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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 22/07/2015 à 08:42
» Dernière mise à jour le 21/02/2019 à 23:01

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 31 : Aux portes de Fubrica
Uriel fut guidé à sa tâche de Sauveur du Millénaire par son prédécesseur, le vénérable Kaorine chromatique. Oui, ce fut un Pokemon qui fut Sauveur du Millénaire avant Uriel. Rien ne l'interdisait, après tout, et les Pokemon sont parfois bien plus sages que nous.



*****



Isgon retira sa hache du crâne de ce pauvre demeuré de guerrier de Cinhol qui eut la folle idée de se dresser devant lui. Ce type était une exception. D'ordinaire, quand Isgon se présentait devant eux, de toute sa hauteur, avec sa hache double en main, même les plus courageux guerriers de Castel préféraient fuir plutôt que de l'affronter. La réputation du duc n'était plus à refaire, et les forces de Cinhol étaient désemparées en le voyant se battre contre eux.

- Pourquoi faites-vous cela, duc Isgon ? Lui demandaient ces crétins. Pourquoi trahir Sa Majesté ?

Isgon ne répondait jamais. Il n'éprouvait pas le besoin de se justifier. Pour les fiers guerriers du Rimerlot, la loyauté était un concept assez bancal. Ils ne suivaient pas quelqu'un parce qu'il était, de part la loi, leur chef. Ils le suivaient parce qu'ils le respectaient. Isgon avait beau être le duc du Rimerlot, si du jour ou lendemain, il devenait un pleutre doublé d'une vipère, ses hommes ne manqueraient pas de se retourner contre lui. Et c'était comme ça que ça devait être. Castel II passait le plus clair de son temps à brûler les gens et à mentir ; c'était bien assez pour qu'Isgon retourne sa veste une fois de plus. Difficile à croire que ce garçon fut un jour celui pour qui Isgon avait promit sa fille. Ou peut-être était-ce justement la mort d'Ylis qui l'avait changé ? Mais même si c'était le cas, ce n'était pas pardonnable. Isgon avait souffert plus que quiconque de la perte de ses deux enfants, mais ce n'était pas pour cela qu'il aurait fait cramer tous les habitants de Cinhol en guise de vengeance.

La bataille, si on pouvait appeler ça comme ça, se déroulait comme toutes les autres précédentes. Avec l'anneau qu'avait prêté Castel à Isgon, et avec celui que Lyaderix avait pris à Barneas, la coalition des guerriers du Rimerlot et des cavaliers de la Tribu des Chevaux avait libéré pas moins d'une vingtaine de ville des forces de Castel. C'était d'une facilité déconcertante. Il suffisait de se téléporter dans le monde de Cinhol, et de prendre l'armée ennemie à revers avant de revenir dans l'Ancien Monde.

Une stratégie payante à chaque fois, mais Isgon ne l'appréciait guère. Son sang de guerrier lui commandait de foncer sur l'ennemi, sa hache au devant, en poussant jurons et cris de guerre. Arriver par surprise par derrière, pour massacrer des guerriers déboussolés, ce n'était guère honorable. Mais Isgon en avait assez soupé, de l'honneur. Surtout que dans le camp d'en face, il était tout aussi absent. Les soldats de Castel n'hésitaient jamais à se servir des technologies de l'Ancien Monde contre eux, comme ces espèces d'arbalètes noires qui tiraient avec un bruit du tonnerre de dieu. Ils utilisaient aussi, à l'occasion, les Pokemon qu'ils avaient volés aux habitants qu'ils avaient conquis. Et face à un Pokemon, il fallait au moins cinq hommes, si ce n'était plus. Donc Isgon n'avait plus trop de scrupule à se servir de son anneau de transfert.

Les guerriers de Castel étaient préparés à lutter contre l'Armée de Libération ; pas contre une armée du Rimerlot et une cavalerie de la Tribu des Chevaux. Aussi leurs défenses s'effritaient au fur et à mesure de l'avancée d'Isgon. Les villes et villages jusqu'à la capitale tombaient les uns après les autres. Ce blanc-bec de roi était un idiot. Il avait trop dispersé ses forces en désirant conquérir toutes les villes qu'il voyait. Quel intérêt, à part massacrer les habitants ? Isgon ne comprenait pas ce que recherchait Castel. Le roi semblait plus avoir pour objectif d'apporter mort et souffrance autour de lui que de prendre et conserver l'Ancien Monde.

Isgon était un conquérant, un guerrier avide de bataille, mais il savait respecter ses ennemis et surtout bien traiter les civils. Castel ne faisait ni l'un ni l'autre. À chaque ville qu'Isgon reprenait, il voyait toute l'horreur que provoquaient les ordres du roi. Des centaines de bûchers, des viols en pagaille... Les fiers guerriers de Cinhol étaient devenus, sous le règne de Castel II, rien de moins que des bêtes sauvages. Et le pire, c'était qu'ils semblaient ignorer eux-mêmes pourquoi ils avaient fait ça, une fois que les forces d'Isgon les avaient capturés.

À ce rythme là, Isgon et Lyaderix seraient à la capitale sans avoir perdu ne serait-ce que 20% de leur force originelle. Castel était déjà débordé par l'Armée de Libération menée par les résistants de l'Ancien Monde. Il ne pouvait pas combattre sur deux fronts, surtout que ce grand benêt gardait ses vaisseaux de Stormy Sky au dessus de Fubrica, alors qu'ils étaient son seul avantage. Isgon avait participé à la prise d'une ville au coté de l'Armée de Libération, une fois. Il avait même parlé avec un de ses officiers. Isgon se méfiait des gens de l'Ancien Monde, et eux-mêmes n'avaient aucune raison de faire confiance à Isgon. Ils ne se battaient pas en alliés, mais s'étaient promis de ne pas se gêner entre eux. Mais au rythme où allaient les choses, le duc ne doutait pas de devoir composer bientôt avec eux pour le grand assaut de Fubrica.

Aujourd'hui, il se battait dans cette ville périphérique de la capitale, du nom de Tuvrin. La bataille était gagnée depuis longtemps, mais les guerriers de Castel s'entêtaient. Isgon les comprenait. Il savait ce que le roi réservait aux soldats qui fuyaient face à l'ennemi. Ces pauvres gars préféraient mourir l'épée au poing que sur un bûcher. Ça n'empéchait pas le duc de les tuer à la chaîne, pendant que la cavalerie de Lyaderix les harcelait sur le flanc. Le seigneur des chevaux s'était révélé un compagnon d'arme agréable, comme Isgon l'avait escompté. Les deux s'étaient fait la guerre durant des années et se vouaient une haine viscérale, mais durant la bataille, ils étaient faits du même fer.

Justement, le voilà qui arrivait, Lyaderix, avec son armure étincelante marquée de deux chevaux jumeaux, qui maniait la lance d'une main et l'épée de l'autre. Ce bougre, du haut de ses soixante-seize ans, avait passé plus de temps à cheval que sur ses pieds. Il savait diriger sa monture sans même tenir les rennes. Isgon, bien qu'étant de quinze ans son cadet, sentait peser son âge dans ses os quand il se battait. De quoi était fait Lyaderix pour se battre encore ainsi, le duc l'ignorait.

- Et voilà, fit Lyaderix à Isgon en retirant sa lance de la gorge d'un de ses adversaires. C'est mon 60ème !

- Moi, j'en ai eu 105, grommela Isgon.

- Qu'est-ce que tu racontes, vieil ours ? Tu ne sais pas compter jusqu'à 105 !

- Bien sûr que si, vieux canasson, répliqua Isgon. C'est le nombre de fois que je me suis tapé ta sœur.

- Bah, ma sœur a dû compter à ta place alors, fit Lyaderix d'un air pensif. Je me souviens que j'ai dû compter à la place de ta mère passé la dixième fois.

Les deux vieux guerriers se regardèrent, et éclatèrent de rire à l'unisson.

- On est très drôle, hein ? Grogna Lyaderix.

- On est des hommes, fit Isgon avec philosophie. Et on a la chance de vivre à nos âges pour se battre encore. Pour cela, grâce en soit rendue à ces deux trous du cul de bougres d'Haldar, Nirina et Castel II.

Isgon pouvait dire ce qu'il voulait sur les Haldar. C'étaient sans nul doute les plus abominables connards qu'Arceus ait fait venir au monde, mais au moins, grâce à eux, Isgon n'avait jamais manqué de guerre, que ce soit de leur coté, ou contre eux. En trois générations de Haldar, Isgon avait participé à pas moins de cinq conflits. Le premier, ce fut dans sa lointaine jeunesse, contre le roi Festil le Conquérant, qui avait rattaché le Rimerlot au royaume de Cinhol. Isgon avait perdu, mais Festil s'était révélé un adversaire des plus valeureux, et le duc n'avait eu aucun regret à plier le genou devant lui.

Le second, ce fut contre la Tribu des Chevaux, aux cotés cette fois de Festil et de ses deux fils, Rushon et Astarias. Le troisième, ce fut la rébellion contre Nirina, fille de Rushon, aux coté d'Adam Haldar, lui aussi un fils de Rushon. Le quatrième, ce fut la conquête de cette région de l'Ancien Monde, sous les ordres d'Adam, devenu entre temps le roi Castel II. Et le cinquième, c'était celui-là, contre ce même roi Castel II, aux cotés de son vieil adversaire Lyaderix. Un bien beau bordel, en somme. Mais au final, peu importait l'ennemi. L'acte du combat était bien plus intéressant que la raison. Quand la bataille fut bel et bien terminée, et que les rares survivants de l'armée de Cinhol se furent rendus, un des cavaliers éclaireurs de Lyaderix vint au rapport.

- Messires, je reviens de la capitale. L'Armée de Libération y est aux portes.

Isgon fit la moue.

- Ça me gênerait de laisser aux gars de l'Ancien Monde le meilleur morceau à eux tout seul. Qu'en penses-tu, vieux canasson ? On va les rejoindre ?

Isgon voulait se battre bien sûr, mais il avait une autre raison de rejoindre l'Armée de Libération. Il y avait de grande chance que Deornas et Nirina soient là-bas, ainsi que le petit Alroy. Isgon voulait savoir son petit-fils à l'abri, surtout si c'était lui qu'il devait placer sur le trône à la place de Castel.

- Mouais, grogna Lyaderix. J'ai moi-même deux trois affaires à régler là-bas. Un fils à rosser, si tu vois ce que je veux dire.

Le seigneur des chevaux lui avait raconté comment son fils, Leol, l'avait trahi en libérant Nirina et ses compagnons et en les aidant à aller dans l'Ancien Monde.

- S'il se bat contre Castel II, tu le rosseras plus tard.

- Je ne saurai dire contre qui il se bat. Je n'ai jamais vraiment compris cet enfant...

- Bah, s'il ne tient pas de toi, ce n'est pas forcément un mal. Qui est sa mère ?

- J'n'en sais rien, répondit Lyaderix.

Isgon éclata de rire.

- Etais-tu à ce point saoul quand tu l'as conçu pour ne pas savoir avec qui tu le faisais ?

- Je ne l'ai pas conçu. Ce n'est que mon fils adoptif. Cet enfant possède en lui un sang ancien et noble, et je comptais m'en servir le moment venu. Mais j'ai été stupide. Je savais que je n'aurai pas pu contrôler ce sang.

- Que veux-tu dire ? Il ne vient pas de ta Tribu ?

- Non. Il vient de Cinhol.

Isgon haussa les sourcils, surpris. Lyaderix méprisait les gens de Cinhol. Pourquoi aurait-il adopté l'un d'entre eux ?

- Euh... et qui était son père, alors ?

Le seigneur des chevaux lui servit un sourire ironique.

- Ça, je pense que tu le sauras au moment même où tu verras Leol, je pense...


***


L'Amiral Rashok avait réuni tous ses capitaines d'unité dans son vaisseau-mère, le Virago, en prévision de la bataille qui allait se jouer incessamment contre les forces de l'Armée de Libération. Rashok voulait bénéficier de leurs avis et de leurs suggestions en temps direct, aussi chacun d'entre eux avaient dû nommer un capitaine provisoire à bord de leur vaisseau personnel. Si Syal n'aimait pas beaucoup être, durant une bataille, en dehors de son Indomptable, la convocation de l'Amiral l'arrangeait. Ce serait le moment idéal pour agir. Kagezo, son camarade capitaine dans son projet de mutinerie, lui avait assuré des soutiens des capitaines Malteus et Dostrad. Quant à Syal, elle possédait aussi sous son commandement le Vaillant, le vaisseau de Drolohov, le capitaine capturé par Nirina et retenue par l'Armée de Libération. Ça lui faisait donc en tout cinq vaisseaux, soit la moitié de la Quatrième Flotte. Quand le moment sera venu, Syal comptait prendre le contrôle du Virago avec ses hommes infiltrés.

Elle était revenue tant bien que mal du Glacier Infini, avec à son bord les survivants de l'Institut Archéologique. Il s'était passé beaucoup de chose là-bas, avec entre autre chose la disparition de Nirina Haldar. Mais les potes à Leaf avaient réussi à trouver ce pourquoi ils étaient venus : ce Pokemon Légendaire, Triseïdon. À eux de faire la suite contre Castel dans la ville. Syal, elle, avait pour mission de s'emparer de la Quatrième Flotte pour la retourner contre Castel et aider les forces coalisées de l'Armée de Libération. Leaf l'avait contactée ; selon elle, une force de frappe venue de Kanto devait arriver bientôt, ainsi, peut-être, que l'armée d'Isgon qui s'était retournée contre Castel.

Rien que la prise de position de Kanto aurait dû pousser l'Amiral Rashok à renoncer à sa folie de soutenir Castel contre vents et marées. La Stormy Sky n'avait aucun intérêt à entrer en guerre contre le gouvernement de Kanto. Ce serait du pain béni pour la Team Rocket, leur grand rival, qui verrait ses deux ennemis s'entretuer. Syal avait donc toutes les raisons de lancer sa mutinerie contre Rashok. Le Grand Amiral Skadner la soutiendrait. Enfin, si elle réussissait seulement. Si jamais elle échouait, et que Castel gagnait grâce à l'aide de Rashok, elle pouvait être sûre que le Grand Amiral soutiendrait Rashok dans toutes ses idées de punitions. Enfin, elle n'avait pas trop à se soucier de ça, car si Castel gagnait, Syal ne donnait pas de grande chance de survie à la planète.

La flotte survolait Fubrica, chacun des dix vaisseaux s'étant dispersés aux limites de la ville. L'Armée de Libération avait bien encerclé la capitale, et ce depuis un moment. Mais Castel ne voulait pas provoquer le combat. Il attendait que ses ennemis fassent le premier geste. Il avait pour cela regroupé tous les Pokemon qu'il avait pu voler aux dresseurs de la ville dans son enceinte, pour accueillir les rebelles si jamais ils s'avisaient de rentrer. Mais, toujours selon Leaf, Erend Igeus et sa joyeuse bande allaient provoquer un soulèvement au cœur de la ville. Assis sur son siège de commandement, l'Amiral Rashok dévisagea tous ses capitaines. Il termina par Syal, non sans lui avoir réservé son regard bourru habituel, ce qui rendit Syal mal à l'aise. L'Amiral était comme un père pour elle. Il l'aimait, et lui faisait confiance, et elle s'apprêtait à le trahir.

- Très bien, messieurs dames, commença Rashok, nous voici sans doute face à la dernière bataille de cette guerre. Je sais que certain dans nos rangs hésitent. Qu'ils ne comprennent pas ma position. Ce conflit ne devrait pas nous concerner, qu'ils disent. Qu'on ne devrait pas prendre parti. Certains parlent même de soutenir les rebelles à la place de Castel. Que le roi est un fou. Je vais vous dire, moi, ce qu'il en est.

Il prit une grande inspiration, et déclara :

- Oui, sans nul doute, Castel II est fou. Je ne l'ai pas remarqué la première fois que j'ai traité avec lui. C'était un gamin faible et naïf. Je pensais pouvoir en faire ce que je voulais. J'ai eu tort. Il a montré qu'il était capable de s'emparer d'une région. Il a montré une dureté que je n'ai pas crue possible. Mais j'ai continué à traiter avec lui. Quand la coupe est pleine, il faut la boire. Faire valoir la neutralité ne nous rapportera rien. Soutenir l'ancien gouvernement non plus ; ne contrôlions-nous pas déjà plus ou moins la région grâce aux pots-de-vin ? Mais avec Castel, ça ne va pas s'arrêter à cette seule région. Ce bougre dispose de la toute puissance d'un monde entier, grâce à ses anneaux magiques. Il détient un Pokemon Légendaire qui lui accorde une puissance sans limite. Si nous le soutenons lui, nous gagnerons un gros morceau, je vous l'assure ! Je veux m'en faire un allié, aussi taré soit-il. Grâce à lui, la Stormy Sky pourra prendre le dessus sur ses rivaux de toujours, à savoir la Team Rocket, Apocalypto et la Garde Noire. C'est un pari risqué, mais un pari qu'il nous faut tenter ! Si nous réussissons, la Quatrième Flotte sera connue comme celle qui aura amené Stormy Sky dans une nouvelle ère ! Après cela, il ira de soi que je serai nommé comme nouveau Grand Amiral, et chacun de vous tirera les bénéfices de ma promotion, je vous le promets !

Il y eut des vivats dans la salle de commandement. Syal fit semblant de l'acclamer, mais intérieurement, elle était mortifiée. Si Castel était fou, l'Amiral était encore plus fou de parier sur lui. Stormy Sky ne s'était jamais développée en devenant dépendante de qui que ce soit, et surtout pas un doux dingue comme Castel. Elle s'était développée par elle-même. Rashok comptait faire de leur grande organisation une arrière-garde de Castel. Quelle déchéance... Plus que jamais, Syal fut persuadée qu'elle était dans le vrai. Malgré tout ce que l'Amiral avait pu faire pour elle, elle devait agir pour mettre fin à tout ceci. Quitte à tuer Rashok. Quitte à vivre avec ça pour le restant de ses jours...


***


Le sénateur Glen Kearney observait les limites de Fubrica avec les jumelles du général Willis. Tout semblait calme, mais c'était le calme avant la tempête, comme on disait. À ses cotés, il y avait le général Willis et ses officiers, ainsi que l'ambassadeur Iridien Elson. Son collègue, le sénateur Dusan Karsio, s'était révélé introuvable depuis quelque heures. Où était-il passé à quelques minutes du lancement de la bataille finale, ce vieux grincheux ?!

Le général continuait de consulter les plans de la ville et d'y établir des stratégies connues que de lui seul. Glen avait appris, depuis le temps, à ne pas chercher à comprendre les plans du général Willis ; ils pouvaient paraître dingues ou incompréhensibles, mais ils étaient le plus souvent couronnés de succès. Sauf que pour cette bataille, il y avait de nombreuses inconnues que même un génie militaire comme Willis ne pouvait pas prédire : l'heure d'arrivée des forces de Kanto, la venue ou non de l'armée rebelle de Cinhol, la réussite ou non de la mutinerie dans la flotte Stormy Sky, le soulèvement ou non au cœur de la ville, et surtout, la stratégie que Castel adopterait. Car Castel était un gros problème. Le général Willis savait bien juger ses adversaires, mais Castel était un cas à part, tout simplement parce que Castel était fou. Et on ne pouvait jamais prévoir ce que les fous feraient.

- Nous attaquerons dès que le général Lance arrivera, décréta Willis à ses officiers. Ce sera l'unité du colonel Bowers qui utilisera l'anneau de transfert pour entrer dans la capitale via le périphérique ouest.

- Le périph ouest, général ? S'étonna un de ses subordonnés. Ne vaudrait-il pas mieux attaquer l'Avenue du Mérite ? C'est là où sont rassemblées les principales forces ennemies. Avec l'anneau, nous pourrons les surprendre, et...

- Castel sait que nous avons un anneau, coupa Willis. Il ne fait aucun doute qu'il s'attend à ce que nous frappions ici. Nous ne lui ferons donc pas ce plaisir. Après avoir pris le périphérique ouest, nous pourrons installer une avant-garde, constituée principalement de Pokemon défensifs, et...

Glen n'écoutait plus. Quel intérêt, de toute façon ? Il était un politique, pas un soldat. À l'heure actuelle, le général avait plus besoin de soldats que de sénateurs, mais Glen Kearney ne comptait pas rester sans rien faire lors de la bataille. En tant qu'ancien sénateur de la République de Bakan, il était de son devoir d'assister au plus près à la défaite de l'usurpateur Castel Haldar pour ensuite pouvoir réintégrer la République. Il se devait donc d'être là, dans la ville. Il comptait rejoindre Erend Igeus, s'il le pouvait. C'était risqué, il en avait conscience. C'était peut-être pour cela que Dusan avait filé, n'acceptant pas ce risque insensé. Mais Fubrica aurait besoin d'une figure d'autorité légitime pour la diriger après tout ça. Glen tenait à être là, pour rassurer les citoyens.

Une demi-heure plus tard, un éclaireur de Willis leur rapporta que l'armée des rebelles de Cinhol s'approchait de la capitale, elle aussi. Une bonne nouvelle, bien que tout le monde ici se méfiait quand même de ces types là, apparemment menés par un ancien duc de Castel et le chef d'une tribu de cavaliers barbares. Enfin, tant qu'ils causaient des problèmes à Castel, c'était bon pour l'Armée de Libération. Iridien Elson, en sa qualité d'ambassadeur, était allé à leur rencontre. Quand il revint, il avait des informations.

- Le duc Isgon et le chef Lyaderix possèdent tous deux un anneau de transfert, annonça-t-il au général. Avec le nôtre, ça nous en fait trois à notre actif.

- Selon Nirina Haldar, il y en a cinq en tout, dit Glen. Castel doit donc encore en avoir deux. Il en aura sûrement gardé un pour lui. Reste à savoir à qui il a donné l'autre.

- Et il est à craindre que ce quelqu'un qui a cet anneau se soit peut-être déjà téléporté à Cinhol pour y attendre nos troupes quand elles passeront les anneaux, dit Willis.

Glen et Iridien se dévisagèrent. Aucun d'entre eux n'avait pensé à ça.

- Je veux un Pokemon maîtrisant Téléport avec chaque unité qui aura un anneau, ordonna le général. Ils pourront ainsi se téléporter au premier signe d'embuscade. Iridien, allez en donner deux à Isgon et Lyaderix.

L'ambassadeur reparti à bord d'une voiture allouée. Le général Willis était en train de marquer sur une carte de la ville les cibles prioritaires à abattre, quand le ciel sembla devenir rouge. Tout le monde tourna son regard en direction de Fubrica. Juste au dessus du palais de Castel, au centre de la ville, une colonne de feu avait surgit et montait jusqu'aux cieux. Le feu se tordit, les flammes se croisèrent, jusqu'à prendre la forme d'un visage dans le ciel. Un visage grossier et souriant, qui s'exprima d'une voix aussi brûlante que les flammes dont il était constitué.

- À tous ceux qui osent défier mon autorité, je vous le dis, venez !

Ce phénomène semblait être tout simplement un message de Castel lui-même, mais il fit son effet parmi les hommes. Plusieurs d'entre eux reculèrent, le visage convulsés par la peur. C'étaient des militaires. Ils savaient se battre contre des ennemis avec des pistolets, ou avec des épées, mais pas contre des trucs paranormaux comme ça.

- Venez, répéta le visage en flamme de Castel. Divertissez-moi avant le grand final de ce monde ! Je suis Castel Haldar, le cauchemar de Bakan. J'ai mis à bas votre République, j'ai transcendé les époques, je possède les plus puissants Pokemon et je suis moi-même le plus puissant dresseur du monde ! Venez donc me défier. Mon champion est le feu, et c'est par le feu que je purifierai cette ville, cette région, le monde, et vous tous !

Le visage de flamme se dissipa dans le ciel, le laissant avec une teinte orangée. Dans le camp régnait dorénavant le silence absolu. Le général se leva et parla à ses hommes.

- Du nerf, soldats ! Ce n'était qu'un artifice né sans doute de sa bestiole qui a mis le feu au Sénat ! Castel n'est qu'un homme, malgré ce qu'il veut vous faire croire. Tirez-lui dessus, et il se videra de son sang comme tout le monde ! Mais ça, ce n'est pas notre rôle. Le nôtre est d'affronter son armée et de la bouter hors de notre capitale ! Vous tous ici, vous avez sûrement de la famille en ville, qui ploie sous le règle dément de ce malade. Vous l'avez entendu ?! Il veut purifier le monde par le feu, ce rigolo ! Vous comptez laisser ce gus vous cramer aujourd'hui ?!

- NON MON GENERAL ! Clamèrent les hommes d'une seule voix.

- Vous comptez laisser notre région et notre monde aux mains de ces rustres en armure ?

- NON MON GENERAL !

- Eh bien tant mieux ! C'est notre patrie ici, pas la leur ! Ils n'en feront pas ce qu'ils veulent. Aujourd'hui, nous reprenons ce qui est à nous !

Willis leva son bras au milieu des acclamations. Glen se surprit lui aussi à donner de la voix. Le général était vraiment un homme charismatique et compétant. Si la bataille était gagnée aujourd'hui, ça serait lui le plus apte à prendre les rênes du pays en attendant qu'un nouveau Sénat soit reformé. Comme un signal, ce fut ce moment que choisirent les transports de Kanto d'arriver par l'ouest. Près d'une dizaine de cuirassés, et dans l'un d'eux se trouvait le légendaire général Peter Lance, Maître Pokemon de Kanto, commandant en chef de ses armées et leader de l'Ordre G-Man ; un type qui valait sans doute une armée à lui seul.

Tout le monde était là. D'un seul cri de guerre : « BAKAN ! », le général Willis donna le signal du début de la bataille. Près de cinq cent ans après, la République de Bakan assiégeait une nouvelle fois Castel Haldar. Et Arceus veuille que ce soit la dernière.