Chapitre 38 : Mise en garde
Chapitre 38 : Mise en garde
« Je préfère que vous répondiez à ma question. »
« Qui est ? » demande doucement la demoiselle blonde avec neutralité bien qu'un fin sourire se dessine sur ses lèvres. Elle est … jolie, oui.
« Est-ce que vous êtes avec eux ? Et donc responsables de ce qui s'est passé … je veux savoir … le plus tôt possible, compris ? »
« Nul besoin d'être menaçant. Et pour te répondre en toute franchise puisqu'il n'est pas là l'heure de se mentir et de se voiler la face, c'est exact. Mais maintenant, moi aussi, j'ai une question : est-ce que tu me connais ? »
« Bien sûr que non. Outre votre prénom que vous m'avez dit, comment est-ce que je pourrais vous connaître ? C'est la première fois que je vous vois. Un peu de sérieux. »
« Je suis tout ce qu'il y a de plus sérieuse dès qu'il s'agit de cela. C'est bien ce que je pensais. »
« Et qu'est-ce que vous pensez ? Car c'est bien beau de dire ça mais ça ne change rien du tout à la situation hein ? Je tiens à vous le signaler. »
« Si tu as si peur de moi, tu peux partir, Ryusuke. Néanmoins, sache qu'à ce moment, je ne compte pas te faire de mal ou autre. Tu es en sécurité et je ne lèverais pas la main vers ta personne, si cela peut te rassurer. »
« Je ne suis pas très rassuré, qu'importe ce que vous me dites, c'est bien simple. Je suis comme ça et pas autrement. Vous êtes une femme qui fait partie de ce groupe … qui n'a pas hésité ... à accomplir de tels actes. »
« Oh … Si tu parles de ce professeur déviant, il ne causera plus de tort dorénavant. Saches que tu es assez important pour nous. Je parle, je parle mais nous n'avançons pas. Tu veux voir pour tes plâtres, n'est-ce pas ? Tu devrais alors aller un peu plus vite. »
« J'irais plus vite si vous cessiez de m'importuner. Si vous ne me voulez pas de mal, pourquoi est-ce que vous me suivez ainsi ? »
« Oh ? Tout simplement pour prendre de tes nouvelles, rien de plus, Ryusuke. Est-ce une mauvaise chose ? Avec ton corps dans cet état, il n'est pas anormal d'être inquiète, n'est-ce pas ? » dit-elle avant qu'il n'émette un petit rictus.
« A qui est-ce que vous allez faire croire ça ? Je ne tomberai pas dans ce panneau. Être « inquiète » à mon sujet, mais quelle blague désastreuse de votre part ! »
« Ce … n'est pas une blague, Ryusuke. »
Le ton est monté presque en un instant. L'adolescent aux yeux verts pose son regard sur l'adolescente en tenue de cosplayeuse, comme il s'évertue à le penser. Qu'elle le veuille ou non, si elle est ici, ce n'est pas simplement pour le voir. Il n'est pas stupide et elle n'a pas intérêt à le considérer comme tel. Surtout qu'il a Sirénia à côté de lui.
« Je n'ai même pas envie de me battre, c'est inutile. »
Complètement inutile. Comme s'il n'a que ça à faire de ses journées. Il la regarde une nouvelle fois et se remet en route. Riza se met à marcher à ses côtés, comme si de rien n'était. Pourquoi est-ce qu'il a une ennemie ? POURQUOI ?
« Elle n'a aucune intention malveillante à ton égard, Ryusuke. Ca me fait mal de le dire … mais elle n'est pas si dangereuse que ça. »
« Mais alors, est-ce qu'elle me ment ? Est-ce possible ? »
« Je ne sais pas à ce sujet, je n'arrive pas à encore lire les mensonges ou non. Juste les émotions … et elle n'a rien qui pousserait à te faire du mal. »
Tsss, mais alors pourquoi est-ce qu'elle ici ? Si elle est vraiment de ce groupe dont il ne connaît pas le nom, ça ne devrait pas … Enfin … voilà quoi. C'est trop compliqué. Hum, trop compliqué pour un idiot comme lui, bien entendu.
« Ne te dévalorise pas, Ryusuke. Tu es très bien comme adolescent. »
« Je ne sais pas si c'est très réconfortant mais bon … on va te dire merci. Ah, nous y voilà à force de parler, parler, parler. »
Il désigne de la tête ce qui semble être une petite clinique de quartier. Le genre où tu as deux ou trois salles. Une pour la consultation, une pour le bureau, et une troisième pour l'infirmière qui prend les rendez-vous et signale quand c'est bon pour passer.
« Hum … Je ... » commence à dire Riza, regardant à droite puis à gauche avec une petite pointe d'inquiétude. « Oh et puis zut. Je le peux. Nous y allons dès maintenant, Ryusuke. Nous avons déjà assez perdu de temps. »
« He… Hey ! Je sais quand même ce que je fais, je peux me débrouiller seul. » dit-il alors qu'elle lui prend la main pour le tirer à l'intérieur.
Depuis quand est-ce qu'il se fait traîner par une inconnue ? Néanmoins, en pénétrant dans le cabinet, il soupire de soulagement. Il n'y a personne. Il n'a pas besoin d'avoir des rumeurs en prime. Mais bon, voilà que l'infirmière relève la tête, le regardant avant de sourire :
« Oh ? Ryusuke ? Tu as enfin décidé de venir nous voir ? Tu as de la chance. Le docteur va pouvoir te recevoir dans les cinq prochaines minutes. Je ne connais pas ton amie. »
« Ce n'est pas vraiment mon amie. Elle ne fait que m ... »
« Je m'appelle Riza. Enchantée de vous connaître. Il semblerait que vous êtes assez proche de Ryusuke non ? D'après le sourire que vous avez fait en le voyant. »
OUCHHHHHHHHHHHHH ! Il n'a pas put terminer sa phrase. Cette folle aux cheveux blonds lui a écrasé le pied avec l'un de ses talons ! Mais elle est cinglée ou quoi ? Ca fait horriblement mal ! Et encore, il a de la chance que ce n'est pas celui qui est plâtré !
« Oh, je vois, je vois. Et oui, vu qu'il n'y a qu'un cabinet dans les environs, ou alors, il faut faire plusieurs kilomètres pour un hôpital, tout le monde se connaît ici. »
« Je vois, je vois … Bon, alors, je vais patienter en attendant de savoir si Ryusuke a besoin que l'on lui retire les plâtres ou non. Je dirais que oui, à vue de nez. »
Et comment est-ce qu'elle peut le savoir ? Pfff … Voilà qu'il reprend une mauvaise habitude. Avec Kasiopé, il a réussi à s'ouvrir mais presqu'aussitôt maintenant, il se referme à nouveau. Mais qui ne le ferait pas en sachant que la personne non-loin de lui peut vouloir le tuer ?
Pénétrant dans la pièce du docteur, celui-ci prit de ses nouvelles alors que l'infirmière arrivait peu de temps après, chuchotant quelque chose dans l'oreille du médecin. Celui-ci parut surpris mais souit à Ryusuke, lui demandant tout en palpant le plâtre :
« Alors ainsi, tu t'intéresses enfin aux filles, Ryusuke ? Il était temps, à ton âge. »
« Hein ? Qu'est-ce que vous racontez encore ? Qu'est-ce que vous avez été lui dire ? »
« Oh, elle m'a juste signalé qu'une jeune et magnifique demoiselle attendait avec impatience ton retour de cette salle. Rien de plus. »
« Et si on se mêlait de ce qui nous regarde non ? Ca ne me paraît pas être une mauvaise idée quand on y réfléchit, vous ne trouvez pas ? »
« Oh, Ryusuke. On ne fait que s'amuser mais j'ai une bonne nouvelle. Je peux te retirer le plâtre dès maintenant, qu'est-ce que tu en dis ? Néanmoins, je tiens à te rappeler de ne pas faire de sport tant que tu n'as pas retrouvé une mobilité parfaite mais surtout muscler un peu tes membres. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ? »
« Pa… Parfaitement, pas de soucis. Le message est très bien passé. Retirez-moi alors le plâtre le plus tôt possible, s'il vous plaît. »
Il n'en pouvait plus. Il se laissa faire tandis que le médecin faisait son office. Tant mieux … vraiment tant mieux … Ah … Retrouver le mouvement de ses doigts, qu'est-ce que ça faisait u bien. Il n'était vraiment pas à plaindre mais … ah … Pfiou …
Et puis ce fût le mouvement de son pied. Cela lui arrache un petit cri de douleur car il n'avait plus l'habitude. Le médecin le réprime, lui signalant par là qu'il pouvait attendre et surtout y allait très calmement, rien ne presse.
« Tu vois ? En y allant plus sagement, tout va pour le mieux. »
« Oui oui, je ne suis plus un enfant, docteur, hein ? C'est juste qu'à force de me choper des accidents et des agressions, je suis bien content de revoir mes membres. »
Il veut bien le croire. C'est toujours plaisant après autant de mois. L'adolescent commence à faire quelques mouvements, mais plus doux maintenant. Il tente de se remettre debout, faisant attention quand il pose son pied au sol. Pfiou … Si, ça va. Ca ne lui fait pas mal mais il a l'impression d'avoir le corps qui flotte un peu de ce côté.
« Bon, merci beaucoup. Pour les plâtres, je ne sais pas trop ce que je suis sensé en faire. »
« Tu peux les jeter ou tout simplement les ... »
« Je vais les prendre en souvenir. Merci bien ! » s'écrit une voix féminine avant de rentrer dans la pièce. Riza s'approche des plâtres qui furent parfaitement brisés et coupés en deux. Elle les soulève avec aisance malgré leur poids un peu lourd et vient les mettre dans son sac. Là encore, le poids ne la dérange guère tandis que Ryusuke la regarde, clignant des yeux :
« Je peux savoir ce que tu fais exactement ? C'est quoi ça ? »
« Un simple souvenir de ta part, je trouve ça important de mon côté. Même si ce n'est peut-être pas le cas pour toi, pour moi, c'est important. »
« Pfff … Bref, merci docteur. Je vais rentrer chez moi. Cela surprendra mes parents de me voir avec mes deux jambes et mes deux bras. Ils ne sont pas au courant. »
« Hahaha, fais donc, fais donc … Mais attention, que je ne te voies pas en train de courir, compris ? Il te faudra au minimum une semaine ou deux de « rétablissement ». »
Oui oui, il a parfaitement compris la première fois. Il quitte le cabinet, accompagné par Sirénia et Riza. Cette dernière semble vraiment ravie d'avoir récupéré les plâtres. En fait, cette fille n'est pas dangereuse. Elle est juste très cinglée. En quelques heures, elle avait réussi déjà à se faire bien ancrée dans son crâne.
« Tu es vraiment bizarre. Tu as obtenue ce que tu voulais, n'est-ce pas ? Maintenant, est-ce que tu comptes partir ou non ? »
« Maintenant que tu me tutoies, beaucoup moins mais j'ai des obligations … et il me faudra bien m'éloigner, malheureusement. Ils m'attendent et je vais devoir faire un rapport sur toi. Ah … Vraiment … Je vous jure. »
« Et qu'est-ce que tu vas leur dire à mon sujet ? Et pourquoi est-ce que tu m'as suivi depuis le début ? Qu'est-ce qu'il y a avec moi qui vous intéresse tant ? »
« Les aléas du destin ! Nous pensions simplement retrouver l'expérience alpha et au final, nous sommes tombés sur toi, Ryusuke. C'est comme si nous avions fait d'une pierre, deux coups. Malheureusement, tout ne se passera pas aussi gentiment et simplement qu'aujourd'hui. Je sais que je pourrais te parler pendant des heures, tu n'accepteas pas de me suivre. »
« C'est exact alors, tu peux économiser ta salive, cela te fera un gain de temps très important. Mais bon … L'expérience alpha ? »
« Sirénia, comme tu l'appelles. » déclare Riza en désignant la Kirlia du regard. Ce n'est pas un regard antipathique mais de combattante et rivale.
« De quelle expérience il s'agit ? Ca veut dire quoi, « Alpha » ? »
« Ohla, je ne peux pas t'en révéler plus à ce sujet, Ryusuke. Je risquerais ma vie. »
« Oh tiens, comme ça, nous serions deux à ce petit jeu, non ? »
« Ce n'est pas un jeu, Ryusuke. C'est la réalité. Mais si tu veux tout savoir, comme son nom l'indique, Sirénia est un projet de laboratoire. Elle a réussie à s'enfuir après toutes ces années. Mais bon, j'en ait déjà trop dit. »
« Et par rapport à moi, qu'est-ce que ça ... »
« Non, non et non ! Je te dirais juste une dernière chose, Ryusuke. Prends garde à toi. L'assaut sur l'école n'était pas une erreur. Et même si tu es très bien entouré, ses personnes peuvent finir gravement blessées voire pire, tu me comprends ? »
Il déglutit car il n'a aucun doute sur la portée des propos de l'adolescente aux cheveux blonds. Il comprend ce qu'elle veut dire, il n'est pas stupide … mais il n'est pas effrayé non plus. Ah … Ah … Ah … Oui, c'est vrai, c'est comme ça. Il finit par hocher la tête positivement, Riza retrouvant le sourire avant de tendre ses lèvres :
« Un petit baiser sur les joues pour se dire au revoir ? »
« Je ne crois pas que ça soit une bonne idée. Déjà parce que j'en ait pas envie et ensuite, qu'embrasser mes ennemies, ce n'est pas l'idée que je me fais de l'affrontement et... »
Elle ne lui laisse pas la possibilité de conclure ses propos. Un smack sonore se fait entendre, accompagné d'un grognement de la part de Sirénia. Voilà que Riza s'éloigne à son tour, Ryusuke regardant Sirénia avant de soupirer :
« Je dois penser quoi de cette femme, tu peux me le dire ? »
« Pas que du bien, loin de là. J'arrivais pas à lire dans ses pensées. Elle a réussi à bloquer … je ne sais pas comment elle a fait mais ça ne me plait pas du tout. »
« Hum … mais elle n'a rien fait de dangereux pendant que nous étions là, tu es bien d'accord, n'est-ce pas ? Je n'ai pas été en danger ou autre ? »
« Il n'y avait personne qui nous attendait. J'ai l'impression qu'elle est venue seule. »
« C'est donc une bonne ou mauvaise chose ? Ca voudrait dire que son organisation n'est pas au courant, c'est bien ça ? Ou alors, je confonds tout. »
« Non, non, c'est bien ça, Ryusuke. Mais à quoi est-ce qu'elle joue ? J'aimerai bien le savoir, je dois t'avouer. C'est dangereux comme jeu, très dangereux. Je pense qu'elle s'en rend compte. Elle reste … un adversaire … quelqu'un qui pourrait te vouloir du mal mais en même temps, elle prend des risques inconsidérés, pourquoi ? »
« Je ne sais pas. Tu as entendu non ? Elle parlait d'un projet Alpha, tu ne sais pas ce que c'est exactement, Sirénia ? Car elle te connaît, on dirait bien … et j'ai aussi l'impression qu'elle me connaît. Vu qu'elle a dit mon nom, ce n'est pas impossible. »
« Il y a de fortes chances … mais tu ne t'en rappelles pas ? »
Pas le moins du monde Il fait un hochement négatif de la tête. Il se rappellerait facilement d'une adolescente aussi charm… excentrique qu'elle. Elle avait des bons points mais cette tenue avait été vraiment trouvée … il ne savait où ? Sur internet ? Tout ce qu'il sait, c'est qu'elle est bizarre et spéciale.
« Bon, ne nous préoccupons plus de cela, Sirénia. On va rentrer à la maison plutôt. »
« On devrait plutôt s'inquiéter, c'est le contraire, Ryusuke. Elle nous a prévenu qu'ils allaient revenir. Peut-être faudrait-il s'éloigner du lycée et de la maison pendant un temps ? »
Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? Et abandonner sa famille et Kasiopé ? Enfin, et ses amis ? Hors de question d'accepter ça, il le refusait. Mais la situation n'était peut-être pas aussi joyeuse qu'il le pensait en fin de compte. Oh que non ...