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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 22/03/2015 à 08:30
» Dernière mise à jour le 09/04/2019 à 23:03

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 272 : Les ombres de Dolsurdus
La bataille d'Illumis avait été gagnée. Du moins selon le Seigneur Vrakdale. Aton, lui, n'avait pas eu cette impression. La Tour Primastique était certes tombée, mais quand Xerneas s'était pointé avec sa petite armée de Pokemon, les troupes des Agents de la Corruption avaient été submergé. Il ne restait plus que quatre Sygmus en vie, désormais. Aton, ainsi que ses amis Nistu, Quinp et Wilwia. Leur ami Miras au front de Bastiodon avait péri à Illumis, ainsi que deux autres qu'Aton connaissait moins. Et avant cela bien sûr, trois Sygmus sont morts lors de la première bataille contre les Gardiens de l'Innocence et Xerneas. Au final, la région Kalos avait enlevé six des leurs, et ce dès leur première mission. Aton voyait ses compagnons mourir, tout en se demandant, avec espoir et crainte, quand ça sera son tour.

Vrakdale ne semblait guère se soucier de ces pertes. Les Sygmus étaient des outils pour lui. Quand un outil se brise, bah tant pis, on n'en achète un autre. Pourtant, le chef des Agents venait de recevoir une nouvelle qui l'avait légèrement agacé : le laboratoire dans lequel il avait conçu ses dix Sygmus expérimentaux avait été détruit à Johto, ainsi donc que toutes les formules Sygma du professeur. Aton s'en réjouissait. Ça voulait dire que Vrakdale ne pouvait plus créer de Sygmus, du moins pas avant un bon moment. Aton ne souhaitait à personne la vie qu'il menait. Après la destruction de la Tour Prismatique, Vrakdale et les Sygmus étaient immédiatement rentrés à Dolsurdus. Aton aurait pensé qu'ils auraient dû continuer leur massacre de Pokemon Fée, mais Vrakdale avait secoua la tête.

- Ils sont sur leur garde, maintenant, avait-il dit. Nous continuerons lorsque notre armée sera prête.

Aton n'avait pas demandé de quelle armée il voulait parler. Il sentait que ça ne lui plairait pas de l'entendre. De son côté, Fantastux était parti pour une autre mission. Une bonne chose. Aton et ses compagnons ne supportaient plus ce Pokemon sournois et son rire. Vrakdale était de meilleure compagnie. Bien sûr, c'était le chef de ce groupe de malades, mais on pouvait discuter avec lui. C'était un humain, et comme les Sygmus, il était prisonnier d'un corps défaillant qui le faisait souffrir. Parfois, Aton voyait d'autre Agents passer. Une espèce de créature au corps féminin, mais noire, avec des cheveux qui se mouvaient tout seul et des espèces de fils de différentes couleurs sur le corps. Cette... chose terrifiait Aton, qui faisait tout pour ne pas la croiser. Jivalumi, qu'elle s'appelait. Elle ne semblait vivre que pour le carnage et la désolation.

Mais il y avait aussi Lilwen, la jeune femme pâle aux cheveux blancs qu'avait rencontrés Aton dès son réveil dans cette forteresse de malheur. Elle semblait être l'aide de camps de Vrakdale. Sans être particulièrement amicale, elle n'était pas désagréable non plus. En fait, elle semblait ne pas éprouver la moindre émotion. Son visage était toujours neutre, ses yeux toujours éteints. Aton ne l'avait jamais vu montrer le moindre signe de joie, d'amusement, de colère, de quoi que ce soit. Les trois autres Sygmus l'évitaient pour cette raison, car elle paraissait trop bizarre, mais elle intriguait Aton. Les autres Agents faisaient ce qu'ils faisaient par sadisme, ou, dans le cas de Vrakdale, par souffrance. Mais Lilwen ne paraissait pas une psychopathe comme Fantastux ou cette Jivalumi, ni un être brisé comme Vrakdale. Quand Aton lui demanda donc pourquoi elle servait les Agents de la Corruption, elle répondit d'un ton dégagé :

- Parce que je n'ai rien d'autre.

- Mais vous n'êtes pas soumise comme nous, insista Aton. Vous ne dépendez pas d'un traitement. Vous êtes humaine. Vous pourriez partir d'ici, être libre...

- Non, je ne le pourrai pas. Regarde.

Et sous ses yeux stupéfaits, elle empoigna son parapluie noir à bout pointu, et se l'enfonça dans le corps. Mais très peu de sang coula, quand bien même elle s'était embrochée. Et Lilwen se redressa, se souciant apparemment bien peu du parapluie qui lui traversait le corps. Son visage n'avait pas changé d'un iota. Pas la moindre réaction.

- Qu'est-ce que... vous... êtes ? Demanda Aton, horrifié. Vous aviez dit... que vous étiez une humaine !

- Je le suis, répliqua Lilwen. Je suis une humaine. Mais une humaine morte.

Lilwen se retira son parapluie de la poitrine, et le secoua pour enlever le sang. Un sang presque noir, remarqua Aton. Coagulé.

- De mon vivant, j'étais une disciple G-Man, raconta Lilwen. Je ne me rappelle pas beaucoup cette période, même si c'était il y a pas trop longtemps. J'étais une fille joyeuse, heureuse, vivante. J'étais née à part, car je possédais en moi de l'ADN de Pokemon. Celui de Qulbutoké. J'ai donc rejoint très tôt l'Ordre G-Man. Même si je ne pouvais rien lancer qui puisse blesser, j'étais un grand atout pour ma défense, et mes attaques Riposte et Voile Miroir. Mais c'est en mission que mon maître et moi avons croisé le Seigneur Vrakdale. Même deux G-Man étaient totalement impuissants face à lui. Il nous a tués. Tout simplement.

Lilwen avait dit ça comme si le fait de mourir était d'une banalité et d'un ennui écœurant.

- Le corps de mon maître G-Man a été anéanti, mais le mien était intact, continua Lilwen. Le Seigneur Vrakdale a alors rapporté mon cadavre au Marquis des Ombres. Le Marquis possède de grands pouvoirs. Il peut en outre ranimer les cadavres et en faire ses marionnettes. Le Seigneur Vrakdale a jugé qu'un G-Man, même zombifié, pouvait être utile. Mais pour me servir de mes pouvoirs de G-Man, il fallait que mon âme - ou du moins ma volonté - soit intacte. Ça n'aurait pas fonctionné si j'étais devenu un des zombis habituels du Marquis, qui ne sont rien d'autre que des corps mobiles. Alors pour moi, le Marquis a utilisé l'ensemble de ses pouvoirs, quelque chose qu'il ne fait jamais. Il a ranimé mon corps, mais tout en me faisant conserver mon esprit.

Lilwen regarda sa main pâle.

- Et me voici. J'ai passé six années dans cet état, dans un corps qui ne change pas, avec une âme qui ne ressent rien. Immortelle. Intemporelle. Et ce tant que le Marquis vivra, ou décidera de me conserver.

Aton secoua la tête. Transformer des humains en mutants. Torturer pour le seul plaisir de torturer. Ranimer les cadavres. Les occupations macabres de ce Marquis des Ombres n'avaient-elles donc pas de limite ?

- Mais... pourquoi servez-vous ceux qui vous ont volé votre ancienne vie ? Voulut-il quand même savoir.

- Pour la même raison que toi et tes semblables. Le Marquis me garde dans cet état parce que je suis utile aux Agents de la Corruption. Si je m'avisais de m'enfuir, il pourrait me ramener à l'état de cadavre d'une simple pensée, où qu'il soit. Je ne garde aucun souvenir de la mort, mais j'imagine que c'est une chose bien ennuyeuse.

- Mais vous êtes déjà morte, rectifia Aton. Vous bougez et parlez peut-être, mais ce n'est pas une vie, ça. Vous ne ressentez rien. Vous ne faites qu'obéir aux ordres. En fait, vous êtes même pire que nous, les Sygmus. Au moins nous, nous avons encore des sentiments. Assez pour savoir que les Agents de la Corruption sont le mal incarné !

Lilwen fit mine de réfléchir.

- Eh bien, c'est mieux pour moi, en un sens, non ? Si je ne peux rien ressentir, je ne me sens pas coupable de ce que nous faisons. Contrairement à vous. Comme je n'ai plus de sentiments, je ne souffre plus.

- Mais vous ne connaîtrez plus jamais le plaisir, ajouta Aton en s'éloignant.

- Oh, parce que toi oui ? Tu es une vermine à peine humaine, une horreur génétique, destinée à nous servir à jamais, à commettre des choses qui te rendent malades, à ne pas pouvoir mourir alors que tu en rêves. Je préfère mon sors au tient. Quand est-ce que tu pourras à nouveau ressentir du plaisir, dis-moi ?

Aton ne se retourna que pour la défier du regard. Il avait cru trouver en cette femme quelqu'un d'un tant soit peu humain, quelqu'un qui pouvait le comprendre, mais en réalité, elle était comme les autres. Même pire que les autres.

- Je ressentirai à nouveau du plaisir quand je vous verrez tous être vaincus, déclara-t-il. Peu importe quand, et par qui. Je sais que vous le serez. Et quand viendra pour moi l'heure de mourir, ce sera un plus grand plaisir encore, sachant que je serai enfin libre.

Lilwen ne répondit pas. Pourquoi l'aurait-elle fait ? Des sentiments comme la colère et le défi lui étaient désormais totalement étrangers. Aton ne cessait de repenser à cette conversation avec elle. Ça l'enrageait. Elle, elle pouvait tout arrêter si elle le voulait. Elle pouvait aller à la mort et se libérer à jamais de l'emprise des Agents de la Corruption. Aton et les siens, eux, ne pouvaient pas choisir de mourir, contrairement à elle. Même s'ils désiraient ça plus que tout autre chose, leur instinct de survie que Vrakdale avait modifié et porté à son plus haut niveau le leur interdisait. Ils servaient les Agents pour avoir leur dose hebdomadaire qui les maintiendrait en vie. Lilwen, elle, pouvait choisir la mort, mais elle avait décidé de rester avec les Agents de son plein gré, de devenir une des leurs, et de profiter du fait qu'elle ne ressente plus rien pour tourmenter les autres. Cette fille l'écœurait, et plus jamais depuis il ne lui adressa la parole.

Deux jours après la bataille d'Illumis, Vrakdale convoqua ses quatre Sygmus dans le grand hall de la forteresse. Vrakdale était déjà agenouillé, ainsi que Lilwen à ses côtés. Ils semblaient attendre quelqu'un. Le maître des lieux leur fit signe de s'agenouiller à leur tour, et Aton obtempéra, plus curieux qu'autre chose. C'est alors qu'une silhouette drapée de noir entra dans la vaste salle. Elle portait un manteau à capuchon, et son visage était recouvert par un masque de Smiley. Mais il était un peu différent de ceux des nombreux soldats des Agents de la Corruption, niais à souhait. Celui-ci avait un sourire plus sauvage, un air diabolique. À sa suite venait deux espèces de morts-vivants à moitié décomposés qui portaient un homme inconscient. Un homme âgé, bien vêtu, la peau mate, avec une barbe grise et une impressionnante moustache en forme de guidon de vélo.

- Mon Seigneur Marquis, fit Vrakdale d'une voix basse et révérencieuse.

Aton étudia l'individu au masque plus attentivement. Ainsi, c'était lui le Marquis des Ombres ?

- Vrakdale, dit le Marquis d'une voix rauque. Je suis content de tes actions à Kalos. Ainsi, le Septième Pilier ne nous gênera plus. Et comme tu peux le voir, je nous ramène un invité de marque.

Il fit un signe de la main, et les zombis derrière lui laissèrent tomber leur fardeau. L'homme grogna quand il chuta au sol.

- Oswald Brenwark, le Premier Apôtre. Tu l'as bien connu, n'est-ce pas Vrakdale ?

- Oui, Marquis, acquiesça Vrakdale. On s'est combattu bien souvent lors de la dernière guerre. Comment avez-vous réussi à le tirer de son trou ?

- J'ai mes méthodes. Tu devrais le savoir, depuis le temps... Je vais rester un moment à Dolsurdus. Et je veux être seul pour m'occuper de ce cher monsieur. Amène Lilwen et ta bande d'abominations dans ton manoir familial, et attend que je t'y contacte.

- Oui, Marquis. Mon Seigneur Marquis... Est-ce que je ne devrai pas m'occuper du dernier Pilier de l'Innocence rapidement ?

- Bientôt, mon ami. Très bientôt. Mais rends-toi d'abord chez toi, et perfectionne la Formule G. Je veux qu'elle soit produite en masse une fois qu'elle sera stable.

- Oui, Marquis. Mais il faut que vous sachiez... Cette jeune sotte de Venamia a fait détruire le laboratoire de Lirian, ainsi que tous nos travaux. Ça va quelque peu nous ralentir dans nos recherches...

- Tant pis. Je suis sûr que tu feras du bon travail. Tu es toi-même un grand scientifique, n'est-ce pas Vrakdale ?

L'Agent de la Corruption baissa modestement la tête.

- Vous me flattez, Marquis. La génétique et la physique étaient juste mes domaines de prédilections quand j'étais dans la Team Rocket.

- Et ils sont très appréciés du Seigneur Horrorscor. Œuvre bien, comme toujours. Fantastux et Jivalumi sont sur leur propre mission, ils ne devraient pas revenir avant un moment. Laisse-moi maintenant.

- Oui Marquis.

Vrakdale se releva avec grâce, et fit signe à tout le monde de le suivre par la porte de derrière. Après un dernier regard pour le Marquis des Ombres, Aton le suivit.


***


Sous son masque, Lyre regardait Vrakdale et ses sbires quitter la salle. Vrakdale... Un type compétant, qui avait son utilité, mais terriblement idiot. Il était un Agent de la Corruption depuis plus de deux décennies, et n'avait toujours pas remarqué que le « Marquis » qu'il avait devant lui était à chaque différent. Lyre et Silas s'échangeaient le masque de Mister Smiley fréquemment selon les besoins, et jamais Vrakdale ne s'était douté de quoi que ce soit. Quant au quatre Sygmus qui le suivaient... Lyre fit une grimace de dégout sous son masque.

Oh, elle devait reconnaître que c'était une belle réussite. Avoir réussi à stabiliser la formule Sygma de Lirian pour maintenir les cobayes en vie, c'était un grand pas en avant vers la Gémanisation, la transformation d'humains en G-Man artificiels. Et le véritable Marquis comptait beaucoup sur ça. Mais ces Sygmus étaient répugnants. C'étaient des hybrides à peine humains, tellement fragiles qu'ils devaient recevoir un traitement chaque semaine, sans quoi ils tombaient en morceaux. Bah, ce n'était qu'un premier stade. La seconde génération de Sygmus sera meilleure.

Enfin, le regard de Lyre s'arrêta sur Lilwen. Si les Sygmus étaient le fait de Vrakdale, elle, elle était le sien. Enfin, le sien et celui de Silas. Lyre pouvait certes ranimer des cadavres et les transformer en marionnette, mais elle était incapable de leur donner une conscience, une intelligence. Lilwen avait été le résultat d'un travail commun entre Lyre et Silas. Lyre avait ranimé le corps, et Silas avait utilisé son pouvoir de l'esprit pour lui « imaginer » une conscience proche de celle de son vivant. Ça avait été dur. Très dur. Mais le Marquis avait insisté. Déjà, parce qu'il aurait bien voulu d'une G-Man dans ses rangs, mais aussi parce qu'il avait voulu voir jusqu'où pouvaient aller les pouvoirs de Lyre et Silas. Et ils pouvaient aller loin.

L'Agent de la Corruption Lilwen était une belle réussite. C'était une G-Man immortelle totalement dénuée de scrupule et d'émotion. Le problème, c'était qu'elle ne fonctionnait que via le pouvoir de Lyre et Silas, et dépendait entièrement d'eux. Si Lyre venait à mourir, elle redeviendrait un corps inerte. Et si c'était Silas qui disparaissait, elle deviendrait un cadavre ambulant sans esprit, comme tous les autres de Lyre, et incapable d'utiliser ses pouvoirs. Voilà pourquoi le Marquis s'en était tenu à elle seule, comme expérience de la sorte. Il ne voulait pas que ses forces dépendent exclusivement de l'un d'entre eux.

Si Lyre ne voulait ni Vrakdale ni Lilwen dans ses pattes, c'était que le Marquis allait arriver dans les jours qui viennent. Et il aurait été compliqué d'expliquer sa présence à quelqu'un qui croyait dur comme fer qu'elle était elle-même le Marquis. Quand tout le monde fut donc parti, Lyre retira son masque, sa capuche et se passa la main dans les cheveux. Tenir le rôle de Mister Smiley était relativement chiant. Pas autant que d'imiter Eryl, mais chiant quand même. Silas le faisait plus qu'elle, car lui pouvait se créer un clone d'ombre et pouvait l'amener partout où il voulait d'une seule pensée. Mais parfois, Lyre devait être sur place, pour se servir de son pouvoir. Ce n'était pas le cas aujourd'hui. Elle devait juste accueillir le Marquis quand il sera là.

- Dieu, c'est toujours aussi triste ici, commenta derrière elle Vaslot Worm qui venait de se montrer. Vous avez réellement passé votre enfance dans ce coin ? Voilà qui peut aisément expliquer votre éternel mauvais caractère.

- Et il ne va pas s'arranger en sachant que je vais devoir vous supporter seule jusqu'à que le Marquis arrive, grommela Lyre.

- Ma chère petite, je suis désolé de vous décevoir, mais je ne reste pas.

- Comment ça ?

- J'ai accompli ma mission. Brenwark est à vous. Je n'ai aucune raison de m'attarder en un lieu aussi déprimant.

- Le Marquis... commença Lyre d'un ton furieux.

- ... n'est pas mon maître, acheva Worm. J'ai juste passé alliance avec lui. Je ne suis pas un Agent de la Corruption. Je n'ai ni à répondre devant lui, ni encore moins devant vous.

Lyre remua les doigts de sa main droite. Par Horrorscor, ce qu'elle rêvait de le toucher, ce type qui se prétendait son oncle, et de le voir agoniser devant elle ! Lyre ne comprenait pas pourquoi le Marquis traitait avec lui. Worm était aussi digne de confiance qu'un Seviper. Par exemple, il ne voulait pas dire pourquoi il portait constamment une moitié de masque sur son visage. Lyre doutait que ce soit dans un seul but esthétique.

- Et où iriez-vous ? Demanda Lyre. Même les Gardiens auront remarqué que vous vous êtes payé leur tronche. Ils ne voudront plus de vous.

- Mes affaires ne regardent que moi. Bonne journée.

Et il se retira avec son sourire narquois qui donnait tant envie à Lyre de hurler. Elle ne regrettait pas le départ de Worm, mais rester seule dans l'immense Dolsurdus avec pour seule compagnie ses morts-vivants esclaves, sûr que ça n'allait pas être joyeux. Enfin, au moins, elle pouvait à nouveau respirer l'air vicié de corruption de Dolsurdus. Il lui faudrait un moment pour se remettre de son séjour chez les Gardiens.


***


Cela faisait deux jours que Giovanni, boss déchu de la Team Rocket, croupissait dans une des cellules de son propre quartier général. Enfin, au moins n'était-il pas seul. Il y avait son fidèle Persian avec lui. Venamia n'avait apparemment pas jugé utile de les séparer. Ou peut-être trouvait-elle marrant de les laisser ensemble jusque dans leur trou ? Ou encore avait-elle des pensées plus tordues ? On lui apportait toujours de l'eau, le matin et le soir, mais on ne lui avait encore pas amené de la nourriture. Venamia voulait-elle le priver de faim jusqu'à qu'il craque et ne décide de manger son propre Pokemon ? Une idée pareille, ça serait bien d'elle, en tout cas.

Bien sûr, Giovanni connaissait la solution pour sortir d'ici : reconnaître le nouveau pouvoir comme légitime et donner sa confiance à Venamia. C'était ce qu'elle voulait. Après quoi, Giovanni ne se faisait pas trop d'illusion : elle allait se débarrasser de lui discrètement. Mais pour un homme comme Giovanni, mieux valait la mort que l'enfermement à vie. Sauf que Giovanni n'avait pas la moindre intention de donner à Venamia ce qu'elle voulait. Si la mort valait mieux que l'emprisonnement, l'emprisonnement valait mieux que le déshonneur. Il mourrait de faim avant de dire quoi que ce soit en faveur de Venamia. Il aurait pu, tout simplement, demander à son Persian de le tuer. Le Pokemon en aurait été capable, avec ses griffes. Mais Giovanni n'était pas homme à renoncer si facilement. Le suicide, c'était une forme de déshonneur, de reconnaissance de sa défaite.

- Qui l'eut cru, mon ami ? Demanda Giovanni à son Persian. Tant de pouvoir, tant de richesse, pour finir comme ça... Je n'ai pas contrôlé ce que je faisais. J'agrandissais la Team, je la rendais plus forte, mais je n'ai pas pris assez garde à ceux qui, de l'intérieur, pourraient la retourner contre moi. Ce n'est pas une erreur qu'aurait fait ma mère, hein ? Elle doit être en train de se fiche de moi...

Oui, Urgania ne se serait pas laissé faire prendre son organisation ainsi. Parce que l'ancienne Madame Boss avait été une femme impitoyable. On ne la respectait pas : on la craignait. Giovanni avait trop désiré le respect de ses troupes. Et à force, on ne l'avait plus craint. Et c'était là que des Sharpedo comme Venamia et son propre fils Vilius ne manquaient pas d'arriver.

Giovanni avait échoué comme Boss, c'était un fait. Il ne pouvait qu'espérer qu'Estelle reprenne les choses en main et devienne meilleur que lui. Mais ce serait à elle d'agir. À elle de s'approprier la loyauté des anciens fidèles de Giovanni, à elle de défier l'hégémonie de Venamia. Giovanni n'allait pas l'aider, même s'il le pouvait, même s'il pouvait s'échapper. Car oui, il pouvait s'échapper. C'était la première erreur de Venamia, et la preuve de sa grande arrogance. Elle avait laissé son Persian avec lui, le jugeant trop insignifiant pour être dangereux. En cela, elle avait raison. Un simple Persian ne pourrait rien faire pour sortir de cette prison. Mais Giovanni, avant d'être le Boss de la Team Rocket, était un dresseur Pokemon reconnu. Cette gamine aurait dû plus se méfier.

Giovanni portait toujours deux bagues sur sa main gauche. L'une d'entre elle était son alliance, de son premier mariage. Giovanni avait été avec beaucoup de femmes dans sa vie, mais il ne s'était marié qu'une seule fois, avec la mère d'Estelle, Claire. Ce fut sa seule et véritable amour, et il avait toujours gardé cette bague en son souvenir. La seconde, plus grosse, contenait une perle bleue marquée du sceau de la Team Rocket. Sauf que ce n'était pas une perle. Giovanni avait fait frapper dessus le R rouge de la Team Rocket pour qu'elle passe inaperçu, mais c'était une Gemme Sésame. Bien sûr, personne, pas même Venamia, n'aurait osé lui soutirer ses bagues, n'y voyant aucun danger quelconque.

Naturellement, une Gemme Sésame ne fonctionnait pas toute seule. Il fallait que le Pokemon porte sur lui une Méga-gemme pour qu'il puisse méga-évoluer. Et là encore, Giovanni avait rusé. Les Persian avaient tous sur leur front une perle rouge. Elle ne servait à rien, en réalité. Ce n'était qu'esthétique. Giovanni avait donc fait retirer cette perle par chirurgie à son Persian, pour la remplacer par la Persianite qu'il avait ensuite peinte pour qu'on n'y voie aucune différence. Pourquoi tant de secrets ? Justement pour une situation du genre, pour pouvoir cacher la véritable puissance de son Persian à ses ennemis et en bénéficier quand il voulait. Mais Giovanni s'interrogeait toujours.

- Qu'est-ce que je ferai, une fois dehors, hein ? C'est à Estelle de jouer maintenant pour reprendre la Team Rocket. C'est son boulot. Moi, je suis inutile. Ne devrai-je pas rester ici et défier Venamia jusqu'à la fin, pour ma propre fierté ?

Persian ne dit rien, mais le regarda dans les yeux. Il était indéniable que son Pokemon avait toujours envie de se battre, lui.

- Je pourrai faire chier Venamia par tous les moyens qui soient, oui, dit Giovanni. J'imagine que le seul fait de m'évader aura le mérite de lui faire monter sa pression artérielle. Mais seul, je serai impuissant. Et je ne peux pas m'imposer à Estelle et aux autres Rockets qui seraient susceptible de la soutenir. En en dehors des Rockets, qui ai-je ? Qu'est-ce que j'ai fait de ma vie ?

Giovanni se le demandait. Avait-il accomplit quelque chose de grand, de remarquable ? Quelque chose qui aurait pu rendre fier sa mère ? Sa mère... Giovanni ne savait même pas où elle se trouvait maintenant. Ils avaient perdu le contact depuis des années. En fait, Giovanni ne l'avait jamais vraiment aimée. Elle n'avait jamais été trop présente pour lui. Elle était même indifférente. Et puis, ce qui était arrivé à Claire, c'était de sa faute aussi. C'était elle qui a eu l'idée d'implanter une des formules Sygma de Lirian dans un fœtus pour obtenir un enfant mutant relativement proche des G-Man. Total, Claire est morte quand Estelle a vu le jour. Giovanni ne lui avait jamais pardonné.

Oui, Urgania était cruelle, vénale et pleine d'ambitions. Giovanni ignorait ce qu'elle manigançait depuis toutes ces années, mais ça n'augurait rien de bon. Mais il y avait une chose qu'il savait : Urgania était puissante. Très puissante. Et elle savait des choses, beaucoup de choses. Peut-être pourrait-elle l'aider ? C'était elle qui, après tout, avait fondé la Team Rocket. Elle ne devrait pas voir d'un bon œil que cette opportuniste de Venamia ne la dérobe à sa lignée.

- Oui, on va faire ça, dit finalement Giovanni. Prépare-toi, mon vieux camarade. On retourne voir maman.

Giovanni tendit la Gemme Sésame vers son Persian, dont la Méga-Gemme sur le front commença à briller.