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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 07/06/2015 à 08:16
» Dernière mise à jour le 06/05/2019 à 22:39

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 282 : Rien qu'un caillou
Solaris regrettait un peu qu'Eryl ne soit plus avec eux. Tuer quelqu'un de déjà mort sans l'aide de la Pierre des Larmes s'avérait un peu compliqué. Eryl n'avait qu'à toucher ces pseudos zombies pour qu'ils s'écroulent comme les cadavres qu'ils étaient. Mais Solaris et Izizi, eux, avaient beau les accabler de coups, d'attaques et d'explosions, ils continuaient à bouger, même s'ils étaient en morceaux. Solaris priait Erubin que tous les vivants qui se trouvaient dans cette forteresse soient dans les étages, car ils faisaient un tel boucan en dégommant ces zombies qu'il semblait presque surnaturel que personne ne les entende.

- Je crois que nous sommes victimes d'un complot, disait Izizi après avoir enfoncé un bâton de dynamite dans la gorge d'un mort-vivant.

Izizi pouvait tirer des bombes artisanales, des grenades et des bâtons de dynamite de chacune de ses poches, et apparemment à volonté. Sympa, ce Manteau à Dimension Supplétive. Solaris acheva de réduire en cendre le zombi qui la menaçait avec son attaque Dracochoc, puis se tourna vers l'Apôtre.

- On a pas la journée, Monsieur Izizi. Nous sommes descendus aussi bas que nous le pouvions. Veuillez commencer à poser vos bombes. Je retiens ces emmerdeurs.

Se faisant, elle sentit une main lui tirer les cheveux. C'était bien une main, mais une main seule, qui continuait à bouger malgré la perte de son corps. Solaris la retira de sa tête avec une grimace de dégout. Bon, les zombies, c'était certes dégueulasse, mais pas très dangereux. Solaris s'inquiétait plus pour ses amis en haut, qui devaient libérer le Premier Apôtre, sans doute sous les yeux du double d'Eryl. Comme c'était elle qui fabriquait ces fichus morts-vivants, si jamais elle était tuée, peut-être que tous les zombies du coin s'effondreraient d'un coup. Une bonne chose. Mais Solaris était curieuse d'en savoir plus sur cette fille qui se faisait passer pour Eryl, et qui avait pris le masque de Mister Smiley.

Et puis, il y avait ce Pokemon sorti de nulle part, cet Enviathan, qui selon le Pokedex de Mercutio, était l'un des Sept Démons Majeurs. C'était une histoire connue que de peu de Gardiens de l'Innocence. Mais elle affirmait que du vivant d'Horrorscor, il avait sous ses ordres sept créatures tirées tout droit du plus profond des Enfers, chacune étant l'incarnation d'un des Sept Péchés Capitaux. Si cela était vrai, et si le Marquis commandait à ces Pokemon Légendaires, ça irait mal pour eux...

Izizi commença son œuvre. Pour lui, poser des bombes, c'était simple : il les jetait à droite à gauche comme un fou de ses poches, sans songer à les disposer convenablement. Mais bon, il y en avait un nombre tel que peu importe leur positionnement : la forteresse ne manquerait pas de s'écrouler. Par contre, les bombes d'Izizi étaient artisanales, avec une mèche à faire brûler. Pas de détonateur à distance ou de minuteur. Le plan était qu'en quittant la forteresse, Solaris utilise son attaque Draco-Nova à l'endroit où se trouvaient les bombes. Combinées à la puissante attaque dragon, ça allait faire un gros boom.

- Solaris...

C'était Dracoraure qui communiquait directement dans sa tête. Elle avait l'air troublé.

- Il y a quelque chose qui approche. Ça semble être un Pokemon, mais... Je ne sais pas. Ça a une présence si lourde, si terrible...

Solaris se mit sur ses gardes. Izizi était en train de poursuivre son minage en chantant un air d'une chanson. Elle lui fit signe d'arrêter, et concentra tous ses sens dragons. Quelque chose arrivait, en effet. Mais ça ne ressemblait pas à un Pokemon. En fait, c'était simplement un enfant. Il semblait avoir une dizaine d'années, et était vêtu d'une espèce de pyjama bleu et d'un bonnet de nuit. Ses yeux papillonnaient, comme s'il était à moitié réveillé.

- Ahhhhhhh ah, fit-il. J'ai dû descendre treize étages avant d'arriver ici. J'ai mal aux pieds. J'ai mal aux jambes. Je suis fatigué, si fatigué...

Il se mit à bailler. Un bâillement tellement profond que Solaris eut envie de bailler à son tour rien qu'en le voyant. Solaris s'apprêtait à lui demander qui il était, mais Izizi ne fit pas dans la dentelles, comme à son habitude. Il lança un de ses couteaux de cuisine à toute vitesse sur la tête du garçon, qui s'effondra d'un coup. Devant le regard critique de Solaris, il haussa les épaules.

- Un garçon de son âge, ici ? Ça ne pouvait être qu'un comploteur, se justifia-t-il. On ne peut prendre aucun risque, et on a pas de temps à perdre.

Solaris était d'accord, mais quand même... Tuer un enfant sans savoir qui il était... Sauf que l'enfant en question n'était pas mort. Il se releva péniblement. Il n'y avait aucune trace de blessure sur son front. Le couteau ne lui avait rien fait. Il était carrément passé à travers !

- Ahhhhhh ah, désolé, je me suis assoupi. Ce voyage jusqu'à Dolsurdus m'a épuisé. Puis voilà que le Marquis m'a demandé d'aller vérifier tout en bas pourquoi Lyre perdait de plus en plus le contrôle de ses morts-vivants... Tssss. J'ai envie d'aller me coucher.

Solaris reçu d'un coup les effluves que ce petit garçon propageait. Elle manqua tomber à la renverse devant une telle aura. Dracoraure avait raison. C'était clairement celle d'un Pokemon. Mais d'un Pokemon terriblement puissant et maléfique. Izizi, bien que ne partageant pas son esprit avec un Pokemon, dut sentir quelque chose lui aussi. Ses yeux se plissèrent, et il devint sérieux.

- Qui es-tu ? Demanda Solaris au garçon. Ou plutôt... qu'est-ce que tu es ?

Le gamin bailla à nouveau, comme si devoir se présenter était pour lui un effort incommensurable.

- Belfegoth. C'est mon nom. Je suis le Démon de la Paresse. Enchanté.

- Un démon, c'est forcément affilié à une organisation complotiste, décréta Izizi.

Solaris revit devant elle l'image d'Enviathan, ce Pokemon gigantesque au look d'un serpent géant avec des ailes, qui serait le Démon de l'Envie. Comment ce petit enfant là pouvait être celui de la Paresse ?

- C'est bien plus qu'un enfant, lui dit Dracoraure. Une illusion, ou une transformation peut-être. Mais c'est bien l'aura d'un Pokemon.

Solaris décida de lui demander carrément.

- Es-tu un Pokemon, ou un humain ?

Belfegoth se gratta la tête, comme si il ne s'en rappelait plus, et que s'en souvenir était un fardeau bien trop grand.

- Ahhhhhhh. Oui. Un Pokemon oui. Quand Erubin nous a scellé tous les sept, elle nous a transformé en petits humains, et a enfermé nos pouvoirs et nos consciences dans ces Sept Piliers de l'Innocence. Moi, c'était le... euh... ah oui, la Tour Chetiflor. Quand Vrakdale l'a détruite, je suis redevenu le vrai moi. Pffffff, j'aurai préféré rester un petit humain. Pas de souvenir, pas de souci, pas d'ordre à recevoir...

Il se frotta les yeux, et regarda Solaris et Izizi, comme s'il venait tout juste de remarquer leur présence.

- Alors bon. C'est vous qui êtes en train de détruire les zombies de Lyre ? À cause de vous, le Marquis m'a envoyé ici. Marcher, c'est fatiguant...

- Le Marquis ? Répéta Solaris, alarmée. Tu veux dire que le Marquis est ici ?!

- Bah oui. Avec mes six frères et sœurs. On est arrivé y'a une heure.

Solaris eut souvenir qu'Enviathan tirait bien une espèce de chariot démoniaque tout à l'heure. Elle grimaça. Si le Marquis et les autre Démons Majeurs étaient en haut, alors Mercutio et les autres n'auraient aucune chance... Ils devaient aller les aider. Mais encore fallait-il se débarrasser de ce Belfegoth. Mais celui-ci ne donna aucun signe qu'il voulait combattre. Il bailla à nouveau, puis se retourna.

- Bon, je remonte. Bonne journée à vous.

Solaris et Izizi échangèrent un regard perplexe.

- Euh... tu ne comptes pas nous arrêter ? Demanda Solaris.

- Vous arrêter hein ? Non, pas envie. Je sens que tu es forte toi, la jolie dame. Je devrai pour te battre prendre ma véritable apparence, et c'est franchement fatiguant. J'ai trop la flemme, désolé. Puis bon, le Marquis m'a demandé d'aller vérifier. Il n'a rien dit sur ce que je devais faire si je trouvais des intrus. Donc je remonte.

Solaris crut à une blague ou à un piège, mais Belfegoth remontait bien les escaliers, sans aucune intention de revenir sur ses pas.

- Voilà un grand moment de solitude, déclara Izizi. Un ennemi comploteur nous trouve en train de tenter de déjouer des complots, et il nous laisse là, comme si nous n'avions aucune importance ! C'est une insulte !

- C'est une chance, plutôt, rectifia Solaris. Vu son aura, je ne sais pas si j'aurai été capable de le vaincre, celui-là. Il nous faut retrouver les autres et partir d'ici au plus vite.

Izizi ne répliqua pas, signe que même lui mesurait tout le danger de se trouver dans le même bâtiment que le Marquis des Ombres et les Sept Démons Majeurs.


***


Ce ne fut pas aisé de trouver la cellule d'Oswald Brenwark. Miry ne pouvait plus les guider ; son Septième Niveau avait uniquement servi à pister cette Lyre. Maintenant qu'ils l'avaient trouvée, le Septième Niveau de Miry avait pris fin, la privant momentanément du Flux pour plusieurs heures voir quelque jours. Mercutio avait bien tenté de se servir du sien pour repérer la présence de Brenwark, mais il n'avait jamais vraiment rencontré le Premier Apôtre, donc il ne connaissait pas sa présence. De plus, cette satané forteresse des ombres était tellement immergée dans les ténèbres que Mercutio avait du mal à sentir quoi que ce soit. Ce fut finalement Eryl qui les guida. Grâce à la Pierre des Larmes en elle, elle parvenait toujours à sentir le pouvoir de l'Innocence où qu'il soit, même caché au milieu de tant de corruption.

Quand ils avaient vu deux zombies garder une porte, ils s'étaient dis que c'était là. Eryl eut du mal à terrasser les deux morts-vivants en question, qui selon elle étaient d'anciens Gardiens de l'Innocence qu'elle avait connu au manoir. Mercutio ne comprenait toujours pas comment il était possible de ressusciter les morts. Enfin, techniquement, ce n'était pas vraiment une résurrection ; les cadavres restaient des cadavres. Cette Lyre semblait juste avoir le pouvoir de les contrôler comme des marionnettes. Assez flippant. Le Premier Apôtre était dans un sale état. Il était étendu sur une table à l'horizontale, les mains attachées derrière sa tête. Sa barbe avait grand besoin d'être taillée, et son costume sale empestait. Quand il ouvrit les yeux, alerté par le bruit, il vit Eryl s'approcher de lui en souriant. Sa première réaction fut de soupirer.

- Quand vas-tu enfin cesser de venir me narguer ? Ton précieux Marquis est là maintenant. J'apprécie plus sa compagnie. On peut discuter sérieusement de sujets trop compliqués pour toi, gamine. Laisse-moi donc.

Mercutio échangea un regard avec Miry. De quoi Brenwark parlait-il ? Avait-il pété les plombs lors de sa captivité ? C'est alors que Mercutio se rendit compte qu'il devait prendre Eryl pour Lyre. Bien sûr...

- C'est bien moi monsieur. Eryl ! Je ne suis pas... l'autre.

Brenwark cligna des yeux, examinant Eryl avec attention, puis Mercutio et Miry.

- Par Erubin ! Mais que fais-tu là, jeune inconsciente ?! Gronda-t-il quand il fut certain que ce n'était pas une illusions.

- On est venu vous sauver bien sûr.

- C'est toi qui a besoin d'être sauvé de ta propre stupidité ! Tu es la plus importante de nous tous ! Venir ici, en plein milieu du territoire ennemi, alors que le Marquis est là...

Mercutio s'avança et délivra le Premier Apôtre avec son Flux, le faisant taire par la même occasion. Pas très reconnaissant, ce vieux...

- Vous aurez l'occasion d'engueuler Eryl une fois qu'on sera loin d'ici, m'sieur, lui dit Mercutio. Comme vous dîtes, le Marquis est là, ainsi que sept de ses copains. On se grouille de filer, et si possible sans trop de vague.

Brenwark se remit difficilement debout, en se frottant les poignets.

- Vous n'êtes que tous les trois ?

- Solaris et Monsieur Izizi sont là aussi, indiqua Eryl. Ils placent des bombes en prévision de notre fuite.

Mercutio aida Brenwark à avancer en le soulevant à moitié sous son épaule. Le trajet inverse allait être long, s'ils ne se perdaient pas en route. Mercutio était en train de se demander si ça lui serait possible de passer par une fenêtre et d'amener tout le monde dehors en utilisant le Cinquième Niveau, quand quelqu'un arriva du couloir d'enfance. Mercutio se figea quand il vit devant lui le portrait d'Eryl, qui le regardait d'un air mauvais et amusé.

- Eh bien, voyez-vous ça ? Des Rattata qui se baladent, dit Lyre.

Mercutio passa le poids de Brenwark à Miry, pour être libre en cas de combat. Eryl regarda son double maléfique avec répulsion.

- Comme quoi, j'ai bien fait de venir dire adieux à Monsieur Brenwark avant de partir, continua la sous-fifre du Marquis. Je sentais mes morts-vivants échapper à mon contrôle depuis un certain temps. C'était donc vous ?

Eryl s'approcha, sans doute dans le but de toucher cette fille avec sa main spéciale Pierre des Larmes pour voir quel effet cela lui ferai. Mais Mercutio ne la laissa pas passer. Si Eryl pouvait la blesser en la touchant, l'inverse était peut-être vrai aussi, étant donné les pouvoirs de cette nana. Mercutio n'aimait pas provoquer un combat sans tout savoir de son ennemi.

- Tu ferai mieux de rebrousser chemin et de faire comme si tu ne nous avais pas vu, lui conseilla Mercutio. Tu peux peut-être fabriquer des zombies, mais face au Flux, je doute que tu puisses faire grand-chose.

Lyre ricana ostensiblement. Non, il n'y avait décidément rien en commun dans sa façon de rire et celle d'Eryl.

- Comme on se retrouve, joli Mercutio. Tu tenais vraiment à me revoir hein, après ce langoureux baiser que tu m'as donné au Plateau Indigo.

Mercutio tâcha de rester de marbre, ce qui ne fut pas facile avec Eryl à ses cotés, qui plissait dangereusement des yeux.

- En fait, j'avais peur que tu sois en réalité un mec déguisé, répliqua Mercutio.

- Oh non, je suis bien une fille. Bien plus vraie que celle qui se trouve derrière toi.

Elle dévisagea Eryl avec une expression proche du dégout. Cette dernière cilla.

- Qui es-tu ? Demanda-t-elle avec colère. Pourquoi prends-tu mon apparence ?!

- Ton apparence ? Répéta Lyre. Depuis quand elle est à toi, espèce de vulgaire caillou ?

Mercutio invoqua le Flux et bloqua Lyre dans sa toile, figeant ses membres et la faisant léviter au dessus du sol. Il n'aimait pas beaucoup que cette usurpatrice traite sa copine de vulgaire caillou.

- T'as pas l'air de bien saisir la situation, qui que tu sois, la menaça-t-il. D'une simple pression de Flux, je peux te briser le cou.

- Fais-le Mercutio, commanda Eryl. Tues-la ! Qui qu'elle soit, elle est mauvaise !

Mercutio bluffait, bien sûr. Il n'aurait jamais pu tuer cette fille qui était le portrait craché d'Eryl, surtout si elle ne se défendait pas. Lyre s'en était rendue compte, et sourit.

- Mercutio est trop gentil. Il ne ferai jamais ça, dit-elle. Surtout qu'il ignore encore la vérité. Tu la veux, la vérité ? Je l'ai déjà dis Monsieur Brenwark, il pourra en attester.

Le Premier Apôtre secoua la tête, comme s'il aurait préféré la faire sortir de sa tête. Mercutio était troublé, mais ne le montra pas.

- Pour l'instant, je ne vois qu'une seule vérité. Tu bosses pour le Marquis des Ombres et sa bande de tarés. Tu es peut-être l'une des responsables de ce qui est arrivé à ma sœur Siena, sa possession par Horrorscor et son pétage de plomb. En résumé, tu es une ennemie. J'ai pas spécialement besoin d'en savoir plus.

- Peut-être pas, mais tu en as envie, rétorqua Lyre. Tu te demandes comment ça se fait, que je ressemble autant à ta copine. Tu te demandes pourquoi même ton Flux si puissant a du mal à nous différencier. Tu considères Eryl comme l'originale et moi comme une usurpatrice hein ? Pourtant, c'est l'inverse, joli Mélénis.

- ASSEZ ! Tonna Brenwark. N'écoutez pas ce que cette fille...

- C'est pas bien pour un avocat de dissimuler la vérité, Monsieur Brenwark, ricana Lyre. Pourtant, elle est là. Je suis la seule et unique fille de Dan et Marine Sybel. Je suis Lyre Sybel, née il y a vingt ans, en sortant du ventre de ma mère. Mais cette chose qui a mon apparence, que vous appelez Eryl... elle est née - ou plutôt, elle a été créée - il y a seulement douze ans. Elle n'est sortie d'aucun ventre. Ce n'est même pas une humaine. Juste une abomination croisée de l'essence d'Erubin et du pouvoir de l'imagination de Silas Brenwark.

Tandis que tout tentait de mesurer le sens de ses paroles, Lyre foudroya Eryl du regard.

- Tu crois que la Pierre des Larmes est cachée à l'intérieur de ton corps, pauvre idiote ? Il n'en est rien. Tu n'as pas la Pierre des Larmes en toi. TU ES la Pierre des Larmes. Juste un fichu caillou qui a pris apparence humaine, me volant mon identité et mes souvenirs. Au final, tu sors d'où ? T'es juste une larme d'Erubin qui s'est solidifiée, puis qui s'est changée en moi à cause de la stupidité de Silas et un foutu coup du destin !

Eryl resta stupéfaite devant l'accusation. Elle devait penser que cette fille avait un câble en moins. Mercutio aussi n'arrivait pas à croire son délire, et pourtant... il ne ressentait aucune duplicité, aucun mensonge dans la voix de Lyre. Juste une satisfaction perverse.

- Qu'est-ce que... C'est ridicule ! Je suis Eryl Sybel ! J'ai toujours été Eryl Sybel. Je me rappelle de mon père et de ma mère ! C'est toi qui t'es fait passer pour moi !

Mais Lyre secoua la tête.

- Tous ceux qui connaissaient Dan Sybel a l'époque pourront attester que sa fille se nommait bien Lyre. J'avais six ans quand mon père a pris Silas Brenwark, alors âgé de treize ans, comme disciple Gardien de l'Innocence. Ils sont alors partis tous les deux à la recherche de cette Pierre des Larmes, deux ans durant. C'est à cette occasion que Silas acquit son pouvoir de l'imagination, capable de changer les pensées en réel. Mais Silas n'a rien dit à personne, pas même à mon père. Déjà à cette époque, il commençait à douter de l'enseignement d'Erubin. Quant à mon père, il trouva bel et bien la Pierre des Larmes. Mais juste après, le Marquis des Ombres me captura. Mon père et Silas vinrent à mon secours. Je fus grièvement blessée dans le combat.

Lyre remonta un pan de son habit, et tous purent voir l'énorme cicatrice qui partait du nombril.

- Tu ne l'as pas, celle-ci, hein, Eryl ? Poursuivit Lyre. C'est normal. Quand c'est arrivé, c'était Silas qui avait la Pierre des Larmes dans ses mains. Quand il m'a vu à terre, à moitié morte, il a craqué. Déjà, il m'aimait bien, et s'était donné pour mission de toujours me protéger. Il a alors utilisé inconsciemment ses pouvoirs à un niveau jamais atteint. Son désir de me revoir saine et sauve et en bonne santé s'est mêlé à la Pierre des Larmes qu'il tenait. Son imagination s'est incarné dans la volonté d'Erubin, présente dans la pierre. Et c'est ainsi que tu es apparue, Eryl.

Eryl secoua la tête, niant tout cela en bloc. Mais Lyre continua, imperturbable.

- Tu n'es qu'une incarnation du pouvoir de Silas, mêlée à la Pierre des Larmes. Le tout petit peu d'âme d'Erubin qui restait dans la pierre a saisi cette occasion pour prendre forme humaine, afin d'agir elle-même pour combattre le Seigneur Horrorscor. Mon père t'a prise et a affirmé à tout le monde que tu étais moi. Il a juste dit changer mon nom, pour ma propre sécurité. Tu es devenue Eryl, et il t'a amené dans son village natal, où tu fus élevé par son frère David. Il espérait sans doute pouvoir se servir de toi dans l'avenir contre Horrorscor. Quant à moi, j'ai cessé d'exister. Mon propre père m'avait renié à la place d'un fichu caillou à forme humaine. Comme toujours, il a fait passer son devoir de Gardien avant sa famille. Mais le Marquis des Ombres m'a prise avec lui, ainsi que Silas. Ils sont devenus ma vraie famille. Voilà toute la vérité.

Mercutio ne sentait toujours aucun mensonge en provenance de Lyre avec son Flux. Le pire était qu'il sentait un accablement résigné en provenance d'Oswald Brenwark. Eryl se tourna vers lui, désespérée.

- Ce n'est pas vrai, tout ça, hein, Premier Apôtre ? Ce n'est qu'un tissu de mensonge, n'est-ce pas ?

Brenwark ne répondit pas, gardant les yeux baissés, tandis que le visage d'Eryl prenait une teinte blême. Lyre éclata de rire.

- Oh, n'en veut pas trop à Monsieur Brenwark de t'avoir caché la vérité, caillou. En réalité, il ne la connaissait pas lui-même. Il a cru mon père quand il a affirmé avoir changé mon nom en Eryl. Mais il se doutait de quelque chose. Je n'ai fait que confirmer ses soupçons.

- Ce n'est pas possible ! Hurla Eryl. Mon père... il... Je ne suis pas la Pierre des Larmes, c'est impossible ! Son message... J'ai vu son enregistrement qu'il a caché dans la Tour des Cieux. Il a bien dit qu'il avait enfermé la Pierre des Larmes en moi !

- Oh, tu as vu cet enregistrement ? Se moqua Lyre. Mais qui était à tes cotés à ce moment, hein, caillou ? Cet hologramme, et tout ce qu'il a dit, ce n'était qu'une farce de Silas, une illusion née de son pouvoir imaginatif. On voulait juste que les Gardiens pensent à toi comme la détentrice de la Pierre des Larmes. Sans pouvoir la retirer de ton corps faute de l'avoir trouvé, ils auraient préféré te préserver plutôt que t'utiliser directement.

- Pourquoi ne pas l'avoir tué directement plutôt ? Demanda Miry. Si vous saviez ce qu'était Eryl, vous auriez du vous concentrer sur elle.

- Ordre du Marquis, fit Lyre en haussant les épaules. Il ne voulait pas que la Pierre des Larmes soit détruite. Il a apparemment des projets pour elle. Et il a bien fait. Nous n'aurions pas pu trouver le Septième Pilier de l'Innocence sans elle.

Puis, se retournant vers une Eryl assommée par ces révélations, elle enfonça le clou.

- Tu as détruit Slender juste en le touchant, exactement comme l'aurai fait la Pierre des Larmes. Tu es capable de sentir les Piliers de l'Innocence. Quand tu t'es montrée, lors de la bataille de la Tour de Babel, les Pokemon du Zodiaque ont immédiatement ressuscité. Tu portes incontestablement la marque d'Erubin. Mais malgré tout cela, tu n'as pas trouvé la Pierre des Larmes dans ton corps. Il n'y a qu'une conclusion à tout ça : tu es toi-même la Pierre des Larmes. Tu as dû le sentir, non ? Même sans vouloir y croire.

Eryl tomba à genoux, comme vaincue par la réalité, des larmes coulant sur ses joues.

- Oui, insista Lyre. Toute ta vie n'est qu'un mensonge. Tu n'es pas humaine. Tu n'es qu'une partie infime de la volonté d'Erubin. Tu n'aurai jamais dû exister !

Eryl était secouée de sanglot incontrôlables. Mercutio craqua. Avec le Flux, il envoya violement Lyre voler à l'autre bout du couloir et s'écraser contre le mur. Puis il posa ses mains sur les épaules d'Eryl et la força à se relever.

- Tu es Eryl, affirma Mercutio avec force. Peu importe d'où tu sois apparues, tu es Eryl. Tu as vécu, tu as rit, tu as pleuré, tu as aimé. C'est tout ça qui fait d'un être humain ce qu'il est. Pas ses origines. Moi, j'aime Eryl Sybel. Ce n'est pas une illusion que j'aime. Donc tu existes. Tu es toi, c'est tout !

Mercutio ne pouvait pas prétendre qu'il n'était pas lui non plus choqué par les révélations de Lyre. Mais il se refusait de penser un truc du genre « Quoi, depuis tout ce temps, ma petite copine était en fait un caillou incarné ?! ». Eryl était faite de chair et de sang. Elle avait une présence dans le Flux. Des souvenirs. Des émotions. C'était tout ce qui importait. Mercutio n'avait pas besoin de chercher plus loin. Eryl sembla quelque peu rassurée par les paroles de Mercutio, et le serra dans ses bras. Mercutio pouvait sentir sa chaleur. Non. Eryl n'était pas qu'un simple caillou. C'est ensemble qu'ils firent face à Lyre qui s'était relevée, la jambe en sang, le regard haineux.

- Eryl est beaucoup plus réelle que toi, lui envoya Mercutio. Elle vit la vie à pleine dents. Elle se bat pour ses amis. Toi, qu'est-ce que tu fais, au juste ? Tu te caches dans l'ombre du Marquis. J'ai vu comment tu t'aplatissais devant lui. Tu ne penses pas. Tu ne vis pas. T'es un mort-vivant, comme tous les zombies que tu créais !

Lyre agita sa main devant elle. Mercutio sentit une force obscure résister à son Flux, comme si sa main le repoussait. Le Flux ne marchait que là où il y avait la vie. Et la main de Lyre, elle semblait nier la vie elle-même.

- Je n'ai pas le droit de tuer le caillou, mais toi, Mélénis, je vais me faire une joie de te refroidir, cracha Lyre. Puis ensuite, je te ranimerai, et tu deviendra l'un de mes esclaves zombies. Tu es plutôt beau gosse, donc je m'amuserai avec toi avant que ton corps ne pourrisse.

- Sympa ta proposition, mais non merci, rétorqua Mercutio. Puis ça marcherai pas. Les Mélénis explosent quand ils meurent.

Lyre chargea, et Mercutio se tint prêt. Il ne comptait pas se servir de son Flux, mais attendait plutôt que Lyre arrive à lui. Mercutio allait lui brandir son bras bionique. Elle pourrait le toucher tant qu'elle voudrait, sa main mortelle n'aurait aucun effet dessus. Mais alors, Mercutio sentit la présence noire et glaciale qui l'avait tant affecté tout à l'heure ; celle du Marquis des Ombres. Ce dernier venait de surgir devant Lyre, comme apparu des ténèbres elles-mêmes. Lyre s'arrêta, les yeux grands ouverts.

- Marquis... ?

- Qu'allais-tu faire, Lyre ? Demanda la voix surnaturelle sous le masque blanc. Tu sais très bien que Yonis nous a demandé de laisser ce garçon en vie.

- Je... Je suis désolée...

Le Marquis ne lui accorda plus la moindre importance et se tourna vers les autres. Mercutio se retint de frissonner. Ce type lui faisait peur. Il avait honte de l'avouer, mais c'était le cas. Il avait senti à peu près la même chose en provenance de Zelan ; sans doute la présence d'un morceau d'Horrorscor tapi dans son âme. Mais chez le Marquis, c'était multiplié par dix. Rien que regarder son masque blanc faisait comme si Mercutio avait plongé dans une eau de banquise. Mais il sentait la chaleur d'Eryl à ses cotés, qui semblait un peu repousser la présence glaçante du Marquis des Ombres.

- Bienvenu dans ma forteresse, déclara l'individu masqué. Je suis navré pour l'accueil déplorable de ma subordonnée.

- C'est bon, répondit Mercutio. On allait partir de toute façon. Nous vous dérangez pas pour nous surtout...

- Mercutio Crust. Ton nom est parvenu à mes oreilles par plusieurs fois. Tu as causé bien des soucis à nos alliés Pokemon Méchas, et tu as empêché le retour du Seigneur Horrorscor il y a trois ans quand Zelan a fait ressurgir la Tour de Babel.

- Ouais, je suis comme ça. Un vrai chieur.

- Mais tu as aussi protégé, en plusieurs occasion, notre précieuse Pierre des Larmes ici présente, continua-t-il en désignant Eryl. Je te dois des remerciements.

Eryl se rengorgea de colère.

- Je ne suis pas à vous. Si je suis vraiment la Pierre des Larmes, j'appartiens aux Gardiens de l'Innocence. À Erubin ! C'est moi qui vais vous détruire !

Eryl se déroba aux mains de Mercutio et chargea sur le Marquis en hurlant. Ce dernier ne fit aucun geste. Quand Eryl tenta de le toucher avec sa main, elle lui passa simplement au travers, et trébucha.

- Que...

Mercutio fronça les sourcils. Il ne comprenait pas, lui non plus. Le Marquis n'était certainement pas une illusion ou un hologramme. Mercutio sentait bien sa présence dans le Flux, ce tourbillon noir et froid. Mercutio tenta sa chance à son tour. Il créa une attaque de Troisième Niveau sous la forme d'un laser de Flux. Le Marquis se le reçut de plein fouet. Mais il ne bougea pas, malgré l'explosion. Il n'avait pas une égratignure. Qui était ce type pour résister ainsi au Flux ? Mercutio ne sentait pourtant aucun morceau d'Ysalry dans le coin...

- Vous êtes amusants, commenta le Marquis. Je serai ravi que vous restiez si d'aventure vous souhaitez discuter avec moi. Je me ferai une joie de vous expliquer la vision du Seigneur Horrorscor, et pourquoi votre cause est vouée à l'échec. Mais si vous désirez partir, je ne vous retiens pas.

Mercutio, soupçonnant un piège, se fendit d'un sourire ironique.

- Bien sûr. Vous allez sagement nous laisser nous barrer comme si on s'était trompé de maison...

- Je n'ai aucune raison de vous garder prisonnier, répliqua le Marquis d'un ton raisonnable. Ni de vous tuer, soit dit en passant. Jeune Mercutio, ton cousin Yonis, l'Elu des Ténèbres, qui travaillent aux cotés des Pokemon Méchas, souhaite que tu reste en vie, pour les dessins de son père. Qui suis-je pour m'opposer aux dessins du Seigneur Asmoth, quand on sait que c'est lui qui a donné vie au Seigneur Horrorscor ?

Mercutio grimaça. Il n'avait pas besoin qu'on lui rappelle le souvenir de cette branche là de sa famille. Il n'avait vu ce Yonis qu'une seule fois, mais effectivement, ce garçon se disait fils d'Asmoth, et donc, le propre cousin de Mercutio. Il serait aussi l'Elu des Ténèbres, donc l'antithèse et l'ennemi de Mercutio.

- Quant à Eryl Sybel, poursuivit le Marquis, je ne désire pas sa destruction. La Pierre des Larmes peut être employée de bien des façons. Enfin, je n'ai rien contre cette jeune Mélénis derrière vous, enceinte qui plus est.

Mercutio accusa le coup, de même que Miry. Comment ce type pouvait-il savoir ? Bien entendu, la remarque n'échappa pas à Eryl, qui dévisagea Miry avec stupeur, puis inévitablement, Mercutio. Ce dernier ne croisa pas son regard. Les affaires personnelles, il verrait après, si jamais ils s'en sortaient tous.

- Donc, vous pouvez partir tous les trois, conclut le Marquis. Mais Oswald reste ici, je le crains. Il est mon très honorable invité.

- Ah ouais ? Renchérit Mercutio. J'ai vu comment il était installé dans votre cellule. Pas terrible, pour un honorable invité. Je pense qu'on l'accueillera mieux chez nous.

- C'est bon, dit faiblement le Premier Apôtre. Laissez-moi. Sauvez vos vie, si vous...

- On ne partira pas sans vous, monsieur, le coupa Eryl. On est venu exprès pour vous.

- Et comme on vous l'a dit, on est pas venu seul, acheva Mercutio.

Il venait en effet de voir quelque chose s'approcher par la fenêtre tout derrière eux, avec sa vision du Flux. Solaris déboula dans le couloir, ses ailes repliées, tenant Izizi par derrière. Le Marquis se retourna, pour se prendre un des poignards d'Izizi en pleine tête. Mais tout comme avec Eryl, le poignard traversa son corps sans dommage. Solaris tira ensuite un Dracochoc. L'attaque elle ne traversa pas le Marquis, mais ne lui fit rien, comme le rayon de Flux de Mercutio. Ce dernier, dans le chaos ambiant, en profitant pour appeler Pegasa. Tandis que son Pokemon noyait le couloir devant lui sous son attaque Lance-flamme, Mercutio passa Oswald Brenwark à Solaris.

- Tu peux le tirer de là ?

- Bien sûr ! Mais, et vous ?

- Je peux transporter Eryl avec mon Flux en volant. Pegasa prendra Miry. M'sieur Izizi sait marcher dans les airs. ON SE DEPECHE !

Mercutio prit Eryl sous ses bras malgré ses protestations, et Miry grimpa sur Pegasa. Lyre tenta d'arrêter Solaris qui filait avec Brenwark, mais la main qu'elle tendait fut tout d'un coup transpercée par un des poignards d'Izizi, qui la cloua au mur. Elle cria de douleur en jurant. Le Marquis, lui, était sorti des flammes de Pegasa sans aucune trace de brûlure. Il tendit la main, et son ombre au sol se déforma pour devenir une espèce de lasso qui captura l'ombre que projetaient Solaris et Brenwark. Alors, Solaris se bloqua en plein vol, comme paralysée. Elle avait beau se débattre et pousser de toutes ses forces avec ses ailes, elle ne pouvait plus bouger.

Mercutio comprit que le problème venait de l'ombre du Marquis. Il s'interposa entre lui et Solaris, libérant son amie et lui permettant de filer en détruisant au passage une bonne partie de la tour. Pegasa et Miry avaient décollé aussi, de même que Monsieur Izizi qui marchait à l'envers dans le vide. Mais Mercutio et Eryl étaient bloqués, leur ombre entravé par celle du Marquis.

- Alors genre, fit Mercutio avec ironie, on ne vous appelle pas le Marquis des Ombres pour rien apparemment.

L'ombre au sol qui serrait celle de Mercutio se raidit. Mercutio sentit que quelque chose était en train de le compresser au niveau de la jambe. C'était là que l'ombre du Marquis l'avait attrapé. Eryl, qui n'était pas entravée, toucha le sol de sa main, à l'endroit où l'ombre du Marquis retenait celle de Mercutio. L'ombre fut alors balayé par une lueur en provenance de la main d'Eryl, et le Marquis recula. Mercutio en profita pour prendre le large. Dehors, Solaris attendait, une mini Draco-Nova invoqué dans sa main. Quand Mercutio et Eryl furent assez loin, elle la lança vers le bas de la forteresse. Cela provoqua une explosion en chaîne qui détruisit tous les premiers étages de l'énorme bâtisse, puis la fit s'écrouler sur elle-même dans un bruit assourdissant et un nuage de poussière. Du bien beau travail, mais Mercutio ne se leurrait pas. Il doutait que ce fusse suffisant pour venir à bout d'un seul être vivant à l'intérieur.