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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 10/06/2015 à 10:08
» Dernière mise à jour le 19/02/2019 à 23:40

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 28 : Confrontation au milieu des éclairs
Il serait inexact de dire que tous les Sauveurs du Millénaire furent des héros au cœur pur. L'un d'entre eux fut Alexandros Deleval. Il fut surtout connu pour avoir été le tout premier dresseur Pokemon. Mais après avoir sauvé le monde, il l'a revendiqué comme sien. Il prit alors le nom de Maleval l'Obscur, et instaura un règne mondial de terreur qui dura plusieurs décennies.



*****



La ville de Fubrica était la plus technologique et la plus automatisée du monde. Elle avait été bâtie sur plusieurs niveaux d'anciennes habitations, et ce au fil des siècles. De ce fait, elle était très haute au dessus du niveau de la terre. Il fallait descendre vraiment très bas pour accéder aux égouts de la ville, qui eux aussi étaient parfaitement automatisés et modernes. Et outre les égouts, la capitale de Bakan comprenait un nombre ahurissant de souterrains et de tunnels. Chose somme toute normale pour une ville qui s'autogérait. Il fallait bien mettre quelque part tous les ordinateurs et centres de maintenance. Castel avait beau avoir conquit la ville et ses habitants, il ne pouvait pas la connaître par cœur. Selon Leaf, Castel, sous sa seconde identité d'Adam Velgos, avait grandi dans la Haute Académie, n'ayant été que très peu de fois à Fubrica. À l'inverse, Surervos, le Haut Protecteur de Nirina, avait toujours vécu dans la ville, à fureter dans les endroits les plus louches, jusqu'à la connaître par cœur, ainsi que ses différents raccourcis et planques. Ce fut donc lui, qui, avec l'aide du major Sanz, avait défini le chemin le plus rapide et le plus discret pour infiltrer la centrale.

Au bout du tunnel qui menait juste en dessous de la centrale, il y avait toutefois des guerriers de Cinhol en faction. Castel avait au moins le mérite de faire surveiller un minimum tous les points sensibles de la ville, même si la grosse majorité de son armée était au front pour se battre contre l'Armée de Libération qui gagnait du terrain un petit peu plus chaque jours. Il ne faisait aucun doute qu'elle allait bientôt être aux portes de Fubrica, et ce sera alors le moment pour la rébellion d'Erend de frapper un grand coup à l'intérieur de la ville : attaquer le palais de Castel, et l'empêcher de se servir de la météorite de Vifacier. En voyant le groupe des dix rebelles devant eux, les gardes de Cinhol accoururent, leurs épées au poing. Avec un sombre sourire, Leol s'avança en faisant tournoyer sa lance, mais Erend le retint du bras.

- Non. Pas de meurtre, ordonna-t-il.

Leol fronça les sourcils, mais Erend fit signe à son Babytus, qui se contenta d'endormir les gardes avec une attaque Poudre Dodo.

- Si vous les laissez en vie, vous aurez à les réaffronter plus tard, qu'est-ce que vous croyez ? S'exclama Leol en se dégageant le bras.

- Notre ennemi est Castel, pas le peuple de Cinhol, répondit Erend. Ce n'est pas la faute de ces gens s'ils ont un roi comme ça. Castel les manipule aussi.

Leol ricana, mais baissa sa lance.

- Vous êtes bien naïf, Sire Erend. Une guerre ne se gagne pas sans se salir les mains.

- Ne vous inquiétez pas, Sire Leol, répliqua Erend. Mes mains seront bien assez sales avant la fin de tout ceci.

Il le dépassa sans regard en arrière. Erend ne pouvait pas trop encadrer Leol, parce qu'ils étaient tous les deux un peu pareil. Leol avait juste grandi parmi la Tribu des Chevaux, ce qui l'avait rendu un peu plus brutal. Mais sinon, Erend sentait derrière les yeux bleus de Leol une profonde envie de vengeance. La même qui devait consumer Erend. Car le garçon avait beau affirmer qu'il se battait pour le peuple et la liberté, il n'en était rien. Il se battait avant tout pour lui-même, pour venger sa mère et son pays.

Ils montèrent l'échelle et ouvrirent la trappe. Comme Surervos l'avait dit, ils tombèrent juste derrière la centrale, un immense bâtiment dernière génération. Comme elle produisait son propre électricité, elle maintenait un champ d'énergie tout autour en guise de grillage. Pour entrer, il n'y avait que la porte principale, qui bien sûr était verrouillée et blindée. Pour l'ouvrir, il fallait une carte d'accès, les empruntes digitales, et une vérification rétinienne, que seuls les employés de la centrale pouvaient fournir. Et justement, l'un d'eux faisait partie du groupe d'Erend.

Bien sûr, malgré ce système qui rendait la centrale inexpugnable, l'entrée n'en était pas moins gardée par quatre guerriers de Cinhol, qui vérifiaient de plus près l'identité de ceux qui entraient. Castel avait bien saisi l'importance de l'électricité pour garder cette ville. Et comme les employés de la centrale étaient très qualifiés et peu remplaçables, le nouveau régime s'efforçait de les chouchouter. Pas de bûcher pour eux et leur famille tant qu'ils continuaient à faire du bon boulot.

Comme pour les deux soldats dans le tunnel, ce fut Babytus qui opéra. Sa petite taille couplée au fait qu'elle pouvait se laisser emporter par la plus légère brise pour flotter dans les airs la rendait quasiment indétectable. Elle se plaça au dessus d'eux sans qu'ils ne la remarquent, et sa Poudre Dodo agit dans les secondes qui suivirent. Auparavant, Kaïdastros, le Pokemon de Surervos, avait détruit la caméra proche de l'entrée d'une décharge électrique. Sans doute que celui qui s'occupait des écrans de sécurité à l'intérieur y verrait là un disfonctionnement, et ne donnerai pas l'alarme avant d'être allé vérifier sur place. Celui du groupe d'Erend qui était un ancien salarié de la centrale - il s'appelait Podrix - ouvrit la porte principale grâce à sa carte, ses empruntes et son œil. L'avantage d'une centrale presque entièrement automatisée, c'était qu'elle n'avait pas besoin de beaucoup de salariés, et surtout pas la nuit. Les quelques agents de maintenance qui étaient de poste ne résistèrent pas et furent vite réunis dans la vaste salle de contrôle, où Erend s'adressa à eux.

- Mesdames et messieurs, toutes mes excuses pour le dérangement que nous allons provoquer dans votre travail. Nous sommes les Adeptes d'Uriel, et au nom de la liberté de notre région, nous nous soulevons contre Castel et sa tyrannie. Dans ce but, nous allons saboter cette centrale. Veuillez s'il vous plait ne pas vous mettre au travers de notre route, et vous serez tous relâchés sous peu.

Personne ne fit trop d'histoire. Tout le monde connaissait Erend Igeus : ce garçon pouvait faire ce qu'il voulait grâce à son passe droit reçu de Castel en personne, et en plus, les gens l'aimaient bien. Erend lui, craignait secrètement que Castel ne s'en prennent à ces gens pour se venger du désordre qui découlerai du sabotage d'Erend. Aussi allait-il les amener avec lui dès qu'ils en auraient terminé, même s'il ne leur annonça pas. Mieux valait l'enlèvement que la mort.

La première chose qu'ils firent, ce fut de prendre le plus de Pokeball d'Electrode possible. La centrale ne fonctionnait qu'à ça, et tandis qu'une moitié des Pokemon produisait de l'électricité, l'autre moitié se reposait dans leur Pokeball. Mais il y avait dix mille Electrode en tout dans cette centrale, ce qui faisait cinq mille Pokeball. Transporter tout ça ne serait pas facile, c'est pourquoi Erend s'était procuré un appareil de stockage de Pokeball. Ces trucs là pouvaient téléporter des Pokeball d'un point A à un point B. Il y en avait un dans l'Académie Velgos, et Erend avait du voler en plus celui du Centre Pokemon de Fubrica. Ainsi, avec celui qu'ils transportaient ce soir, ils pourraient envoyer une par une toute les Pokeball directement à l'Académie. Erend, qui avait accompagné Daniel dans la salle où ils stockaient les Pokeball de la centrale, le regarda mener les opérations de transferts.

- Tu en auras pour combien de temps ? Demanda-t-il.

- En faisant aussi vite qu'on peut, une demi-heure sans doute environ, répondit Daniel. Y'en a un bon paquet.

- OK, acquiesça Erend. On va se charger des Electrode pendant de ce temps. Leol, vous restez ici avec Daniel et les autres.

- Pourquoi ? Demanda le Premier Cavalier.

Erend soupira.

- Parce que je vous le demande. C'est moi qui dirige cette expédition. Vous les protégez le temps qu'ils finissent le transfert.

Leol eut un rictus moqueur, mais ne discuta pas. Erend ne voyait pas pourquoi il était venu, de toute façon. C'était une mission d'infiltration et de sabotage, là. Leol aurait certainement plus sa place dans une bataille rangée, où il pourrait tuer des guerriers de Cinhol à volonté, ce qui semblait être sa grande ambition. Erend, suivi de Surervos, du major Sanz et de deux autres, se rendit dans le réacteur principal de la centrale, où les cinq mille Electrode produisaient de l'électricité sans discontinuité.

Les Electrode étaient des Pokemon très sensibles. Si jamais ils se sentaient menacés, ils utilisaient leur attaque Explosion. Et si cinq mille Electrode explosaient en même temps dans une centrale électrique, la ville allait charger. Hors de question donc de les mettre KO un par un. Erend comptait utiliser la Poudre Dodo de son Babytus pour capturer ceux qu'ils pouvaient avec les Pokeball vides qu'ils avaient, puis ils utiliseraient ensuite des explosifs pour le reste. Ça les mettrait KO avant qu'ils ne songent à s'autodétruire, et ça endommagerai la centrale de façon irréparable.

Mais quand ils arrivèrent dans le réacteur, où des rangées et des rangées d'Electrode étaient ponctionnées de leur électricité, ils eurent une surprise de taille. Et pas vraiment agréable. Devant eux, les attendant visiblement, se tenait un jeune homme aux cheveux blonds, portant une armure d'or et une cape rouge. D'une main, il tenait une épée à la lame jaune, qui comportait six trous, dont cinq étaient remplis par des Pokeball. Et de l'autre, il tenait une fourche rouge métallique dont l'aura crépitait de flammes. Son visage aux yeux bleus était d'apparence noble, mais il avait pas mal de cernes sous les yeux, et son teint était pâle, comme maladif. Erend et les autres en furent abasourdis. Castel Haldar, roi de Cinhol, leur sourit.

- Eh bien, vous êtes donc venus, Sire Erend. Les renseignements d'À bas la République sont parfois vrais apparemment.

Le major Sanz, qui était le seul à tenir une arme, se reprit très vite. Il vida le chargeur de son pistolet sur Castel, qui ne fit pas un geste. Erend eut juste le temps de voir une espèce de flash vert passer plusieurs fois devant Castel. Quand Sanz eut terminé, Castel n'avait rien. À coté de lui, il y avait maintenant son Shinobourge, le canard vert ninja que Leaf leur avait décrit, qui tenait entre ses doigts palmés toutes les balles que Sanz avait tiré. Malgré lui, Erend fut impressionné. Intercepter des balles à cette vitesse... C'était sans nul doute une attaque Vitesse Extrême.

- Allons, soyons sérieux deux minutes, je vous prie, soupira Castel. Je suis venu exprès pour parler avec Sire Erend. Les autres ne m'intéressent pas. Encore que...

Castel toisa Surervos du regard.

- Comme on se retrouve. Dis-moi, comment se porte ma chère tendre sœur ?

- Très bien quoi ! Répondit Surervos en lui faisant un signe rock 'n' roll des doigts. La patronne serait même méga happy que je te latte la tronche cousin, spicy !

Surervos envoya son Kaïdastros sur Castel. D'un simple geste de la main, le roi fit signe à Shinobourge. Le Pokemon plante tournoya autour de Kaïdastros, esquivant ses attaques combats à la chaîne. La vitesse de Shinobourge était tout bonnement effrayante. Kaïdastros avait beau être fort et souple dans ses mouvements, jamais il ne pourrait atteindre le Pokemon de Castel.

- Ça suffit Surervos, intervint Erend. Repars avec les autres. Et vous autres aussi.

- Mais enfin, monsieur Igeus... commença le militaire.

- La mission est annulée. On ne peut pas gagner face à lui, même s'il est seul. Rassemblez tout le monde, et partez !

Le ton d'Erend était si ferme et puissant que même Castel haussa les sourcils, impressionné. Habitué à obéir, le major Sanz rebroussa chemin, suivi des deux autres rebelles. Surervos les précéda, non sans un dernier regard meurtrier pour Castel. Ce dernier toisa Erend avec un semblant de respect.

- Tu as bien fait, mon garçon. Je suis ravi de constater que tu es aussi sage et intelligent que je l'ai espéré.

Erend fit mine que tout allait bien, comme si Castel et lui discutaient tranquillement au coin d'une rue. Mais il savait que Castel pourrait le tuer avant même qu'il ne fasse un seul geste. Grâce à Hafodes, Erend serait en cendre avant de comprendre ce qui lui arrivait. Faire face à sa mort imminente n'était pas une expérience plaisante, mais Erend avait appris à la contrôler, comme toute autre émotions.

- Alors, commença-t-il. C'est grâce à À bas la République que vous saviez que nous allions venir ? Ils ont donc bien un espion à l'Académie ?

- Oui, avoua Castel. Mais cet espion a pour unique tâche de te surveiller toi. Si tu n'étais pas venu ce soir, je me serai contenté d'envoyer mes hommes pour arrêter tes petits chenapans de rebelles. Mais je voulais te parler. Tu m'as intrigué dès que je t'ai vu dans l'arène combattre Chimeros. Et ce que j'ai appris sur toi par la suite m'a encore plus intrigué. Tu serais donc un descendant direct d'Uriel ? Le destin a le sens de l'humour...

Erend ne lui demanda pas comment il savait cela, mais ça l'inquiétait. Il n'y avait que le haut commandement de l'Armée de Libération qui était au courant, ainsi que les proches d'Erend, comme Leaf, Anis ou Nirina. Qui avait bien pu en parler à Castel ?

- Vois-tu, poursuivit le roi, je suis un descendant du tout premier Castel, celui qui a fondé Cinhol. Uriel était son meilleur ami, avant de le trahir.

- Vous pouvez cesser votre comédie, lui dit Erend. Nous savons très bien qui vous êtes. Vous n'êtes pas le descendant de Castel. Vous êtes Castel lui-même.

Castel hocha la tête, manifestement impressionné.

- Oh, je suis démasqué ? Allons donc, qui a deviné ? Est-ce cette traîtresse de Leaf ? Ou peut-être cette fouille-étagère d'Anis ? A moins que ce soit ma chère descendante Nirina ? Bah, peu importe. Elles subiront toutes les trois l'étendue de ma colère le moment venu. Mais toi... toi, tu es différent, Erend Igeus. Je le sens en moi. C'est comme si je me retrouvais face à Uriel, il y a cinq cent ans. Tu ne lui ressembles pas, pourtant tu as le même regard, la même aura. Que de nostalgie... On a peut-être plus en commun que tu ne le crois.

Bizarrement, Erend ressenti de la colère en entendant Castel parler de son ancêtre.

- Arrêtez de parler de lui ! Je n'ai rien en commun avec vous, pas plus que mon ancêtre !

- Crois-tu ? Je connais Uriel mieux que toi. Nous étions inséparables, comme des frères. Jusqu'à qu'il me trahisse...

- C'est vous qui l'avez trahi ! Vous êtes devenu fou. Vous avez perverti l'esprit initial de ce que devait être Cinhol !

Castel éclata de rire. Un rire froid, aigu, irraisonné.

- L'esprit de ce que devait être Cinhol ? Jeune innocent ! Cinhol n'a jamais été qu'une immense farce. Un symbole qui devait nous permettre de faire tomber la République et de conquérir Bakan !

- C'était plus que ça, protesta Erend. Anis m'a montré les rares écrits qui traitent de l'époque. Cinhol devait être une nouvelle nation, qui vivait en harmonie avec les Pokemon, loin de la corruption et de la sévérité de la République de l'époque. Mais cette même corruption vous a touché, vous aussi. Nirina m'a parlé de ces trois Pokemon spectres qui sont arrivés avec la météorite de Vifacier.

- C'est Uriel qu'ils ont corrompu, en lui fabriquant cette épée noire...

- Non. C'est vous. Cette météorite a assombri votre cœur, et la perte de votre amour a assombri votre esprit. Mon ancêtre Uriel a sacrifié son âme pour vous empêcher de détruire le monde. Il était le vrai Sauveur du Millénaire.

Une grimace se peignit sur les traits de Castel.

- Uriel n'a rien empêché du tout. Il n'a fait que me retarder. Et maintenant, il a à jamais disparu. Il ne peut plus sauver personne.

- Uriel n'a pas disparu, répliqua Erend. Son sang et sa volonté continuent d'exister.

Pour preuve, Erend pointa son épée Sifulis en direction de Castel, lequel éclata à nouveau de rire.

- Tu veux me défier, héritier d'Uriel ? Alors que je venais si gentiment te proposer de te joindre à moi ? Tu as tout de la passion d'Uriel, mais rien de son bon sens, hélas...

Erend se fendit avec son épée et frappa Castel, qui bloqua avec la sienne. L'argent de Sifulis alla heurter l'or de Meminyar.

- Oh, un duel à l'épée alors ? Pourquoi pas. Shinobourge, tu n'interviens pas.

Le Pokemon hocha la tête et recula respectueusement, tandis que Castel lui envoya la fourche d'Hafodes. Puis il regarda Erend d'un air moqueur et cruel.

- Qu'est-ce que tu comptes faire, toi, un gamin de ce monde vénal qui n'a jamais sûrement tenu une épée de sa vie ? Moi, je savais me battre avant d'apprendre à parler ! Il n'y a pas meilleur bretteur que moi !

Erend retint un sourire.

- Je ne suis pas d'accord. Dans votre première vie, peut-être étiez-vous fort. Mais votre dernière vie, vous l'avez vous aussi passée dans ce monde, sous l'identité d'Adam Velgos, qui lui n'a jamais eu à se servir d'une épée avant de venir à Cinhol. Même si votre esprit se souvient comment on se bat, ce sont les réflexes de notre corps, que l'expérience forge petit à petit, qui importent. Et vous vous trompez aussi sur mon compte. Je sais me servir d'une épée. Figurez-vous que je suis le fils unique et héritier d'un des Dignitaires de Kanto. Mon père est un peu parano sur les bords, et il a tenu à ce que je subisse un entraînement complet.

C'était peu dire. Erend avait du s'entraîner à manier toutes les armes possible et inimaginables, sous la tutelle de son autre demi-frère, Ithil, un assassin ayant reçu une formation de G-Man. À première vue, Erend avait plus l'air d'un intello que d'un guerrier, mais il était d'accord avec son père sur le fait que la surprise était l'arme la plus efficace. Il avait donc forgé son corps pour se battre, en même temps qu'il aiguisait son esprit. Pour preuve, il enchaîna une pluie de coups et de feintes à l'épée qui surprirent Castel et le força à rester sur la défensive en reculant.

Castel sauta de la passerelle, pour arriver un étage en dessous, où plusieurs Electrode étaient alignés. Les nombreux arcs électriques qui surgissaient de partout rendaient l'endroit dangereux, mais ils rebondirent sur l'armure de Castel, qui devait être faite de Vifacier également. Le roi sourit, pensant qu'Erend ne pourrait pas le suivre ici. Mais le garçon le surprit une fois de plus quand il sauta à sa suite et reprit le combat. Ithil l'avait également entraîné à aiguiser ses réflexes. Quand un éclair vint dans sa direction, Erend recula d'un coup pour l'intercepter avec son épée, et le diriger vers Castel pour l'aveugler. Avec ce geste, il réussi à effleurer la main gauche de Castel, qu'il entailla profondément. Castel recula à nouveau, cette fois bien plus loin. Il regardait sa main ensanglantée avec ébahissement, et même avec un soupçon de peur dans le regard. Puis d'un coup, il se mit à rire. Un rire très différent des précédents. Un rire franc et satisfait.

- Je te l'avais dit... pouffa-t-il en s'adressant à lui-même. Tu es un idiot. Tu te fais avoir par un gamin de quatorze ans.

Le visage de Castel changea au quart du tour. Il avait l'air désormais furieux.

- LA FERME ! J'écraserai cette vermine comme je t'ai écrasé toi !

Ebahi, Erend regardait Castel en train de s'engueuler lui-même. Le roi se tenait la tête comme s'il souffrait et son visage était plein de sueur.

- Je t'écraserai ! Je t'écraserai ! JE T'ECRASERAI ! Ce corps est à moi ! Tu n'es plus rien ! SHINOBOURGE !

Le Pokemon répondit à l'appel de son maître en se précipitant sur Erend avec sa vitesse folle. Mais il fut intercepté au passage par Babytus, qui se plaça devant son dresseur.

- Toi pas toucher Erend, méchant canard ! Fit le petit Pokemon.

- Ecrase-le ! Rugit Castel. Casse-brique !

Shinobourge bondit et abattit son bras sur Babytus avec force. Mais le petit Pokemon encaissa et se contenta de reculer.

- Quoi ? S'étonna Castel. Comment cette chose peut résister à un Casse-Brique de Shinobourge ?!

- Leaf m'a dit que votre Shinobourge était très fort, en effet, répondit Erend. Mais Babytus est un Pokemon Fée en plus d'être de type Plante. Les attaques Combat ne font pas grand-chose aux types Fée. En revanche, eux, ils font beaucoup de mal aux types Combat. Et je sais que Shinobourge est un Plante/Combat. Babytus, lance Vent Féerique !

Shinobourge aurait été capable d'esquiver toute autre attaque, mais Vent Féerique avait une précision de 100%. Shinobourge avait beau être rapide, même lui ne pouvait pas contrer du vent. Il se prit donc l'attaque fée qui l'envoya à une distance appréciable. Il se releva, mais il était clairement sonné. Castel eut un rictus de rage. Il leva son bras et tendit la main. Aussitôt, la fourche d'Hafodes se leva et répondit à l'appel de Castel, comme un aimant. Ne pouvant rien faire face à Hafodes, Erend fit la seule chose qu'il pouvait encore faire : il attaqua un Electrode à coté de lui avec son épée.

Le Pokemon émit un son de très mauvais augure et son corps se mit à scintiller. Erend sauta et se raccrocha à la rambarde supérieure. Il parvint à se hisser avant que l'Electrode n'explose. Mais bien sûr, ça ne s'arrêta pas là. Ayant vu un de leur congénère exploser, les Electrode à coté de lui en firent de même. Une réaction en chaîne commença, et si elle arrivait à terme, toute la centrale allait exploser. Erend en était conscient, mais il comptait aussi sur autre chose : le désir de survie de Castel. Le roi ne voulait certainement pas mourir. Et comme Erend avait bien étudié tous ses Pokemon grâce à Nirina, il savait qu'il en avait un capable d'empêcher ça.

C'est ce que fit Castel. Il prit une de ses Pokeball sur Meminyar et appela son Soprielo, l'étonnante évolution d'Altaria. Erend n'aurait jamais pensé qu'Altaria puisse évoluer, comme il pouvait déjà Méga-évoluer. Mais sans doute l'apparition de sa Méga-Gemme datait de bien après l'apparition de Soprielo. Dans tous les cas, le Pokemon au corps nuageux produisit un son apaisant qui résonna dans toute la salle et calma les Electrode un à un, les forçant à s'endormir. Erend se boucha les oreilles. Nirina lui avait bien dit que Soprielo connaissait l'attaque Berceuse. Quand l'attaque prit fin, la porte derrière Erend s'ouvrit, laissant entrevoir Leol et Daniel qui accouraient à sa rencontre. Erend grimaça.

- J'ai ordonné que tout le monde parte !

- C'est ça. Tu nous fusilleras quand on sera rentré, hein ? Fit Daniel en lui agrippant le bras. Mais on ne part pas sans toi.

À ce moment, Leol vit Castel qui remontait sur le dos de son Soprielo. Les yeux du Premier Cavalier s'écarquillèrent, et un sourire dément se peignit sur son visage.

- Castel... il est là... devant moi... Je le rencontre enfin !

Castel lui ne semblait pas connaître Leol et n'avait nulle envie de faire sa connaissance, car il leur lança dessus une énorme boule de feu par le biais d'Hafodes. Erend se jeta à terre en forçant les deux autres à faire pareil. Ils furent néanmoins bien roussis au niveau du dos. Castel lança la fourche d'Hafodes sur eux, qui, dans un cliquetis mécanique infernal, se transforma en un énorme bipède à corne en métal.

- Transforme-les en cendres ! Ordonna Castel.

Pour la première fois depuis sa rencontre avec Castel, Erend fut paralysé par la peur. La dernière fois qu'il avait vu Hafodes sous sa forme réelle, c'était quand ce dernier avait incendié le Sénat et massacré tout le monde. Erend revoyait bien sa mère se faire transpercer par les terribles cornes de ce Pokemon métallique, avant que son corps ne se consume entièrement. Le traumatisme de se souvenir fit trembler Erend et le fit gémir. Heureusement, Daniel prit les choses en main. Il envoya tous ces Pokemon combats - un Mackogneur, un Charmina, un Betochef et un Brutalibre - sur Hafodes. Puis il força Erend à se relever.

- Allez, debout ! Faut que tu survives, petit crétin ! C'est toi qui nous a mené dans tout ce merdier non ?!

Hafodes subissait les assauts des quatre Pokemon combats. En tant que Pokemon Acier, il aurait du les craindre, mais Hafodes n'était pas un Pokemon Acier normal. Il était en Vifacier. Les faiblesses de l'acier ne le concernaient pas. Il enferma le Betochef de Daniel dans un torrent de feu. Le pauvre Pokemon eut à peine le temps de crier avant d'être changé en cendres. Imperturbable, Daniel mit Erend entre les bras de Leol.

- Emmène-le, toi. Veille à ce qu'il s'en sorte !

Leol continuait de regarder Castel. Il semblait tirailler entre deux choix. Daniel lui envoya son poing dans la figure.

- Tu m'écoutes, foutu chevalier de merde ! Si tu veux te farcir maintenant le big boss en chef, tu vas simplement crever. Alors casse-toi avec Erend et retente ta chance quand ce sera le moment. Je vous couvre.

Comprenant que Daniel comptait sa sacrifier pour leur laisser le temps de partir, Erend secoua faiblement la tête.

- N-non... marmonna-t-il. J'interdis...

Daniel lui sourit.

- Je ne t'ai jamais trop apprécié. T'es juste un petit gamin arrogant qui se la pète parce qu'il a eu plus de vingt sur vingt que les autres. Mais je crois aussi que t'es le seul à pouvoir nous mener à la victoire. Et pour la victoire, tu dois t'en tirer aujourd'hui. Et pour que tu t'en tires, je vais devoir jouer au mec cool. Dis bien à toute les nanas de l'Académie ce que j'ai fais aujourd'hui.

Tandis que son Charmina se faisait à son tour consumer par le feu d'Hafodes, Daniel, qui transportait les explosifs, en lança un parmi les Electrode, puis courut en direction de Castel, un second à la main. Leol ne laissa pas le temps à Erend d'en voir plus. Il le porta jusqu'à la porte du réacteur, Babytus à leur suite.

- Non ! S'exclama Erend.

La porte se referma derrière eux, juste au moment où, dans un dernier sourire insolant, Daniel se jeta sur le roi de Cinhol. Une série d'explosion résonna alors derrière la porte. Castel dut à nouveau se servir de Soprielo pour calmer les Electrode, laissant ainsi le temps à Leol et Erend de s'enfuir. La dernière chose qu'Erend entendit avant qu'une bienheureuse inconscience ne l'emporte, ce fut le cri de rage de Castel, qui lui promettait une future rencontre et une mort lente et douloureuse.