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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 05/07/2015 à 08:08
» Dernière mise à jour le 14/05/2019 à 23:02

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 286 : Tout le monde vers le Pilier Céleste
Solaris aurait très bien se rendre dans l'Empire Lunaris en volant. En utilisant Vitesse Extrême en continu, elle aurait eu plus vite fait qu'en chasseur Rocket. Mais elle avait cru préférable de privilégier l'engin Rocket. Le peuple de Lunaris était habitué aux Rockets désormais, et ne verrait rien d'anormal à ce qu'un de leur transport se pose au palais impérial. En revanche, seul Octave et ses hommes de confiance étaient au courant que Solaris travaillait désormais pour la Team Rocket. Pour le peuple, elle demeurait l'Impératrice des Ténèbres, celle qui a failli détruire toute la région et le monde il y a cinq ans. Survoler Duttvriff avec ses ailes d'ange aurait provoqué une vive panique.

Mais en voyant l'accueil qu'on lui réserva dès que son appareil eut atterrit, elle se dit que ça aurait été tout aussi bien en volant. Des dizaines de gardes armés de Pokemon l'encerclèrent. Tout le monde avait tiré son épée ou brandit son arc. Solaris fronça les sourcils. Elle avait reçu meilleur accueil la dernière fois qu'elle était venue en compagnie de Djosan. Elle quitta son appareil les mains levées, pour ne pas brusquer les guerriers qui semblaient prêts à se jeter sur elle au moindre geste brusque.

- J'imagine que vous me connaissez, leur dit-elle. Je suis Solaris as Vriff, envoyée de la X-Squad. J'aimerai parler à mon neveu, Sa Majesté Octave.

Visiblement, les gardes attendaient quelqu'un d'autre. Mais Solaris ne put dire s'ils étaient soulagés que ce soit elle, ou alors terrifié. Les deux, peut-être... On alla quérir l'Empereur. Quand Octave arriva et ordonna à tout le monde de baisser son arme, les gardes se détendirent sensiblement.

- Navré de l'accueil, lui dit-il. On pensait que c'était... un des envoyés de Venamia.

Solaris fronça les sourcils. Octave n'avait jamais encore parlé de son amante en utilisant son nouveau nom. Il s'était passé quelque chose. Ça se voyait d'autant plus que le jeune homme était blême et paraissait n'avoir plus dormi depuis des jours.

- Tu n'es pas... ici sous ordre de Venamia, n'est-ce pas ? Demanda-t-il, soupçonneux.

- Je suis ici sur demande de Madame Estelle, la véritable Boss de la Team Rocket. Je suis désolée de dire ça, Octave, mais nous autre la X-Squad, ne sommes plus trop ami avec Venamia.

Octave lui fit un pauvre sourire.

- Il semblerait que Venamia n'ai plus que faire d'avoir des amis, à présent. Elle veut des serviteurs. Je viens justement de recevoir, il y a une heure, un de ses ordres. Elle veut que j'attelle ma flotte impériale et que je me rende dans la région Hoenn pour la soutenir, elle et son Mégador.

Solaris grimaça.

- C'est justement ce pourquoi je suis venue. On veut te demander d'arrêter de soutenir Venamia. Elle est devenue folle, et a fait sombrer tout Johkan dans la guerre. Selon toute vraisemblance, elle serait possédée par l'âme d'Horrorscor, ce Pokemon maléfique qui posséda Zelan autrefois.

Octave cligna des yeux.

- J'ignorai cela. Mais j'ai bien remarqué combien elle avait changé.

- Elle est la responsable du désastre de la cérémonie de paix au Plateau Indigo, poursuivit Solaris. Elle a envoyé sa GSR attaquer la base G-5 et tué l'un des garde du corps Mélénis des jumeaux. Et là, elle vient juste de prendre le pouvoir à Johkan en bafouant toutes les lois démocratiques. Il n'y a plus de raison que l'Empire Lunaris continu de lui prêter assistance.

Secouant la tête, l'Empereur s'assit sur l'un des bancs de la place.

- Hélas, je ne peux plus rien lui refuser. Je suis désolée, ma tante. Je dois faire ce qu'elle me demande, amener ma flotte où elle me demande.

- Mais enfin... l'amour ne peut pas t'aveugler à ce point !

- L'amour ? Riposta Octave. Envers Venamia ? Il n'existe rien de tel en moi. J'aimais Siena Crust, et je continues à l'aimer. Mais Lady Venamia ne m'inspire que mépris.

- Alors...

- Venamia est venue avec son Mégador, il y a un peu plus d'une semaine, expliqua l'Empereur. La petite flotte que je lui avais prêtée pour son invasion de Johto a déserté en pleine bataille de Doublonville car elle ne supportait plus les directives violentes et dénuées d'honneur de Venamia. En représailles, Venamia a éradiqué tout le comté de Milano, qui appartenait au commandant de cette flotte. Des milliers d'innocents sont morts, juste parce que Venamia voulait me « donner un avertissement ».

Solaris en resta coi. Plus rien n'aurait dû l'étonner, venant de Venamia, mais ça, ça dépassait les limites même de la cruauté. C'était du sadisme. Elle songea immédiatement après que c'était exactement le genre de chose qu'elle aurait pu faire quand elle était impératrice.

- Si ce que tu me dis est vrai, commença Solaris, alors pourquoi ton empire lui reste-t-il soumis ? Pourquoi ne pas lui avoir déclaré la guerre ?!

Octave eut un rire nerveux.

- La guerre ? À Venamia ? Solaris, mon empire est faible. Il n'a ni les ressources ni les armes nécessaires pour affronter la Team Rocket. La maigre flotte d'Asmolés que l'on peut réunir tombera comme des mouches face au Mégador de Venamia. Et puis...

Le visage de l'Empereur se crispa, et Solaris lut ses larmes même s'il les retenait.

- Elle me l'a pris. Elle a pris Julian. J'ignore ce qu'elle lui fera si je venais à la trahir. Ma mort, la mort de mon peuple, ça, je peux l'accepter, si on bafoue notre honneur. Mais Julian... je ne peux pas, Solaris. J'en suis incapable !

Solaris pouvait comprendre la détresse de son neveu. Après tout, quand le royaume de Duttel avait enlevé son propre frère Lunarion - au passage le père d'Octave - Solaris avait sombré dans un désespoir et une hébétude sans nom. Là, il ne s'agissait pas de petit-frère, mais pire ; de fils. Un sentiment d'indignation l'envahit. Comment pouvait-elle prendre son propre fils en otage ?

- Venamia n'a quand même pas osé menacer Julian ?! Elle ne lui ferait aucun mal, si ?

- Je ne sais plus de quoi Venamia est capable ou non. Je refuse de prendre le risque.

Solaris réfléchit.

- On pourrait sauver Julian. Le lui reprendre...

- Comment ça ?!

La stupéfaction sur le visage d'Octave laissait apparaître aussi une toute petite lueur d'espoir, alors qu'il y a deux secondes, il avait tout d'un homme brisé.

- Nous savons où Venamia va se rendre : le Pilier Céleste, expliqua Solaris. Comme elle aura sans doute appris des Agents de la Corruption que la X-Squad sera de la partie, elle voudra nous cueillir elle-même. Elle viendra avec le Mégador, et il y a fort à parier que Julian se trouve avec elle. Sachant tout cela, il nous est facile de lui tendre une embuscade.

- Tendre une embuscade au Mégador ? Répéta Octave, atterré. Mais tu l'as vu au moins, la taille de cet engin ?!

- La X-Squad est inventive. Nous trouverons bien un moyen de s'y infiltrer et de récupérer Julian. Il suffira juste que ta flotte occupe Venamia durant ce temps.

Solaris savait qu'elle n'avait pas autorité pour proposer un plan pareil, mais elle le faisait quand même. Ça lui semblait être une occasion en or. Pas seulement pour récupérer Julian et l'aide de l'Empire Lunaris, mais aussi pour saboter l'armement principal du Mégador, et surtout... en finir avec Venamia une bonne fois pour toute. Solaris savait que Mercutio et Galatea recherchaient un moyen de la « sauver » en faisant sortir Horrorscor de son corps. Solaris ignorait si c'était possible ou non.

Mais même si ça l'était, ce serait du gâchis. Ils avaient enfin devant leurs yeux la plus grosse part de l'âme d'Horrorscor. Elle était en Venamia. Il suffisait de la tuer, et Horrorscor perdrait alors 2/3 de son âme. Une quasi défaite pour lui, qui ne pourrait plus jamais recouvrer sa force d'origine. Ils devaient le faire. Ils devaient tuer Venamia, pour le salut de ce monde. Sans doute qu'en apprenant son plan, Mercutio et Galatea allaient la détester. Mais tant pis. Solaris ferait son devoir de Gardien de l'Innocence, et accepterai leur haine.


***


Tuno en était sûr maintenant. Ce n'était pas la guérison qu'il est allé chercher en rencontrant son père, mais la folie. Car quand le désespoir nous oppresse, quand la douleur est si grande, la folie est la seule chose qui nous accueille, qui nous rassure. Et niveau folie, on pouvait dire que la demeure de Vrakdale battait des records. Durant les deux jours qu'il y passa, il ne vit guère son père. Vrakdale était constamment enfermé dans son laboratoire secret, à peaufiner sa fameuse formule G et Arceus savait quoi d'autre. Auparavant, Vrakdale l'avait examiné et ausculté en long en large et en travers pour déterminer à quel degrés son infection avançait et combien de temps il lui restait avant de devoir prendre la formule G pour conserver les pouvoirs de Darkrai à un niveau optimal.

Tout cela était bel et bien beau, mais en attendant, Tuno continuait à souffrir le martyr. Son bras contaminé lui semblait être en fusion, du feu liquide circulant à l'intérieur. Lui aurait-on donné une scie, il se le serait immédiatement coupé. Ça n'aurait certes pas empêché l'infection de progresser, mais au moins, il n'aurait plus mal. Mais son père lui avait dit qu'il n'avait pas trop à se plaindre. Son sort à lui était bien moins enviable, ce à quoi Tuno ne pouvait disconvenir. Les quatre Sygmus qui vivaient là restèrent au début assez loin de Tuno. Ce fut celui au corps de Steelix, un dénommé Aton, qui vint le premier le voir.

- Vous êtes... vous êtes vraiment le fils de Vrakdale ? Avait-il demandé.

- Oui. Étonnant hein ? Mais je vous rassure, mon père n'avait pas cette gueule là quand il m'a conçu avec ma mère.

- Et... vous êtes un Sygmus comme nous ? C'est Vrakdale qui vous a transformé aussi ?

- Non. C'était un accident. Mais c'était bien à cause de ses fichues formules Sygma. Enfin, selon lui, je ne suis pas vraiment un Sygmus. Mon infection n'est qu'à peine entamée et pas du tout contrôlée, contrairement à la vôtre.

Alors, Aton avait regardé son corps difforme.

- Si c'est ça que le contrôle apporte, j'aurai préféré m'en passer.

Tuno avait compati. Il avait appris que les Sygmus étaient obligés d'obéir à son père pour survivre grâce à son sérum, et qu'en plus de ça, Vrakdale leur avait trituré la cervelle pour qu'ils soient incapables de se suicider. Ils ne pouvaient dès lors qu'obéir. Tuno avait ensuite appris à connaître les trois autres : Nistu, Quinq et Wilwia. Ayant une souffrance commune et un destin maudit, ils avaient vite appris à s'entendre. Restait Lilwen, la collègue Agent de la Corruption de Vrakdale. Elle vagabondait dans le manoir tel un spectre, avec ses habits noirs et sa peau pâle. Aton lui avait appris qu'elle n'était en réalité qu'un cadavre ranimé par le Marquis des Ombres. On lui avait seulement rendu un peu de la personnalité et des souvenirs de son vivant, mais aucune de ses émotions.

Ujianie avait été une femme froide et placide, mais à coté de Lilwen, elle était en réalité une fille pleine de vie et de bonne humeur. Encore le résultat d'une expérience de Vrakdale, doublé de la magie noire du Marquis. Malgré le fait qu'elle ait le corps de quelqu'un de mort depuis un jours ou deux, elle n'en dégageait pas moins une certaine beauté froide et envoutante. S'il avait été dans une autre situation, Tuno aurait bien envisagé de la draguer. Enfin, juste par habitude et pour la forme, bien sûr. Avoir un zombi comme copine ne le chauffait pas tant que ça. Mais de toute façon, il savait qu'après Ujianie, il ne pourrait plus jamais compter fleurette à la moindre fille.

Lilwen faisait montre d'une loyauté sans faille envers Vrakdale, mais ce n'était pas le cas des Sygmus. Ils le servaient que parce qu'ils y étaient obligés. Tuno réfléchissait de temps en temps à un moyen de les retourner contre son père. S'il parvenait à briser leur dépendance au sérum de Vrakdale, les Sygmus pourraient devenir ses alliés. Mais Tuno n'était pas son père ; il n'entendait rien à la génétique, et était bien incapable de reproduire ses formules. Il ne serait pas ici sinon, à compter sur le bon vouloir de Vrakdale.

Tuno ne doutait pas que Vrakdale n'en ai absolument rien à faire de lui. Il ne voyait en son fils qu'un cobaye potable pour ses expériences. Un peu plus en fait : il voyait en lui le prochain stade de l'évolution humaine vers les Pokemon. Si Vrakdale terminait sa formule G, et qu'elle fonctionnait sur Tuno, ce dernier deviendrai un être aussi proche des G-Man que possible. Un être qui peut-être les dépasserait. Vrakdale le lui fit bien comprendre la dernière fois qu'ils discutèrent ensemble.

- La formule G te permettra d'avoir l'entière maîtrise de ton corps et de tes pouvoirs, avait dit l'Agent de la Corruption. Songe aux possibilités que pourraient t'offrir les pouvoirs et le corps de Darkrai ? Te fondre dans les ténèbres, infester les rêves des gens, maîtriser leur cauchemar les plus profonds, les plus enfouis... J'ajoute que Darkrai est un Pokemon à la puissance bien supérieure à ceux du commun. Ses attaques Ténèbres sont destructrices. Avec ça, il ne te manquerai plus que le Gantelet des Ombres, et tu serai l'égal d'un dieu... ou du diable.

- Le Gantelet des Ombres ? Avait répété Tuno. C'est quoi ça ?

- Un artefact qui a été conçu il y a une trentaine d'années par Vaalzemon, le trente-troisième Marquis des Ombres. Vaalzemon était le prédécesseur de Funerol, celui sous qui j'ai servi le plus longtemps. Mais j'ai connu Vaalzemon un temps. C'est même lui qui m'a recruté. Chaque Marquis hérite de quelque chose du Seigneur Horrorscor : son type, ses attaques, ou son Talent. Vaalzemon avait choisi ses attaques, comme Zelan. Pour accroitre la puissance des attaques Ténèbres qu'il utilisait, il a créé le Gantelet des Ombres. La main qui le porte triple la puissance des attaques Ténèbres qu'elle lance.

Tuno avait songé à son attaque Vibrobscur, la seule qu'il parvenait plus ou moins à utiliser, pour le moment. Il ne la contrôlait pas parfaitement, mais elle faisait déjà beaucoup de dégâts. Que deviendrait-elle avec la formule G et ce Gantelet des Ombres ? Cela avait séduit Tuno. Plus de puissance était appréciable pour mieux se venger de Venamia.

- Et où peut-on le trouver, ce Gantelet des Ombres ? Avait-il demandé à son père, l'air de rien.

Vrakdale avait éclaté de son rire rauque et sifflant.

- Il a disparu en même temps que Vaalzemon. Ou peut-être l'a-t-il remis à quelqu'un avant de périr ? Seul le Seigneur Horrorscor doit le savoir, j'imagine. Mais ne t'en fais pas pour ça, fils. Je te promets qu'avec la formule G, tu seras capable de lancer des Vibrobscur aussi puissants que ceux de Vaalzemon, et sans son Gantelet.

Des promesses. Encore des promesses. Son père le nourrissait de rêves depuis que Tuno était ici. Oui, il pourra guérir et survivre. Oui, il aura sa vengeance. Oui, il deviendra un être surpuissant. Or, s'il y avait bien une chose de sûr dans l'esprit sans dessus-dessous de Tuno, c'était le peu de confiance qu'il accordait à Vrakdale. Comment lui faire confiance, quand on savait qu'il appartenait à une secte désirant corrompre tous les individus de ce monde ? De toute façon, s'il essayait de corrompre Tuno, il serait déçu. Tuno n'avait pas besoin de lui pour être corrompu. La haine, la souffrance et la tristesse s'en étaient déjà chargées.

Quand Vrakdale lui annonça qu'il quittait le manoir un temps pour se rendre à Hoenn, dans le but de détruire le dernier Pilier de l'Innocence, Tuno ne fit qu'un vague geste d'épaule. Au point où il en était, il se fichait des Piliers de l'Innocence aussi bien que des Agents de la Corruption. Il craignait juste quelque chose : que son ancienne unité soit là elle aussi, et qu'elle mette en action le plan qu'ils avaient prévu pour tuer Vrakdale, avec la bombe Arctimes de Natael. Ça embêterai Tuno que Vrakdale meure maintenant, alors qu'il s'apprêtait à lui terminer cette formule G. Malgré tout, il n'informa pas son père du danger. Ce serait trahir la X-Squad. Tuno l'avait certes quittée, mais il n'avait aucune espèce d'envie de savoir ses anciens équipiers morts.

Après le départ de Vrakdale, Tuno se retrouva en seul maître des lieux. Après tout, ce manoir était au nom des Vrakdale, et Tuno avait beau ne pas s'en servir, son vrai nom était bien Vrakdale. Aussi Lilwen faisait-elle tout ce qu'il pouvait ordonner, du moment que ça ne contrevenait pas aux ordres de Vrakdale ou du Marquis. Quant aux Sygmus, ils voyaient Tuno comme un sauveur potentiel, un chef à suivre qui saurait les délivrer de leur misère.

Le lendemain du départ de Vrakdale, Tuno eut de la visite. Quelqu'un frappa à la porte, et Tuno fut là quand Lilwen alla ouvrir. La jeune femme pâle s'inclina aussitôt devant le nouvel arrivant. C'était un individu entièrement dissimulé sous un manteau à capuchon, et qui portait un masque jaune avec un sourire féroce dessus. Tuno fut immédiatement sur ses gardes. Ayant déjà rencontré ce type et ayant entendu parler de lui par les Gardiens de l'Innocence, il avait toute les raisons de se méfier de lui.

- Seigneur Marquis, fit Lilwen, toujours à genoux. Le Seigneur Vrakdale est absent. Il est parti à Hoenn pour...

- Je sais, coupa Mister Smiley. C'est moi qui l'ai envoyé là-bas, après tout. Je suis seulement venu rendre visite à notre invité.

Il fit un geste gracieux à l'égard de Tuno, qui plissa les yeux.

- En l'absence de mon père, cette foutue baraque est à moi, dit-il. Et je ne veux pas de type masqué ici, Mister Smiley, Marquis des Ombres, ou qui que vous soyez. Ayez l'amabilité de vous montrer comme vous êtes, ou sortez.

L'homme derrière le masque ricana.

- En effet. Quel impolitesse de ma part. J'enlèverai volontiers mon masque, si toutefois nous pouvons parler seuls à seuls ?

Tuno hésita à l'envoyer paître. Il ne voulait rien à voir à faire avec ce type, ni lui parler. Il l'avait déjà rencontré une fois, quand la X-Squad a eu pour mission de trouver et de ramener au Boss la dernière des Loinvoyant, sa fille Kyria. Un bouffon avec un pouvoir bizarre de créer des mondes d'ombre, des jouets géants et des anciens ennemis morts. À la fin de cette mission, la X-Squad avait pensé qu'il avait péri en même temps que Nuvos l'Infini. Mais il est réapparut plus tard, et selon les Gardiens, ce type serait le suspect numéro 1 comme Marquis des Ombres. Même si Tuno répudiait tout ce qui avait trait à Horrorscor, il était curieux de connaître l'identité de ce type. S'il voulait voir Tuno seul à seul, c'était que Lilwen devait ignorer son identité. Dans ce cas, pourquoi la révéler à lui, qui n'était même pas un Agent de la Corruption ?

- Très bien, acquiesça Tuno. Dans le grand salon.

Il accompagna Mister Smiley jusque là-bas, ordonna à Lilwen de ne pas les déranger, et ferma la porte. Alors seulement, Smiley retira son masque. Quelle ne fut pas la surprise de Tuno en découvrant un visage connu : celui de Silas Brenwark, l'Agent 004 et ancien second de Venamia.

- Vous ?

- Moi, confirma Silas avec un sourire.

- Mercutio m'a bien dit que les Gardiens vous soupçonnez d'être un Agent de la Corruption, mais de là à ce que vous soyez le Marquis en personne...

- Oh, mais je ne suis pas le Marquis. Je suis seulement son envoyé. Tous les autres Agents, même Vrakdale, sont persuadés que c'est moi, ce qui permet à mon maître de demeurer caché. Inutile que vous me demandiez qui il est, je serai muet comme une tombe.

Tuno fit un vague geste de la main.

- Pour ce que j'en ai à foutre... Mais je suis content de vous voir, en réalité. Je vais pouvoir commencer ma vengeance sur les gradés de la GSR !

Sans plus d'avertissement, Tuno se laissa gagner par le mal qui le rongeait, et envoya une onde de ténèbres à l'adresse de Silas. Ce dernier se contenta de faire apparaître, surgit de nulle part, un mur rose transparent entre lui et l'attaque, qui se dissipa.

- Autant vous prévenir de suite, fit Silas. Vous connaissez ma capacité à créer des clones d'ombre, que j'ai révélé à la Team Rocket. Mais ça, ce n'est qu'un tout petit morceau visible de l'iceberg. Je suis capable de matérialiser à peu près tout et n'importe quoi. Votre transformation partielle a beau être intéressante, vous ne serez jamais en mesure de me vaincre, colonel.

- Permettez d'en juger moi-même, grogna Tuno en préparant une autre attaque.

- Pourquoi une telle agressivité ? Je ne fais plus partie de la GSR. Je n'en faisais pas non plus partie quand Venamia s'en ait pris à votre famille.

- Vous voulez me faire croire que vous n'avez pas trempé là-dedans ?!

- Mais c'est pourtant le cas, mon cher colonel. Et loin d'avoir aidé Venamia, j'ai œuvré pour vous préserver. Si Althéï Dondariu vous a sauvé ce jour ci, c'était sous mes ordres. Je n'ai hélas pas songé que Venamia avait dans l'idée de s'en prendre à votre femme, et j'ignorai d'ailleurs où vous l'aviez cachée.

Tuno demeura méfiant, mais laissa retomber son bras.

- Et pourquoi vous m'auriez sauvé ? Quel intérêt pour vous ?

- Un intérêt ? Aucun de spécial. J'ai juste pensé que vous étiez quelqu'un de compétant et de précieux qui ne méritait pas de mourir parce qu'une folle comme Venamia l'avait décidé. De plus, vous êtes le fils de mon cher ami Vrakdale. Il nous sert depuis si longtemps qu'on lui devait bien ça.

- Vrakdale n'en a rien à fiche de moi, maugréa Tuno.

- Détrompez-vous, mon cher. Vous êtes la seule personne qui reste à être une preuve de l'existence de celui qu'il était autrefois. Vrakdale est un homme brisé. Moins qu'un homme, en réalité. Il est une épave. Mais il a laissé quelque chose derrière lui, un héritage : vous. Quand il aura disparu, vous serez tout ce qui restera de lui. Il est naturel pour un homme de désirer laisser quelque chose derrière lui, une preuve de son existence.

Tuno regarda sa main noire.

- Guère glorieux, comme héritage. Je suis autant une épave que lui.

- Il y a des bateaux que l'on peut réparer, et même rendre plus beau qu'avant. Vrakdale est condamné depuis plus de trente ans. Rien ne peut le sauver. Ce n'est pas votre cas. La vengeance n'est qu'une étape, colonel Tuno. Elle vous permettra seulement de repartir à neuf, de devenir quelqu'un d'autre. Il ne vous suffit que d'accepter ce que vous êtes en train de devenir. Ne combattez pas votre infection : noyez-vous dedans. Embrassez le pouvoir des ténèbres qui vous consume !

Silas avait dit cette dernière sur un ton tellement grave et mélodramatique que Tuno ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- C'est ça. Et c'est là que vous êtes censé me donner un nom de Seigneur Sith ?

- Vous résistez inconsciemment à votre transformation, renchérit Silas. C'est pour cela qu'elle sera si longue.

- Evidement ! Déjà, je souffre le martyr, et plus je me transforme, plus mon corps va tomber en morceau ! Je ne survivrai qu'avec la formule G de mon père, qui n'est pas terminée.

- Et il ne vous donnera la formule G que lorsque votre corps aura pleinement acquit toute la puissance et les pouvoirs de Darkrai. Acceptez-les au plus vite. Ainsi, vous aurez l'occasion de commencer à vous venger plus tôt que prévu.

- Comment cela ? Demanda Tuno.

- Vrakdale est parti pour le Pilier Céleste, à Hoenn. Mais ce qu'il ignore, c'est que Venamia sera là-bas aussi.

- Pourquoi viendrait-elle ?

- Parce que je l'ai convaincue. Parce que la X-Squad sera là aussi, et que Venamia ne rêve plus que de la châtier. Je doute qu'elle-même ne quitte le Mégador, mais elle enverra sûrement ses officiers à terre pour combattre la X-Squad. Une bonne occasion pour vous que d'affronter Sharon pour venger ses meurtres barbares.

Ce n'était certes pas l'envie qu'il manquait à Tuno, mais il était aussi réaliste.

- Sharon est un monstre, répliqua-t-il. C'est une Shadow Hunter améliorée. Si Ujianie n'a eut aucune chance face à elle, qu'est-ce que je peux faire, moi ?

- En l'état, pas grand-chose, c'est vrai. Sauf si vous suivez mon conseil, et que vous vous plongez dans le pouvoir des ténèbres. Votre transformation s'accélèrera. Vous souffrirez encore plus, votre corps se distordra encore plus, et vous perdrez de votre temps de vie, mais votre puissance sera décuplée.

- Sharon n'est qu'une sous-fifre. Je veux la tuer bien sûr, mais mon but premier est Venamia, celle qui donnait les ordres. Peu importe que j'arrive à me débarrasser de Sharon si je dois mourir ensuite sans avoir pu faire face à Venamia.

- La formule G de Vrakdale sera là pour vous à temps, je puis vous l'assurer, lui promit Silas. Et quand vous l'utiliserez, vous aurez déjà entrepris une partie de votre vengeance, et votre transformation avancée vous permettra de conserver le pouvoir brut de Darkrai. Vous deviendrez alors invincible.

Il y avait comme une lueur d'excitation dans les yeux violets de Silas Brenwark. Comme Tuno hésitait, il s'approcha et lui posa une main sur l'épaule.

- Les Agents de la Corruption ne sont pas vos ennemis, colonel, pas plus que Venamia n'est notre alliée. Nous voulons vous aider à vous venger, car la vengeance est dans l'ordre des choses, un des fondements même de la corruption. Nous ne demandons rien en échange. Votre réussite sera notre récompense.

Tuno dévisagea son interlocuteur.

- Que dois-je faire ?

Le sourire de Silas s'agrandit.

- Juste accepter ce que vous devenez. L'infection qui vous gagne n'est pas une maladie ou un parasite ; c'est une partie nouvelle de vous. Celle qui vous apportera votre vengeance. Vous ne devez pas utiliser les ténèbres. Vous devez devenir les ténèbres. Vous devez devenir la peur, la crainte dans les yeux de vos ennemis.

Tuno avait fermé les yeux et amené de force son esprit vers la noirceur qui menaçait de l'engloutir. La mort d'Ujianie, de son enfant, de sa mère... Il s'efforçait de se les imaginer. Il laissa monter en lui la colère contre Venamia, jusqu'à que la colère soit plus forte que la douleur et la tristesse. Il sentait toujours la souffrance de son infection, qui montait maintenant vers son épaule gauche. Au lieu d'y faire face, il y plongea la tête la première. Alors, la douleur se transforma en une espèce de plaisir, un sentiment euphorique, mêlant haine et sensation de puissance. Les ténèbres l'entourèrent, comme si son corps les attirait à lui. Il les sentait, oh oui ! Ce qu'il n'avait utilisé jusque là n'était rien face au vrai pouvoir de Darkrai : les ténèbres à l'état pur.

Puis après le plaisir revint la douleur. Une douleur plus grande que tout ce qu'il avait connu, que tout ce qu'il aurait pu imaginer. Son corps était en train de se distordre, et il lui semblait qu'il avait de l'acier en fusion à la place du sang. Alors que le corps de Tuno était au centre de tourbillon de ténèbres, alors qu'il sentait son infection se rependre partout en lui, Tuno hurla de démence et de souffrance, sous le regard satisfait et presque émerveillé de Silas.