Le Sauveur du Millénaire de Malak

J'ai eu bien des regrets. L'un d'entre eux est la peur que j'ai suscitée. Je n'ai jamais voulu qu'on me craigne. La peur est l'outil des tyrans. Mais quand le sort du monde est en jeu, on utilise tous les outils à sa disposition.



*****




À bord de l'Indomptable, le croiseur du capitaine Syal de Stormy Sky, Nirina voyait toute l'étendue sans fin du Glacier Infini se présenter à elle. C'était un spectacle incroyable. Un gigantesque canyon de glace, qui s'étendait à des lieux et des lieux. Le Glacier Infini représentait 60% de la région Bakan, bien que peu de gens y habitaient. Cet endroit était une source inépuisable d'interrogation pour les scientifiques du monde entier. Comment cette étendue de glace pouvait-elle exister ici, alors que Bakan était une région tempérée. D'où était-elle apparue, et quand ? Pourquoi faisait-il si froid ? Quels Pokemon et secrets encore inconnus se cachaient sous cette glace millénaire ?

Autant de questions qui n'avaient jamais encore trouvé de réponses. Le Glacier Infini, à l'image d'autre lieux mystérieux de cette planète, tels les Vestiges de la région Pertinia, ou encore la Forêt-Monde du Continent Perdu, demeurait imperméable à l'entendement des humains. L'érudite en Nirina était fascinée, mais pas au point de sauter partout dans la salle de commandement comme Anis.

- Quel paysage fantastique, sublime, merveilleux ! S'exclamait l'historienne. Tant d'idées pour mes romans me viennent quand je contemple ce tableau surnaturel !

- Moi, c'est plutôt l'idée qu'on pourra mettre une dizaine d'années pour tout fouiller ici si jamais le Pokemon que l'on cherche est bien là, maugréa Silver, plus pragmatique.

Derrière eux, Syal hocha la tête.

- Oui, j'espère que vous savez où chercher. Mon vaisseau ne peut pas rester ici trop longtemps. L'Amiral va se poser des questions.

- Zayne a parlé d'un Institut Archéologique qui ferait des fouilles ici, dit Leaf. Ils doivent avoir une base. C'est là qu'on se rend.

- Ok, on peut faire ça, répondit Syal. Base signifie source de chaleur, et dans ce glaçon géant, ce sera facile à repérer pour les capteurs de mon vaisseau.

L'équipage du vaisseau repéra dix minutes plus tard la base en question, à une trentaine de kilomètres. Le temps qu'ils y arrivent, Nirina quitta la passerelle de commandement, laissant les autres à leur discussion. Elle se sentait toujours un peu à part du groupe. Ou plutôt, elle voulait le rester. Ça faisait certes deux semaines qu'elle se trouvait à l'Académie Velgos avec Leaf, Erend et les autres, mais elle n'avait pas fait grand-chose pour bien s'intégrer. Tous savaient ce qu'elle avait été par le passé. Comme Erend lui faisait confiance, les autre s'efforçaient de faire pareil, mais Nirina voyait bien qu'ils ne la considèreraient jamais comme l'une des leurs. Bien sûr, ça ne la dérangeait pas outre mesure. Elle s'était alliée avec eux juste par nécessité.

D'ailleurs, elle ignorait ce qu'ils avaient prévu pour Triseïdon. Si jamais ils le trouvaient, qui allait le posséder ? Personne n'en avait parlé. Tout le monde ici, dans ce groupe, était un dresseur qualifié. Chacun était en droit de le convoiter. Nirina avait bien dans l'idée de tuer son ancêtre Castel elle-même, et si jamais de reprendre le pouvoir ensuite. Donc, elle ne comptait pas leur laisser le Dieu Guerrier. Nirina avait toujours désiré tout ce qu'elle pouvait, et ça n'avait pas changé.

Elle s'éloigna du centre de commandement du vaisseau pour trouver un coin où elle pourrait être tranquille, seule. Nirina n'était pas quelqu'un de totalement associable, mais elle aimait bien être seule avec elle-même un peu. Mais quand elle cru avoir trouvé l'endroit parfait, près d'une vitre où aucun Stormy Sky ne passait, elle se rendit compte que la place était déjà prise. Zayne Alston, le demi-frère d'Erend, se tenait appuyait contre la paroi, regardant d'un air distrait le paysage arctique de dehors. Il se retourna quand Nirina apparue.

- Votre Altesse...

Zayne n'avait cessé de l'appeler ainsi depuis qu'ils s'étaient rencontrés, il y a deux semaines. Pas tellement par respect, mais plus par moquerie. Nirina se doutait que ce type ne l'aimait pas beaucoup. Et, contrairement aux autres, il ne faisait pas d'effort pour prétendre le contraire. Sa sincérité était rafraichissante pour Nirina. Elle, elle l'aimait bien, au contraire. Un garçon sérieux, avec sa beauté froide, ses cheveux noirs et lisses, et ses yeux bleus foncés. En fait, il ressemblait beaucoup à son ancêtre, Uriel. Nirina n'avait jamais vu Uriel en chair et en os bien sûr, mais ayant portée Peine un long moment, elle était un peu devenue l'hôte de l'esprit d'Uriel, et son image lui était souvent apparue dans son esprit. Nirina semblait le revoir en Zayne.

- Sommes-nous arrivés ? Demanda-t-il.

- Bientôt, répondit Nirina. Nous nous dirigeons vers la base de l'Institut Archéologique.

- Très bien. J'arrive bientôt.

Il s'imaginait pouvoir congédier ainsi Nirina pour qu'elle le laisse seul, mais la jeune femme ne bougea pas. Zayne soupira.

- Il y a autre chose ?

- Oui. J'aimerai savoir comment tu t'en sors avec Peine.

Zayne regarda l'épée à la lame noire qu'il gardait à sa ceinture.

- Eh bien, elle me pèse un peu sur l'esprit. La toucher me fait frissonner, et elle dégage une odeur qui me donne la nausée. Mais pas d'envie subite de tuer des innocents et d'accrocher leur tête à mon portique.

Zayne faisait référence à ce que Nirina avait elle-même fait sous l'influence de Peine.

- L'esprit d'Uriel a quitté l'épée, répliqua Nirina en souriant. La corruption que dégage Peine est sans aucun doute moins forte qu'elle ne l'était avant.

- Bien sûr. Sans elle, vous aurez sûrement été une reine admirable.

Le sourire de Nirina s'accentua.

- Tu ne m'apprécies pas beaucoup, j'ai l'impression.

- Pourquoi, je devrais ? C'est de votre faute, si on en est tous là aujourd'hui. Ma mère, tous ces morts... C'est parce que vous étiez une dirigeante horrible que Castel a pris le pouvoir chez vous, et menace désormais mon monde !

- Je servais indirectement Uriel. Il était l'ennemi de Castel. J'ai risqué ma vie pour vous ramener ses épées, à Erend et à toi.

- Ouais, quel cadeau grandiose, ironisa Zayne en désignant Peine. Une épée capable d'aspirer votre âme pour la pervertir à jamais.

- C'est aussi une arme que Castel craint par-dessus tout. Tu serais bien avisé de la conserver. Mais ne t'en fais pas, Zayne. Ton inimitié ne me vexe pas. Elle me rassure, même. Autrefois, nos ancêtres respectifs étaient les meilleurs amis du monde, avant d'être des ennemis jurés. Vaut mieux donc commencer éloignés pour se rapprocher petit à petit.

Zayne eut une moue dubitative.

- Je n'ai aucune intention de me rapprocher de vous, Haldar. Même si mon frère vous aime bien, ça ne m'oblige à rien du tout. Erend a souvent eu des amis tordus avec lesquels il complotait, ou bien alors des gens qui l'admiraient et dont il pouvait se servir à sa guise. Vous êtes pareil, j'ai l'impression.

- Eh bien, quelle façon de parler son frère, dis-moi...

- J'aime mon frère, répliqua Zayne. Mais ça ne m'empêche pas de voir qui il est vraiment. J'imagine que vous êtes un peu responsable, vu que vous l'avez... formé pendant près d'une année.

- Erend est un garçon pragmatique qui sait ce qui doit être fait, et qui le fait en faisant abstraction de ses sentiments. C'est la meilleure attitude quand on est appelé à gouverner.

Nirina avait en effet était impressionnée par Erend Igeus du temps où elle le côtoyait à la Haute Académie. Immensément intelligent, charismatique et doté d'une grande sagesse, il avait vite su s'intégrer parmi ses condisciples malgré son très jeune âge. Un garçon promit à de grandes choses plus tard, sans nul doute. C'était pour cela que Nirina, alors en dernière année, s'était rapprochée de lui, par curiosité d'abord, puis l'avait ensuite pris sous son aile. Il aurait pu faire un allié de choix, voir un Haut Protecteur efficace, tandis qu'elle aurait gouvernait la région Bakan. Ça ne s'était pas passé comme prévu, mais elle était heureuse de pouvoir compter sur lui contre Castel.

- Tout le monde veut faire d'Erend un type important, répondit Zayne. Tout le monde attend de lui des trucs incroyables. Mais c'est un gamin de quatorze ans. Il a besoin de vivre comme tel.

- Dans ce cas, il a choisi le mauvais endroit. Il aurait pu rentrer à Kanto, bien à l'abri chez son père non ? Mais il a choisi de rester ici.

- Et d'après vous, pourquoi ? Maugréa Zayne. Il a vu ce cinglé de roi tuer notre mère en direct à la télé.

- J'ai déjà dit que les gens comme Erend savaient très bien faire ce qui devait être fait sans tenir compte de leurs sentiments, répliqua Nirina. S'il est resté pour combattre Castel, ce n'est pas tant par vengeance que par devoir. Et toi, pourquoi es-tu encore là ?

Zayne plissa les yeux, méfiant.

- Pour la vengeance. Et surtout... pour le protéger.

- Eh bien, protège-le. Mais ne cherche pas à le faire dévier de sa route. Tu n'es pas comme lui. Cet enfant est un trésor. Ne va pas le corrompre en le rendant faible et émotif comme toi.

Et elle rebroussa chemin, laissant Zayne la fusiller du regard. Nirina retint un sourire. Il n'allait pas l'aimer encore plus après ça, mais tant pis. Si l'un des deux frères devait être le Sauveur du Millénaire, Nirina pariait sur Erend. Ce Zayne n'était pas sans intérêt, mais il faisait plus office de bouclier. Il protégeait Erend, et pour cela, il avait pris Peine, pour épargner à son frère la corruption de l'épée. Si tout cela était une espèce de prophétie ou de destin pensé par Uriel, Zayne devait servir à quelque chose. Il n'y aurait pas eu deux héritiers sinon. Mais le plus important reposait sur Erend.

Trente minutes plus tard, le vaisseau fut en vue de la base de l'Institut Archéologique. C'était une espèce de dôme de verre au milieu d'une plaine totalement enneigée. Il y avait au dehors beaucoup de machines, de foreuses, et quelques Pokemon. Nirina avait déjà entendu parler de l'Institut Archéologique bien sûr. C'était le plus grand regroupement des meilleurs archéologues, chercheurs et scientifiques du monde entier. Ils avaient fait des trouvailles incroyables en quarante ans d'existence, révélant au monde l'existence de Pokemon Légendaires pas encore officiellement reconnus. Bien évidement, au début, l'Institut fut quelque peu retissant à les laisser atterrir. Ils avaient dû avoir des nouvelles comme quoi Stormy Sky cherchait à conquérir la région aux coté du tyran Castel Haldar. Malgré l'assurance de Syal comme quoi ils ne cherchaient pas à les attaquer, l'homme qu'ils avaient au bout du fil ne voulait pas en démordre.

- NON ! Clama-t-il d'une voix grave et autoritaire. Ce sont des recherches pour la science et l'Histoire. On ne veut pas des Stormy Sky chez nous. Maintenant, filez avant que je n'envoie mes Pokemon vous détruire !

Syal fronça les sourcils.

- Non mais pour qui ils se prend, ce type ?! Demanda-t-elle, indignée. Il compte vraiment attaquer un vaisseau entier avec des Pokemon ?

- Oh, s'il est bien qui je pense, il en est capable, sourit Anis. En réalité, en vérité, selon toute vraisemblance, il pourrait même réussir.

- Un ami à vous ? Demanda Marcelio.

- J'ai fait partie de l'Institut Archéologique aussi, à mes débuts, quand j'étais l'élève de... du professeur Wufot.

Nirina savait pourquoi Anis hésitait. Karl Wufot était le véritable nom de Ryates, l'ancien conseiller de Nirina, possédé par Uriel et qui avait sombré dans les ténèbres et la folie. Il avait été un chercheur respecté, jusqu'à qu'il découvre l'épée Peine dans le désert de Bakan, et que l'épée, avec l'esprit tordu d'Uriel à l'intérieur, ne s'empare de son âme. Anis prit la place de Syal à la radio.

- Brandon ? Est-ce toi, vieille fripouille ? Demanda-t-elle.

Silence. Puis la voix dure de l'homme reprit.

- Qui parle ? Déclinez identité !

- C'est moi, Anis Shauntal. Tu te souviens ? De l'Elite 4 d'Unys. On a travaillé ensemble sur le projet de prospection aux ruines de Timblastar, il y a une dizaine d'années.

- Effectivement, je m'en souviens. Mais pourquoi te trouves-tu avec ces rapaces de Stormy Sky ?!

Syal serra les poings, mais garda le silence.

- Ce sont des amis, Brandon. Nous n'avons aucune intention belliqueuse, je t'assure, je te promet, je te jure. Le vaisseau peut rester à l'écart de votre base. Nous ne serons que... six à venir.

- Sept, rectifia Syal. Je veux en être moi aussi, ça a l'air intéressant.

Le dénommé Brandon parlementa un moment avec ceux qui se trouvaient avec lui, puis finalement, il leur donna l'autorisation.

- Très bien. Sept personnes seulement, et sans arme. Si ce vaisseau bouge d'un seul pouce durant ce temps, je l'atomise.

Il coupa la transmission. Anis ricana doucement.

- Il n'a pas changé, dîtes-moi...

- Qui est ce type ? Demanda Syal d'un ton cinglant.

- Brandon Bayar. C'est un archéologue, mais aussi un dresseur comme moi. Il est l'un des Génies Extrême du Battle Frontier d'Hoenn. Il est spécialisé dans l'étude des Pokemon antiques. Il en a trouvé trois lui-même, et les a capturés par la même occasion. En cela, ses Pokemon Légendaires seraient donc bien capables de causer beaucoup de dommage à votre vaisseau, aussi vaut-il mieux lui obéir.

Ils firent atterrir le vaisseau à une certaine distance de la base, puis Nirina sortit, en compagnie de Leaf, Anis, Silver, Zayne, Marcelio et Syal. Deux voitures vinrent les chercher pour les amener à la base. Les scientifiques étaient emmitouflés sous diverses couches et manteaux, et Nirina les comprenait. Rien que le fait de passer du vaisseau à la voiture avait failli la congeler sur place. À l'entrée de la base se tenaient trois Pokemon au look assez particuliers, qui veillaient comme des sentinelles. Ils ressemblaient à des rochers sur pattes, sans visage apparent mais avec un symbole différent sur le devant de leur corps. L'un semblait être fait de métal, l'autre de pierres encastrées, et le dernier ressemblait à un glaçon.

- Ce sont eux, leur dit Anis. Les Regi, les Pokemon Légendaires de Brandon.

- Y'a pas beaucoup de dresseur qui peuvent se targuer de posséder un Pokemon Légendaire. Mais trois ?! S'exclama Marcelio.

Les Regi les laissèrent passer, se contentant d'observer le vaisseau. Nirina avait l'impression qu'ils déchaîneraient leurs attaques au moindre mouvement suspect. L'intérieur de la base était à une température vivable, quoi que très fraiche quand même. Il y avait plusieurs équipes avec beaucoup d'ordinateurs, des cartes holographiques et quantité d'autre jouets technologiques. L'homme qui se présenta devant eux était habillé de vert, et avait l'air sévère. Son visage se détendit toutefois un peu quand il repéra Anis.

- Anis. Tu est bien loin d'Unys.

- Je ne sais pas ma vie que de combats Pokemon Brandon, comme toi. J'ai un poste d'enseignante à la Haute Académie Velgos.

- On a entendu dire que ça chauffait à la capitale ces temps ci.

- Pas qu'à la capitale. Partout dans la région. C'est un peu la raison de notre venue.

Une femme vint à leur rencontre. Elle avait de courts cheveux noirs et des lunettes si épaisses qui lui donnait l'air d'un Hoothoot.

- Anis ! Ça faisait longtemps !

- Diane, tu es là toi aussi ?

Anis se chargea des présentations. Diane Juminos était une de ses anciennes camarades d'université. Elles avaient toutes les deux été formées par le professeur Wufot. Anis présenta tour à tour ses compagnons, et les yeux déjà volumineux de Diane s'agrandirent encore plus quand elle dévisagea Nirina.

- Alors, vous avez réellement vécu dans cet autre monde ? Celui d'où vient Castel ? C'est tout à fait fascinant ! Il faut absolument que vous m'en parliez !

- Une autre fois peut-être, Diane, sourit Anis. Nous tous ici luttons contre Castel à la capitale. Nous recherchons un... objet qui pourrait peut-être nous aider à le combattre. Et cet objet se trouverai peut-être ici, au Glacier Infini.

- Ça fait beaucoup de peut-être, remarqua Brandon.

- Certes, mais nous n'avons hélas aucune autre piste.

- Vous avez envoyé une de vos trouvailles à la Steelcon récemment, intervint Zayne. Un morceau de métal d'origine inconnu, et qui aurait plus de dix-mille ans.

- Effectivement, acquiesça Diane. Nous n'avons pas encore reçu le résultat de leur analyse.

- C'est parce que Castel est passé foutre le bordel entre temps. Mais nous avons eu le temps de l'étudier. Je bosse là-bas. Ce serait un alliage composé de trois métaux. Tous les trois inconnus au bataillon. La chose que l'on cherche ici serait probablement composé d'un de ses métaux.

- Nous n'avons fait qu'effleurer la surface de ce qui se cache sous la glace, fit Diane avec un grand enthousiasme. Nous avons trouvé entre temps d'autres morceaux de cet alliage. Ils étaient tous brisés, mais apparemment, une fois rassemblés, ils formaient quelque chose. Venez voir !

Elle les mena dans une autre pièce qui semblait être un laboratoire. Plusieurs savants s'affairaient autour de diverses pièces métalliques. Elles avaient été rapprochées comme un puzzle, et en effet, on pouvait distinguer une forme, bien qu'il manquait des morceaux. C'était une chose qui avait deux jambes, deux bras, et une espèce de tête recourbée qui ressemblait à un bec d'oiseau.

- Nous sommes descendus sous la glace comme jamais personne auparavant, indiqua Brandon. Et plus nous descendons, plus nous trouvons de ces choses éparpillées. J'ai le sentiment qu'il y a quelque chose en dessous. Quelque chose de très ancien, et qui nous dépasse tous.

- C'est quoi ce truc ? Demanda Silver en l'observant d'un autre angle. Une espèce de robot ?

- Pas un robot, non. Nous avons détecté des traces de tissus organiques sur certaines pièces, et même dedans. Un mélange de chair humaine, et d'un métal dont nous ignorons tout. Et quoi que soient ces choses, elles étaient sur Terre au même moment où les humains apprenaient l'agriculture. C'est tout à fait fascinant ! Cette découverte pourrait changer notre vision même de l'Univers !

- Des aliens alors, ricana Syal. Ce n'est pas la première fois qu'on pense avoir trouvé des petits hommes verts.

- Ceux-là ne sont pas verts, et, à ce qu'on peut savoir, ils ne viennent peut-être pas de l'espace, mais ont été crées ici, sur Terre, dit Brandon. J'ai étudié plusieurs écrits antiques, dans lesquels les premiers hommes parlaient d'êtres de métal qui auraient dominé le monde un temps. J'imagine qu'aucun d'entre vous ne connait la légende des Akyr ?

Tout le monde secoua négativement la tête, sauf Anis, qui prit un air songeur.

- J'ai déjà lu ce nom quelque part. Ça n'aurait pas trait aux histoires sur les Primordiaux et la cité perdue d'Atlantis ?

- Ah, après les extraterrestres, voilà les Atlantes maintenant, ironisa Syal.

Même si elle était née à Cinhol, dans l'autre monde, Nirina s'était intéressée à ce genre de légendes terriennes. Parmi tous les lieux les plus extraordinaires et mythiques, Atlantis faisait figure de favoris. Une cité ancestrale, regorgeant de merveilles, bâtie par une race super évoluée nommée les Primordiaux, et qui aurait disparu dans les profondeurs de l'océan.

- Vous auriez tort de vous moquer, ma jeune amie, lui reprocha Anis. Nous considérions le royaume perdu de Cinhol comme un mythe avant que nous nous y rendions nous-mêmes. Les récits antiques concernant Atlantis doivent receler une part de vérité. Ils correspondent trop pour que ce soit un vaste mensonge.

- C'est vrai, acquiesça Brandon. Et les récits sur les Akyr doivent dater de la même époque. Les hommes d'autrefois les considéraient comme des dieux maléfiques. Ils ont réduit une bonne partie de l'humanité en esclavage, et étaient immortels. Même les dieux Pokemon n'auraient rien pu faire contre eux.

- Alors... pourquoi nous ne sommes pas encore les esclaves de ces types mécaniques aujourd'hui ? Demanda Silver.

- C'est ce qu'on cherche à découvrir en creusant ici, répondit Diane. Il est évident que ce lieu est lié à ces Akyr, et peut-être à la cité perdue d'Atlantis. Nos radars détectent une grande masse d'acier tout au fond du glacier. C'est encore trop profond pour qu'on puisse y parvenir, mais on s'approche petit à petit. Dans six ou sept ans, nous toucherons au but.

- Je crains que nous n'ayons pas six ou sept ans, renchérit Nirina. Castel aura ravagé ce monde d'ici là. Sommes-nous vraiment sûr que Triseïdon soit ici ?

- Triseïdon ? Répéta Brandon. L'un des trois Dieux Guerriers ?

- Tu sais quelque chose sur eux, Brandon ? L'interrogea Anis.

- Seulement ce que les légendes en disent. Des Pokemon en acier capable de prendre la forme d'une arme, qui ont régné sur l'Empire de Texteel du temps des Guerres de l'Acier, il y a des milliers d'années. Vous pensez que l'un d'entre eux pourrait se trouver en dessous de nous ?

- Ce n'est qu'une supposition, mais il y a sans nul doute un lien entre eux et ces Akyr. Ils semblent constitués d'un même métal : le Vifacier.

- Nous aimerions descendre jusqu'où vous avez creusé, dit Leaf.

Brandon et Diane échangèrent un regard sceptique.

- La descente est risquée, renchérit Brandon. Les galeries sous la glace ne sont pas sûres, et nous avons capté des signes de vie. Probablement des Pokemon Glace endormis depuis des lustres et sans doute très dangereux. Nous progressons très lentement avec des engins, et quand nous envoyons des hommes, ce sont des experts chevronnés et avec des Pokemon spécialisés.

- Nous irons quand même, répliqua Zayne. L'avenir de la région - et sans doute du monde - dépend de ce que nous pourrons trouver en bas.

Brandon les dévisagea tous un par un. Quand il eut compris qu'aucun ne renoncerait, il soupira.

- Fort bien. Mais notez bien ceci : vous étiez probablement plus en sécurité dans votre ville avec votre tyran psychotique que vous ne le serez dans ces profondeurs gelées que nul homme n'a encore foulées.