Chapitre 276 : La loi de Venamia
Lady Venamia n'avait pas digéré la bataille de Doublonville. Sans la X-Squad et l'Empire Lunaris qui lui avaient fait faux bond au dernier moment, elle serait la dirigeante de Johto maintenant, et Igeus serait à ses pieds. Elle avait prévu de châtier la X-Squad, mais avant, elle allait rappeler son bon souvenir à l'Empire Lunaris. Elle devait justement venir depuis un bon moment pour récupérer son fils Julian, dont la garde lui revenait. Avant d'aller à la capitale impériale Duttvriff, elle avait décidé de s'arrêter au dessus du comté de Milaro. Cette terre appartenait à Sire Dockson, celui qui commandait la flotte de Lunaris qu'Octave avait prêté à Venamia, et qui avait donné l'ordre de prendre la fuite lors du siège de Doublonville. Par sa faute, les habitants qu'il était censé protéger allaient souffrir. Le ciel était au Mégador, et au Mégador seulement. Aucun signe du moindre petit vaisseau Lunaris. Dockson devait être en ce moment même à la capitale, en train de faire son rapport à Octave. Il avait laissé ses terres sans défense. Quel imbécile...
- Nous amorçons la descente sur Milaro, annonça Fatra à son poste de communication. Nous avons repéré la présence d'une petite base avancée Rocket.
C'était chose courante désormais dans l'Empire Lunaris. Comme la Team Rocket était alliée avec lui, elle avait fait installer des petites bases de support un peu partout. Bien sûr, il n'y avait aucun homme présent. C'était juste un abri équipé d'une petite tour de communication, qui aidait les habitants à recevoir la nourriture et le matériel que la Team Rocket leur distribuait. Venamia avait bien l'intention de cesser de perdre du temps et de l'argent pour ces paysans inutiles.
- Chargez les canons secondaires, ordonna Venamia. Nous allons nous amuser un peu avant de porter le coup de grâce avec le super-laser à Eucandia.
Si quelqu'un sur le pont du Mégador était dégouté par ce qu'ils s'apprêtaient à faire, personne n'eut la très mauvaise idée de protester. Un message joyeux retentit alors, envoyé par la tour de communication de Milaro.
- Salut là-haut ! Ici Milano, pour le vaisseau en approche. Bienvenu dans notre petit chez-nous. Vous appartenez à la Team Rocket ? Vous venez apporter des provisions ?
- Ne répondez pas, ordonna Venamia.
Elle n'avait rien à dire à ces bouseux de lunariens qui apprenaient à peine à se servir d'un poste radio.
- Dites-moi, c'est un sacré appareil que vous avez là, continua l'homme au bout du fil.
Comme personne ne répondit, et que le Mégador continua à descendre, l'homme reprit :
- Euh... bonjour. Quelqu'un me reçoit ? Ici Jan Codris, le... euh... officier de transmission de Milano. Pourriez-vous vous identifier ?
- Madame... commença Fatra d'un air hésitant. Vous êtes sûre que... je veux dire, ces gens n'ont pas l'air de représenter une menace...
- Il marche, ce truc ? Reprit le dénommé Jan Codris. La technologie étrangère et moi... Eh bien, nous n'attendions pas de livraison de la part de la Team Rocket avant le mois prochain, mais vous ne nous dérangez pas, bien au contraire. Nous sommes même prêts à manger vos rations militaires, si vous en avez sous la main.
Venamia ignora le lunarien bavard et se tourna vers sa subordonnée.
- Il ne s'agit pas de menace, lieutenant. Il s'agit d'envoyer un message. Faire payer Sire Dockson, et avertir gentiment l'Empereur Octave qu'il est dans son intérêt de poursuivre son alliance avec nous. Préparez-vous à faire feu.
Fatra n'hésita qu'un court moment avant de dire :
- Bien madame. À tous les canons, préparez-vous à faire feu !
- Vous commencez à me rendre nerveux, les gars, continua Jan Codris dans sa tour de communication. Votre émetteur ne marche plus ? Si j'en crois mes procédures, je dois déclencher l'alarme quand quelqu'un arrive sans s'identifier. Ça serait dommage, quand même. Allez, faite moi un signe quelconque...
Venamia eut un sourire de rapace, et son œil rubicond flamboya encore plus que d'ordinaire.
- Vous avez entendu le monsieur ? On doit lui faire signe. Feu à volonté !
Ce fut une boucherie telle que Venamia n'en avait encore jamais provoquée. Certes, elle avait déjà détruite des villes à Johto, mais ceux qu'elles visaient riposter généralement. Ici, les pauvres types qu'elle vaporisait sur place se contentaient de fuir, de hurler et de mourir. Leurs épées et leurs arcs ne leur servant à rien, et leurs Pokemon étant aussi terrifiés qu'eux. Dans sa tour de communication, Jan Codris continua de transmettre des questions inquiètes, des demandes, des supplications, jusqu'à que le Mégador use de son arme ultime, son super-laser, et n'annihile d'un coup tout Milano et ses environs. L'afflux de messages désespérés cessa aussitôt.
- Bien, déclara Venamia, de bonne humeur après ce massacre. Voilà un endroit où nous n'aurons plus à distribuer de la nourriture, n'est-ce pas ?
Elle éclata de rire, et ordonna ensuite de se rendre à Duttvriff, la capitale. Ce fut là plusieurs Asmolés qui accueillirent le Mégador. Apparement, les lunariens étaient déjà au courant de ce qui était arrivé à Milano. La Team Rocket leur avait trop bien appris à se servir des communications radio. Mais Venamia s'en souciait peu. Au contraire, c'était mieux ainsi. Octave saurait pourquoi elle venait, et plus encore, il saurait qu'il ne pouvait rien faire contre elle. Ces petits Asmolés ne pouvaient rien contre le monstre d'acier qu'était le Mégador, qu'il en ait dix ou mille.
Venamia ne demanda même pas l'autorisation d'atterrir par radio. Elle monta dans une navette, escortée par dix de ses soldats GSR, et descendit jusqu'au palais royal. Octave l'attendait, entouré de ses gardes impériaux. Ça faisait un moment que Venamia ne l'avait pas vu. Il était toujours aussi beau, mais son visage reflétait l'inquiétude et même la peur. Il eut tout de même le bon sens d'ordonner à ses gardes de se tenir tranquille.
- Votre Majesté, commença Venamia. J'ai connu de meilleurs accueils.
Octave la défia du regard.
- Nous n'avons pas coutume de célébrer les meurtriers dans notre empire.
- Meurtriers ? S'étonna Venamia. Allons donc, il ne s'agissait juste que d'une simple mise en garde pour ceux qui seraient tentés de déserter mon combat. J'espère que ton Sire Dockson a bien accueilli la nouvelle. Il risque cependant de ne plus reconnaître son petit comté...
Les gardes d'Octave la fusillèrent du regard, certains en l'insultant. Ils semblaient prêts à se jeter sur elle. Mais Venamia tenait Ecleus, et elle avait ses gardes avec elle. Octave savait qu'ils n'auraient aucune chance. Il leur ordonna donc de garder leur calme.
- Ce que tu as fait était inutile, en plus d'être cruel, lui dit l'Empereur. Ces gens étaient innocents. Ils ne te connaissaient même pas !
- Alors, ils n'étaient pas innocents, répondit Venamia. Ne pas me connaître est un crime. Je veillerai à ce que tout ton Empire connaisse mon nom. En attendant, tu m'avais prêté ta flotte, et elle s'est faite la malle alors que j'en avais le plus besoin. C'est ni plus ni moins de la trahison, après tout ce que la Team Rocket a fait pour vous.
- Sire Dockson a agi selon ses convictions, répliqua Octave. Nous ne bombardons pas les innocents, à Lunaris.
- Nous n'étions pas à Lunaris. Tu m'avais donné ces vaisseaux et leur équipage. Ils étaient à moi, ils étaient sous mes ordres. Désormais, c'est toi qui seras à mes ordres, mon bel empereur. Ta flotte ira où je l'ordonnerai, quand je l'ordonnerai. Elle m'aidera à anéantir mes ennemis une fois pour toute, jusqu'à que tout Johkan soit en paix sous mon règne.
Octave secoua la tête, triste et désolé.
- Ce n'est pas la paix qui sera le moteur de ton règne, Siena. Mais la peur. L'Empire de Lunaris ne prendra plus part à ça.
- Ah non ? S'étonna Venamia. J'ai pourtant mon Mégador juste au dessus de ta capitale. D'un seul coup, je peux la vaporiser comme je l'ai fait à Milano.
- Tu peux tous nous tuer, mais ça ne te donnera pas ma flotte pour autant, répliqua Octave. L'Empire Lunaris ne se soumet à personne. Il préfère mourir.
Venamia eut un sourire mauvais.
- Ahhh, la fierté des preux chevaliers. On croirait entendre ce crétin de Djosan. J'ai bien compris que tu n'accordais que peu de valeur à ta vie et à celle de tes sujets. Mais qu'en est-il de celle de ton fils ?
Sous le regard atterré d'Octave, Venamia claqua des doigts, et ordonna à ses GSR :
- Fouillez le palais, et amenez-moi le prince Julian.
- Qu'est-ce que tu fais ?! S'exclama Octave tandis que les hommes de Venamia se séparaient.
- Je fais juste valoir mon tour de garde, répondit calmement Venamia. Un garçon de son âge a besoin de sa mère, tu ne crois pas ?
Les GSR revinrent quelque minute plus tard avec un bambin de deux ans et demi aux cheveux lavandes comme Venamia. Quand le garçon la vit, il explosa de joie.
- Maman !
Tout d'un coup, le cœur froid de Venamia s'attendrit, et elle prit son fils dans ses bras. Elle sentit Horrorscor frémir de dégout devant de tels sentiments, mais elle s'en moquait. Julian était la seule personne qui comptait pour elle. La seule personne qui lui rendait toujours son amour.
- Bonjour, mon trésor. Je suis venue te chercher.
- Partir ? Avec maman ?
- Oui. Je t'amène dans mon grand vaisseau. Tu l'as vu, mon grand vaisseau ? Ce sera marrant. On va bien s'amuser.
Julian ria aux anges, et Venamia sourit en direction de son père.
- N'est-ce pas "papa", qu'on va bien s'amuser ?
Octave resta pétrifié, de même que ses hommes, tandis qu'on était en train de leur voler leur prince et héritier. Venamia déposa son fils au sol.
- Va avec ces messieurs, mon chou. Ils vont t'amener dans mon grand vaisseau. J'arrive bientôt.
Julian se laissa guider par les soldats GSR, sans peur aucune, trop petit pour comprendre ce qui ce passait, seulement attiré par l'excitation et la curiosité. Octave s'avança, en pleine détresse.
- Attends ! Laisse-moi lui dire au revoir ! Laisse-moi le...
Venamia le fit taire d'un seul regard.
- Voilà la situation, Ta Majesté. Tant que tu m'obéiras bien gentiment, tant que tu amèneras tes vaisseaux et tes hommes là où je le dirai, tout ce passera pour le meilleur des mondes. Julian sera en sécurité, et heureux. Si tu es sage, je te le rendrai, un jour. Mais avise-toi de me faire encore défaut, toi et tes hommes, et ton enfant, tu ne le reverras plus jamais.
Octave avait en ce moment la figure d'un homme ayant connu un siècle de malheurs.
- Pourquoi ? Ne put-il que demander. Pourquoi fais-tu tout ça ? Pourquoi es-tu devenue comme ça ?
Octave pleura, en se rappelant de la fille dont il était tombé amoureux, celle qui était prête à affronter un Pokémon à main nue dans un souterrain obscur, et qui se faisait traiter de dingue chaque minute par Octave. Il lui semblait que c'était une autre vie, une autre femme. Venamia le regarda avec une sorte de révulsion. Comment avait-elle pu se laisser attendrir par ce type ? La Siena Crust de jadis était vraiment une pauvre idiote...
- Tu n'étais pas digne d'être le père de mon enfant, dit-elle. Mais maintenant que c'est fait, c'est fait. Julian sera le premier bénéficiaire du nouveau monde que je vais créer spécialement pour lui. Réjouis-toi au moins de ça, ô puissant empereur.
De retour sur le Mégador, elle accompagna son fils dans la salle de jeu qu'elle avait fait spécialement aménager pour lui. Elle avait la taille d'un hangar, et était remplie de tout ce qu'un enfant de son âge pouvait désirer. Venamia lui donna même ses deux Pokemon dont elle ne se servait plus : Drakoroc et Dojosuma. Depuis qu'elle avait Ecleus, ils lui étaient inutiles, alors autant qu'ils amusent Julian. Venamia allait faire en sorte qu'il oublie totalement son père. Quand elle revint dans son fauteuil sur le pont du vaisseau, elle était satisfaite. Un problème de réglé. Maintenant, c'était au tour de la X-Squad.
***
Mercutio, Solaris et Miry étaient partis avec Eryl et cet Apôtre macho, Izizi. Partis pour où, Galatea n'en savait rien. Pour combien de temps ? Elle n'en savait pas plus. Ce qu'elle savait, c'est qu'elle devrait bientôt faire décoller la base G-5 avec son Flux et la mettre à un endroit hors de la juridiction de Venamia. Une tâche qui ne l'enchantait guère ; utiliser le Cinquième Niveau si longtemps était épuisant. À l'époque, il avait fallu à Galatea l'aide de Mercutio, ainsi qu'une déviation électrique qu'elle avait transformé en énergie pour renforcer son propre Flux. Aujourd'hui, elle était bien plus puissante et experte dans le Flux, et elle pouvait se passer de tout ça, mais ça n'en resterai pas moins fatiguant.
Le général Tender et la nouvelle patronne, Estelle, s'occupaient de choisir leur future destination. Pendant ce temps, Galatea aidait les Gardiens de l'Innocence à s'installer dans la base. Bon nombre d'entre eux étaient de jeunes gens, dont plusieurs enfants, qui étaient un peu perdus. Ils restaient collés pour la plupart à Cosmunia et refusaient de la lâcher d'une semelle. Un Pokemon intéressant, cette Cosmunia. Si elle n'était pas une personne si importante pour les Gardiens, Galatea aurait bien tenté de la capturer.
Il y avait aussi l'ancien Dignitaire Silvestre Wasdens, qui négociait avec les soldats de la base des lits et sacs de couchages supplémentaires. Galatea se serait méfiait de tous ceux qui portent ou auraient porté le titre de Dignitaire, mais elle tenait de Solaris que ce type, Wasdens, était quelqu'un de bien. C'était lui qui avait fait d'elle une Gardienne et avait convaincu les autres de l'accepter. Enfin, il restait cette fille bizarre, qu'ils nommaient Comtesse Divalina. Elle ne s'occupait de rien. Elle se contentait de vagabonder de droite à gauche, les yeux dans le vague, à contempler pendant des heures des trucs aussi impressionnants qu'un mur de façade ou un entrepôt d'armes.
Avec ses cheveux multicolores, son nœud noir façon Alice au Pays des Merveilles et ses grands yeux gris un peu foufou, Galatea s'était demandé si elle n'était pas un peu autiste. Mais tous les Gardiens lui parlaient avec déférence et tous accordaient une attention pleine et entière à toutes ses paroles, même celles qui affirmaient que manger du crottin de Tauros en étant enceinte permettrait à l'enfant, s'il était mâle, d'avoir une virilité plus longue que la moyenne. Les jeunes filles Gardiennes avaient paru impressionnées par cette découverte, mais pour sa part, Galatea n'était pas sûre de vouloir essayer.
- Ce sont tous des doux dingues, ces Gardiens, déclara Galatea à Seamurd.
Ils étaient en train de ranger une petite salle de conférence de la base pour permettre à quelque Gardiens d'y dormir.
- Ils vénèrent un Pokemon mort, ils se croient dans le monde des bisounours, et ils bouffent du caca de Tauros pour que leurs enfants aient un zizi plus long. Je suis sûre que durant leur séance de méditation sur l'innocence ou de prière à Erubin, ils doivent se taper de ces trips de champignons...
- Nous aussi au Refuge, nous méditons et nous prions chaque jours, sourit Seamurd.
- Et vous priez qui ?
- Le plus généralement, Arceus, qui a crée les Mélénis. Et... ton père, le Seigneur Elohius, qui nous a montré la voix du Flux et de la lumière. L'idéologie des Gardiens de l'Innocence n'est pas très éloignée de celle des Mélénis. Après tout, leur déesse Erubin a été crée par Elohius lui-même.
- Ouaip, Mercutio m'a raconté cette légende qu'il a lue à l'Elysium. Ça fait que je suis la demi-sœur en quelque sorte de leur déesse d'innocence. Mais euh... comment mon père a-t-il fait pour créer un Pokemon Légendaire ?
- Le Seigneur Elohius est un maître incontesté du Flux, expliqua Seamurd. Il a utilisé un art aujourd'hui quasiment oublié, qu'on a affronté y'a pas longtemps : la Graphiria.
Galatea s'en souvenait. C'était cette capacité qui consistait à créer à partir de rien nombre de choses : des attaques, des objets, et même des êtres vivants. Badakunk, le défunt Pokemon de Tuno, avait été créé par ce procédé, des mains de Nuvos l'Infini, un Mélénis déchu.
- Nuvos se plaisait à penser qu'il était un expert en la matière, mais son art n'était rien comparé à celui du Seigneur Elohius, continua Seamurd. Il a créé non pas un Pokemon Légendaire, mais trois d'un coup, et chacun d'une puissance redoutable avec des pouvoirs inédits.
- Hum… Dis, puisque je suis sa fille, peut-être que je pourrai me servir de cette Graphiria aussi, et m'en servir pour me créer l'homme de ses rêves, fidèle et totalement fou de moi. Et donc, notre bonhomme Horrorscor...
- Oui, c'est pareil, acquiesça Seamurd. Asmoth l'a conçu de la même façon, avec Diavil et Falkarion.
- Papa et tonton sont deux vrais chieurs, quand même, soupira Galatea. Ils s'amusent à créer des dieux à leurs heures perdues, sans songer une seule seconde au bordel qu'ils pourront provoquer dans leur guerre ancestrale.
Seamurd sursauta, inquiet.
- Euh... il ne faut pas parler des seigneurs Elohius et Asmoth en ces termes. Ce sont des êtres absolus, et ils entendent tout !
- Eh bien qu'ils entendent. C'est de leur faute, tout ce merdier. Ils s'amusent à leur jeu d'immortels, et c'est nous les mortels qui en faisons les frais.
- Ma maîtresse Mélénis au Refuge, Dame Esionie, dit que la lutte entre le bien et le mal est le moteur du monde. C'est cela qui donne aux êtres vivants la force de progresser et de s'améliorer.
Galatea trouvait les Mélénis bien gonflés de dire un truc pareil, alors qu'ils restaient, pour la plupart, enfermés dans leur Refuge, bien à l'abri de tout mal. Mais elle ne dit rien. C'est alors que l'alarme de la base se mit à sonner, et que Galatea sentit un mauvais pressentiment dans le Flux. Quelque chose de mauvais allait se produire.
- Voyons voir si la théorie de ta maîtresse est exacte, soupira-t-elle.
Ils se rendirent au poste de commandement de la base. Estelle, Tender, Domino et le reste de la X-Squad étaient déjà là, ainsi que Silvestre Wasdens. Sur l'écran de sécurité, on voyait tout un bataillon de GSR qui avait entouré la base. Au moins deux cents hommes, avec chars, canons et vaisseaux d'assaut. Celui qui semblait être le commandant de ce détachement s'avança. C'était un colosse à l'air patibulaire, aux cheveux en pointes et qui portait pas moins de quatre pistolets sur son uniforme. Autre chose de notable aussi sur son visage : il n'avait plus de nez. Galatea le connaissait, de réputation seulement. C'était ce dingue de Naulos, un des capitaines de Venamia. Un type qui aimait bien se servir de son autorité de capitaine de la GSR pour martyriser les innocents.
- Je suis le capitaine Naulos, de la Garde Suprême des Rockets, annonça-t-il devant les portes de la base. Je viens au nom de lady Venamia, et fort de son autorité. Nous avons de bonnes raison de penser que l'ex-Agent 005, dénommée Estelle, se cacherai dans cette base. La GSR a un mandat d'arrêt sur cette femme. Lady Venamia vous ordonne de nous la livrer, sous peine d'être déclarés ennemis de la Team Rocket. Personne ne sortira de cette base tant que je n'aurai pas Estelle devant moi. Vous avez vingt-quatre heures pour vous plier à nos exigences, avant que nous détruisions cette base pour venir la chercher nous-mêmes !
Naulos recula et revint devant ses lignes. Estelle se gratta le menton en se tourna vers Domino.
- Nous n'avons pas été si discrètes que ça en arrivant ici apparemment...
- Dites-leur d'aller se faire shampooiner, fit l'Agent 009. On a deux Mélénis avec nous, et des centaines d'hommes.
- C'est d'un blocus qu'il s'agit, répliqua Tender. Ils ont pointé toutes leurs armes sur nous. Au moindre signe suspect de notre part, on va charger.
- Venamia ne va pas détruire l'une des bases les plus importantes du secteur, dit Galatea. Surtout avec vous dedans, général.
- Tu crois que cette gamine se soucie de moi ? Plaisanta Tender.
- Peut-être pas, mais vous êtes le général le plus populaire parmi la Team Rocket. Si elle vous attaque, elle va se mettre à dos tous les anciens officiers. Ce sera la guerre civile...
Galatea avait beau savoir de quoi était capable sa demi-sœur, elle ne la voyait pas aller jusque là juste pour récupérer Estelle. C'était du bluff, forcément...
- On ne peut plus décoller pour leur échapper ? Demanda Ithil.
- C'est une base, ce n'est pas un yoyo, répliqua Galatea. Le temps qu'on soit dans les nuages, ils auront le temps de nous détruire dix fois.
- Il faudrait alors que nous négociassions avec ce vil individu, proposa Djosan. Lui faire croire que dame Estelle n'est point en ce lieu.
- Je doute que Naulos sache ce que négocier veut dire... fit Galatea.
- Ça nous ferait gagner du temps, approuva Tender. Je vais aller le voir. On n'assiège pas ma base impunément.
- Pas vous, général ! Protesta Estelle. Il pourrait vous capturer et vous prendre en otage ! Ni aucun membre de la X-Squad non plus. Ça ferait un moyen de pressions pour que l'unité la serve à nouveau.
- Alors j'y vais moi, dit Wasdens. J'ai négocié avec bien pire quand j'étais Dignitaire. Et techniquement, en tant que Gardien de l'Innocence, je suis neutre.
- Vous étiez un associé d'Erend Igeus, répliqua Estelle. Vous croyez que la GSR vous laissera tranquille ?
- Je vais y aller.
C'était Seamurd qui venait de parler. Tout le monde se tourna vers lui.
- Je ne suis pas un Rocket, ni un partisan d'Igeus. Ce type sera peut-être impressionné si on lui envoie un Mélénis.
Estelle fit mine de réfléchir.
- Oui, je pense que vous êtes le choix le plus sensé...
- Ce n'est pas sensé du tout ! Protesta Galatea. Vous connaissez la réputation de ce Naulos non ?
- Je peux lire l'esprit et le rendre plus malléable, Galatea, lui rappela Seamurd. Une petite discussion avec moi, et ce Naulos sera bien plus ouvert. Je pense être capable de lui faire gober qu'Estelle n'est pas ici.
Tout le monde fini par accepter ce plan, bien que Galatea avait un mauvais pressentiment. Avant que Seamurd ne sorte, elle le prit à part :
- Ne donne aucune raison à ce type de t'attaquer, hein ? Sois gentil, et parle de ma sœur comme si elle était déesse de ce monde.
Seamurd soupira de son inquiétude.
- C'est bon, Galatea. Ce ne sont que des humains.
- Les Mélénis ont un corps humains aussi. Et même eux ne peuvent pas se faire toute une armée à eux seul si l'armée décide de les flinguer.
- Y'a pas de raison qu'ils ouvrent le feu. Ils seront submergés par mon charme.
Avec un dernier sourire insolant, il sorti dans la cour de la base. Galatea revint dans la salle de contrôle pour voir tout ça sur l'écran. Seamurd avançait prudemment, les mains en l'air. Le capitaine Naulos s'avança vers lui. C'était plutôt bon signe. Même lui devait voir là une tentative de pourparlers.
- Vous êtes qui vous ? Demanda-t-il à Seamurd. Vous n'êtes pas Estelle.
- Non monsieur, répondit poliment Seamurd. Je me nomme Seamurd Porov. Je suis un Mélénis, et envoyé par le général Tender pour négocier avec vous.
- Négocier ? Répéta Naulos.
- Oui monsieur.
Naulos ne fit pas un geste ni ne dit mot durant un moment, puis, sans prévenir, sans que personne ne se doute de ses intentions, et avec une vitesse folle de telle sorte que même un Mélénis ne put réagir, il prit deux de ses pistolets et tira. Seamurd fut touché à la tête. Il s'effondra sur les marches de la base, mort avant d'avoir touché le sol. Galatea perçu l'onde de choc de sa disparition dans le Flux comme un coup de poignard brûlant en plein cœur.
- NON !
Les autres ne purent rien dire, trop effarés et horrifiés. Même Zeff en restait muet d'indignation. Naulos rengaina ses pistolets et s'adressa à nouveau à la base.
- Je vois que vous n'avez pas bien compris la situation. Il ne s'agit pas d'une négociation. J'ai dit que personne ne sortira de cette base tant qu'Estelle ne me sera pas livrée. Nous continuerons d'abattre tous ceux qui ne respecteront pas cette règle. La prochaine personne qui doit sortir, c'est Estelle, et avant vingt-quatre heures. La loi est de mon coté. La loi de Lady Venamia. Vous vous y plierez, ou vous disparaîtrez tous !