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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 08/04/2015 à 08:34
» Dernière mise à jour le 26/12/2018 à 22:38

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 24 : Le souvenir d'Adam
J'ai la profonde conviction que très peu de gens sont naturellement mauvais. Des personnes comme Castel, Venamia ou Xanthos n'ont pas toujours été des tyrans. C'étaient des gens bons, avant. Des gens bons dont la vie a mal tournée, qui ont pris les mauvais choix aux mauvais moments. Et certains choix ne peuvent pas être réparés ensuite.



*****



Résigné à demeurer à l'Académie tandis Zayne, Nirina, Leaf et les autres risquaient leurs vies dans le Glacier Infini, à rechercher un Pokemon antique dont on n'avait pas l'ombre d'une preuve qu'il était là-bas, Erend s'était résolu à agir, d'une façon ou d'une autre. Tuer Castel était la base, et pour cela, ils avaient besoin de Triseïdon. Mais le tuer seulement n'arrêterait pas l'invasion de Cinhol. Selon Leaf et Anis, Castel ne désirait en rien gouverner ce monde : il ne souhaitait que sa ruine. Mais parmi ses sujets, nombreux sont ceux qui voyaient en cette conquête de l'Ancien Monde un droit, si ce n'est un devoir. Si Castel venait à disparaître, quelqu'un allait prendre sa place et continuer l'invasion.

Erend en avait parlé avec Deornas, le cousin de Nirina. Il l'aimait bien, ce gars. C'était un érudit, comme lui, et il était très versé dans l'art politique et les méthodes de gouvernement. Ils avaient passé tous deux beaucoup de temps dans la bibliothèque de l'Académie, à discuter, débattre et philosopher sur divers sujets. Erend, du fait de son intelligence hors du commun, pouvait rarement avoir une discussion à son niveau avec les gens normaux. Deornas Haldar semblait l'un des rares à pouvoir le suivre.

- Qui sera donc le nouveau suzerain de Cinhol selon vous, si jamais Castel venait à périr ? Lui demanda Erend.

- Eh bien, en toute logique, le trône devrait revenir à Nirina. Elle est la souveraine légitime. Mais comme elle a été écartée du trône, et au vu de ce qu'elle a fait avant... je ne suis pas sûr que mon peuple veuille d'elle à nouveau. Il y a bien son fils, le prince Alroy, mais un enfant de quatre ans n'a jamais gouverné seul, à supposer qu'il soit accepté comme roi. Non, selon toute vraisemblance, le trône - ou du moins le commandement de l'armée - irait à mon père, Sire Astarias Haldar.

- Est-ce un homme bien ? Voulu savoir Erend.

Deornas sourit.

- C'est sans nul doute l'homme le plus honorable de Cinhol. La figure même de la loyauté et de l'honneur.

- Mais il sert Castel.

- Il sert son roi. Il a aidé Castel, quand il était encore Adam, à renverser Nirina, s'il promettait de la laisser vivre après ça. Je crois que si Nirina pouvait le lui demander, et s'il apprenait la vérité à propos de Castel, il se rangerait de notre côté.

- Et donc, si jamais il devient roi, vous seriez l'héritier légitime du trône.

Deornas leva les mains, comme pris d'une soudaine terreur.

- Loin de moi cette envie ! On a déjà tenté de me faire roi, à l'époque où je me suis soulevé contre Nirina avec le Rimerlot. Et j'ai compris une chose alors : je déteste ça. C'est pour ça que, quand on a découvert Adam, j'ai été si ravi de lui céder ma place. Si j'avais su alors qu'il était en réalité mon ancêtre, je...

- Vous la lui auriez cédée encore plus vite, acheva Erend.

- Euh... oui, probablement, avoua Deornas avec un pauvre sourire. C'est difficile pour moi. Toute ma vie, on m'a élevé dans la croyance que Castel était notre Fondateur sacré, le Sauveur du Millénaire, l'incarnation même du Bien. Et maintenant, je me retrouve à comploter pour sa chute, avec le descendant de celui qu'on considérait comme le traître ultime et le mal absolu.

Deornas désigna Sifulis, l'épée argenté qu'Erend gardait toujours avec lui.

- J'ai porté cette lame un moment. J'ai affronté Nirina avec aux côtés de Castel. Une bonne épée. Une noble épée. Mais je n'avais aucun droit dessus. Elle était celle d'Uriel, et donc la vôtre, à présent. Je l'ai souillée de mes mains de Haldar.

Erend le regarda en haussant les sourcils.

- Je vous prenais pour quelqu'un de pragmatique et de sensé, messire Deornas. Les personnes pragmatiques ne croient pas à la souillure à cause d'un nom ou même du sang. Ce n'est pas parce que votre lointain ancêtre était un fou meurtrier que vous êtes quelqu'un d'infréquentable. Et ce n'est pas parce que le mien était le Sauveur du Millénaire que je suis quelqu'un de béni. On fait ce qu'on fait de notre vie. Vous dites que vous ne voulez pas devenir roi. Qu'aimeriez donc vous faire alors ?

Deornas prit un air songeur.

- Vivre en paix, dit-il finalement. Une maison, ni trop grande, ni trop petite, avec plein de livres. Un métier qui me plait, mais sans trop de responsabilité. Une femme aimante. Des enfants. Bref, ce que la plupart des gens normaux peuvent désirer. Mais je suis né prince. Je n'ai jamais été quelqu'un de normal.

- Eh bien, voyez, moi je suis le fils et héritier d'un des entrepreneurs les plus riches d'une des régions de notre monde. Mon père est aussi l'un de ses dirigeants. Tout le monde s'attend à ce qu'un jour je prenne sa place, pour vivre dans la richesse et l'abondance qui est celle de notre famille, pour continuer à faire prosperer notre entreprise, et pour maintenir notre pouvoir sur Kanto.

- Et donc ? Vous n'allez pas le faire ?

- Au contraire, répliqua Erend. Il me tarde de prendre sa place. Mais pas pour les raisons qu'il souhaite. Le système de gouvernement de Kanto est pourri, corrompu et obsolète. Quand j'y siègerai, de par le nom de mon père, je ferai tout pour tenter de le rénover, même si pour cela je dois le détruire. Je doute que mon père m'approuve, mais c'est ce que je ferai. Je suis libre de mes aspirations. Vous aussi.

Deornas hocha la tête avec un léger sourire, et retourna à son livre, quand un ricanement commença à l'entrée. Leol, l'oncle de Nirina aux cheveux bleus, entra dans la bibliothèque avec un regard amusé pour Erend.

- J'ai entendu votre conversation. Vous pensez que le destin n'est pas écrit dès la naissance, Sire Erend ?

Erend étudia son interlocuteur. Un homme difficile à cerner, ce Leol. Zayne se méfiait de lui, mais c'était juste parce qu'il en savait trop peu sur lui. Erend aussi ignorait ce que recherchait cet individu. Et il voulait le découvrir. Pas par méfiance, mais parce qu'Erend ne pouvait jamais résister à savoir quelque chose qu'il ignorait. À en juger par son regard, Deornas aussi se méfiait de lui, mais ça c'était sans doute à cause de la longue inimitié entre le peuple de Cinhol et la Tribu des Chevaux.

- En effet, c'est ce que je pense, acquiesça Erend.

- C'est bien naïf. Pensez-vous que vous seriez parvenu à ce que vous voulez si vous n'étiez pas le fils de gens importants et riches ? Pensez-vous que ma chère nièce Nirina aurait été reine si son père n'avait pas été roi avant elle ? Un enfant de noble aura toute les chances de devenir noble, un enfant de boulanger toutes les chances de devenir boulanger. C'est ainsi depuis la nuit des temps. Notre naissance et notre sang font une grande partie de ce que nous serons.

- Ça joue en effet, concéda Erend. Mais ce n'est pas écrit dans le marbre. Nous sommes les seuls maîtres de notre avenir.

- Pas quand cet avenir, on vous l'a volé dès la naissance. Moi-même, j'étais promis à un destin tout autre que celui qu'est le mien aujourd'hui. Mais à cause d'un homme, ce destin m'a été arraché. C'est pour ça que je suis ici. Pour le reprendre à celui qui me l'a volé.

Et il s'éloigna comme il était venu, laissant Deornas et Erend perplexes.

- C'est quoi son problème à ce type ? Fit Deornas. Qu'est-ce qu'il raconte ?

- Je l'ignore, mais je sens une réelle colère et amertume chez lui, dit Erend. Vous le connaissez sans doute plus que moi...

- Pas vraiment. J'ignorai son existence avant de le rencontrer il y a deux semaines. Même Nirina ignorait que Lyaderix avait un fils.

- Il y a bien un air de Nirina chez lui. Sur son visage.

- Sans doute que oui. C'est le demi-frère de la mère de Nirina.

- Mais Nirina ne ressemble-t-elle pas aux Haldar ? Demanda Erend.

- Nirina ressemble à Nirina, ricana Deornas. Il n'y a jamais eu un seul Haldar comme elle, et pourtant, y'en avait des cas, dans sa famille...

- N'est-ce pas aussi la vôtre, de famille ?

- Oui... bien sûr...

Deornas fut soudain gêné, et se replongea dans sa lecture. Erend le regarda en songeant que Leol de la Tribu des Chevaux n'était peut-être pas le seul à cacher ses véritables origines.


***


Leol se baladait sans but dans cette immense bâtisse qu'était la Haute Académie Velgos, et désormais le fief de Sire Igeus. Nirina était partie rechercher un Pokemon Dieu Guerrier dans l'espoir qu'il puisse rivaliser avec le Hafodes de Castel. Grand bien lui fasse. Elle pouvait bien réunir tous les Pokemon qu'elle voulait, elle et ses alliés rebelles. Castel était destiné à mourir, oui, mais pas de sa main. C'était lui, Leol, qui devrait tuer le roi. C'était uniquement pour cela qu'il était venu ici, dans l'Ancien Monde. Un monde plaisant, d'ailleurs. Bien plus agréable que les plaines où la Tribu des Chevaux avait coutume de vivre. Mais Leol ne comptait pas y rester. Une fois qu'il aurait accompli ce qu'il devait faire ici, il retournerait à Cinhol, pour y accomplir son véritable destin.

Il ne recherchait ici nullement la compagnie des autres, tous ses jeunes imbéciles qui s'inclinaient quand Sire Igeus passait devant eux. Non pas que Leol ait une quelconque animosité envers lui. Au contraire. Ce garçon descendant d'Uriel semblait être quelqu'un de prometteur, capable de fédérer autour de lui toutes les forces de la résistence anti-Castel. Leol avait besoin d'une occasion pour approcher le roi. Sire Igeus allait la lui fournir. Au détour d'un couloir, il tomba sur une vieille femme en tenue de domestique qui frottait le sol d'un air absent. Quand elle vit Leol, son regard s'éclaira.

- Vous... vous êtes l'un de ceux qui viennent de l'autre monde ?

- C'est exact.

- Vous connaissiez mon garçon ? Pourquoi est-il devenu comme ça, lui qui était si gentil, si doux, si juste ! Vous lui avez fait quelque chose, dans cet autre monde !

Leol fronça les sourcils.

- De quel garçon voulez-vous parler au juste ?

- Adam ! Adam Velgos ! Le garçon que j'ai élevé pendant dix-sept ans ! Il a disparu pendant quelque jours, et je le revois soudain revenir dans les habits d'un roi, accompagné d'une armée et tuant tous ceux qui s'opposent à lui ! Que lui avez-vous fait ?!

Leol étudia la vieille femme avec plus d'attention.

- Vous êtes... la mère adoptive de Castel II ?

- Je ne savais pas qu'il venait de ce monde étranger... Comment aurais-je pu ? J'ignorai que ses parents étaient des gens importants... je ne savais rien. Je voulais juste... l'élever en bonne croyante. Arceus a jugé bon de me confier la garde de cet enfant. Ai-je échoué ? Est-ce à cause de moi qu'il fait tout ça ?

La vieille femme paraissait totalement anéantie. Leol la releva avec douceur.

- Quel est votre nom, madame ?

- Sophia...

- Eh bien, sachez, Sophia, que rien de tout ceci n'est de votre faute. Votre... Adam a simplement trouvé ses véritables origines dans cet autre monde. Je suis certain que vous l'avez élevé comme il se doit.

Leol resta un moment avec cette femme, pour la consoler, pour parler avec elle. Il se sentait proche d'elle, en quelque sorte. Encore des gens que le destin auraient pu réunir, s'il avait été juste...


***


Castel entendait des voix.

Au début, ce n'étaient que des murmures indistincts, alors que sa tête le faisait souffrir plus que jamais. Il avait pensé que c'était un sort quelconque d'Arceus pour le troubler. Ce dieu méprisable devait sans nul doute tout entreprendre pour l'embéter. Mais de plus en plus, la voix se fit claire dans son esprit. C'était l'autre. Il le maudissait, il se moquait de lui, il lui murmurait des promesses d'échecs et de souffrances. Sans arrêt. Pendant que Castel mangeait, qu'il était aux toilettes, qu'il dormait. Et Castel ne voyait rien pour le faire taire, à part peut-être se couper lui-même la tête.

- En vérité, Votre Majesté, lui disait Astarias dans sa salle du trône, nous notons de plus en plus de foyers de révoltes dans les villes que nous avons prises. Les habitants de l'Ancien Monde se réunissent en secret, et vénèrent Sire Erend Igeus comme celui qui les libérera. Nos hommes ont de plus en plus de mal à faire régner votre loi.

Castel entendait à peine les jérémiades d'Astarias, tant sa voix intérieure le tançait ouvertement.

- Tu es un imbécile, disait l'autre. Tu ne possèderas pas la loyauté des gens par la force. Tu vas perdre, perdre, perdre...

Castel ferma un moment les yeux, et essaya de se concentrer sur Astarias.

- Il suffit de brûler les comploteurs, affirma-t-il. Brûlez-les en place publique, avec leur famille, leurs amis... Il faut tous les brûler !

- Tu n'es qu'un pauvre fou.

- Majesté, brûler les gens a très peu d'effet sur l'esprit de ces traitres, répliqua Astatias. Plus nous les poussons à bout, plus ils se révoltent. Je vous conjure de mettre au pas cet Erend Igeus que vous avez adoubé. Arrêtez-le, tuez-le, ou faites-vous en un complice. Dans l'esprit des rebelles, il est celui qui vous a défié. Tant qu'il continuera, la révolte continuera.

- Non ! S'exclama Castel. Il est encore trop tôt pour le faire venir dans mon camp. Quant à le tuer ou l'arrêter, impossible ! Ça ferait de lui un martyr.

Pourtant, Castel était embêté. La réputation d'Erend Igeus s'était élargie bien plus vite qu'il ne l'aurait pensé. Et le garçon, bien à l'abri dans son Académie, ne cessait depuis, avec ses amis, d'entreprendre diverses actions secrètes et souterraines visant à ébranler encore plus le régime royal. Castel avait voulu se créer un adversaire efficace et amusant. Il avait été exaucé au-delà de toutes ses espérances. C'était même un peu trop...

- Tu t'es mis tout seul dans cette situation, idiot. Tu as créé quelque chose que tu n'as pas su contrôler, et ça te détruira.

- C'est moi qui vais tout détruire ! Riposta Castel en se levant. Ce monde va brûler ! Il n'en a plus pour longtemps !

- Majesté ? Fit Astarias, inquiet.

Castel soupira. Il avait répondu à voix haute à l'autre, et évidement, Astarias n'allait pas mettre longtemps à s'interroger sur sa santé mentale.

- Ce n'est rien, mon oncle. Je suis juste un peu fatigué. Plein de soucis... Ne vous en faites pas pour ces foyers de rébellion. J'ai tout prévu.

- Tu n'as rien prévu. Tu ne fais que faire selon ton bon vouloir.

- Je m'occuperai d'Igeus et de ses amis le moment venu. Veuillez me laisser à présent.

- Bien, Majesté, dit Astarias en s'inclinant. Isgon attend à l'extérieur. Dois-je le faire rentrer ?

Castel serra les dents. Il aurait préféré dire non, mais c'est lui qui avait demandé au duc de venir.

- Oui, faites-le venir.

- Ils vont tous te trahir, continua l'autre. Tous, l'un après l'autre. Ils chuchotent derrière ton dos. Ils pensent tous que tu as perdu l'esprit. Ce qui est le cas depuis le début.

Castel attendit qu'Astarias fût sorti pour s'en prendre à sa voix intérieure.

- Silence, silence, SILENCE ! Tu n'es rien ! Tu n'existes pas !

L'autre ricana.

- Je suis tout autant là que toi. Tu possèdes notre corps pour l'instant, mais tu ne peux pas m'effacer.

- C'est mon corps ! Protesta Castel. Il a toujours été le miens ! Tu n'étais que... que... une misérable seconde conscience qui a émergé par erreur !

- Non, répliqua Adam Velgos. Je suis toi. Je suis celui que tu étais. Celui que tu aurais dû être, si la folie ne t'avait pas prise. De nous deux, c'est moi le plus véritable.

- LA FERME ! Comment es-tu revenu ?

- Je n'étais jamais parti. En prenant notre corps, tu as relégué ma conscience en arrière-plan. J'ai mis du temps avant de découvrir comment émerger, comme toi tu l'as fait quand c'est moi qui contrôlais ce corps. Tu ne peux pas me supprimer. Je suis toi.

Castel éclata de rire.

- Eh bien, reste donc, "second moi". Tu ne peux rien faire de plus que me harceler. Jamais tu ne recouvreras ce corps. Il est mien. Tu n'es qu'une voix désincarnée. Je vais apprendre à t'ignorer.

- Je ne te laisserai pas détruire mon monde, protesta Adam.

- Ton monde ? Notre monde, c'est Cinhol. Ici, c'est le monde d'Arceus, mon ennemi !

- C'est ici que nous sommes nés, pourtant. Tu aimais ce monde. Enysia l'aimait aussi.

- C'est ce monde qui me l'a arraché. Ce monde, Arceus, Uriel... ils ont tous comploté contre moi. Ils m'ont trahi ! J'ai déjà détruit Uriel. Je détruirai bientôt ce monde avec la météorite. Puis je demanderai au Grand Forgeron de m'aider à détruire Arceus. Alors, ma vengeance sera totale !

Castel éclata à nouveau de rire, réduisant Adam au silence. C'est à ce moment qu'Isgon entra, et il fronça les sourcils en voyant le roi seul, assis sur son trôle, pouffant de rire.

- Majesté ? demanda Isgon, incertain.

- Ah, Isgon ! Fit Castel en se reprenant. J'ai une mission pour vous et vos hommes.

Isgon se rembrumit.

- Encore de pauvres gars à massacrer, par les couilles d'Arceus ?

Castel sourit. Voici précisément la raison pour laquelle il voulait écarter Isgon. Il commençait à un peu trop poser problème. Grâce à Venisi et à son emprise mentale, les pensées et la volonté de tous les officiers de Castel étaient perméables, facile à contrôler. C'était ainsi que Venisi avait contrôlé Ryates à distance, pour qu'il œuvre sans le savoir aux projets de Castel. Mais l'effet commençait à s'estomper sur Isgon. Maltraiter des innocents et des civils étaient tellement à l'opposé de son code d'honneur et de guerre que même la magie noire de Venisi devenait inutile. Et il ne pouvait pas tuer le duc. Il avait besoin des soldats du Rimerlot. Il allait seulement les renvoyer à Cinhol.

- Rien de tel. Le duc Barneas n'est pas rentré de la mission que je lui avais confiée à Cinhol. Il devait rencontrer Lyaderix. Je soupçonne ce dernier de m'avoir trahi d'une façon ou d'une autre. Je veux que vous meniez une expédition à Cinhol, et que vous enquêtiez. S'il se trouvait que Lyaderix s'est joué de moi... eh bien, je vous autorise à faire que la Tribu des Chevaux ne soit plus qu'une vague mention dans l'Histoire de notre monde.

Il semblait à Castel que pour Isgon, Noël venait d'arriver avant l'heure.

- Combattre Lyaderix ? Fracasser les crânes de ces enculeurs de chevaux, dans notre bon vieux monde ? Est-ce ça que vous m'ordonnez majesté, foutre de dieu ?

- C'est cela. C'est une mission qui vous convient ?

- Par la bite d'Arceus oui ! J'en avais assez de ce monde et de combattre ces gars non armés qui ne savent même pas tenir une foutue épée ! Respirer l'air de Cinhol me fera foutrement du bien ! J'ose espérer que Lyaderix vous a enculé bien profond - sauf votre respect sire - pour que mes gars et moi, on ait le plaisir de regoûter à de vrais combats !

- Je suis content que cela vous plaise. Tenez.

Castel se leva pour remettre au géant barbu du Rimerlot un de ses anneaux de transfert.

- Prenez en soin, Isgon. Et je veux que vous me rameniez celui que j'avais confié à Barneas, si d'aventure Lyaderix l'a volé d'une façon ou d'une autre. Quand vous en aurez terminé là-bas, revenez me faire un rapport, mais vous pourrez ensuite demeurer à Cinhol. Je n'en aurai plus pour longtemps ici. Je vous autorise à siéger sur le trône de Cinhol et de vous occuper des affaires du royaume en mon absence.

- Je suis à vos ordres, mon roi !

Il avait dit ça avec une véritable sincérité. Pour une fois, il était content des ordres de Castel. Isgon parti, Castel retourna dans ses quartiers. Venisi l'attendait à côté de la météorite.

- Moi roi. Êtes-vous encore souffrant ?

- Oui, admit Castel. Mais j'ai trouvé la cause de ces désagréments. Il apparaît que mon vieil ami Adam est toujours logé dans ma tête. Il n'est pas très... satisfait de ce qui est en train de se passer.

- Tu vas perdre. Tu as déjà perdu. Ce corps n'est pas qu'à toi. Tu devras le partager avec moi, où nous disparaitrons tous les deux !

- Sais-tu s'il y a quelque chose à faire pour le faire taire ? Demanda Castel à sa femme.

- Je l'ignore, mon roi. Comme il n'a pas existence propre, je pense qu'il serait difficile de le combattre. Et comme vous avez été libéré de la boucle temporelle de la météorite, il n'a plus moyen à ce que vous renaissiez et que votre personnalité soit purgée en une nouvelle.

- Oui. Bon, je m'en accomoderai pour l'instant. Ah, merci Shinobourge.

Le petit Pokemon vert venait de lui servir un verre de cet appréciable alcool nommé whisky que les gens de ce monde buvaient pour se détendre.

- Shinobourge... Sale traitre. Faux jeton ! Je t'avais fait confiance. En réalité, tu l'as toujours servi, lui ?!

- Il me semble que ton ancien maître est en colère contre toi, mon ami, dit Castel à Shinobourge en souriant.

Castel but son verre d'un coup et alla s'allonger sur le lit, appréciant les ondes négatives qui s'échappaient du bloc de Vifacier. Elle était presque totalement chargée. Tout cela allait très vite ici, dans ce monde où les gens n'étaient pas du tout habitué au malheur. Très bientôt, Castel allait pouvoir purger ce monde, et l'offrir au Grand Forgeron comme convenu.

- Tu ne le feras pas. Tu n'es rien pour le Grand Forgeron. Il te trahira lui aussi. Tu vas perdre. Tu es fou. Tu es moi.

- Ahhhh, Adam, soupira Castel. Tu tiens des propos incohérents. C'est si dur que cela d'être une conscience à l'écart ? Je l'ignore, vois-tu. Quand j'étais à ta place et toi à la mienne, ma conscience était endormie jusqu'à que tu arrives à Cinhol. Et elle n'a cessé de se fortitfier depuis, sans que tu ne remarques rien, jusqu'à que j'ai pu prendre totalement contrôle de mon corps. Mais ne te tourmente pas, mon ami. Si on doit cohabiter, je ferai en sorte que tu te sentes le plus à l'aise possible. Le plaisir que je vais ressentir, tu le ressentiras aussi. Dès que j'aurai retrouvé ta chienne d'amie de Leaf, je la prendrai. Encore. Et encore. Tu l'aimais bien cette fille, non ? Ça te fera plaisir, hein ?

Castel ricana en écoutant les insultes cinglantes d'Adam, cette petite voix furieuse qui lui faisait office de seconde conscience. Au final, sa présence n'était pas si horrible. Castel avait justement besoin de quelqu'un à torturer en permanence pour se relaxer. Il allait faire tout ce qu'Adam pouvait détester, pour lui montrer combien il était impuissant, et qu'il ne pouvait que regarder en ayant l'impression que c'était lui qui commettait tout ça. Ce n'était qu'une juste réponse aux maux de tête qu'Adam lui donnait, après tout.