« L'amour est partout, imprévisible, inexplicable, insurmontable. »
(Richard Curtis dans Love Actually)
« Ne dis rien, je sais, je t'obsède profondément, tu veux m'épouser, tu rêves de mon corps, tu as mille fantasmes en tête, notamment celui où j'entre chez toi, désespéré pour te demander à genoux de m'épouser, etc.... »
(Wallace dans le chapitre 21, « Amis et demi »)
« J'ai dans mon autre moi
Un désir d'aimer
Comme un bouclier... »
(Mylène Farmer, Tous ces Combats)- Monsieur Wallace Gribble... Je suis le médiateur, Milo Sorensen.
Wallace hocha la tête en saluant l'homme blond. Bien qu'un peu secoué, Wallace n'avait aucune égratignure.
- Jebb Crowley, je travaille ici.
Wallace hocha la tête vers le policier quarantenaire.
- Farah Ayani, juriste gouvernementale.
- Enchanté de vous rencontrer. Désolé que ce soit dans de telles circonstances.
Etonnement des trois commissionnaires. On leur avait vendu un sauvageon. Les voilà face à un calme jeune homme tout juste stressé à l'idée de son entretien d'embauche.
- Bien, nous allons procéder... à l'interrogatoire... Les papiers du centre d'incarcération sont en ordre ?
- Yep, admit Jebb.
- Bien ! Quel était votre rôle exact ?
Wallace inspira.
- J'étais le chef. J'ai supervisé la contre-offensive de A à Z. J'ai donné les consignes à chacun conformément aux informations que nous avions reçu. Mon rôle exact pendant les évènements était de faire face au Président.
Ils ne s'attendaient pas à une telle clarté, assurément.
- Attendez... Vous avouez avoir supervisé la...
- Contre-offensive. Nous avons répondu à ce que nous avons pensé être une attaque.
- ... alors qu'en fait... poursuivit Milo.
- Alors qu'en fait nous étions tout bonnement manipulés par Roland Smirnoff qui nous a trompés. Tous.
Farah haussa les sourcils.
- Quel genre d'informations avez-vous reçu ?
- Un journal, un carnet dans lequel étaient consignées toutes les informations nécessaires.
- Où est ce carnet ?
Wallace inspira.
- Il était dans mon casier.
- Mais maintenant que l'établissement a été détruit...
- ... ça ne va pas être de la tarte de le retrouver ! sourit Wallace.
Les trois interrogateurs se surprirent à rire. Mais Jebb poursuivit.
- Qui vous a fourni ce carnet ?
- Nous n'en avons aucune idée.
- Vraiment ?
- Des hypothèses, rien de plus. L'écriture ne correspond pas aux cahiers de brouillon de monsieur Corbin. J'ai mon avis personnel sur la question, mais mes camarades en auraient un tout différent.
Jebb acquiesça. Milo reprit la parole.
- Vous étiez le chef, donc.
- Oui.
- Vos camarades vous ont tous suivis aveuglément ?
- Il y a eu quelques remous, mais ils m'ont tous suivi en connaissance de cause sur le moment.
- C'est-à-dire...
- Les menaces. Tout le monde a été menacé. Ils avaient tous peur pour eux et leurs familles, faire partie de cette attaque, c'était en quelque sorte se protéger. Vous savez ce qu'on dit, la meilleure défense, c'est l'attaque.
- Vous êtes au courant de ce qui s'est passé à la remise des diplômes ?
Wallace déglutit, soudainement ému.
- J'ai pas eu confirmation... si y'avait eu des blessés ou pas...
- Aucun, signala Farah.
Wallace souffla, soulagé.
- Tant mieux.
- Vous avez combattu au nom de qui ? poursuivit Farah.
Wallace haussa les sourcils, marquant son premier retranchement.
- Excusez-moi ?
- Votre combat, vous avez combattu au nom de qui, dans quel camp vous situiez vous ?
Wallace agita la tête.
- On était notre propre camp, au fond.
- Vu la situation, on pourrait penser que vous étiez du côté de Roland Smirnoff.
- Absolument pas. Il s'est servi de nous. Je réfute tout lien avec ce type.
- Vous étiez du côté de Justin Truce, alors.
Wallace cligna des paupières, la tête basse. Il se mordilla les lèvres et regarda Farah.
- Vous êtes affiliée au gouvernement, c'est ça ?
- Je suis au service de l'Agent d'Unys, oui.
Wallace hocha la tête.
- Je sais que j'ai... Enfin que j'ai pas le droit de demander ça, je suis accusé d'actes criminels – et c'est tout à fait normal, je ne le conteste pas – et donc je suis pas vraiment en position de faire cette demande, mais...
Wallace souffla, peiné.
- ... s'il vous plait, ne soyez pas trop durs avec monsieur Truce.
Surprise de la commission d'enquête.
- Vous...
Milo toussota.
- Vous souhaitez que la justice soit clémente avec monsieur Truce ?
- Oui. S'il vous plait.
- Euh...
Milo regarda Farah qui leva les mains.
- Je ne peux rien promettre et encore moins rien dire dans de telles circonstances !
Wallace inspira, semblant songeur. Jebb reprit l'interrogatoire.
- Z'avez pas répondu à la question de ma consœur. Vous étiez du côté de Truce alors ?
- Non, comme je vous ai dit, on était notre propre camp. Mais je veux que vous soyez cléments avec monsieur Truce. Il est une victime au même titre que nous dans cette affaire.
Milo prenait des notes. Farah prit la suite.
- Puis-je faire un rappel des évènements dont votre établissement a été victime depuis le début de votre cycle ?
Elle n'attendit pas la réponse de Wallace qui se résuma à un hochement de tête.
- D'abord il y a eu cette conférence donnée par le staff de Direction Dresseurs, qui s'est visiblement mal déroulée et qui a été le commencement d'une hostilité entre l'entreprise et votre école précise. Ensuite, le bal de promo où votre école est devenue le théâtre d'une véritable guérilla, où une grande partie des élèves ont été enfermés dans le gymnase, et où votre classe s'est retrouvée à lutter contre une armée d'étudiants menés par Direction Dresseurs. L'année suivante, votre école est attaquée par madame Teresa Torres afin de procéder à la récupération de données, ce qui a mené à la dégradation de votre hall d'entrée et donc à une visite d'inspection. Enfin, dernier évènement avant la remise des diplômes, l'incident dit des « Quatre Soldats ».
Wallace hocha la tête.
- D'après les rapports de monsieur Layton Reinhold, c'est à ce moment précis que vous vous êtes radicalisés.
Wallace agita la tête.
- Le terme est un peu extrême...
- C'est à ce moment précis que vous vous êtes radicalisés en tant qu'école, que vous êtes devenus une armée.
- Non, non... On s'est juste préparés à l'éventualité...
- C'est un point ambigu de tout cela. C'est la principale raison pour laquelle nous nous demandons si vous avez répondu ou si vous avez provoqué. De surcroît, c'était la remise des diplômes et toute votre classe était dans les locaux, à attendre. Cela laisse peu de place à d'autre hypothèse que le piège prémédité.
Wallace hocha la tête.
- Je comprends.
- Vous comprenez, mais nous voudrions connaître la vérité.
Wallace acquiesça.
- On s'est sentis menacés, on a eu des informations...
- Qui vous a menacés ?
- Roland Smirnoff.
- Pourquoi est-ce Justin Truce qui vous a attaqués alors ?
Wallace souffla, presque excédé.
- Il a été menacé lui aussi.
- Par ? demanda Jebb.
Wallace secoua la tête.
- Je peux rien confirmer. Probablement par Roland Smirnoff.
- Et c'est pour ça que vous demandez qu'on soit cléments avec lui ? s'interrogea Milo.
Wallace grimaça.
- Pas totalement... Disons... qu'il a probablement plus morflé que nous tous réunis.
- Quoi qu'il ait pu vous raconter...
- Ce n'est pas ce qu'il m'a raconté... Disons... que j'ai vu par moi-même.
Milo, Jebb et Farah se regardèrent, intrigués.***
One Direction – Night ChangesIl n'avait presque pas dormi. Il avait retourné ça dans sa tête. Ses réflexions l'avaient emmené loin, parfois trop, parfois à s'énerver tout seul comme un idiot, parfois à pleurer comme un crétin. Wallace Gribble avait cependant réussi à dormir... vers trois heures du matin. Se levant, il s'aperçut d'autant plus, avec toute cette fatigue, de l'épave qu'il était. « Il n'y a pas de moment où tu te sens plus merdique qu'au lever... Seul ou accompagné. Ça, c'est sûr. »
La journée serait longue, il le savait. Un uniforme l'attendrait probablement. Quinn et Francis étaient en couple, et cela signifiait une avalanche dégoulinante de guimauve à esquiver. Orson lui était redevable à vie, ce qui pourrait s'avérer utile, si un jour il avait besoin d'un bouclier humain, d'un marchepied grassouillet et instable, ou d'un goûteur personnel. Perrine et Robbie s'étaient enfin galochés. « J'arrive pas à croire qu'ils soient restés presque un an en couple sans s'embrasser... »
Wallace soupira. « Reste un an en couple avec qui que ce soit, déjà, et ensuite tu pourras parler... même si pour ainsi dire, ça fait deux ans que Tristan est en couple avec toi... ou alors ça fait deux mois que vous êtes pour ainsi dire en couple... »
Wallace secoua la tête face à ces réflexions qui n'appartenaient plus qu'à la nuit. « Pense à des choses réelles. Choisis des fringues, va prendre ta douche. C'est du concret »
Sous la douche, il put enfin penser à autre chose. Il chantonna, se savonna, se regarda. « J'ai pas pris de poids, tout va bien. Par contre, ça fait un bail que j'ai pas... »
Il essaya de régler ça, mais l'image de Tristan le maudissant sur le parvis de l'école l'empêcha de mener à bien tout travail manuel. Il soupira et entreprit de s'essuyer.
« Il faut que je m'excuse. Mais comment ? Comment m'excuser sans passer pour un couillon et sans lui redonner espoir ? Putain, je hais ma vie sociale de merde... Pourquoi a-t-il fallu que je veuille de sa compagnie... »
Wallace enfila ses vêtements. « Faut croire que t'es humain, Wallace. C'est ça ton problème. »
***
Il prit le petit déjeuner devant la télévision.
[Le premier jour de la réforme Truce a été un véritable désastre. Partout dans le pays, les élèves se sont soulevés contre les nouvelles règles.]
« Putain, tu m'étonnes. »
[Certains élèves interrogés font part d'une page Facebook qui les aurait encouragés à saccager les cantines du pays avec des « batailles de nourriture ». Les parents sont divisés quant à la nouvelle discipline stricte pratiquée à l'école.]
Wallace haussa un sourcil. « On a tous eu la même idée de faire des batailles de bouffe ? Une page Facebook ?! »
Wallace pencha la tête. « Attends, c'est pas la petite chinoise qui l'a mise en place quand même ? C'est méga dangereux, elle est giga conne ! »
[Ce second jour de classe sera marqué par l'entrée en vigueur des uniformes qui seront distribués aux élèves, probablement accompagnée d'un vent de révolte.]
- Tu vas en chier ! ricana Carl.
- Ouais, sûrement, ouais... soupira Wallace.
[Autres faits d'actualité, Roland Smirnoff n'a toujours pas répondu à l'ordre de convocation pour être interrogé dans l'affaire du coup de feu tiré sur Holland Tenorman.]
Wallace plissa les yeux. « Mais il a pas pu lui tirer dessus... C'était son candidat... encore que, vu comme le mec est tordu... »
[Holland Tenorman est toujours à l'hôpital et ne s'est toujours pas réveillé.]
« Chiottes alors. »
Margaret souffla tout en sirotant son thé.
- Avec tout ce qui se passe ces derniers temps, j'hésite à t'envoyer à l'école...
- Mais nan, maman, tout va bien.
- Je vais t'emmener aujourd'hui, je me sentirais plus rassurée.
- Euh... j'sais pas si ça va te rassurer... marmonna Wallace.
***
Margaret emmena donc Wallace en voiture.
- Dis-moi, ça fait longtemps qu'on n'a pas revu ce garçon... Tristan, c'est ça ?
- Ouais, euh... j'sais pas, il a... pris des distances...
Margaret agita la tête.
- Ça ne va pas bien entre vous.
- On sort pas ensemble, maman...
- Oh je t'en prie, Wallace. Avant, tu n'amenais des garçons que pour coucher avec eux.
- Moi et Tristan on n'a jamais couché. Pis Walter, j'ai pas couché avec non plus !
- C'est différent... Il était gentil, ce garçon !
Wallace agita la tête.
- Justement, trop gentil. J'aime bien les bad boys.
- J'avais un genre de garçon, moi aussi, et puis ensuite j'ai rencontré ton père.
- Han non, maman, on n'a pas CETTE discussion quand même !
- Ok, ok, ok. Mais vous étiez mignons tous les deux !
Wallace souffla.
- Tu dis ça parce que tu es ma mère. Moi j'veux pas d'un petit copain.
- Je crois vraiment que ça te ferait du bien, mon chéri !
- Pas comme j'aime.
- Oh, Wallace... souffla Margaret.
- Nan, ok, je vois ce que tu veux dire. La monogamie c'est pas pour moi. Dès demain, je reprends la chasse.
Margaret inspira.
- Eh bien cela me décevra beaucoup.
- Tu m'as pas parlé pendant deux ans, alors te décevoir ou pas...
Margaret regarda Wallace, offusquée. Elle le fut encore plus quand elle vit le parvis de l'école avec les élèves en rang, alignés comme des nord-coréens devant la statue du leader.
- Oh mon DIEU...
- Bienvenue en Enfer. Si j'reviens pas, venge ma mort.
- ... Bonne journée, mon chéri...
Wallace sortit de la voiture. « Même pas un bisou, bravo, Wallace... et puis c'était quoi ce 'Ouais tu m'as pas parlé pendant deux ans alors va chier, maman !' Putain, t'es juste pas foutu d'être... correct avec les gens que tu aimes, merde ?! »
Wallace s'avança entre les rangs. « Putain, ça craint tellement, franchement... »
Il aperçut Jeannot et le salua. « Faudra qu'on reprenne l'entrainement, c'était sympa. »
Il vit Walter, poussé par sa mère sur la rampe. « Han, génial... »
Il s'avança rapidement pour l'aider.
- Oh ! Merci Wallace !
- De rien... Désolé qu'on vous oblige à faire ça...
- Ils suivent la politique de l'association et...elle n'est pas tendre à l'égard des handicapés ! soupira Aude.
Wallace ne put qu'acquiescer. Walter fut porté en haut avec succès.
- Merci... je te le laisse.
- Ok.
- Bye maman...
- Bisou mon chéri !
Aude embrassa son fils devant tout le monde. Wallace plissa les yeux. Il amena Walter à leur rang.
- « Bisou mon chéri ! »
- Moi au moins, ma maman m'aime ! grommela Wallace.
- Ma maman m'aime aussi. Elle veut que je sorte avec Tristan !
- Le monde libre veut que tu sortes avec Tristan. Arceus lui-même veut que tu sortes avec Tristan.
- Putain...
- Vous vous êtes encore embrouillés ou je me trompe ?
- Comment tu sais ?
- Ta mine joviale et épanouie.
- Rhon... Je lui ai dit pour l'histoire de l'opportunisme avec la mort de Manternel.
- Bordel à cul de pompe à merde, Gribble, t'es donc pas FOUTU de fermer ta gueule ne serait-ce que pour réfléchir à ce que tu vas dire ?
- Va te faire monter par un Girafarig, Ludges !
- Tu vois !! grommela Walter. Bon sang, t'en as pas marre de le faire souffrir ?
- C'est lui qui en redemande !
- Dis-moi que tu as prévu de t'excuser sous peu !
Wallace souffla.
- Je vais essayer.
- Ca semble un peu compromis.
- J'ai toujours réussi à arranger les choses avec lui !
- Pour mieux lui refoutre la tête sous l'eau...
- C'est un jeu entre nous !
- Oui vous êtes un couple marié, quoi. Vous baisez pas, mais vous vous faites des tonnes de crasses !
- Han l'insulte ! Couple marié, beurk !!
Arrivée au rang de la classe. Comme prévu par Wallace, Francis et Quinn étaient collés l'un contre l'autre. « Han putain... »
Ils rejoignirent Naomi, Perrine et Robbie, ce qui impliquait de passer devant Tristan, qui lança un regard noir à Wallace. Les classes rentraient peu à peu pour passer au vestiaire installé dans le hall.
- Je veux pas mettre un uniforme... grommela Wallace.
- Personne ne veut. Tu vas devoir m'aider à mettre le mien.
- ... han bordel...
- C'est toi ou Perrine.
- Et je dois déjà aider Robbie à mettre le sien.
Wallace regarda Perrine avec de gros yeux. Robbie montra son poignet bandé. Wallace leva les yeux au ciel.
- Putain, Truman, tu vois à quoi ça mène, ton refus permanent de rendre service à ton mec ? Il a abusé de ses moyens et voilà, c'est cassé ! T'es contente ? Maintenant ça va être à toi de jouer du poignet !
Perrine grimaça. Naomi ouvrit la bouche, dégoûtée. Robbie leva les yeux au ciel.
- Je suis mal tombé en rentrant hier !
- Inutile de la défendre, elle n'a jamais eu la main, c'est sa faute, fallait qu'elle s'entraine, et c'est pas faute de lui avoir proposé !
Naomi regarda Perrine qui fronça les sourcils. Naomi leva les mains. La grosse fille soupira et regarda son cousin.
- Qu'est-ce qu'il a ce matin ?
Walter regarda Perrine en soupirant.
- Problèmes avec Tristan.
- Ah, ça y est, la saison 5 a commencé ?! Génial, moi qui attendait la suite avec impatience. Pourvu qu'ils ne trahissent pas l'esprit des livres... soupira Perrine.
- Ils vont le faire... soupira Robbie.
- Cette semaine, Wallace a été méchant, Tristan a pleuré, Wallace a des remords... souffla Walter.
- C'est redondant, va falloir conclure là... marmonna Perrine.
- C'est TOI qui aurais dû conclure avant que ce pauvre Robbie ne se détruise le poignet !!
- ... encore qu'à ce niveau-là, ça reviendra à sauter par-dessus le requin... soupira Perrine.
Naomi soupira.
- S'il n'y a que ça, je l'aiderai à s'habiller.
Walter regarda Naomi.
- Ah bah oui, ma bonne copine Naomi qui me REverra en slip, génial.
- Oui, nous sommes amis.
- Autant que Wallace et Tristan.
Naomi regarda Walter, excédée. Walter regarda Naomi, provocateur.
- Tu sais que je n'avais pas le choix, c'était ça ou être virée de chez mes parents.
- Je vois ainsi quelle valeur j'ai à tes yeux, c'est cool !
- Walter, tu sais à quel point mes parents sont chiants !
- Oui, mais ton manque de courage est sidérant, compte tenu de tout le courage qu'il t'a fallu pour assumer le fait d'être avec moi !
- Mon père a failli massacrer Wallace !
- Je suis vivant, et si ton père revient, j'le nique ! grogna Wallace.
- Ne te sers pas de Wallace comme excuse !
- Putain c'est dégueu !!!
Tout le monde se tourna vers Francis et Quinn qui s'embrassaient. Steven était révulsé.
- Putain, allez faire ça ailleurs !!
Quinn fit un doigt d'honneur à Steven.
- Nan, j'suis d'accord, vous êtes répugnants, sérieux... soupira Wallace.
Francis, cette fois, fit un doigt à Wallace sans lâcher Quinn.
- Putain, sérieux... Dis quelque chose, petit mexicain !
- J'crois pas, nan.
Wallace regarda Tino qui désigna Tristan, furieux.
- Han la vache...
- Troisième année trois, c'est à vous !!
La classe s'avança. Le hall était décomposé en plusieurs sections séparées par des rideaux.
- Quelle logistique, ouah...
- Wallace, tais-toi... soupira Perrine.
Wallace inspira. « J'y peux rien, Truman. C'est ma façon à moi de relativiser. Si j'blague pas, j'peux pas traverser les journées. »
La petite classe se dispersa pour prendre les uniformes à leur nom. C'était très sobrement du noir.
Clive marqua de suite son opposition.
- Et si je refuse ?
Le surveillant soupira.
- Pete !
Le surveillant balaise arriva.
- Habille-le de force.
Clive haussa les sourcils.
- Nan, nan, ok, ok, j'ai compris, je vais mettre ce stupide uniforme ! Gnnnn...
Clive prit sa tenue et rejoignit une cabine sous l'œil désespéré de Santana.
- Tu vas redevenir un conformiste malgré toi, cette fois-ci...
- Je suis persuadé que cette jupe t'ira à ravir...
Santana regarda la bande de tissu qui allait lui cintrer les jambes.
- ... putain... est-ce que j'ai une culotte ???
- Oh bordel ! geignit Clive.
La classe se changea et tous sortirent identiques et propres. Wallace soupira.
- Ca va être la classe, le sac plastique avec les fringues dedans à se trimballer... Walter, tu t'en sors ?
Wallace vit que Naomi était dans la cabine. Tout comme Perrine avec Robbie. Wallace souffla. « Ouais, allez, les embête pas, tu les as bien assez emmerdés pour la semaine en fait. »
Il vit Tristan sortir et essayer d'ajuster ses manches. « Ça lui va bien... ça le change de ses polos rayés à la con et de ses jeans délavés... »
Wallace soupira. « Tu ne trompes personne et même pas toi-même... »
Tristan semblait avoir un mal de chien avec ses manches. Wallace serra les dents et s'avança. Quand Tristan le vit, il eut un mouvement de recul.
- ... j'veux juste t'aider.
- ... laisse-moi deviner, comme mes parents sont morts, tu as pris pitié de moi, et tu veux en profiter pour me sauter dessus.
Wallace plissa les yeux.
- J'allais y avoir droit à celle-là...
- Et moi je savais que j'allais avoir droit à la tentative de réconciliation puérile genre « Oh non, laisse-moi t'aider ! », à force tu deviens tellement prévisible que je finis par me demander pourquoi je me faisais des illusions.
Wallace leva les yeux au ciel.
- T'as fini ?
- Oui, et il y a aussi autre chose qui est fini, si tu vois ce que je veux dire.
- Tristan, arrête, tu sais que je pensais pas...
- Nan, ça, tu pensais pas... comme souvent... comme... Toujours en fait.
Tristan s'éloigna. Wallace soupira. « Putaiiiiin... »
A distance, Rebecca observait, atterrée.
Tino rejoignit Tristan.
- Ca me va, je pense.
- Hm, c'est plutôt seyant, n'empêche.
- Il est venu te parler ?
- Oui, mais comme d'hab, gros con.
- A partir de maintenant, évite-le. T'as six mois à tenir sans lui parler, dis-toi ça.
Tristan hocha la tête. Il regarda vers Wallace qui s'était assis sur un banc pour attendre ses amis. Il soupira. « Ça lui va vraiment bien d'être bien habillé...Il était bien habillé aussi pour l'opéra... »
Tristan souffla et réussit enfin à ajuster ses manches correctement.
Francis et Quinn se retrouvèrent pour se bécoter à nouveau.
- La classe va nous prendre pour de gros pervers !
- On s'en tape, l'important c'est qu'on sorte enfin ensemble, comme on aurait toujours dû le faire.
- Ca te va bien, l'uniforme !
- Aaaaah la petite Quinn a le béguin pour le soldat Johnson !
- Je t'aime...
- Moi je t'aime encore plus... sourit Francis en embrassant Quinn.
Fey tira la langue.
- On n'est pas comme ça, moi et James !
- Et je pense que James trouve ça dommage !
Fey se tourna vers Wallace qui haussa les épaules.
- Journée de la vanne pourrie. Tu vas bien ?
- Oui... On n'a pas trop eu le temps de se revoir...
- Nan. T'avais un peu la situation avec James à gérer.
- Oui...
Petit silence. Wallace regarda Fey.
- C'est pour quand ?
Fey regarda Wallace, stupéfaite.
- ... Ça se voit tant que ça ?
- ... tu te tenais le ventre de façon équivoque, j'ai dit ça pour déconner...
- Tu te tais, Wallace ! Ok ? C'est un secret entre moi, James et les autres filles !
- Ok, ok... Merde, vous allez faire comment ?!
- On va voir. James fait des efforts, je dois faire le nécessaire de mon côté...
- Tes parents...
- Ouais. Ça va être horrible.
- Mais nan. Tu la joues genre déni de grossesse, ça t'est tombé dessus sans prévenir !
- C'est nul comme stratégie !
- Je sais ! Je suis gay, pas sage-homme.
Fey soupira.
- Si ça se trouve, je vais devoir arrêter mes études. Ou James. On va finir au chômage, incapables de nourrir le gosse tous seuls...
- Dit comme ça, en effet, vous allez en chier...
- Je flippe, Wallace !
- Sinon, fais-le adopter !
Fey fronça les sourcils.
- Le bébé de James ! Hors de question !
- Eh bah démerde-toi mais viens pas te plaindre. « Non, tu aurais dû dire 'Au pire, on sera tous là pour toi'. Pas ça. »
Fey soupira.
- T'as raison... on aurait dû faire attention...
Wallace secoua la tête.
- Je plaisantais, il est évident qu'on va t'aider. Les filles t'aideront, je pense, James sait prendre ses responsabilités quand il faut, et moi aussi je t'aiderais, ça, y'a pas de souci !
Fey regarda Wallace, toute émue.
- Tu dis ça sincèrement ?
- Mais ouais ! Tiens, passe-moi ton 06 !
Fey s'étonna, mais elle donna son numéro à Wallace.
- Voilà...
- Merci. Tu m'appelles quand tu as besoin, même de parler. Et on parlera. Et au pire, je t'indiquerai où est le bar où je bosse et tu auras droit à des jus de fruit gratos pendant ma pause !
Fey regarda Wallace comme si c'était son héros.
- Tu es tellement gentil !!
- Hey, on est potes, nan ? La fin de l'année dernière, ton super gâteau...
- Ah oui...
- C'est ce gâteau qui a été le début de mon remontage de pente, je t'en dois une !
Fey commença à pleurer.
- Han non...
- Tu es tellement gentil Wallace !! Merciii !
Fey serra Wallace dans ses bras. Wallace s'en étonna.
- A...rrête de pleurer, James va me tuer s'il nous voit comme ça !
- C'est bon de savoir que quelqu'un est là si j'ai besoin !
Wallace grimaça, puis sourit. « Faire des choses bien pour les gens, ça me fait du bien... »
***
- String !!
Manternel sauta vers Rhinolove.
- Lame Feuille !!
L'insecte frappa la chauve-souris qui riposta d'un bon Tranch'Air bien placé. Wallace serra les dents. Manternel retomba au sol. Rhinolove effectua une Plénitude que Manternel mit à profit pour engager une Danse-Lames. La prochaine Lame d'Air serait fatale.
- Allez, Rhinolove !
- String, Toile Elek !
Manternel cracha l'attaque qui partit sur la Lame d'Air. La lame fut plus puissante mais la Toile avait réussi à l'affecter suffisamment pour la rendre plus faible.
Manternel en profita pour s'esquiver derrière Rhinolove. Jeannot écarquilla les yeux. Wallace sourit.
- Plaie-Croix !!
L'attaque frappa Rhinolove dans le dos. Le Pokémon s'effondra vers le sol mais Jeannot le rattrapa à temps. Le jeune homme regarda Wallace en soufflant. Wallace sourit.
- C'était juste !
- C'est moi qui t'ai proposé de venir t'entrainer mais au final c'est moi qui ai besoin d'entrainement !
- Tu plaisantes ? Avec toi j'ai enfin un adversaire à ma hauteur et je réalise que j'ai encore une super marge de progression !
- ... mouais... j'aurais préféré être plus coriace quand même !
- Les garçons, jus de fruit !
Wallace et Jeannot virent la mère de ce dernier avec un plateau portant des verres qu'elle posa sur la table.
- Wallace, tu restes dormir à la maison ?
Wallace regarda Jeannot qui serra les dents. Il secoua la tête.
- Nan...
- Oh d'accord très bien !
Elle repartit. Wallace regarda son sparring-partner, intrigué.
- Oui, elle n'aime pas beaucoup Danielle... au point, j'ai l'impression, qu'elle préfèrerait que je sois gay.
- Wow. Ta mère est géniale. De façon tordue, certes, mais elle est géniale !
Jeannot soupira alors que les deux garçons prenaient une pause méritée.
- Mais sinon ça va toujours avec la Danielle ?
- Oh, oui. Elle a cessé sa crise de jalousie stupide quand je lui ai expliqué que toi et moi c'était juste pour l'entrainement.
- J'ai une de ces auras, quand même...
- Tu es même plutôt beau gosse mais je suis casé.
Wallace fit de gros yeux.
- ... et hétérosexuel ! J'ai oublié le hétérosexuel !
- T'as de gros soucis de timing, mec, même en combat ça se voit.
- Je sais, ça me poursuivra toujours... Si ça dure entre nous, je vais la demander en mariage à un enterrement.
- Mieux, pendant un concert de hard-rock !
- Voilà... Et toi... ?
- Les vacances, c'est plutôt calme pour moi... Un petit par-ci par-là...
- Un petit... ?!
- Un coup d'un soir quoi !
Jeannot hocha la tête, embarrassé.
- Oh.
- Ouaip.
- Et... ce gars, là, Tristan ?
- C'est juste un ami...
- Ah. Juste, juste ou...
Wallace soupira.
- Tu promets de rien répéter ?
- Voyons, les seules personnes de ta classe avec qui je suis en contact c'est Lilian Grimes, Christina et le mec blond, là...
- Robbie.
- Ouais, il fait que du rangement, du coup je me rappelle pas son nom.
- Bon, tu répèteras rien alors. J'ai de l'affection pour lui.
- De l'affection...
Wallace hocha la tête.
- Distant mais attentif.
- Et... ça te suffit ?
- Oui.
Jeannot regarda Wallace avec insistance. Wallace plissa les yeux.
- Quoi ?!
- Rien, rien. Ça a commencé comme ça avec Danielle en première année, au début j'étais distant mais attentif. Ca a fini en embrassades dans le vestiaire du gymnase, vous savez, l'enfermement forcé pendant le bal de promo.
Wallace acquiesça.
- Ah, c'est notre faute alors !
- ... c'est... grâce à vous, plutôt ! L'amour c'est un chouette truc, Wallace, tu devrais essayer.
- Quand j'aurais quarante ans !
Jeannot regarda Wallace.
- Tu veux qu'on parle plutôt de ces types de Direction Dresseurs ?
- Carrément. Vous devez vous tenir prêts en cas d'attaque.
- C'est-à-dire ?
- Le plus important c'est que vous sachiez à quoi vous en tenir. Le moment venu, vous devrez savoir agir. Si vous paniquez, vous allez nous gêner.
- Hey ! Vous vous prenez pour des héros ou quoi ?!
- Nan, on sait à quoi s'en tenir, nous. C'est vous qui sous-estimez la menace.
Jeannot agita la tête.
- On s'en préoccupera quand on aura quarante ans.
- Ca veut dire quoi, çaaaaa !
- Nous ne voulons pas nous confronter à une menace directe. Tu ne veux pas te confronter à l'éventualité d'une relation amoureuse.
- Tu me compares à ta classe entière ? Je suis flatté !
- Wallace, si tu as l'aura nécessaire pour faire douter Danielle et combattre une entreprise, tu es de taille pour vivre une relation amoureuse.
Wallace soupira, défait.
- L'ennui c'est que je me sens moins démuni face à ces abrutis que face à Tristan Edison.
Jeannot agita la tête.
- C'est cool, j'ai trouvé plus bizarre que moi !
Wallace sourit. Un sourire jaune trahi par son regard dans le lointain.***
Sandrine regarda, affligée, les élèves entrer avec leurs nouveaux uniformes.
- Oh mon Dieu... mes pauvres petits...
Steven se grattait.
- Putain ! C'est quoi cette matière !!
- L'apprentissage technique...
Steven regarda Santana, blasé.
- Tu te crois drôle ?
- Je porte une jupe, je n'ai plus aucune vie en moi.
- Pareil, j'ai l'impression qu'on essaie de me dresser, j'ai horreur de ça !
- Bon sang, on s'entend sur quelque chose !
- La vache, j'avoue ! On est corrompus !!
Chacun alla s'asseoir. Francis et Quinn étaient complètement collés. Wallace ne pouvait s'empêcher de lorgner vers Tristan. Naomi aidait Walter à sortir ses affaires.
- Cet uniforme te va à ravir !
- Oh ça va hein...
- Merci encore de m'avoir aidé à le mettre.
Naomi soupira.
- Fallait bien.
- Tu veux vraiment qu'on reste juste amis ?
Naomi leva les yeux vers Walter.
- Tu penses que c'est le moment ?!
- Et le moment, ce sera quand ?
Naomi soupira.
- On a cours.
- Je t'aime.
Naomi manqua de s'écraser sur son bureau alors que Perrine et Robbie les ignoraient, mais que Wallace suivait la joute.
- Juste parce que je t'ai aidé à t'habiller ? Il est à peine neuf heures du matin !
- Nan, juste parce que ça a toujours été le cas !
Naomi serra les dents, en souffrance. Wallace soupira, troublé. Il regarda vers Fey et James qui recommençaient à rire ensemble.
- Bon, on va commencer le cours... même si j'ai l'impression d'être face à des clones...
- Tout le monde est enfin pareil que nous ! sourit Léon.
- Mouais... je sais pas si on doit s'en réjouir... souffla Lilian.
- Alors... Normalement j'ai le droit... de faire une démonstration comme en Combat Direct...
Sandrine se tourna vers le surveillant qui hocha la tête.
- Bon. Alors je voudrais voir sur le terrain... Vous vous ressemblez tellement, je vous différencie à peine ! Disons Perrine... et... Benjamin !
Perrine et Benjamin se levèrent et rejoignirent le terrain. Le surveillant ouvrit la bouche.
- Vous appelez vos élèves par leurs prénoms ?
- Oui...
- C'est incorrect...
- Ca m'arrive de les tutoyer aussi...
- C'est tout aussi incorrect.
- Mais rassurez-vous, je leur frappe le bout des doigts avec une règle quand ils ne sont pas sages !
- Votre classe, votre discipline.
Sandrine leva les yeux au ciel, atterrée.
- D'accord, ok. Bon. Petit exercice, vous allez choisir deux Pokémon et vous ne pourrez vous attaquer qu'avec des combinaisons d'attaque.
Perrine hocha la tête. Benjamin leva une main timide.
- Oui ?
- C'est pas un vieux cours, ça ?
- Si mais j'ai le droit de faire des révisions !
- Oh. Bon...
Perrine sortit Cacturne et Scarhino. Benjamin hocha la tête et envoya Trousselin et Vortente.
- Commencez, j'arbitre strictement le match !
- Sandro, Frida, Dard Nuée !
Cacturne et Scarhino attaquèrent ensemble, l'un par ses épines, l'autre par sa corne. L'attaque pilonna le camp adverse. Benjamin grimaça.
- Un Scarhino qui fait Dard-Nuée, je m'y fais pas...
- Pardon. Balle Graine !
Nouvelle double attaque crachée cette fois. Benjamin se couvrit.
- Elle est folle !!
Scarhino semblait assurée, contrairement à avant. Sandrine s'étonna.
- Elle a fait des progrès, celle-là !
Perrine s'étonna.
- Comment vous pouvez savoir...
- Je te notais à l'examen ! Elle t'obéit un peu plus, c'est génial !
- Moui, elle a pris confiance en moi, enfin...
- Ca se sent, c'est super !
Benjamin inspira.
- Fouet Lianes...
Vortente attrapa Trousselin comme si c'était un vulgaire frisbee.
- Et Câlinerie !
Vortente agita Trousselin et l'abattit sur les adversaires comme une massue. Cacturne et Scarhino sautèrent chacun d'un côté pour esquiver l'attaque originale.
- Oh... Benjamin, c'est... spécial...
- C'est pas bon ?
- Si, si, c'est juste...
L'attaque partit latéralement vers Cacturne. Scarhino retint la liane à bout de bras.
- Hey !
- Bah quoi... marmonna Perrine.
- Pas grave !
Trousselin, profitant de l'élan de la liane, se propulsa vers Scarhino.
- Frida, euh... Mégacorne !
La Scarhino ne se laissa pas démonter et s'apprêta à recevoir Trousselin. Le Pokémon aux clefs se retrouva enfilé sur la corne de Scarhino.
- Dheu...
- Frida, tire !!
Scarhino s'envola en arrière. Vortente fut emporté par le Trousselin qu'il tenait.
- Hey ! Hey, hey !
- Feinte !
Cacturne frappa Vortente d'un bon coup sur la tête. Le reste de la classe ricana. Sandrine leva les mains.
- On s'arrête là ! Jolis progrès, Perrine !
- Merci.
- Benjamin, ça ne manquait pas d'inventivité juste... de réflexion !
- Ouais... geignit Benjamin.
- Bon ! Nous avons vu ici des attaques combinées de deux sortes : Pokémon qui attaquent indépendamment avec les mêmes attaques pour en augmenter l'intensité et Pokémon coordonnant leurs attaques pour les rendre plus puissantes. Nous avons aussi vu qu'un Pokémon seul pouvait effectuer une combinaison, selon son potentiel de versatilité. Nous allons maintenant voir comment une attaque se combine avec elle-même. Chapitre trois, de la technicité propre ou comment une attaque peut devenir un complément d'elle-même.
***
Sortie du cours. Robbie et Perrine discutaient.
- Jamais-jamais ?
- Nan, pas une fois. Je crois que je repousse l'échéance parce que j'ai peur. Comme un peu tout. Peut-être que le moment viendra tout seul, mais en attendant je n'ai toujours pas fait méga-évoluer Scarhino.
Robbie agita la tête.
- Je sais pas si je peux te blâmer, c'est un grand pas...
- J'ai pas envie qu'elle change comme ça, ça me fait un peu peur je pense...
- C'est logique, mais en même temps il arrivera un moment où tu seras peut-être obligée de le faire. Vaudrait mieux être préparée, nan ?
Perrine inspira.
- Personne s'était préparé pour l'arme atomique...
- Et on a vu le résultat.
- ... mouais, ça donne à réfléchir...
Naomi poussait Walter non loin. Le jeune homme en fauteuil soupira.
- Excuse-moi.
- Pour ?
Walter souffla.
- Ce que j'ai dit au début du cours. C'était idiot. J'te dis tout ça alors que je sais même pas si moi j'aurais le cran de dire à mes parents qu'on sort ensemble.
Naomi agita la tête.
- Je tends à penser que ce serait plus facile pour toi que pour moi...
- Moi aussi, mais... je sais pas, j'oserai pas... Ils sont trop gentils et trop inquiets pour moi, de savoir que je suis sorti avec une fille, ça leur ferait un choc... je serais plus leur petite chose à protéger.
Naomi acquiesça.
- De mon côté, il faudrait carrément que je lutte...
- Oui mais je peux le faire avec toi si tu veux.
Naomi prit une grande inspiration.
- Trop risqué.
- Je sais bien. Mais je vais pas te forcer.
- Merci.
Naomi posa une main sur l'épaule de Walter. Walter se contenta de cette main, et il la prit avec délicatesse. Wallace, juste derrière, souffla. « Je rêve ou c'est la journée des métaphores à la con pour me dire que d'être amoureux, c'est génial ?! »
Tino arriva au niveau de Wallace.
- ... on marche à la même vitesse naturellement ou c'est délibéré ?!
- Délibéré.
- Urgh.
- J'en ai assez que tu joues avec Tristan alors ceci va être ma dernière mise en garde.
- Génial, le numéro de la mère-poule slash menaces de mort...
- Je te défends de l'approcher et de lui parler. Tu l'as trop fait souffrir pour le reste de l'année. En fait, ça fait trois ans que tu le fais souffrir.
- Qu'est-ce que tu veux que je réponde à ça ?
- Rien, je veux juste que tu arrêtes de tourmenter mon ami. Tristan n'a pas besoin de toi dans sa vie.
- C'est ce que je dis depuis le DEBUT, bordel !
- J'avais bien senti que ça allait mal finir cette histoire. Tristan a vécu des choses difficiles dans sa vie, et je savais qu'en se frottant à toi, il souffrirait.
Wallace inspira lourdement.
- Soit t'as fini et tu te casses, soit j'te colle un pain.
- La violence, évidemment, le dernier recours des imbéciles. On en reparlera.
- Dans tes putains de rêves, Ketts. Dégage.
Tino se retira. Il retourna auprès de Tristan, intrigué.
- Tu lui as dit quoi ?!
- Ce que j'avais à lui dire.
Tristan souffla.
- Oublie-le.
- Oui, oui...
- Sérieusement, Tristan. Tu vaux mieux que ça.
La classe se dirigea vers le cours de combat direct. La porte était déjà ouverte. Les élèves entrèrent donc. Blandine était à son bureau, à ranger de la paperasse.
- Asseyez-vous. J'essaie de faire genre je bosse, la surveillante générale est sur mon dos.
Les élèves s'assirent donc. Rebecca soupira.
- C'est presque dégradant d'être habillée comme tout le monde.
- Ça te va super bien, pourtant...
Rebecca regarda Mike.
- Arrête ça...
- Arrêter quoi ?
- D'être tout flatteur et prévenant comme ça...
- Je... fais ce que je veux !
Fey s'asseyant de nouveau aux côtés de James, Ana pouvait s'asseoir avec Steven.
- C'est cool de t'avoir à nouveau à côté de moi, Anouchka !
Ana sourit, légèrement gênée.
- Hm. Tu as des cernes, Sreven.
- Ouais je... joue beaucoup à la console, ces temps-ci.
- Si tu veux dormir, je peux te copier le cours.
Steven regarda Ana, surpris.
- Beuh... nan, t'es pas obligée, j'suis même pas fatigué...
- Comme tu veux.
Steven regarda Ana, touché. Il plissa les yeux et cala sa tête entre ses bras, prêt à pioncer pendant le cours.
Tristan s'installa et vit Wallace. Il souffla. « Je ne peux pas lui parler, ça va encore être ma fête... et je tends à penser que Tino lui a dit de prendre ses distances aussi... et je pense qu'au fond je devrais l'écouter cette fois... »
Wallace semblait frustré. Il regarda Perrine, à ses côtés.
- J'ai envie de me casser.
- Ah non, me laisse pas dans cet enfer toute seule.
Wallace plissa les yeux. Perrine le regarda.
- Résigne-toi, jeune impudent, la fin arrivera bien assez tôt.
- T'es méga jouasse, la vache...
- Toi aussi visiblement, on fait la paire.
- Pourquoi ça va pas ?
- Je crois que je regrette d'avoir embrassé Robbie.
- Ah. Enfin quelqu'un qui dit que l'amour c'est de la merde, merci Truman !
- Nan. Dans ces conditions. En public, à la cantine, emportés par la foule. J'aurais préféré un truc intime, comme toi et moi !
- Je suis moi et Robbie c'est Robbie, chacun son style.
- Mouais. Tu te rappelles de ton premier baiser ?
- Yep. Et ça m'a fait perdre quelqu'un d'important dans ma vie.
Perrine plissa les yeux. Wallace souffla et regarda Perrine.
- Mais maintenant je sais qu'il y a tout à gagner à embrasser quelqu'un. Alors... quelle que soit la façon dont ça s'est passé... tu t'en relèveras, et plus forte même.
Perrine grimaça.
- Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait de Wallace Gribble ?!
- Pffff... Je dois être en train de me métamorphoser en Pifeuil, faut croire.
Blandine souffla et alla fermer la porte.
- Bon, bon, bon. On va commencer le cours par une gentille petite démonstration. Je veux Edison.
Tristan inspira et se leva pour rejoindre le terrain.
- Vous allez m'affronter moi.
Tristan haussa les sourcils.
- V... vous ?!
- Ouais.
Tristan regarda les autres élèves. Par chance, Steven Weldon dormait.
- Prêt ?
- Euh bah oui...
- Ce sera du un contre un, je ne suis pas sadique non plus.
- Oui oui...
- Allez Amstrad !
Porygon-Z apparut.
- Il ne tient aucun objet.
Tristan ne fut pas rassuré par la nouvelle. Il geignit.
- Euh... quel est le but, madame ?
- Je vais faire un cours sur les combats perdus d'avance et les attitudes à adopter en fonction.
Tristan grimaça.
- Euh...mais c'est horrible, vous voulez que je perde en fait !
- Vous n'êtes pas noté sur cet exercice, c'est une démonstration au sens pur.
- C'est pas ce qui m'inquiète...
Tristan semblait gêné. Hésitant à appeler un Pokémon, il renonça et souffla.
- Je peux pas !
Blandine hocha la tête.
- J'en ai assez d'être déçu, j'en ai trop soupé. J'abandonne.
Blandine acquiesça sans s'énerver.
- A votre place.
Tristan retourna à sa place sous l'œil intrigué de Wallace. Mais Tino, lui, semblait content.
- Tu n'es pas rentré dans son jeu, c'est bien.
- Mouais...
Une autre main se leva. Blandine s'étonna.
- Gates ?!
Rebecca se leva et descendit, toute fière. Le reste de la classe la regarda.
- Envie de me dégourdir les paluches...
Rebecca descendit et regarda Tristan qui grimaça. Elle regarda la prof, provocatrice.
- Vos petites manigances n'ont aucune prise sur moi.
- Je sais. Je travaille juste mon regard de braise.
Rebecca arriva face à la prof.
- Je dois battre ce piaf virtuel alors.
- Essayer du moins.
- Si Monseigneur du TacoBar a réussi une fois, c'est à la portée du premier venu...
Rires dans la salle. Tino secoua la tête.
- Si c'est si facile, vas-y ! souffla le jeune homme.
- Mais je vais y aller, monsieur ! Je ne suis pas dans une permanente posture de prudence excessive. Je vais de l'avant !
Wallace pencha la tête. Tristan regardait autour. Quinn acquiesça.
- Vas-y, Rebecca, droit dans le mur !
Rebecca regarda Quinn avec mépris, puis retourna à son combat.
- Pourquoi t'as dit ça ? s'étonna Francis.
- Je sais pas, j'avais l'impression que c'était ce qu'elle voulait dire !
Rebecca envoya Roserade. Le Pokémon fit une révérence.
- Boooon. Amstrad, Rafale Psy !
Porygon-Z cracha des rayons arcs-en-ciel. Roserade esquiva en diffusant une poudre.
- Qu'est-ce que vous essayez de faire...
Rebecca haussa les épaules.
- C'est vous la prof.
- Hm, en effet. Verrouillage.
Roserade fut entourée d'une aura rouge. Roserade déploya les pétales de la Danse Fleurs.
- Quelle est cette poudre que vous avez déployée ?
- C'est vous la prof.
- Hmph. Ah...
Les pétales se collèrent à Porygon-Z. Blandine hocha la tête.
- Doux-Parfum. L'esquive de Porygon-Z diminue et il peut moins éviter les pétales.... D'accord. Triplattaque.
Un triangle d'énergie se forma autour de Porygon-Z, repoussant les pétales. Rebecca inspira.
- Balle Météo !
Roserade lança l'attaque plutôt rudement. Porygon-Z envoya l'attaque qui frappa la balle plutôt que Roserade. Blandine soupira.
- Vous écoutez bien mes cours...
- Les attaques à la métaphysique similaire s'attirent entre elles.
- Vous n'écoutez cependant pas assez mes cours.
Porygon-Z recommença la Triplattaque mais la lança par les trois coins qui faisaient face à Roserade. Le Pokémon Bouquet eut à peine le temps de créer la balle météo que les rayons frappèrent Roserade. Le Pokémon se retrouva un genou à terre, fumant.
- Hmmm... souffla Rebecca, insatisfaite.
- Vous avez bien lutté. Si vous voulez arrêter maintenant, j'accepte.
Rebecca inspira.
- Direct Toxik !!
Roserade fonça vers Porygon-Z, bouquet en avant. Blandine souffla.
- Rafale Psy...
Roserade créa une explosion de poison, ce qui surprit Blandine. « Hm ?! »
Porygon-Z était soudainement attaqué par le haut. Blandine et le reste de la classe releva la tête. Roserade tournoyait dans une Giga-Sangsue de haute volée. Et Porygon-Z était atteint par Toxik.
- Jeeee vois... Votre Direct Toxik était une feinte, votre Toxik a créé l'explosion qui a fait diversion et vous cherchez à gagner du temps et de l'énergie...
Rebecca serra les dents.
- ... malin mais vous n'avez pas le niveau. Ultralaser.
L'attaque partit du sol, entoura Porygon-Z, et alla frapper Roserade avec vigueur. Rebecca leva les yeux au ciel. Blandine hocha la tête alors que Roserade retombait au sol, défaite.
- Bon. J'avais demandé à Edison parce que je savais que c'était un esprit relativement faible.
Tristan le prit MEGA BIEN.
- Euh... quoi ?!
- En fait j'aurais plutôt dû demander à Bertelin.
- Bwah !
- Je ne suis pas un esprit faible ! geignit Tristan.
- Vous avez abandonné avant même de venir sur le terrain !
- Oui parce que je savais que j'allais perdre d'avance et je voulais pas vivre ça !
Blandine souffla.
- Vous pouvez prédire l'avenir ?
- Nan mais vous êtes une prof, vous êtes super forte...
- Gates, pourquoi vous êtes venue après lui ?
La rousse souffla.
- Parce que je croyais que le Tristan couard était mort avec mes erreurs !
- Mais de quoi je me mêle ?!
- Rien, ta réaction de pleutre m'a scandalisée !
Tino soupira.
- C'était une décision raisonnable.
- C'est un simple cours, c'est une simple prof, c'était juste pour une démonstration !
- C'est le point auquel j'allais venir... La réaction d'Edison était prudente et guidée par la peur. La vôtre, mademoiselle Gates, était intrépide et guidée par la prétention.
Rebecca haussa les sourcils. Tristan sourit.
- Et pan !
- Quelle prétention ?!
- Vous avez voulu prouver à Edison qu'à côté de lui, vous étiez une brave.
- Un peu, mais surtout ce genre d'attitude m'énerve.
Tristan soupira.
- Je voulais juste ne pas me prendre une déception supplémentaire.
Wallace leva les yeux au ciel.
- Tu n'as jamais affronté la prof !
- Je me suis compris.
Wallace souffla. Blandine invita Rebecca à retourner à sa place.
- Bien. Nouveau chapitre : Evaluation des puissances et changements d'attitude.
***
- C'était QUOI, ça ???
Rebecca se tourna vers Tristan alors que la classe quittait le cours.
- Quoi, quoi ?
- Ton petit numéro !!
Rebecca soupira.
- J'ai surpris votre petite entrevue avec Wallace au vestiaire ce matin.
- Garce !
- Je dirais plutôt perspicace, complexe, et effroyablement bien coiffée à défaut d'être bien habillée...
Tristan leva les yeux au ciel.
- Dis toujours, après tout, je suis pas obligé de t'écouter...
- Aussi étonnant que ça puisse paraître avec le recul, je te considère comme un ami.
Tristan haussa un sourcil. Rebecca souffla.
- Tu l'aimes !
- C'est un sale con !
- Tu le savais déjà !!
- Mais qu'est-ce que tu essaies de faire ?!
- C'est évident que quelque chose doit se passer entre vous ! Et tu le sais, et tu en as envie, et... Bon sang, Tristan, arrête d'écouter Tino !
- J'aurais dû écouter Tino dès le départ.
- Oui, comme ça tu n'aurais jamais vécu tous ces bons moments avec Wallace !
- M... Mais de quoi je me mêle bon sang ?
- Quelle hargne ! Tu faisais moins le malin en salle de classe tout à l'heure !
Tristan souffla, gavé.
- Tu veux qu'on parle de toi et Mike ? Tu veux qu'on parle de la façon dont tu profites de lui quand tu vas mal ?
- Tristan...
- Nan ! Tu me dis tout ça parce que tu te reconnais en Wallace, vous êtes tous les deux des manipulateurs, et qu'est-ce qui me dit que tu n'es pas en train de te moquer de moi depuis tout ce temps, hein ? Depuis la montagne, si ça se trouve, tu te fous de moi, tu fais semblant d'être ma copine juste pour avoir de bons potins !
Rebecca regarda Tristan, éberluée, alors que les autres élèves se dirigeaient vers la cantine. Tristan leva les yeux au ciel.
- Voilà ! C'est exactement ce que Wallace m'a fait hier soir !!!
Rebecca sembla effarée. Tristan geignit.
- Excuse-moi, je... pensais pas tout ça, c'était juste...
- Non. Non. Tu sais quoi ? Démerde toi.
- Rebecca... ?!
Rebecca s'éloigna. Tristan soupira. « N'empêche, j'avais raison, ça fait super mal... »
Tristan soupira et continua son chemin vers le réfectoire.
Pendant ce temps, un Wallace morose s'installait à table avec ses amis.
- Tu ne vas pas m'aider à manger quand même !
- Certainement pas. Tu as juste une foulure en plus !
- C'est presque une entorse !! grommela Robbie.
Wallace soupira. Il regarda le réfectoire autour de lui. Naomi le regarda.
- Un problème ?
- Au cas où j'aurais pas été assez clair ce matin, je vais pas bien.
Naomi laissa la parole à Walter d'un geste de la main. Walter s'étonna.
- Quoi, c'est à moi de résoudre ses soucis ?
- Il est sous ta responsabilité que je sache.
- Hein ?
- C'est ton meilleur ami !
Walter acquiesça et regarda Wallace.
- Prends un Doliprane.
- ... pas con, merci vieux.
- De rien.
- Walter... souffla Naomi.
- Prends un Doliprane aussi, Naomi.
Naomi grimaça.
- Ca veut dire quoi ?!
- Je... peux te retourner la question ! Tu ne veux pas l'écouter ?
- Il va mal pour des raisons qu'il a lui-même créé !
Wallace souffla.
- J'ai juste... j'ai cru... je pensais... Pffff...
- C'était débile de dire à Tristan qu'il profitait de la situation pour te séduire. Je me demande qui t'a mis un truc pareil dans la tête.
Wallace inspira.
- Je sais pas non plus...
« Je peux pas leur parler de mon entrevue avec Roland Smirnoff. C'était trop déjanté, trop personnel, trop... »
- Tu me sidères, parfois, Wallace... soupira Naomi. Penser que Tristan agirait à mal...
Wallace souffla. « Trop humiliant. L'impression d'être rabaissé au rang de chose à disposition de monsieur... »
- Je vais essayer d'arranger les choses...
- Une fois de plus, et ensuite ça va recommencer... marmonna Perrine.
Wallace regarda son amie qui haussa les épaules.
- C'est pas toujours ce qui se passe ?
Wallace grommela et saisit son téléphone.
- Si j'arrive à arranger les choses avec Tristan, je veux que vous me fassiez trois promesses.
Les quatre autres écoutaient attentivement.
- Vous deux, faites un môme.
Perrine et Robbie se regardèrent, surpris.
- Vous deux, ne vous disputez plus jamais pour de la merde.
Naomi grimaça. Walter regarda Wallace comme s'il était Moïse.
- Et vous quatre : Laissez-moi tranquille à propos de Tristan.
Wallace mit au point un SMS d'une importance capitale.
***
- Parlons de votre petit ami...
Wallace se redressa, un peu gêné.
- Si... vous voulez.
- Tristan Edison, c'est ça ?
Wallace hocha la tête, toujours aussi embarrassé. Farah s'étonna.
- Un souci ?
- Rien, rien...
Milo poursuivit.
- Il a été chargé d'une mission très périlleuse au début de l'attaque, mission qui a nécessité d'enfreindre un nombre incalculable de lois, notamment fédérales et internationales. Cependant il a été immunisé par les plus hautes instances légales Poképolites...
Wallace hocha la tête.
- ... vous ne le saviez pas ?
- Non... pas... quand ça s'est fait.
- Cela s'est fait...
- En fait c'est Mike qui a été informé de tout ça. Roland Smirnoff avait nos dossiers, et il y avait... La Cellule Bowyer.
Farah hocha la tête. Milo s'étonna.
- La quoi ?
- C'est une référence aux méthodologies de Gisèle Bowyer, l'une des plus grandes conservatrices méthodistes en matière d'administration de notre époque, marmonna Jebb.
- Elle avait instauré une surveillance électronique des administrations où elle passait.
Wallace acquiesça.
- Tristan a... découvert par hasard que le plan en question avait été appliqué correctement dans toutes les administrations, mais pas dans les écoles en elles-mêmes. Sauf dans la nôtre. Ça s'est passé entre la première et la seconde année, après le bal de promo. Notre école avait... subi quelques dégâts, et ils ont profité de la réfection pour installer du matériel de surveillance électronique. Totalement contrôlé par Roland Smirnoff et ses équipes.
Farah sembla sonnée.
- C'est... complètement illégal !!
- Probablement, j'en sais rien en fait...
- Si vous n'êtes pas prévenu, toute surveillance des étudiants est strictement interdite !!
- Si vous le dites...
- Vous semblez résigné...
Wallace soupira.
- Un peu. C'est dur de se dire qu'on s'est fait mener par le bout du nez... je... je me sens un peu mal d'avoir embrigadé mes camarades dans cette histoire...
Wallace sembla au bord des larmes.
- Surtout Perrine... Walter... Naomi...
Silence embarrassant pour la commission.
- Tristan... Excusez-moi...
Milo s'empara d'un mouchoir, mais Jebb l'empêcha de bouger.
- Je trouve que vous vous déchargez un peu trop de toute responsabilité, grommela le policier. Vous avez juste été manipulés, vous avez juste été espionnés, vous avez juste été utilisés... C'est un peu facile, à mon goût. D'autant que votre école a été détruite, ça va être très difficile d'obtenir des preuves lors de la phase d'instruction.
Wallace hocha la tête en essuyant ses larmes.
- Je me doute bien.
- Et je vous avoue que vos airs de pisseux courtois me filent la gerbe. Y'a rien de plus suspect qu'un gentil trop gentil.
- Vous voyez bien qu'il est sincèrement affecté ! grommela Milo.
Farah inspira.
- Ce n'est pas totalement faux. Vous admettez avoir tout supervisé mais vous admettez également avoir été utilisé par Roland Smirnoff, et vous nous demandez la clémence pour Justin Truce... et maintenant vous êtes désolé d'avoir embarqué vos camarades alors que vous avez tout supervisé de A à Z, sans fard.
Wallace regarda la femme qui se releva.
- Je ne pense pas que vous mentiez, je pense que vous nous cachez quelque chose.
Wallace resta impassible.
- Vous demandez la clémence pour Truce, mais vous chargez Smirnoff. Et vous absolvez votre classe de tout méfait.
Jebb inspira fortement. Milo regarda Wallace, les yeux rougis par le chagrin.
- Je demande que vous soyez placé en semi-détention au centre carcéral. Vous n'aurez pas le droit d'en sortir sans l'accord d'un officier agréé, ce en attendant que tous les interrogatoires aient été menés.
- D'accord.
- Vous êtes donc toujours exposé à des poursuites.
- Très bien.
- Nous verrons avec vos parents s'ils sont en mesure de vous procurer un avocat... Où sont vos parents, au fait ?
Wallace manifesta une hésitation.
- Ils ne sont pas à l'accueil avec les autres ?! s'étonna Milo.
- Nan, asséna Jebb, suspicieux.
Milo, Jebb et Farah s'en étonnèrent conjointement.
- Je n'en sais rien.
- C'est vrai ce mensonge ?
- Jebb ! grommela Milo.
Wallace regarda le policier en hochant la tête.
- C'est vrai. J'ignore où ils se trouvent.
***
« Wherever, Whenever » de Shakira résonnait dans la voiture. Carl, Margaret et Lindsay grimaçaient, mais aucun ne souhaitait d'accident.
- Eteins ça, c'est infernal !! geignit Margaret.
- Je jure de démolir ton autoradio !! grogna Carl.
- Oncle Jeff !!
Jeffrey Houston poussa un gros soupir en baissant le son.
- Je voulais juste mettre l'ambiance !
- Inutile de mettre le son à fond... souffla Margaret.
- M'est avis qu'on aurait dû rester auprès du petit... soupira Carl.
- Wallace peut se débrouiller tout seul, j'en suis sûre à présent. Ses dernières paroles m'ont prouvé qu'il avait beaucoup grandi et qu'il savait ce qu'il faisait. Je suis vraiment fière de mon petit garçon !
Lindsay et Carl regardèrent Margaret qui semblait radieuse et épanouie. Jeffrey sourit.
- J'suis bien content de t'entendre parler comme ça.
- Mais... ce truc qu'il nous a demandé... Vous croyez que...
Jeffrey s'adressa à Carl.
- Evidemment, sur le papier, ça semble risqué. Mais il a pris des risques aussi. Et je suppose que vous avez envie que Roland Smirnoff paie.
Margaret et Lindsay hochèrent la tête. Carl souffla.
- Ouais, mais nous, on peut se faire arrêter pour ce qu'on va faire.
- Mais nan.
Alors que Pokétopia était en vue, et que la petite famille s'extasiait devant la beauté du site, ce parc d'attraction composé de multiples bâtiments de combat, Jeffrey freina sèchement.
- OH MON DIEU !!! geignit Margaret.
- Putain on est morts !! siffla Jeffrey.
Max Perry et Ethel Wilde barraient la route, accompagnés d'un adorable Dracaufeu et d'un gentil Braségali.***
- Il y a des tas de mecs mieux que Wallace dans le monde. Dans le pays. Dans la ville. Dans l'école. Tu peux trouver mieux ! Tu mérites mieux.
« Il se sent mal... Je le vois d'ici, je le sens, presque. Il est piteux, il veut sincèrement s'excuser. Je le sais. »
- Tu aurais dû m'écouter au début de l'année. Tu as voulu faire ton grand, tu assumes. Mais là, tu as une occasion en or de te débarrasser de Wallace Gribble.
« J'ai beau me voiler la face comme je veux... Rebecca a raison, bon sang... »
Il se tourna vers elle... en larmes, consolée par Mike.
« ... et ça sent mauvais pour moi... »
Orson et Benjamin restaient consciencieusement en dehors du monologue de Tino. Christina se joint à lui.
- Tu vas encore me dire de me mêler de mes affaires, mais Tino a raison. C'est trop malsain de t'accrocher à lui, vu comme il te traite !
« Dit la meuf qui est restée engluée à un type qui la traitait comme un Magicarpe pendant deux ans... »
- Je n'ai jamais compris tes sentiments envers lui !
« Je ne t'ai jamais écouté quand tu me disais ça et je ne t'écouterai pas plus maintenant qu'auparavant... »
Orson haussa un sourcil.
- Tristan, tu ne dis rien ?
Benjamin voyait bien que Tristan était comme une bouilloire. Le jeune homme les regarda.
- Je suis content d'avoir des amis comme vous, les gars.
Tino et Christina sourirent fièrement. Tristan les regarda.
- J'parlais pas de vous.
Tino resta stupéfait.
- Quoi ?! Attends, tu vas le défendre en plus ?
- J'y peux rien, c'est comme ça. Lui et moi... J'sais pas, c'est... J'peux pas expliquer !
Tino leva les yeux au ciel.
- Ok, d'accord, très bien. Si JAMAIS il t'en fout encore plein la gueule, ne VIENS PAS pleurer !
- Carrément, à ce niveau-là, tu cherches !
- Probablement. Mais... ça me regarde. J'ai envie de subir ça.
Orson et Benjamin se regardèrent, étonnés.
- M'enfin Tristan...
- C'est horrible, ce que tu dis...
Tristan soupira.
- Je sais. Le pire... c'est que je sais.
Wallace avait rangé son téléphone. Les quatre autres le regardèrent, étonnés.
- Quoi ?
- Tu lui as envoyé un message ?! demanda Naomi.
- Tu as arrangé les choses ? songea Walter.
Wallace serra les dents.
- J'ai pas envoyé.
- WALLACE !! grogna Robbie.
- Tenez-le, je lui vole son téléphone ! souffla Walter.
- La flemme... souffla Perrine.
- Carrément, qu'il meure noyé dans son propre caca nerveux ! soupira Naomi.
Tristan, quelques tables plus loin, temporisa.
- Cependant je ne vais pas retourner vers lui en rampant. Même si... Il a changé, depuis le début de l'année, moi je l'ai bien vu, je veux qu'il soit honnête avec moi et surtout avec lui. Si c'est le cas, je lui donnerai une chance.
Orson mangeait son flan.
- La vache, la situation s'est renversée aussi radicalement qu'après la troisième saison de Lost !!
- Aussi radicalement que ton manque d'appétit du début du repas, surtout... souffla Benjamin.
Tino soupira.
- Fais ce que tu veux. Depuis que je sais que tu es amoureux de lui, je ne te comprends plus. Tes actes n'ont plus rien de rationnel quand tu es avec lui...
Christina sembla toute chose. Elle regardait Tristan, toute souriante.
- Tu es vraiment très très amoureux, hein ?
Tristan soupira.
- Je suis accro, plutôt... Tino n'a pas tort. Mais faut croire que j'aime ça et... que j'aurais besoin d'une sacrée cure de désintox quand j'en aurais marre.
Le groupe leva la tête vers Mike.
- Vieux, t'as fait quoi à Rebecca ?!
Tristan grimaça.
- J'te suis, j'vais m'excuser.
- Ce serait cool.
Tristan se leva. Tino, Orson, Benjamin et Christina le regardèrent. Orson soupira.
- Moi aussi j'aimerais être accro à un truc !
- T'es pas déjà accro aux trains ?! souffla Christina.
- Hey, c'était ma réplique... ironisa Benjamin.
Tino inspira en regardant Tristan s'expliquer avec Rebecca.
***
- Je sais que j'ai l'air d'une conne. Vous pouvez pas comprendre, les filles. Je suis amoureuse !
- Vous vous êtes embrassés au moins une fois à chaque heure ! geignit Ana.
- Même moi et James on est moins collés ! souffla Fey.
- Comment ça va depuis qu'il sait pour le bébé... marmonna Quinn.
- Oh, c'est à moi de gérer mes soucis, maintenant... Tout dire à mes parents et tout ce qui s'ensuit. Yeaaaah !
Walter et Naomi étaient un peu gênés.
- On a promis.
- C'est ridicule. On a juste promis à Wallace... grommela Naomi.
- Justement, c'est important.
Naomi souffla.
- Il n'a encore rien arrangé.
- Précisément.
- Donc on n'a aucune obligation.
- Bah nan, dans les faits...
- Donc c'est réglé...
Naomi tenta de se reconcentrer avant de pencher la tête vers son camarade.
- Tu... crois que Robbie et Perrine vont s'y tenir, eux ?!
Walter serra les dents. Ambrose donnait un cours passionnant sur un livre passionnant.
***
Odile observait, médusée, Perrine peindre en noir avec les doigts. Andréa se demandait également où elle voulait en venir. Clive plissa les yeux.
- Perrine, tout va bien... ?
Pour seule réponse, Perrine se couvrit le visage de lignes noires de peinture. Odile recula, surprise.
- Euh... très bien, c'est... sauvage et expérimental... euh...
***
Robbie rangeait avec appréhension, sentant des ondes meurtrières déferler sur lui. Lilian le regardait, soupçonneux. Christina papotait avec Jeannot.
- Tu t'es juste entrainé avec lui ?
- Oui bah oui !
- Ah bon ! Parce que Wallace, on sait ce qu'il fait aux garçons qu'il croise !
Jeannot haussa un sourcil.
- Euh... Ok... Je voulais juste prendre de ses nouvelles en fait...
- C'est toujours le même sale crétin !
Jeannot pencha la tête.
- On... on... doit pas connaître le même...
- C'est Wallace, tu le connais, les épreuves ne l'atteignent qu'un court moment et ensuite il redevient l'idiot qu'il a toujours été !
- C'est pas le seul...
Christina se tourna vers Lilian qui haussa les épaules.
- Il est loin, ton « Je vous aime tous » du tournoi...
Christina grimaça. Jeannot souffla.
- J'irais le voir directement.
- Ce serait mieux, oui... admit Lilian.
Christina regarda Lilian alors que Jeannot s'éloignait.
- Merci ! Pour quoi je passe, moi ?
- Pour... toi-même... ?!
Robbie ne put retenir un ricanement.
***
Gina et Holly suivaient le cours de gym avec attention.
- Plutôt chiante, cette journée, nan ? songea Gina.
- Moi j'aime bien les journées chiantes ! admit Holly. Ça veut dire que la soirée sera bonne !
Rebecca se démenait sur son tapis de sol. Elle regarda vers Amélia qui semblait très à l'aise avec les exercices. « Depuis qu'on s'est un peu éloignées l'une de l'autre, je n'arrive vraiment plus à la cerner... »
***
- Elle se sert de toi, mec !
- Mais nan. Notre relation s'adapte, c'est tout !
Steven leva les yeux au ciel.
- C'est quoi, une foutue table ?
- Il a raison, vieux... souffla James en courant.
- Hey, lopette ! Dis à Mike que Rebecca se sert de lui !
Mike, Steven et James regardèrent Francis qui inspira.
- L'amour c'est tellement simple, les gars, vous devriez essayer !
Francis les sema. Steven secoua la tête.
- Putain, y'en a, un simple coup d'bite, ça les transforme en super-lopettes !
Lucy et Violette s'efforcèrent d'oublier ça. Léon courrait derrière elles à bon pas.
***
Wallace observait son téléphone. Santana avait vu le message, mais le cours l'intéressait.
- Il est de nombreux cas de dresseurs qui perdent leurs Pokémon. Une simple Pokéball, ça tombe si facilement de sa ceinture, ou de sa poche, ou de sa main... Le sentiment de perte est tellement grand, tellement intense... au moins aussi grand et aussi intense que la capture d'un Pokémon, en fait. Mais à l'envers. Et de fait, les philosophes se sont intéressés à notre rapport à l'objet Pokémon, non à la créature vivante. Certains d'entre nous ont des Pokémon qu'ils tiennent pour objets de fierté, mais... qu'ils ne vont pas apprécier comme des amis. Et inversement, là encore.
Santana relut le message.
[Place de l'Horloge, 18h. On doit parler.]
Santana se pencha vers Wallace.
- Ca a le mérite d'être clair.
- Et de n'être qu'un brouillon.
- Pourquoi tu ne veux pas l'envoyer ?
Wallace eut un court mais réel silence avant de répondre.
- J'ai peur.
- De ?
- ... tout ce que ça va déclencher.
- Un simple rendez-vous.
- Je le connais, je sais comment il va réagir.
Santana inspira.
- Si tu es capable de prédire ses réactions, c'est que vous avez atteint un certain niveau de proximité qui laisse entendre...
- Je veux juste parler avec lui !
- Et ça peut changer vos vies respectives à tout jamais.
Wallace secoua la tête.
- Je pourrais aussi ne pas y aller.
- Et ainsi créer une réalité alternative affreuse dans laquelle tu serais malheureux, seul, et en proie à de nombreuses questions concernant Tristan.
Wallace soupira.
- Je sais même pas ce que je veux avec lui.
- On sait jamais ce qu'on veut avant d'être dans le magasin, face au rayon.
Wallace souffla.
- Fait chier.
- N'est-ce pas.
Wallace s'empara du téléphone et envoya le message.
- J'suis foutu.
- Tu peux toujours ne pas y aller.
Wallace grommela.
***
Tino suivait le cours avec attention, bien que perturbé par le comportement irrationnel de Tristan. Orson et Benjamin suivaient à ses côtés. Tristan était à son poste, un peu gavé par tout ça. « Si les choses pouvaient être simples, pour une fois dans ma vie, si ça pouvait juste être facile... »
SMS.
Tristan s'étonna et le lut discrètement. Wallace.
[Place de l'Horloge, 18h. On doit parler.]
Le frisson qui s'empara de Tristan à ce moment précis n'avait eu aucun équivalent dans sa vie.
***
- Christina est complètement psychopathe. L'écoute pas, je vais bien.
- Bon... souffla Jeannot, rassuré.
- Tu vas bien, toi ?
- Moi, oui... Disons que je pense de plus en plus à votre combat avec Direction Dresseurs, et je t'avoue que le coup de la discipline et des uniformes, ça fait un peu beaucoup...
Wallace regarda Jeannot qui inspira.
- Tu as un boulevard pour lancer une révolte.
- ... c'est pas ce que je veux...
- Alors si t'as besoin de nous, tu nous auras tous ralliés à ta cause.
Wallace hocha la tête.
- Ça me va. Mais je suis pas votre chef, ok ?
- Ok.
- Je suis juste votre Dieu !
Jeannot sourit.
- T'es redevenu comme avant, c'est cool !
- Hm... Ou pas !
Wallace se dirigea vers la sortie de l'école alors qu'il revoyait la réponse de Tristan.
***
Wallace sortit du centre carcéral, accompagné de Layton.
- Vous ne pouvez pas me quitter, d'accord ?
- Hm.
- Ma valeur auprès de la police internationale est en jeu.
- Hm.
Layton et Wallace observaient les deux arrivants : Roland Smirnoff accompagné de Rebecca Gates et de Violette Benson. Tristan Edison accompagné d'Oscar, Michelle et Emeline Bertelin.
- Eh merde.
- MON FILS ! hurla Oscar.
- Où est Orson ?! demanda Tristan.
- On est censés être là pour Amélia ! souffla Rebecca.
Michelle fronça les sourcils, mécontente.
- Forcément, on va sauver la fille de riches avant notre fils...
- Un peu comme on va sauver l'Afrique avant de sauver vos veines de la graisse qui va les boucher... marmonna Roland.
Rebecca frappa Roland avec son sac.
- Vous pouvez la fermer, oui ?
Tristan lui balança un caillou non loin du parking.
- AOUCH !
- Ca SUFFIT, vos conneries !! grogna Tristan.
Violette inspira.
- Vous ne savez rien faire simplement ?
Roland regarda Violette.
- Tout EST simple, c'est vous qui êtes complètement tarés !
- Dit-il... soupira Rebecca. On fait QUOI, alors ?
Wallace regarda Layton qui regarda Roland.
- Mademoiselle Levy a été transférée.
- Déjà ?! Mais c'était censé être plus tard !
- Elle a avoué.
Roland leva les yeux au ciel.
- Merde ! J'avais complètement oublié le libre arbitre !!
- Et monsieur Bertelin est toujours cuisiné par l'Agent du Gouvernement.
- En-CORE ??? Mais ça fait déjà... Deux bonnes heures ! geignit Roland.
- Oh mon dieu !
Roland grommela.
- Du coup je sais plus quoi faire !
Wallace leva les yeux au ciel.
- Je croyais que tout était simple.
Roland regarda Wallace qui soutenait son regard.
- Comment ça se fait que t'es là, toi ?
- Quelque chose vous échappe ? Où en est le « Plan » ?
Roland plissa les yeux.
- Tu connais le « Plan » ?
- Peut-être, peut-être pas.
- Tu bluffes.
- Oui. Mais votre attachement aveugle envers moi et la similarité de nos personnalités vous empêche de le discerner.
Tristan pencha la tête. Wallace inspira.
- Faites libérer James.
- James... Ahon ! Le gros black ! Layton !
- Ce ne sera pas si simple... Monsieur Denton est sur le coup...
- Magic Mike est dans la place ? Oh bah tout baigne ! Ok. On peut pas libérer Amélia tout de suite ni Orson...
- C'est une blague ? grogna Rebecca.
- Pardon ?! Vous êtes pas censé être le grand manitou ou je sais pas quoi ?!
- Le mieux qu'on ait à faire c'est d'attendre au tribunal l'issue du premier jour du procès Truce.
Wallace secoua la tête.
- Je suis déjà sur ce coup-là.
Roland regarda Wallace.
- ... « tu » ?!
- Oui, je. Moi aussi je fais des plans, maintenant.
Tristan regarda Wallace, à moitié intrigué... par son aplomb et son calme face à Roland. Lequel haussa les épaules.
- J'ai fait emprisonner ta prof.
- QUOI ?! s'étonna Tristan.
- Helen... souffla Wallace.
- C'était bien vous alors !! grogna Rebecca.
- Mais pourquoi ?! s'étonna Violette.
Roland leva les yeux au ciel.
- Pour éviter qu'on ne l'utilise contre moi, enfin ! Vous êtes stupides ou quoi... Elle sait trop de choses.
- Contre vous ?! Je comprends de moins en moins... geignit Violette.
- Je comprends surtout qu'on va tous se casser et qu'on va vous laisser dans votre merde. Mais pour ça, faut qu'on récupère James, Orson, Amélia et la prof ! souffla Rebecca.
Wallace acquiesça, la tête ailleurs. Tristan lui saisit la main.
- Ça va ?
- Nan. Je suis épuisé. Walter et Perrine ont dû être interrogés à l'heure qu'il est... Cette journée n'en finit pas et ça commence à me saouler.
Tristan hocha la tête.
- J'suis fatigué aussi. Mais je dois tenir le coup pour Orson.
- Hm. Georgia a pas fait le déplacement ?
- Oh, elle a essayé de m'appeler...
Tristan regarda son téléphone.
- Trente-quatre fois.
- « Tristan, j'en ai assez que ça passe en boucle aux infos, viens changer les piles de la télécommande »...
Les deux étudiants sourirent. Ils regardèrent Rebecca, Violette et les parents d'Orson aux prises avec Roland. Layton surveillait Wallace et Tristan de loin.
- Après ça, on ira se faire masser...
- Nan, je veux juste dormir pendant une bonne semaine ! sourit Tristan.
- Alors on va passer la semaine au lit... sourit Wallace.
- A dormir, bien sûr.
- Bien sûr...
Tristan grimaça en souriant. Il regarda Wallace qui comprit et le serra dans ses bras.
- C'est bientôt fini.
- J'espère. J'espère vraiment.
- Mais oui.
- SMIRNOFF !!
Tout le monde se retourna vers le commissaire Nolan, dans sa voiture. Roland le regarda, furieux.
- Tiens. On est sorti de son trou.
- J'peux en dire autant que toi. J'attends ça depuis tellement longtemps...
- Quel dommage pour toi, j'étais TREEEEES occupé...
- J'ai une surprise pour toi. Vas-y.
La vitre arrière s'abaissa. Roland ne put que reconnaître Tobias Morris. Le jeune homme se mordilla les lèvres en reconnaissant l'homme.
- J'suis pas méchant, monsieur Smirnoff. J'leur ferais aucun mal.
Roland sembla réellement effrayé.
- Qu'est-ce que tu...
Les jumeaux apparurent, bâillonnés, suppliant Roland et les autres de les aider. Wallace écarquilla les yeux, tout comme Rebecca, Violette, Tristan, Layton et la famille d'Orson.
- Tu veux les revoir ? Rends-toi à la police.
Roland serra les dents alors que la voiture de police repartait à toutes berzingues.
Flottement. Roland regarda l'assemblée du parking en haussant les épaules.
- Il a sauté mon ex-femme et maintenant il m'en veut ! Voyez ! Simple !
Elèves et adultes secouèrent la tête, stupéfaits.***
Wallace attendait. Il regarda l'heure. Pas de retard. De l'avance, même. Il se releva et évita de sourire. Tristan portait une simple veste et un jean serré. Wallace avait opté pour sa traditionnelle chemise noire.
- Hey.
- Hey... Tu voulais parler.
- Hm. Et en terrain neutre, du coup.
Tristan acquiesça et s'assit sur le muret où Wallace avait élu domicile. Petit silence entre les deux. Tristan observait Wallace qui semblait se préparer à une course de fond. Tristan était prêt à l'écouter, mais sans illusions.
- Je... déjà je veux m'excuser pour hier.
- Tu l'as... déjà fait, nan ?
- J'crois pas.
- Oh. Je sais pas, il me semblait que tu avais essayé...
- Sûrement.
Nouveau silence. Tristan inspira.
- Ca m'a blessé que tu penses ça.
- J'le... pensais un peu, j'crois que... mon cerveau de Fouinette avait besoin de vérifier une espèce de théorie à la con...
- Bah elle était fausse.
- Je sais, je sais... J'arrive même pas à croire que j'aie pu t'en parler...
- Au moins maintenant les choses sont claires, je... suppose... marmonna Tristan.
- Oui, oui...
- On peut parler de ce baiser ?
Wallace poussa une immense inspiration.
- Tu veux VRAIMENT ?
- Oui, je veux « vraiment » qu'on en parle. Je refuse de la jouer Tino et Christina.
Wallace souffla.
- J'ai... des sentiments pour toi.
- J'avais cru deviner...
- Mais ça veut pas dire que je veux qu'on devienne un couple.
Tristan plissa les yeux.
- Attends, tu as des sentiments pour moi...
- Oui.
- Mais tu veux pas qu'on devienne un couple.
- Oui.
- Alors quoi ?
- Je sais pas. Mais la seule idée d'une relation me terrifie. Je veux pas perdre ce qu'on a.
- Mais qu'est-ce qu'on a, Wallace ? On est amis, amants, copains, compagnons, occasionnels ?! Même moi j'arrive pas à mettre un mot sur nous !
Wallace soupira.
- Je sais pas trop ce que je veux avec toi. Une part de moi a envie de passer du temps avec toi, d'être avec toi, d'être contre toi, une autre part de moi sent qu'elle pourrait y perdre quelqu'un d'important.
Tristan écarquilla les yeux un instant, touché.
- Waouh... Donc t'es en train de dire que tu... m'aimes en quelque sorte ?!
- J'ai pas prononcé le mot !
- Et je tends à penser que je devrais te l'arracher sous la torture, toujours est-il que... On va pas rester cent-sept ans dans cette situation...
- Nan...
- Alors...
Wallace souffla.
- Je pensais t'inviter à faire un ciné.
Tristan pencha la tête, intrigué. Wallace souffla.
- Tu m'as invité à l'opéra, je te... rends la pareille. En vachement moins classe !
- Tu m'étonnes ! ricana Tristan.
Wallace sourit. Tristan cessa de rire et regarda Wallace.
- Je pense que ça veut dire qu'on sort ensemble, alors.
Wallace agita la tête.
- Plus ou moins.
- Voilà. On... sort en quelque sorte ensemble.
- C'est ça. Tu as mis le doigt dessus.
- C'est pas clair du tout.
- On a toujours été comme ça, en même temps.
- Tu as toujours été comme ça, Wallace Gribble, tu as toujours tenu à ne pas être clair. Surtout avec moi.
- J'étais clair dès le départ, je voulais te sauter !
- J'étais clair dès le départ, je voulais une vraie relation avec toi.
- T'auras ni restos aux chandelles, ni trucs romantiques à la con, et plutôt subir une castration sans anesthésie plutôt que de te donner un putain de bouquet de fleurs !
Tristan agita la tête.
- Tu me vends du rêve !
- J'préfère être clair, et de toute façon, tu me connais !
- Oui, bah oui. Evidemment de mon côté c'est pareil, contact réduit au plus strict minimum, pas de sexe avant que je ne l'ai décidé.
- Oh, je le saurais, ce sera la Mer Rouge dans les couloirs du bahut, comme la dernière fois.
- Ha-haha. Comme tu dis, je voudrais pas qu'on foute tout en l'air, stupidement, et qu'on y perde beaucoup l'un et l'autre.
- On se le fait, ce ciné ?
- Oui, oui... Tu veux voir quoi ?
- J'avais l'intention de voir « Le petit Spleen ».
Tristan grimaça.
- Benjamin a été le voir, c'était méga triste, même Lucy a pleuré.
- Arf... Sinon, y'a ce truc de fantasy...
- Je suis pas très fantasy...
- Bah, et Game of Thrones...
- Je t'ai déjà dit que c'était la géopolitique qui m'intéressait dans ce truc...
- Ah oui... Tu m'avais même dit ça à la première scène avec Theon Greyjoy à poil.
- C'est pour CA que tu as éclaté de rire quand il a été émasculé à Fort-Terreur !! réalisa Tristan.
- Bah oui ! sourit Wallace.
- Je croyais que tu méprisais ce pauvre Theon.
- Y'a pas vraiment de quoi l'adorer...
- Et si on allait voir ce film indépendant, là...
Wallace et Tristan s'étaient approchés du cinéma de la place pour voir les affiches.
- « Un monde bleu »... Tu veux qu'on aille voir ça ?!
- La critique était pas mal.
- J'sais pas, j'ai jamais entendu parler... on peut aller voir !
- Hm, mouais !
- Je t'invite.
- Oh, merci, mon doux chevalier servant.
- Tu veux payer ta part ?
- C'est tellement pas toi d'inviter !
Tristan et Wallace se regardèrent.
- C'est gênant comme situation en fait... souffla Tristan.
- J'ai l'impression que c'est ce que tu attends de moi...
- Mais non... reste toi-même.
- Ok, ok...
- On paie chacun sa part alors ?
- Ouais, ça semble être le meilleur compromis.
Les deux places payées, le petit duo s'installa dans la salle. Ils n'avaient pas vraiment conscience d'être pistés à ce moment précis.
***
Wallace mâchonnait du pop-corn, quelque peu éberlué. Tristan hésitait entre fondre en larmes ou passer sous le siège.
« - Rattata !! Mon pauvre Rattata !!
Blue avait mené Rattata à la mort. Son arrogance face à Pierre lui avait coûté cher, et l'attaque Patience du Onix du champion d'Argenta avait eu raison de la créature organique, déchiquetée. »
Le public poussa un gémissement de dégoût. Tristan se cacha les yeux dans sa veste.
- Mon Dieu !!
Wallace le regarda, étonné. « L'est nul, ce film... »
Wallace se redirigea vers l'écran alors que le dresseur pleurait son Rattata réduit à l'état de tartare de Rattata.
« - Je jure que ça n'arrivera plus jamais !! Salamèche !!! »
***
Plus le film avançait, plus Tristan se décomposait alors que Wallace semblait trouver ça prodigieusement con.
«
Il traversa le Mont Sélénite en se nourrissant de haricots, de racines et parfois, à sa grande honte, de Pokémon morts. »
Wallace secoua la tête. « Merde, j'peux rien y faire, j'trouve ça trop débile ! »
« Blue épongea son front en arrivant à Azuria.
- La championne utilise des Pokémon Eau... avec Salamèche, Dardargnan et Racaillou, je vais encore subir... une horrible perte... »
Wallace leva les yeux au ciel. « Calme-toi, tu l'as dressé une semaine, ce Rattata... »
«
Blue trouva un Chétiflor, et il décida de l'entraîner pour vaincre Ondine. »
Wallace soupira ostensiblement. « C'est parti pour un montage... »
Tristan le regarda brièvement. « Je savais qu'il trouverait ça nul. J'avoue que c'est pas terrible... »
« - J'ai eu un peu de mal contre Pierre et son Onix, mais avec ce Chétiflor, je devrais battre Ondine sans difficulté !
Et en effet, Blue affronta les disciples d'Ondine sans la moindre encombre grâce au Chétiflor qu'il s'était donné la peine de dresser. Arrivé à Ondine, le Pokémon évolua. »
Wallace se pencha vers Tristan pour chuchoter.
- C'est censé être intéressant ?
- C'est basé sur la vie d'un des premiers dresseurs ayant fait un voyage initiatique. D'où la considération envers les Pokémon, le manque de moyens, l'âpreté générale...
- La narration est chiante !
- Apparemment c'est voulu.
- Rhanlala...
« - J'ai le badge Cascade !! Youpi !!
Il fêta cela au Centre Pokémon devant un bon repas, et dormit comme un Ronflex. Au lendemain, il s'aperçut que la Pokéball de Boustiflor avait disparue. Il se rappela l'avoir posée à côté de lui lors de son repas, mais pas de l'avoir rangée. »
- Rhan le couillon, ma parole... souffla Wallace tout haut, excédé.
Tristan ricana avec le reste du cinéma.
***
« - FEUNARD, NON !
Les portes de la planque Rocket se fermèrent, alors que les sbires resserraient leur cercle autour de la créature, matraques à la main. Red venait à nouveau de perdre un de ses Pokémon. »
Wallace se pencha vers Tristan.
- Merci pour ce choix de film, ça me fait vraiment oublier mes soucis !
- Désolé...
- Oh ça va, j'le prends au dixième degré maintenant...
Tristan regarda Wallace qui semblait, en dépit de la qualité du film, passer un bon moment. Il osa aventurer sa main près de la sienne. Wallace accepta la main.
***
«
Et, alors que la Ligue Pokémon était en vue...- Voilà ! M... Me voilà...
Dardargnan, Grolem, Caninos, Flagadoss et Rhinocorne entouraient leur dresseur. »
Wallace refit le compte dans sa tête. « Sous ses ordres, au moins sept Pokémon sont morts, trois ont été perdus, et le reste tient à peine debout... Ça fait deux heures qu'on est dans la salle, il finit quand ce film ? »
« - Enfin, je... hhh... »
Le dresseur s'effondra. La salle poussa un soupir. Wallace s'étonna. « Putain, carrément... »
«
Après cette terrible année, le pauvre Blue s'écroulait aux portes d'une potentielle gloire. Cette année d'efforts où il avait connu tant de pertes, tant de bonheurs et tant de remises en questions. Aujourd'hui, voyager n'est plus une difficulté mais un choix. Et l'histoire de Blue doit nous rappeler à quel point c'est une chance. »
Wallace regarda Tristan qui le regarda alors que le générique commençait et que la salle se rallumait.
- La critique était pas mal ?!
- J'ai dû la lire bourré à trois heures du matin ! souffla Tristan.
Ils se levèrent et prirent leurs affaires.
- Je sais pas ce qui était le plus mauvais... La narration cassait vraiment tout le truc !
- Ouais... Pis ça manquait de détails historiques. Ils n'ont pas expliqué que « Blue » était un orphelin de guerre recueilli par un chercheur qui lui donne un Pokémon par bonté d'âme, ce qui donnera plus tard naissance aux voyages initiatiques de dresseurs dits « sauvages ».
- Ouais, ceux qui vont pas à l'école, quoi.
- Voilà.
Wallace plissa les yeux.
- C'est une histoire vraie !
- Oui !
- Et après ça, ils voulaient quand même laisser des gamins voyager ?!
- Oui, bah oui... écoute, on est une nation d'inconscients, visiblement on assume jusqu'au bout !
- Clair... Mais en quelle année ça se déroule ?
Tristan sourit.
- J'étais persuadé que tu écoutais en cours d'Histoire !
- On en a parlé ?
- Pas vraiment... de cet évènement précis, mais du reste autour, si. L'évènement en lui-même se passe dans les années 1910.
- Ah ouais, ça date !
- C'était bien avant qu'on respecte pleinement les Pokémon.
- Mais attends, Pierre et Ondine et la Team Rocket...
- L'évènement a été retranscrit dans le monde moderne, c'est un parti-pris du réalisateur qui ne voulait que raconter l'histoire de Blue sans raconter le reste autour.
- D'accord... Alors qui a tué la gentille Feunard ?
- Il me semble que c'est la police politique de l'époque.
- Et le petit Rattata ?
- Le concept de Champions n'était pas encore formé à l'époque, c'est le chef du village d'Argenta qui l'a massacré à l'époque, mais bel et bien avec un Onix.
- Ok... faudra que je fasse d'autres recherches plus tard...
- C'est une histoire horrible mais intéressante.
- Et mal racontée par ce film !
- On est bien d'accord !
Ils sortirent du cinéma. Il faisait presque nuit.
- Il est pas si tard. Bar ? demanda Wallace.
- Mouais.
- Y'en a un sympa au bout de ta rue. On y va à pied ?
- Hm ! Ca nous fera du bien de marcher un peu.
- Clair.
Le petit duo marcha dans les rues d'Ogoesse. Ils quittaient bientôt le centre-ville pour rejoindre les quartiers pavillonnaires dans un silence relatif.
« J'aimerai qu'il vienne chez moi mais j'ai peur qu'il me prenne pour un vicieux... » songea Wallace.
« Je sens bien qu'il est mal à l'aise, et moi aussi en fait... Un peu comme si c'était pas vraiment ce à quoi je m'attendais... »
Il commença à pleuvoir. Une de ces bonnes grosses pluies lourdes, ces averses impitoyables.
- Han, merde... soupira Tristan.
- J'ai un parapluie. Vu comme il faisait lourd, je m'en suis douté.
Wallace sortit le parapluie de sa sacoche. Un éclair flasha le paysage.
- Oula... geignit Tristan.
Wallace se pressa contre lui avec son ombrelle.
- Allez, on marche vite, ça va passer.
Le couple continua son chemin, mais un éclair toucha le parapluie, et Wallace dut le lâcher.
- OUARPS !
- Wallace !
Il agita sa main.
- Putain !
- La foudre ?! N... Nan, on serait morts !
- Merci pour cette remarque pleine de bon sens !
Ils remarquèrent enfin celui qui les suivait depuis la place. Un homme en chemise. Qui prenait la pluie sans sourciller. Son regard était fixe sur les deux jeunes hommes. Wallace grimaça, interloqué. Tristan pencha la tête.
- ... Monsieur Callum ?!!
Jerry afficha un grand sourire.
- Mon but était seulement de vous observer...
Méga Pharamp et Tarpaud s'avancèrent. Pikachu se déclara sur l'épaule de Jerry, trempé mais narquois.
Wallace regarda Tristan.
- ... Mais après ce que les hommes de Roland Smirnoff ont fait à madame Torres, je me devais de la venger un peu...
- Tristan, dégage !
Tristan s'étonna.
- N... Nan !
- Si, va-t-en, fuis !
- M... Ne joue pas les héros !
- FATAL FOUDRE !!!
Wallace sursauta, mais Tristan sortit Ossatueur qui réceptionna l'attaque sur son os, sans le moindre souci. Jerry afficha un grand sourire de fou.
- C'est malin, ça. Hydrocanon.
Tarpaud se mit à quatre pattes. L'attaque frappa Ossatueur par en dessous.
- Katana !!
Le Pokémon s'effondra, sonné. Tristan le rappela. Méga-Pharamp sourit et s'avança.
- On va faire plus simple alors. Rayon Chargé !
L'attaque partit d'un coup et érafla l'épaule de Wallace.
- PUT...
- ARRETEZ !! cria Tristan.
- Je ne vais pas vous tuer, juste vous amocher un peu !
- Espèce de malade... grommela Wallace.
Il sortit Prinplouf. Méga-Pharamp sembla se frotter les mains.
- Il va griller bien vite... Fatal-Foudre !
- Laser Glace !!
L'attaque frappa le dragon électrique en plein ventre, cessant son attaque. Jerry grogna et regarda Pikachu.
- Attaque Tonnerre !!
Pikachu, restant sur l'épaule de son maître, frappa Prinplouf. Wallace fronça les sourcils.
- Je vais tuer ton stupide manchot ! Je vais le griller à mort ! Et ensuite, c'est vous deux que je grillerai !
Tristan s'apprêtait à sortir Morphéo. Prinplouf subissait toujours l'attaque, péniblement.
- Vous et votre stupide classe, vous vous êtes bien moqués de moi... Mais nous allons vous mater, vous, votre petite classe d'agitateurs, mater votre stupide petite rébellion...
- Va chier.
- ... hein, quoi ?!
Prinplouf grandit, s'illumina et devint un Pingoléon. La créature observa Pikachu qui cessa son attaque.
- ... Pikachu, m... Méga-Pharamp, att...
- Je t'ai demandé d'aller CHIER, PUTAIN ! HYDROBLAST !!!
Pingoléon glissa sur le sol pluvieux comme sur de la glace. Il écarta les bras, ouvrit la bouche et balança une rafale de sphères d'eau hyper puissantes. Méga-Pharamp fut laminé.
- N-NON !!
- VIENS !
Wallace rappela Pingoléon, attrapa Tristan par le bras, et les deux se mirent à courir.
- VOUS ALLEZ PAYER !
Les deux adolescents couraient à travers le quartier.
- Wallace, on va où ?!
- J'sais pas !!
Un coup d'œil derrière suffit à lui faire savoir que Jerry les suivait, de loin, mais il les suivait.
- Putain !
- Pourquoi il nous a attaqués ?!
- J'suppose qu'il voulait se faire bien voir... Putain ça caille !!
- J'connais cette rue ! Par ici !
Ils prirent une ruelle, puis une autre. Tristan sembla rassuré.
- On n'est pas loin de chez moi !
- Bah on va là alors.
- Il est toujours derrière ?
Wallace se retourna. Plus de Jerry.
- Nan, on l'a semé.
- Il pleut toujours, ça me rassure pas...
- Il a pas dû rappeler son Tarpaud.
- Là ! Vite !
Wallace et Tristan entrèrent dans l'immeuble. Ils soufflèrent un peu. L'orage continuait.
- On peut aller chez moi, ma tante est pas là. Tu saignes !
Wallace regarda son bras.
- Merde, ouais... ça brûle en plus !
- On monte.
Wallace jeta un dernier coup d'œil. Ils n'étaient toujours pas suivis.
Tristan ouvrit l'appartement situé au troisième étage. Wallace découvrit un appartement pour le moins petit comparé à sa maison, mais confortable.
- C'est... sympa.
- J'te présente le canapé sur lequel je dors... J'vais chercher des serviettes et de quoi te soigner/
Tristan traversa l'appartement en foutant de l'eau partout. Wallace ne s'en offusqua pas. Tristan revint en se débarrassant de ses habits.
- Enlève tes fringues, je vais te mettre un bandage.
Wallace enleva difficilement ses vêtements mouillés. Il se retrouva en débardeur et en caleçon, tout comme Tristan.
- Assieds-toi.
Wallace obéit. Tristan regarda la blessure. Une grosse éraflure, mais pas ouverte.
- T'as eu de la chance... mais t'as sacrément saigné.
- Ouais, j'dois être un peu hémophile sur les bords...
Tristan réalisa un habile bandage.
- T'es doué !
- N'est-ce pas !
Echange de sourires. Tristan baissa la tête.
- Tu... restes ici ?
- J'me vois mal rentrer, là.
Tristan regarda Wallace qui l'observait. Le jeune informaticien détourna le regard.
- Arrête !
- J'y peux rien.
- Je prends le canapé, tu dors dans le lit de ma tante !
- Qu'est-ce que je t'ai fait ?! grommela Wallace.
- Rien, juste... j'veux pas qu'on fasse de bêtises.
- Bah voyons.
- Wallace, j'aime passer du temps avec toi.
- Moi aussi.
- J'veux pas... j'veux pas que ça se passe comme avec Nico...
Wallace caressa le visage de Tristan qui le regarda, comme hypnotisé. Wallace embrassa Tristan avec douceur puis éloigna son visage du sien.
- Je peux pas te laisser dormir seul ce soir. Pas après tout ça.
Tristan acquiesça timidement.
- On... prend le canapé.
- Du coup par contre, on n'a rien mangé... marmonna Wallace à tout hasard.
***
Wallace et Tristan se retrouvèrent assis devant la télé, le canapé transformé en lit, avec deux bons gros pots de glace.
- Faut qu'on fasse ça plus souvent... marmonna Wallace.
- Tu m'étonnes...
Tristan absorba une cuillerée de glace. A la télévision, une redif de talk-show.
- Sacrée journée, hein... souffla Wallace.
- Hm... Mais on est tranquilles maintenant. Tu as mal ?
- Nan, ça va. Ton bandage me coupe la circulation, c'est génial.
- Je l'ai trop serré ?
- Nan, nan, il est juste bien. J'ai soif, j'te ramène un truc ?
- Nan, ça ira.
Wallace se leva. Tristan ne put que remarquer l'amplitude de son caleçon, la douce cambrure de son dos, ses épaules nues, ses jambes... « Calme-toi, Tristan... »
Le jeune homme se reconcentra à contrecœur sur la télévision. Wallace se servit un verre d'eau du robinet. Il aperçut quelque chose sur un plan de travail derrière la table de la cuisine. Une photo, montrant un homme et une femme tenant un bébé. Il se mordilla les lèvres.
Allant se rallonger dans le lit, Wallace souffla. Tristan le regarda dans toute sa longueur. « N'empêche, il est beau... »
Wallace regarda la télévision silencieusement pendant un moment, puis il se mit à parler, comme ça.
- Tu sais... J'me suis quand même sérieusement posé la question.
Tristan haussa un sourcil.
- De savoir pourquoi tu avais tenu à me soutenir après la mort de Manternel.
Tristan grimaça.
- Euh... je croyais que ce sujet était clos...
- Nan, mais je me suis vraiment posé la question dès le départ. Je me fous de tes raisons, je sais que tu es un gentil garçon qui voulait juste m'aider, je sais que tu penses pas à mal.
Tristan cligna des paupières, interloqué.
- Et... je crois que le moment où j'ai commencé à avoir des sentiments pour toi... c'est... quand j'ai réalisé au fur et à mesure que tu faisais pas ça seulement pour moi.
Tristan inspira, un peu gavé.
- J'étais pas le seul à avoir besoin d'aide, en fait. Tu avais besoin d'aide aussi.
Tristan se figea.
- Quand tu m'as parlé de la mort de tes parents et de ta petite sœur, t'avais l'air de vouloir me faire comprendre que tu me comprenais, mais j'ai réalisé au fur et à mesure que tu voulais surtout te convaincre que t'avais réussi à dépasser ça. Et je crois pas que ce soit le cas. Parce que quand mon Manternel est mort, ça a ravivé la plaie en toi. Je pense que t'as jamais vraiment conclu, que t'as jamais finalisé ton deuil. Tu dois te demander en permanence ce que tes parents pensent de toi, ce que ta sœur serait devenue, quel rapport tu aurais avec elle... Et je dis ça parce que... t'as mis ça en avant pour m'approcher. C'est pas moi que tu voulais aider, c'était toi. Tu m'as appelé au secours.
Tristan pleurait, mais Wallace ne le regardait pas vraiment.
- Bah... J'sais pas quoi te dire, en fait. J'suis plutôt nul pour ça... J'ai vu la photo dans la cuisine. Ton père avait l'air d'être un gars bien, il devait être gentil, j'suppose qu'il aurait été fier que tu sois un super caïd des ordinateurs. Ta mère est super jolie, elle t'aurait soutenu bec et ongles. Pis ton homosexualité... Bah, ils auraient été derrière toi, ils t'auraient dit qu'ils s'en foutaient, je crois. Mais j'fais qu'extrapoler, hein. On peut pas prévoir. Ta vie aurait pu être mieux, ta vie aurait pu être pire. Pis ta petite sœur... bah elle t'aurait probablement bien fait chier. Les gamines de dix ans, c'est lourdingue. Pis v'la pas la puberté, après !
Petit rire de Tristan, sanglotant. Wallace se tourna vers lui.
- Pleure pas...
- D... D-D-désolé, juste que... Sniff... Tu... C'est des mots que j'ai toujours voulu... entendre, c'est gentil... de ta part... excuse-moi...
- Arrête de pleurer... marmonna doucement Wallace.
- J'y peux rien, ç-ça me touche beaucoup, merci...
Tristan sanglota de plus belle.
- Merci Wallace...
Wallace se releva.
- Arrête...
- Sniff...
Wallace essuya les larmes de Tristan qui le regarda. Il était au-dessus de lui, penché, si proche...
Il commença par l'embrasser. Tristan ne le repoussa certainement pas. La télévision continuait son bruit inepte, mais Wallace s'emparait déjà de Tristan dans son entier, le caressant de tout son être, cherchant littéralement à le posséder. Tristan essuya ce qui lui restait de larmes, embrassant de plus belle celui qu'il voulait prendre pour amant. Leurs caleçons s'entrechoquèrent, ce qui les fit gémir respectivement.
- Nnnnh...
- Mmm...
Wallace allongea Tristan qui était toujours assis depuis ce temps. Tristan ne prêta absolument aucune attention au fait qu'ils soient dans le canapé sur lequel sa tante s'asseyait. Tout ce qui importait, c'était le corps de Wallace, contre le sien. La plus délicieuse sensation du monde. Il en avait rêvé depuis si longtemps qu'il était pour ainsi dire incapable de résister.
Wallace brisa le baiser et regarda Tristan.
- Un seul mot et j'arrête.
Tristan regarda Wallace, essoufflé. Tristan secoua la tête, les yeux remplis de désir. Wallace se releva et enleva son marcel. Tristan fit pareil avec son t-shirt de pyjama. Le contact reprit, plus charnel cette fois. Nouveaux baisers plus dispersés et moins conventionnels. Tristan avait envie de fondre en Wallace. Lequel était excité comme jamais.
- Si tu m'arrêtes pas, j'irais jusqu'au bout.
- T... Tu peux.
Wallace acquiesça, mais c'est Tristan qui lui retira son boxer.
- Hey !
- ...
Tristan vit la chose, déglutit et rassembla son courage. Wallace le regarda, se demandant ce qu'il allait faire. Hésitant, Tristan commença à la main, ce qui satisfit Wallace. A son tour il défroqua Tristan, sans pour autant tâter plus loin, laissant à son jeune ami le confort nécessaire. Gagnant en intrépidité, Tristan utilisa sa bouche. Ce fut pour ainsi dire le début de la fin. Wallace devint incontrôlable. Il laissa Tristan faire comme à sa guise jusqu'à ce qu'il cesse, et ce fut à Wallace de s'y mettre. Tristan s'accrocha aux éléments du canapé puis aux cheveux de Wallace. Il cria comme il n'avait jamais crié en ces lieux, comme sa tante n'avait probablement jamais crié de sa pauvre vie. Et puis merde, ras le bol de penser à cette vieille chouette. Wallace se releva et chercha son porte-feuille. Tristan se recroquevilla. Lorsque Wallace reparut, il déchirait un sachet.
- Euh...
- J'ai du gel aussi.
Tristan grimaça. Wallace plissa les yeux et les haussa ensuite.
- Oh. Que j'ai toujours eu sur moi.
Tristan hocha la tête.
- Un seul mot et j'arrête.
- J'ai rien dit.
- D'accord.
- Je...
Tristan inspira, submergé par l'excitation.
- Je veux le faire. Avec toi.
- J'avais cru comprendre.
Wallace se prémunit. Tristan se mit sur le dos, les jambes légèrement repliées.
- T'aimes comme ça ?
- Je sais pas trop, j'ai... juste envie de te voir en fait.
- Ok, pas de soucis.
Wallace prépara Tristan, mais dans le même temps il l'embrassa. Le jeune homme étouffait ainsi ses gémissements. Le plus grand des deux était décidément doué en la matière. Tristan se sentait extraordinairement bien. Certes, Wallace n'était pas d'une tendresse folle, et il s'y prenait tellement comme un pro que Tristan devait faire un effort démesuré pour ne pas penser qu'il était le numéro deux-cent-dix sur la liste de ses conquêtes, mais il y mettait une vraie passion. Tristan ne pouvait que le sentir.
- Si j'te fais mal...
Wallace regarda Tristan qui avait juste envie que Wallace y aille. Le jeune homme hocha la tête. Tristan regarda Wallace, nu, qui engageait la pénétration. Il constata rapidement que ce qu'il trouvait de plus sexy chez lui, c'était ces poils qu'il avait sur le torse. Lui-même aurait aimé avoir des poils à cet endroit-là.
- Gnnn...
- Ça va ?
- Oui, oui, ça va... Laisse-moi un peu de temps.
- Hm.
Tristan respira. Wallace fit preuve de patience voire de tendresse quand il ajusta sa position pour embrasser son délicat amant. Peu de temps après, c'est Tristan lui-même qui bougea. Wallace sourit et commença à donner à Tristan ce qu'il voulait. Tristan, surpris parce qu'il avait déclenché, ne put que crier. Il cria de façon de plus en plus surréaliste, jusqu'à serrer Wallace contre lui, terrassé par les sensations. Wallace mit fin à tout conventionnalisme et déclara le règne de l'animalité. Tristan n'en souffrit pas trop si on s'en référait à ses cris.
- Ah ! Ah ! AAH !
- Hmph... Gnnn...
Wallace plaqua Tristan contre le mur. Tristan, dont la seule expérience avait été de servir de jouet à un prof, prenait, pour le coup, un pied pas possible.
- Wa... Wallace... Aaah...
- Je savais que t'aimerais.
Tristan embrassa son amant pour éviter qu'il ne dise plus de conneries. Mais Wallace tenait à en dire alors il fit cesser le baiser.
- On change de position ?
- J'veux pas que tu sortes !
- C'est mieux pour toi si je sors un peu et si je reviens ensuite. Juré craché.
Tristan se désincarcéra, en attente. Wallace souffla, se redonna un peu de constance, et vit Tristan prendre très naturellement une position quadrupède.
- Eh bah. Et tu voulais pas qu'on le fasse ?
- Oui bah...
Wallace sourit.
- C'est cool en tout cas, t'es demandeur.
Tristan ne répondit pas, laissant Wallace revenir doucement en lui.
- Oooooh...
- Me revoilà...
- Ne sors plus. Pitié, Wallace.
- Comme tu veux.
Wallace donna tout ce qu'il avait, créant à nouveau ces frissons chez Tristan, et ces nouveaux gémissements surréalistes. Tristan ressentit des choses qu'il n'aurait jamais cru ressentir, et il faisait des efforts terribles pour ne pas y être entièrement soumis.
Wallace se raidit dans ses assauts. Il plaqua Tristan contre lui. Tristan respirait de façon erratique, tout comme son compagnon. Les gémissements de Wallace, plus rauques que ceux de Tristan, se faisaient plus mécaniques. Tristan sentit tant son accélération que sa crispation. Lorsque Wallace eut terminé, il éprouva le besoin de se retirer.
- Reste !
- J'vais changer de capote, celle-là est pleine.
Tristan s'étonna lui-même. Cette remarque manquait extraordinairement de classe, mais il s'en foutait complètement. Wallace se leva et alla jeter le préservatif utilisé. Il en reprit une.
- Paré pour un second tour ?
Tristan acquiesça, dans l'esprit de faire plaisir à Wallace et un peu beaucoup de se faire plaisir à lui-même. Wallace haussa un sourcil.
- A moins... que tu veuilles me le faire.
- Hein ?
- J'aime bien qu'on me le fasse aussi.
- ... je... je sais pas si je...
- T'avais essayé avec l'autre tordu ?
- ... nan.
- Désolé pour le rappel.
- C'est rien. J'me risquerai pas à te demander la même chose...
Wallace sourit et posa la capote sur un bras du canapé défait.
- On se repose un peu, peut-être.
- Ouais.
Wallace vint se caler contre Tristan qui sourit.
- Tu veux que j'te dise un truc ? marmonna Wallace.
- Hm ?
- Y'a école demain.
Tristan fit de gros yeux.
- Putain, c'est vrai !
- Eh ouiiii... Mais il nous reste pas mal de bon temps à prendre.
Tristan sourit, se retourna et embrassa Wallace amoureusement. Wallace répondit à son baiser par une étreinte. C'était vrai, il leur restait pas mal de bon temps à prendre.