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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 11/03/2015 à 08:58
» Dernière mise à jour le 09/12/2018 à 22:45

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 22 : Intérêts et trahison
Peut-on combattre le mal en utilisant que le bien ? J'en doute. Peut-être certain en sont-ils capables. Pas moi. Pour combattre le mal, il faut utiliser un mal plus grand encore. J'ai souvent utilisé le mal pour justifier le bien. À trop faire cela, on ne sait plus trop où est le bien et où est le mal.



*****



Seul dans la chambre qui lui avait été allouée à l'Académie, Zayne regardait l'épée à la lame noire avec un mélange de vénération et de dégoût. Cette Nirina, apparemment une descendante de Castel, s'était pointée avec deux épées qui auraient appartenu à Uriel, l'ancêtre de Zayne et d'Erend. Celui qui avait été le meilleur ami de Castel, puis qui l'avait trahi en aidant la République. Le soi-disant Sauveur du Millénaire. Nirina affirmait avec une foi inquiétante que l'esprit d'Uriel lui avait demandé de donner son épée à son héritier. Et comme il n'existait actuellement que deux héritiers connus, ça tombait bien, car il y avait justement deux épées.

Mais Nirina n'avait pas su donner laquelle à l'un et à l'autre. Uriel n'avait laissé aucune indication. Sachant ce que Nirina et Anis avaient dit à propos de cette épée noire, Peine, Zayne n'avait pas voulu la laisser à Erend. Elle puait le mal. Même Zayne, qui n'entendait rien à toutes ces histoires surnaturelles et qui était relativement terre à terre, pouvait le sentir. Hors de question qu'Erend ne se souille en se trimballant avec cette chose. Donc Zayne l'avait prise, et avait laissé Sifulis, l'épée argentée, à son jeune frère.

Encore une fois, il se demandait pourquoi il devait porter cette épée. La tenir le rendait malade. Il avait l'impression qu'elle dégageait des radiations qui lui donnaient la nausée. Mais Nirina - et Anis lui avait donné raison - pensait que Peine et Sifulis auraient leur rôle à jouer contre Castel et sa Meminyar, son épée dorée. C'était, après tout, Peine qui avait pu stopper Castel la première fois. Mais ça n'enlevait rien à son coté maléfique. Apparemment, cette lame avait été forgée par trois Pokemon douteux. Peine avait ensuite aspiré l'âme d'Uriel et l'avait corrompue.

Mais Anis avait espoir que cette épée, entre les mains d'une âme pure, pouvait changer. Elle était, comme les trois autres, en Vifacier, ce métal qui s'imprégnait des émotions. Elle avait aspiré tout le désespoir et les remords d'Uriel pendant des années, ce qui expliquait sa teneur en énergie négative. Mais Zayne ne voyait pas vraiment comment il pourrait compenser cinq siècles de corruption. D'autant qu'il ne se considérait pas comme quelqu'un avec une « âme pure », comme disait Anis. Erend aurait sans doute eu plus d'effet, mais son âme à lui était plus précieuse que la sienne.

En parlant d'Erend, le voici qui entra après avoir frappé doucement. Il avait son éternel Babytus qui flottait autour de lui, et sa nouvelle épée argentée entre les mains. Il ne se séparait jamais de Sifulis désormais, et Zayne devait avouer qu'elle lui allait bien. En tous cas, ça ne faisait que renforcer son influence et son mythe auprès des gens. Castel avait une épée en or, Erend en avait une en argent. Nombreux étaient ceux qui déjà pensaient qu'Erend était l'opposé de Castel.

- Tu es prêt ? Lui demanda Erend. Leaf s'est arrangée avec son amie de Stormy Sky. Vous partez bientôt.

- Ce n'est pas comme si j'avais quelque chose de spécial à amener. Mon nouvelle épée, c'est tout, au cas où je devrais me battre contre des icebergs.

- Tu n'étais pas obligée de la choisir, elle. J'aurai pu la prendre, tu sais.

- Qu'est-ce que tu racontes comme conneries encore ? C'est à moi qu'elle revenait, celle-là. Elle est assortie avec mes cheveux.

Erend sourit faiblement en secouant la tête. Puis il le dévisagea avec gravité.

- Tu n'as pas à y aller, tu sais. Tu peux rester ici.

- Pour que tu y ailles à ma place ?

- Non. Je resterai aussi, si c'est ce que tu veux.

- C'est ce que je veux, confirma Zayne. Mais moi aussi, je dois faire quelque chose. Tu gères bien ici. Tu as des centaines de gars qui te vénèrent comme un roi. Je ne peux pas t'aider plus. Peut-être que là-bas, je le pourrai. Je tâcherai de revenir avec ce foutu Pokemon, qu'on puisse botter le cul à l'autre timbré de Castel. Tâche de ne pas l'avoir déjà vaincu avant que je revienne. J'en veux aussi un morceau.

Il passa devant lui, avec l'intention de ne pas en faire plus niveau « au revoir ». Les adieux sentimentaux, ce n'était pas son truc. Mais Erend l'arrêta en lui agrippant le bras, la tête baissée. Zayne constata avec étonnement que son frère avait les yeux humides.

- Tu reviens, hein ? Sinon, je serai tout seul ici. Si je peux « gérer », comme tu dis, c'est parce que tu es avec moi. Tout le monde compte sur moi, tout le monde croit que je vais accomplir un miracle, que je vais les sauver tous... Mais je ne sais pas faire ça, Zayne ! Faire un Coup d'Etat, combattre une armée de milliers d'hommes, c'est autre chose que de réfléchir à une stratégie dans une arène contre un seul Pokemon. Je joue le rôle de Sire Erend devant les autres, parce que c'est ce qu'ils attendent de moi, pour ne pas perdre espoir. Mais je ne suis pas celui qu'ils croient...

En voyant Erend, si vulnérable à cet instant, Zayne se dit qu'il avait lui aussi été aveuglé par l'illusion qu'il voulait donner de lui. Erend avait beau être très intelligent et très mûr pour son âge, il n'en restait pas moins qu'un garçon de quatorze ans. Et un garçon qui venait de perdre sa mère, qui plus est. C'était dans sa nature d'endosser les responsabilités, mais là, tous les espoirs et les attentes que les autres plaçaient en lui étaient clairement trop lourds pour ses épaules encore jeunes. Zayne n'y avait pas fait attention. Encore une fois, il se révélait être un bien mauvais grand-frère. Il lui posa les mains sur les épaules.

- Tu n'as pas à porter ce fardeau tout seul, lui dit-il. Les autres comptent sur toi, c'est vrai, mais ils jouent aussi leur rôle. Repose-toi un peu plus sur eux. Ecoute les conseils de Jace et de Velca. Mais surtout, pas ceux de Daniel, bien sûr, ou tu te retrouveras entrain de préparer le siège du palais de Castel le lendemain.

Erend sourit, et Zayne le serra contre lui. Il regrettait de ne pas avoir été trop présent pour son frère. Il avait beau n'être que son demi-frère, Zayne n'avait que lui, maintenant.

- Je te promets de revenir, ajouta-t-il. Veille-bien sur lui, hein, Babytus ?

- Ouuuiiii, chantonna le petit Pokemon Fée. Babytus protéger Erend. Erend ami. Zayne ami aussi. Zayne doit faire attention.

- Euh... ouais, j'le ferai, pas de souci.

Zayne ne s'habituerai jamais à entendre un Pokemon parler. Il s'apprêtait à sortir, quand il songea à une chose, et se retourna.

- Oh, une dernière chose. Méfies-toi du mec que ta Nirina nous a ramené. Ce type avec la lance...

- Leol ? Pourquoi ça ?

- J'n'en sais rien, avoua Zayne. Mais il ne me plait pas.

Zayne n'aurait su dire avec précision ce qui le dérangeait chez ce mec de l'autre monde, mais il n'aimait pas du tout son sourire, ni ses yeux. Il semblait cacher en permanence quelque chose, et se moquer silencieusement de tout le monde.


***


- Maudit Leol, gronda Lyaderix. Comment a-t-il pu me faire ça, moi qui l'ai élevé comme mon fils ?! Qu'il soit damné !

Il semblait à Lyaderix que c'était la centième fois qu'il maudissait son fils. Leol n'avait pas seulement aidé Nirina à lui glisser entre les mains ; il lui avait également fait perdre la face devant Castel. Le chef de la Tribu des Chevaux avait voulu profiter de l'arrivée de ce nouveau roi sur le trône pour discuter sur un pied d'égalité avec lui. Lui louer ses services en échange de plus d'autonomie sur son territoire. Après tout, si ce gamin Haldar comptait s'emparer de l'Ancien Monde, il aurait donc moins de temps à consacrer à Cinhol. Lyaderix avait beaucoup discuté avec Barneas à ce sujet, et ils s'étaient mis d'accord sur la posture à montrer devant le nouveau souverain : une soumission mielleuse. Difficile à croire, mais ce Castel II semblait encore plus taré que Nirina. Valait donc mieux le brosser dans le sens du poil. Sauf qu'à présent, Lyaderix n'avait plus de brosse.

Et ça, c'était la faute à Leol. Et celle de Lyaderix, aussi. À quoi donc avait-il pensé en acceptant l'offre de cette femme bizarre, il y a dix-neuf ans ? Pourquoi avoir pris cet enfant, alors qu'il connaissait très bien le tempérament de ceux de son engeance ? Oh, Lyaderix savait pourquoi, bien sûr. Pour le pouvoir. Pour son ambition. Son désir de richesse et d'annexion avait toujours été plus grand que tout, même que la prudence. Aujourd'hui encore, il en payait les conséquences.

Assis dans sa tente, entouré de ses nombreuses maîtresses, il attendait l'arrivée de Barneas. Le duc devait venir le voir aujourd'hui, pour lui transmettre les directives de Castel. Lyaderix sentait qu'il y avait un problème avec Barneas. Il avait été un de ses plus brutaux cavaliers, et un chef de guerre avéré. Il l'avait donc donné à sa fille Hasteria, la reine de Cinhol, pour qu'il serve d'intermédiaire entre le royaume et la Tribu. Apparement, il s'était bien entendu avec la jeune princesse Nirina, qui l'avait fait duc dès qu'elle est devenue reine. Barneas avait commencé à apprécier sa position et les avantages qu'elle conférait. Et depuis qu'il servait le nouveau roi, il ne s'était certainement pas amélioré.

Le rabat de sa tente s'ouvrit, et Barneas entra, richement vêtu, très loin de ce que pouvait porter un membre de la Tribu. Il était devenu un de ses petits nobliaux de Cinhol, préférant les complots et le poison à un duel en règle. Il toisa Lyaderix avec un air d'arrogance stupéfiante. Lyaderix avait horreur d'être pris de haut, surtout par un homme qu'il commandait autrefois.

- Barneas, le salua Lyaderix.

- C'est duc Barneas, je vous prie, chef Lyaderix.

Lyaderix se renfrogna. Barneas l'insultait en lui collant un titre, ne serait-ce que chef. Les membres de la Tribu des Chevaux n'avaient pas de titres. Ils n'en avaient pas besoin. Lyaderix était Lyaderix. Tous ses cavaliers le nommaient ainsi, mais ils le respectaient bien plus que ce traître qui se donnait du duc.

- Sa Majesté le Roi est très mécontent que vous ayez laissé s'échapper Nirina et ses comparses, commença Barneas. Il va devoir s'en occuper lui-même dans l'Ancien Monde, à présent.

- Pas besoin qu'il ne dérange son royal fessier, gronda Lyaderix. Qu'il me donne un anneau, et j'irai trouver cette petite garce pour lui.

Barneas prit un air faussement désolé.

- Vous aviez déjà un anneau, et vous vous l'êtes fait voler. Le roi n'a aucunement l'intention de vous en remettre un autre.

- Mais il en a quatre ! Protesta Lyaderix en tapant du poing sur la table. Tu ne vas pas me faire croire qu'il se sert de tous !

- Ils lui sont très précieux, renchérit Barneas. Il ne tient pas à en perdre un autre à cause de votre incompétence, chef Lyaderix.

Ce faisant, il caressa d'un air distrait son propre anneau de transfert au doigt. Lyaderix serra les poings, imaginant qu'il tenait le cou de Barneas.

- Qu'est-ce que Castel attend de moi alors ? J'ai dix-mille cavaliers que je peux lever pour lui en seulement trois jours. Il serait idiot de refuser...

- Sa conquête de l'Ancien Monde se passe à merveille. Il n'a pas besoin de la Tribu, ça ne ferait que le gêner. D'ailleurs, il n'a plus besoin de vous du tout, chef Lyaderix.

- Comment ?!

- Vous avez bien entendu. Il vous invite à l'attendre sagement, et lors de son retour triomphal à Cinhol, il recevra votre serment de loyauté, en échange de pouvoir continuer à gouverner votre Tribu.

Lyaderix plissa dangereusement les yeux. Castel se moquait de lui. Et Lyaderix détestait qu'on se moque de lui. Il s'était allié à ce nouveau roi dans l'espoir de récoler un gros morceau par la suite. Mais si ça n'était plus d'actualité, Lyaderix allait revoir ses plans. Et ce de façon immédiate. C'était une des qualités du Seigneur des Chevaux. Il arrivait toujours à tirer profit de n'importe quelle situation. Il se leva et sourit à Barneas, lui posant une main sur l'épaule.

- Très bien. Ainsi soit-il. Viens donc, mon vieux compagnon. Je te raccompagne.

Alors, il tira son long poignard recourbé, et d'un geste aussi fort que sec, il trancha la main droite de Barneas ; celle qui portait l'anneau. Le duc hurla, tomba à genoux en se tenant son moignon sanglant. Lyaderix ramassa tranquillement la main coupée, lui retira son anneau de transfert, et le glissa sous son armure.

- Comme j'ai dit, Castel en a d'autres. Il ne verra pas d'inconvénient à ce que je prenne celui-là.

- Comment... osez-vous ? Balbutia Barneas à travers la douleur et le choc. Je suis... le m-messager de sa Majesté ! Jamais... il ne vous pardonnera...

- Je me demande comment ce gamin peut supporter un type comme toi, Barneas, renchérit Lyaderix. Mais ne t'en fais pas. Cet anneau, c'est juste une assurance. Je ne compte pas l'utiliser. Qu'irai-je faire dans l'Ancien Monde, quand Cinhol me tend les bras ?

Barneas cligna bêtement des yeux.

- Que...

- Eh oui vermine. Castel a amené la majorité de son armée conquérir l'Ancien Monde, ainsi que ses Pokemon, laissant son royaume ici sans défense. Même le Rimerlot est quasiment désert maintenant. S'il ne veut plus collaborer avec moi, je vais prendre moi-même la part qui me revient. Il peut garder l'Ancien Monde s'il veut. Moi, je vais prendre celui-ci. Quand il rentrera - s'il rentre un jour - la totalité du royaume sera à moi, et avec les pertes qu'il aura subit là-bas, il sera obligé de négocier.

- Vous... Vous êtes fou !

- Nous verrons. Enfin, pas toi, hélas.

Il attrapa sa cimeterre posée dans un coin de la tente, et la brandit devant un Barneas terrifié. En un coup, ce fut réglé. La tête du duc alla rouler un peu plus loin, tandis que le reste de son corps s'étala dans la poussière en tressautant. Par Arceus, que ça lui avait manqué, de tuer un homme ! Couper des têtes l'avait toujours requinqué. Après ça généralement, il fallait un grand verre de vin, puis une de ses maîtresses dans son lit. Mais ça allait devoir attendre. Lyaderix sorti de la tente, et hurla :

- Cavaliers ! Nous partons en guerre !

Tous ses hommes poussèrent des cris de joie. Ils ne savaient pas où, ni contre qui, mais ils ne s'en souciaient pas. Il y avait que très peu de chose qui comptait pour un membre de la Tribu des Chevaux : la guerre, la nourriture, les chevaux et le sexe. Grâce au premier, ils pouvaient facilement acquérir les trois autres. Ça faisait trop longtemps que la Tribu était restée inactive, se soumettant à ce fichu traité de paix avec Cinhol, sans autre territoires à conquérir. La cité royale était sans défense. Ce sera une magnifique prise de guerre, un magnifique endroit à piller, de magnifiques femmes à violer. Lyaderix allait saccager le symbole des Haldar et le faire sien. Depuis le temps qu'il en rêvait, de rendre la monnaie de leur pièce à ses salauds aux cheveux blonds qu'il combattait depuis trois générations ! Quand Castel II rentrerai chez lui, il allait trouver le coin un peu changé.


***


Iridien Elson avait reçu des nouvelles de sa fille. Elles n'étaient pas rassurantes. Leaf s'était envolée avec son amie de Stormy Sky, l'aîné de Clarisse et quelques autres vers le Glacier Infini, pour tenter d'y trouver un Pokemon Légendaire qui pourrait rivaliser avec celui de Castel. Iridien n'était pas natif de Bakan, mais il n'était pas non plus sans savoir les dangers que représentait le Glacier Infini. Pourquoi cette fille éprouvait-elle le besoin constant de toujours se mettre en danger ?

Bon, même si Iridien s'inquiétait, ce ne serait pas lui qui irait tenter de la retenir pour quoi que ce soit. Leaf avait toujours vécu comme elle l'entendait. Très jeune, elle avait été enlevée par la Team Rocket. Forcée de travailler pour l'organisation criminelle, elle avait dû apprendre à se débrouiller seule. Quand enfin elle s'était enfuie, des années plus tard, elle est restée deux ans à vadrouiller seule un peu partout, vivant de petits méfaits, et affrontant des situations dont son père n'avait pas idée, notamment avec son grand ami, ce Silver aux cheveux rouges. Iridien avait été au final que peu présent pour sa propre fille, et il s'en voulait. Il n'avait pas le droit maintenant, alors qu'elle était majeure, de lui dicter sa vie. Mais il n'en demeurait pas moins inquiet. Il était père, après tout.

Tout ce qu'il pouvait faire, c'était assister le général Willis et l'Armée de Libération. Grâce à l'anneau de transfert que leur avait donné Nirina Haldar, ils étaient parvenus à effectuer quelques escarmouches contre les forces de roi, et avec succès. Il était sûr que disparaître et réapparaître à volonté un peu plus loin pouvait aider en guerre. Mais ils ne pouvaient faire ça qu'en nombre limité. Ils n'avaient qu'un seul anneau, et pour qu'il fonctionne à plusieurs, il devait y avoir un contact direct entre le porteur de l'anneau et les autres. Ce qui, sur des troupes conséquentes, des Pokemon et du matériel logistique, pouvait s'avérer compliqué à mettre en place. De plus, ils n'avaient jamais aucune idée de l'endroit où ils allaient atterrir dans cet autre monde. C'était donc toujours risqué, mais quasiment à chaque fois toujours payant. Ceci dit, ni Iridien ni Willis ne se faisaient d'illusion. Castel avait plus d'anneaux qu'eux, et quand il comprendra que l'Armée de Libération en utilise un, il enverra de quoi la contrer rapidement.

Mais ça ne semblait pas être le cas aujourd'hui. L'Armée de Libération livrait bataille dans la ville de Sainte Ridones ; ville sous contrôle de Cinhol depuis trois semaines. La prendre, c'était se dégager une voie d'accès primordiale en direction de la capitale. Iridien n'était pas un militaire, mais avait tenu à être là, étant donné l'importance de cette bataille. Les sénateurs Karsio et Kearney étaient également présents. Bien qu'inutile en soi, la présence des politiques avait tendance à encourager les soldats, certain que leur combat était juste et légal. Le général Willis, lui, était à son habitude au plus près des combats, donnant ses ordres sans s'interrompre.

- Que les escouades 4 et 6 prennent le flanc gauche ! Ligne de blindés sur l'entrée Est. Tout est prêt pour le plan « Surprise, mes salauds ! » ?

- Oui mon général !

- Parfait. Envoyez-les.

Ce plan au nom si pittoresque était la clé de voute de la prise de Sainte Ridones, et reposait lui aussi sur l'utilisation de l'anneau de transfert. Un petit groupe de soldats devait se téléporter à Cinhol et réapparaître en plein milieu de la ville, accompagnés d'une dizaine de Pokemon Psy. Ce serait alors le désordre total dans les lignes ennemies, et l'occasion parfaite pour le reste de l'armée d'attaquer. Les guerriers de Cinhol avaient beau être féroces, ils n'avaient pas l'habitude de combattre des Pokemon.

Et c'est ce qu'il se passa. Une fois l'équipe spéciale arrivée sur place, les soldats de Castel se mirent à voler dans les airs, soumis à la télékinésie des Pokemon, fonçant sur les murs des maisons ou s'entrechoquant entre eux. Au même moment, les chars de l'Armée de Libération arrivèrent vers l'Est, en même temps que les escouades de combat sur le flanc gauche. Après cela, ce fut vite terminé. Ça l'aurait été plus vite si les guerriers de Cinhol s'étaient rendus, comme l'auraient fait tous soldats un minimum sensés.

Mais les soldats de Castel ne se rendaient jamais, même quand la défaite était certaine. Ils préféraient aller à la mort plutôt que d'affronter le mécontentement de leur roi. Mais ce n'était pas une chose propre à Castel. Nirina leur avait dit que c'était aussi comme ça de son temps. Cinhol était un pays très fier. Pour tous ses soldats, la mort était préférable au déshonneur. Les batailles de l'Armée de Libération n'étaient donc terminées que lorsque tous les soldats ennemis étaient morts. Une folie de plus parmi tant d'autres...

- Ce fut une bien belle victoire, aujourd'hui encore.

Iridien se retourna pour voir le sénateur Dusan Karsio. Le vieux sénateur était un peu leur commandant officieux. Dans l'ancien Sénat, il était l'un de ceux qu'on respectait le plus, faisant de la politique depuis près de cinquante ans. Même le général Willis faisait grand cas de ses opinions.

- À ce rythme là, nous serons bientôt à Fubrica.

- Mais c'est là-bas que notre course s'arrêtera, je le crains, répondit Iridien. La grande partie des vaisseaux de Stormy Sky sont stationnés là-bas, et les forces de Castel y sont très nombreuses. Et il y a aussi Castel en personne et ses Pokemon, bien sûr.

- Mais il ne semble pas presser de nous arrêter, constata Karsio. Il doit bien savoir que l'on va finir par l'encercler, et que Fubrica ne restera pas éternellement sous sa coupe.

- Oui...

Iridien s'inquiétait de ça aussi. Si Castel n'en bougeait pas, ça voulait dire que l'Armée de Libération ne l'inquiétait en rien, et qu'il avait un plan. Ou, comme le craignait Leaf, ça voulait seulement dire qu'il n'attendait que de pouvoir faire exploser sa météorite de Vifacier, ravageant la région et probablement le monde d'un coup, tandis qu'il retournerait tranquillement dans son monde. Quoi qu'il mijotait, il fallait l'arrêter, et vite.

- Qu'en est-il de votre demande d'aide à Kanto, ambassadeur ? Lui demanda Karsio.

- Je l'ai fait parvenir juste avant que le vaisseau de Stormy Sky que Nirina avait ramené ne reparte pour Fubrica. J'ai utilisé leur système com. Le message sera probablement crypté, et Kanto mettra un moment à le décoder. Je ne saurai dire s'ils l'ont déjà reçu ou pas. Nous ne pouvons rien faire d'autre que d'espérer.

- Pensez-vous que votre région nous aidera ?

- Eh bien, les Dignitaires, les vrais dirigeants de notre gouvernement, n'ont pas vraiment beaucoup d'intérêt à Bakan. Toutefois, l'un d'entre eux se trouve être le père du jeune Erend Igeus que nous avons élu chef des Adeptes d'Uriel. Balthazar ne devrait pas laisser son fils héritier se battre seul.

- Clarisse ne m'a jamais vraiment dit trop de bien de son époux de Kanto... Leur mariage n'était que politique.

- Je sais. Et c'est vrai que Balthazar Igeus n'est pas spécialement un grand humaniste. Mais il y a une chose à laquelle il tient plus que son fils je pense : c'est sa réputation. Je doute qu'il laisse dire qu'il aura laissé son propre fils prendre la tête d'un soulèvement sans intervenir.

- Arceus vous entende, mon ami.

Iridien hocha la tête et s'éloigna, sans voir le regard sombre et calculateur du sénateur Karsio.