Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 18/03/2015 à 08:48
» Dernière mise à jour le 20/10/2016 à 19:23

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 18 : La Vallée des Brumes
Cielali



Habitante de Ferduval, j'avais moi-même un peu entendu parler de la Vallée des Brumes. Pas en bien, naturellement. Les autorités impériales trouvaient toujours moyen de présenter sous un jour défavorable les rares territoires qui affichaient encore leur indépendance. On disait que c'était un endroit maudit, où les brumes étaient vivantes, et où elles capturaient les Pokemon assez fous pour s'y aventurer. Malgré moi, j'avais donc imaginé un lieu lugubre et effrayant. Mais ce que je voyais devant moi était tout autre. Certes, il y avait des brumes, oui, mais le paysage était magnifique.

La Vallée était bordée par deux montagnes, et suivait un cours d'eau qui se transformait en lac un peu plus loin. L'hiver ne semblait jamais être tombé ici. Au contraire, toutes les plantes étaient vertes, et le ciel bleu et ensoleillé au dessus, ce qui était bizarre car les brumes ne semblaient pas dérangées par ce soleil. Elles n'étaient sans doute pas naturelles, à l'image de cette sensation estivale qui régnait ici, alors que nous sortions à peine de forêts enneigées.

- Wouah ! Souffla Tannis. Délire. Vous avez vu le temps qu'il fait ici ?! Vous croyez que tous les Pokemon du coin utilisent Zénith en permanence ?

- Je t'ai déjà dit que c'était l'Empereur qui décidait du temps qu'il faisait partout où il voulait dans l'Empire, lui rappela Ludmila. Et apparemment, il a décidé que pour le moment, ce serait l'été ici.

- J'ai entendu dire que l'Empereur cherchait à négocier avec les Pokemon de la Vallée à propos de l'achat d'un peu plus de leur territoire, expliqua Dame Sol. Il cherche sans doute à les mettre de bonne humeur en faisant briller un tel soleil au dessus d'eux. Ce qui est peine perdue, vu que les Pokemon d'ici préfèrent bien sûr l'humidité et le brouillard.

- Tu y es déjà allée ? Demanda Kerel.

- Plusieurs fois oui. J'y ai même passé deux années entières, y'a quelque décennies. Ce sont des Pokemon accueillants, quoi qu'un peu paranos au début avec les étrangers. Ils ne se servent pas des humains comme esclaves, et n'ont aucun préjugé inter-espèce. Ce sont un peu des Pokemon sauvages, mais qui ont choisi de vivre en société, loin de la loi impériale.

- Et quel est leur degré de soutien à la cause Paxen ? Demanda Ludmila.

- Probablement proche de zéro.

Sol répondit par un léger sourire à l'air décontenancé de Ludmila.

- Les Pokemon de la Vallée des Brumes ne soutiennent personne, expliqua-t-elle. Pas plus les impériaux que les Paxen. Ils ne veulent pas prendre parti, et ne veulent pas de cette guerre chez eux. Ils nous accueilleront, si tant est qu'on ne provoque pas d'ennuis. Tenez-vous donc convenablement.

Elle dit cela en priorité aux trois humains, ainsi qu'à Cresuptil, qui pour une raison qui ne regardait que lui, portait une masse considérable d'herbe sur ses petits bras. Dame Sol mena la marche. Je voletai près d'elle, tâchant de rester à distance de Kerel. Mettre cet écart entre nous me blessait, mais je lui en voulais toujours de s'être précipité comme un idiot pour m'aider lors de l'affrontement contre la troupe impériale. Ce n'était pas que ça ne me faisait pas plaisir. Kerel avait maintenant tout le droit du monde à cesser d'être mon esclave s'il le voulait, mais il continuait à me protéger comme il se devait. Ça me touchait, et ça me rendait heureuse.

Mais je voulais avant tout faire mes preuves aux yeux des autres. Je savais comment ils me considéraient. Une petite Pokemon princesse, chouchoutée et dorlotée, et tristement incapable. C'était ce que pensait Ludmila, du reste, et elle ne manquait pas de le faire savoir. Mais même si Dame Sol et Penombrice étaient gentils avec moi, je sentais qu'ils prenaient des gants, comme si j'étais en porcelaine. Je devais leur prouver que j'étais forte. Que je savais me battre, et que j'en avais la volonté. Je voulais qu'ils m'acceptent parmi eux. C'était probablement un peu puéril de ma part, mais après tout, selon les critères de mon espèce, je n'étais encore qu'une adolescente. J'avais encore le droit de faire quelque crises d'égo et de fierté.

- Combien de temps resterons-nous ici, Dame Sol ? Demandai-je.

- Le temps de connaître notre destination. Comme nous serons en relative sécurité ici, je compte commencer à fouiller l'esprit de Tannis pour y trouver la localisation de la Pokeball de l'Empereur. Cela pourrait prendre longtemps, plusieurs jours même. Autant être bien installés.

J'avais toujours un peu de mal à accepter que leur quête dépendait entièrement de cet humain un peu bizarre. Et si malgré tous les efforts de Dame Sol, il ne parvenait pas à se souvenir ce que lui avait dit le Seigneur Protecteur Xanthos, que feraient-ils ? Abandonneraient-ils, et repartiraient-ils vers la base Paxen ? Ou bien allaient-ils fouiller l'Empire entier pour tenter de retrouver cette Pokeball perdue ?

Nous descendîmes en direction de la vallée. Plus nous avancions, plus la brume se faisait présente, ce qui était paradoxal sous un soleil pareil. Nous croisions quelque Pokemon en chemin, qui nous regardèrent passer sans rien dire, mais avec, me semblait-il, des yeux méfiants. Comme Dame Sol ne s'arrêtait pas - elle ne les regardait même pas - je fis comme elle, tâchant de ne pas remarquer leur présence.

- Nous rentrons chez eux sans rien dire, comme ça ? S'étonna Tannis.

- Tous ceux qui viennent dans la Vallée des Brumes doivent d'abord rencontrer le maître des lieux. C'est lui qui décide d'accueillir les gens ou non. Parler avec quiconque avant d'avoir rencontré le chef est inutile, expliqua Sol.

- Et qui est ce fameux maître des lieux ? Questionna Cresuptil. Un Pokemon avec beaucoup d'argent ?

- C'est une Pokemon, en réalité. Et elle est riche, oui. Mais elle possède une forme de richesse que vous n'avez pas encore apprivoisé, cher Cresuptil. La richesse du cœur.

Cresuptil cligna de ses paupières, n'ayant pas compris.

- Un cœur se vend beaucoup d'argent ?

Nous continuâmes jusqu'en bordure du fleuve, où était construit un village. C'était loin d'être une cité impériale, même une rustique comme Ferduval, mais on voyait que ces Pokemon sauvages là avaient quand même des notions architecturales. Encore une fois, les Pokemon locaux nous regardèrent passer en silence. Tous les regards étaient braqués sur nous, mais personne ne disait mot.

- Hummm... commença Tannis. L'ambiance est un peu pesante ici je trouve. Si c'est comme ça durant tout notre séjour, y'aura de quoi déprimer.

Ludmila était sur ses gardes, voulant regarder chaque Pokemon en même temps, de crainte qu'un ne se précipite sur elle pour l'attaquer. Kerel, qui avait passé sa vie à se faire tout petit en présence des maîtres Pokemon, était clairement mal à l'aise en étant le centre d'attention de tous ceux-là. Penombrice, lui, s'efforçait de tenir Cresuptil qui avait apparemment l'intention d'essayer de vendre aux villageois l'herbe qu'il avait arraché. Sol restait impassible, continuant sa marche jusqu'à une rive du lac, où la brume était plus forte que jamais. Au centre, il y avait une silhouette, baigné d'une lueur à la fois rose et dorée. Alors, Sol s'inclina, et nous autres fîmes pareils.

- Bienveillante Cresselia, commença Sol. Je suis venue demander l'hospitalité de la Vallée des Brumes.

La brume se dissipa un peu, et je pus voir le Pokemon auquel Dame Sol parlait. On aurait dit un cygne qui lévitait à quelque centimètres de l'eau, si ce n'est qu'il avait le corps bleu et doré, une tête en forme de lune, et des espèces d'arc de cercle roses et transparents autour du corps. Un Pokemon que je n'avais jamais vu, et que je ne connaissais pas. Il semblait dégager une aura puissante, et douce à la fois. Quand il parla, ce fut d'une voix vibrante et clairement féminine, mais aussi apaisante.

- Solaris. Cela fait combien d'années ?

- Environ soixante ans, je crois me souvenir.

- Je suis heureuse de te voir encore bien portante. Il m'avait semblé que tu étais à l'hiver de ton existence.

- Oh, je le suis, sans nul doute, sourit Sol. Mais c'est un très long hiver, comme le furent les autres saisons avant.

- Tu es la bienvenue ici, comme toujours, dit Cresselia. Dracoraure, tu es aussi la bienvenue.

Sol hocha la tête, et tous, nous nous demandions à qui Cresselia parlait.

- Qui sont tes compagnons ? Demanda Cresselia.

- Ludmila Chen, Tannis Chalk et Penombrice sont des camarades Paxen. Kerel, Cielali et Cresuptil sont des réfugiés de la cité de Ferduval qui ont été obligé de fuir l'Empire. Nous venons ici chercher repos et protection, le temps que nous décidions où aller.

- Tes compagnons respecteront-ils la paix de la Vallée des Brumes ?

- Ils le feront, assura Sol. Je m'y engage.

- Très bien. La Vallée des Brumes vous accueille, vous nourrira, vous logera, tant que vous le désirerez.

À ces dernières paroles, tous les Pokemon alentour se détendirent soudain, cessant de tous nous dévisager et retournant à leurs occupations, comme si nous avions toujours fait partie des leurs.

- Je te remercie, Bienveillante Cresselia, dit Dame Sol en s'inclinant. Cresselia est un des Pokemon Légendaires, nous expliqua-t-elle ensuite. Elle est la créatrice et la protectrice de la Vallée des Brumes, et règne ici depuis quatre siècles environ.

Un Pokemon Légendaire... L'Empire en parlait peu, mais leur mythe avait subsisté. On racontait qu'il s'agissait de Pokemon éternels et immortels, se trouvant sur cette terre depuis des temps immémoriaux, depuis même plus longtemps que l'Empereur. Avant la Guerre de Renaissance, ils étaient tous considérés comme des dieux, au même titre qu'Arceus le Tout Puissant. Mais depuis, leurs noms ont quasiment disparu. L'Empereur ne voulait pas qu'on parle d'eux, car il détestait devoir admettre qu'il existait des Pokemon plus vieux et peut-être plus puissants que lui, à part Arceus le Père. Et les Pokemon croyaient de moins en moins en lui également. À terme, le nom d'Arceus est aussi destiné à l'oubli, jusqu'à qu'on ne vénère plus que l'Empereur. Penombrice, qui devait connaître le nom de Cresselia, s'inclina proprement.

- C'est un grand honneur que de pouvoir contempler la beauté légendaire de la Dame Lunaire.

Ludmila eut un bruit de dédain, comme si elle jugeait la déférence de son compagnon envers ce Pokemon déplacée et stupide.

- Tu leur as parlé de moi, Solaris ? Demanda Cresselia.

- Non. Penombrice est juste un Pokemon très savant et cultivé.

- Je suis heureuse que mon nom n'est pas été totalement effacé des mémoires.

- Les religions du passé sont ma passion, ô grande Cresselia ! S'anima Penombrice avec enthousiasme. J'ai conservé quelque livres écrits par les humains d'avant la Guerre de Renaissance qui traitent des Pokemon Légendaires. Je sais que vous êtes la dame protectrice des rêves, qui luttaient sans relâche contre les cauchemars provoqués par votre ennemi Darkrai.

Cresselia rigola. Un rire cristallin, qui résonna parfaitement à mes oreilles.

- C'était il y a longtemps, tout cela. Je n'ai plus vu Darkrai depuis des lustres. J'ignore où il se cache. Lors de la Guerre de Renaissance, nous autres Légendaires avons décidé de ne pas intervenir, que ce soit du coté des humains, ou du coté de Xanthos. Nous vivons depuis cachés, en évitant autant que possible l'ingérence avec l'Empire.

- Parce que vous avez peur de Daecheron, intervint Ludmila d'une voix sèche.

Je vis clairement Dame Sol lever les yeux au ciel et lancer à la jeune humaine un regard d'avertissement. Il était clair qu'il n'était pas judicieux d'insulter notre hôte. Mais cette fois ci, Ludmila ne céda pas face à Dame Sol, et continua de s'en prendre à Cresselia, avec un ressentiment profond dans la voix.

- Vous avez abandonné les humains alors qu'ils avaient le plus besoin de vous, lors de la Guerre de Renaissance. Vous n'approuviez pas la rébellion de Xanthos, mais vous avez laissé faire. Je connais l'histoire. Elle se transmet de génération en génération dans ma famille. Mon ancêtre, Régis Chen, a supplié les Pokemon Légendaires de nous aider. Beaucoup d'entre vous aviez une dette envers les humains pour ce qui s'était passé durant la Sauvegarde de l'Humanité, des années avant. Mais aucun d'entre vous n'est venu. Et à cause de vous, ma race a connu cinq siècles d'esclavage, tandis que vous restiez cachés, faisant mine de ne rien voir !

- Ludmila ! Intervint Sol d'un ton de reproche.

- Je vois, fit Cresselia. Cette jeune humaine est une descendante de Régis Chen ? Il est normal que tu nous en veuille. Oui, nous étions redevables aux humains, et à ton ancêtre plus qu'à un autre. Oui, nous pouvons dire que nous l'avons trahi. Mais nous ne l'aurions pas fait sans raison. Combattre Xanthos nous était impossible à l'époque, pour une raison que nous gardons secrète. Ça l'est toujours.

- Xanthos est mort, coupa Ludmila. Je m'en suis chargée moi-même.

- Oui, c'est ce qu'ont affirmé tous les étrangers que nous avons recueilli depuis deux ans. Mais son ancien Pokemon, Daecheron, est aussi dangereux que lui pour nous autres Pokemon Légendaires. Xanthos savait des choses... et il les aura sans nul doute transmise à l'Empereur. Nous ne pouvons rien faire contre lui.

- C'est ça. Vous vous défilez toujours, en somme.

- Ludmila Chen ! Gronda à nouveau Sol.

Cette fois, Ludmila baissa les yeux, mais il y avait toujours cette lueur de défi et de colère dans ses yeux noisettes. Sol soupira.

- Je suis désolée, Bienveillante Cresselia. Cette enfant est jeune, ignorante et pleine de haine. Elle manque de discernement. Ne lui en tenez pas rigueur.

- Etre sincère dans ses sentiments n'est pas un mal, répondit Cresselia. La passion est une qualité typiquement humaine, qui nous a toujours fait défaut, à nous autres Pokemon Légendaires. Quoi qu'il en soit, restez ici tant que vous le voulez. Vous n'êtes pas les seuls en provenance de la cité de Ferduval qui soient venus aujourd'hui. Pas plus tard que ce matin, deux réfugiés qui venaient aussi de là-bas nous ont aussi demandé asile. Il se passerait des choses inquiétantes ?

- Si on veut, oui, acquiesça Sol. Un colonel impérial a pris le contrôle de la ville et l'a probablement placée en quarantaine. C'est un peu notre faute.

- Mais certains sont plus responsables que d'autre, marmonna Kerel.

Ludmila l'entendit et lui adressa un de ses regards qui tuent habituels. Heureusement qu'ils étaient rarement dirigés vers moi. Je devais avouer que Ludmila me faisait peur quand elle était en colère, c'est-à-dire quasiment tout le temps. Mais Kerel lui était vite devenu immunisé.

- Nous avons toujours quelque maisons vides pour les voyageurs que l'on accueille, poursuivit Cresselia. Chevroum va vous y mener.

Un Pokemon à quatre pattes, le dos orné de fougères et aux cornes recourbés s'avança, s'inclinant avec respect.

- Viens me voir à l'occasion, Solaris, conclut Cresselia. J'ai toujours apprécié nos conversations.

- Bien sûr, promit la vieille femme.

Ils se laissèrent guider par Chevroum, et au bout d'un moment, Dame Sol enguirlanda Ludmila, comme tout le monde s'y attendaient.

- La Vallée des Brumes est l'un des derniers endroit dans l'Empire où les Paxen peuvent se réfugier sans crainte d'être dénoncés, commença-t-elle. Il était très malvenu de ta part de passer ta mauvaise humeur sur Cresselia, jeune fille.

- Si j'avais su que le coin était gardé par un Pokemon Légendaire, je ne serai pas venue, riposta Ludmila. Comment pouvez-vous défendre ces Pokemon là, Dame Sol ?! Vous étiez là à l'époque non ? Vous avez vécu leur trahison !

- Pour l'amour d'Arceus, mon enfant ! Pourquoi restes-tu constamment accrochée au passé ? Tu détestes les Pokemon dans leur ensemble à cause de ce que certains d'entre eux ont fait aux nôtres des années durant. Tu veux tuer tous les serviteurs de l'Empire parce que Xanthos a fait exécuter ton père il y a trois ans. Tu ne pardonnes pas aux Pokemon Légendaires ce qu'ils ont fait il y a six siècles. À trop regarder derrière soi, on ne voit plus rien devant nous. Et puis, tu ne sais rien du choix qu'ont pu prendre les Pokemon Légendaires. Tu ignores les circonstances, les causes et les conséquences. Alors garde-toi de juger des choses que tu ne peux pas comprendre.

Ludmila jeta un regard de révolte à Dame Sol, mais ne répliqua pas. Penombrice devait abonder dans le sens de Dame Sol, car il ne fit rien pour défendre sa partenaire. Kerel, lui, était toujours que trop heureux de voir Ludmila rabaissée par Sol. Quant à Cresuptil, il se moquait parfaitement de la conversation, étant en train d'apostropher des Pokemon pour essayer leur vendre son herbe. Mais Tannis, lui, vola au secours de Ludmila.

- Vous êtes un peu dure, m'dame Sol, rétorqua-t-il. Ludmila a sans doute beaucoup de raisons de penser ce qu'elle pense.

La réaction de Ludmila fut aussi vive que violente.

- Toi, tu la fermes ! S'exclama-t-elle. S'il y a une chose dont je n'ai absolument pas besoin, c'est de ta défense, espèce de...

Elle s'arrêta d'un coup, car les yeux de Dame Sol avaient pris une teinte violette, et une pression que tout le monde ressentit se dégagea de son corps. La vieille femme semblait bien plus furieuse par le soudain et inexplicable éclat de colère de Ludmila envers Tannis que par sa grossièreté envers Cresselia. Nous nous arrêtions tous pour regarder simultanément Sol et Ludmila. Même Cresuptil cessa son troc, intrigué. Ludmila tremblait, de rage ou de peur, ou des deux. Elle ferma les yeux, respira un grand coup, et dit à Tannis :

- Pardon. Je suis juste de mauvaise humeur. Pardon à vous aussi, Dame Sol.

Elle nous dépassa tous sans plus d'explication. Comme je n'avais pas très bien compris ce qu'il s'était passé, je me tournai vers Kerel.

- Pourquoi Ludmila s'est-elle énervée comme ça contre Tannis alors qu'il la défendait ? Et pourquoi Dame Sol avait l'air si furieuse ?

Sans doute que Kerel en savait plus sur sa propre race que moi, mais il secoua la tête.

- Je n'en sais rien, maîtresse. Il est inutile d'essayer de comprendre cette fille. Quant à Sol... eh bien, tout ce que je pensais savoir sur elle s'est révélé faux, alors... Des histoires de Paxen, sans doute, maîtresse.

J'acquiesçai distraitement. Ludmila avait le don de se mettre à dos tout le monde, avec son caractère d'Ursaring. Même Cresuptil s'était mieux intégrée qu'elle. Notre guide Chevroum nous désigna deux petites cabanes qui semblaient flotter sur le lac, à l'image des autres habitations. C'était un peu rustique, mais je n'allais sûrement pas m'en plaindre, ayant dormi dans les arbres ces deux dernières nuits. Bien sûr, Cresuptil ne fit pas preuve d'autant de délicatesse que moi.

- Nous devons loger dans ça ?! C'est une insulte ! Ces Pokemon savent-ils au moins qui je suis ?

- Allez le leur dire, je suis sûr que ça les intéressera, répondis-je.

- Ce sera parfait, dit Sol. Une cabane pour les filles, une autre pour les garçons.

Je ne dis rien, bien que j'aurai préféré dormir avec Kerel. J'y étais habituée, et sa présence me rassurait. Enfin, je ne devais pas faire ma chiffe molle. Il ne sera qu'à quelque mètres de moi. Mais les autres ne se génèrent pas pour faire leur réclamation.

- Je préfèrerai ne pas avoir à dormir à coté d'un Pokemon impérial, dit Ludmila en me regardant de son air méprisant.

- Moi, je veux bien dormir à coté de Ludmila, fit Tannis qui semblait ne pas du tout se soucier de son attaque verbale il y a quelque minutes.

- Ma position sociale veut que j'ai une de ces cabanes pour moi tout seul ! Protesta Cresuptil.

Dame Sol, sans se départir de son sourire aimable, se retourna lentement, montrant à tout le monde ses yeux violets aux pupilles aplaties. Les protestations cessèrent immédiatement.

- J'ai dit : une cabane pour les filles, une autre pour les garçons, répéta-t-elle d'une voix bienveillante, quoi que doucereuse et glaciale.

- O-oui, c'est parfait, m'dame Sol, bégaya précipitamment Tannis.

Ludmila et Cresuptil hochèrent la tête en un parfait ensemble. Mais avant de rentrer dans nos cabanes respectives, une voix familière et désagréable vint me faire frissonner.

- Eh bien eh bien. Comme le monde est petit...

Je me retournai. Comme je le pensais, c'était bien l'ignoble Frelali, avec son fidèle Galbar à ses cotés, qui nous regardaient à trois cabanes des nôtres.

- Vous ! M'exclamai-je.

Je me mis en position de combat. Ma haine envers les responsables de la mort de mes parents vient me retrouver. Si elle allait principalement à l'encontre du colonel Tranchodon, Frelali en avait une bonne partie aussi. Galbar leva les poings, prêt à défendre son maître, et en réponse, Kerel se plaça à mes cotés, prêts à en découdre aussi. Mais Frelali ne fit pas mine de nous attaquer.

- Allons allons, tâchons de conserver notre calme, dit-il de sa voix insectoïde. Les combats sont interdits dans la Vallée des Brumes. On ne doit pas troubler la paix de cet endroit. Cresselia ne vous l'a pas dit ?

Ce Frelali... Toujours à se fiche de moi avec son ton condescendant et sournois ! Mais cette fois, rien ne le protégerait. Il avait beau être plus âgé et plus expérimenté que moi, son type en faisant un Pokemon qui m'était inférieur. J'allais le détruire, l'écraser. Cette pourriture le méritait. Mais alors que je me préparai à lancer mon attaque Lame Air, Dame Sol leva la main pour m'arrêter.

- Non, jeune fille. Il a raison. On ne doit pas se battre dans l'enceinte de la Vallée.

- Mais... Dame Sol ! Protestai-je. Ce Pokemon a aidé Tranchodon a tuer mes parents ! Il est du coté impérial ! Sa présence ici n'est pas acceptable !

- Je ne suis pas du coté impérial, rétorqua Frelali. J'ai quitté Ferduval quand le colonel en a pris le commandement. Il a beau être une bonne connaissance, Tranchodon est un peu trop à cheval sur la loi et l'ordre. Un peu trop pour moi. Comme j'étais plutôt en bon terme avec le maire Cresuptil, il allait finir par m'accuser de complicité aussi.

- Vous, un complice des Paxen ? Ricana Cresuptil. Ne me faîte pas rire. Tranchodon vous connait mieux que ça.

- Moi aussi, je croyais vous connaître, monsieur le maire, rétorqua Frelali. Jamais je ne vous aurai imaginé en pareille compagnie que maintenant.

- Ce fou de colonel m'aurai tué ! Protesta Cresuptil. Et même si j'avais beaucoup d'argent ! Entre la mort et les Paxen, j'ai choisi les Paxen.

- Bien sûr. Et bien moi, je ne suis pas recherché comme vous. Mais je préfère m'éloigner un peu de Ferduval pour le moment. La dame Cresselia a bien voulu nous accueillir, Galbar et moi. Vous n'avez rien à craindre de nous.

Je n'étais sûrement pas de cet avis. Frelali manigançait toujours quelque chose. C'était dans sa nature. Et la dernière image que j'avais de lui, c'était quand il a utilisé son attaque Sécrétion sur ma mère, tandis que Tranchodon l'écrasait sous son pied. Je tremblais tellement de colère et de frustration que des larmes s'échappaient de mes yeux. Une main se posa alors sur mon dos. Je pensais que c'était Sol, mais, à ma grande surprise, c'était Ludmila. Elle semblait vouloir me retenir de me jeter sur Frelali, mais je sentais aussi une certaine forme de compréhension et de compassion venant d'elle. Elle toisa Frelali et Galbar avec un air de dégoût, et déclara :

- Vous savez, les règles et moi, ça fait deux. Si vous nous cherchez des noises, je me fiche que les combats soient interdits ici : je vous tuerai, et croyez-moi, j'ai pas mal d'expérience en ce domaine.

- J'ai peur, ricana Frelali. C'est dommage que mon Galbar ne t'ai pas gagnée lors de ce tournoi, l'humaine. J'aurai été ravi de pouvoir un peu te dresser.

Sol nous entraîna dans notre cabane. J'étais épuisée, mais je sus que je ne trouverai jamais le sommeil ce soir. Pas en sachant cet infect Frelali si près de moi.