Rubis & Saphir - The Origins de Feather17

Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Ils croisent la route de Jessie, James et Miaouss, trois dangereux membres de la Team Rocket en mission secrète à Hoenn. Dans la forêt Myokara pour un entraînement intensif en vue de l’obtention du badge Poing, les trois adolescents pénètrent dans le Territoire Sombre où ils y vivent la nuit la plus terrifiante de leur existence. Vainquant leurs démons, ils finissent par être finalement en paix avec les évènements horribles qu’ils ont précédemment vécus.

Forêt Myokara


À côté de l’étincelant badge Roche, l’emplacement circulaire creusé dans la mousse était resté résolument vide. Quelques mètres devant lui s’entraînaient intensivement ses trois pokémons qui avaient réalisé d’énormes progrès depuis son dernier combat contre Bastien. En à peine quelques jours, il avait capturé un nouveau pokémon, l’avait mis à niveau de son équipe et avait enseigné une nouvelle attaque à l’un d’entre eux. Il pouvait être fier de lui, mais surtout d’eux. Sofian referma sa pochette à badge d’un claquement sec, déterminé, et annonça une pause à ses pokémons pour leur faire part de ses choix stratégiques.
– Les amis, j’ai beaucoup réfléchi ce matin, et j’ai enfin décidé de qui participera au match qui nous fera enfin gagner le badge Poing, dit-il alors que ses pokémons se placèrent en ligne face à lui, prêtant attentivement l’oreille dans l’attente d’être choisi. Pour des raisons évidentes – reprit-il –, Nirondelle sera le pokémon favori de ce match car elle représente un atout majeur contre le type combat de l’équipe de Bastien. Enfin, elle sera soutenue par Écrapince dont la ténacité et la fourberie peuvent être un véritable atout ! Poussifeu, je suis désolé, mais ce sera pour une prochaine fois.
Nirondelle chantonna de bonheur tandis que Poussifeu maugréa contre Écrapince qui lui avait volé la vedette. Le pokémon crabe joua de ses pinces musclées pour faire enrager son ami qui répondit à la provocation en lui picorant les pattes.
– Ok, on va reprendre l’entraînement de façon plus spécifique ! intervint Sofian en séparant les deux monstres qui se faisaient à présent des grimaces.
Luttant de toutes ses forces pour empêcher Poussifeu d’attaquer à nouveau Écrapince, une idée lui vint alors à l’esprit.
– Voyons Poussifeu, il ne faut pas te mettre ainsi en colère juste parce qu’Écrapince est un peu plus fort que toi… dit-il en esquissant un sourire narquois pour lui-même alors que la jalousie de Poussifeu ne faisait qu’empirer. Et puis, peut-être qu’un jour tu seras aussi rusé que lui, ou au moins un peu plus stratège que tu ne l’es à présent…
Son plan avait fonctionné, Poussifeu n’arrivait plus à retenir sa colère et s’était jeté sur Écrapince pour lui prouver le contraire, attaque à laquelle Écrapince répondit en dévoilant son potentiel. « Voilà une affaire de réglée », pensa Sofian, plutôt fier de sa technique pour entraîner Écrapince en aillant l’approbation de Poussifeu.
Sofian se tourna enfin vers Nirondelle.
– Où en est-on avec cette attaque « cru-aile » ? lui demanda-t-il.
Nirondelle gonfla fièrement la poitrine, s’envola à toute vitesse vers un fin tronc d’arbre, le frappa violemment de ses ailes et l’arbre fut déraciné aussitôt. Sofian étouffa une exclamation de surprise ; il n’avait pas imaginé qu’elle avait déjà réussi à contrôler cette attaque puissante. Malheureusement, le revers de la médaille se fit très vite remarquer, car Nirondelle chuta au sol, complètement épuisée.
– C’est bien Nirondelle ! félicita Sofian en accourant vers l’oiseau éreinté. Ton attaque « cru-aile » est exemplaire. Cependant, il faudrait que tu arrives à contrôler ton énergie pour en garder en réserve une fois que ton attaque est envoyée : comme c’est une attaque physique, il faut que tu puisses prendre de la distance par rapport à ton adversaire une fois que tu l’as attaqué. Ce serait dommage de perdre le combat juste parce que tu y as été trop fort et que tu n’as pas résisté à la fatigue.
Nirondelle acquiesça fébrilement et Sofian lui remonta le moral par des encouragements.

Flora sortit de son sac à dos la pokéball de Charmillon qu’elle fit apparaître. Après la nuit mortifiante qu’ils avaient vécue dans le Territoire Sombre la veille, ils s’étaient réveillés au bord de mer, complètement perdu, et il leur avait fallu toute la matinée pour retrouver leurs sacs de couchage et leurs affaires personnelles qu’ils avaient abandonnés en s’enfuyant dans la forêt.
– Timmy, j’ai besoin de ton aide ! appela-t-elle en laissant son Gobou aller nager dans l’eau calme de la mer.
– En voilà une nouvelle, s’amusa son ami qui détourna le regard de Tarsal et Arcko qui bâtissaient un château de sable près des vagues.
– Contrairement à Sofian, j’accepte l’aide des autres, fit remarquer Flora. Bref, il faut que tu me donnes des idées pour le concours de Poivressel ! Je n’ai absolument aucune idée de ce que les règles vont être cette année et je suis totalement perdue. Charmillon est magnifique, mais je ne pense pas que son charme dévastateur sera suffisant.
– Et bien, tu peux déjà être sûr qu’il faudra que tu trouves une façon originale pour présenter ton pokémon, donc tu devrais utiliser les techniques de Charmillon dans le but de le mettre en valeur.
– Et si on demande aussi aux coordinateurs de participer au show ? demanda Flora en épluchant une banane.
– Vous n’avez qu’à inventer une chorégraphie qui vous mette tous les deux en valeur, proposa une voix inconnue derrière eux.
Flora poussa un cri et sursauta en découvrant qu’un inconnu venait d’apparaître furtivement sur la plage ; par réflexe, elle lui lança sa banane au visage.


– SOFIAN !! s’écria Flora en se levant d’un bond, imitée par Timmy qui restait sur ses gardes.
– Non mais ça ne va pas la tête ? s’exclama l’adolescent en ôtant les restes de banane écrasée sur son visage..
– Eh ! Qui t’es toi ? s’exclama Sofian sur un ton offensif, Poussifeu, Nirondelle et Écrapince devant lui, prêts à attaquer.
– Mais calmez-vous, je n’ai rien fait ! se défendit le garçon en reculant de quelques pas, impressionné par les pokémons de Sofian. Je suis désolé si je vous ai surpris, je ne voulais pas vous faire peur ! Je vous ai juste vu vous entraîner… j’ai entendu votre amie parler de son futur concours… Je suis un étudiant… Je m’appelle Dan ! ajouta-t-il comme pour terminer son argumentation.
Il tendit fébrilement la main en preuve de bonne foi et les trois amis l’examinèrent attentivement. Le garçon devait être aussi jeune que Timmy, avait de très courts cheveux brun bien coiffés et portait un étrange uniforme : un polo blanc avec l’insigne d’une toque d’étudiant cousue au niveau de sa poitrine, rentré dans un pantalon brun parfaitement repassé. Timmy fut celui qui fit le premier pas et lui serra affectueusement la main.
– Timmy, qu’est-ce que tu… ? s’effraya Flora.
– Relax, les gars ! calma celui-ci.
Il leur fit un signe de tête et Sofian et Flora acceptèrent de l’accueillir à leur tour.
– Je suis désolé pour cet accueil peu… chaleureux, mais on a tendance à rester sur nos gardes quand on voyage et qu’on rencontre certaines personnes dans la nature, expliqua Timmy en éclatant de rire.
– Encore une fois, je suis vraiment désolé de m’être incrusté ainsi et de vous avoir effrayé, s’excusa à nouveau Dan.
– Ce n’est pas grave. Tu es étudiant, c’est cela ?
– Oui, je suis inscrit à l’EPFM, répondit-il en montrant l’insigne sur son torse.
– À tes souhaits ! marmonna Sofian pour lui-même.
Flora gloussa de rire en restant discrète.
– Vous ne connaissez pas l’EPFM ? s’étonna Dan en voyant le regard interrogatif de Timmy.
– L’Ecole des Petits Fifils à sa Maman ? marmonna à nouveau Sofian.
Flora gloussa de rire à nouveau.
– L’Ecole Pokémon Fondamentale de Mérouville, expliqua Dan qui n’avait pas entendu les moqueries des deux adolescents.
– Tu as été accepté à l’Ecole de Mérouville ?? s’exclama Timmy impressionné.
– Attends, tu veux dire que c’est bien d’être dans cette école ? s’étonna Sofian en voyant son ami devenir tout excité par la nouvelle.
– Tu rigoles ? C’est l’école la plus réputée de toute la région ! Tous les grands dresseurs sont sortis de là : Voltaire, Aragon et même Pierre Rochard ! Il paraît même que Pierre Rochard a doublé sa première année, tu te rends compte ?!
– En fait, c’est faux… Il a doublé sa dernière année ! rectifia Dan en faisant un clin d’œil.
– TU TE RENDS COMPTE ??
– Oh, waw ! s’émerveilla faussement Sofian avant d’ajouter à l’intention de Flora, dans un murmure : cinquante pokédollars que Timmy tombe amoureux de Dan dans les dix prochaines minutes.
Cette fois, Flora eut beaucoup de mal à cacher son fou-rire.
– Mais qu’est-ce que tu fais à Myokara ? Tu n’es pas censé être en cours ?
– Si, mais les premières années partent toujours une semaine en découverte dans une autre ville pour apprendre à faire connaissance avec des étudiants d’autres options. On a monté notre campement pas loin, plus à l’ouest, et j’étais chargé d’aller chercher de l’eau pour ma tente, quand je vous ai entendu parler au loin.
– Il a entendu la douce voix mélodieuse de Timmy, ricana Sofian au grand plaisir de Flora.
– Je vois que tu es intéressé, tu veux que je te fasse visiter le campement et ma tente ? proposa Dan.
– Y a une chose que Timmy voudrait bien visiter, chuchota Flora alors que Sofian n’arrivait plus à rester sérieux.
– Je vous présenterai à mes amis, ils sont assez doués en matière de combats et de coordination, ça pourrait t’aider Flora, ils pourraient te conseiller pour ton futur concours.
– C’est vrai ?? s’émerveilla soudainement Flora, intéressée par l’offre.
– Ou donner des conseils sur d’autres techniques à faire dans une tente, si tu vois ce que je veux… murmura Sofian à son oreille.
– Bon tu as fini ? Tu n’es vraiment pas drôle, s’énerva Flora. Quand est-ce qu’on part visiter ce fameux campement de l’EPFM ??
– Wow, attendez ! intervint Sofian, enfin sérieux. J’ai un entraînement moi, je n’ai pas de temps à perdre dans une école pour…
– On a de la nourriture gratuite, précisa Dan.
– Bon ben, qu’est-ce que vous attendez, c’est parti ! décida Sofian en prenant son sac à dos.


L’ouest de l’île Myokara était encore une terre inconnue pour les trois amis. Jusqu’alors, ils s’étaient contentés de longer l’océan sur la rive droite de l’île mais une fois arrivé dans cette partie florissante du territoire, ils regrettèrent bien vite leur obstination à rester du même côté, car la nature était bien développée à l’ouest et les arbres fruitiers, tout comme les rivières y étaient plus nombreux. Après une petite demi-heure de marche en traversant d’un côté à l’autre l’île, ils arrivèrent dans une gigantesque plaine envahie par une centaine de tentes chacune d’une couleur différente, et de nombreuses personnes gambadant d’une tente à l’autre près d’un grand lac, tous vêtus du même uniforme, à l’exception des filles qui portaient des jupes estivales brunes.
– Wow ! s’exclama Timmy en se rendant compte de l’impressionnante quantité d’étudiants qui avaient élu domicile dans cette plaine.
– Quand tu penses qu’on dort à la belle étoile depuis des jours et qu’ici, ils ont tout le confort du monde… se plaignit Sofian.
– L’Ecole Pokémon Fondamentale de Mérouville, expliqua Dan en leur faisant visiter le campement, propose aux étudiants de première année six options différentes durant toute l’année : l’option policière qui forme des agents accompagnés de pokémons, l’infirmerie pokémon, la coordination pokémon, le dressage, l’élevage et — une option vraiment barbante et inutile — l’arbitrage en jeux pokémons. Tout le monde a cours dans toutes les options et en fin d’année, chacun choisit l’option qu’il voudra étudier durant les cinq années suivantes. Chaque cours de chaque option se déroule dans un chapiteau différent qui se trouve aux six coins de la plaine.
Dan leur montra du doigt au loin l’endroit où se donnaient les cours d’infirmerie, chapiteau blanc muni d’une croix rouge au-dessus de son entrée, et Sofian se souvint du chapiteau bleu orné d’une image de menottes qui devait avoir le rôle de salle de classe pour les futurs agents de la police.
– Les plus petites tentes de couleur noires sont les « foyers », reprit Dan alors qu’ils passaient devant un groupe d’adolescent qui discutaient autour d’un manuel qui offrait des images d’un Caninos sous toutes les coutures. Ils abritent entre trois et cinq étudiants provenant de classes complètement différentes, justement dans le but de créer des liens entre tout le monde et d’éviter les clans et les comportements de supériorité de certaines personnes, comme dans les autres écoles, comme à l’APNE.
– L’apnée ? demanda Timmy intrigué.
– L’Académie Privée de Nénucrique Est, le grand rival de L’EPFM. Mais ils ont beaucoup trop de problèmes de comportements de leurs étudiants, ce qui fait que la formation est vraiment de moindre qualité.
– Et il se dit non supérieur aux autres, marmonna Sofian.
Flora lui lança un regard noir et Sofian se défendit en lui faisant de grands yeux.
– Pourquoi s’enfermer dans des classes quand on peut découvrir plein de choses en voyageant ?
– Pour éviter de mourir noyés dans l’océan, probablement, répondit Flora du tac-au-tac.
– Oh, laissez-moi vous présenter notre directrice ! termina Dan en accourant vers la seule adulte aux alentours.
La femme se tourna vers le petit groupe qui la reconnut de suite.
– Roxanne ! s’exclamèrent en chœur Sofian, Flora et Timmy.
– Mais qui voilà ! s’abasourdit la championne de Mérouville en les prenant tour à tour dans ses bras. Je suis tellement heureuse de vous revoir vivants et en bon état ! Tous les journaux ont parlé de ce qu’il vous est arrivé, vos aventures en mer, la mort de… Bref, je suis heureuse de vous revoir en pleine forme !
– Nous aussi, répondit poliment Timmy.
– Vous vous connaissez ? s’étonna Dan.
– Mais bien sûr ! Je l’ai puissamment écrasée il y a deux semaines et j’ai gagné son badge ! annonça fièrement Sofian.
– En parlant de ce combat épique, je vais donner un cours qui pourrait t’intéresser tout à l’heure. Pourquoi ne viendrais-tu pas assister à ce cours ? Allez, je vous invite tous à suivre une journée de cours !
– Sérieusement ?
– Mais oui ! C’est bien la moindre des choses pour vous remercier d’avoir sauvé mon arène ! Flora, Timmy, choisissez le cours qui vous intéresse, et faites-vous plaisir ! Sofian, je te donne rendez-vous tout à l’heure pour un cours de combat pokémon intensif !
Elle leur distribua l’horaire des leçons et les quitta précipitamment, prétextant une réunion importante.
– Mais c’est trop génial ! s’excita Sofian.
– Tiens, je pensais que tu préférais vivre l’aventure pour découvrir les choses, répliqua Flora, un sourire en coin.
– Et ceci, c’est mon foyer, annonça Dan en les invitant à entrer dans une petite tente noire qui se trouvait à proximité d’un puits.


– On attend Dan avant de commencer ! disait une voix féminine à l’intérieure.
– Ne m’attendez plus, je suis là.
Dan déposa son sac à dos au sol et Sofian, Flora et Timmy entrèrent timidement, faisant face à deux adolescents de leur âge : une fille charmante aux longs cheveux noirs dont une mèche cachait un de ses yeux bleus, et un garçon un peu plus grand que tout le monde aux cheveux bouclés blond paille. La fille questionna son ami Dan du regard en déposant une dernière miche de pain dans un panier de sandwiches préparés.
– Les gars, je vous présente Sofian, Timmy et Flora, dit-il. Je les ai rencontrés en allant chercher de l’eau. Ils sont en voyage dans Hoenn et la Brock vient de les inviter à suivre des cours cette après-midi. Je leur ai proposé de dîner avec nous.
– Madame la directrice leur a proposé des cours gratuits ? s’étonna la fille.
– Apparemment, ils se connaissent…
– Et bien… Bienvenue ! accueillit chaleureusement le garçon bouclé, un peu dérouté. Je m’appelle Charles.
– Moi, c’est Hélène.
Les trois amis se présentèrent, furent invités à s’installer autour d’une petite table basse et commencèrent à manger en silence. Sofian se jeta sur les sandwiches, sous le regard accusateur d’une Flora dépitée. Ce fut Hélène qui brisa la glace.
– Alors comme ça, vous voyagez ?
– Ouaip, je veux devenir champion d’arène ! répondit Sofian sans prendre le temps d’avaler.
– Mange plus proprement, chuchota Flora, gênée.
– Oh, alors tu parcoures la région pour obtenir les badges ! en déduit Hélène qui semblait commencer à s’intéresser à lui.
– Finalement, continue à manger comme un porc pour la dégoûter, chuchota à nouveau Flora qui n’aimait pas du tout le regard intéressé d’Hélène.
– C’est ça ! J’en ai déjà un et je suis en train de m’entraîner pour avoir celui de Bastien, répondit Sofian en ignorant complètement les remarques de son amie.
– Tu as dû en passer du temps à t’entraîner ! dit Dan, époustouflé.
– Aujourd’hui, ça fait exactement trois semaines que je suis parti de chez…
– Trois semaines et tu en as déjà un ?! s’exclama Hélène.
Les trois amis sursautèrent et l’observèrent, étonnés. La jeune fille affichait un air mi-époustouflé, mi-affolé.
– Et bientôt un deuxième ! ajouta Sofian. Maintenant que je sais où se trouve le Village Myokara, je compte bien prendre ma revanche contre Bastien et le battre !
– Les cours vont bientôt commencer, indiqua Charles.
– Si tu veux… Sofian, c’est ça ? Si tu veux Sofian, tu peux venir en cours de dressage avec moi, proposa Hélène.
– C’est le cours de Roxanne ?
– Rox… Oui, c’est le cours de Madame la Directrice, répondit Hélène étonnée par l’usage du prénom de leur directrice.
– Alors, c’est avec plaisir que je te suis ! accepta Sofian avec joie et envie.


Installé sur un pouf comme les vingt autres étudiants de la classe, Sofian attendait impatiemment l’arrivée de Roxanne, dont il attendait beaucoup d’apprentissages. Il comptait mettre en pratique toute la théorie qu’il allait apprendre pour son futur match contre Bastien. Avec les savoirs d’une championne d’arène, il était certain de décrocher la victoire.
– Bonjour tout le monde, accueillit Roxanne en entrant dans le chapiteau rouge au logo d’une pokéball, pas besoin de sortir vos pokémons pour l’instant…
– En première, on ne peut avoir qu’un seul pokémon parmi une liste bien spécifique, expliqua discrètement Hélène à l’oreille de Sofian.
– … car nous allons commencer le cours par une petite vidéo très intéressante. Le vidéo que je vais vous montrer est un combat particulièrement intense qui m’a donné beaucoup de fil à retordre et dans lequel de nombreuses techniques basiques ont été utilisées.
Roxanne alluma le vidéoprojecteur et Sofian poussa un petit couinement de surprise lorsqu’il se reconnut à l’écran. Roxanne venait de démarrer la vidéo que le caméraman de la RTH avait enregistré lors de son combat contre Sofian, à l’issue duquel elle avait dû capituler. Sofian participa ainsi une nouvelle fois à son épique premier combat officiel. À côté de lui, Hélène n’arrivait pas retenir sa mâchoire qui pendait de fascination devant un tel combat. Toute la classe poussa un long « woooow » de plaisir en assistant à la fameuse technique improvisée du Goélise de Sofian qui avait réussi à créer une attaque tempête de sable. Enfin, Roxanne arrêta l’image au moment où son Tarinor était paralysé.
– Impressionnant ! s’écria un étudiant du fond de la classe.
Et les compliments fusèrent de toute part.
– Magnifique combat, n’est-ce pas ? répondait Roxanne en prenant du plaisir sous les félicitations.
– Excusez-moi, intervint Sofian en levant la main, un sourire en coin. Qu’est-il advenu à la fin du combat ? Comment avez-vous gagné ce match ?
Roxanne le fusilla du regard et se tourna vers sa classe, mal à l’aise.
– Après un combat acharné, malheureusement, et contre toute attente, et surtout avec beaucoup de chance, le challenger m’a battu.
Nouvelles vagues d’émerveillement.
– Mais là n’est pas le sujet ! dit Roxanne en haussant le ton afin de se faire entendre. Qui peut m’indiquer les symptômes dont souffre mon Tarinor à ce moment du combat ?
Mais personne ne l’écoutait plus, tous avaient reconnus Sofian et chuchotaient d’admiration entre eux. Une étudiante leva la main et répondit à la question :
– Votre Tarinor a subi une attaque électrique et se retrouve paralysé.
– Exactement ! Celui qui peut m’indiquer à quelle loi on peut rapporter ce phénomène aura droit de voir la fin du match.
– LA LOI DE FUJI !! hurla Hélène, surexcitée.
– Euh… oui, c’est cela. Je vous prêterai le DVD à la fin du cours.
– Yes ! chuchota Hélène pour elle-même en évitant le regard de Sofian.
C’est alors que Roxanne énonça la Loi de Fuji sur les altérations de statuts et, Sofian dû se l’avouer, le cours fut passionnant.
Ils furent accordés vingt minutes de pratique durant lesquelles, en groupe de deux, ils furent demandés de discuter de techniques de combat lues dans un certain chapitre de leur manuel scolaire. Vu que Sofian ne connaissait pas ce bouquin, ce fut Hélène qui l’inonda de savoir.
– Alors pour commencer, tu dois toujours attaquer en te défendant.
– C'est-à-dire ?
– Tu m’as dit que tu avais un Poussifeu ? Eh bien si ton Poussifeu lance une attaque « flammèche », assure-toi que son adversaire ne puisse pas l’éviter et venir t’attaquer par derrière. Et s’il utilise une attaque « griffe », il faut qu’il soit assez rapide pour ne pas se prendre un coup au passage. C’est le gros problème des attaques physiques.
– Je sais, c’est justement ça qui pose problème chez ma Nirondelle, se confia Sofian. Il faut qu’elle apprenne à garder de l’énergie pour s’éloigner le plus possible après son attaque « cru-aile ». Et j’avoue que certaines attaques spéciales sont dangereuses. Mon Écrapince est très fort pour lancer son « écume », mais cette attaque est parfois trop lente et ses adversaires ont plein d’espace pour l’éviter et contre-attaquer.
– J’ai lu quelque chose par rapport à ce problème, répondit Hélène en feuilletant son livre. Voilà, j’ai trouvé ! Ils préconisent pour les attaques spéciales d’envoyer, disons « l’écume », d’un endroit qui réduirait les possibilités d’esquiver. Regarde les schémas : si tu lances de haut, c’est le meilleur moyen pour que le pokémon esquive car il peut partir de tous les côtés. Si tu lances de face, il ne pourra esquiver qu’à droite, à gauche ou en oblique. Si tu lances de derrière, il ne saura pas d’où vient l’attaque, donc ce sera beaucoup plus compliqué pour lui d’éviter.
– Il faut donc se trouver derrière son adversaire pour que ce soit plus précis, réfléchit Sofian. Mais il a toujours une chance de l’éviter s’il choisit le bon côté pour esquiver… Mh, c’est intéressant… Mais bon, en pratique, c’est beaucoup plus compliqué.
– Tu as l’air de t’y connaître…
– En fait, je viens de débuter mon apprentissage… Je suis sponsorisé par le Professeur Seko qui est un grand ami de mon père. Mon père est le champion d’arène de Clémenti-Ville, il s’appelle…
– …Tu es le fils de Norman Match ?! Oui, je le connais bien. J’ai déjà essayé de le battre mais il m’a écrasée à plate couture. Je m’étais pourtant bien préparée ! Et j’attendais ce jour avec impatience ! C’était justement le jour de la rentrée ! C’est pour ça que j’ai décidé de prendre des cours à l’École Pokémon, afin d’améliorer mes attaques et de prendre ma revanche.
– Mon père est très fort, c’est vrai…
– Crâneur !
Les deux adolescents éclatèrent de rire.


Flora avait décidé de participer à un cours de coordination pour essayer de pallier son problème avec son Charmillon. Charles, apprenti coordinateur, lui avait proposé de suivre un cours de pratique et c’est avec entrain que la jeune fille était entrée dans l’immense chapiteau jaune représenté par une boule à facette. Le professeur qui allait leur donner cours semblait desséché tellement il était vieux, mais cela pouvait être synonyme de considérables années d’expérience en matière de show.
On leur avait autorisé à faire sortir leur pokémon en groupe de deux afin de trouver ensemble un petit pas de danse original.
– Je rêve ou tu as…
– …un Métamorph ! annonça fièrement Charles en lui présentant son pokémon qui ressemblait fortement à un chewing-gum usagé.
– Ils sont super rares à Hoenn !! Où en as-tu trouvé un ?
– Ben en fait, notre rencontre est assez spéciale ! Mes parents habitent à Vergazon. Pour rendre les trajets plus simples, il m’a fallu trouver un kot à Mérouville, donc me délocaliser de ma ville natale. Normalement, il suffit d’emprunter le Tunnel Mérazon pour se rendre à Mérouville, mais après une attaque terroriste de la Team Aqua, le tunnel était infranchissable et le chemin de fer reliant les deux ville a été perturbé. J’ai donc dû faire tout un grand détour, passer par Lavandia, enfin, tu vois le chemin de malade. Comme tu peux t’en douter, je me suis perdu et c’est près de la Grotte Métamo que j’ai trouvé ce Métamorph qui m’a aidé à retrouver mon chemin. Je déteste dire ça, mais je remercie la Team Aqua car sans elle, je n’aurais jamais rencontré mon meilleur ami pokémon.
– Tu sais quoi ? Ne remercie plus la Team Aqua, remercie moi plutôt !
– Comment ça ?
Et Flora lui raconta la véritable histoire de l’effondrement du Tunnel Mérazon. Charles et Métamorph, qui avait la fâcheuse tendance d’imiter tous les gestes de son maître, en restèrent coi.
– Eh bien merci à toi Flora ! dit-il en lui serrant vigoureusement la main. Et toi et ton Charmillon, c’est quoi l’histoire ?
– Oh, ce n’est pas aussi intéressant que votre rencontre. J’ai trouvé le Chenipotte le plus balèze de la région et je l’ai capturé pour participer aux concours pokémons.
– Dan m’a dit que tu avais du mal à trouver de quoi plaire au public ?
– Ben c’est surtout que je n’ai aucune idée de ce que je devrais faire en fait. On a répété un petit pas de danse, mais n’importe quel pokémon pourrait le faire. Charmillon s’envole en tournoyant sur lui-même. Je n’arrive pas à trouver quelque chose d’original.
– Tu devrais penser à inclure une attaque spéciale de ton Charmillon. Genre, son vent argenté qui pourrait le faire scintiller en explosion finale.
– Bonne idée ! Mais Charmillon ne connait pas cette attaque et il faut énormément d’entraînement pour la maîtriser. Je ne serai jamais prête…
Flora et Charles tombèrent dans un silence studieux à la recherche d’une idée. Pendant ce temps, le Métamorph de Charles se transforma en une réplique parfaite de Charmillon et les deux pokémons s’amusèrent de leur côté dans une danse aérienne. C’est alors que le Métamorph envoya une poudre jaune qui retombe sur la main de Flora.
– Aïe ! s’écria la jeune fille en sentant sa main se paralyser.
– Métamorph ! réprimanda Charles. Tu n’as pas honte ? Viens demander pardon tout de…
– Non attends ! interrompit Flora. Le « para-spore »… Je crois que je tiens une idée !


– Cadeaux !
Timmy distribua des boîtes cylindriques à Sofian et Flora, et les invita à les ouvrir. À l’intérieur de la première se trouvait une sorte de pâté pour chat d’une couleur bleue à l’odeur dérangeante.
– En cours d’élevage, on a appris à fabriquer de la nourriture à partir de baies, universellement appréciées chez les pokémons. Sauf les Rattata, allez savoir pourquoi, ils ne supportent pas le goût.
– Tu m’étonnes… marmonna Sofian en refermant rapidement sa boîte à nourriture pokémon.
– Je vous en ai préparée pour vous aussi, dit Dan en en donnant à ses amis.
– Oh euh… merci Dan… grommela Hélène en plaçant rapidement la boîte de nourriture dans son sac.
– Je suis sûr que Métamorph va… apprécier… remercia Charles, le pokémon duquel avait fait un pas en arrière pour s’éloigner de la nourriture de Dan.
Hélène fit un signe à Sofian de jeter la pâtée directement et le garçon esquissa un sourire amusé.
– En tout cas, cette journée fut très enrichissante ! s’exclama Timmy, ravi. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant amusé.
– À cuisiner ? S’il-te-plait, ne me fais pas rire. Moi, j’ai mis au point une technique infaillible qui va me faire gagner mon deuxième badge !
– Ah oui, les gars ! Vous ne devinerez jamais ! Sofian a complètement laminé la Brock lors de leur match ! raconta Hélène. Et j’ai les preuves en DVD ! Ce soir, soirée film !
– Encore avec vos films de combats pokémons ? soupira Charles. Ce ne sera jamais aussi intéressant que la journée qu’on a passée Flora et moi, pas vrai ?
– Oh oui ! Je pense avoir trouvé la solution pour mettre Charmillon en valeur au prochain concours !
– Waw ! La belle affaire ! Payer pour apprendre à danser sur une scène, perte de temps ! se moqua Sofian.
Et la conversation se transforma en un énorme brouhaha de complaintes et d’arguments pour prouver qu’une option était la meilleure qu’une autre.
Au bout de vingt minutes, les six étudiants finirent par éclater de rire face à leurs différences.
– Nous étions très ravis d’avoir pu participer à cette journée de cours, remercia Timmy en serrant à nouveau la main à leurs nouveaux amis. Il commence à se faire tard, nous devrions retourner à notre propre campement.
– Campement ? Trois sacs de couchage le long de la mer, ça me fait plus penser aux aventuriers de Croc-Manta plutôt que d’un campement ! se plaignit Flora.
– Trop romantique ! s’exclama Hélène avec envie.
Flora leva les yeux au ciel et mima l’envie de vomir à Timmy qui sourit, amusé.
– Mais sérieusement, vous pouvez rester avec nous ce soir, proposa Hélène. Surtout qu’il y aurait quelque chose que j’aurais bien voulu te proposer Sofian.
– Elle est pas bien, elle ? s’exclama Flora, choquée.
– Comme tu es un dresseur en voyage et que mon rêve serait aussi de collectionner les badges d’arène, j’aurais voulu m’affronter à toi dans un match pokémon !
– Oh… se calma Flora à qui Timmy donna un petit coup de pied discret.
– Comment ne pas accepter une telle proposition ? répondit Sofian avec entrain. En plus, ça me permettra de tester ce que j’ai imaginé tout à l’heure !
– Et on est reparti… marmonnèrent en chœur Flora et Charles.
Les deux apprentis coordinateurs échangèrent un regard complice.


– Je pense que tu vas être impressionné par mon pokémon !
Hélène envoya la seule pokéball qu’elle détenait dans les airs et la lumière blanche qui s’en échappa se transforma vite en une minuscule boule pâle aux taches rouges. Le pokémon ressemblait fortement à une grosse baie pourrie, et de mauvaise humeur étant donné la grimace que semblait afficher naturellement le pokémon.
– Par quoi est-ce que je devrais être impressionné ? se demanda Sofian.
– Les Balignon sont généralement verts, espèce d’idiot ! fit remarquer Flora au loin, confortablement installée au pied d’un arbre.
– Oh, génial, un pokémon différent, je ne vois pas trop ce qu’il y a d’exceptionnel, avoua Sofian de manière banale, à part mon Poussifeu qui, lui, est impressionnant !
Et le petit poussin orange apparut face à son adversaire de la même taille.
– Il n’y a que moi qui ne suis impressionné que par le ridicule que dégagent ces deux pokémons minuscules ? lâcha Charles, ce qui fit exploser de rire Flora.
– Voyons voir si Sofian est prêt pour son match revanche contre Bastien, dit Timmy en terminant de faire ses réserves d’eau dans le lac près duquel ils s’étaient tous les six exilés.
– Tu es prêt ? demanda Hélène, défiante.
– Et comment ! Si je te bats, ça veut dire que je suis enfin prêt à défier Bastien à nouveau ! annonça Sofian.
– Et si moi je te bats, toi, le fils de Norman Match, ça veut dire que j’ai une chance de vaincre ton père et que ma place n’est pas derrière les bancs de l’école ! annonça Hélène.
Sofian et Hélène s’évaluèrent du regard, avant de s’exclamer d’une même voix :
– « Charge » !
– « Charge » !
Les deux petits pokémons coururent l’un vers l’autre à toute vitesse.
– Balignon, accroche-toi à lui !
– Hein ?
Alors que Poussifeu frappa Balignon de plein fouet, le pokémon s’accrocha aux plumes du poussin qui vola au sol avec lui.
– Et maintenant, « vol-vie » !
Une lumière rouge enveloppa la silhouette de Poussifeu et disparut dans le corps de Balignon, comme si ce-dernier venait de lui aspirer de l’énergie vitale. Poussifeu faiblit fortement et Sofian comprit le manège d’Hélène.
– Poussifeu, dégage-toi de son emprise avec « griffe » !
Poussifeu lacéra le visage du Balignon qui le lâcha automatiquement. Le poussin bondit loin derrière son adversaire tandis que celui-ci se relevait en lui tournant le dos.
– MAINTENANT !! Attaque « flammèche » !
Poussifeu envoya ses boules de feu vers le Balignon qui n’avait aucune idée d’où provenait l’attaque.
– Évite sur ta gauche ! ordonna Hélène.
Balignon sauta sur le côté et les boules de feu allèrent s’écraser sur le tronc d’arbre, au-dessus du crâne d’une Flora outrée.
– Je n’avais pas pensé à ça… s’avoua Sofian.
Poussifeu et Balignon se firent face à nouveau, tous deux épuisés mais prêts à continuer le combat jusqu’à la défaite de l’autre.
– Je suis loin d’être prêt à battre Bastien, moi.


À suivre dans : « Deux champions dans la ville »