Le mousquetaire divin : L'éclat de l'or causera la mort de ShiroiRyu

Chapitre 21 : Horrible cauchemar

« Pfiou … Alors, un seul porteur de la marque d'Arceus, n'est-ce pas ? »

Elle ne faisait que confirmer les rumeurs grâce à ce livre. Assise dans son bureau, éclairé seulement par la lueur d'une bougie, elle était visiblement enfermée dans sa chambre, les rideaux tirés pour cacher la lune.

« Mais il y a un petit problème, non ? »

Elle n'était pas aveugle. Le seul moment où elle avait put affronter cette femme aux cheveux auburn, elle savait que l'adolescent avait aussi la marque d'Arceus. Ils étaient maintenant deux sur cette planète et c'était peut-être là le problème majeur de toute cette histoire.

« Voyons voyons voyons voir … ce que le fait d'avoir deux porteurs de la marque d'Arceus peut orchestrer comme dégâts. »

Elle adorait lire les mauvaise nouvelles. Cela collait parfaitement avec son ressenti sur ce monde parfaitement pourri et qui ne méritait pas que l'on s'intéresse à lui. Hoplà, un bouquin jeté en arrière sur le lit. Malgré le jet, il retomba correctement sur ce dernier, ne venant pas l'abîmer alors que son masque était posé sur le côté du bureau.

« Je me demande si j'irais le capturer ce petit adolescent. Oh que oui. »

Un bref regard porté sur le lit et elle se releva, venant poser une main dessus. Parfait, ils seront sûrement un peu serrés mais c'était tout simplement parfait. Elle se coucha sur le lit, ses jambes posées par-dessus le livre qu'elle avait jeté auparavant.

« Il y a assez de places pour deux personnes. Oh, de toute façon, il suffit de se positionner l'un sur l'autre. On jouera au jeu du chat et de la souris. »

Jusqu'à ce qu'il finisse par se rendre des plus dociles. Ensuite, elle irait sûrement le jeter car il ne serait guère intéressant. Fichu mousquetaire, fichu porteur de la marque d'Arceus. Comme si tout cela ne suffisait pas hein ? Il fallait qu'il soit exceptionnel et unique.

« Bon, qu'est-ce qu'ils racontent d'autre ? »

Malgré le fait que la bougie était restée sur le bureau, elle semblait n'avoir aucune difficulté à lire les lignes qui se tenaient devant elle. L'obscurité était son domaine. L'obscurité était le lieu privilégié de son existence.

« Hum … Oh … Tiens donc, voià quelque chose de vraiment très intéressant ! »

Comment ne pas exulter devant cette nouvelle ? Cette femme aux cheveux auburns ne pouvait qu'être l'ancienne porteuse ! Cela parlait de folie, de comportement enragé, comme si la marque d'Arceus dévorait son ancien porteur.

« C'est pour cela qu'il n'y peut en avoir qu'un. Deux êtres aux pouvoirs divins ne peuvent coexister … et Arceus lui-même ne peut pas laisser un tel monstre en liberté. Comme quoi … Héhéhéhé … Il va falloir éliminer cette folle. »

Plus le temps allait s'écouler et plus sa folie allait s'agrandir et devenir incontrôlable. Le pauvre enfant allait avoir besoin d'une nouvelle marraine. Elle jaugea son propre corps avant de se lécher la lèvre inférieure. Bien entendu :

« Je suis parfaite pour ce rôle. Je suis taillée sur mesure pour ça. »

Oh que oui. Un corps sculpté dans l'onyx, cette roche si belle et si noire. Une vraie gravure qui ferait rougir tout simplement la quasi-totalité des femmes de ce royaume. De toute façon, si elles s'estimaient plus belles qu'elle, il y avait une façon de s'arranger.

« Se faire défigurer est bien dommage mais parfois, ce n'est que l'unique solution pour que certaines donzelles veulent comprendre la leçon. »

Une leçon de vie pour bien qu'elles comprennent leurs impuissances face à elle. Bon, ce n'était pas tout ça mais il était temps de s'endormir. Elle déposa les livres sur le côté, venant s'adosser contre le côté du lit attaché au mur, ramenant ses jambe à sa hauteur.

« Bonne nuit, Ebiné ou du moins ce qui s'apparente à cela. »

Dormir … dans de telles conditions, elle n'était pas certaine d'y arriver mais c'était bien pour cela que ça en était amusant. Dormir était une chose impossible pour elle. C'était même là la base de ses pouvoirs. Un œil toujours ouvert, elle murmurait :

« Venez donc chères ténèbres, ombres de mon coeur, je n'attends que vous. »

Elle finissait par tendre une main dans le vide, comme pour happer quelque chose qui n'arrivait pas. Pourtant, une petite fumée noire tournoya autour de son bras avant de se dissiper dans un nuage de même composition.

« COUREZ ! COUREZ TOUS LES DEUX ! »

« MAMAAAAAAAAAN ! PAPAAAAAAAAAA ! NAN ! VEUT PAS ! »

Pourtant, il sentait son corps se faire attraper par ce qui semblait être une main féminine mais aussi très juvénile. Il ne voyait que les cheveux auburn de sa sœur sans pouvoir néanmoins mettre un visage au-dessous de cette coiffure.

« Ne t'en fait pas, Soklar. On va s'en sortir. On va se débrouiller, toi et moi. Ils ne t'auront pas. Papa et Maman ne voulaient pas que tu deviennes un mousquetaire. »

Mousquetaire ? C'est vrai. Il était là pour ça … Du moins, c'est ce qu'il avait cru au départ. Maintenant, il n'en était pas certain. Ses pensées étaient troublées, perturbées, comme celles d'un enfant en bas âge. Un bref regard plus bas et il remarqua qu'au final, il n'avait … que quatre ou cinq ans ? C'était un cauchemar hein ?

« Jamais vous ne poserez la main sur notre enfant. JAMAIS ! »

« Pourquoi est-ce que vous rendez cette tâche plus difficile qu'elle ne l'est ? Votre fils va être honoré par le roi. Célèbre dans tout le royaume, vous devriez vous réjouir ! »

« Notre fils est destiné à mourir ! Il ne deviendra pas un simple jouet entre les mains du roi ! Il en est hors de questions ! »

« Destiné à mourir ? Comment est-ce que de simples paysans comme vous peuvent être au courant d'une telle chose ? Etrange … Et si vous ne voulez pas nous le donner, nous serons alors obligés de vous éliminer. Tuez-les. »

Il ne se rappelait plus de ses parents. Il ne se rappelait plus de leurs visages. A force de courir dans les bras de sa grande sœur, il sentait juste que c'était la dernière fois qu'il allait les voir et les entendre. Leurs dernières paroles furent des cris déchirants et d'agonie avant que des bruits de pas ne courent à toute allure vers leurs directions.

« Grande sœur, ils vont finir par nous attraper ! Grande sœur ! »

« Ne t'en fait pas, Soklar. Ils n'arriveront pas à te mettre la main dessus. Tsss, ils hésitent pas à attaquer des enfants. Je vous jure, ces mousquetaires. »

« Grande sœur … Est-ce qu'ils sont pas contents car nous sommes pas comme eux ? »

« Il y a des chances … de grandes chances … mais qu'importe, ils vont voir ce qu'il va leur en coûter de s'en prendre à une famille d'adeptes druidiques ! »

Adeptes druidiques ? Il ne se rappelait pas de ça. C'était même la première fois qu'il faisait un tel cauchemar. Pourtant, en regardant ce qui se passait, il était sûr et certain que tout cela allait très mal se terminer. Sa sœur vint le cacher derrière un arbre avant de lui dire :

« Ne bouge pas d'ici, d'accord ? Ne fait surtout pas un pas. »

« Mais mais mais … grande sœur ? Et toi ? »

« Moi ? Oh, ne t'en fait donc pas pour moi. Je sais parfaitement ce que je dois faire. Ils ne pourront pas vraiment me tenir tête. »

Elle lui avait fait un grand sourire rassurant, le genre de sourire qui réchauffait le coeur et c'était la seule chose dont il se souvenait maintenant. Ce simple sourire qui avait permis de tenir bon … de lui dire que tout allait bien.

« Où est le porteur de la marque d'Arceus ? »

« Pourquoi est-ce que je devrais vous le dire, monstres ? Vous n'avez pas hésité un instant à tuer mes parents alors qu'ils ne faisaient que refuser votre proposition ! »

« Les ordres du roi sont plus importants que de simples suppliques de la part de fichus druides comme vous ! Vous pensez qu'on n'a pas compris ce dont vous étiez capables ?! »

« Oh, ce n'est pas difficile de le remarquer hein ? Vous avez visiblement quelques belles entailles de la part de mon père. Et on dirait que vous avez du mal à rester conscient. J'imagine que ma mère est responsable de ce poison non ? Vous pensez être si puissants mais au final, vous ne valez pas franchement mieux que les autres. »

« Qu'est-ce qu'on fait ? C'est qu'une enfant non ? »

« On ne peut pas tuer une gamine, c'est juste horrible. Peut-être que l'on peut l'embarquer avec son frère. Ce n'est pas comme si ... »

« FRAGILADY ! VIENS PAR ICI ! »

Les mousquetaires s'arrêtèrent, entendant le cri de la jeune fille aux cheveux auburn. Quelques secondes plus tard, des racines sortirent du sol, recouvertes par des épines. Et ce n'était pas cela le plus grave, du pollen flottait sur la place, une voix féminine criant :

« Z… ZUT ! On ne s'est pas méfié ! Elle est encore plus forte que ses parents ! Si on la laisse devenir adulte, qui sait ce qu'elle pourra causer comme tort à notre royaume ? »

« Reculez, je vais moi-même combattre. »

« Hein ? Mais … Qu'est-ce qui te prend d'intervenir ? Ce n'est qu'une enfant. Tu ne va pas ... »

« Je suis du même âge qu'elle. Et elle serait beaucoup trop dangereuse pour les mousquetaires. Elle va pouvoir goûter aux véritables pouvoir qui sont les nôtres. »

Il ne devait pas … Il ne devait pas regarder … mais il entendait les cris de sa sœur qui combattait avec ardeur. Il y avait aussi un autre cri féminin, elle combattait elle aussi une fille. Mais laquelle ? Qui donc ? Il ne devait pas …

« SOKLAAAAAAAAAAAAR ! » hurla la voix de sa sœur, l'enfant sortant de sa cachette pour la voir finir embrochée par ce qui semblait être une lourde lame épaisse à deux mains.

Il ouvrit subitement les yeux, regardant où il se trouvait. Qu'est-ce que … Qu'est-ce que ça voulait dire ? Un regard à gauche, un regard à droite et il était endormi sur Melgana. Celle-ci était visiblement bien en train d'en profiter, ses mains posées sur le dos de l'adolescent qui commença à sangloter. Il frotta sa tête contre sa poitrine, finissant par tremper le tissu de la jeune femme qui bougea un peu avant de murmurer :

« Hmm … Soklar ? Qu'est-ce qu'il … y a ? Il se passe quoi ? »

« Grande … Grande sœur, j'ai fais un rêve horrible. Vraiment horrible. »

« Oh ? Ah bon ? Toi ? A ton âge ? Vraiment, Soklar ? Tu es sûr de ça ? Tu es pourtant un jeune homme, non ? Ca ne devrait plus t'arriver, tu ne crois pas ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Ma poitrine est complètement mouillée maintenant. Ca devait être plus un cauchemar. Allez, tu peux tout me dire, tu sais parfaitement que tu peux tout me dire car je ne vais pas me moquer de toi. Tu es mon petit frère adoré. »

« Alors … Alors, je ne sais pas … Mais je me suis rappelé de quand nous étions enfants, toi et moi. Nous avions encore nos parents. Mais nos parents, ils étaient druides. C'est quoi ça ? Druides ? J'en ait jamais entendu parler. Puis je sais aussi que tu as été combattre les mousquetaires qui voulaient déjà m'attraper quand j'étais enfant. Tu as même combattu une autre fille … puis … puis … puis j'ai cru te voir mourir ! Tu étais morte, grande sœur ! »

« Allons … Soklar, est-ce que tu sens ce coeur qui bat contre toi ? C'est le mien. Est-ce qu'il te semble que je sois morte ? Nullement. Même si c'est très rare, ce n'est pas impossible que tu cauchemardes. Mais là, c'est vrai que c'était particulièrement saugrenu. Ferme les yeux. »

Elle l'aida à mieux se calfeutrer contre elle, l'adolescent s'exécutant aux paroles de sa sœur. Il vit qu'elle déposait le masque sur le côté, devant ses yeux mais il ne chercha pas à relever son regard. Il sentit ses lèvres se poser sur son cuir chevelu avant qu'elle ne se mette à chantonner. Oh … Elle … chan ...tait … C'était devenu si rare … mais … c'était … comme …

« Dors bien, Soklar. Ce cauchemar ne sera plus qu'un mauvais souvenir Il n'aurait jamais dût réapparaître dans ton esprit. »

Maintenant qu'elle était certaine qu'il dormait, son visage se rapprocha de celui de l'adolescent. Une fumée rose et noire quitta les lèvres de Soklar avant de venir dans la bouche de Melgana. Celle-ci détourna la tête avant de cracher une substance noire dans les airs, la faisant disparaître en même temps que ses yeux ne devenaient roses.

« Saleté … et ne reviens plus jamais hanter les souvenirs de Soklar. »

Soklar et ses lèvres si désirables. Pourtant, elle remit correctement son masque sur son visage avant de finir par retrouver le sommeil. Elle n'était pas d'humeur à plaisanter.