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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 29/07/2015 à 09:00
» Dernière mise à jour le 02/11/2016 à 19:20

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 27 : Fierté mise à l'épreuve
Ludmila


Je reprenais conscience par intermittence. De brefs réveils durant lesquels je n'aurai même pas su dire mon nom, avant que la douleur dans tout mon corps ne me ramène dans une bienheureuse inconscience. Parfois, je voyais le visage de Dame Sol qui me regardait. Parfois, c'était Cresselia, et parfois encore, le jeune Flabébé avec qui j'avais sympathisé durant mon séjour dans la Vallée des Brumes. Et vu que Cresselia était là, c'était là-bas que je me trouvais sûrement. Mais une fois cette certitude en tête, je reperdais conscience et à mon réveil, j'oubliais tout.

Quand je fus assez solide pour rester éveiller plus de quelque secondes, mon cerveau fit le tri dans mes souvenirs et sur la situation qu'était la mienne. J'étais allongée dans une cabane, et chaque parcelles de mon corps me faisaient mal. J'étais sous une couverture, et l'on m'avait débarrassé de mes vêtements. Une pâte verte dégueulasse était étalée sur moi en divers endroit, et j'avais d'épais bandages au niveau du ventre.

J'étais donc vivante. Je me souvenais clairement de la brûlure dans tout mon corps due au poison de ce Drascore, ainsi que la lance de Lancargot qui m'avait proprement accrochée au mur antique des Ruines Alpha. J'avais de la chance d'être encore en vie après ça. Mais à bien réfléchir, je me disais que j'aurai préféré être morte. Être en vie signifiait devoir accepter la vérité sur ce qui s'était passé. Déjà, je me suis laissée avoir par ce Lancargot. Pas très glorieux. Mais le pire, c'était la suite, quand ce toutou esclave de Kerel m'avait sauvé la vie en arrêtant l'autre lance de Lancargot qui se dirigeait vers ma gorge. Je n'avais pas vu la suite du combat, mais j'étais sûre de ça : je devais la vie à ce crétin. L'énormité de cette révélation me poussait presque à me lever et à aller me noyer dans le lac du village. Comment survivre à cette honte après ça ? Mourir en combattant, j'y étais préparée depuis longtemps, mais vivre grâce à un type que je méprisais, ça, ça me faisait mal.

Il me semblait clair aussi que c'était cette damnée de Pokemon Légendaire de Cresselia qui m'avait soigné. Ça aussi, c'était dur à avaler. Ma fierté était réduite à néant, et entre ma vie et ma fierté, je ne savais pas laquelle me tenait le plus à cœur. Je me souvenais de cette phrase que mon père m'a dite un jour : « Vivre sans aucune estime de soi peut être une chose pire que la mort. Ne te soucie pas de ce que pense les autres de toi, mais soucie-toi de ce que toi, tu penses de toi ». En l'état actuel des choses, mes pensées sur ma propre personne n'étaient guère glorieuses. Je devais être tombée bien bas pour me laisser sauver par un type qui a passé sa vie à lécher les pattes des Pokemon.

Bien que parfaitement réveillée, je gardai le silence ni ne bougeai. Je ne désirais aucunement que Dame Sol vienne me trouver dans ma grande honte. D'autant que, si j'étais là maintenant dans la Vallée des Brumes, c'est qu'elle avait dû m'y amener en volant en toute vitesse. Sauvée par un esclave servile, un Pokemon Légendaire et une vieille de plus de six cent ans. C'était parfait... J'avais dans l'idée de me rendormir pour échapper encore un moment à cette réalité néfaste, quand quelque chose surgit de la fenêtre ouverte pour sauter sur moi. Quelque chose de petit, et qui se mit immédiatement à pialer.

- Ludmila copine ! Tu es réveillée ! Tu vas mieux ? Je suis content !

Je reconnus sans peine le jeune Flabébé avec lequel j'avais joué. Bizarrement, qu'il fut là à cet instant ne me dérangea pas. Au contraire, j'en éprouvai même un certain contentement.

- Je suis revenue plus tôt que prévu, dis-je avec un douloureux sourire.

- Tu t'es battue ?! C'est parce que tu as essayé de manger un méchant Pokemon de l'Empire ?

- Je me suis battue, oui. Mais j'ai pas vraiment eu l'occasion de manger celui qui m'a fait ça, hélas.

- La dame Cresselia est restée longtemps dans la cabane pour te soigner, m'appris le petit Pokemon. Parce que la dame Cresselia, elle sait utiliser de supers attaques pour soigner les gens.

- Je n'en doute pas, soupirai-je.

- La vieille humaine qui t'a ramené aussi, elle est restée longtemps. Elle s'inquiétait pour toi, oh oui oh oui. Et ton copain le Pokemon bizarre qui ne parle que d'argent. Il est venu aussi une fois, pour parler à la vieille humaine.

Voilà qui ne manqua pas de m'achever mentalement. Imaginer ce grand crétin cupide de Cresuptil devant mon lit de souffrance, qui devait affirmer à Dame Sol avec son ton hautain que les femelles humaines étaient vraiment faibles et ne valaient pas l'argent qu'on y mettait dedans... Plus que jamais, le lac et la noyade m'attiraient douloureusement. Dame Sol finit par passer me voir. Elle me fit presque avaler de force une espèce de mixture brunâtre infâme avec laquelle je manquai m'étouffer, après quoi elle entreprit de retirer mes bandages, d'examiner ma blessure et d'en mettre de nouveaux.

- Ça cicatrice vite, commenta la vieille femme.

- Lancargot m'a pourtant transpercé...

- Oui. S'il t'avait eu deux centimètres de plus sur la gauche, même Arceus aurait été incapable de te sauver. Mais là, c'est seulement ton estomac qui a encaissé. Réparer ce genre d'organe m'est possible, si c'est vite traité. En revanche, je n'avais pas les pouvoirs nécessaires pour m'occuper du poison. Purger l'organisme et le sang d'un empoisonnement, c'est bien plus compliqué. Cresselia a fait du bon travail.

- Mouais... vous la remercierez pour moi.

- Tu le feras toi-même, jeune fille.

Vu le ton de sa voix, je n'allais pas y échapper, pour sûr.

- Qu'est-ce qui s'est passé là-bas ? Demandai-je ensuite. Les autres vont bien ? Penombrice était salement blessé non ?

- Penombrice guérira bien plus facilement que toi. Il est fait de glace et d'ombre, il peut se régénérer lui-même.

Ça, je le savais. Une fois, lors d'une bataille, Penombrice avait carrément perdu la tête. Et pas au sens figuré hein ? Un Pokemon de l'Empire la lui avait écrabouillé, et elle avait explosé en mille éclats de glace. Mais Penombrice n'était pas mort autant. Sa tête a mis une semaine à se régénérer, mais elle a repoussé. Un avantage qu'il a sur les humains. Si on me coupait la tête, y'avait peu de chance qu'elle repousse ensuite. Mais les Pokemon Spectre étaient très difficiles à tuer, étant des sortes d'esprits, et vivant dans une dimension proche de l'au-delà. Penombrice lui avait dit que, pour véritablement mourir, il aurait fallu que son corps entier soit détruit. Tant qu'il existerai une partie de son corps, il pourrait se régénérer, qu'importe le temps que ça prendrait.

- Et pour ceux qui sont fait de chair et de sang ? Insistai-je.

- Ils vont bien, malgré quelque blessures. J'ai dû les laisser derrière moi pour te ramener ici en toute vitesse. Maintenant que tu es tirée d'affaire, je vais aller les rejoindre et les ramener.

- Ouais, faite donc... Oh fait, Lancargot, vous l'avez eu ?

- Pas moi, sourit Sol. C'est Kerel qui s'en est chargé. Un combat magistral.

Sol me planta là, encore plus secouée si possible. Kerel avait buté Lancargot ? Lui, un frêle humain, avait tué l'un des majors les plus puissants de l'Empire, un Pokemon que même Dame Sol avait eu du mal à gérer ?! Alors que moi, je me suis fait avoir par lui si rapidement... J'en aurai pleuré de honte. Enfin, malgré ma fierté en miette et un cicatrice à l'abdomen que je garderai probablement le restant de ma vie, on s'en était plutôt bien tiré. On avait reçu quelque chose de ces Pokemon alphabet, une espèce de flute bizarre qui était censée nous mener aux Ruines Sinjoh, là où Xanthos a planqué la Pokeball de l'Empereur. En plus de cela, on s'était débarrassé du major Lancargot et d'une bonne partie de sa Quatrième Cohorte. De quoi se réjouir, certes, mais connaissant le colonel Tranchodon comme je le connaissais, je savais qu'il n'aurait pas de repos avant de venger de cet affront au centuple.

Je ne savais pas combien de temps mettrait Dame Sol à rentrer avec les autres, mais j'en avais déjà marre de rester allongée. Ce n'étaient pas mes premières blessures de guerre, et mon corps se rétablissait d'autant plus vite s'il demeurait actif. La première chose que je fis, bien qu'il m'en coûta, fut de remercier Cresselia pour ses soins. Ça ne m'enchantait guère, mais je craignais plus la réaction de Sol si elle apprenait que je ne l'avais pas fait alors qu'elle me l'avait demandé. Cette vieille était très à cheval sur les valeurs comme la politesse et le respect, et savait être assez flippante quand on y dérogeait. La Pokemon Légendaire me regarda avec son air neutre et sa tête lunaire.

- C'est tout naturel, jeune humaine, fit-elle de sa voix mélodieuse et résonnante. Il est dans ma nature de soigner les corps et les esprits.

- Mais pas celle de vous battre, hein ? Vous ne savez faire que soigner, ou vous vous êtes juste fait pacifiste pour rester vous terrer la tête dans votre vallée ?

J'aurai ricané de ma propre bêtise. C'était tout moi ça ; je ne faisais pas dans la dentelle, et je disais ce que je pensais. Mais bon, accuser son sauveur de lâche après lui avoir présenté des remerciements, ça ne le faisait pas trop, effectivement... Heureusement que Dame Sol n'était pas là, où j'aurai eu droit à son regard violet qui tue, auquel même moi je ne manquais pas de flipper grave. Mais Cresselia devait sûrement ignorer la colère en plus de la violence, car elle ne prit aucunement ombrage de mes propos.

- Oh, je sais me battre, fit-elle. Je n'aime pas cela, effectivement, mais j'userai de mes pouvoirs si jamais quelqu'un devait menacer la quiétude de la Vallée et la sécurité de ses habitants. Je suis leur protectrice. Et c'est justement ma présence ici qui retient l'Empire d'annexer totalement ce territoire. Daecheron a beau s'en cacher, il craint encore les Pokemon Légendaires.

Moi, je ne voyais pas pourquoi, s'ils étaient tous des foutus planqués comme Cresselia. Aucun d'entre eux n'avait agi quand Xanthos a lancé sa révolution des Pokemon contre les humains. Certains même se sont rangés de son coté. Arceus lui-même, le tout puissant et vénéré créateur de l'univers, avait reconnu Xanthos à l'époque comme étant le Sauveur du Millénaire, une sorte de titre honorifique qu'Arceus n'accordait qu'à quelques uns qui étaient censés sauver le monde d'une catastrophe majeure. Qu'est-ce que Xanthos avait sauvé au juste, je n'en savais rien. Il fut lui-même la catastrophe qui plongea le monde dans le chaos. Soit Arceus s'était gouré, soit il devait considérer que Xanthos avait sauvé les Pokemon des humains, auquel cas son parti pris était flagrant. Bref, tout cela pour dire qu'on ne pouvait pas faire confiance aux Pokemon Légendaires, qui étaient tous soit des pleutres, soit des hypocrites, soit des faux-jetons.

En parlant de faux-jetons, je remarquais que Cresuptil était souvent en compagnie de Frelali. Parait-il que ce dernier et son esclave Galbar avaient demandé à Cresselia l'asile pour rester vivre ici. Comme ils s'étaient bien comportés, Cresselia n'avait pas eu de raison de refuser. Mais moi ça m'inquiétait. Selon les dires de Cielali et Kerel, ce Frelali était une ordure adepte du complot. Pourquoi resterai-t-il dans ce village où il n'avait aucun statut ni richesse ? Quand je posai la question à Cresuptil, il me répondit :

- Frelali a des raisons qui ne regardent que Frelali. Il ne m'en a pas fait part, et je ne lui ai pas demandé.

- Et toi ? Tu comptes rester ici aussi ? Demandai-je.

- Ici ? Pour y faire quoi, au juste, stupide humaine ?! Ce n'est pas ici que je referai fortune. De plus, les Paxen ont une dette envers moi après toute l'aide que je vous ai fournie ! Je ne vous quitterai pas tant que je ne serai pas payé.

- De l'aide ? Ricanai-je. C'est nous qui t'avons sauvé. Sans nous, tu serai resté en ville et Tranchodon aurait eu ta tête.

- Comment oses-tu ?! Alors que j'ai, au péril de ma vie, levé des attaques Protection et Mur Lumière autour de vous quand vous avez attaqué ce groupe d'impériaux, juste avant d'entrer dans la Vallée !

- Ah ouais, en effet, que de courage ! Qu'aurions-nous fait sans toi...

- J'entends être gracieusement rémunéré pour cela, poursuivit Cresuptil. En outre, j'imagine que trouver la Pokeball de l'Empereur va vous valoir un sacré tas d'argent. Quand vous irez la chercher, je viendrai, pour avoir ma part.

- Qu'est-ce que tu racontes, pauvre débile ? On ne va pas la vendre, cette Pokeball ! On va s'en servir pour tuer l'Empereur.

- Assurément. Et l'Empereur possède monts et monts de richesses dans son palais. Lui mort, je n'aurai plus qu'à me servir ! Je pourrai même prendre sa place, et avoir ainsi beaucoup d'argent !

Je laissai Cresuptil à ses rêves éveillés. En même temps, son délire me rassurait un peu. S'il était pourri au point de vouloir assassiner l'Empereur pour de l'argent, il y avait peu de risque qu'il nous trahisse au profit des impériaux. Qu'il vienne donc si ça lui chantait, après tout. Il pouvait en effet être un poil utile à l'occasion, et si jamais il venait à mourir, bah, j'en aurai pour ainsi dire rien à fiche.

Je pensais à notre prochaine destination une fois que Sol et les autres seront rentrés. Les Zarbi avaient parlé d'un lieu nommé les Colonnes Lances. C'était là-bas que nous étions censés jouer de cette flute qu'ils nous avaient donné pour ouvrir un passage vers les Ruines Sinjoh. Soit. Comme Dame Sol savait à peu près tout, elle devait sans nul doute savoir où se trouvaient ces Colonnes Lances. Ainsi, techniquement, nous n'avons plus besoin des souvenirs de Tannis. Plus besoin de lui tout court, en fait. J'avais mes propres raisons de ne pas vouloir ce type à coté de moi plus longtemps, et je m'en serai bien débarrassé dès le moment où il ne nous était plus utile, mais le Conseil des Paxen avait ses propres projets le concernant. Des projets tout droit tiré des directives que lui aurait envoyé le Premier Fondateur, depuis l'Empire Lunaris.

Mon cousin Astrun avait beau être le chef actuel des Paxen, le Premier Fondateur restait une figure de la rébellion, et quand il décidait de quelque chose, tout le monde l'écoutait. Pour ma part, je me demandais en quoi ce type qui était quasiment jamais là se permettait de leur donner des ordres à distance, bien à l'abri qu'il était dans l'Empire Lunaris. Si j'avais été chef, je l'aurai probablement envoyé se faire foutre. Mais je n'étais pas chef, et heureusement, en un sens.

- Lud copine !

Je fus tirée de mes réflexions par Flabébé qui manœuvrait sa fleur volante juste au dessus de ma tête. Il sauta de sa soucoupe florale pour atterrir dans mes cheveux. Je rattrapai la fleur qui continuait de voler au gré du vent. La présence du petit Pokemon ne me dérangeait plus. Au contraire, elle m'apaisait. Peut-être était-ce là dans la nature de Flabébé que de soulager les cœurs troublés, tout Pokemon Plante et Fée qu'il était.

- Tes copains sont où ? Me demanda-t-il.

- Ils vont bientôt rentrer, normalement. Comme j'ai misérablement foiré contre les impériaux, je suis rentrée la première.

- Oh ? Tu as été punie ?

Je ricanai.

- Ouais, si on veut. Punie parce que je n'ai pas été assez forte. Dans l'état où je suis actuellement, même toi tu pourrais me mettre K.O.

- Prends moi avec toi la prochaine fois alors ! S'écria le petit Pokemon. Je te protègerai des méchants avec mes attaques, comme toi tu n'en as pas !

- Je n'en doute pas. Le souci, c'est que les « méchants » ont aussi des attaques, et sans vouloir te vexer, sont un peu plus... euh... grand que toi. T'en fais pas, de toute façon. Mes amis ont tué les méchants qui encerclaient la Vallée des Brumes. Y'a plus rien à craindre.

- Vrai ?

- Vrai de vrai. Maintenant, quand mes amis vont rentrer, on va sans doute partir très loin.

- Mais... tu vas revenir ? S'inquiéta Flabébé.

- J'ai peur que non, cette fois, p'tit gars. Après avoir trouvé l'objet que l'on cherche, on rentrera à notre base, et on réfléchira au moyen de tuer le très méchant empereur.

- Mais... mais... bafouilla le Pokemon, je veux pas que tu partes, moi ! Tu es ma copine humaine ! La seule que j'ai !

- Et t'es aussi mon copain, mais je n'ai jamais prévu de passer ma vie ici. Je dois rejoindre les miens pour combattre les méchants Pokemon de l'Empire, tu comprends ?

- NON ! JE VEUX PAS !

Et sur ce, il remonta sur sa fleur et s'éloigna en pleurant. Je soupirai, pestant contre les enfants et leurs caprices. Pourtant, je l'aimais bien, ce moucheron. Je l'aurai bien amené avec moi à la base ; il aurait pu faire une recrue Paxen, plus tard. Mais je doute que ses parents soient d'accord avec ça. Et s'il y avait bien une chose que les Paxen respectaient par-dessus tout, c'était le droit de chacun à choisir. Nous nous battions pour la liberté, donc forcer quelqu'un à nous rejoindre, ce serait un contresens. Le soleil était en train de se coucher quand Dame Sol revint enfin avec les autres. Ils étaient tous plus ou moins amochés, surtout mon partenaire Penombrice qui avait perdu une jambe. Quand ils me virent tous, ils furent soulagés. Tannis se précipita en courant sur moi.

- LUUUUDDDDMIIIIILA ! TU VAS BIEN, MON CŒUR ?!

Il m'empoigna et se colla à moi, et je répliquai en lui collant mon poing dans la figure. Il s'écroula, le nez en sang, mais avait l'air ravi.

- Je confirme, tu vas très bien ! Ça fait plaisir !

- Et vous ? Aucun souci en rentrant ? Demandai-je.

- Oh, il restait un peu des soldats de la Quatrième Cohorte ci et là, répondit Penombrice. Rien qui ne posa problème à Dame Sol.

- Et toi ? Ta jambe...

Penombrice regarda son moignon d'ombre et de glace.

- Rien de bien inquiétant. Ça repoussera sans doute cette nuit. J'irai me trouver un petit coin dans le village que je pourrai congeler, ça accélérera la guérison.

Cielali, qui paraissait être indemne, s'approcha de mon visage et se frotta un court moment la tête contre la mienne. Je ne lui fit pas subir le même sort qu'à Tannis, car je savais ce que ce geste signifiait chez les membres de la famille Evoli. C'était tout simplement une marque de camaraderie, qui aurait pu se traduire en parole part « Je suis content que tu ailles bien » ou « Je suis content de te revoir ». Cela ne m'en gêna pas moins, ceci dit. Je n'étais pas une grande adepte du contact physique, surtout avec les Pokemon. Mais que Cielali me considère à ce point comme une camarade pour faire ce geste là avec moi me troublait. Je n'avais pourtant rien fait pour m'attirer ses faveurs.

Enfin, le pire, ce ne fut pas Cielali. Le pire, c'est quand je fus forcée de croiser le regard de Kerel. C'était lui qui semblait avoir le plus chargé. Son vêtement était en sang et plein de trous, signe que Lancargot lui avait laissé quelque souvenirs. Dame Sol avait sans doute su guérir tout ça, mais je vis qu'il en resterait pas mal de cicatrices. Dame Sol me regardait avec insistance, et je soupirai. Si ça ne tenait que de moi, je l'aurai plutôt engueulé en lui disant qu'il n'avait pas à se mêler de mes combats, au lieu de quoi je dis :

- Je crois que je te dois quelques remerciements...

Kerel haussa les épaules d'un geste désinvolte.

- Pas vraiment. Quand on est un groupe et qu'on a un ennemi commun, c'est normal de s'entraider. J'aurai fait pareil pour tout le monde, même pour Cresuptil s'il avait été là.

Décidément, tout, absolument tout chez ce type avait le don de me mettre les nerfs à vif. Ne se rendait-il pas compte de l'effort que ça me coutait de le remercier ainsi ?! Et lui qui, avec son air nonchalant faussement héroïque, faisait mine que ça n'était rien du tout...

- Heureuse de savoir que tu accordes autant d'importance à la vie de cet escroc qu'à la mienne, maugréai-je.

- J'ai pas dit ça. En vérité, Cresuptil m'est beaucoup plus sympathique que toi. Il a l'avantage de ne pas grogner.

- Si je t'agace tant, fallait pas te gêner pour rester dans ton coin pendant que Lancargot me trucidait ! D'ailleurs, comment t'as fait pour pouvoir le battre ? Tu lui as trébuché dessus sans faire exprès ?

- T'es bien placée pour dire ça, madame l'héroïne Paxen qui a vaincu le Seigneur Xanthos pendant qu'il avait le dos tourné !

- Ne prends pas la grosse tête parce que tu as battu un seul minable Pokemon, tocard ! Mon compte d'impériaux tués avait déjà dépassé cent que tu étais encore en train de te battre en spectacle dans le sable de ton arène Pokémon, mmgrrr !

Dame Sol, ayant assisté à notre échange houleux avec un léger sourire, nous pris tous les deux par l'épaule et nous rapprocha l'un l'autre. Sans cesser de sourire, ses yeux s'ouvrirent, révélant la lumière violette et ses pupilles de chat. Vu de près, c'était encore plus flippant.

- Ça fait plaisir de voir deux camarades qui s'entendent si bien, susurra-t-elle d'une voix doucereuse. Ils adorent se taquiner entre eux pour faire disparaître la tension du moment et leur respect mutuel, hein ?

Le regard qu'elle nous lança aurait suffit à faire mouiller la culotte de l'Empereur, et Kerel et moi frissonnâmes de concert. Je m'empressai vite de renouveler mes remerciements d'une voix qui avait les accents de la sincérité et de la reconnaissance, et Kerel s'empressa de les accepter avec grâce et modestie. Le soir venu, nous nous réunîmes dans notre cabane, pour que Dame Sol nous explique la suite du programme. Cresuptil s'invita lui-même, comme il avait annoncé son intention de les accompagner dès demain. Dame Sol accepta, à mon grand dam. Elle nous montra la flute que lui avaient donnée les Zarbi, qui pour moi ressemblait plus à un ocarina.

- Comme je vous l'ai dit dans les ruine, cet objet, la Flûte Azur, est intimement lié au culte d'Arceus d'avant la Guerre de Renaissance. On racontait que le Créateur apparaîtrait à quiconque en jouerai au sommet du Mont Couronné, dans la région Sinnoh. La vérité est autre, en réalité. Les sons produit par cette flûte reflètent le souhait de celui qui joue. Comme la légende associait Arceus à la flûte, ceux qui en jouaient avaient en eux l'espoir et donc le souhait de le rencontrer. Arceus, qui entendait de son monde les sons de la flûte, y répondait.

- Donc, si on joue de ce machin en souhaitant trouver les Ruines Sinjoh, Arceus nous y amènera ? Résuma Tannis.

- Sans nul doute. Arceus ne se montrera pas à nous, mais nous ouvrira la voie jusqu'aux Ruines Sinjoh.

- Pourquoi ne pas souhaiter autre chose que ça, si ce machin exauce les souhaits ? Demanda Kerel. Genre, la mort de l'Empereur. Ce serait plus simple.

- Plus simple oui, mais irréaliste, dit Sol. Arceus n'a pas le pouvoir de faire cela. Les pouvoirs de Daecheron rivalisent avec les siens. Et même si Arceus le pouvait, il ne le ferait pas. Quand il a crée ce monde, il s'est interdit de se mêler de ses affaires, à moins que le monde lui-même ne soit en danger. Et enfin, il est dit que la Flûte Azur n'exauce que les souhaits purs. Ce qui n'est pas vraiment le cas d'un meurtre.

- Ou sinon, nous pourrions souhaiter avoir beaucoup d'argent, proposa Cresuptil. Une flûte qui fait apparaître des jails à volonté... le rêve !

- Dame Sol vient juste de parler de souhaits purs, monsieur le maire, lui rappela Cielali.

- Les sons de la flûte ne seront entendus d'Arceus qu'aux Colonnes Lances, au sommet du Mont Couronné, continua Sol.

- Je n'ai jamais entendu parlé de cet endroit, avoua Penombrice.

- Les Colonnes Lances n'existent plus. En tant que vestige du passé et lieu de mythologie, elles ont été détruite par l'Empire. Le Mont Couronné existe toujours en revanche, mais connu aujourd'hui sous un autre nom. La région dans laquelle il se trouvait était la région Sinnoh. C'était une île, jadis, mais suite à la réorganisation du monde quand Xanthos a fondé l'Empire, il a déplacé les continents grâce au Fragment d'Eternité. Sinnoh est aujourd'hui au sud-est de l'Empire, et le Mont Couronné est devenue la chaîne de montagne que l'on nomme l'Asicon.

Je fronçai les sourcil, troublée.

- Dame Sol, au pied de l'Asicon, y'a la cité de Vrucas-Bord. C'est l'une des plus puissantes forteresse de l'Empire. On dit qu'elle est contrôlée par un des G-Man de l'Empereur...

- Nous n'aurons pas à nous y arrêter. Je peux nous amener directement au sommet de l'Asicon en volant.

Kerel cligna des yeux, surpris.

- En volant ? Et tu comptes nous porter tous les six ? Trois humains et trois Pokemon à la fois ?

- Cielali sait sans nul doute voler aussi vite et aussi bien que moi. Comme Penombrice est un spectre, il ne pèse quasiment rien, et Cresuptil ne doit peser beaucoup non plus je pense, ni prendre trop de place. On pourra se débrouiller. Je peux soulever deux humains, soit par les jambes, soit par les mains, ainsi qu'un Pokemon sur mon dos. Je devrai faire souvent des pauses, certes, mais on y arrivera vite. Cielali, tu penses pouvoir transporter Kerel ?

- Euh... Oui, Dame Sol, mais... je ne pourrai sans doute pas aller bien vite.

- Ne t'en fais pas, ma jeune amie. Moi non plus, je ne le pourrai pas avec deux humains et un Pokemon en plus, mais c'est pour cela que j'ai demandé à Cresselia de me trouver un petit quelque chose qui pourra nous y aider.

Elle posa devant nous deux espèces de petit cailloux. Ils semblaient taillés, et laissaient miroiter une lueur gris pâle.

- Des Joyaux Vol, expliqua Sol. Jadis, les dresseurs de Pokemon se servaient de ce genre de joyaux pour augmenter la puissance d'un certain type durant les combats de Pokemon. Cielali et moi, de part Dracoraure, nous sommes toutes deux de type vol. Ces joyaux vont augmenter notre puissance de vol et notre endurance, de tel sorte que nous pourrons soulever nos passagers tout en volant rapidement. Dormez bien et récupérez bien, les jeunes. Nous partons demain à l'aube.