.
- Eh bah votre rapport se trompe. Il n'y a rien entre lui et moi.
- Ce n'est pas ce qu'indique ce rapport.
Reiner tendit un dossier à Tristan. Qui reconnut l'écriture et la charte graphique. Qui sourit, désabusé.
- Je rêve... Non seulement vous ne l'interrogez pas, mais en plus vous reprenez sa documentation... Vous l'avez sucé, aussi ?
- Votre langage, jeune homme ! Je suis inspecteur de police !!
- Pour moi, vous êtes juste gros blaireau avec de la foutue merde dans les yeux et le putain de sens de la justice d'une truite attardée !!
Tristan s'était levé, ce qui avait ulcéré l'inspecteur.
- Putain... J'espère que les suivants seront pas aussi casse-couilles...
- Y'a peu de chances, je suis le plus calme ! souffla Tristan avec audace. Vous me donnez un dossier qui a été monté par un homme qui nous a espionnés, qui a observé nos faits et gestes, qui a manipulé des gens et usé de son influence et de sa position pour récolter des informations sur des élèves de son école. Et vous venez me demander à moi si je suis un terroriste tout ça parce que j'ai brouillé des communications, piraté le réseau de l'école et implanté un virus dans celui-ci après usage ?
L'inspecteur Reiner hocha la tête.
- Ca, et les dégradations matérielles.
- C'est – comment dire – une conséquence logique de l'attaque de Direction Dresseurs. Enfin, de Roland Smirnoff. Pour moi, tout est de sa faute. Et je ne lâcherai mon ton insolent que quand j'aurais la certitude par A plus B que vous allez arrêter cette ordure.
Tristan inspira.
- Et que vous ayez relâché Wallace Gribble.
- Vous êtes son complice, et bien plus encore, vous devriez presque être incarcéré avec lui.
- Ce serait avec grand plaisir. On peut avoir un lit King-Size et des accessoires dans la cellule ? J'aime être attaché, ça vous intéresse aussi ?
L'inspecteur poussa un immense soupir. Jason Mars tombait des nues à mesure que l'entretien se déroulait.
- Cet entretien ne nous mènera à rien.
- Dieu merci, ENFIN une parole sensée !! soupira le jeune homme.
- Je vais donc arrêter de parler et écouter ce que vous avez à me dire. Et si ça me convient, je vous relâche. Si je considère que vous me cachez quelque chose, je vous fous au trou, alors réfléchissez bien à ce que vous allez répondre : Qu'est-ce qui s'est passé ? Depuis le début. N'omettez rien.
Tristan hocha la tête, plus calme.
***
Tristan ressortit de la salle d'interrogatoires. Il regarda dans le couloir et aperçut Wallace. Il se dirigea vers lui avec soulagement.
- Tu...
- Ils viennent de me libérer pour m'interroger moi aussi, plus tard...
- Ca a été, le centre d'incarcération, ils ne t'ont pas fait de mal ? demanda Tristan.
Le plus petit des deux se mordilla les lèvres, impatient d'avoir sa réponse. Le plus grand inspira.
- Ce connard d'inspecteur n'a pas été trop rude avec toi ?! demanda Wallace, indifférent de sa propre situation.
Tristan serra Wallace dans ses bras. Wallace lui rendit son étreinte.
- Mais qu'est-ce qu'on a fait, Wallace ? Pourquoi on a fait ça ?! Pourquoi ?
Tristan pleurait. Wallace resserra sa prise sur lui, l'air maussade, regardant vers le lointain.
FEY
- Pourquoi moi juste après Tristan ?! Je n'ai rien fait de mal ! Personne n'a rien fait de mal parmi nous ! Vous n'avez pas honte d'interroger des élèves de troisième année comme si c'étaient des criminels ?
L'inspecteur Reiner soupira.
- Vous avez tous autant de répondant dans cette classe ?
- Quand on nous taquine, oui, généralement !
Fey Hope avait l'air fatiguée et secouée. Et anxieuse. Jason Mars buvait un café tout en prenant des notes.
- Mademoiselle Hope, qu'est-ce qui vous a poussé à vous joindre à cette guérilla ?
Fey inspira.
- Il le fallait.
- Enfin quelqu'un qui ne répond pas avec insolence !
- Tristan Edison vous a répondu avec insolence ? Il a vraiment mal tourné, celui-là...
- N'est-ce pas... soupira l'inspecteur. De quel genre de milieu venez-vous, mademoiselle Hope.
- J'ai un papa et une maman, j'ai deux cousines qui vivent en Martinique, d'où vient ma famille. Mon père est chef de son service dans une boîte de pharmaceutiques, ma mère a été préparatrice de commande avant de m'avoir.
Reiner s'étonna.
- Bon... Pendant cette guérilla, vous étiez chargée de la surveillance de l'étage... Avec votre camarade Ana, c'est ça ?
- Oui.
- Où se trouvait votre enfant ?
Fey se mordilla les lèvres. Jason Mars regarda Fey plus attentivement. Reiner attendait une réponse.
- Avec ma mère.
- Avec votre mère. Ne trouvez-vous pas irresponsable pour une personne avec une vie comme la vôtre de se lancer dans une telle action ? Groupée, commandée, organisée... Vous vous rendez compte à quoi vous avez joué ?
Fey acquiesça en fermant les yeux et essuya les quelques larmes qui lui étaient venues. L'inspecteur lui tendit un mouchoir en papier.
- Excusez ma dureté.
- C'est rien, c'est juste que j'ai envie de sortir pour le retrouver.
- Et s'il vous était arrivé quelque chose pendant cette attaque ?
- Arrêtez !
- Fey Hope, qu'est-ce qui vous a poussé à participer à ce que la presse de ce matin n'hésite pas à qualifier de « Plus grand conflit depuis la dernière guerre » ?
Fey soupira.
- Ils abusent un peu... Un peu beaucoup, même.
- Répondez ! Vous êtes mère !
- PRECISEMENT !!! cria la jeune fille.
Jason et Reiner s'étonnèrent. Fey respira lourdement, éreintée et au bord des larmes.
- Ils l'avaient menacé, vous comprenez ! M... Mon enfant ! Je ne pouvais pas ne pas réagir ! J'étais obligée de participer... de faire ce que j'ai fait... C'était pour qu'on ne lui fasse pas de mal ! Ils pouvaient le faire... Je ne voulais pas !
Reiner acquiesça.
***
Fey sortit de la salle, et trouva dans le couloir Ana, un peu secouée et un bras en écharpe. Elle courut vers la petite russe qui la serra contre elle. Fey s'éloigna.
- Où est James ?!
- Il... Oh, Fey...
- Quoi ? QUOI ??? DIS-MOI !
- Apparemment il a causé beaucoup de dégâts, ils lui reprochent quasiment la destruction de la cantine et du hall...
- Oh bon sang... geignit Fey.
- Ils l'ont emmené dans la même prison que Wallace, je crois.
Fey se mit à pleurer. Elle aperçut Wallace, aux côtés de Tristan.
- Ils t'ont...
- Je pense que ça va être pareil pour James...
Fey s'avança jusqu'à Wallace, suivie par Ana. Tristan sembla prêt à s'interposer. Mais Fey le repoussa sans efforts et gifla magistralement Wallace qui en tomba presque à la renverse.
- VA AU DIABLE !!!
Elle partit, furibonde, vers la salle d'attente du commissariat.
CLIVE
L'inspecteur Reiner semblait épuisé.
- Qui est le suivant ?
- Tout va bien, inspecteur ? souffla Jason Mars.
- Entre le gamin qui se prend pour un cador et la grosse qui chiale, je sens que la journée va être très longue. Qui est le suivant sur la liste ?
- Barker, Clive. C'est l'élève qui était à l'extérieur.
Reiner hocha lourdement la tête.
- Celui qui a terrassé une armée à lui tout seul...
- Hm. Nous l'avons menotté, ne sachant estimer quel danger il représentait.
Reiner acquiesça, rangea le dossier « Fey Hope » et s'emparant du dossier « Clive Barker », puis retournant à la salle d'interrogatoires.
Clive s'y trouvait. Le cheveu blond, plus court et sans gel, il portait un sweet à capuche marron et un jean de la même couleur. Il était couvert de bleus et de petites éraflures, comme s'il s'était battu contre un buisson de ronces.
- Clive Barker... Vous étiez placés dehors, devant l'école.
Clive acquiesça.
- Vos amis vous ont lâchés là, tout seul ?
Clive secoua la tête.
- C'est vous qui avez décidé d'aller dehors ?
Clive hocha la tête.
- Vous êtes pas une grande gueule, ça va aller BEAUCOUP plus vite qu'avec vos embarrassants camarades. Dommage pour vous, j'ai une question qui va nécessiter que vous ouvriez la bouche : Pourquoi avoir suivi le mouvement ?
Clive regarda l'inspecteur de ses yeux clairs.
- Je suis accusé de quoi ?
- Pardon ?
- Je suis accusé de quoi ? J'étais dehors, je n'ai fait que me défendre.
- Vous êtes complice d'un acte terroriste, jeune homme !
- Un acte terroriste ?!
- Vous et vos petits camarades avez saccagé votre école, vous avez tenu tête à l'ordre public, vous vous êtes délibérément rebellés contre la loi de votre gouvernement !!
Clive hocha la tête avec de gros yeux, genre « Waouh c'est trop méga grave. »
- Waouh. C'est trop méga grave, marmonna-t-il sur un ton monocorde.
- PUTAIN ! grommela l'inspecteur Reiner en frappant la table.
Jason Mars sursauta, mais il continuait d'écrire chaque mot qui était dit.
- Vous faisiez partie du plan !
- Nan, nan, j'passais là, j'me suis dit « Hey ! Pourquoi pas ! »
- Pourquoi vous vous êtes joint à cette mascarade ? On vous décrit comme un anticonformiste, un solitaire et un marginal !
- Sérieux ? Qui a dit ça ?! C'est trop cool !!
Reiner inspira.
- Qu'avez-vous à me dire sur les armes que vous avez utilisées ?
Clive reprit son sérieux.
- Que... l'ennemi les a utilisées aussi.
- L'ennemi, vous parlez d'un organisme représentant la loi et l'ordre !
- Bah elle est belle, la loi et l'ordre. Vous avez vu ce qu'ils ont fait à notre école ?
Reiner se saisit l'arête du nez.
- Si seulement j'avais la possibilité de vous torturer...
- Vous avez noté ça ? demanda Clive à Jason Mars.
- NE LE NOTEZ PAS !
- Vous avez noté ça aussi ? sourit Clive.
Reiner grommela. Jason Mars ne savait plus où donner de la tête. Il raya son dernier paragraphe en catastrophe.
- Vous ne saviez rien de ce qui se passait à l'intérieur ?
- Pas vraiment. Les petits génies voulaient me raccorder à la radio mais je les ai envoyés paître, je leur ai dit que j'étais trop cool pour ces trucs, et putain, j'ai eu raison.
- Votre amie, Andréa, c'est ça ? Votre petite amie ?
- Je parlerai plus d'elle comme d'un ustensile de cuisine.
Reiner grimaça et regarda Jason Mars qui hésitait à noter.
- ... faites-moi sortir ce petit con !
- On l'incarcère ? demanda Jason.
Reiner regarda Clive qui soupira.
- Han non, j'veux pas me faire violer en prison, s'il vous plait, monsieur l'agent, pitié, violez-moi vous-même, mais pas la prison !
Reiner leva les yeux au ciel.
- Je vais foutre le feu au commissariat tant qu'ils y sont encore !
- Vous avez noté ça ? demanda Clive.
- FAITES-LE SORTIR, MARS !
- Oui oui... avec ou sans menottes ?!
- Oh bah non, laissez-les moi, j'préfère ! sourit Clive, amusé.
***
Quelques autres élèves qui attendaient d'être interrogés observaient Clive par un mur vitré. L'élève était toujours menotté et avait même été muselé. Rhonda frappa contre la vitre. Elle était avec sa classe de troisième année, et quelques élèves gothiques des autres classes de troisième année. Clive se tourna vers elle, et elle lui leva un pouce de fierté alors que la plupart des élèves semblaient hagards ou fatigués. Clive crut apercevoir ses parents, également, qui avaient l'air, pour la première fois de sa vie, vraiment inquiets pour lui.
- Il a essayé de me mordre... souffla une policière à Jason Mars qui s'étonna de cet état de fait.
Le jeune juriste se dirigea vers Clive qui ressemblait à un Hannibal Lecter du pauvre.
- Vous avez conscience de la situation dans laquelle vous vous trouvez ?
Clive regarda Jason. Il agita mollement la tête.
- Oui, j'en suis sûr. Pour autant... vous persistez et vous signez, et je sens qu'on va avoir trente interrogatoires similaires.
Clive sembla sourire, du moins ses yeux l'indiquèrent.
- J'ai été comme vous, à une époque. J'étais un marginal, qui refusait de se mêler au reste du clan pour ne pas être un mouton.
Clive regarda le policier.
- ... et au final, je me suis retrouvé tout seul, avec des idéaux pleins la tête... et personne autour de moi. Alors j'ai abandonné ma carapace et j'ai fait du droit parce que je voulais non plus subir, mais agir.
Clive plissa les yeux. Il fit un signe de tête rapide vers le bas. Jason lui retira le masque.
- Pourquoi avoir essayé de mordre ma collègue ?
- Elle m'a traité de petit punk. Je suis pas un punk.
- D'accord. Qui vous a donné les armes ?
- Les armes ?
- La Gemme Sésame et la Méga-Gemme. Pour votre Cizayox.
Clive inspira.
- Notre prof, madame Clover.
- Vous la désignez expressément ?
- Bah oui, c'est elle qui nous les a donnés.
- Qui vous a appris à vous en servir ?
Clive inspira.
- J'ai appris seul.
- S'il est vrai que vous avez très certainement pu déclencher la Méga Evolution seul, il est très étonnant que vous ayez atteint un tel contrôle de votre Méga-Cizayox en seulement un an, à votre âge.
- Je me suis entrainé pour ça.
Jason hocha la tête.
- Pourquoi avoir aidé vos camarades, monsieur le marginal qui n'est pas un punk ?
Clive sourit. Il baissa la tête. Inspira, puis répondit.
- Je me suis mis dans cette situation tout seul. Deux ans durant, j'avais juré de ne pas m'attacher, et puis... J'ai changé de look.
Jason pencha la tête, intrigué.
- ... et quand, à la fin de l'année, il y a eu tout ce bordel... Bah... quand il s'est agi de laisser quelqu'un dehors pour les affaires courantes, je me suis proposé.
- Un grand sacrifice...
Clive haussa les épaules.
- La situation a été ce qu'elle a été.
- Hm. Qu'avez-vous à nous dire sur vos contacts avec Direction Dresseurs ?
Clive serra les dents.
- Rien.
- Vous encourrez un risque plus grand en vous taisant qu'en parlant, jeune homme.
Clive se mordilla les lèvres.
- Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai toujours eu le contrôle sur ce qui se passait.
- Est-ce que cela a quelque chose à voir avec votre maîtrise de votre Méga-Pokémon ?
Clive détourna le regard.
- J'veux plus rien dire. Remettez-moi le bâillon.
- Une dernière chose, monsieur Barker.
Clive inspira et regarda le policier débutant.
- Vous et votre classe, vous savez déjà que vous n'allez pas sortir indemnes de ces évènements. N'aggravez pas votre cas.
Clive hocha la tête.
- Je peux en dire autant de votre côté. Arrêtez Roland Smirnoff au plus vite, sinon votre crédibilité de flics et de représentants de la justice va en prendre un sacré coup !
Jason Mars inspira. Clive hocha lourdement la tête alors que le policier repartait vers la salle d'interrogatoires.
- Hm ! Vous savez que j'ai raison !
***
Clive ressortit de la salle d'interrogatoire sans entraves. Andréa arriva vers lui, couverte d'éraflures mais debout. Les cheveux raides et sans attache non plus.
- Clive !!
Elle le serra dans ses bras. Clive souffla.
- Quelle belle bande d'emmerdeurs...
Clive regarda vers la salle d'attente. Helen tentait de consoler un élève qui pleurait sans cesse depuis la fin des évènements, comme si on avait tué ses parents à la hache sous ses yeux. Un policier arriva pour isoler le professeur du reste des élèves. Clive se mordilla les lèvres.
- Qu'est-ce qu'ils t'ont demandé ? Qu'est-ce que tu leur as dit ? demanda Andréa.
Clive soupira.
- Ce que je leur ai dit... Dès le moment où tu ouvres la bouche avec eux, de toute façon, tu en dis trop. On va dire que j'ai dit ce que je devais dire.
Andréa acquiesça.
- Tes parents te réclament.
- J'ai vu ça.
- Clive, tu me rejoins après ? J'ai peur...
- T'en fais pas. Hors de question que je te laisse à nouveau.
Andréa hocha la tête et lâcha Clive à contrecœur.
Clive s'avança à l'accueil du commissariat. Une grosse dame accompagnée d'un gros bonhomme moustachu et d'une petite fille blonde braillait au commissariat. Tristan se trouvait à leurs côtés.
- Mais qu'est-ce que vous voulez dire par « Votre fils est en détention pour avoir été le chef de file d'un mouvement terroriste ?! »
- Madame Bertelin, je...
- On peut au moins savoir dans quelle prison il se trouve ? souffla le père.
- Si c'est la même où a été placé James, je peux vous dire où c'est... marmonna Tristan.
- Mon fils est un gros benêt qui construit des trains électriques !! Il ne terrorise personne !! S'il a fait quelque chose, je veux savoir quoi !! grogna Micheline.
- Mon frère... geignit Emeline.
- Votre fils a porté atteinte à une personnalité protégée par des lois gouvernementales et il a participé à la dégradation de son établissement scolaire !
- Son établissement scolaire est en MIETTES à présent, qu'est-ce que ça peut faire ??? grogna la grosse dame.
Clive soupira et aperçut ses parents qui se levèrent et se dirigèrent vers lui.
- CLIVE !!!
- CLIVE, BON SANG ! cria son père.
Les parents de Clive le serrèrent dans ses bras, fous d'inquiétude.
- Ça va ? Vous avez pas eu trop de bobos ? geignit Clive, un peu épuisé.
Ses parents le regardèrent.
- Tu plaisantes ? Regarde-toi ! geignit la mère.
- On dirait que tu ressors d'un lynchage ! souffla le père.
Clive regarda ses parents, tout aussi inquiets que les autres parents dans le commissariat, et tous n'avaient pas eu la chance de voir ou d'apercevoir leurs enfants.
- Je vais bien... Vous verriez Andréa !... euh... Vous n'avez pas trop eu peur, j'espère...
Les parents de Clive le serrèrent à nouveau dans leurs bras, tandis que Clive regarda par la baie vitrée, Roland Smirnoff qui observait le commissariat, lunettes de soleil et chemise blanche à l'appui, une canette de Redbull dans une main.
Le blond laissa échapper un gros soupir blasé.
HOLLY ET GINA
Gina Crawford semblait bien secouée. Ses cheveux étaient gras, et elle avait sur elle des traces résiduelles d'une matière poisseuse. Son maquillage était quelque peu éreinté. Elle avait pleuré, c'était certain. De surcroît, une étrange grêle rose ornait ses longs cheveux noirs et brillants. L'inspecteur Reiner et son assistant le cadet Jason Mars s'apprêtaient à l'interroger.
- Mademoiselle Crawford... Vous avez accompagné votre classe dans cette attaque terroriste.
Gina agita la tête.
- Je dirais plutôt qu'on s'est défendus.
- Il... nous est plutôt difficile d'admettre que vous ayez été attaqués.
Gina soupira.
- C'est vous la police, je suppose que vous décidez de ce qui est vrai ou pas...
Reiner se frictionna le visage.
- On va dire que je n'ai pas entendu ce que je viens d'entendre.
- Voyez. Vous décidez même de ce qui est dit et de ce qui n'est pas dit. Vous êtes extraordinaires.
Reiner souffla par les naseaux.
- Votre implication dans les faits apparaît quelque peu mineure au premier abord, cependant il semble que comme un grand nombre de vos camarades, vous ayez été en contact avec un allié du gouvernement.
Gina leva les yeux au ciel.
- Il est entré en contact avec nous, on ne l'a pas sonné. C'est pas notre faute si on a des culs à se damner pour.
- On...
Gina soupira.
***
- Il envoyait une moitié de message à chacune de nous deux. On a mis un bout de temps à réaliser qui c'était. On l'a réalisé quand Wallace Gribble a constaté le petit manège.
Reiner hocha la tête. Holly Williams était dans le même état que sa camarade. Ses cheveux avaient poussé et étaient plus longs, retombant joliment sur ses épaules. Ils accueillaient également une étrange grêle rose qui lui donnait l'air de sortir d'un épisode de Jem et les Hologrammes.
- Ce Wallace Gribble est le principal responsable de toute cette histoire, n'est-ce pas ? C'est le cerveau des opérations ?
Holly plissa les yeux.
- Primo, vous ne me ferez pas dénoncer un camarade, je suis catholique, j'ai certaines valeurs, et jeter les gens sur un bûcher, ce n'est pas dans mes principes, quand bien même ils sont homosexuels...
Jason Mars haussa les sourcils.
- Deuxio, non, Wallace Gribble n'est pas le « cerveau » des opérations.
- Pas tout seul, on se doute bien...
- Vous réfléchissez vite, ça va faciliter les choses...
Reiner grommela.
- Pourquoi avez-vous suivi le mouvement ? Une fille de bonne famille, religieuse, qui a tout pour réussir...
***
- ... je veux dire, vous avez une famille nombreuse, des gens qui vous aiment, vous êtes jolie, quel intérêt aviez-vous de vous acoquiner au reste de votre classe ?
Gina inspira.
- Si vous voulez la vraie raison, en ce qui me concerne... c'était par amour.
***
- Si Gina y allait, j'y allais aussi. Et puis deux de mes amis proches étaient directement concernés.
Reiner compulsa les dossiers.
- Messieurs Lilian et Léon Grimes...
- Hm.
- Quels sont vos rapports avec ces deux-là ?
Holly inspira.
- Lilian est le mec de Gina, et un très bon ami à moi. Léon... je peux dire que c'est mon meilleur ami.
- Vous avez fréquenté ces deux frères pendant ces trois ans
- Hm.
***
- Lilian... est la première personne à m'avoir regardé pour ce que j'étais au fond de moi et pas pour la belle plante que j'avais l'air d'être. Alors oui, on peut dire que... quand j'ai su qu'il était une cible dans ce conflit... J'ai pas vraiment réfléchi.
- Vous regrettez d'avoir participé à cette attaque terroriste ?
Gina secoua la tête.
- Pas le moins du monde. Si c'était à refaire, je le referai.
***
Holly se mordilla les lèvres.
- J'ai... quand même eu très peur...
- C'est tout à fait normal, statua Reiner.
- J'ai eu peur de... mourir, d'être enlevée, d'être...
Holly souffla, émue.
- Mais il fallait qu'on le fasse. Vous avez pas l'air de comprendre...
- Difficilement.
***
Gina hocha la tête.
- Quand vous recevez des menaces pareilles, vous vous défendez.
- On a de gros doutes quant à savoir qui a commencé. Qui a allumé les braises, vous voyez. Et on se demande un peu si... quelqu'un n'a pas orchestré cette attaque pour servir son propos.
Gina regarda l'inspecteur.
- C'est-à-dire ?
- Eh bien, vos quatre camarades Wallace Gribble, Walter Ludges, Naomi Kingsley et Perrine Truman faisaient un devoir sur les liens existant entre Roland Smirnoff et Justin Truce. Notre théorie, c'est qu'ils ont allumé volontairement la mèche pour mettre du piment dans le devoir.
***
Holly grimaça.
- Nan. Nan, c'est pas possible. Si quelqu'un a fait ça, ce serait plutôt Roland...
***
- ... Smirnoff. Regardez plutôt de ce côté-là.
Reiner et Mars se regardèrent, intrigués.
***
- Qu'est-ce que vous en pensez, Inspecteur ?
L'inspecteur Reiner soupira et regarda Jason Mars.
- On va continuer à interroger les élèves, puisque le commissaire l'a directement ordonné, et on va tirer cette affaire au clair.
- Votre avis pour le moment ?
Reiner soupira.
- Ils accusent tous Roland Smirnoff.
- Hm...
- Ce alors que le peu de preuves que nous possédons montrent clairement qu'ils ont été en contact avec lui tout au long de l'année par divers moyens.
Jason acquiesça.
- Il les a informés.
- A sa façon. On sait de réputation que Smirnoff est un individu imprévisible. Quelque chose me dit cependant qu'ils exagèrent.
Jason plissa les yeux. Reiner souffla.
- Ils insistent trop clairement sur ce point. Du coup, interroger la prof maintenant serait une bonne idée. Est-ce qu'on a des nouvelles du gamin qui s'est barré pendant les interpellations ?
Jason secoua la tête. Reiner acquiesça.
- Vu le dossier de ce gosse, je pense de toute façon que ce sera pas vraiment nécessaire de l'interroger... On passe à la prof dans ce cas. Rangez ce dossier.
Jason acquiesça. Il s'empara du dossier « Zuckerman » et le rangea avec les dossiers « Edison », « Hope », « Barker », « Williams » et « Crawford ».
***
Gina et Holly sortirent libres de leurs interrogatoires respectifs. La salle d'attente ne comportait plus que Violette et Santana, trempées, Mike, qui soutenait Steven, qui s'était endormi, épuisé. Ana était à ses côtés et lui tenait la main alors que son bras gauche était invalidé par une écharpe. Robbie attendait en se tenant les mains, l'air inquiet. Andréa avait les cheveux détachés et était bien amochée avec ses multiples estafilades. Quinn semblait avoir beaucoup pleuré et semblait anxieuse. Lucy était scotchée à son téléphone, envoyant SMS sur SMS.
- Tu crois qu'on est sorties de cette merde ? soupira Gina.
- J'en doute... Pour le moment, j'ai surtout l'impression que ça va nous poursuivre toute notre vie... admit Holly.
- Il faut que je retrouve Lilian...
Holly inspira.
- J'ai aucune envie d'aller à cette prison.
- C'est pas une prison, c'est un centre d'incarcération !
- Tu joues sur les mots.
- Holly, MERDE !
La blonde regarda la brune.
- Ce que tu as fait pendant cette bataille... Espèce de grosse conne !!
Holly se mordilla les lèvres.
- Pourquoi t'allais faire ça ? Mais putain... Mais putain tu te rends compte que maintenant je suis redevable envers Christina ?!
Holly baissa la tête et regarda Gina.
- Tu peux parler. J'ai eu peur pour toi aussi !
- Mon risque à moi était calculé. Toi tu aurais pu...
- Calculé ? Gina, merde ! Tu es restée inconsciente au moins dix minutes, j'ai pleuré comme une conne, je t'ai crue morte !!
Gina inspira.
- Vaut mieux pas qu'on parle de ça devant les parents.
- Nan, clairement. Même si je suis contente de ne pas être la gourdasse égoïste que j'étais il y a trois ans.
Gina hocha la tête.
- Et moi je n'ai plus à rougir, je sais que je peux me bouger pour avoir ce que je veux.
Holly souffla.
- On est connes à trouver du positif là-dedans, nan ?
- Je suppose que c'est notre façon à nous de gérer tout ça !
Lorsqu'elles atteignirent l'accueil, elles virent deux choses : Leurs parents, qui arrivaient vers elles.
Mais surtout, à travers la baie vitrée, le père d'Orson, retenu par Clive et Tristan, qui avait empoigné Roland Smirnoff au dehors, prêt à lui casser la gueule.
Alors que leurs parents savouraient le retour des filles prodiges, Gina et Holly se regardèrent. C'était clairement pas encore fini...
CHRISTINA
Elle attendait dans le couloir. Elle aurait aimé être emprisonnée, elle aussi, mais apparemment le cycle naturel visant à ce qu'elle soit en permanence rejetée de tout persistait à s'acharner.
Elle était donc là, assise dans un couloir plutôt lumineux. Mais elle était sale, poisseuse et couverte de bleus. Ses lunettes n'étaient plus là. En quelque sorte, elle était jolie. Fragilisée, mais jolie.
Et elle attendait. On arriva pour elle. Une femme en uniforme.
- Mademoiselle, je ne comprends pas ce que vous faites encore ici.
- J'attends.
- Vous devriez être au commissariat.
- J'attends, c'est tout.
- Vous attendez vos amis, c'est gentil de votre part mais c'est aussi susceptible d'aggraver votre cas. Vous avez été interrogée par le sergent, il vous a libérée, vous devez partir.
- Je préfère rester.
- Vous vous rappelez que je représente la loi ici. Vous devez m'obéir.
Christina regarda l'officière.
- Rester dans un simple couloir, c'est illégal ?!
- Nos locaux ne sont pas autorisés au public habituellement.
- Je ne suis pas le public, je suis une suspecte. C'est comme ça qu'on nous a traités, non, des suspects...
- D'après les premiers retours que j'ai du commissariat, votre classe est un sacré ramassis de provocateurs et d'insolents. Etrangement, le plus calme, c'était le petit Gribble.
Christina agita la tête.
- Mouais.
- Rentrez chez vous.
- Mes parents sont là ?
- Non.
- Alors ce ne sera pas possible.
L'officière grommela.
- Jeune fille...
Christina contourna du regard la grande gigue en uniforme pour voir que Walter était sorti de la salle d'interrogatoire, porté par deux policiers, son fauteuil ayant disparu. Christina se saisit de son téléphone, éteignit l'application en cours et appela quelqu'un.
- Le téléphone n'est pas autorisé ici !!
- Oui c'est moi ! Il est sorti ! Salle 23 !
Christina raccrocha et ralluma l'application, puis alla auprès de Walter.
- Perrine arrive !
- Cool...
Walter avait visiblement été trempé lui aussi, et semblait très secoué.
- Des nouvelles de Naomi ?
- Toujours au tribunal.
- Je dois aller la rejoindre... Au moins pour voir ce qu'elle compte faire. Ce qu'elle a fait pour en arriver là... C'est tout sauf elle, il doit y avoir autre chose.
- Je suis bien d'accord.
- Mademoiselle !
Christina se releva et regarda la policière.
- Vous êtes bien l'officier Beth Lerner ?
La femme acquiesça, offusqué du ton de Christina.
- Appelez votre sergent et demandez-lui si c'est vraiment si grave que je reste ici à attendre mes amis. Je reste.
Walter regarda Christina.
- Tu n'es pas obligée...
- Si. Si, je suis obligée. Si je ne le fais pas, Tristan va me maudire, Lucy aussi... Et je crois qu'on a tous une dette énorme vis-à-vis d'Orson.
Walter ne put qu'acquiescer. Beth partit, furieuse, voir son supérieur. Christina éteignit son application et s'assit aux côtés de Walter qui lui tapota l'épaule.
- Ca va aller. Il va sortir.
Christina acquiesça en sanglotant. Elle regarda Walter qui chuchota.
- Tu prends de très gros risques.
- Je sais...
- Tu es sûre de ton coup ?
Elle haussa les épaules.
- Non, bien sûr que non... Mais si je n'essaie pas...
Walter inspira en hochant la tête.
- Je ne t'ai même pas demandé si tu allais bien ! soupira Christina.
- Ca va, ça va... L'impression d'être passé dans un mixeur, mais ça va.
Christina hocha la tête. SMS.
- Wallace est arrivé à bon port, Tristan va bien. Bon. Ça me fait une bonne nouvelle à annoncer à Tino.
- Wallace s'en est tiré... Les jumeaux...
- Toujours interrogés, séparément...
Walter soupira en se frictionnant la tête.
- Tu les attends eux aussi ?
- Oui, du moins que Gina et Holly arrivent pour les réceptionner... vu que leurs parents sont interrogés aussi...
Walter hocha la tête. Il regarda Christina.
- Tu nous en veux ?
Christina inspira.
- Il est un peu tôt pour demander ça... Je pense que ma réponse serait un peu violente.
Walter acquiesça, compréhensif. Perrine arriva à ce moment avec le fauteuil. Elle était toute sale, couverte de terre. Elle semblait avoir pleuré.
- Tes parents sont fous d'inquiétude...
- Et toi t'es sacrément crade... sourit tristement Walter.
- Hmph... Tiens, Christina !
Perrine donna le sac en plastique dans le fauteuil avec une bouteille de thé glacé et un sandwich.
- C'est gentil, merci.
- Bon courage. J'te préviens quand tes parents sont là.
- Hm, d'accord !
Perrine et Walter partirent. Christina resta dans le couloir, patiente. Beth Lerner revint. Christina compulsa son téléphone.
- Alors ?
- Il a dit que vous pouviez rester ici si vous y teniez.
- Ah !
Beth empoigna un bras de Christina qui frémit, mais l'officière lui menotta juste le bras à la chaise.
- Un bout de temps, même.
Christina serra les dents et regarda les portes des salles d'interrogatoire. « Courage les garçons... »
***
Le premier à sortir de la salle d'interrogatoire fut Benjamin. Blême. Il avait l'air épuisé et secoué. Il était sale et semblait avoir été roué de coups. Christina tenta de se lever mais la menotte la retint à la chaise.
- Benjamin !!
Benjamin arriva vers Christina en levant les bras. Il la serra contre lui.
- Ca a été ?
- J'sais pas trop... J'sais pas trop...
- Courage, Benjamin...
- Tino... Tino a la plus grosse charge dans l'accusation, ils le voient comme le cerveau de l'affaire...
- Il sait ce qu'il doit dire, n'est-ce pas ? geignit Christina.
Benjamin hocha la tête. Christina le regarda, inquiète.
- Et... Et toi, tu as dit...
- J'ai dit ce que j'avais à dire.
Christina le regarda plus précisément. Benjamin se rattrapa.
- J'ai dit ce qu'on a dit qu'on dirait tous.
- Très bien.
Benjamin regarda Christina, méfiante. Elle montra son téléphone. Benjamin leva les yeux au ciel.
- T'es tarée !!
- Si je peux le prouver, Tino peut s'en sortir.
- T'es folle. Tristan l'avait dit. J'l'avais pas cru. Mais t'es folle !
Christina hocha la tête doucement, et se rassit.
- Je sais, je sais, mais... Tino peut s'en sortir.
- Je vais peut-être avoir de la prison avec sursis pour ce que j'ai fait...
- Rien en comparaison de Tino... et Orson...
- Orson !! Merde ! Il est où ?
- L'étage au-dessus, il est interrogé par une commission toute entière et il se peut que ça aille jusqu'à l'acte terroriste pur et simple voire qu'il finisse fiché au grand banditisme.
- Faut que j'y aille !
- Si tu veux, oui, va !
Benjamin regarda Christina.
- Tu es menottée parce que...
- J'ai pour ainsi dire demandé à l'être. Tes parents sont à l'extérieur.
- Oh, d'accord... et les tiens ?
Christina souffla.
- Je leur ai dit d'aller se manger une pizza, que j'allais bien, et que je devais attendre mes amis.
Benjamin acquiesça. Il se dirigea vers les escaliers.
- Bon courage...
- Tout le monde me dit ça. T'en fais pas.
Christina regarda Benjamin partir. Elle observa la porte de Tino. « Laissez-le sortir, pitié... »
Elle souffla en voyant Beth revenir. Elle compulsa son téléphone.
- Vous me prenez pour une idiote ?
Christina soutint le regard de Beth. La policière était presque jolie, athlétique, un air un peu coincé sur les bords. Christina aurait ployé sous le poids de ses yeux auparavant, mais elle savait maintenant ce qu'était réellement la peur, donc elle s'en moquait.
- Vous m'avez dit que vos parents n'étaient pas là, mais vous savez où ils sont !
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
- Je vous ai entendu le dire à votre ami.
- Vous n'étiez pas là.
- Je vous ai entendu.
Christina soutint le regard de Beth. Qui gifla l'étudiante.
- Ouch !
- Ne vous avisez pas de me mentir de nouveau ! Je vais trouver vos parents et vous allez sortir d'ici fissa. Vous me faites perdre patience, et je ne suis pas la seule.
Christina évita de montrer son soudain intérêt.
- Le commissaire vous a également tous dans le collimateur. Vous n'en sortirez pas indemnes. Aucun de vous, oh non.
Christina sembla choquée en regardant Beth repartir. Elle regarda son téléphone et hocha la tête, retenant les larmes issues de la douleur. « Il avait raison... »
Elle regarda autour d'elle et n'arriva plus à retenir ses larmes. « Il avait raison... Tino, Orson... Benjamin... Perrine, Walter... Oh mon Dieu, il avait raison !! »
Elle envoya rapidement un SMS. Le temps pressait. De tous ceux à qui elle devait l'envoyer, la personne la plus importante était Francis Zuckerman.
« Vite, VITE !! »
Christina plissa les yeux, balbutia silencieusement, lâcha son téléphone et tomba de sommeil. Beth Lerner arriva avec son Chlorobule. Le Pokémon Plante venait de libérer sa Poudre Dodo.
- Petite idiote.
La policière récupéra le téléphone et constata le SMS en cours. Elle soupira, ferma le tout et chercha le numéro des parents.
- ... Oui allô ?... La maman de Christina Rockwell ? Bonjour ! Votre fille s'est endormie dans nos locaux !... Oui, une grosse journée, c'est ça... Si vous pouviez venir la chercher ! Merci !
Beth raccrocha, puis s'activa à retirer la menotte de Christina.
- Tu m'auras bien fait suer, petite sotte...
Beth remit le téléphone dans la poche de la jeune étudiante comme si de rien n'était.
***
« A coup sûr elle a embêté les policiers, hein, ma petite chérie ! »
« Toujours à poser des questions, forcément... »
« Je me demande quand même ce qui leur est arrivé... »
« Oh, elle nous racontera bien ! »
Démarrage. Réveil. Putain. Christina regarda autour d'elle. Elle était dans la voiture.
- Hey ! Hey !! HEY !!!
Les parents de Christina se retournèrent vers elle.
- Chérie ?! s'étonna sa mère.
- Tout va bien ? Tu faisais un cauchemar post-traumatique ? demanda son père.
- Voyons chéri, ça n'existe pas ! Tout va bien, ma puce ?
Christina essaya de sortir de la voiture.
- Ouvrez !!
- Christina, voyons, on rentre, je suis en train de sortir du parking du centre de détention. Enfin, d'incarcération.
Christina était de plus en plus agitée, elle tapait contre les vitres.
- OUVREZ ! JE NE PEUX PAS RENTRER A LA MAISON ! OUVREZ !!!
- Christina !! grommela sa mère.
- Ma puce voyons !
Christina réussit à ouvrir la porte et sortit sur le parking.
- CHRISTINA !!!
La jeune femme courait entre les voitures, immobiles et mouvantes. Elle geignit en regardant le grand bâtiment. « Tino... Benjamin... Orson... James... Lilian... Léon... Oh bon sang... Pardon, je vous laisse... »
Elle atteignit la grand route. « Quoi faire ? Quoi faire ??? Bon sang !! »
Elle fouilla ses poches. « J'ai toujours le téléphone ! YES !! »
Quelqu'un manqua de l'écraser et s'arrêta juste à côté. Elle plissa les yeux, étonnée. La personne baissa la vitre. Il s'agissait de Pablo Montes.
- ... ????
- Hello Baby ! Tu montes ? J't'emmène où tu veux ! Genre au commissariat !
Christina hocha la tête et monta avec Pablo sous les yeux effarés de ses parents qui avaient quitté la voiture pour la chercher.
- CHRISTINA !!!
- ELLE SE FAIT ENLEVER, APPELLE LA POLICE !
- Han merde ! Tu pouvais pas dire que t'avais des parents ?! grommela Pablo.
- Fermez-là et dépêchez, j'ai un message important à délivrer !!
- Un message important ? Ouuuuh ! Pablo Montes a-doooore les messages importants ! Et c'est quoi ce message important ?
Christina souffla.
- Roland Smirnoff avait raison sur un point : La police est contre nous...
- Oui bah oui, c'est Justin Truce qui les a achetés, on le sait, ça...
- Justement non !! Ce n'est pas Truce ! Je dois prévenir tout le monde qu'il ne faut pas citer Roland comme coupable exclusif, sinon on court à la catastrophe !
Pablo grimaça.
- Attends, vous avez convenu de citer Roland comme seul et unique coupable ?!
- Evidemment, après ce qu'il nous a fait, c'est normal, nan ?
- ... Dis, tu veux pas descendre du véhicule en marche, s'il te plait ?!
- Vous venez de me kidnapper, vous vous souvenez ? Vous avez intérêt à ce que j'atteigne le commissariat saine et sauve pour vous innocenter !
Pablo leva les yeux au ciel.
- Mais qu'est-ce que Roland est allé nous impliquer avec des zozos dans votre genre !
- Vous pouvez parler, c'est quoi cette tenue ?!!
Pablo regarda son boa à plumes rose et sa chemise moulante verte et noire.
- Bah quoi ?!
- Hmph. J'ai un enregistrement qui prouve ce que je dis.
- Oh, intéressant. Ou pas. Tu as pu mal comprendre.
- Roland a dit de nous méfier de la police, c'est bien qu'il avait peur de quelque chose, et je crois que mes enregistrements peuvent confirmer ses dires.
Pablo inspira.
- Petite. Vous avez vécu des moments super intenses aujourd'hui, okay. Mais voilà, c'est fini, tu peux arrêter de jouer les petites enquêteuses !
- Hors de question. Je veux la vérité. Je veux agir. Je ne veux pas avoir à rougir quand je reverrais Tino !
- Oh comme c'est mignon...
Pablo reçut un appel. Il grinça des dents.
- ... On va pas au commissariat.
- Quoi ?
- Nan, je vais au tribunal.
- Quoi mais non !! Déposez-moi au commissariat !
- Plus tard, ma jolie. Tu es bien mignonne – encore que – mais j'ai une affaire plus urgente à régler... bon sang, Seth...
Christina grommela. « Zut, zut, zut !! »
FRANCIS
Il se réveilla, bougon. Mal embouché. Il hésitait à se relever puisqu'il se trouvait dans une voiture. Il se demandait cependant avec qui. Son dernier souvenir tangible, c'est d'avoir donné ce coup de poing dont il n'était pas peu fier. Il se rassit péniblement et constata qu'il y avait un siège enfant avec lui, contenant un petit bonhomme d'à peine un an et demi. Il le regarda, surpris.
- Mettez votre ceinture de sécurité, sinon vous allez lui donner le mauvais exemple !
Francis s'étonna des mots qui émanaient du conducteur, un homme plutôt trapu mais qui semblait sensé et très éveillé. Brun, la coiffure peu organisée, son reflet dans le rétroviseur dévoilait un regard morne mais une bonne bouille cependant.
- Faites ce qu'il dit sinon on n'est pas sortis de l'auberge.
Francis s'étonna. La passagère était une ravissante femme rousse magnifique, belle, bien maquillée, toute de rouge vêtue.
Il sentait légèrement le brûlé, fumait un peu et avait une belle atèle au poignet, et ça n'était pas étonnant en fait. Il se souvenait de tout : Le toit de l'école, la détresse de Quinn, la folie d'Orson, les géants, la dame en noir, le métal, la Méga Gemme, le monde en dessous. Les risques insensés qu'il avait pris. Tout ça pour au final entendre Roland Smirnoff dire ce qu'il avait à dire. Et Francis de prendre les décisions qui s'imposaient. De partir. D'être récupéré par ces deux-là, assommé et pouf, ici.
- Vous m'emmenez où... ?! se hasarda-t-il à demander.
Arlène Rhodes poussa un gros soupir qui semblait vouloir dire « Tu sais parfaitement où on t'emmène ». Dimitri Corbin, qui adorait répondre aux questions, même les plus idiotes, laissa libre cours à sa parole.
- Eh bien monsieur Zuckerman, on peut dire dans un premier temps que nous vous éloignons de Roland Smirnoff puisque autant les autres ont juste menacé de le tuer, autant vous...
Francis regarda son poing qui lui faisait encore mal.
- ... et putain, je recommencerai... marmonna le jeune homme.
- Nous n'interviendrons pas non plus pour cette éventuelle seconde tentative.
- Dans un second temps, nous allons essayer de réparer ses... enfin, nos torts.
Francis haussa les sourcils.
- Vraiment ?
- Eh bien oui. Cependant cela signifie également vous éloigner de vos camarades.
Francis se mordilla les lèvres.
- Quinn et Lucy comprendront... En laissant de côté mon différend personnel avec cet enfoiré de fils de pute, je sais pas si je dois vous remercier pour votre aide dans ce conflit ou vous frapper vous aussi pour votre degré d'implication...
Dimitri serra les dents.
- Je conduis et Raphaël est à bord ! Ne me frappez pas !
- Nous comprenons votre colère, elle est légitime, mais nous avions nos raisons.
- Elles étaient forcément très connes... grommela Francis.
- Les raisons de Roland étaient très connes. Les nôtres, surtout celles de Dimitri, étaient respectables.
- Ah oui ? Vous avez laissé faire et c'était respectable ?! Putain, j'aurais tout vu et tout entendu, aujourd'hui...
Dimitri soupira.
- Un jour vous comprendrez...
- Si vous pouviez m'expliquer vos raisons si respectables...
Dimitri soupira.
- Je voulais que Raphaël puisse voir plus souvent son parrain...
Francis plissa les yeux face à tant de sincérité, tout en regardant le petit.
- ... et également pouvoir retrouver mes amis. Etre libre. Ce qu'on a fait... était mal, et franchement si je pouvais m'excuser auprès de tous vos amis, je le ferais, quitte à m'excuser pour Maître R... pour Roland, mais... Si on ne le faisait pas maintenant, on était prisonniers à tout jamais.
Francis soupira.
- Un jour peut-être, on comprendra...
- Mais oui. Vous êtes des enfants intelligents, on ne se fait aucun souci pour vous... marmonna Arlène.
Francis soupira et laissa la voiture le mener. Il regarda Raphaël qui essayait de manger sa chaussette. Il regarda le pare-brise.
- J'espère que je n'aurais pas de soucis à cause de ma fuite.
- Probable que si. Mais si une de nos hypothèses se confirme, ces interrogatoires seront inutiles et/ou on pourra arranger les choses pour vous !
- Quoi qu'il en soit, la mission de Roland se perpétue tant que Truce n'est pas en prison, nous sommes tenus de veiller sur vous.
Francis haussa un sourcil. La voiture fut prise dans un joli embouteillage.
- Han non...
- J'vous l'fais pas dire... soupira Dimitri.
- Et zut, on va être obligés de parler... soupira Arlène.
***
- Et donc voilà, j'ai acquis la garde de ma sœur comme ça.
- Quelle famille géniale... ironisa Arlène.
- Au moins il a eu une famille... admit Dimitri.
Raphaël regardait Francis en mangeant ses doigts. Francis soupira.
- J'vous ai raconté un truc, à votre tour... Genre comment vous avez rejoint Roland Smirnoff ?
- Attendez, je change de voie, j'ai une ouverture... marmonna Dimitri.
- Quelle idée débile de prendre l'autoroute !
- C'est beaucoup plus rapide... parfois... grommela Dimitri.
Arlène inspira.
- J'ai rejoint Roland après qu'il soit venu me voir quand je chantais dans les cabarets, il était accompagné de Pablo Montes.
- Le détraqué ?! geignit Francis.
- Exact. C'est bien que tu te rappelles de lui de cette façon. Lui et moi avons flirté pendant un festival, il a estimé que c'était un lien suffisant pour me garder dans ses contacts, j'ai connu Roland... sous bien des angles...
- Pas devant le petit... grommela Dimitri.
- Il a dix-huit ans, presque dix-neuf ! soupira Arlène.
- Je parlais de notre fils ! souffla Dimitri.
- Je sais, chéri, j'essayais juste d'être cynique !
Francis, las de ces querelles d'amoureux dignes de la famille Addams, regarda le pare-brise. Devant eux se trouvait un fourgon noir. Par la vitre, il aperçut un visage qu'il connaissait bien. Il murmura, sans un bruit cependant : « Amélia... »
La blondinette le vit aussi, mais elle se détourna aussitôt. « Où est-ce qu'ils l'emmènent ?! » songea Francis.
La route se dégagea et Dimitri put prendre la bonne sortie qui les éloigna du fourgon noir. Francis se mordilla les lèvres et choisit d'envoyer un SMS.
- Avec qui communiquez-vous ? demanda Arlène.
- Rebecca Gates, répondit Francis sans fard.
- A propos de quoi ?!
- Quelque chose d'important qui la concerne. Dimitri, comment avez-vous connu Roland Smirnoff ?
- Eh bien, j'ai commencé par être le camarade de classe du fils adoptif d'une de ses connaissances – qui est liée à un de vos camarades par ailleurs mais si je vous fais part de cette information, Roland Smirnoff pourrait me tuer ou pire – et cette amitié m'a amené à être proche du clan Smirnoff d'une façon ou d'une autre, puis à être carrément adopté à titre de pupille par les parents de ce fils adoptif dont j'avais fait la connaissance et qui m'a par la suite sauvé d'une tentative de suicide après que je sois devenu l'élève de Roland lors de mon Voyage Itinérant, voyage au cours duquel Roland me forma comme son soldat personnel. Et puis ensuite, alors que j'avais retrouvé le fils de Roland Smirnoff kidnappé par une employée d'hôpital psychiatrique, il s'en alla à New York et à son retour me débaucha comme homme de main. On est arrivés !
Francis sembla avoir bu une bouteille de vodka cul-sec. Une place de parking plus tard, le trio déambulait, Arlène s'étant saisie du petit Raphaël.
- C'est bien chez votre tante ? demanda Arlène.
- Oui... Qu'est-ce que vous comptez faire ?! s'étonna Francis.
- Bah... La récupérer... souffla Dimitri.
- On a la possibilité en tant qu'ex-chefs de cabinets de produire des injonctions légales, et donc de redonner une vérité légale à votre droit de garde.
Francis acquiesça.
- Donc je retrouverai Jodie...
- Et votre vie d'avant.
Francis plissa les yeux.
- N'utilisez pas sa terminologie s'il vous plait. Vous avez l'air bien plus intelligente et bien plus éclairée que lui...
- Qu'on soit clairs : Je désapprouve votre action et je suis entièrement d'accord avec ce que Roland a fait vous concernant.
Francis se mordilla les lèvres. Arlène inspira alors qu'elle tenait son enfant dans ses bras.
- Il nous a demandés, cependant, de mener à bien la moindre de vos directives. Nous allons donc faire notre possible pour récupérer votre sœur.
Francis hocha la tête, perturbé. Ils arrivèrent devant la porte d'une certaine Eliane Delano.
- Je frappe ?
- Non, tu hurles... soupira Arlène.
- ELIANE DELANO, SORTEZ, NOUS AVONS UN PAPIER DU JUGE !
Arlène et Francis regardèrent Dimitri qui frissonna.
- C'était une blague ?!
- OUI ! grommela Arlène en ajustant sa prise sur Raphaël.
- Ahon.
- Vous êtes vraiment mariés tous les deux ?!
Eliane sortit, intriguée.
- Hein ? Francis ?! Bon sang, je viens de voir les infos...
- Madame, nous sommes là pour Jodie.
Eliane agita les mains.
- On va avoir un souci, ma bonne dame, parce que la petite, je l'ai plus. Sa mère est passée la prendre. Y'a environ une semaine.
Francis grimaça.
- Quoi ?! Et tu l'as laissée faire ?!
- Elle a dit qu'elle avait un droit de visite. Pis elle avait l'air bien !
- Tante Eliane, bon sang... souffla Francis.
- Tu es sûr que tout va bien ?! A la télévision, ils ont dit que ton école avait été détruite...
- Direction chez ma mère... grommela Francis en faisant demi-tour.
- Tu conduis ! grommela Dimitri.
- Pschhhh... soupira Arlène.
Francis soupira. « D'un côté c'est cool j'ai des gardes du corps... D'un autre côté où est Jodie... Et est-ce que j'ai vraiment envie de la récupérer... ?! »
Il regarda les SMS de Quinn.
[Ils te cherchent, Francis, reviens !!]
[Réponds, s'il te plait !]
[Ils vont m'interroger, j'ai peur !!]
Puis ceux de Lucy.
[Tu t'es mis dans un beau pétrin, Zuckerman... Reviens vite !]
[Reviens s'il te plait, on est un peu paumées sans toi. Enfin, Quinn surtout.]
[Rassure-moi, tu ne vas pas finir ce que tu as commencé ?! Francis, pitié, non ! La prison, ce n'est pas ce qu'on en montre dans les séries !]
Francis soupira. « Tiens le coup, Quinn, je reviens vite. »
***
Francis reçut un texto en chemin vers chez sa mère.
[N'abandonne pas, grand Linéon. Suis ta route. Et retrouve-nous]
Francis se mordilla les lèvres et ferma son téléphone, un sourire amer sur le visage. « Vieille carne... »
Arlène grommelait.
- Je déteste ta caisse de merde. C'est quoi ce levier de vitesse à la con !!
- J'aime pas ta boîte automatique mais j'en fais pas tout un plat... marmonna Dimitri en distrayant Raphaël, aux côtés de Francis qui semblait un peu gêné.
Il regarda par la fenêtre. Ils étaient loin du commissariat et de tout ce cirque. Le soleil se couchait.
- Madame Arlène...
- Petit con, donne-moi encore du madame et je jette la voiture dans le fossé !!
- ... euh... okay... euh... Vous pourriez mettre la radio ?
- Ouaip...
- Euh...
Dimitri regarda sa femme puis Francis. Il inspira.
- Vas-y.
- T'as peur ?
- Je sais pas trop de quoi, mais un peu. Mais mets la radio.
- Vous avez des infos ? De la part de Roland Smirnoff ? demanda Francis.
- Justement, non... marmonna Arlène en allumant l'objet.
« ... les titres, la poursuite de cette incroyable journée à Ogoesse où une bataille aux proportions colossales selon les témoins a eu lieu, entre le Président de l'Association Pokémon et une étrange coalition composée d'une classe d'élèves de troisième année, d'autres classes d'élèves de troisième année, d'élèves venus de Méanville, d'étranges groupes d'obédiences diverses venus à leur aide ainsi que d'adultes qui semblent être les parents des élèves. Les élèves de la classe de troisième année un ont tous été interpellés directement après la bataille après que des preuves aient été livrées aux enquêteurs concernant leur implication directe dans les évènements voire dans la cause même du conflit... »
- Des conneries... grogna Francis.
- Shht ! grogna Arlène.
« Le Président a été mis en examen pour abus de ses fonctions mais il a été étonnamment et brillamment défendu par une jeune fille de la classe en question. L'un des élèves est dans une situation critique puisqu'il a été transféré dans une prison de haute sécurité, mais des mesures seraient en cours pour le faire sortir. Nous n'avons réussi à interroger PERSONNE, aucun des intervenants n'a pu, n'a voulu ou n'a eu le droit de s'exprimer. Une des élèves est toujours en cellule suite à des aveux terrifiants selon les enquêteurs. La journée continue cependant et nous ne sommes pas à l'abri d'un évènement nouveau. Le commissaire en charge de l'enquête,... »
Arlène éteignit la radio.
- Ils en savent beaucoup trop déjà...
- Vous ne savez rien du tout ? Vous n'êtes plus en contact avec Roland ?
- Trop dangereux. Nous sommes pour ainsi dire en fuite par ta faute. Roland nous a chargés de te protéger de toi-même et de t'emmener où tu veux. On y est presque d'ailleurs.
Francis soupira.
- On est vraiment loin... Quinn me manque... Lucy me manque...
- Fallait y penser avant de t'enfuir... marmonna Arlène.
Dimitri regarda Francis.
- Euh... Je... J'ai jamais vraiment eu de sœur mais... euh... J'ai eu des familles compliquées moi aussi... et... vous vous en sortirez quand vous aurez une vie à vous. Là, vous saurez que le cauchemar est fini.
Francis regarda Dimitri, atterré.
- Vous... n'avez rien de plus bateau à me dire ?!
- Non. C'était le plus bateau que j'avais.
Francis inspira. On arrivait. Il se releva de son siège. Son père était là, avec Jodie dans ses bras.
Et il y avait des flics.
- Merde. Merde. MERDE !!!
- Ca, c'était pas prévu... admit Arlène.
- Encore la police, oh non... soupira Dimitri.
***
Quinn soupira.
- Il ne répond pas... Ils l'ont emmené dans cette voiture et j'ai plus de nouvelles...
- Ca va aller, c'est sûrement un plan tordu de Roland Smirnoff... Je me demande qui est interrogé en ce moment...
Mike regarda Lucy.
- La prof est toujours dedans, je crois.
Lucy inspira.
- On n'est pas sortis de l'auberge...
Steven revint avec un verre d'eau. Il sanglotait.
- Vieux, arrête de pleurer...
- Peux pas... sniff...
Mike soupira.
- Les flics vont se foutre de ta gueule si tu chiales pendant l'interrogatoire...
- M'en fous... sniff...
Mike regarda Steven s'asseoir, les yeux remplis d'incessantes larmes.
- ... vieux, arrête, j'me sens coupable... geignit Mike, attristé.
- J't'en veux pas... J't'en veux pas, Mike... Uuuuuh...
- Steven, merde !! geignit Mike alors que le blond s'écroulait sur lui.
Quinn se mordilla les lèvres et tapota l'épaule de Steven, peinée.
***
- Papa ?!
- Francis, ne rentre pas !
- Mais qu'est-ce qui s'est passé ?!
Arlène et Dimitri se regardaient, intrigués. Le père de Francis se mordilla les lèvres, les larmes aux yeux.
- Ta mère... a refait... une crise...
Arlène inspira. Dimitri s'avança.
- Monsieur Zuckerman...
- Jodie ! Jodie !
Jodie se retourna vers Francis en pleurant.
- Maman vole et elle veut plus redescendre...
Francis écarquilla les yeux.
- Nan... Nan... C'EST TOUT CE QUE JE VOULAIS PAS !!! PUTAIN ! LACHE-LA ! LACHE-LA !!!
- Je m'occupe d'elle pour le moment ! Je vais me mettre sous surveillance si ça te chante, mais elle a besoin d'un parent, Francis ! geignit le père.
Arlène retint Francis et le ramena en voiture. Il faisait nuit. Les phares les éclairaient.
- LAISSE-LA TRANQUILLE !! C'EST MA SŒUR ! JE VEUX PAS QU'ELLE SOIT IMPLIQUEE DANS VOS SALOPERIES !!! JE SAVAIS QUE CA FINIRAIT COMME CA, MERDE !!! MERDE !! MEEEEERDE !!!
Arlène assit Francis à l'avant. Francis regarda son père qui tenait sa sœur, sincèrement inquiet. Dimitri prit le volant.
- On repart au commissariat.
- Jodie...
- Monsieur Zuckerman...
Francis sanglotait.
- Ma mère est morte... Ma petite sœur... Ma mère est morte...
- Démarre, Dimitri, il est foutu ! soupira Arlène.
Francis s'affala sur le siège passager, complètement défait. Dimitri reprit la route en sens inverse. Arlène envoya un SMS.
[Fiasco total pour Zuckerman. On fait quoi ?]
Arlène soupira.
- Jeune homme, il va falloir faire confiance à votre père. Aux autres, de manière générale, je pense.
Francis hocha la tête.
- J'ai besoin de Quinn. Ramenez-moi auprès d'elle, s'il vous plait...
Dimitri acquiesça. On répondit à Arlène.
[La situation a changé. Revenez vite. On a perdu Levy]
Arlène grimaça.
- Dimitri, nique les limitations de vitesse !
- Aaaaw, tu sais que j'aime pas ça !!
- Il le faut !
- Y'a le petit à l'arrière...
Francis secoua la tête.
- N'allez pas trop vite, s'il vous plait. Ne faites pas de mal au petit. Faut pas faire de mal aux petits...
HELEN
L'inspecteur Reiner soupira en regardant Helen par le miroir sans tain de la salle d'interrogatoire. Jason Mars inspira.
- Elle a l'air détendue...
- Ouais. Un peu trop.
Helen avait un demi-sourire, elle était certes, couverte d'une matière poisseuse, un peu secouée voire blessée, mais souriante.
- Beaucoup trop.
- Les autres sont des jeunots, c'est une adulte, elle va avoir quarante ans, elle supporte mieux la pression.
- Vous allez l'interroger d'abord.
Jason s'étonna.
- M... Moi ?
- C'est vous qui avez eu l'info. Vous assumez.
Jason inspira.
- Et si elle est pire que ses gamins ?
- Ca semble peu probable. Enfin, elle peut pas faire pire. Et ce serait bien que vous le fassiez, il faut que je prépare mieux les interrogatoires de Benson, Denton, Greyson, Sevreska, Mayer... J'en passe et des meilleurs. Et vos réponses seront utiles.
- Du coup ce sera uniquement « Bon flic »...
- On n'est pas au ciné, Mars.
Jason acquiesça. Il inspira et entra dans la salle.
- Bonjour madame.
- Bonjour ! sourit Helen.
Jason acquiesça et s'assit face à Helen pour se donner un air plus solennel. Helen semblait vraiment ne pas le prendre au sérieux.
- Euh... Vous êtes impliquée dans... cette histoire.
- C'est le moins qu'on puisse dire, oui ! Bravo !
- ... vous allez me dire que vous voulez qu'on arrête Roland Smirnoff, c'est ça ?
Helen plissa les yeux.
- Quoi ? Non, pourquoi ?! C'est pas lui qui... Non, vous avez fait ce qu'il fallait en arrêtant Truce, Corrigan, Torres et compagnie !
Jason s'étonna.
- Vous... ne désignez pas Roland Smirnoff comme le vrai coupable de ce qui s'est passé ?
- Absolument pas !
Jason hocha la tête.
- D'accord. Vous avez donné des Méga Gemmes et des Gemmes Sésame à vos élèves.
- Oui. Il fallait bien et j'ai bien eu raison, quand on voit ce que ces sauvages ont fait... Avec les leurs ! Bon, ok, utiliser les armes de l'ennemi, c'est un peu équivoque, mais il le fallait. On s'est mis au niveau de l'ennemi pour mieux lui résister !
Jason hocha la tête, sceptique.
- D'accord. Est-ce que vous avez compris de quoi sont accusés vos élèves ?
- Accusés ?! Mais... Mais enfin ce sont eux les victimes dans tout ça !
Jason Mars regarda Helen, troublé.
- ... Vos élèves sont accusés d'actes de terrorisme, de crime organisé, de trouble à l'ordre et d'attaque contre les institutions gouvernementales.
- Quoi ?! Mais c'est ridicule, c'est eux qui ont été attaqués !!
- C'est justement ce qu'on essaie de déterminer.
- Mais c'est absolument ridicule, là, non !! Non je ne peux pas accepter ça !
Helen sortit son téléphone. Jason haussa les sourcils. Normalement elle n'avait pas le droit. Mais Jason Mars n'était pas très autoritaire, et d'une, et de deux, il se dit que ce coup de fil était un bon moyen d'en apprendre plus.
- Allô ? Ouais, c'est quoi ces histoires de terrorisme ?!
Jason fronça les sourcils pour la forme. Paradoxalement, son personnage habituel d'homme faible était un avantage : Il amenait les gens là où il le souhaitait pour mieux récupérer des informations. Jeune, on lui avait dit que c'était un défaut relevant de l'espièglerie. Adulte, il avait appris à jouer de cette qualité dans son travail.
- Raccrochez, madame, vous êtes en garde à vue, vous n'avez pas le droit !
- Hein ?! Vous étiez au courant ?... Ok, mais... Je croyais qu'on avait un accord... Hmph...
- Madame Clover !
- Attendez, j'suis en garde à vue, là, j'peux pas parler longtemps, mais on en reparlera, connard !
Helen raccrocha et regarda Jason qui était éberlué.
- Qui. Avez-vous. Appelé ? demanda fermement le policier.
- Vous êtes marrant, vous me rappelez un de mes élèves !
- Qui avez-vous appelé ?
- Vous avez quelqu'un dans votre vie ? Une petite jeune fille, un petit jeune homme ?
- Madame Clover, je suis un agent de la police régionale de Poképolis, je vous demande de répondre à mes questions, vous êtes en garde à vue. Qui avez-vous appelé ?
Helen s'étonna d'une telle fermeté. Elle inspira.
- J'appelais Roland !
Jason grimaça.
- Ro... land Smir...
- Roland Smirnoff, bah oui quoi, lequel sinon... fallait bien que je demande au principal intéressé !
Jason hocha doucement la tête. « Deux choses... »
- Parlez-moi un peu de votre passé, madame Clover...
« Je dois parler à Reiner au plus VITE. »
- Oh je suis la fille d'un riche homme d'affaires et d'une femme banale, et ça m'a permis de devenir la prof d'histoire slash archéologue aventurière que je suis aujourd'hui !
« Et je dois faire durer cet entretien le plus LONGTEMPS possible pour la faire parler !! »
***
Reiner était stupéfait.
- Elle a bossé pour lui ?
- Oui, elle me l'a avoué après une bonne demi-heure de bla-bla sans intérêt.
Reiner regarda Mars, étonné.
- Vous avez interrogé cette femme pendant une demi-heure et vous savez à présent qu'elle a travaillé pour Roland Smirnoff et qu'elle vous a montré des preuves de TOUT ce qu'elle disait ?!!
Jason Mars acquiesça, sans grande fierté. Et pour cause.
- ... mais cette femme est INCROYABLEMENT CONNE !
- C'est... un peu ce que je me suis dit, ou alors très naïve...
- Putain... Mais alors, ses élèves qui veulent faire arrêter Roland Smirnoff veulent la faire couler aussi ? Je pige plus, bordel...
- Moi non plus... geignit Jason. Cette affaire s'embrouille un peu, là...
- Vous avez fait de l'excellent travail, néanmoins. Ça aurait pu prendre des semaines avant qu'on ne réunisse toutes ces informations.
Jason hocha fièrement la tête.
- Reste... que du coup il faut revoir toute son intervention dans cette affaire.
- Elle a simplement épaulé ses élèves.
Reiner regarda Mars qui acquiesça.
- Elle a dit avoir agi sous la direction de Wallace Gribble, comme tous les autres.
- Et ça corrobore la thèse de l'organisation criminelle.
- Elle dit, là encore, qu'ils n'ont fait que répondre à des menaces. Sérieuses. Du camp adverse, de Truce et compagnie. Mais qu'on a bien fait de les arrêter et qu'il ne faut pas arrêter Roland Smirnoff.
Reiner soupira.
- Quelqu'un se fout de notre gueule dans l'ombre... Quelqu'un tire les ficelles.
- Roland Smirnoff ?
- Ce serait complètement ridicule.
- Truce ? Vous pensez à une manipulation de masse ? D'après les premiers résultats des experts, un de ses adjudants en était capable.
Reiner secoua la tête.
- Nan. Je commence à me demander si les élèves n'étaient pas un camp à eux tous seuls. Si la partie ne s'est pas jouée à trois.
Jason Mars secoua la tête.
- La seule preuve qu'on ait de ça, c'est le groupe privé qui s'est créé sur Facebook.
Reiner acquiesça.
- Le gamin qui l'a créé a été interrogé...
- Ludges... Il a bien embêté les enquêteurs d'après les retours.
- Tu parles d'un scoop... Et quelque chose me dit qu'on perd notre temps. J'ai presque envie d'aller chercher Roland Smirnoff et de le placer en garde à vue rien que pour voir.
Jason Mars serra les dents.
- Vous allez avoir du mal, inspecteur.
- Et pourquoi ?
Jason sortit son téléphone et montra un site d'informations à Reiner qui écarquilla les yeux.
[LA HAUTE COMMISSION POURRAIT REDONNER SON POSTE DE PRESIDENT A ROLAND SMIRNOFF D'ICI VINGT-QUATRE HEURES]
- ... qui dit présidence... marmonna Jason.
Reiner grommela.
- Dit immunité. Faut se magner d'interroger ces foutus élèves. Mars, continuez de cuisiner Clover pendant encore... dix minutes.
- D'accord... dans quel but ? Sur quel sujet ?
- Ce que vous voulez. Je dois voir quelque chose avec le commissaire.
Jason acquiesça.
- B-Bien. Je m'en charge.
- Merci. J'arrive aussi vite que possible... souffla Reiner.
***
- Monsieur le commissaire...
Le commissaire était un homme brun aux cheveux hirsutes. Il buvait du scotch, régulièrement, mais n'était jamais saoul, comme si l'alcool faisait partie de son carburant. Il avait autour de lui de nombreux dossiers. Sur son bureau, le portrait d'une femme et de deux enfants, un garçon et une fille.
- Reiner. Où en est-on ?
- Les élèves sont coriaces.
- N'hésitez pas à en enfermer un ou deux pour l'exemple.
Reiner acquiesça sans conviction.
- Commissaire, j'ai justement besoin d'une autorisation.
Le commissaire regarda Reiner d'un œil très interrogatif.
- J'ai besoin, comment dire, de créer une petite mise en scène pour causer un électrochoc...
- Reiner, vous traitez avec des gamins.
Reiner acquiesça. Il s'était départi de la domination qu'il exerçait sur Mars pour se soumettre à l'implacable commissaire. Qui malgré son âge avançant, restait bel homme.
- Les gamins, c'est les pires. Tout le monde les croit toujours innocents...
Le commissaire sortit une pipe d'un tiroir de son bureau.
- ... c'est à vous de prendre tous les risques pour débusquer leur véritable nature.
- Certes. C'est la prof que je veux arrêter.
Le commissaire alluma sa pipe et soupira.
- Cette femme... oui, et ?
- Si on l'arrête, on pense que les gamins feront beaucoup moins les malins et parleront avec moins d'arrogance. D'autant qu'elle a travaillé pour Roland Smirnoff, ce qui multiplie son implication dans cette affaire.
Le commissaire eut un rictus malsain à l'écoute du nom « Roland Smirnoff ».
- Vous allez... me coffrer cette garce. Et bien le faire savoir à Roland Smirnoff.
Reiner hocha la tête et tourna son fauteuil pour tirer une taffe de sa pipe.
- C'est notre chance de réaliser un très gros coup... Mettre au trou l'ancien président de l'association...
Reiner souffla. « C'est surtout pour faire justice, mais bon... »
***
- Et donc durant ce combat dantesque, vous n'avez été que le soutien de vos élèves, comme n'importe lequel d'entre eux ?!
- Oui !
- Vos informations suite à votre mission...
- En fait j'ai un peu fait l'idiote avec ça, comme Wallace Gribble me faisait un peu la tronche, je m'en suis servi pour me faire mousser, apparemment je n'avais pas retenu la leçon, du coup il ne m'a pas vraiment écoutée... jusqu'au moment où il fut disposé à m'écouter.
Jason Mars acquiesça.
- Vous savez ce que je pense, madame Clover ?
- Nan, allez-y ?
Mars souffla.
- Je pense que vous et vos élèves n'êtes pas innocents dans cette histoire.
- Ah ?! Eh bien pourtant...
- Je pense que vous avez été une tierce partie indépendante, et que Roland a été autant un adversaire qu'un allié.
Helen grimaça.
- Vous ne comprenez pas bien, je pense. Roland nous a donné des informations précises sur les alliés de Truce. Il nous a donné les Méga Gemmes. Il a amené du monde pour aider. Sans lui, ça aurait été une catastrophe, croyez-moi.
Jason Mars hocha la tête.
- Vos élèves ont l'air vraiment convaincus que tout est de sa faute.
- Ah ? Roland et son ex-femme les ont pris à part pour discuter avant qu'ils ne soient interrogés...
- Son ex-femme ? Attendez, vous voulez dire que...
La porte de la salle d'interrogatoire s'ouvrit à ce moment. Reiner entra, suivi par deux policiers.
- Cet interrogatoire est terminé, souffla Reiner.
***
Helen franchit le couloir, bien escortée. Elle regarda autour d'elle. En passant devant la salle d'interrogatoire, ses élèves la virent menottée et accompagnée. Ce qui les stupéfia. Santana regarda les autres, hallucinée.
Elle traversa l'accueil et fut scrutée par les parents qui se trouvaient là. Andréa et Clive la virent. Helen se demandait ce qu'elle devait faire, devait-elle les appeler à l'aide ? Non, ce serait les impliquer dans quelque chose qui de toute evidence ne les concernait pas. La mère de Santana était à la réception, à demander où était sa fille, et maintenant elle observait la prof de sa fille qui était arrêtée.
Helen arriva dehors. Elle aperçut alors Tristan qui tentait de raisonner le père d'Orson qui visiblement venait de secouer Roland comme un prunier, vu qu'il était à terre. Helen regarda Roland qui la regarda avec un grand sourire. Elle grimaça, fit marcher son cerveau à cent à l'heure, et poussa un cri d'une vulgarité intense, qui fit frémir Tristan, Emeline, la petite sœur d'Orson, ainsi que les parents d'Orson. Roland garda son petit sourire arrogant sur le visage en regardant Helen partir vers le fourgon, menottée comme une voleuse. Elle continua à crier, même quand le fourgon, fermé, partit en direction d'un centre d'incarcération. Tristan regarda les parents d'Orson et leur demanda quelque chose. Ils se dirigèrent vers une voiture pendant que Roland but une gorgée de RedBull.
Clive et Andréa sortirent, accompagnés de quelques parents dont la mère de Violette et son compagnon, le père de Steven, les parents de Clive et la mère d'Andréa.
- Vous êtes content de vous ? grommela Clive.
Roland regarda Clive en se relevant et sourit.
- Quand une grosse gêneuse a quitté l'équation, celui qui a un plan est toujours content de lui !
- Espèce de salaud... grogna Andréa.
Roland s'épousseta et regarda les parents d'Orson partir avec Tristan à la suite du fourgon.
- Pourquoi vous l'avez faite arrêter ?! cria Andréa, véhémente.
- Qui vous dit que j'ai donné quelque ordre ? Qui vous dit que je n'avais pas prévu avec exactitude la tournure des évènements ? Quand comptez-vous prendre une douche ? soupira Roland, narquois.
- Y'a un moment où plus rien ne fera partie d'un plan, et où vous nous expliquerez enfin de quoi il en retourne ? grommela Clive.
Roland haussa les épaules et sortit son téléphone, entreprenant d'appeler un certain Jackson Wound.
- Oh, comme je dis toujours : Plus tard, dans un flashback !
Il partit avec désinvolture en passant son appel devant Clive, Andréa et les adultes, médusés. Quand Andréa s'avança vers lui pour demander des comptes à nouveau, il sortit un Absol qu'il fit luire avec une pierre posée sur une bague. L'animal se transforma, gagna des ailes. Roland l'enfourcha comme un cheval. Méga-Absol sauta dans la direction opposée à celle où le fourgon et la voiture étaient partis en file. Andréa se retourna vers Clive.
- Putain !!
Clive soupira et s'alluma une clope. Les adultes le regardèrent, surpris ou choqués. Il soupira.
- Franchement ? Vous le feriez aussi, si vous étiez dans le délire...
- DONNE-M'EN TROIS !! grogna Andréa.
WALTER
- Bonjour jeune homme.
- Bonjour.
Les trois interrogateurs spécialement mandatés pour interroger « Les Quatre » étaient pour le moins surpris. Dans le centre carcéral d'Ogoesse, la tension était de mise, pourtant
- Nous avons interrogé votre camarade Wallace Gribble, c'est votre tour.
Walter acquiesça.
- Etes-vous prêt ?
- Oui. Ce sera mieux quand j'aurais récupéré mon fauteuil roulant...
- Nous... n'y sommes pour rien...
- Je sais, je sais. C'était simplement une question de confort personnel, j'aime l'avoir auprès de moi.
Il y avait trois interrogateurs face à Walter. Un policier âgé et bougon, une femme arabe, voilée de fuschia et portant une belle broche à fleur assortie, et au milieu, la personne qui s'adressait à lui, un brave jeune homme blond à lunettes.
- Nous allons nous présenter comme de bien entendu. Je suis Milo Sorensen, le médiateur jeunesse.
- Bonjour.
Milo regarda le policier qui soupira.
- Jebb Crowley. Je bosse ici.
- Bonjour.
La femme arabe inspira.
- Farah Ayani, juriste gouvernementale.
- Enchanté.
Les trois se regardèrent puis regardèrent Walter.
- Bien. Nous allons vous poser des questions et selon ce que vous répondrez, nous estimerons ce que nous devons faire de vous.
- Vous êtes quoi, déjà, médiateur ?
Milo s'étonna.
- Euh, oui, spécialisé dans la jeunesse.
- D'accord.
- ... euh... Vous êtes décrit par le rapport comme « L'ami de Wallace Gribble, le cousin de Perrine Truman et le petit ami de Naomi Kingsley ».
- Je pense pouvoir confirmer ces trois informations et être bien traité par vos services par la suite.
Milo grimaça. Jebb le regarda, excédé.
- Il se fout de vous...
- Oh. Oh, pourquoi, Walter ? geignit Milo.
- ... bah je sais pas, vous venez d'interroger Wallace, je suppose que vous avez eu votre lot en matière de blagues pourries... Je suis sûr qu'il vous a traité de vieux machin croulant incapable de poursuivre le moindre voleur dans la rue...
Jebb haussa les sourcils, stupéfait.
- Vous, il vous a traité de chiffe-molle et de mollasson sans bras qui attendait probablement avec impatience de rentrer chez maman ce soir...
Milo semblait désemparé.
- ... et honnêtement madame, en vous saluant tout à l'heure, j'ai failli m'excuser à sa place pour toutes les injures racistes qu'il vous avait balancé !
Farah secoua la tête, tout aussi interloquée que ses camarades.
- Euh... monsieur Ludges, nous avons eu un entretien très courtois et très civil avec monsieur Gribble, et à aucun moment il ne nous a insultés. De quelque nom d'oiseau que ce soit ! souffla Milo, quelque peu halluciné.
Walter regarda ses trois interlocuteurs, un peu paumé.
- Han, bah merde alors...
***
- Alors... Quel était votre rôle dans cette... histoire ?
- C'était une attaque. Nous avons été attaqués.
- Euh... oui. Tu sais ce qu'est une attaque ?
Walter regarda Milo, atterré. Il regarda Jebb.
- Pardon, mais il tend le bâton pour se faire battre, là !
- Répondez à la question.
Walter grimaça.
- C'est important.
Il se tourna vers Farah qui hocha la tête.
- Nous avons un problème avec la terminologie à employer. Soit c'est une attaque, et dans ce cas vous êtes effectivement des victimes. Soit c'est une provocation de votre part et dans ce cas-là, nous avons affaire à un piège que vous avez tendu au Président.
- Oui bien sûr, madame. Une classe de vingt-huit mioches tend un piège à un homme politique important. Vous en avez d'autres, des comme ça ? La guerre, vous allez me dire qu'elle a été causée par un énième visionnage par Suzuki du film « Titanic » ?!
- Monsieur Ludges... grommela Milo.
- Vous vous énervez, maintenant ? On va peut-être arriver à quelque chose.
- Petit, tu la boucles et tu écoutes.
Walter regarda le policier, sévère.
- Est-ce que tu sais ce qu'est une attaque ?
- ... vous représentez une faction et une faction adverse s'en prend à vous, c'est une attaque.
- Voilà. C'est tout ce qu'on te demande.
Farah inspira.
- Vous pensez donc que Justin Truce vous a attaqués.
- Oui.
- Ce alors que nous avons des preuves que vous l'avez menacé.
- Je ne suis pas au courant de ça.
- Nous avons des preuves que vous avez menacé Justin Truce.
- Ce n'est pas de mon fait. Nous étions vingt-sept, plus la prof, sur le coup, c'est difficile de savoir si quelqu'un a fait quelque chose de son côté.
- Qu'en est-il de la page Facebook ? demanda le policier.
Farah le regarda, embêtée. Jebb grommela.
- Qu'on en vienne au fait, bordel. Ce petit con joue les réfractaires de bas étage, on va pas se gêner !
- Il faut rester calme, c'est un jeune ! geignit Milo.
- Et rester dans la légalité, c'est important ! souffla Farah.
Walter soupira.
- Quand vous interrogerez Roland Smirnoff, j'ose espérer que vous ne vous gênerez pas, que vous resterez calmes et que vous vous préoccuperez de la légalité !
Les trois observèrent Walter, stupéfaits.
- ... vous comptez l'interroger, n'est-ce pas ?
- Nous n'avons rien à vous dire à ce sujet... marmonna Farah.
- Vous êtes en lien avec la police internationale, n'est-ce pas ? Vous devez l'interroger !
- Pourquoi donc, jeune homme ?
- Parce que c'est LUI qui est à l'origine de tout ça, enfin !! C'est lui qui nous a ligués les uns contre les autres ! Il n'y aurait rien eu sans l'intervention de cet homme ! Une classe d'élèves normaux, de gamins sans histoires se retrouvent impliqués dans une attaque dont les journaux parlent déjà comme un attentat terroriste et VOUS n'arrivez même pas à voir l'intervention de Roland Smirnoff dans tout ça alors que TOUT pointe vers lui ???
Farah regarda ses confrères. Jebb inspira, gêné. Milo agita les mains dans un geste d'apaisement.
- On se calme. Nous sommes là pour parler de toi.
- Et de ma page Facebook qu'Adolf Hitler m'envie pour son pouvoir sur les peuples. Je sais.
- Trève de plaisanterie. Tu sais ce que je représente.
Walter hocha la tête.
- Tu es un bon garçon, je sens ça. Tu respectes l'autorité et la hiérarchie.
Walter se mordilla les lèvres et hocha la tête.
- Bon. Tu es conscient de ce que tu as créé ?
- ... une page Facebook.
- Walter Ludges, tu n'es pas seulement jugé pour l'attaque à laquelle toi et tes camarades avez pris part, tu es surtout coupable d'avoir généré un mouvement anti-gouvernemental. Tu en es conscient ?!
Walter inspira lourdement et hocha la tête.
- Explique-toi, à présent, sur les circonstances qui t'ont poussé à créer cette page.
Walter hocha rapidement la tête.
***
- ... un problème avec votre petite amie ?! s'étonna Milo.
- On peut dire ça comme ça... Enfin disons que... c'est juste la goutte d'eau qui a fait déborder le vase qui a inondé la table.
Farah demanda silencieusement des précisions. Walter inspira.
- Ce jour-là, il s'est passé quelque chose qui, à titre personnel, a... complètement chamboulé notre relation et l'a fait basculer dans autre chose, et sur le moment c'était... pour le moins négatif, donc sur un coup de tête, j'ai créé la page.
Jebb plissa les yeux. On entra par une porte derrière eux.
- Jebb, on a besoin de toi !
Jebb se retourna vers la stricte femme policier.
- Putain, Beth, je suis en interrogatoire !
- Ce n'est pas comme si tu étais indispensable...
- Hmph... Je reviens...
Jebb se leva et suivit sa coéquipière. Milo continua.
- Vous avez créé la page et ensuite, les écoles de la région vous ont suivi et ça a créé un véritable soulèvement.
Walter hocha la tête.
- Une de nos hypothèses, c'est que ce soulèvement visait à provoquer le Président et donc l'attaque.
Walter regarda Milo.
- Peu importe la façon dont on a pu le provoquer, monsieur, vous admettrez qu'attaquer une école juste parce que des adolescents sont en désaccord avec leur politique, c'est complètement ridicule !
- Ça s'appelle une rébellion contre le gouvernement... marmonna Farah.
- Ca s'appelait une rébellion contre le gouvernement il y a quinze ans, quand cette stupide guerre de merde a éclaté pour cause de caprice à la con d'un vieux machin psychopathe ! Si ça vous fait plaisir de sous-entendre que nous avons commis un crime contre l'humanité avec une page Facebook, madame, vous faites bien peu honneur à ce Gouvernement que vous servez !
- Monsieur Ludges !! geignit Milo.
Farah inspira et prit des notes. Walter grommela, au comble de la frustration.
- Interrogez Roland Smirnoff, je n'ai rien à vous dire de plus !
Milo plissa les yeux.
- C'est... étonnant... Nous nous attendions, tout comme avec ton ami Wallace, à un entretien calme !
- Wallace a dû vous dire d'interroger Roland Smirnoff !
- Non.
Walter pencha la tête sur le côté. Farah regarda Milo, désapprobatrice.
- Pardon ?
- Pour ce qui est de l'attitude de monsieur Gribble, passe, mais vous n'avez pas le droit de divulguer des informations précises quant au contenu de son interrogatoire.
- Il faut que les choses avancent, j'utilise les outils que j'ai à ma disposition... marmonna Milo.
Walter acquiesça. « Il s'est passé quelque chose avec Justin Truce... »
- Euh, Walter... Tu admets avoir créé la page ?
- Oui, bah oui, j'aurais du mal à dire le contraire.
- Tu admets avoir participé à l'attaque. Tu gardais les issues lors de ce que tu as appelé la première partie, et lors de ce que tu as appelé la seconde...
- J'ai fait comme tout le monde, j'ai fait ce que j'ai pu.
- D'accord... Farah, vous voulez ajouter... ?
Farah inspira.
- Je me doute que vous avez vécu des évènements très forts, mais projeter votre souffrance sur nous n'amènera rien.
- Je sais...
- Vous avez l'air d'être un brave garçon, mais de toute évidence, cette affaire vous rend tendu.
Walter inspira.
- Madame, vous savez quel est le pire sentiment au monde ?
Farah se redressa pour écouter.
- C'est le sentiment de se faire utiliser, souffla Walter.
Jebb revint à ce moment précis.
***
- Euh... vous avez créé une page Facebook parce que votre petite amie s'est servie de vous pour rendre ses parents dingues ? s'étonna Milo.
Walter soupira.
- Le SMS que Naomi m'avait montré avant ça m'a fait repenser à ce vieux projet que j'avais de prévenir tous les élèves de toutes les écoles. Le truc avec Naomi, ça a juste scellé ma volonté de tout foutre en l'air, du coup... je l'ai fait. Peu importe ce que c'est devenu, l'important c'est ce que ça a provoqué.
- Un séisme. On dit même que cela a influencé le résultat des élections... marmonna Farah.
- Vous avez provoqué un véritable incendie, ouais... soupira Jebb.
Walter souffla.
- Au début, c'était très fun... après, on s'en est servis différemment, mais ce qui s'est passé au début, perso, j'ai adoré.
Jebb inspira. Milo souffla. Farah grommela.
- Il n'empêche, comment avez-vous fait pour que les autorités ne la découvrent pas avant... ?
Walter s'imposa le silence, semblant décidé à le garder. Farah soupira. Jebb grommela.
- Rappelez-moi quel crétin a inventé les droits de l'accusé ?
- Est-ce votre camarade Tristan Edison ?
Farah avait de bonnes informations.
- Le petit ami de votre ami Wallace Gribble.
Walter ferma les yeux et resta silencieux et stoïque. Le trio abandonna toute chance de le faire cracher.
***
Jebb et un autre policier sortirent Walter et le posèrent à côté de Christina. Perrine arriva pour le récupérer.
- Tes parents sont fous d'inquiétude...
- Et toi t'es sacrément crade... sourit tristement Walter.
- Hmph... Tiens, Christina !
Perrine donna le sac en plastique dans le fauteuil avec une bouteille de thé glacé et un sandwich.
- C'est gentil, merci.
- Bon courage. J'te préviens quand tes parents sont là.
- Hm, d'accord !
Perrine et Walter partirent. Perrine soupira.
- Sacrée journée de merde, hein.
- On a l'habitude, nan ? Mes parents sont où ?
- A l'accueil, avec les miens et ceux de Naomi. Ils croient qu'elle est là également.
- Génial. On les évite ?
- Y'a une issue de secours mais je crois pas qu'elle soit accessible aux handicapés... enfin pas aux handicapés normaux.
Walter sourit.
- ... mais si je te laisse t'enfuir, je dis quoi aux parents ?
- Que je suis le petit-fils de mon grand-père !
Perrine souffla. Quand elle revint à l'accueil, Walter n'était plus dans la chaise roulante qui était vide.
- Fausse alerte, il a traité une policière de pute et mordu un médiateur, il en a encore pour des heures !
Colin était effaré. Il avait beaucoup couru à priori.
- Mais qu'est-ce que ROLAND a fait de notre fils ???
- Un monstre... geignit Aude, encore traumatisée.
David sanglotait toujours. Perrine regarda son père, peinée. Denis regardait Perrine en se mordillant les lèvres. Firmin dormait avec Dedenne dans les bras.
- Papa, ça va aller...
David regarda sa fille, tout sanglotant qu'il était.
- Tu crois ? Tu crois que ça va aller, Perrine ?
Perrine grimaça. David secoua la tête.
- Ca n'ira plus jamais. Plus jamais !
David enfonça sa tête dans l'épaule de Denis qui le serra dans ses bras. Les parents de Naomi soupiraient.
- Perrine, tu as des nouvelles ?
Perrine inspira.
- Votre fille est au tribunal.
LaBarbara s'étonna. Duncan cligna des paupières.
- Mais allons-y ! Allons-y vite, Duncan !
- Hm... j'espère que votre fils sortira vite des interrogatoires ! souffla Duncan.
- Merci, on... pense que ce ne sera plus très long ! souffla Colin.
- Merci beaucoup... souffla Aude.
Les Kingsley partirent rapidement. Perrine s'assit à côté de ses parents, mutique, attendant son tour.
***
Walter arriva au tribunal. Haydaim le regarda.
- Emmène-moi dedans, j'ai pas mon fauteuil !
Haydaim grommela. Ses cornes étaient couvertes de feuillage vert et fourni. Walter soupira.
- Ça t'apprendra à avoir évolué, hein !
Walter entra dans le tribunal sans trop se faire voir, vu le monde. Il s'assit dans la salle des audiences et rappela Haydaim rapidement.
- Mademoiselle...
- Laissez-moi finir. Je sais que cet homme a un lourd passé criminel derrière lui, mais vous devez comprendre que cette fois-ci, c'est LUI, la victime.
- Et donc vous tenez à le défendre ?
- Et donc je tiens à insister pour que vous lui fassiez justice. C'est important pour un ami à moi. Il m'a fait jurer de tout faire, eh bien soit. Donc, MOI...
Naomi inspira.
- Naomi Kingsley, je me prononce en tant que défense pour monsieur Justin Truce !!
Le principal intéressé lui-même était stupéfait. Le brouhaha se fit dans la salle. Walter inspira, stupéfait. Si Justin comparaissait pour le moins libre, Seth, lui, était carrément attaché et bâillonné sur le banc des accusés, plus loin.
- Silence, SILENCE dans la salle !! Monsieur Truce, acceptez-vous cette défense ?
Justin regarda Naomi qui se mordilla les lèvres. Justin soupira, se leva et fixa de nouveau Naomi qui hocha doucement la tête.
- Oui, je l'accepte.
Brouhaha de plus belle dans la salle. Walter hocha la tête en souriant comme un dément. « Je passe d'une bataille épique à une autre, décidément... quelle journée ! »
VIOLETTE
- Violette Benson...
Violette acquiesça. Toute recroquevillée. Elle semblait trempée et aussi secouée que les autres. L'inspecteur Reiner, fort du grand coup que représentait l'arrestation d'Helen, usait de son pouvoir d'intimidation.
- Vous n'êtes pas une simple gamine. Vous êtes une fille de nobles.
Violette baissa la tête.
- Vous reconnaissez ce fait ? C'est inscrit dans votre dossier. Vous êtes la fille de Georges Stocks et de Corinne Benson. Vous êtes une descendante de la famille Stockwell.
Violette inspira.
- Je me moque de toutes ces histoires. J'ignore pourquoi je suis là. Interrogez... Ro...
Violette hésita, incapable de prononcer ce nom. Reiner regarda Mars qui hocha la tête.
- Roland Smirnoff ? Une jolie petite rengaine qu'on t'a enfoncé dans le crâne, hein ?
Violette baissa la tête en rougissant.
- J'en étais sûr. Qui vous a dit de dire ça ?
Violette secoua la tête.
- REPONDEZ !
Violette frissonna et commença à sangloter.
- J... J'peux pas le dire.
- On vous a menacé ?
- Non !
- Alors QUOI ??? Ça veut dire QUOI, cette obsession à faire accuser Roland Smirnoff ?
Violette inspira et releva la tête. Jason Mars lui apporta une boîte de mouchoirs. Elle en extirpa un. Reiner la regarda, appuyé contre un mur.
- Quel était votre rôle dans tout ça ?
- Mais aucun... J'étais juste là... geignit Violette, anéantie.
Jason Mars regarda Reiner, désapprobateur. Reiner soupira.
- Qu'est-ce que vous pensez de Wallace Gribble ?
- ... c'est un camarade de classe...
- De Santana Lan ?
Violette inspira.
- C'était ma petite amie.
- D'accord. Qu'est-ce que vous pensez de Roland Smirnoff ?
Violette inspira.
- Vous... devez l'arrêter...
- Qui est Roland Smirnoff ?
Violette regarda le méchant policier, puis elle regarda le gentil policier qui inspira.
- Nous essayons de savoir si vous ne seriez pas manipulée.
- N... Non, ce n'est pas le cas ! J-je veux vraiment que vous fassiez arrêter cet homme, il a fait arrêter notre professeur, et apparemment ça... faisait partie de son... plan !
Reiner regarda Mars qui haussa les épaules et indiqua de passer à autre chose.
- Bon. Votre implication...
- J'étais juste là, vraiment.
- J'y crois pas trop. Vous avez deux Méga-Gemmes.
- Oui c'est parce que j'ai deux Pokémon qui peuvent Méga-Evoluer.
- Donnés par votre professeur.
Violette hocha la tête et plissa les yeux.
- Elle a été arrêté à cause de ça ?
- Non, pas vraiment... mentit Reiner.
- ... d'accord...
- Mademoiselle Benson, j'ai du mal à croire que vous n'ayez rien fait pendant ces évènements.
Violette haussa les épaules.
- Au moins vous n'êtes pas impertinente... souffla Reiner alors que Mars notait.
***
- C'est suspect.
Jason Mars soupira.
- Le fait qu'elle ne soit pas impertinente ? Vous vouliez les « calmer » en faisant arrêter leur professeur, résultat, vous avez droit à des réactions attendues... et stériles.
- Elle n'a peut-être eu qu'une implication moindre, mais elle a deux Méga-Gemmes. Deux armes surpuissantes. Elle avait forcément un gros rôle.
Jason inspira.
- Je suis pas certain. Elle a vraiment l'air d'avoir peur...
- Elle est peut-être bonne comédienne... Ses origines nobles, on devrait jouer là-dessus... souffla Reiner en prenant un café.
***
Non. Seule dans la salle d'interrogatoire, Violette flippait vraiment. « Je vais me faire arrêter... Maman... Mitch... Bon sang, quelqu'un ne peut pas venir me sauver... »
Si. Quelqu'un. Un Métamorph. Violette le regarda, étonnée. Elle regarda vers la porte. « Lui ? N... Non, mais qu'est-ce qu'il...
Elle regarda la caméra de surveillance de la salle, inquiète, puis elle regarda Métamorph qui prit plusieurs formes.
« SORS »
« PRENDS »
« REB »
« AVEC »
« TOI »
Sortir ? Cela ne lui causerait que des problèmes. Violette regarda la porte. « Et s'ils entrent pendant que j'essaie, hein ? J'aurais des tas de soucis... »
Violette regarda Métamorph.
- Pourquoi faire, hein ?
Métamorph sembla hausser les bras. Violette soupira. Mais elle se leva quand même. Elle se dirigea vers la porte. Métamorph la suivit en roulant jusqu'à ses pieds. Il prit la forme d'une clé et laissa Violette le saisir.
« C'est de la folie... »
« C'est absurde... »
« Mais... Je dois le faire... Je sais ce que je dois à cet homme. Ce que ma mère doit à cet homme... en quelque sorte. »
Elle ouvrit la porte et sortit. Métamorph se mua en sac banane. Violette sortit et regarda dans la salle d'attente.
- Rebecca ! Viens !
- Hein ?!
- Sors ! Allez !!
- ... mais euh... On est au commissariat, là ! La police !
- Tu sais que ton père paiera pour t'éviter des problèmes !
Les autres regardèrent Rebecca, surprise, qui se leva et suivit Violette. Santana allait se lever.
- Non, reste !
Santana leva les mains.
- Okay...
Mike, Lucy et Quinn la regardèrent, étonnés.
Rebecca et Violette partirent dans le couloir pour rejoindre l'accueil. Corinne se leva pour accueillir sa fille.
- Ma chérie...
- Non ! Je ne suis pas libre, je m'enfuis, là ! Je sais pas quand je reviens, à plus tard maman !
Corinne s'étonna. Rebecca grimaça alors qu'elles sortaient promptement.
- Nan mais Violette, t'as fumé un pétard ou quoi ?
Violette montra le Métamorph. Rebecca leva les yeux au ciel.
- Tu n'es pas SERIEUSE !!!
- Moi, je crois en lui.
- Il a fait arrêter madame Clover ! Et ce n'est qu'un truc récent qu'il a fait ! Personnellement je compte bien ne pas obéir à ses stupides directives sur cet interrogatoire.
- Tu as tes raisons, j'ai les miennes. Il m'a demandé de t'emmener.
Rebecca s'étonna.
- Ok, et on va où ?
Métamorph indiquait une direction. Violette haussa les épaules et le suivit. Rebecca secoua la tête.
- Je rêve !... Euh, Violette...
Violette releva la tête. Un homme sur un Méga-Absol surmontait une voiture, perché sur le capot. Roland Smirnoff se trouvait sur le dos de l'animal, dont les ailes s'agitaient délicatement. Il venait d'achever un appel important car il rangeait son téléphone avec noblesse.
- Avant que la nuit ne tombe... L'homme et ses deux adjudantes de charme... partant pour une implacable quête... Sur son destrier, Vlad l'Empaleur...
Roland regarda les deux jeunes filles d'un air doucereux.
- Il est l'heure, mesdemoiselles, d'accomplir quelque chose de GRAND !
- On va où, gros tocard ??? grommela Rebecca.
Roland plissa les yeux alors que Méga-Absol se retournait.
- Toujours aussi désagréable, hein... T'es celle à laquelle je m'étais le moins attaché quand je faisais mes fiches individuelles !!
- Je m'en fiche complètement. Où est-ce que vous comptez nous emmener ???
Roland leva les yeux au ciel.
- Ce n'est pas évident ? Vous deux ? Pourquoi je vous emmène ???
Rebecca et Violette se regardèrent. Roland soupira fortement.
- Amélia ! Je veux qu'on aille libérer la petite Levy !
Rebecca pencha la tête.
- J'aurais juré que vous la laisseriez croupir...
- Non. Je tiens à elle.
- Ca, c'est un gros mensonge... grommela Rebecca.
« Non, il veut vraiment le faire... mais pas pour notre bonheur... » songea Violette.
- Même pas. Je la trouve attachante avec ses airs de Pikachu lobotomisé... geignit Roland avec un air aussi kawai que possible.
Rebecca semblait suspicieuse.
- Vous nous cachez quelque chose...
- Mais non, absolument pas !
- Depuis qu'on vous connait, vous n'avez pas arrêté de jouer les hommes mystères. Francis aurait dû vous donner plus de coups.
- Les autres ne se sont pas gênés... grommela Roland.
- J'aurais dû frapper plus fort alors.
Violette inspira.
- En tout cas vous avez besoin de notre aide...
- Ouaip.
- Alors allons-y.
Rebecca soupira en regardant Violette, désabusée. Roland rappela Absol et se dirigea vers sa voiture. Violette se pencha vers Rebecca.
- Au pire, on peut le lâcher à la dernière minute en pleurant et en faisant croire qu'il nous a forcées, ou pire !
Rebecca hocha la tête et regarda Violette.
- T'as raison, on a l'avantage !
Les filles entrèrent dans la voiture.
- C'est parti mon kiki ! Comment on va trop s'éclater !
- Il est hors de question qu'on vous fasse la conversation ! grogna Rebecca.
Violette regarda par la vitre vers le commissariat. « Qu'est-ce qui va se passer, encore... »
***
- Elle s'est QUOI ???
Jason Mars n'en revenait pas non plus. D'autres policiers s'étaient joints à eux. Dans la salle d'attente, on faisait profil bas. Reiner alla jusqu'à l'accueil. Il regarda la mère de Violette et son compagnon Mitch.
- Vous !! Votre fille, où est-elle partie ?
Corinne regarda à droite et à gauche, les autres adultes qui la regardaient.
- C'est un interrogatoire ?
- Bon sang. Votre FILLE !
- Elle est partie, mais je ne sais pas où. Je suis quand même assez surprise qu'elle ait pu vous échapper si facilement...
- ET VOUS L'AVEZ LAISSEE PARTIR ???
- VOUS l'avez laissée partir ! C'est censé être un commissariat ici et apparemment on entre et sort comme d'un moulin !
Mitch posa sa main sur le bras de Corinne pour la stopper, mais la mère de Violette ne se laisserait pas réduite au silence comme ça. Clive et Andréa observaient, intrigués.
- BON SANG DE BOIS ! BON SANG !!!
Jason grimaça. « Calmez-vous, Reiner, vous n'aurez aucune réponse comme ça... »
- Elle n'a commis aucun crime que je sache !! ajouta Corinne.
- Nos enfants non plus ! grogna la mère d'Andréa.
- On se demande toujours pourquoi vous les détenez d'ailleurs !! grogna la mère de Lucy.
- Est-ce qu'enfin on va pouvoir rentrer avec nos enfants ??? cria la mère de Mike.
- Nous sommes déjà en train de préparer la plainte collective que nous allons vous foutre au cul après tout ça !! cria le père de Quinn.
- Et surtout, notre fille aura droit à DEUX avocats !! grogna sa mère.
- S'il arrive quelque chose à ma fille, je vous jure... grogna la mère de Santana.
- Pareil avec mon gamin, putain de merde ! souffla le père de Steven, une bière à la main.
- Qu'est-ce que vous voulez à mon petit Robbie, il n'a rien fait... geignit sa mère.
Jason Mars et Reiner se retirèrent promptement. L'inspecteur était furieux.
- Cette petite peste...
- Je me demande si c'était prémédité... A mon avis, non. Je vais regarder la caméra de surveillance de la salle.
- Faites donc ça, si c'est utile. Moi, je vais m'occuper des suivants.
Il arriva en salle d'attente et ne put que constater l'absence de Gates.
- ... bordel de merde. Il s'est passé quoi ? Vous !
Quinn regarda l'inspecteur avec fureur.
- C'est moi qui ait deux parents avocats, faites attention à comment vous me parlez !
L'inspecteur sembla éberlué. Il regarda Mike qui agita les mains genre « Même pas en rêve. » Les autres semblaient tout aussi inutilisables.
Il sortit de la salle d'attente et retourna auprès de Mars.
- Gates a disparu également...
- Ca, c'est un gros problème, il faut prévenir le département. Son père...
- Je sais qui est son père, putain !
- Qu'est-ce qu'on fait ?
Reiner grommela. Rien ne se déroulait comme prévu, et l'arrestation de la prof, si elle avait eu l'effet prévu, avait également des effets bien pervers...
- Comment ça se passe au centre d'arrêt ?
Jason Mars regarda son téléphone avec le télétexte des évènements.
- ... l'interrogatoire des jumeaux Grimes vient de se finir, Pitterson est toujours détenu ainsi que Levy qui est sur le point d'être transférée, Ratsone a été déterminé sans danger et a été relâché, mais Bertelin et Ketts sont toujours interrogés. Et apparemment, on a beau coller la pression au petit Bertelin, il ne veut rien cracher. La petite Truman va être interrogée sous peu.
Jason Mars hocha la tête.
- Ça risque d'être très révélateur.
- Ils vont employer les gros moyens. Le commissaire a donné un ordre précis de ne pas lui faire de cadeau.
Jason Mars hocha la tête.
- Et si on se trompait, Reiner, et si les gamins avaient raison ?
- Vous venez d'avoir la preuve que non. Benson n'a pas tenu cinq secondes sur la rengaine à répéter. Reste à voir pour Denton.
- Monsieur, il y a quelque chose de particulier dans le dossier de Denton qui va peut-être modifier quelque peu la structure de notre interrogatoire.
- Voyons ça.
***
- Prends ça, SALE CONNARD !!!
Francis Zuckerman colla un bon crochet du droit à Roland Smirnoff, ivre de rage. Il recula, laissant Roland à la vindicte des autres élèves. Il grommela et s'enfuit. Quelqu'un leva la main pour que les policiers le laissent partir. Une femme aux cheveux châtains.
- AOUCH ! ARRETEZ ! BANDE DE PETITS CONS ! PUTAIN !! APRES TOUT CE QUE J'AI FAIT POUR VOUS !!! SALES PETITS ENFOIRES !!!
Violette regardait. Elle regardait ses camarades, aussi fourbus qu'elle. Déchaînés.
- J'VAIS ETRE OBLIGE DE ME CHANGER ! VIENS M'AIDER, MORUE !!!
- Tu l'as bien mérité ! cria la femme aux cheveux châtains.
Violette regardait. Perrine qui donnait des coups de pied. Steven qui crachait, en larmes. Tino, désemparé, qui pleurait dans les bras de Tristan. Elle regardait l'école qu'ils venaient de détruire, les ambulances, la police.
Elle regarda Roland à terre, assailli par les élèves. James qui rouait Roland de coups de pied également, Fey participait aussi, et il y avait Mike, Lucy qui y mettait un soin particulier. Rebecca, Santana, autant de personnes qui voulaient la peau de Roland Smirnoff à présent.
Quand, de fatigue, les coups eurent cessé, les élèves s'éloignèrent, dégoûtés. Roland était sale dans son costard.
- Putain !!
Violette aida Roland à se relever. Roland la regarda.
- Y'en a UNE qui a du bon sens !
Violette inspira et gifla Roland qui la regarda.
- Ouvrez les yeux, grogna-t-elle. Regardez ce que vous avez fait !!
Roland se mordilla les lèvres.
- Alors ne venez pas vous étonner qu'on vous frappe après !
Roland hocha la tête.
- Ok. Mais vous allez vous en mordre les doigts quand tout ça sera fini ! Dimitri !! J'ai besoin d'un costume neuf, et d'une PUTAIN de REDBULL !!!
Violette regarda Roland s'éloigner. La police encercla les élèves. Violette vit la femme aux cheveux châtains, inquiète. Elle prit son téléphone et sembla appeler quelqu'un, ce qui surprit Violette. Personne ne se débattit pour l'arrestation.
- Vous allez appeler nos parents, hein ? demanda Orson, en larmes et la morve au nez.
- Possible, petit.
Chacun revêtit sa paire de menottes dans le calme. James, Tino, Orson, Benjamin, les jumeaux, Wallace, Perrine et Walter furent emmenés vers des fourgons. Violette chercha Naomi des yeux. Elle semblait être partie, tout comme Francis. Gina et Holly regardèrent les jumeaux partir dans une direction séparée.
- Pourquoi on va pas au même endroit ?! geignit Gina.
- JAMES !!! cria Fey.
- Vous êtes répertoriés par estimation de la gravité de votre implication.
Orson se vit pointer une arme dessus.
- HEY !! HEEEEEEY !!!
- Orson !! cria Tino.
- Laissez-le tranquille, il a rien fait !! geignit Benjamin.
- Arrêtez ça !!! cria Tristan.
- C'est le cerveau, on peut pas prendre de risques.
Orson était complètement fou de peur. Son visage était une véritable serpillère.
- MAMAN ! JE VEUX MA MAMAN !!! hurla-t-il.
- Pour l'heure, tu vas t'expliquer sur tes actes !
- Surveille-le bien, il doit être interrogé par l'Agent du Gouvernement en personne.
- Ouaip.
A distance, arrêtée en compagnie d'une autre bande de criminels sans vergogne, Amélia Levy observait, son visage exprimant une profonde inquiétude. Pour qui, pour quoi...
Violette fut légèrement tirée par le bras.
- Allez ma petite, on y va, pas que ça à faire !
Violette se tourna une dernière fois vers Roland qui enfilait une chemise blanche, comme ça, normal.
Elle se mordilla les lèvres. « Monsieur Smirnoff... »
Helen suivait le pas, arrêtée également.
- J'ai rien fait ! Blandine était dans le coup aussi ! BLANDINE !
- Ta gueule, Clover, j'étais pas dans le coup ! grogna Blandine, derrière le cordon de sécurité.
- SANDRINE !
La blonde leva les mains en les agitant. Ambrose, Vivienne, Odile, Gregory, Gilbert et Jacob observaient également, absolument éberlués, en compagnie de badauds venus voir ce qui se passait. Une ambulance prit en charge le proviseur, salement amoché.
- Dites-nous où vous avez mal, monsieur.
Grant souffla, en pleurant à demi.
- Ils ont détruit mon école ! Où croyez-vous que j'ai mal ?!!
Violette entra dans le fourgon avec les autres. Tristan était étonné de ne pas être avec les autres.
- Hey ! C'est moi le cerveau du piratage ! C'est MOI le cerveau !! Orson sait à peine allumer le démineur !! HEY !
- Ça sert à rien... grommela Santana.
Violette inspira. Non, ça ne servait à rien. Il démarra, et partirent en direction du commissariat, sous étroite surveillance. Fey pleurait, Steven aussi. Et Violette regardait par le pare-brise, attendant de voir ce qu'on lui réservait, ainsi qu'aux autres.
MIKE
- Denton, c'est votre tour !
Mike regarda Steven.
- Tu pourras rester là tout seul ?
Steven hocha la tête en essuyant ses larmes.
- Remets-toi, vieux, tu vas pas te faire interroger dans cet état là...
- Tu reviens après ?
Mike serra les dents.
- Pas sûr.
Steven haussa un sourcil.
- Comment ça...
- J'ai un plan.
Steven s'étonna. Mike regarda son téléphone. [Fais ce que tu peux pour nous rejoindre. Fey compte sur toi - Wallace]
Mike regarda Ana.
- Je compte sur toi pour t'occuper de lui.
Ana hocha la tête, un peu gênée. Elle tapota l'épaule de Steven qui la regarda.
- J'suis désolé. J'ai l'air minable.
- Pourtant tu as été très brave à ce qu'on m'a dit.
- Rien comparé à toi...
Les deux se regardèrent comme des merlans frits. Santana, Quinn et Lucy semblaient presque dégoûtées.
***
- Mike Denton...
Mike hocha la tête, pas trop perturbé. Reiner regardait la liasse de papier.
- Lors de votre seconde année, vous avez rendu visite à Direction Dresseurs.
Mike hocha la tête. Jason plissa les yeux.
- Vous devez répondre oui.
- J'peux aussi garder le silence.
- C'est un interrogatoire, jeune homme, vous n'êtes pas en garde à vue.
- Ah ouais, alors ça sert à quoi ? Vous voulez juste qu'on passe l'un après l'autre pour prendre des photos de nous, c'est ça ?
Reiner se pinça l'arête du nez.
- Bon dieu de merde. Vous ne pouvez pas... je sais pas, être un peu... matures ?
- J'vous retourne la question. Vous servez le plan de qui ? Roland Smirnoff ? Justin Truce ? Vous êtes dans quel camp ?
Reiner regarda Mike, surpris. Jason tenta de calmer le jeu.
- Vous souhaitez qu'on arrête Roland Smirnoff ?
- Vous l'avez pas encore fait ?
Reiner plissa les yeux.
- Pourquoi on devrait le faire ?
- Parce que Roland Smirnoff a provoqué les évènements pour lesquels vous nous avez arrêtés. Il a orchestré tout ça pour... comment il a dit... « Effacer Truce de l'équation ».
- C'est Seth Corrigan qui vous a demandé de dire ça ?
- Nan, c'est ta mère, quand je l'ai vue y'a une semaine pour la culbuter ! Putain c'est l'évidence même, vous êtes des blaireaux à ce point ?!!
Reiner inspira.
- Jeune homme, à la prochaine provocation, vous partez à la prison centrale.
Mike en sourit presque. « C'était trop facile ! »
- Va te faire enculer avec ta prison de merde !
Jason Mars écarquilla les yeux, totalement halluciné.
***
Deux policiers emmenaient donc Mike sous les yeux effarés de ses camarades.
- C'était court... marmonna Lucy.
- Mike !! geignit Quinn.
- Oh mon Dieu !! geignit Ana.
- Où vous l'emmenez ?! s'étonna Santana.
- Vieux !! geignit Steven.
Mike se retourna.
- Vous en faites pas ! Ça va aller !
Mike sourit. « J'arrive, James. »
- MON BEBE !!! cria la mère de Mike.
- Où emmenez-vous mon fils ??? cria son père.
Mike regarda ses parents et leur fit un clin d'œil. La mère de Mike se mit à pleurer.
- Mais qu'est-ce qu'ils ont fait de mon fiiiiiiiiiiils !!!
- C'est un criminel maintenant,Charlène... On n'y peut rien...
Gisèle, la grande sœur de Mike, semblait quelque peu suspicieuse.
***
- Mais faut pas déconner, joue pas au gros bonnet, tu t'feras détrôner, faudrait mieux raisonner...
Les policiers étaient intrigués puisque Mike... chantait du rap à l'arrière du fourgon.
- Passer sa vie à zoooner, racailler consommer...
Les policiers se regardèrent, intrigués. La prison centrale était en vue. Mike fut extirpé du camion et emmené dans les couloirs de l'endroit après un rapide enregistrement qui ne consistait qu'en une copie de son dossier du commissariat.
- Euh, attendez...
Les policiers s'étonnèrent. Mike attendait, tranquille. Le réceptionniste hocha la tête.
- Pouvez pas l'enfermer.
- On a reçu des ordres...
- Ouais, sauf que ce gamin est sous la protection d'un membre de la police interrégionale affilié au Gouvernement Unovite, un certain Vivien Atkins.
- Encore un type formé sur Internet, c'est ça ? soupira un des policiers.
- C'qu'y veut dire, c'est qu'ce gars-là, c'est un nom connu. Personne l'a vu mais il a réorganisé nos fichiers informatiques. Sa protection, c'est du vent.
- Sa protection, c'est la mienne.
Layton approcha avec son Goinfrex.
- Je suis le formateur de Vivien Atkins. Vos insultes portent atteinte au Gouvernement.
- Tu représentes le Gouvernement, toi, demi-portion ? Paraît que t'es un ancien criminel !
- Paraît que quelqu'un vous a donné de foutrement bonnes infos sur moi, et également que ma position dans la société est vachement plus meilleure que la vôtre, et paraît aussi que vous ne devriez pas prendre de haut quelqu'un à qui on a appris à tuer à mains nues et qui a l'immunité diplomatique.
Les policiers se regardèrent en grommelant. Mike inspirait, sachant que cela se passerait. Ils lâchèrent Mike, et Layton se hâta de le libérer.
- Merci, vieux.
- Vous avez pris un gros risque.
- Vous m'avez dit que je faisais partie des trois personnes sous la protection de Vivien.
- Exact mais je ne pensais pas que vous auriez l'audace de vous en servir à ce point.
- Ouais. Comment on libère James ?
Layton soupira.
- Difficile. Le crime de destruction est hautement puni à Poképolis, ce qui explique la situation absolument désastreuse de votre camarade Orson.
- James a rien fait, c'est son adversaire qui a niqué les fondations de l'école !
- AAAAAAAAAAH !!! MAUDIIIIITS !!! MAUDITS SOYEZ-VOUUUUUS !!!
Mike et Layton reculèrent hors de portée des mains décrépies de Teresa Torres.
- VOUS !! VOUS TOUS ! VOUS ET CE SALE GAMIN, JE VOUS AURAIS !!! JE VOUS AURAIS TOUS !!! CRAIGNEZ MA VENGEANCE !!! CRAIGNEZ-MOI !!! AAAAAAAAAAH !!!
Mike grimaça en s'éloignant avec le policier international.
- Putain, la vache.
- REVIENS ET DIS-MOI OU EST PASSE CE SALE PETIT RAT, QUE JE L'ETRANGLE !!!
- Vous avez fait de l'excellent travail, si je puis me permettre ! admit Layton.
Teresa fut maîtrisée au bâton électrique.
- AAAAAAAAAARGH !
- Ouais. On a appris tout ce que vous aviez fait de cool pour nous, monsieur Layton, en utilisant votre influence. Merci, au nom de tous mes potes.
Une blonde en vert pleurait dans une cellule.
- Uuuuuhuhuuuuu... Ma petite fille, uuuuuuuuuuh...
Un type hagard visiblement mal luné occupait la cellule juste à côté.
- Jamais fait de mal... si belle... jamais...
Mike secoua la tête.
- On les a déglingués de la tête...
- Petit !! Petit !
Mike se tourna vers Hinton Cheadle.
- Entre frères, on peut s'entraider, nan ?
- Mec, rien à foutre que tu sois noir ! Tu peux aller te faire mettre !!
Hinton grimaça. Tara Yokas était dans la cellule en face, à rire comme une idiote.
- Hahahahaha ! Tout petit ! Haaaaaahahahahaha ! J'en rirais jusqu'à la fin de mes jours ! Toooooouuuuuut piti piti !
- Je crois que votre ami est au bout, dans les quartiers de haute sécurité...
Une porte se dressa devant eux. Layton passa une carte et ouvrit à Mike qui entra, suivi par l'agent. Il aperçut Randy Stallbo qui se tenait tranquillement dans sa cellule, à attendre. Il vit Loretta Gold qui sourit à Mike en haussant les sourcils, comme si elle le connaissait. A mesure qu'ils avançaient, Mike distingua, sur un banc, Fey et Wallace.
- Les gars !
- Mike ! Ouf !
- MIKE !
Fey serra Mike dans ses bras.
- Ca va aller. On va faire ce qu'on peut.
Wallace souffla. Mike le regarda et hocha la tête.
- J'suis venu.
- Hm. Tu... m'en veux aussi, c'est ça ?
- On t'en veut tous un peu, je crois... marmonna Mike.
Wallace hocha la tête.
- J'comprends.
- Mais je pense qu'on en veut plus à Qui tu sais.
Layton inspira.
- Bon... Pour votre ami...
- Tu dois pouvoir faire quelque chose, toi ! grommela Mike.
Layton plissa les yeux.
- Ca y est, votre ami est pleinement concerné et vous vous lâchez, hein...
- Sors-le de là, t'es un badass, nan ?
- C'est un centre carcéral. Je ne peux faire sortir personne comme ça. Je n'ai pas pu empêcher le transfert d'Amélia Levy.
Fey inspira. Mike souffla en se frottant le front. Wallace baissa la tête.
- Nous... N'avons pas protégé les bonnes personnes. Vivien avait à sa charge Edison, Zuckerman et Denton, mais c'étaient de mauvais choix...
Wallace agita la tête.
- ... du moins nous ne pouvions pas prévoir ce qui allait arriver pour Pitterson, Levy et Bertelin... Ils... n'avaient pas la même importance sur nos listes.
- Chié...
Layton reçut un appel.
- Oui ? Quoi ?! Roland ?! Edison ? Sur le parking ?!
Wallace se leva. Fey de même.
- N... Non, il faut s'occuper de James !!
- Je reste, t'inquiète ! souffla Mike.
- Je reviens, ne vous inquiétez pas. Monsieur Gribble, avec moi.
- Ouais.
- Monsieur Denton, faites valoir votre immunité temporaire et essayez de négocier une liberté conditionnelle !
- Quoi ? Tu m'as pris pour un avocat ou quoi ???
- Faites ce que je vous dis !
- J'suis black, mec, si je parle à un policier, il va me tirer dessus !
Layton ferma la porte. Mike regarda Fey.
- Putain...
- Comment on va faire ? geignit Fey au bord des larmes.
Mike souffla.
- Ca va pas être de la tarte...
***
Mike approcha d'un groupe de policiers, suivi par Fey.
- Petit, tu fais quoi ici ?
- C'est un quartier de haute sécurité !
- Euh... J'ai une immunité temporaire, et...
Les policiers regardèrent Mike, pas très convaincus.
- ... et j'voudrais que mon pote James Pitterson ait une liberté conditionnelle.
Les deux policiers se regardèrent.
- Tu... t'es cru au fast-food, petit ?
- Quand bien même tu aurais réellement l'immunité...
- Je l'ai, c'est Layton Reinhold qui me l'a donnée ! Enfin, Vivien Atkins, mais sous ses ordres !
Les policiers grimacèrent.
- Petit, tu nous cites le nom d'un ancien criminel de chez Gallhager et Cie qui aurait pu causer un désastre monstrueux pendant la dernière guerre si Nathan Vinner ne l'avait pas arrêté...
- Et le nom d'un type qui n'a fait que des travaux sur le réseau interne de la brigade et que personne n'a jamais vu.
- Mais j'ai cette immunité !
- Quand bien même tu l'as réellement, elle repose en grande partie sur la crédibilité de ceux qui te l'ont donnée. Tu ne peux pas arriver en nous disant « Hey, je suis immunisé, libérez mon pote. »
Fey commença à pleurer. Mike acquiesça.
- Ok, j'ai compris. Et si je vous disais que James Pitterson n'est pas responsable de ce dont il est accusé.
- C'est une version intéressante, encore faut-il l'étayer... avec des preuves.
- Bah, vous voyez, James, comme nous tous, a été manipulé.
Les policiers se regardèrent. Fey plissa les yeux.
- Mike...
- Je sais ce que je dis, Fey. Manipulé par Roland Smirnoff.
- Petit, le commissariat est déjà en train de gérer cette version des faits...
Mike exposa alors une certaine version des faits. Fey écarquillait les yeux au fur et à mesure qu'il expliquait, parce que ce que Mike disait était l'exacte vérité. Sauf que...
- Mike, il ne faut pas que tu racontes tout ça, tu nous mets tous en danger, si jamais...
- Roland Smirnoff ne peut rien contre nous. Il fait le caïd mais on est vingt-huit contre lui. Si on a pu botter le cul de Truce et ses potes, on peut botter son cul à lui. Messieurs les agents, ce que je viens de vous dire est VRAI. James est innocent comme nous tous. Et vous devez arrêter Roland Smirnoff qui est le vrai fautif dans cette histoire.
L'un des policiers était sonné. L'autre balbutia.
- P... Petit, si ce que tu nous dis là est vrai... Tu es conscient que si ça sort d'ici...
- Si ça sort d'ici, ce sera la merde, mais il faut que je libère James.
Les deux policiers se regardèrent.
- On va transmettre ta déposition au Commissaire qui va décider.
- Cool.
- Merci, messieurs, merci !! geignit Fey.
Les deux policiers partirent. Fey serra Mike dans ses bras.
- Merci !! Merci ! Tu... as pris un énorme risque, mais merci !!
- J'mets tous les autres en danger, mais... ça peut marcher.
Fey soupira.
- Et Roland Smirnoff qui est juste là, sur le parking...
- Ils vont pas l'arrêter.
Fey s'étonna.
- On n'aurait jamais dû écouter Roland, en fait. Il est en train de nous prendre peu à peu à son piège. Ce que je viens de faire, là, c'est une tentative pour nous en sortir.
Fey acquiesça.
- Espérons que Naomi réussisse de son côté, et... que tout soit arrangé à la fin de cette journée cauchemardesque...
- Ouais, c'est pas comme si c'était la première journée de merde qu'on se farcissait, hein...
***
- Monsieur ! Monsieur le commissaire !
- Hmmmm ?
On posa le papier sur son bureau. Il regarda l'objet.
- Déposition de Mike Denton. Toute la vérité sur l'affaire de la destruction de l'école d'Ogoesse.
Le commissaire lut le papier et le chiffonna.
- M... Monsieur ???
- Je ne veux pas. Pas comme ça. Les aveux d'un gamin, c'est du flan. Je veux qu'il se prenne les pieds dans la propre toile qu'il a tissé.
Le commissaire se leva et fit face à la fenêtre. Le policier s'étonna.
- Monsieur ?!
- Cela fait des années que j'attends de prendre ma revanche sur Roland Smirnoff. Alors je vais broyer un à un ses pions et les réduire en miettes, jusqu'à ce qu'il admette sa défaite. Prévenez Reiner et Mars de muscler leurs interrogatoires. Je veux que les prochains finissent en prison.
- D... D'accord.
- Je vais partir pour la prison centrale, j'ai à y discuter avec deux personnes.
- Très bien, Commissaire Nolan...
Sacha Nolan inspira et mit son manteau. Il regarda la photo de sa femme et de ses deux enfants.
- Il est temps de payer, Smirnoff. On s'en prend pas à moi comme ça.
LILIAN ET LEON
Les deux officiers chargés d'interroger Léon Grimes étaient stupéfaits. Le jeune homme pleurait comme un bébé, abattu sur la table face à laquelle il était assis.
- Bouhouhouuuuu ! Je me suis fait arrêter !! Mes parents vont me tuer !
- ...
- ...
- J'voulais pas ! J'voulais pas qu'on détruise l'école... J'voulais juste que tout ça s'arrête !
- Monsieur Grimes, vos parents savent que vous êtes interrogés, vous et votre frère.
- LILIAN ! LILIAN VA ME TUER AUSSI !!! BOUHOUHOUUUUU !
Les deux officiers se regardèrent, pas sortis de l'auberge.
***
- Quels sont vos liens avec Roland Smirnoff ?
- Il nous a enseigné notre devise de combat.
- Qui est ?
Lilian se mordilla les lèvres.
- De ne jamais se disputer, moi et mon frère.
- Je vois. En quoi vos liens avec Roland Smirnoff ont influencé cette bataille ?
- En rien, il n'a même pas cherché à nous contacter, nous nous sommes contentés d'épauler les autres pendant les attaques dont nous avons été victimes.
Les officiers soufflèrent.
- Vous savez que vos parents sont interrogés également.
- Oui.
- Vous savez que la terminologie d'attaque est très controversée quant à ce qui s'est passé aujourd'hui.
Lilian hocha la tête.
- Je comprends pourquoi.
- Le commissariat nous demande de vous poser une question. Que pensez-vous de Roland Smirnoff ?
- C'est un homme bien. Un grand combattant. Un bon politicien.
- La plupart de vos amis souhaitent le faire arrêter...
- Oui, parce qu'il nous a demandé de le faire accuser.
Les officiers se regardèrent.
- Vous a... demandés ?!
- Avant que vous n'arriviez, il nous a pris à part et nous a demandé trois choses.
Les deux officiers se tenaient prêts à noter.
- La première, de le faire accuser et de faire porter tout le blâme sur lui. La seconde, de mentir à la police, et la troisième, de lui désobéir.
Les deux officiers regardèrent la liste.
- ... ça... ne veut rien dire !
- En fait, d'après mon analyse personnelle, il veut embrouiller la police en nous faisant chacun respecter une partie de ses règles. Certains vont s'en tenir au premier, d'autre aux deux premiers, d'autres seulement au deuxième...
- Il faut avertir le central de ça... marmonna un officier.
- Je vous déconseille de le faire, marmonna Lilian, je tends à penser que ça n'apporterait que plus de confusion dans vos interrogatoires.
- Et vous, Lilian, quelles directives de Roland Smirnoff suivez-vous ?
Lilian inspira.
- La numéro zéro. Je ne dirais rien de plus tant que je ne serais pas réuni avec mon frère.
Les deux officiers se regardèrent, embêtés.
***
Lilian et Léon furent libérés en même temps et tardivement après de nombreuses questions. Au commissariat, dans le même temps, Ana était tout juste interrogée.
Les deux frères s'étreignirent à leur sortie.
- Léon !
- LILIAAAAAAN !!!
- Ils ne t'ont pas trop secoué ?!
Léon essuya ses larmes en secouant la tête.
- Nan mais j'ai eu peur pour toi, et pour papa, et pour maman !
- Nous sommes là !
Les deux adolescents foncèrent vers leurs parents pour un gros câlin familial.
- On va pouvoir rentrer à la maison... souffla Richard.
- Et en finir avec cette horrible journée ! Je vais vous faire des pancakes les enfants !
- Cool !
- Génial !
- Léon, tu as pleuré ? s'étonna Richard.
Léon hocha la tête.
- J'avais peur pour vous !
- Toujours trop sensible ! souffla Lilian.
- Ca va hein ! Après la journée qu'on vient de passer... geignit Léon.
- Tu parles d'une remise des diplômes... souffla Laurène.
Richard hocha la tête.
- Bon. On est tous libres, on peut y aller ?
- Lilian !
- Léon ! Les jumeaux !
La petite famille se tourna vers Gina et Holly.
- Oh... vos amies, je suppose... marmonna Richard.
- Ouais, euh...
- Hm...
- On vous laisse un moment ! souffla Laurène en tirant Richard par le bras.
- Quoi, mais quoi ? Laurène !
- Laisse tes enfants tranquilles ! grommela la matriarche Grimes.
Les deux garçons approchèrent des filles. Lilian serra Gina dans ses bras.
- Tu vas bien !
- Et toi aussi ! J'ai eu peur en sachant que tu étais ici...
Léon s'étonna.
- Bah... on n'a pas été autant chahutés que ça...
- Quand je leur ai expliqué précisément mon rôle, ils m'ont lâché la grappe... marmonna Lilian.
- Pareil, et moi ils m'ont demandé nos liens avec Roland Smirnoff... souffla Léon.
- Pareil. Quand ils ont vu que c'était superficiel, ils nous ont laissé.
Gina acquiesça.
- Les autres sont encore interrogés ou emprisonnés...
Lilian hocha la tête.
- C'est leur problème. Maman nous a promis des pancakes.
Holly et Gina se regardèrent. Lilian souffla.
- Laissez-moi deviner, Jeffrey est en train de vous envoyer des textos ?
- Il l'a déjà fait, en fait. Il veut qu'on rejoigne le tribunal.
Lilian soupira.
- Ne le faites pas. N'obéissez pas aux ordres de ces gens.
Léon se mordilla les lèvres. Lilian restait ferme.
- En ce qui nous concerne, on va s'éloigner de tout ça et reprendre le cours de notre vie normale. On a nos diplômes, faut penser à la fac.
- Je pense qu'il veut qu'on soutienne Naomi... marmonna Holly.
- Elle se débrouille, c'est son problème.
Léon regarda son glacial frère puis hocha la tête.
- Les pancakes d'abord, les problèmes ensuite.
- Vous faites ce que vous voulez, après.
Gina regarda Holly.
- J'en ai marre, je rentre.
- Pareil. Ils ont raison, Roland Smirnoff ne contrôle pas nos vies !
- Allons retrouver nos parents !
- Hm !
Les filles partirent. Lilian et Léon retrouvèrent leurs parents.
- Bon, on y va ?
***
En voiture, Lilian semblait obnubilé par le paysage extérieur. Léon somnolait, épuisé.
- Lilian, fiston...
Le jeune homme au pull bleu se releva. Il était encore sale, couvert d'une étrange matière visqueuse.
- ... Aux policiers tu as peut-être occulté des choses, mais à ton vieux papa, tu peux dire, non ? Ce qui s'est vraiment passé. Pas les détails, juste la grosse choucroute autour.
Lilian plissa les yeux. Laurène regarda son mari, ferme.
- Si quoi que ce soit que j'ai pu faire avec Roland Smirnoff a pu vous mettre en danger...
Lilian hocha la tête.
- J'crois pas. En fait, on a reçu des menaces. Tous les élèves de la classe. C'était un peu après une nouvelle attaque de leur part. Des menaces venant de Direction Dresseurs.
Richard acquiesça en regardant bien la route.
- Et on a appris par une source apparemment sûre qu'ils allaient nous attaquer à la remise des diplômes. Alors on a préparé la riposte, on s'est organisés. On a riposté, mais ça s'est pas exactement passé comme prévu...
- Rien ne se passe jamais exactement comme prévu... soupira Richard.
- Ce devait être une si belle journée... soupira Laurène.
Lilian acquiesça.
- La bataille s'est finie quand Roland Smirnoff et Justin Truce se sont finalement... rencontrés, on sait pas exactement ce qui s'est passé... Apparemment ça concernait une autre dimension... parce qu'ils ont disparu pendant un moment...
Richard grimaça. Laurène plissa les yeux.
- ... et du coup quand ils sont revenus... Truce s'est rendu.
- ... c'est tout ?
- Il y a eu plusieurs petits évènements, en fait... James Pitterson et Orson Bertelin sont responsables en partie de la destruction de l'établissement... On nous a raconté ce que d'autres avaient fait... Mais ça reste du domaine du détail. Et il paraît que les étudiants de Direction Dresseurs ont été dispersés par une arme atomique...
Richard grimaça de plus belle.
- Bon sang...
- Mais tout ça était faux.
Richard s'étonna.
- Quoi, attends, tu m'as raconté des bobards... ?!
- Non, papa, tu ne comprends pas. Les menaces, l'attaque... On l'a appris peu après l'attaque...
Richard était tout ouï, quitte à délaisser la route.
- Tout ça n'était que le fait d'une seule personne...
Une voiture les heurta. La voiture tourbillonna sur la route jusqu'à heurter un réverbère. La voiture des Grimes était fumante. Laurène et Richard allaient bien, ils étaient juste assommés par le choc.
Léon Grimes s'en était réveillé de terreur. Et lui au moins était attaché.
Lilian, détaché, avait été sacrément secoué.
- Lilian ??? LILIAN !!!
Léon secouait son frère.
- Oh mon Dieu !! Papa ! Maman !! Mais qu'est-ce qui...
Quelqu'un ouvrit la porte.
Le Commissaire Nolan.
- Qu'avons-nous là...
- M... Mais vous êtes qui ?! geignit Léon.
- Rassure-toi, petit, je suis de la police.
Un type rouquin et bourru apparut. Mal rasé, son sourire pervers n'était absolument pas rassurant. Léon ignorait complètement de qui il s'agissait.
- Morris, vous vous saisissez d'eux, mais vous ne les touchez pas plus.
- Oooooh...
- J'ai besoin d'eux sains et saufs. Sinon, Smirnoff sera beaucoup moins docile.
Le type attrapa Lilian.
- Mon frère ! Mais vous faites quoi, bon sang !!
L'homme arracha Léon de la voiture, l'extirpant de sa ceinture de sécurité.
- Gwaaah !
- Bien...
Sacha Nolan regarda la note qui était parvenue à son bureau tandis que « Morris » balançait Lilian et Léon à l'arrière du fourgon qui avait percuté la voiture des Grimes.
- Tu veux jouer au plus malin, Smirnoff... mais tu ne sais pas contre qui tu joues...
QUINN
Quinn envoyait SMS sur SMS à Francis. « Mais où es-tu parti, bon sang... »
Elle était censée se faire interroger, mais une intervention divine semblait vouloir la sauver.
- Notre fille ne sait RIEN !
- Nous vous interdisons de l'interroger, c'est notre cliente également !
- C'est un simple interrogatoire de routine... geignit Jason.
- Hors de question ! Il pleuvra des Cradopaud quand notre fille tombera entre les mains du système judiciaire Poképolite !
- Dont nous connaissons tous les ressorts, alors faites bien attention avant d'interroger Quinn !
- Qui plus est, nous allons recueillir les plaintes des parents de l'accueil, et on va mener à bien une action collective en justice contre votre département, croyez-moi, ça va vous souffler dans les bronches !!
Quinn soupira en levant les yeux au ciel. Elle regarda Lucy qui la regarda, impatiente de sortir d'ici.
- Avec ma chance je vais passer en dernière...
- Je reste ici, Francis va sûrement revenir.
- Quelque chose me dit qu'il en a pour longtemps...
- Tant pis, je l'attendrais. Si j'avais su, je l'aurais suivi...
- Il avait l'air de vouloir régler ça seul.
Quinn soupira. « Il savait bien qu'il ne pourrait pas compter sur moi... »
- Quinn, il voulait régler ça seul. Je pense que ça avait un lien avec sa famille.
Quinn regarda Lucy et hocha la tête.
- Hm, oui, tu... as sûrement raison.
Reiner arriva et grommela.
- Messieurs dames, je suis l'inspecteur en charge de cette enquête...
- AH ! Super ! Il paraît que vous voulez interroger notre fille !
- Non, Greyson ne sera pas interrogée. Ordre du commissaire.
Quinn haussa un sourcil et regarda ses camarades qui la regardaient en mode « Han la chance ! »
- On va donc passer directement à Sevreska.
Ana soupira. Mais les parents de Quinn insistèrent.
- Minute ! Vous avez un interprète russe ?
- Qui nous dit qu'elle comprendra vos questions ?
- Encore un bel exemple de la justice Poképolite tronquée !
- Amenez un interprète sinon rien !
Ana se rassit et regarda Quinn qui hocha la tête.
- Ils peuvent faire ça pendant des heures !
- Ca m'arrange, j'ai un peu peur... Et j'aimerais en même temps que ça passe vite, je voudrais rejoindre Fey...
- Avec ton bras, ça semble un peu risqué, nan ? marmonna Lucy.
- Mais non, ça va aller...
Les parents de Quinn remarquèrent son bras en écharpe.
- Elle a été blessée en plus !! Vous connaissez les lois ?
- C'est un scandale ! Ce sont vos services qui ont fait ça ?
Reiner grommela en levant la main. Un agent amena un pli à Jason.
- Un enfant avec un Rhinolove a amené ça, c'est pour le commissaire...
Jason s'étonna.
- Un enfant avec un Rhinolove ?!
- Comme je te dis !
Reiner, trop occupé par les parents de Quinn, ne vit rien de la chose. Jason quitta le couloir pour aller voir le commissaire Nolan.
- Monsieur, un pli pour vous.
- Hm ? Oh, posez-le. Comment se déroulent les interrogatoires ?
- Nous avons fort à faire avec les parents avocats d'une des élèves.
Nolan souffla.
- Passez à la suivante...
Nolan ouvrit le pli et écarquilla les yeux.
« Tu as baisé ma femme une fois
Tu es en train d'essayer de me baiser à nouveau
Mais, moi, directement !
Je peux bien te baiser en retour
Cependant,
Prépare la pommade, j'ai un sacré sauciflard
Et d'autant que je sache tu es vierge
Plus pour longtemps ;-)
Cordialement mais par derrière,
Ton ami dévoué,
Ton futur amant TRÈS dévoué...
Roland Smirnoff
PS : C'était évidemment METAPHORIQUE, gros pédé ! »
Sacha Nolan serra le pli.
- Q... Q-q-q-q... QUI ???
- D'après Spencer, un gamin avec un Rhinolove !
Sacha froissa la feuille, fou de rage.
- Allez continuer les interrogatoires, Mars. Merci.
- A votre service, monsieur le commissaire !
Jason Mars partit. Sacha Nolan souffla de rage. Il prit le téléphone.
- Jeb du centre d'interrogatoires ? Prévenez-moi sur mon portable. quand les interrogatoires de Lilian et Léon Grimes seront terminés. Merci.
Il composa un autre numéro.
- La prison centrale ? Voici mes directives. Veillez à ce qu'Amélia Levy soit transférée sous bonne garde vers un port de Volucité et emmenée dans la prison de l'Île aux Diamat. Préparez Tobias Morris pour libération dès mon arrivée par l'entrée du service. A tout de suite.
Sacha raccrocha et se prépara à sortir.
- Tu vas voir ce que tu vas voir...
WALLACE
- Monsieur Wallace Gribble... Je suis le médiateur, Milo Sorensen.
Wallace hocha la tête en saluant l'homme blond. Bien qu'un peu secoué, Wallace n'avait aucune égratignure.
- Jebb Crowley, je travaille ici.
Wallace hocha la tête vers le policier quarantenaire.
- Farah Ayani, juriste gouvernementale.
- Enchanté de vous rencontrer. Désolé que ce soit dans de telles circonstances.
Etonnement des trois commissionnaires. On leur avait vendu un sauvageon. Les voilà face à un calme jeune homme tout juste stressé à l'idée de son entretien d'embauche.
- Bien, nous allons procéder... à l'interrogatoire... Les papiers du centre d'incarcération sont en ordre ?
- Yep, admit Jebb.
- Bien ! Quel était votre rôle exact ?
Wallace inspira.
- J'étais le chef. J'ai supervisé la contre-offensive de A à Z. J'ai donné les consignes à chacun conformément aux informations que nous avions reçu. Mon rôle exact pendant les évènements était de faire face au Président.
Ils ne s'attendaient pas à une telle clarté, assurément.
- Attendez... Vous avouez avoir supervisé la...
- Contre-offensive. Nous avons répondu à ce que nous avons pensé être une attaque.
- ... alors qu'en fait... poursuivit Milo.
- Alors qu'en fait nous étions tout bonnement manipulés par Roland Smirnoff qui nous a trompés. Tous.
Farah haussa les sourcils.
- Quel genre d'informations avez-vous reçu ?
- Un journal, un carnet dans lequel étaient consignées toutes les informations nécessaires.
- Où est ce carnet ?
Wallace inspira.
- Il était dans mon casier.
- Mais maintenant que l'établissement a été détruit...
- ... ça ne va pas être de la tarte de le retrouver ! sourit Wallace.
Les trois interrogateurs se surprirent à rire. Mais Jebb poursuivit.
- Qui vous a fourni ce carnet ?
- Nous n'en avons aucune idée.
- Vraiment ?
- Des hypothèses, rien de plus. L'écriture ne correspond pas aux cahiers de brouillon de monsieur Corbin. J'ai mon avis personnel sur la question, mais mes camarades en auraient un tout différent.
Jebb acquiesça. Milo reprit la parole.
- Vous étiez le chef, donc.
- Oui.
- Vos camarades vous ont tous suivis aveuglément ?
- Il y a eu quelques remous, mais ils m'ont tous suivi en connaissance de cause sur le moment.
- C'est-à-dire...
- Les menaces. Tout le monde a été menacé. Ils avaient tous peur pour eux et leurs familles, faire partie de cette attaque, c'était en quelque sorte se protéger. Vous savez ce qu'on dit, la meilleure défense, c'est l'attaque.
- Vous êtes au courant de ce qui s'est passé à la remise des diplômes ?
Wallace déglutit, soudainement ému.
- J'ai pas eu confirmation... si y'avait eu des blessés ou pas...
- Aucun, signala Farah.
Wallace souffla, soulagé.
- Tant mieux.
- Vous avez combattu au nom de qui ? poursuivit Farah.
Wallace haussa les sourcils, marquant son premier retranchement.
- Excusez-moi ?
- Votre combat, vous avez combattu au nom de qui, dans quel camp vous situiez vous ?
Wallace agita la tête.
- On était notre propre camp, au fond.
- Vu la situation, on pourrait penser que vous étiez du côté de Roland Smirnoff.
- Absolument pas. Il s'est servi de nous. Je réfute tout lien avec ce type.
- Vous étiez du côté de Justin Truce, alors.
Wallace cligna des paupières, la tête basse. Il se mordilla les lèvres et regarda Farah.
- Vous êtes affiliée au gouvernement, c'est ça ?
- Je suis au service de l'Agent d'Unys, oui.
Wallace hocha la tête.
- Je sais que j'ai... Enfin que j'ai pas le droit de demander ça, je suis accusé d'actes criminels – et c'est tout à fait normal, je ne le conteste pas – et donc je suis pas vraiment en position de faire cette demande, mais...
Wallace souffla, peiné.
- ... s'il vous plait, ne soyez pas trop durs avec monsieur Truce.
Surprise de la commission d'enquête.
- Vous...
Milo toussota.
- Vous souhaitez que la justice soit clémente avec monsieur Truce ?
- Oui. S'il vous plait.
- Euh...
Milo regarda Farah qui leva les mains.
- Je ne peux rien promettre et encore moins rien dire dans de telles circonstances !
Wallace inspira, semblant songeur. Jebb reprit l'interrogatoire.
- Z'avez pas répondu à la question de ma consœur. Vous étiez du côté de Truce alors ?
- Non, comme je vous ai dit, on était notre propre camp. Mais je veux que vous soyez cléments avec monsieur Truce. Il est une victime au même titre que nous dans cette affaire.
Milo prenait des notes. Farah prit la suite.
- Puis-je faire un rappel des évènements dont votre établissement a été victime depuis le début de votre cycle ?
Elle n'attendit pas la réponse de Wallace qui se résuma à un hochement de tête.
- D'abord il y a eu cette conférence donnée par le staff de Direction Dresseurs, qui s'est visiblement mal déroulée et qui a été le commencement d'une hostilité entre l'entreprise et votre école précise. Ensuite, le bal de promo où votre école est devenue le théâtre d'une véritable guérilla, où une grande partie des élèves ont été enfermés dans le gymnase, et où votre classe s'est retrouvée à lutter contre une armée d'étudiants menés par Direction Dresseurs. L'année suivante, votre école est attaquée par madame Teresa Torres afin de procéder à la récupération de données, ce qui a mené à la dégradation de votre hall d'entrée et donc à une visite d'inspection. Enfin, dernier évènement avant la remise des diplômes, l'incident dit des « Quatre Soldats ».
Wallace hocha la tête.
- D'après les rapports de monsieur Layton Reinhold, c'est à ce moment précis que vous vous êtes radicalisés.
Wallace agita la tête.
- Le terme est un peu extrême...
- C'est à ce moment précis que vous vous êtes radicalisés en tant qu'école, que vous êtes devenus une armée.
- Non, non... On s'est juste préparés à l'éventualité...
- C'est un point ambigu de tout cela. C'est la principale raison pour laquelle nous nous demandons si vous avez répondu ou si vous avez provoqué. De surcroît, c'était la remise des diplômes et toute votre classe était dans les locaux, à attendre. Cela laisse peu de place à d'autre hypothèse que le piège prémédité.
Wallace hocha la tête.
- Je comprends.
- Vous comprenez, mais nous voudrions connaître la vérité.
Wallace acquiesça.
- On s'est sentis menacés, on a eu des informations...
- Qui vous a menacés ?
- Roland Smirnoff.
- Pourquoi est-ce Justin Truce qui vous a attaqués alors ?
Wallace souffla, presque excédé.
- Il a été menacé lui aussi.
- Par ? demanda Jebb.
Wallace secoua la tête.
- Je peux rien confirmer. Probablement par Roland Smirnoff.
- Et c'est pour ça que vous demandez qu'on soit cléments avec lui ? s'interrogea Milo.
Wallace grimaça.
- Pas totalement... Disons... qu'il a probablement plus morflé que nous tous réunis.
- Quoi qu'il ait pu vous raconter...
- Ce n'est pas ce qu'il m'a raconté... Disons... que j'ai vu par moi-même.
Milo, Jebb et Farah se regardèrent, intrigués.
***
- Parlons de votre petit ami...
Wallace se redressa, un peu gêné.
- Si... vous voulez.
- Tristan Edison, c'est ça ?
Wallace hocha la tête, toujours aussi embarrassé. Farah s'étonna.
- Un souci ?
- Rien, rien...
Milo poursuivit.
- Il a été chargé d'une mission très périlleuse au début de l'attaque, mission qui a nécessité d'enfreindre un nombre incalculable de lois, notamment fédérales et internationales. Cependant il a été immunisé par les plus hautes instances légales Poképolites...
Wallace hocha la tête.
- ... vous ne le saviez pas ?
- Non... pas... quand ça s'est fait.
- Cela s'est fait...
- En fait c'est Mike qui a été informé de tout ça. Roland Smirnoff avait nos dossiers, et il y avait... La Cellule Bowyer.
Farah hocha la tête. Milo s'étonna.
- La quoi ?
- C'est une référence aux méthodologies de Gisèle Bowyer, l'une des plus grandes conservatrices méthodistes en matière d'administration de notre époque, marmonna Jebb.
- Elle avait instauré une surveillance électronique des administrations où elle passait.
Wallace acquiesça.
- Tristan a... découvert par hasard que le plan en question avait été appliqué correctement dans toutes les administrations, mais pas dans les écoles en elles-mêmes. Sauf dans la nôtre. Ça s'est passé entre la première et la seconde année, après le bal de promo. Notre école avait... subi quelques dégâts, et ils ont profité de la réfection pour installer du matériel de surveillance électronique. Totalement contrôlé par Roland Smirnoff et ses équipes.
Farah sembla sonnée.
- C'est... complètement illégal !!
- Probablement, j'en sais rien en fait...
- Si vous n'êtes pas prévenu, toute surveillance des étudiants est strictement interdite !!
- Si vous le dites...
- Vous semblez résigné...
Wallace soupira.
- Un peu. C'est dur de se dire qu'on s'est fait mener par le bout du nez... je... je me sens un peu mal d'avoir embrigadé mes camarades dans cette histoire...
Wallace sembla au bord des larmes.
- Surtout Perrine... Walter... Naomi...
Silence embarrassant pour la commission.
- Tristan... Excusez-moi...
Milo s'empara d'un mouchoir, mais Jebb l'empêcha de bouger.
- Je trouve que vous vous déchargez un peu trop de toute responsabilité, grommela le policier. Vous avez juste été manipulés, vous avez juste été espionnés, vous avez juste été utilisés... C'est un peu facile, à mon goût. D'autant que votre école a été détruite, ça va être très difficile d'obtenir des preuves lors de la phase d'instruction.
Wallace hocha la tête en essuyant ses larmes.
- Je me doute bien.
- Et je vous avoue que vos airs de pisseux courtois me filent la gerbe. Y'a rien de plus suspect qu'un gentil trop gentil.
- Vous voyez bien qu'il est sincèrement affecté ! grommela Milo.
Farah inspira.
- Ce n'est pas totalement faux. Vous admettez avoir tout supervisé mais vous admettez également avoir été utilisé par Roland Smirnoff, et vous nous demandez la clémence pour Justin Truce... et maintenant vous êtes désolé d'avoir embarqué vos camarades alors que vous avez tout supervisé de A à Z, sans fard.
Wallace regarda la femme qui se releva.
- Je ne pense pas que vous mentiez, je pense que vous nous cachez quelque chose.
Wallace resta impassible.
- Vous demandez la clémence pour Truce, mais vous chargez Smirnoff. Et vous absolvez votre classe de tout méfait.
Jebb inspira fortement. Milo regarda Wallace, les yeux rougis par le chagrin.
- Je demande que vous soyez placé en semi-détention au centre carcéral. Vous n'aurez pas le droit d'en sortir sans l'accord d'un officier agréé, ce en attendant que tous les interrogatoires aient été menés.
- D'accord.
- Vous êtes donc toujours exposé à des poursuites.
- Très bien.
- Nous verrons avec vos parents s'ils sont en mesure de vous procurer un avocat... Où sont vos parents, au fait ?
Wallace manifesta une hésitation.
- Ils ne sont pas à l'accueil avec les autres ?! s'étonna Milo.
- Nan, asséna Jebb, suspicieux.
Milo, Jebb et Farah s'en étonnèrent conjointement.
- Je n'en sais rien.
- C'est vrai ce mensonge ?
- Jebb ! grommela Milo.
Wallace regarda le policier en hochant la tête.
- C'est vrai. J'ignore où ils se trouvent.
***
« Wherever, Whenever » de Shakira résonnait dans la voiture. Carl, Margaret et Lindsay grimaçaient, mais aucun ne souhaitait d'accident.
- Eteins ça, c'est infernal !! geignit Margaret.
- Je jure de démolir ton autoradio !! grogna Carl.
- Oncle Jeff !!
Jeffrey Houston poussa un gros soupir en baissant le son.
- Je voulais juste mettre l'ambiance !
- Inutile de mettre le son à fond... souffla Margaret.
- M'est avis qu'on aurait dû rester auprès du petit... soupira Carl.
- Wallace peut se débrouiller tout seul, j'en suis sûre à présent. Ses dernières paroles m'ont prouvé qu'il avait beaucoup grandi et qu'il savait ce qu'il faisait. Je suis vraiment fière de mon petit garçon !
Lindsay et Carl regardèrent Margaret qui semblait radieuse et épanouie. Jeffrey sourit.
- J'suis bien content de t'entendre parler comme ça.
- Mais... ce truc qu'il nous a demandé... Vous croyez que...
Jeffrey s'adressa à Carl.
- Evidemment, sur le papier, ça semble risqué. Mais il a pris des risques aussi. Et je suppose que vous avez envie que Roland Smirnoff paie.
Margaret et Lindsay hochèrent la tête. Carl souffla.
- Ouais, mais nous, on peut se faire arrêter pour ce qu'on va faire.
- Mais nan.
Alors que Pokétopia était en vue, et que la petite famille s'extasiait devant la beauté du site, ce parc d'attraction composé de multiples bâtiments de combat, Jeffrey freina sèchement.
- OH MON DIEU !!! geignit Margaret.
- Putain on est morts !! siffla Jeffrey.
Max Perry et Ethel Wilde barraient la route, accompagnés d'un adorable Dracaufeu et d'un gentil Braségali.
***
Wallace sortit du centre carcéral, accompagné de Layton.
- Vous ne pouvez pas me quitter, d'accord ?
- Hm.
- Ma valeur auprès de la police internationale est en jeu.
- Hm.
Layton et Wallace observaient les deux arrivants : Roland Smirnoff accompagné de Rebecca Gates et de Violette Benson. Tristan Edison accompagné d'Oscar, Michelle et Emeline Bertelin.
- Eh merde.
- MON FILS ! hurla Oscar.
- Où est Orson ?! demanda Tristan.
- On est censés être là pour Amélia ! souffla Rebecca.
Michelle fronça les sourcils, mécontente.
- Forcément, on va sauver la fille de riches avant notre fils...
- Un peu comme on va sauver l'Afrique avant de sauver vos veines de la graisse qui va les boucher... marmonna Roland.
Rebecca frappa Roland avec son sac.
- Vous pouvez la fermer, oui ?
Tristan lui balança un caillou non loin du parking.
- AOUCH !
- Ca SUFFIT, vos conneries !! grogna Tristan.
Violette inspira.
- Vous ne savez rien faire simplement ?
Roland regarda Violette.
- Tout EST simple, c'est vous qui êtes complètement tarés !
- Dit-il... soupira Rebecca. On fait QUOI, alors ?
Wallace regarda Layton qui regarda Roland.
- Mademoiselle Levy a été transférée.
- Déjà ?! Mais c'était censé être plus tard !
- Elle a avoué.
Roland leva les yeux au ciel.
- Merde ! J'avais complètement oublié le libre arbitre !!
- Et monsieur Bertelin est toujours cuisiné par l'Agent du Gouvernement.
- En-CORE ??? Mais ça fait déjà... Deux bonnes heures ! geignit Roland.
- Oh mon dieu !
Roland grommela.
- Du coup je sais plus quoi faire !
Wallace leva les yeux au ciel.
- Je croyais que tout était simple.
Roland regarda Wallace qui soutenait son regard.
- Comment ça se fait que t'es là, toi ?
- Quelque chose vous échappe ? Où en est le « Plan » ?
Roland plissa les yeux.
- Tu connais le « Plan » ?
- Peut-être, peut-être pas.
- Tu bluffes.
- Oui. Mais votre attachement aveugle envers moi et la similarité de nos personnalités vous empêche de le discerner.
Tristan pencha la tête. Wallace inspira.
- Faites libérer James.
- James... Ahon ! Le gros black ! Layton !
- Ce ne sera pas si simple... Monsieur Denton est sur le coup...
- Magic Mike est dans la place ? Oh bah tout baigne ! Ok. On peut pas libérer Amélia tout de suite ni Orson...
- C'est une blague ? grogna Rebecca.
- Pardon ?! Vous êtes pas censé être le grand manitou ou je sais pas quoi ?!
- Le mieux qu'on ait à faire c'est d'attendre au tribunal l'issue du premier jour du procès Truce.
Wallace secoua la tête.
- Je suis déjà sur ce coup-là.
Roland regarda Wallace.
- ... « tu » ?!
- Oui, je. Moi aussi je fais des plans, maintenant.
Tristan regarda Wallace, à moitié intrigué... par son aplomb et son calme face à Roland. Lequel haussa les épaules.
- J'ai fait emprisonner ta prof.
- QUOI ?! s'étonna Tristan.
- Helen... souffla Wallace.
- C'était bien vous alors !! grogna Rebecca.
- Mais pourquoi ?! s'étonna Violette.
Roland leva les yeux au ciel.
- Pour éviter qu'on ne l'utilise contre moi, enfin ! Vous êtes stupides ou quoi... Elle sait trop de choses.
- Contre vous ?! Je comprends de moins en moins... geignit Violette.
- Je comprends surtout qu'on va tous se casser et qu'on va vous laisser dans votre merde. Mais pour ça, faut qu'on récupère James, Orson, Amélia et la prof ! souffla Rebecca.
Wallace acquiesça, la tête ailleurs. Tristan lui saisit la main.
- Ça va ?
- Nan. Je suis épuisé. Walter et Perrine ont dû être interrogés à l'heure qu'il est... Cette journée n'en finit pas et ça commence à me saouler.
Tristan hocha la tête.
- J'suis fatigué aussi. Mais je dois tenir le coup pour Orson.
- Hm. Georgia a pas fait le déplacement ?
- Oh, elle a essayé de m'appeler...
Tristan regarda son téléphone.
- Trente-quatre fois.
- « Tristan, j'en ai assez que ça passe en boucle aux infos, viens changer les piles de la télécommande »...
Les deux étudiants sourirent. Ils regardèrent Rebecca, Violette et les parents d'Orson aux prises avec Roland. Layton surveillait Wallace et Tristan de loin.
- Après ça, on ira se faire masser...
- Nan, je veux juste dormir pendant une bonne semaine ! sourit Tristan.
- Alors on va passer la semaine au lit... sourit Wallace.
- A dormir, bien sûr.
- Bien sûr...
Tristan grimaça en souriant. Il regarda Wallace qui comprit et le serra dans ses bras.
- C'est bientôt fini.
- J'espère. J'espère vraiment.
- Mais oui.
- SMIRNOFF !!
Tout le monde se retourna vers le commissaire Nolan, dans sa voiture. Roland le regarda, furieux.
- Tiens. On est sorti de son trou.
- J'peux en dire autant que toi. J'attends ça depuis tellement longtemps...
- Quel dommage pour toi, j'étais TREEEEES occupé...
- J'ai une surprise pour toi. Vas-y.
La vitre arrière s'abaissa. Roland ne put que reconnaître Tobias Morris. Le jeune homme se mordilla les lèvres en reconnaissant l'homme.
- J'suis pas méchant, monsieur Smirnoff. J'leur ferais aucun mal.
Roland sembla réellement effrayé.
- Qu'est-ce que tu...
Les jumeaux apparurent, bâillonnés, suppliant Roland et les autres de les aider. Wallace écarquilla les yeux, tout comme Rebecca, Violette, Tristan, Layton et la famille d'Orson.
- Tu veux les revoir ? Rends-toi à la police.
Roland serra les dents alors que la voiture de police repartait à toutes berzingues.
Flottement. Roland regarda l'assemblée du parking en haussant les épaules.
- Il a sauté mon ex-femme et maintenant il m'en veut ! Voyez ! Simple !
Elèves et adultes secouèrent la tête, stupéfaits.
HOLLAND
Naomi inspira.
- Naomi Kingsley, je me prononce en tant que défense pour monsieur Justin Truce !!
Le principal intéressé lui-même était stupéfait. Le brouhaha se fit dans la salle. Walter inspira, stupéfait. Si Justin comparaissait pour le moins libre, Seth, lui, était carrément attaché et bâillonné sur le banc des accusés, plus loin.
Il observait. Il observait et il pleurait. « Salaud... Salaud, tu m'as eu. Cette gamine, c'est ça, ta garantie ? Salaud... Putain !!! »
***
Jeffrey, Carl, Margaret et Lindsay sortirent de la voiture, les mains en l'air. Max et Ethel leur barraient toujours la route.
- On vient en paix ! geignit Jeffrey.
- Quel courage, bravo ! soupira Carl.
- Ils étaient là-bas, eux aussi, je les reconnais ! Nous sommes du même côté ! cria Margaret.
- Maman, je crois pas, non...
- C'est pas vraiment le cas, Maggie... Ils auraient plus tendance à nous empêcher de faire ce qu'on envisageait de faire...
Max soupira. Ethel regarda derrière eux. Il clopinait sur sa canne. Margaret pencha la tête. Jeffrey s'étonna. Lindsay et Carl grimacèrent.
Holland Tenorman s'avança entre Max et Ethel.
- Ils vont nous aider. Si jamais Sacha ou Roland reviennent, la situation pourrait devenir compliquée... mais de toute évidence ils sont très occupés.
Holland tourna le dos.
- Suivez notre voiture, nous vous amenons à la planque. Et on va récupérer de quoi faire couler Roland Smirnoff...
Carl soupira.
- Quelle idée j'ai eue de faire des enfants, moi !
- Remonte en voiture, chéri, on discutera de nos choix de vie désastreux plus tard ! grommela Margaret.