Chapitre 14 : De sa faute
Chapitre 14 : De sa faute
« Soklar ? Est-ce que … tu boudes encore ? »
« Je ne suis pas en train de bouder. Tu donnes l'impression que je ne fais que ça, Melgana ! »
« Mais non … c'est juste que … hum … Soklar, tu m'en veux ? »
« Je t'en veux énormément et terriblement, tu dois pourtant bien le savoir non ? » dit-il en la regardant, la jeune femme aux cheveux auburn hochant la tête positivement.
« Je le sais … mais j'osais espérer que ça ne soit pas le cas. Est-ce que je peux voir tes blessures ? Tu sais, je serais capable de les soigner hein ? »
« Je préfère éviter tout contact avec toi maintenant que nous sommes en sécurité. Je ne me sentirais justement pas en sécurité si tu te rapprochais de moi. »
« SOKLAR ! S'il te plaît ! Ca ne devient plus drôle du tout ! Je ne suis pas comme ça ! Je n'ai jamais eut envie de te faire du mal ! »
« Et pourtant, tu l'as fait, Melgana. J'en ait encore la preuve sur mon corps. »
Impossible de le contredire. Elle savait qu'il avait parfaitement raison mais comment le lui expliquer ? Que ce n'était pas … elle dans ces moments là ? Que ce n'était pas elle qui réagissait ainsi ? Que jamais, elle n'avait voulu faire de mal à Soklar.
« Soklar, mon adorable petit frère. Comprends-moi, s'il te plaît. Même si tu ne sais pas … exactement ce qui se passe, je peux te promettre que ... »
« Tu ne me diras rien du tout, c'est bien ça ? Je le sais ! »
« Pourquoi … enfin, je ne peux pas … car c'est vraiment compliqué, tu sais ? »
« Non , je ne sais pas, justement ! Je ne sais rien du tout à ce sujet ! C'est ça le problème, Melgana ! Tu veux croire que je peux tout savoir mais non ! NON ET NON ! »
« Pourquoi est-ce que tu t'énerves, Soklar ? S'il te plaît … Est-ce qu'il faut que je me mette à genoux devant toi pour que tu m'écoutes ? »
« Ça ne marchera pas comme ça, grande sœur et … qu'est-ce que ... »
Pourquoi est-ce qu'elle se mettait à genoux ? Il avait signalé que ce n'était pas nécessaire ! Il n'en avait pas envie, c'était juste ridicule et n'importe quoi ! Il la regarda avant de poser ses mains sur ses aisselles, cherchant à la remettre debout. Il marmonna :
« Tu te rends tout simplement ridicule, grande sœur ! »
« Non, je veux que tu me pardonnes, c'est différent ! Je pourrais passer des jours et des nuits pour cela ! Alors … Soklar … » commença à dire la femme aux cheveux auburn avant de se laisser relever par Soklar. Soudainement, elle le prit dans ses bras, le pressant contre elle.
Il n'a pas le courage de la repousser. Il sait que s'il le fait, elle va s'en vouloir à jamais. Alors, il reste juste immobile. Il a la tête logée contre ses seins, les yeux fermés. Auparavant, ça l'aurait gêné mais là, il n'en avait pas la volonté. De marbre et complètement stoïque, il n'écoutait que distraitement ce qu'elle lui disait.
« Soklar, tu es … tout pour moi. Tu es … tellement important, je ne veux pas que tu l'oublies. Je ne veux que pas tu regrettes cela ... »
« Tais-toi, grande sœur. Je t'ordonne de te taire, je ne veux plus t'entendre, compris ? »
« Mais … Soklar, si je ne parle pas, comment ... » commença t-elle à dire alors que Soklar se mettait maintenant à crier avec colère :
« LA FERME ! Si tu continues, je risque de ne jamais te pardonner ! A toujours vouloir t'excuser à chaque fois, c'est chiant ! CHIANT ET CHIANT ! Si tu assumais au moins tes actes au lieu de dire à chaque fois que c'est de la faute de cette marque ! »
« Soklar, je ... » dit-elle mais il posa ses mains sur le dos de Melgana, la serrant avec trop de force, arrachant un cri de douleur à sa sœur. Les blessures de chacun n'étaient pas refermées, loin de là et ils souffraient tous les deux.
« Bon maintenant, je t'ai dit de te taire, je ne veux plus entendre ta voix de la journée. »
C'était peut-être un peu indélicat de sa part mais qu'importe, si elle ne comprenait pas une phrase aussi simple, il ne pouvait plus rien pour sa sœur. Ils restèrent ainsi pendant une bonne quinzaine de minutes, Melgana finissant par s'asseoir sur le lit avant de finalement se coucher dessus, Soklar toujours dans ses bras.
« Mais qu'est-ce que je suis sensé faire ? Qu'est-ce que je dois faire ? »
Qu'est-ce qu'elle devait faire ? Soklar était à bout et elle le savait. L'adolescent dans ses bras allait bientôt devenir un superbe jeune homme et elle ne pouvait rien faire pour empêcher ça. Pieds et mains liés devant le destin qui les attendait tous les deux.
« Grande sœur … j'aimerai me retirer de tes bras. Tu m'étouffes avec tes seins. »
« Soklar ! On ne parle pas ainsi de sa grande sœur. Tu pourrais avoir un peu de décence, n'est-ce pas, non ? Bon … Ce n'est pas grave, pas du tout. »
Elle avait dit cela en souriant sous son masque. Elle avait envie de le retirer et de couvrir de baisers le crâne de Soklar mais elle n'en fit rien du tout. Ce n'était pas comme ça qu'elle devait réagir pour Soklar. Elle murmura :
« Soklar, est-ce que tu veux dormir un peu ? Tu dois être fatigué, non ? »
« Un petit peu … alors … mais je n'ai pas la force de bouger, je suis désolé, Melgana. »
« Ce n'est pas vraiment un souci à mes yeux, loin de là. Fais dodo, mon petit frère. » termina t-elle de dire en chuchotant plus que tendrement aux oreilles de l'adolescent.
Finalement, il ne bougea plus du corps de la jeune femme aux cheveux auburn. La tête coincée entre le sillon mammaire de la demoiselle, Soklar semblait comme apaisé. Un apaisement qu'elle aimerait tellement avoir pour elle aussi. Néanmoins, après plusieurs minutes, c'est elle qui sombre dans le sommeil et finit par rejoindre Soklar au pays des songes. Elle devait … se reposer, pour pouvoir le soigner demain, mais elle aussi.
Pendant la nuit, les yeux de Soklar s'ouvrirent. Seul le rayon lumineux de la lune éclairait la chambre de l'auberge dans laquelle ils dormaient. Un seul et unique mot … avec lui sur sa grande sœur. Il se redressa un peu, remarquant que ses vêtements collaient au corps, comme la jeune femme aux cheveux auburn. Hum … Euh … Il y avait les marques de transpiration là où il ne fallait pas. Il avait les yeux rivés sur la poitirne de sa grande sœur, passant une main dans ses propres cheveux trempés par la sueur.
Il se dirigea vers une bassine remplie d'eau, commençant à se déshabiller. Il devait se montrer discret pour ne pas réveiller sa sœur. Plongeant dedans, il grelotta un peu. L'eau était ni chaude, ni froide, simplement tiède. Ah … Il avait besoin de réfléchir. Il en voulait à sa sœur pour son incapacité à contrôler ses colères … Mais si ce n'était que cela. C'était un mal bien plus profond en fait, beaucoup plus profond. Et ce n'était pas aussi simple.
« Elle est devenue ainsi … depuis que j'ai accepté cette marque. »
En fait, ce n'était pas uniquement ça. C'était depuis le jour où il avait commencé à utiliser ses pouvoirs mais surtout depuis le moment où Melgana avait accepté qu'il les garde. Tout ça à cause de cette fichue marque sur son corps, il en était sûr et certain ! TOUT CA A CAUSE DE CA ! QUEL IDIOT ! C'était lui le responsable de tout ça !
Il se redressa dans la bassine, émettant un petit cri de colère, Melgana marmonnant dans son sommeil, gesticulant un peu avant de finir par ouvrir les yeux sous son masque. Elle fit quelques mouvements, le masque tombant de son visage. Elle remarqua son frère qui lui tournait le dos, debout devant elle mais complètement nu.
« Soklar ? Tu … fais quoi ? Il faudrait … que tu ailles dormir. »
« Melgana ? Je ne voulais pas te réveiller, grande sœur. Il vaut mieux pour toi que tu dormes. Promis, je voulais juste me laver un peu et ... »
Il s'arrêta dans ses paroles, s'étant retourné pour lui faire front. Aussitôt, il eut un léger malaise en la regardant. Malgré la lueur de la Lune, il voyait à peine son visage non-masqué mais surtout, il remarquait qu'elle baissait les yeux avant de chuchoter :
« Soklar … tu es vraiment un bel homme sur ce plan aussi. »
Elle avait remis presqu'aussitôt son masque, confuse tandis que lui-même replongeait dans la bassine, vivement gêné, de l'eau en sortant. Zu … ZUT ! C'était quoi ça ? Il voulait se montrer encore plus ridicule qu'auparavant ?
« Grande sœur, tu n'as rien vu hein ? Dis-moi que tu n'as rien vu ! »
« Plutôt le contraire, Soklar. J'ai tout vu … comme tes blessures, et toi ? Tu as vu ? »
« Non, non ! Promis, je n'ai rien vu du tout … Et je ne sais pas pourquoi je me sens mal maintenant. J'ai comme un petit poids au coeur. »
« Un petit poids au coeur, comment ça ? Raconte moi tout, Soklar. »
« Je ne sais pas comment l'expliquer ! Quant j'ai cru voir ton visage, j'ai eut vraiment très mal au coeur. Comme si je m'étais pris un coup de dague. Je ne sais pas comment l'expliquer … mais je vais finir par croire que je ne dois vraiment pas voir ton visage, grande sœur. »
« Sors de cette bassine, essuis-toi et retourne donc au lit. Tu es fatigué et épuisé … c'est normal que tu aies mal un peu partout, Soklar. C'est parfaitement normal ... »
« Non ! C'est pas pareil ! Je me sens quand même mieux que depuis le combat mais là … c'était vraiment juste quand je t'ai vue. Et je vais faire ce que tu as dit. »
Mais surtout, après s'être essuyé, il allait se rhabiller. Ah zut, juste garder le pantalon de toile car sinon son haut allait être trempé. Elle le vit se rapprocher du lit, bougeant un peu pour lui laisser de la place. L'adolescent s'installa, s'enfonçant sous la couette avant de rechercher le sommeil en murmurant :
« Je suis désolé, grande sœur … pour les ruines … et tout le reste. »
« Tout le reste ? Pourquoi dis-tu cela ? Qu'est-ce que tu insinues par tout le reste ? »
« Non rien … grande sœur … je suis juste désolé de te causer autant de tort. »
Elle chercha des explications aux propos de Soklar mais n'arriva pas à voir où est-ce que l'adolescent avait à s'excuser. Elle posa une main sur sa chevelure trempée, la caressant tendrement. Peut-être qu'il valait mieux ne pas poser de question pour le moment.
Ah … Cette fichue marque dont elle ne pouvait pas se débarrasser pour que Soklar soit l'unique porteur … mais aussi, sans elle, elle n'aurait jamais put le défendre. Mais bon, cette marque était autant une malédiction qu'une bénédiction et elle ne pouvait pas l'oublier. D'un geste lent, sa main glissa des cheveux de son frère pour caresser sa joue.
« Tu n'as rien à te reprocher, Soklar. Rien du tout. C'est moi qui ... »
Elle ne pouvait le lui dire, surtout qu'il était encore éveillé selon elle. Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle connaissait la raison qui avait fait souffrir l'adolescent en la regardant. Elle ne pouvait pas le lui dire directement … car cela reviendrait à le perdre à tout jamais. La seule choe qu'ele pouvait se permettre, c'était de le protéger comme elle l'avait toujours fait : avec ses excès, avec ses abus, avec son coeur, avec mon corps.
« Soklar … tu es …. tout ce que j'ai. Vraiment tout ... »
Tout ce qu'elle avait. Sans lui, elle ne possédait plus rien dans ce monde. Si elle se répétait cette phrase ces derniers temps, que cela soit verbalement ou alors par la pensée, c'était tout simplement qu'elle aussi avait une mauvaise prémotion. Comme si bientôt, Soklar allait la quitter définitivement … comme si bientôt … elle allait le voir la quitter.
« Sans pouvoir l'arrêter, sans pouvoir le garder ... »
Elle devait elle aussi s'endormir. Rester éveillée ne mènerait à rien de bon. Ses mains serrèrent avec plus de force l'adolescent. Encore une fois … elle devait laisser la chaleur de son corps envahir Soklar, pour lui faire comprendre ses sentiments.