Team Rocket X-Squad de Malak

Djosan pilotait le chasseur furtif qui devait les mener, lui et le professeur Grivux, au volcan de Cramois’île. La furtivité était indispensable, maintenant que tout Kanto était soumis au contrôle absolu de Lady Venamia. Chaque villes de la région comprenait une garnison Rocket pour la surveiller, comme si, dans son délire paranoïaque, Venamia s’imaginait des traîtres partout. Bien que Cramois’île était désormais qu’une île stérile, ravagée par l’éruption du volcan il y a de ça des années, certaines personnes avaient commencé à revenir y vivre. Aussi Djosan pouvait compter sur quelques âmes damnées de Venamia pour contrôler les arrivées et les sorties. Mais Djosan comptait atterrir le plus près possible du volcan, là où aucun Rocket n’irait s’aventurer.

- Que nous approchassions de Cramois’île, professeur, fit-il à l’arrière. Votre machine est-elle fin prête ?

Natael était toujours en train de calibrer sa bombe Arctimes, qu’il n’avait pas lâché depuis leur départ de la base. La bombe avait l’apparence d’une boule à taille humaine. Même Djosan, qui était fier de sa musculature, n’avait pas su la soulever seul. Il lui avait fallu demander l’aide de son Mackogneur.

- Elle est prête depuis le début, mon ami, répondit Natael. Je n’effectuais que des vérifications, des revérifications, et des rerevérifications. Vous n’imaginez pas le risque que l’on court en manipulant cet engin là. C’est s’amuser avec le temps lui-même. Et, aussi ingénieux soient les humains, ils ne sont pas Dialga. Si j’ai mal calibré la bombe ne serait-ce que d’un millième, je pourrai provoquer une catastrophe temporelle.

- J’ai toute confiance en vous, Natael Grivux.

C’était vrai. Même si Djosan ne comprenait en général pas plus de 10% de ce qu’il disait, le bon professeur avait souvent habitué la X-Squad à réaliser des prouesses. Son seul défaut était son manque de confiance. Encore que, dernièrement, ça s’était largement amélioré. Quand Djosan l’avait rencontré, le pauvre homme ne finissait même pas ses phrases tellement il bafouillait. Ancien collègue de Livédia Crust, la mère des jumeaux et de Venamia, il se sentait responsable de sa mort, mais aussi responsable de la création de la plus vile créature qui soit : Diox-BOT, le Pokemon Méchas en chef. En tentant de créer cette chose, la Team Rocket était sûrement allée trop loin. Elle avait pensé pouvoir le contrôler, mais ce ne fut pas le cas. C’était un peu pareil pour ce projet Arctimes, sauf que lui avait été enterré dès l’accident de Vrakdale. Natael avait raison ; les humains n’étaient pas des dieux pour jouer ainsi sur leurs plates-bandes. Il ne pouvait en résulter que des catastrophes.

Une fois au dessus de Cramois’île, Djosan posa son appareil vers le sommet du volcan, à un endroit assez plat pour cela. Ceci fait, il fit une fois de plus appel à son fidèle Mackogneur pour soulever la bombe. Le Pokemon combat avait perdu un de ses quatre bras lors d’un combat il y a deux ans, mais il avait été remplacé par la technologie Rocket par un bras synthétique, encore plus solide, comme celui de Mercutio Crust. Mackogneur vous soulevez cette sphère géante de quelque trois cent kilos comme il aurait soulevé un œuf de Pokemon. Natael resta derrière Mackogneur tandis qu’il avançait, le conjurant d’être très précautionneux.

- Jamais… jamais plus je ne travaillerai sur de tels engins de mort, souffla Natael après que Mackogneur eut un peu trop remué la bombe à son goût en sautant une petite crevasse.

- En quoi cela diffère-t-il d’une bombe nucléaire ? Demanda Djosan. Ou du super-laser à Eucandia du Mégador ? Une arme est une arme, professeur. Que ce ne fussent pas les armes qui tuât les gens, mais bien les gens qui s’entretuent entre eux.

- C’est vrai, mais certaines armes sont plus propres que d’autres. Sur ces machins là, le moindre effet secondaire peut provoquer des choses horribles. Voyez ce qu’est devenu Vrakdale ; condamné à souffrir de plus en plus, prisonnier d’un corps hors de la trame normale du temps, incapable de mettre fin à ses jours…

- Eh bien, par ma foy, nous allons fort contenter ce sieur Vrakdale en le tuant alors. Soulager les âmes en peine est le devoir du fier chevalier que je suis, assurément.

Mais, à l’entrée de la grotte donnant sur l’intérieur du cratère, Djosan s’arrêta d’un coup, et fit signe à Natael de se taire. Tout le volcan était rempli d’individus à manteau noir, tous portant un masque de Smiley. Il y en avait au moins une cinquantaine, immobiles, se contentant de garder l’endroit.

- Q-quoi ? Bafouilla Natael. Qui y’a-t-il, Sire Djosan ?

- Des sbires des Agents de la Corruption, expliqua-t-il à voix basse. Un fort grand nombre.

Djosan se souvenait des propos d’Eryl Sybel, qui qualifiait de morts-vivants tous ceux qui portaient ce masque à l’image de Mister Smiley. Djosan n’avait jamais encore affronté de morts-vivants. L’existence de pareils êtres était une insulte pour lui. Un mort se devait de rester mort, il en allait de son honneur !

- Ils ont sûrement dû anticiper notre plan, dit fébrilement Natael. Ils savaient que le seul endroit où nous aurions pu menacer la vie de Vrakdale, c’est ce volcan.

- Mais pourquoi Vrakdale voudrait-il nous empêcher de l’occire ? N’aviez-vous point dit que sa vie était un enfer, et que ça n’irait non pas en s’arrangeant ?

- C’est le cas. Je ne puis imaginer quelqu’un subissant son sort et refusant de mourir s’il le pouvait. Peut-être Vrakdale n’est-il pas au courant de tout ceci. Quelqu’un connaissait notre plan, et voulait empêcher la mort de Vrakdale.

Djosan fronça les sourcils.

- Probablement ce bougre de traître de Silas Brenwark. Mais alors… s’il savait pour ici, il doit aussi savoir pour le reste de l’équipe au Pilier Céleste !

- Nous ne pourrons pas les prévenir à temps, gémit Natael. Tout ce que nous pouvons, c’est leur faire confiance, et poursuivre notre propre mission.

Le chevalier se gratta son immense moustache rose.

- Tout cela est bel et bon, professeur, mais, tout valeureux guerrier que je sois, je doute de venir à bout de cinquante de ces morts remuants. Et j’imagine que l’utilisation de mon camarade Titank n’est guère conseillé en ce lieu.

- Sauf si vous voulez provoquer un catastrophe, en effet.

Sire Djosan fit la moue. Que voilà une fort grosse merdasse dans laquelle ils se trouvaient, assurément.


***


La base G-5 était presque en vue de Pacifiville quand Solaris rentra. Elle se dépêcha d’expliquer le plan qu’elle avait mis au point avec Octave au général Tender et à Estelle. Ces derniers eurent l’air préoccupé.

- Madame Solaris, commença Estelle, on vous a envoyé négocier une alliance avec l’Empereur Octave, pas décider à vous seule d’une attaque organisée contre Venamia.

- J’ai un peu dépassé mes prérogatives, je le reconnais, avoua Solaris. Mais c’est là une occasion unique. Nous savons que Venamia va arriver avec son Mégador. Octave est d’accord pour tendre une embuscade avec sa propre flotte. Si nous parvenons à infiltrer le Mégador, nous pourrons saboter son super-laser, le rendant ainsi vulnérable à la flotte de Lunaris.

- Même sans son super-laser à Eucandia, le Mégador reste un monstre, répliqua Tender. Il peut contenir une flotte à lui seul, et son armement dépasse tout ce qui est imaginable.

- Octave a dit qu’il viendrait avec toute sa flotte, précisa Solaris. Tout ce que peut avoir l’Empire Lunaris comme force militaire. Cinquante Asmolés, et des milliers de moyens et petits vaisseaux. Il nous faut juste détruire le superlaser avant son arrivée. Et secourir Julian, le prince.

- Oui, et tout ça en nous occupant de Vrakdale qui veut faire chuter le Pilier Céleste, rappela Estelle.

- Je pense que Venamia reste prioritaire.

Tender haussa les sourcils.

- Vous êtes une Gardienne de l’Innocence, et vous voulez laisser tomber votre dernier Pilier de l’Innocence ? Vos Apôtres sont-ils d’accord avec ça ?

- Ils le seront, certifia Solaris. Comprenez que Venamia détient deux tiers de l’âme d’Horrorscor. Si nous l’éliminons, Horrorscor sera affaibli à jamais. Dès lors, les Piliers de l’Innocence sont secondaires. Et c’est aussi valable pour vous, madame Estelle. Une fois Venamia morte, son régime s’effondrera comme des dominos. Cette seule bataille pourra mettre fin à nos deux guerres.

Estelle et Tender échangèrent un regard. Ils voyaient bien les bénéfices, mais aussi les risques.

- Très bien, dit enfin Estelle. Montons dans la salle de commande, mettre tout ça au point avec les autres.

Quand ils furent tous au sommet de la base, dans la salle où Mercutio se chargeait de faire voler la base, Tender les informa de leur changement de plan. Solaris prit bien soin de baisser les yeux pour ne pas affronter les regards accusateurs des jumeaux Crust. Elle avait après tout décidé à elle seule de condamner leur demi-sœur.

- Il faudra donc une équipe pour pénétrer à l’intérieur du Mégador, conclut Tender. Une équipe qu’il faudra diviser. Un groupe devra aller saboter le superlaser à Eucandia, et un autre trouver le prince Julian et l’extraire sans mal.

- Et quelqu’un devra s’occuper de Venamia, non ? Fit remarquer Ithil. Elle aura toujours moyen de s’enfuir avant que la flotte Lunaris ne lui détruise son vaisseau.

- J’irai me charger d’elle.

Ce fut Mercutio qui dit cela. Tous les regards se tournèrent vers lui.

- Tu es sûr, fiston ? Lui demanda le général. Tu t’en crois capable.

- Bien sûr que oui. Je suis un Mélénis, Venamia une simple humaine. Elle a beau avoir Ecleus, elle ne pourra rien contre le Flux.

- Ce n’est pas ce que je voulais dire.

Mercutio baissa la tête. Il avait très bien compris la question sous-jacente du général : seras-tu capable de tuer ta propre sœur ? En toute sincérité, Mercutio n’en savait rien. Mais il ne voulait pas l’envisager. Ce qu’il voulait, c’était avoir Siena en face de lui, pour trouver un moyen de la sauver d’Horrorscor.

- Je ferai ce que je dois faire, certifia néanmoins Mercutio.

Tender n’insista pas.

- Très bien. Galatea, toi, vaut mieux que tu restes ici. Si on doit se lancer dans une bataille contre le Mégador, on aura besoin d’un Mélénis pour diriger cette base ; nos quelque Pokemon psy ne suffiront pas.

- À vos ordres.

- Solaris, on aura aussi besoin de vous dans la bataille, continua Tender. Vous savez voler, et vous pourrez aider la flotte de votre neveu. Zeff, Ithil et Goldenger, vous viendrez dans le Mégador… avec moi.

- Vous, général ? S’étonna Estelle.

- Moi. Pas question que je me tourne les pouces cette fois-ci. J’irai chercher et récupérer le prince Julian avec Zeff. Ithil et Goldenger, vous vous occuperez du superlaser.

- Comment vous rentrerez dans le Mégador, au juste ? Demanda Domino. Vous parlez d’infiltration, mais si vous faite un trou dans la coque avec vos pouvoirs Mélénis, je pense que Venamia sera un peu au courant. Et ce sera alors impossible pour vous de vous déplacer, encore moins de trouver le prince.

- On doit bien avoir un vieux transport Rocket dans la base, dit Mercutio. Durant le gros de la bataille, il suffira de nous faire passer pour un vaisseau à Venamia et rentrer dans le Mégador.

- Venamia n’est pas laxiste au point de faire rentrer tous ceux qui abordent le pavillon Rocket sans vérification, répliqua Estelle. Il y a un système de code.

Mercutio sourit insolemment.

- Et qui vérifie les codes ? Un humain, j’imagine.

- Euh… évidement. Ce doit être le responsable des communications du pont…

- Le Flux n’a pas de limite de distance pour établir une emprise mentale. Si je me concentres bien sur la voix qui nous demandera nos codes d’authentification, je pourrai brouiller ses pensées à distance, et lui faire croire que notre code est correct.

Estelle le dévisagea étrangement.

- Rappelez-moi de toujours faire gaffe quand je vous adresse la parole. Vous autres Mélénis êtes effrayants…

- Il va nous falloir les plans du Mégador aussi, leur dit Ithil. Le vaisseau fait la taille d’une ville entière. Nous pourrons errer des semaines avant de trouver la salle de contrôle du superlaser ou les quartiers du prince Julian.

- Natael a les plans sur son ordinateur, intervint Galatea. Il a travaillé sur le Mégador aussi. Je me rappelle qu’il me les avait montré un jour.

- Alors, ne trainons pas, et étudions tout ça, ordonna Tender.

Quand ils eurent terminés, le Pilier Céleste était déjà en vue, mais aucun signe du Mégador. Tous se perdirent dans la contemplation de cet édifice millénaire, qui montait jusqu’aux nuages. La légende voulait qu’il eut été battit il y a trois mille ans pour remercier le légendaire Rayquaza d’avoir mis fin au combat titanesque entre Groudon et Kyogre. Le peuple d’Hoenn d’autrefois montait au sommet du Pilier pour vénérer Rayquaza. Et c’est grâce à toutes ces prières que Rayquaza put méga-évoluer, devenant ainsi le tout premier Pokemon à expérimenter la Méga-évolution. Outre le fait que cet édifice était un Pilier de l’Innocence, c’était aussi un lieu historique de grande valeur pour tous les dresseurs de Pokemon du monde.

- S’il y a bataille entre le Mégador et toute la flotte Lunaris, ça va chauffer pour Pacifiville en dessous, dit Estelle. Leurs maisons sont bâties sur des pilotis. Au moindre tir perdu, tout va s’écrouler pour eux.

- La ville n’est pas bien grande, fit Tender. On peut accueillir la population dans la base.

- Je m’en charge, dit Ithil. Pour la justice, je vais prévenir ces braves gens.

- Ouais, dis-leur aussi qu’un grand malade compte détruire leur Pilier, ajouta Zeff. Peut-être que certains d’entre eux, des dresseurs, voudront nous aider.

- Mec, tu vois vraiment les habitants d’une ville qui s’appelle « Pacifiville » avoir envie de se battre toi ? Ricana Mercutio.

Mais il se trouve que Mercutio eut tort. Une heure plus tard, Ithil était revenu avec une bonne moitié du village, dont quasiment tout le monde désirait aider pour la sauvegarde du Pilier Céleste, soit environ une centaine de dresseurs, et environ quatre cent Pokemon.

- Mais… et les autres ? Demanda Tender. Tous ceux qui sont restés en ville ?

Le représentant des villageois baissa la tête.

- Ils ne veulent pas bouger, monsieur. Ils entendent bien rester sur place.

- C’est de la folie, estima Estelle. Toute votre ville pourrait être détruite suite à cette bataille !

- C’est leur choix. Je ne peux les forcer.

Sur ce, Domino arriva avec un téléphone en main.

- Madame, dit-elle à Estelle, c’est le ministre de la défense d’Hoenn au bout du fil. Il exige de savoir pourquoi une base Rocket se trouve dans son territoire aérien.

- Y’a un ministre de la défense à Hoenn ? S’étonna Zeff.

Tout le monde ici savait que la région ne comprenait quasiment aucune armée propre, comptant exclusivement sur les dresseurs et le Conseil des 4 pour les protéger en cas de besoin.

- Je vais lui dire que nous ne sommes pas les méchants, soupira Estelle. Mais j’imagine qu’il apprendra vite à faire la différence entre Venamia et nous. Si elle décide de se pointer ici juste pour nous détruire, je doute qu’elle s’en aille tranquillement après l’avoir fait. Elle compte s’emparer de la région aussi, sans le moindre doute.

- Mais Hoenn est une grande alliée de Sinnoh, leur rappela Ithil. Et eux ont une armée, et une grosse. Ils ne vont pas rester sans broncher si Venamia s’en prend à leurs amis.

- Et Sinnoh est en guerre froide avec les régions Riluvi et Galar, continua Mercutio. Ces deux là profiteront de l’occasion pour l’écraser en s’alliant à Venamia.

- Oui, et ce qu’il en naîtra est évident : une guerre mondiale, fit sombrement Estelle. C’est pour éviter ça que nous sommes là.

Elle prit le téléphone des mains de 009 et se retira dans son bureau. Mercutio continua de faire flotter la base jusqu’à l’îlot où s’élevait le majestueux Pilier Céleste, de plus en plus haut au fur et à mesure qu’ils approchaient.

- Dîtes, je veux pas jouer les emmerdeurs, commença Zeff, mais on fait quoi si Venamia se pointe avant la flotte de Lunaris, et qu’elle décide subitement de nous annihiler avec son rayon de la mort qui tue ?

- La base sera détruite, et tous ceux qui seront dedans mourront, dit platement Ithil.

- Ça c’est un pas un bon plan, pour sûr, constata Goldenger.

- Il faudra occuper Venamia le temps qu’on détruise son superlaser, dit Solaris. Galatea, comme tu resteras ici…

- Ouais, je lui raconterai des histoires drôles comme je sais si bien le faire, acquiesça cette dernière.

- Siena n’a jamais ris à tes blagues, même quand elle était encore normale, lui rappela Mercutio. Fais semblant de te rendre, impose des conditions, ou invente un complot à son encontre. Parano comme elle est devenue, ça devrait l’intéresser.

Quand ils furent juste au dessus du Pilier Céleste, le radar de la base détecta un signe de vie sur l’ilot, et ce n’était pas un Pokemon. Mercutio agrandi l’image du radar sur l’écran de contrôle. Un homme se trouvait bien devant l’entrée du Pilier Céleste, apparemment seul. Un individu drapé d’un manteau de cuir et d’un chapeau, dont personne ici ne doutait de son identité.

- Aïe, marmonna Galatea. Mister Volcano est déjà là.

- On ne pourra pas s’occuper à la fois de Venamia et de Vrakdale, fit Tender. Autant s’en tenir au plan initial et se charger de lui tant que le Mégador n’est pas arrivé.

- Mais pourquoi il n’a pas déjà détruit le Pilier ? Demanda Domino.

- Je crois qu’ils nous attend, dit Mercutio.

En effet, Vrakdale leva les yeux vers la base au dessus de lui, d’une façon très calme, sans faire d’autre geste.

- Le Marquis devait se douter que, connaissant ses plans, on allait pas rester sans broncher, fit Solaris. Vrakdale savait qu’on allait venir.

- Il nous laisse une chance de se battre pour protéger le Pilier, confirma Mercutio. Ça ne doit être qu’un jeu pour lui. Eh bien, descendons jouer avec lui. Général, nos Pokemon Psy peuvent prendre le relai pour stabiliser la base ?

Tender hocha la tête et alla donner ses ordres par interphones. Quand la télékinésie de la petite dizaine de Pokemon Psy eut maintenu la base en l’air, Mercutio lâcha son Cinquième Niveau. Il se leva du fauteuil et s’étira. Il était prêt au combat. Et là, il allait combattre rien de moins qu’un volcan en éruption. Il espérait que tout se passait bien pour Djosan et Natael à Cramois’île. Tout reposait après tout sur l’engin du professeur.

- Ithil. Tu nous suis mais discrétos. Passe à travers le sol, il ne faut pas qu’il te voit. Colle-lui l’émetteur dès que tu peux, quand il est occupé à autre chose.

- Ainsi en sera-t-il, pour la justice, fit sombrement le G-Man avant de s’enfoncer tel le spectre qu’il était dans le sol de la base.

Mercutio et le reste de son équipe descendirent aussi, mais bien en vue de Vrakdale, tous en volant. Mercutio et Galatea avec le Flux, Solaris avec ses ailes, Zeff avec son acier, et Goldenger sous sa forme Méga-évoluée. Ils posèrent le pied en même temps à terre, devant Vrakdale qui les regardait arriver avec intérêt.

- Bien le bonjour à vous, jeunes Rockets. J’avais espéré me retrouver face à la X-Squad plutôt que face aux Apôtres, et Arceus a entendu mes prières. Mais, votre équipe n’est pas au complet, si ?

- On est bien assez pour vous, répondit Mercutio d’une voix qui se voulait assurée.

Vrakdale étira son entaille brûlée qui lui faisait guise de bouche.

- Quelle nostalgie, quand je vous vois, tous jeunes et fringants, plein d’assurance et d’insolence ! J’étais comme vous, autrefois. Pire, même. J’étais persuadé que le fait d’être un Rocket m’assurait un rang royal. Quel jeune con j’étais… Le commandant Penan n’a pas tardé à me faire rentrer du plomb dans la cervelle avec ses entraînements. Quelle tristesse, quelle tristesse… Il nous manquera, ce brave commandant.

Mercutio fronça les sourcils. Sans doute Vrakdale voulait-il les provoquer, mais Mercutio lisait une espèce de sincérité dans son esprit.

- C’est vous qui l’avez tué alors ? Cracha Galatea. Parce qu’il en savait trop sur vous ? Ou alors vous vouliez vous venger de lui à cause de votre accident ?

- Le tuer ? Moi ? Le commandant Penan ? C’est outrageant. J’aimais cet homme. Il fut comme un second père pour moi, et un bien meilleur que le premier. Mais j’admets y être pour quelque chose dans son décès. C’est à cause de moi qu’il s’est frotté à la personne qui l’a tuée. Je lui avais appris la vérité sur ce qu’elle avait fait, et il n’a pas été très content… J’avais espéré que la colère le pousse à nous rejoindre, nous les Agents de la Corruption. Mais je me suis trompé ; il a préféré la noble et honorable vengeance solitaire.

- De qui parlez-vous ? Demanda Mercutio. Quelle personne ?

- Allons, je suis sûr que si vous cherchez un peu, vous saurez de qui je veux parler. Mais laissons les morts reposer en paix. Ils ont bien plus de chance que nous autres, les vivants, qui souffrons jours après jours. Le Marquis m’a dit que vous aviez détruit Dolsurdus. Ce n’est pas gentil, ça. J’aimais bien cet endroit. Enfin, il était clair que vous viendrez ici pour empêcher la destruction du dernier Pilier, vous autres qui êtes les alliés des Gardiens. Par respect pour Penan qui vous a élevé, vous les jumeaux Crust, je vais vous laisser une chance.

Vrakdale tira une Pokeball de sous son manteau.

- J’ai toujours été un très bon dresseur. Vous aussi apparemment. Je vais vous faire la même proposition que j’ai faite à Eryl Sybel à Illumis. Battez mon fidèle Pixagonal, et je m’en irai pour le moment.

- C’est d’accord, j’accepte, fit Mercutio en prenant lui-même une de ses Pokeball.

- Ah, un détail cependant. Comme nous sommes tous deux des personnes capables de nous battre nous aussi, ne nous gênons pas ! Les dresseurs aussi pourront participer. Venez-même vous cinq en même temps si vous voulez, je vous promet de ne rien utiliser qui pourrait détruire le Pilier tant que je n’aurai pas gagné. Par contre, je ne garanti rien sur les possibles décès qui pourront subvenir…

Au moment où il lança sa Pokeball dans les airs, Ithil surgit du sol derrière lui et, d’un geste vif et précis né de son entraînement d’assassin, il posa l’émetteur de Natael sur le coup de Vrakdale. L’émetteur, activé par la présence vivante qu’il sentait sous lui, se mit à clignoter en rouge, signe qu’il expédiait le signal à la bombe Arctimes de Natael, à Cramois’île. Vrakdale, perplexe, retira lentement l’émetteur de son cou et le posa dans sa main.

- C’est quoi ça ? Une bombe ? Comme c’est puéril…

Mercutio et les autres attendirent. Au bout d’une minute, ils durent se rendre à l’évidence : rien ne se passait. Le plan de Natael avait foiré quelque part.