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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 07/03/2015 à 10:34
» Dernière mise à jour le 07/03/2015 à 10:34

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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085 - Dépression
« La peine a ses plaisirs, le péril a ses charmes. »
(Voltaire)

« J'peux même pas me lever pour t'embrasser. C'est tout juste si je peux lever la tête pour te regarder dans les yeux… Tu t'imagines en train de pousser l'infirme dans un restaurant pour aller dîner ?! »
(Walter à Naomi dans le chapitre 50)

« Vois-tu mon amour,
Moi j'ai le souffle court »

(Mylène Farmer, C'est une belle journée)



- Bonjour jeune homme.
- Bonjour.

Les trois interrogateurs spécialement mandatés pour interroger « Les Quatre » étaient pour le moins surpris. Dans le centre carcéral d'Ogoesse, la tension était de mise, pourtant

- Nous avons interrogé votre camarade Wallace Gribble, c'est votre tour.

Walter acquiesça.

- Etes-vous prêt ?
- Oui. Ce sera mieux quand j'aurais récupéré mon fauteuil roulant…
- Nous… n'y sommes pour rien…
- Je sais, je sais. C'était simplement une question de confort personnel, j'aime l'avoir auprès de moi.

Il y avait trois interrogateurs face à Walter. Un policier âgé et bougon, une femme arabe, voilée de fuschia et portant une belle broche à fleur assortie, et au milieu, la personne qui s'adressait à lui, un brave jeune homme blond à lunettes.

- Nous allons nous présenter comme de bien entendu. Je suis Milo Sorensen, le médiateur jeunesse.
- Bonjour.

Milo regarda le policier qui soupira.

- Jebb Crowley. Je bosse ici.
- Bonjour.

La femme arabe inspira.

- Farah Ayani, juriste gouvernementale.
- Enchanté.

Les trois se regardèrent puis regardèrent Walter.

- Bien. Nous allons vous poser des questions et selon ce que vous répondrez, nous estimerons ce que nous devons faire de vous.
- Vous êtes quoi, déjà, médiateur ?

Milo s'étonna.

- Euh, oui, spécialisé dans la jeunesse.
- D'accord.
- … euh… Vous êtes décrit par le rapport comme « L'ami de Wallace Gribble, le cousin de Perrine Truman et le petit ami de Naomi Kingsley ».
- Je pense pouvoir confirmer ces trois informations et être bien traité par vos services par la suite.

Milo grimaça. Jebb le regarda, excédé.

- Il se fout de vous…
- Oh. Oh, pourquoi, Walter ? geignit Milo.
- … bah je sais pas, vous venez d'interroger Wallace, je suppose que vous avez eu votre lot en matière de blagues pourries… Je suis sûr qu'il vous a traité de vieux machin croulant incapable de poursuivre le moindre voleur dans la rue…

Jebb haussa les sourcils, stupéfait.

- Vous, il vous a traité de chiffe-molle et de mollasson sans bras qui attendait probablement avec impatience de rentrer chez maman ce soir…

Milo semblait désemparé.

- … et honnêtement madame, en vous saluant tout à l'heure, j'ai failli m'excuser à sa place pour toutes les injures racistes qu'il vous avait balancé !

Farah secoua la tête, tout aussi interloquée que ses camarades.

- Euh… monsieur Ludges, nous avons eu un entretien très courtois et très civil avec monsieur Gribble, et à aucun moment il ne nous a insultés. De quelque nom d'oiseau que ce soit ! souffla Milo, quelque peu halluciné.

Walter regarda ses trois interlocuteurs, un peu paumé.

- Han, bah merde alors…


***

- Pfffffffff… Je n'arrive pas à croire qu'on en soit là… cette journée était tellement atroce, tellement longue… et j'ai encore ça, voilà. Vraiment. La vie devrait me dire à chaque fois : Aloysius, ne te lève pas, reste au lit, tu y es si bien… Mais non, je me lève, je prends la voiture. Mon stupide ado de fils me parle comme si j'étais une serpillère, je viens au travail, ma secrétaire me balance sept mille trucs dont au moins six mille sur votre classe…

Aloysius Grant regarda la compagnie devant son bureau. Il était tard, le soleil se couchait par les vitres, et l'hiver approchant n'aidait pas.

- JE. N'EN. PEUX. PLUS !
- Pourquoi nous avoir tous convoqués en même temps alors ?! s'étonna Blandine.
- Et après la fin des cours ?! souffla Walter.
- PARCE QUE JE N'AI PAS LE TEMPS ! Vous ne regardez pas la télévision ?
- Si on pouvait en finir vite… soupira Steven.
- ON VA EN FINIR VITE ! VOUS !

Francis inspira.

- Qu'est-ce qui vous a pris de frapper votre camarade ?
- C'est un con.

Tristan et Walter ricanèrent. Steven leva les yeux au ciel.

- Monsieur Zuckerman, le gérant de la médiathèque a reporté une agression sur la personne de monsieur Weldon.

Francis regarda Steven.

- Sorti du contexte, on pourrait croire que je t'ai violé.
- Putain, ta gueule !! grogna Steven, offensé.

Tristan et Walter pouffaient toujours.

- Pourquoi j'suis là moi d'ailleurs ?
- Dans la même pièce que ton odieux agresseur… marmonna Tristan.
- Toi, ta gueule, pédé ! aboya Steven.

Francis désigna Steven en regardant le proviseur.

- Vous avez d'autres questions ?!
- … Monsieur Weldon, le gérant de la médiathèque a compté environ quinze insultes à caractère homophobe prononcées par vous.
- IL LES A COMPTEES ??? Putain quoi ! Mais QUI compte les insultes homophobes quoi ???
- Bah, les pédés ! admit Tristan.
- Il vient de dire Pédé !
- MONSIEUR WELDON !
- Mais putain !
- Pédé ! sourit Tristan.
- Il l'a répété ! Il a répété pédé !!!
- MONSIEUR WELDON BON SANG !!!

Francis comptait nonchalamment avec ses doigts. « Seize, dix-sept… »

- Mais bordel de merde !
- Tu peux pas dire pédé !
- Ca fait TROIS PUTAIN DE FOIS qu'il répète Pédé, BORDEL DE MERDE !!!
- Steven Weldon, vous êtes sanctionné, votre comportement est absolument inacceptable ! grommela Grant.
- J'encule le politiquement correct bien profond… soupira Steven.
- Pour la peine, demain, pour la journée portes ouvertes, vous serez en équipe avec Francis Zuckerman.
- QUOI ???
- Dont le comportement a également été inacceptable. Vous avez failli casser le nez de monsieur Weldon et lui déboîter une épaule !
- … Et ça vous paraissait pas genre UN PEU MERITE ??? grogna Francis.
- Nous en arrivons donc à vous, madame Barnes.

Elle regarda les élèves.

- J'suis la plus dure à cuire du tas, j'suis prête. Euh, pourquoi j'suis là au fait ?
- Vous avez refusé de faire cours.
- Normal, j'avais pas à le faire, c'est pas parce que Clover s'absente pour aller faire du shopping que moi je dois faire des heures sups. Pourquoi la doyenne est pas là ?
- Elle est hospitalisée… soupira Aloysius.
- Non pas qu'on la voie souvent, la pauvre vieille, elle est aussi utile que la bite du pape…
- MADAME BARNES !

Steven éclata de rire.

- J'm'en rappellerai ! Merci madame !
- Tu la boucles. T'as pas à insulter tes camarades, petit con !
- Oui madaaame… souffla Steven, grognon et dépité.
- Monsieur Edison…
- Qu'est-ce que je fais là en fait…
- Vous vous êtes battu avec monsieur Weldon à la médiathèque…
- Une simple cartouche de chevrotine changerait TELLEMENT de vies… soupira Walter.
- Monsieur Ludges ! grogna le proviseur.
- Il a dit quoi ? J'ai pas compris ! geignit Steven.
- Pardon.

Tristan regarda le proviseur.

- Oui, parce qu'il m'a insulté.
- Vous lui avez lancé un bouquin.
- Et ce connard de gérant de la médiathèque m'a dénoncé ? Putain mais quelle balance de merde !
- Tristan ! geignit Walter, choqué.
- Monsieur Edison, bon sang…
- Pardon Walter, mais sérieusement quoi !
- C'est de mon oncle qu'on parle, là ! souffla Walter.

Aloysius soupira.

- Brrrrrrref. Ne recommencez plus !
- Oui monsieur.
- Et on se calme sur le langage fleuri, c'est une école publique !
- Oui monsieur.
- Quant à vous Walter Ludges…

Walter souffla. Francis, Steven, Blandine et Tristan le regardèrent.

- Tu fais quoi ici en fait ?!
- J'avoue, putain…
- C'vrai ça, dites… marmonna Blandine.
- Hey, ouais…

Aloysius souffla et lia ses mains entre elles.

- Vous êtes conscient d'avoir un peu commis un attentat ?!
- J'ai simplement foncé vers un stand.
- Le stand de la classe de littérature. Vos camarades sont en train de tout refaire. Et vous avez délibérément foncé dessus !
- Si je puis me permettre, c'était pour tester une technique avec Flingouste !
- Je me moque du pourquoi, du comment. La destruction de ce stand est un acte odieux. Comme je ne peux pas vous obliger à réparer le stand, vu que vous êtes…

Walter soupira.

- Stupide ?
- N… Non…
- Raciste ?
- M… Monsieur Ludges !
- C'est un éclopé quoi…
- WELDON !!! grommela Grant.
- Je sais. Politiquement correct, ma bite, tak-tak… souffla Steven.
- Vu que vous êtes handicapé. Oh !
- Vous êtes méchant de me rappeler mon mal… geignit Walter.
- Je connais votre humour stupide, je refuse de vous accorder quelque crédit. Vous tiendrez le Stand toute la journée en compagnie de monsieur Rodenberg et de notre auteure invitée, Katherine May.

Walter plissa les yeux.

- Euh… je peux ne pas le faire ?
- Pourquoi ?
- Euh… j'ai pas envie !
- Vous êtes punis !
- Et moi c'est quoi ma punition ? souffla Blandine.
- Vous serez à l'accueil visiteurs !
- PUTAIN NON ! PUTAIN !
- Vous préférez être au service ménage après la journée ?
- Mmmmmmrgghgghhg….
- Bon. Sortez d'ici, je ne VEUX PLUS vous revoir ! La prochaine fois, ce sera la police DIRECT !!

Francis leva les yeux au ciel. La petite troupe sortit de la salle. Tristan poussant Walter.

Une fois dans le couloir, Blandine prit la direction du parking des professeurs. Francis, Walter et Tristan restèrent sur place alors que Steven partait.

- … bah quoi, on part pas ensemble ?!
- Pars devant… souffla Francis.
- Loin… grommela Walter.
- Si tu pouvais tomber par terre et te faire mal, éventuellement… marmonna Tristan.

Steven leva les yeux au ciel.

- Lopettes…

Steven partit donc loin devant. Une fois qu'il eut dépassé le bureau de la doyenne, le trio se mit en marche.

- Tu vas te le coltiner demain… marmonna Walter.
- Pourquoi t'as démoli le stand de ton option ? demanda Francis.
- Parce que j'avais envie de tester mon fauteuil roulant blindé.
- Je seconde, c'est une bonne question… souffla Tristan.
- Parce que j'avais un problème avec la couleur de la banderole.
- C'est parce que tu détestes Katherine May ? souligna Francis.

Walter inspira.

- Cela… a pu participer à quinze pourcent de mon acte terroriste super grave.
- Tu la détestes ?! s'étonna Tristan.
- Ses livres sont d'un mauvais… Et puis tu l'as déjà vue en interview ? Qu'est-ce qu'elle est lourdingue !
- C'est pas une des auteures préférées de Naomi ? songea Francis. Il me semble l'avoir entendue parler de son dernier bouquin, « Dépression ».

Walter leva les yeux au ciel.

- Elle me l'a fait lire et j'ai été obligé de lui mentir à l'époque… soupira Walter.
- Mais y'a autre chose, y'a quatre-vingt-cinq pourcent qu'on connait pas ! sourit Tristan.
- Oui et ça me regarde, au cas où j'aurais pas été assez précis.
- Ah, c'est à propos de Naomi… marmonna Tristan.

Francis inspira en hochant la tête. Walter regarda Tristan.

- J'veux pas faire mon Steven, mais… mêle toi de ton propre truc, ok ?
- Voilà… souffla Francis.
- Mon propre…

Francis et Walter regardèrent Wallace au bout du couloir qui attendait.

- Ahon…
- Ouais. T'es piégé, mon gars… marmonna Francis.
- T'as la corde au cou, même
- Vous savez très bien que NON… grommela Tristan. Hey !
- Hey. Ca a pas duré si longtemps que ça ! sourit Wallace. Je le reprends, il est à moi !

Wallace prit Walter, non sans tapoter l'épaule de Tristan.

- Bon, bah moi j'y vais, sauf votre respect vous… allez me ralentir ! admit Francis.
- Raciste anti-handicapés !!
- Rentre bien… marmonna Tristan.
- Lut Francis.

Francis sortit rapidement de l'établissement où tout était prêt pour le lendemain. Il soupira lourdement. « J'suis con, ça m'aurait fait plaisir de rentrer avec eux. Au moins j'aurais rigolé… »

Walter soupira. « Et me voici dans… »

- Ca me revient, on n'avait pas parlé de faire un cinéma ?!

Tristan regarda Wallace et se rappela la conversation.

- Si ! Si, mais… J'sais pas, j'vois pas trop l'intérêt !
- S'faire un petit ciné entre potes quoi !
- Tu voulais voir quel film ? s'étonna Tristan.

Walter secoua la tête. « Mais sautez-vous dessus, bon sang, tout le monde n'attend que ça ! »

- Aucun, en fait.
- Oh.
- Nan vraiment c'était juste pour m'occuper l'esprit !
- Ah bon d'accord…
- Sinon on peut… aller manger quelque part !
« Nom d'un chien, c'est que ça ressemblerait presque à un rencard tout ça… » songea Walter, blasé.

Tristan agita la tête.

- Je sais pas trop, ça fait un peu trop… je sais pas, c'est trop solennel.
- Ok, ok, ça va encore finir chez moi devant un DVD…
- Au pire je peux essayer de t'aider pour tes Pokémon, ça fait un bail qu'on en parle…
- J'suis pas très motivé pour ça, tu sais bien…
« Wallace Gribble, faire quelque chose de concret ? Vous connaissez mal l'animal, mon général… »

Tristan acquiesça.

- Euh je sais pas trop… Un petit fast-food ?
« Aux chandelles, hein. Un fast-food aux chandelles, on est bien d'accord… » soupira Walter.
- Ça craint, nan ?!
- C'est moins solennel qu'un petit resto…
- Y'a des bars où on mange très bien !
- C'est craignos un bar ! geignit Tristan.
- C'est pas craignos un fast-food ?! souffla Wallace.
- Si, si…
- Bon… bah va pour un fast-food, sinon ça va encore finir chez moi.
- C'est pas que j'en ai marre de ta chambre, juste qu'effectivement, c'est un peu répétitif.
- Pis tu ronfles.
- N'importe quoi… sourit Tristan.
- Si si, j'te jure !

Walter leva les yeux au ciel. Ils se trouvaient à présent sur la route. Wallace et Tristan faisaient silence.

- Quoi, c'est à mon tour de parler ?
- On a décidé de ce qu'on ferait ce soir… marmonna Wallace.
- Et c'était épique, en effet…

Tristan plissa les yeux.

- Euh… et donc tu ne veux toujours pas dire pourquoi tu as défoncé ton stand ? marmonna le geek.
- Toujours pas.
- … c'est parce que je suis là, hein ? geignit Tristan.
- Oui. Sait-on jamais, tu pourrais le répéter à Wallace.
- Qui se trouve juste derrière toi… marmonna ledit Wallace.
- On est bientôt à mon croisement…

Walter leva les yeux au ciel. Wallace semblait étonné. Tristan le regarda d'un air « J'ai fait quelque chose ?! » et Wallace haussa les épaules genre « J'crois pas, nan ! »

La petite troupe continua dans un silence pas du tout gênant. Que Wallace brisa.

- Au fait, Walt, pourquoi t'étais convoqué ?

Walter poussa un net grognement.

- Pour des nèfles !
- Ok… marmonna Wallace.

Tristan se tourna vers Wallace en mode « Inutile de trop lui en causer »

- Est-ce que tu viens de lui faire des signes ?!
- N… Euh… Ouuui ?!
- Non mais j'vous jure… Je ne veux pas en parler, que ce soit devant Tristan ou sans Tristan !
- Ok, ok, vieux, calmos…

Le croisement de Tristan. Wallace hocha la tête.

- Bon, bah à toute.
- Oui. On se rejoint…
- Place, comme d'hab.
- Ok !

Tristan partit. Wallace inspira. Walter soupira.

- Pas de bise, rien ?
- Pas de bonne humeur, rien…
- Je suis pas de mauvaise humeur.

Wallace agita la tête.

- Vous êtes ridicules à vous tourner autour comme ça…
- Walter…
- M'enfin, dis-lui que tu as des sentiments pour lui, que tu l'aimes, tout ça…
- C'est pas si simple…
- PUTAIN ! Tu l'avoues ENFIN, MERDE !
- Je suis pas encore très stable et j'ai pas l'impression que lui non plus, et… je sais pas, la façon dont ça s'est fait craint un peu, nan ?
- C'est à dire ?
- Mon Pokémon mort, lui qui me sert de soutien moral…
- Ah, mais ça c'est secondaire. Ça fait deux ans que vous vous reniflez le cul, ça suffit quoi !

Wallace inspira.

- C'est juste moi ouuuu… je suis devenu le Walter et tu es devenu le Wallace ?

Walter grommela.

- Assez de prêchi-prêcha psychologique. Contente-toi de me ramener chez moi.
- Ca va s'arranger, Walt. Mon humeur du moment me dit… Tout peut s'arranger.
- Ouais bah moi ce serait plutôt l'inverse…

Wallace souffla et poussa Walter en silence.

***

- Alors… Quel était votre rôle dans cette… histoire ?
- C'était une attaque. Nous avons été attaqués.
- Euh… oui. Tu sais ce qu'est une attaque ?

Walter regarda Milo, atterré. Il regarda Jebb.

- Pardon, mais il tend le bâton pour se faire battre, là !
- Répondez à la question.

Walter grimaça.

- C'est important.

Il se tourna vers Farah qui hocha la tête.

- Nous avons un problème avec la terminologie à employer. Soit c'est une attaque, et dans ce cas vous êtes effectivement des victimes. Soit c'est une provocation de votre part et dans ce cas-là, nous avons affaire à un piège que vous avez tendu au Président.
- Oui bien sûr, madame. Une classe de vingt-huit mioches tend un piège à un homme politique important. Vous en avez d'autres, des comme ça ? La guerre, vous allez me dire qu'elle a été causée par un énième visionnage par Suzuki du film « Titanic » ?!
- Monsieur Ludges… grommela Milo.
- Vous vous énervez, maintenant ? On va peut-être arriver à quelque chose.
- Petit, tu la boucles et tu écoutes.

Walter regarda le policier, sévère.

- Est-ce que tu sais ce qu'est une attaque ?
- … vous représentez une faction et une faction adverse s'en prend à vous, c'est une attaque.
- Voilà. C'est tout ce qu'on te demande.

Farah inspira.

- Vous pensez donc que Justin Truce vous a attaqués.
- Oui.
- Ce alors que nous avons des preuves que vous l'avez menacé.
- Je ne suis pas au courant de ça.
- Nous avons des preuves que vous avez menacé Justin Truce.
- Ce n'est pas de mon fait. Nous étions vingt-sept, plus la prof, sur le coup, c'est difficile de savoir si quelqu'un a fait quelque chose de son côté.
- Qu'en est-il de la page Facebook ? demanda le policier.

Farah le regarda, embêtée. Jebb grommela.

- Qu'on en vienne au fait, bordel. Ce petit con joue les réfractaires de bas étage, on va pas se gêner !
- Il faut rester calme, c'est un jeune ! geignit Milo.
- Et rester dans la légalité, c'est important ! souffla Farah.

Walter soupira.

- Quand vous interrogerez Roland Smirnoff, j'ose espérer que vous ne vous gênerez pas, que vous resterez calmes et que vous vous préoccuperez de la légalité !

Les trois observèrent Walter, stupéfaits.

- … vous comptez l'interroger, n'est-ce pas ?
- Nous n'avons rien à vous dire à ce sujet… marmonna Farah.
- Vous êtes en lien avec la police internationale, n'est-ce pas ? Vous devez l'interroger !
- Pourquoi donc, jeune homme ?
- Parce que c'est LUI qui est à l'origine de tout ça, enfin !! C'est lui qui nous a ligués les uns contre les autres ! Il n'y aurait rien eu sans l'intervention de cet homme ! Une classe d'élèves normaux, de gamins sans histoires se retrouvent impliqués dans une attaque dont les journaux parlent déjà comme un attentat terroriste et VOUS n'arrivez même pas à voir l'intervention de Roland Smirnoff dans tout ça alors que TOUT pointe vers lui ???

Farah regarda ses confrères. Jebb inspira, gêné. Milo agita les mains dans un geste d'apaisement.

- On se calme. Nous sommes là pour parler de toi.
- Et de ma page Facebook qu'Adolf Hitler m'envie pour son pouvoir sur les peuples. Je sais.
- Trève de plaisanterie. Tu sais ce que je représente.

Walter hocha la tête.

- Tu es un bon garçon, je sens ça. Tu respectes l'autorité et la hiérarchie.

Walter se mordilla les lèvres et hocha la tête.

- Bon. Tu es conscient de ce que tu as créé ?
- … une page Facebook.
- Walter Ludges, tu n'es pas seulement jugé pour l'attaque à laquelle toi et tes camarades avez pris part, tu es surtout coupable d'avoir généré un mouvement anti-gouvernemental. Tu en es conscient ?!

Walter inspira lourdement et hocha la tête.

- Explique-toi, à présent, sur les circonstances qui t'ont poussé à créer cette page.

Walter hocha rapidement la tête.


***

- BIENVENUS POUR LA JOURNEE PORTES OUVERTES DE L'ECOLE SECONDAIRE D'OGOESSE !

Les gens se pressaient. Blandine Barnes se trouvait à l'accueil aux côtés du proviseur. Elle était ultra blasée. Le proviseur parlait dans le microphone.

- Vous trouverez des stands faisant la promotion des options que propose l'établissement. Pour les élèves et leurs parents, les options d'orientation pour l'année prochaine ! Mais également des rencontres, avec au Stand Littérature, madame Katherine May qui nous fait l'honneur de sa présence !

Ambrose était tout ravi. L'auteure, une grande dame âgée aux longs cheveux gris, caressait son Ramoloss. Walter était totalement gavé et souhaitait se pendre au plus vite.

- Les stands de sports, dans les jardins, seront l'occasion de voir les élèves en démonstration !

Rebecca, Gina et Holly soupirèrent.

- Comment Amélia a réussi à échapper à ça ? souffla Gina.
- Aucune idée… grommela Rebecca.

Holly les regarda, dans le même justaucorps qu'elles.

- Il doit faire cinq degrés, là, au bas mot… marmonna la catholique blonde.
- Gnnnnn… geignit Gina.

Le proviseur regarda Blandine qui soupira.

- Nous aurons aussi des conférences dans l'Auditorium, ainsi qu'un stand nourriture et boissons animé par Francis Zuckerman et Steven Weldon !

Francis portait, stoïque, son tablier, tandis que Steven semblait plus humilié que jamais.

- Comment t'as pu accepter de faire ça ?
- Je suis chef de classe.
- Mais ça, quoi, putain ! Comment on est censé se débrouiller ?!
- On distribue la bouffe à qui la demande, on sert les boissons, quand c'est du chaud, faut réchauffer, c'est tout. T'as jamais fait la cuisine chez toi ?
- Putain, nan, c'est un truc de gonzesses !
- Quand t'es tout seul, tu fais comment ?
- J'vais au MacDo !

Francis regarda Steven, éberlué.

- Nous vous invitons également à visiter le stand de l'option Arts, puisqu'un groupe de cinq élèves vont réaliser une fresque nommée « Cadavre exquis ».

Perrine se tenait prête sur sa partie. Nicolas, Clive, Cynthia et Bonnie étaient prêts sur la leur.

- Je me demande ce que ça va donner en fait… Y'a pas de thème, madame ?

Odile secoua la tête.

- Vous faites comme vous voulez !
- Madame, Andréa peut pas me remplacer ? soupira Clive.

Andréa secoua la tête, prête à voir ça, amusée.

- Le stand journalisme sera l'occasion d'une interview pour la télévision entre Christina Rockwell et Hoster Murphy, le journaliste phare de Channel 4, pour un entretien croisé.

Christina piaffait d'impatience. Robbie et Lilian ne pouvaient qu'observer comme les autres, dont Yoann Grey, vert de jalousie.

- Pas trop stressée ? demanda le journaliste.
- … oh, non, non, non ! sourit Christina, toute apprêtée pour l'occasion.
- Tant mieux. Vous allez passer sur la chaîne, vous savez !
- Oui, oui, oui…

Christina regarda Robbie en mode « A l'aiiiiide !!! » mais il haussa les épaules, incapable de faire quoi que ce soit.

- Enfin, le stand philosophie sera l'occasion d'un débat d'idées aléatoires entre Santana Lan et le philosophe Martin Schalberg !

Santana regarda Wallace qui serra les dents, pas à l'aise pour elle.

- La prof a dit de rester calme et d'utiliser les cours ! Je suis morte dans les deux cas !
- Mais nan, tu vas t'en tirer. Evitez juste les sujets brûlants. Surtout la marque de slips qu'utilise l'actuel premier ministre israélien. Ou encore le goût de son cirage à bottes. Question piège qui cependant peut marcher !
- Le sujet est choisi par la prof, on va pas débattre politique non plus !
- Si le sujet numéro 1 c'est la politique…
- Pffffghhnnnn
- Vous êtes notés par un jury de profs en plus ! Tu vas enfin savoir si tu es vraiment bonne en philo ou si la prof te trouve juste sexy !
- Hahah. Tu comptes faire quoi ?

Wallace haussa les épaules.

- Voir un peu de tout et revenir ici pour te voir te viander.
- Va au diable, salaud !
- Viande-toi bien, salope !

Wallace inspira et partit. Il eut à peine fait dix pas qu'il tomba sur une figure connue. Ou presque.

- Hey ! marmonna le petit homme à lunettes.
- … on… se connait ?!

Le jeune homme s'étonna et cligna des paupières.

- Euh… Méanville !
- J'me rappelle plus de vous, vous êtes comme de vieilles ombres dans le lointain, j'me rappelle autant de vos têtes que des visages de mes innombrables vieilles tantes mal tronchées…

Le jeunot soupira.

- On s'est battus ! Je t'ai affronté !
- … J'me rappelle tout juste du champion, et t'es pas aussi gras.
- Stéphane !

Wallace plissa les yeux.

- … L'arrogant petit juif avec ses gros Pokémon de merde !
- Voi… ! voilà…
- Oui ! Qu'est-ce que tu fous là ?
- Bah quand vous avez réparti les rôles pour la journée portes ouvertes, nous, on a décidé qu'il y aurait un ambassadeur pour venir reprendre de vos nouvelles, et j'ai été tiré au sort !
- Ils auraient pas pu en tirer un plus intéressant, genre, je sais pas, moi…

Wallace fit mine de réfléchir. Stéphane plissa les yeux.

- Je me souviens de comment tu étais et je ne tiendrais pas compte de tes commentaires déplacés… et surtout je suis venu te transmettre en personne les condoléances de toute la classe pour ton Manternel.

Wallace se mordilla les lèvres.

- … ouais. Merci.
- Il faut aussi que je discute avec toi de certains évènements qui se sont déroulés dans notre école. On a été intimidés par certains de leurs cadres qui sont venus menacer notre classe, expressément.
- Ouais, euh… Tu sais quoi, tu devrais trouver Naomi, elle est libre elle aussi, et tu pourras en discuter vachement plus facilement avec elle.
- Mais euh…
- Pis euh… bah voilà, c'est tout ce que j'avais à te dire pour… le restant de nos vies respectives !
- Mais Wallace, attends, je pensais que c'était quelque chose qui te tenait à…
- Disons qu'entre ça et mon Pokémon mort, j'ai un peu de mal à me concentrer sur la guerre picrocholine, tu vois.
- M…
- Ciaoooo.

Wallace s'éloigna en trombe. « Putain le relouuu… »

Par un étrange hasard, il monta au stand informatique, tenu par Tristan et Rodney ainsi que leur prof.

- … Yo.
- Yo. Je bosse un peu, là…

Tristan regarda les écrans qui parsemaient l'établissement et sur lesquels il venait de diffuser la télévision américaine, à l'étonnement de l'assemblée qui l'applaudit.

- … la vache, c'est aussi chiant que quand tu en parlais ma parole !
- J't'avais prévenu, c'est pas fou ! A toi, Rodney…

Rodney Posh s'empara du PC portable. La prof, Agnès Wendell, inspira.

- Pas de bêtises, Posh.
- Non, madame.
- C'est en public, pas de bêtises !
- Oui oui.
- Vous avez déjà un casier judiciaire, ne le remplissez pas plus !
- Oui…

Le poste de travail du proviseur apparut sur les écrans. Agnès leva les yeux au ciel. Il était en pleine partie de Candy Crush. Niveau 70. Et apparemment il avait le même problème que tout le monde pour le franchir.

- RODNEY POSH !!! grogna Agnès.
- Je m'en charge… souffla Tristan.
- Mais c'était facile !
- Vous avez un programme, respectez-le !! grommela Agnès.

Wallace plissa les yeux.

- On va pas pouvoir se voir de la journée alors…

Tristan leva la tête vers Wallace, étonné, alors qu'il réparait les dégâts de Rodney sans même regarder l'écran.

- Bah… tu savais que j'allais en avoir pour la journée, vu qu'on n'était que deux sur le poste !
- Bientôt plus qu'un… grogna Agnès, mécontente.
- Ouais, ouais…
- Pis… fin, pardon, mais… Je peux pas être tout le temps là pour toi, Wallace !
- Je sais.
- On se voit ce soir, ça, sûr et certain ! D'accord !
- Hm.
- Et puis on peut essayer de se caler un truc sympa pour bientôt, y'a un truc que j'aimerais faire !
- Hm, ouais, ce serait cool.
- Voilà…

Tristan avait enclenché Photoshop et rectifiait un paysage de façon à lui faire perdre toute logique. Les gens semblaient amusés voire impressionnés.

- On peut essayer de manger ensemble éventuellement ! admit Tristan.
- Nan, je t'ai dit que j'ai prévu de manger avec quelqu'un.
- Ah oui… bah on se verra ce soir alors.

Wallace hocha la tête et repartit, dépité. Tristan faisait maintenant partir les routes vers le ciel. Rodney se pencha vers lui.

- Ton petit copain ?
- Nan, juste un ami.
- … bah on dirait pas.
- Je sais, ça a toujours été bizarre. Tu peux essayer de t'empêcher de pirater quoi que ce soit ?
- Oui bah oui…
- Bon.

Tristan repassa les rênes à Rodney qui… cette fois respecta le programme et créait des effets amusants en tapant des mots-clés sur Google. Agnès souffla de soulagement.

Au stand littérature, c'était la consternation pour Walter.

- J'adore votre œuvre !!
- Merci !
- J'espère que vous continuerez encore longtemps à écrire !
- Oh mais je n'ai que soixante-six ans vous savez, ça me laisse encore du temps !

Walter leva les yeux au ciel. « Gnagnagnagna… »

Ambrose sourit en regardant l'écrivaine.

- Eh bien quel succès !
- Oh je ne suis ni surprise ni étonnée ! sourit Katherine. C'est tellement mignon de voir tous ces jeunes qui lisent les livres d'une vieille dame comme moi !
- Qu'on force à lire…

Katherine et Ambrose se tournèrent vers Walter qui les regarda en inspirant.

- Généralement vos livres sont imposés par les professeurs. Le seul bouquin de vous que j'ai lu, c'était « Le Livre de Lou » que le professeur à côté de vous nous a donné à lire.
- Oh ! Et cela t'a plu ?
- Bah non. J'ai écrit un compte-rendu dessus et puis basta.
- Oh. C'est un de mes préférés.
- Il ne se passe rien.
- En termes d'actions, certes, non. Mais je me rappellerai toujours de la naissance de ce petit Lippouti…
- A part la scène où vous essayez de l'étrangler…
- Et pourquoi est-ce que j'essaie de l'étrangler ? demanda Katherine à Walter.

Walter inspira, gavé.

- Parce que vous pensez d'abord à cet œuf comme à l'enfant que vous n'aurez jamais, puis vous faites une analogie avec vos Ramoloss, vous repensez à Bretzy, le vieux Ramoloss qui est mort le mois avant l'éclosion de l'œuf…
- Bretzy, pauvre Bretzy…
- … et vous commencez à vous demander si ça vaut la peine de s'attacher à une si petite chose si c'est pour la perdre ensuite, vous vous estimez prête à subir la perte maintenant, vous essayez de l'étrangler.
- Oui, en effet. J'ai essayé de tuer un bébé Pokémon.
- C'était une simple tentative de meurtre, y'a pas de quoi être faire.
- « L'échec n'entrave en rien la sincérité de la tentative ».
- On s'en fiche, résultat des courses, vous comprenez en serrant vos mains que toute perte est insurmontable en soi, de la plus soudaine à la plus inattendue, et vous décidez simplement de confier Lippouti à une pension.
- Eh bien oui.

Walter regarda l'écrivaine.

- Ca ne vous gêne pas d'avoir écrit toute votre vie des livres qui n'ont aucune énergie, aucune force, aucun impact ? On vous admire uniquement parce que vous êtes prolifique, et votre style est banal, même moi je pourrais écrire comme vous !!

Katherine May hocha la tête. Ambrose était sidéré.

- Walter Ludges, présente tes excuses, je te prie !
- Oh mais non ! Non ! Il est adorable ce petit, et il a une si belle énergie ! Et puis je suis auteure depuis si longtemps, la critique, j'y suis habituée. C'est vrai qu'à la réflexion, j'écris plus que je ne travaille mon style… mais qu'est-ce que le style face au sens ?

Walter secoua la tête, anéanti moralement.

- L'écriture n'a de sens que dans le style !
- Oh bien sûr, bien sûr mon petit. C'est pour cette raison que des lecteurs sautent des paragraphes et que de nombreux gens ne prennent même pas la peine de lire des articles avant de les commenter. Parce que si ces mécréants avaient mieux écrit leurs proses, ils seraient lus par tous. Absolument tous. Dites-moi, monsieur Rodenberg, la Bible devait être particulièrement stylisée niveau écriture pour être aussi suivie ?
- … pas que je me souvienne… c'est loin le catéchisme… geignit le professeur.
- Voilà. Le style n'a de sens que pour ceux qui veulent qu'il en ait.

Walter agita la tête, vaincu. Naomi arriva, suivie par Fey, Ana, Quinn et d'autres gens du cours de littérature.

- Madame May !!
- Bonjour les enfants ! Je reconnais certains d'entre vous quand je suis venue dans votre cours hier !

Naomi regarda Walter, quelque peu dépitée. Walter détourna carrément son regard et observa… une dame et son enfant, qu'elle sermonnait parce qu'il avait jeté un papier par terre. « Pourquoi les gens éduquent leurs enfants dans les lieux publics, hein ??? »

Personne ne salua Walter. Fey, Ana et Quinn le regardèrent, quelque peu apeurées suite à son acte de la veille. Angelica Rubinstein ne se gêna pas.

- Tu es content de toi, petit crétin ?

Walter ne daigna même pas lui adresser un regard. Pila Sia, la jeune indienne, secoua la tête.

- Laisse tomber, ça a atteint le cerveau.
- Tu m'étonnes !

Naomi resta, l'air inquiète.

- Walter ?
- Je ne veux pas. Discuter. De quoi que ce soit. Surtout avec toi.

Naomi se mordilla les lèvres. Elle regarda le prof.

- Je repasse !
- D'accord, merci, Naomi.

Walter soupira, peiné. Katherine le regarda d'un œil intrigué.

- Et voilà votre crêpe, merci. Tu t'en sors, Steven… ?

Steven, de toute évidence, ne serait jamais crêpier. Francis secoua la tête.

- Mouais. Tu dois étaler, tu vois, fais comme si tu devais recouvrir le grill.
- Putain mais c'est trop dur ! Pis ça brûle de partout !
- Mais non, absolument pas, tu dis ça parce que quelqu'un a toujours tout fait pour toi !
- On devrait être avec les gars sur le terrain…

Francis inspira.

- Je préfère honnêtement être ici plutôt qu'à me pavaner. Gina et Holly étaient vertes de devoir y aller.
- Ouais mais les meufs c'est parce que tout le monde va les mater, nous on nous admire.
- Vraiment, Steven ? Tu es sûr que dans le tas, il n'y a personne qui se dit « Mais quelle bande de gogos ? »

Steven soupira en servant un sandwich et une canette.

- Si, ptet'bien, mais on s'en tape, nan ?
- Toi, tu t'en tapes ? Le mec qui supporte pas qu'on le regarde de travers ?
- Tu peux parler, monsieur « Touche pas à ma gonzesse » !

Francis inspira.

- Tu n'avais pas à la pousser.
- Ouais bah putain t'avais pas à me tabasser.
- Je t'ai pas « tabassé », je t'ai calmé.
- Bah putain, j'espère que Quinn la couineuse va jamais avoir besoin que tu la calmes !

Francis attrapa Steven par le col devant… des enfants.

- Haaaaan !!

Francis et Steven regardèrent les gosses. Francis lâcha son comparse.

- Il… avait mal boutonné sa chemise ! sourit Francis.
- J'suis trop maladroit, ouaiche !! sourit exagérément Steven.
- Vilain Steven trop maladroit ! souffla Francis en faisant mine de le taper.
- Aïe, aïe, pardon grand chef !

Les enfants se mirent à rire. Francis et Steven leur servirent leurs crêpes au chocolat.

- Tu t'améliores sur les crêpes ! glissa Francis.
- Va gentiment te faire foutre ! glissa Steven.

Naomi était au stand de Perrine. Laquelle inaugurait la fresque avec une tête de Spinda couché comme s'il posait sur un divan.

- Tu as de la chance, tu passes la journée à peindre… soupira Naomi.
- Tu as de la chance, tu n'as aucune obligation !
- Si, mes parents arrivent…

Perrine se tourna vers Naomi, étonnée. Naomi inspira.

- Ils veulent m'aiguiller pour mes options d'avenir.
- Han non, encore…
- Hm. Et Walter m'en veut grassement…
- Han non, encore…
- Je sais, ça t'ennuie.
- Nan c'est juste… Pourquoi tu ne lui expliques pas tout simplement ?!
- Mais lui expliquer quoi ? Que je rigolais avec Jonathan du cours de littérature ?! C'est inexcusable, j'ai été stupide, je le paie, c'est tout.
- Mais pourquoi tu as été t'acoquiner avec ce mec ?

Nicolas, à côté de Perrine, inspira.

- Décidément dans votre classe, y'a un gros problème avec la monogamie…
- Elle n'est plus avec son copain…
- On fait une pause, il a raison, je suis horrible !

Nicolas regarda Perrine en souriant. Perrine soupira.

- Tu as eu un instant d'égarement, Walter s'est énervé, il a détruit le stand de littérature, c'est pas la fin du monde ! Tu n'as pas embrassé ce garçon !
- Je discutais avec lui, je riais à ses blagues, quasiment sous ses yeux, alors qu'il nous regardait monter le stand, évidemment que je me sens coupable !

Nicolas soupira.

- Y'a au moins des gens dans votre classe qui ont des valeurs morales…
- Oui bah au moins on n'a pas de gens aigris SIX MOIS après leur rupture !! grommela Perrine, excédée.

Naomi s'étonna, Perrine ne s'étant pour ainsi dire jamais énervé de sa vie.

Nicolas regarda Perrine, mécontent.

- Oh, et je suppose que tu vas me dire que je devrais comprendre que les gens ne soient pas monogames parce que je suis gay, c'est ça ?
- Mes parents sont gays, pauvre truffe. Retourne à ton travail et applique-toi, du peu que j'ai vu, à part des torses, tu sais pas dessiner grand-chose !
- Putain, ça, oui… souffla Cynthia.
- Je confirme… marmonna Clive.
- Hm… souffla Bonnie.
- Il est encore en train de dessiner un torse d'ailleurs ! souffla Andréa en montrant son travail du doigt.

Nicolas poussa un gros soupir. Naomi regarda Perrine.

- Ca va, toi ?
- Oui oui, Perrine prend juste de l'assurance. Y'a des avancées avec Robbie.
- Ah… bon ?
- Hm, il envisage de m'inviter manger chez lui.
- Wow !
- Avec sa mère.
- Wwwwwow…
- Tu comptes faire quoi ?
- Je sais pas trop, mes parents vont me rassurer, je pense, Walter n'osera pas me faire une scène devant eux.
- Hmmgnnn…
- Quoi ?

Perrine inspira.

- Faut pas sous-estimer Walter, il a un gros passif de « J'm'en fous des conséquences »…

Naomi serra les dents.

***

- … un problème avec votre petite amie ?! s'étonna Milo.
- On peut dire ça comme ça… Enfin disons que… c'est juste la goutte d'eau qui a fait déborder le vase qui a inondé la table.

Farah demanda silencieusement des précisions. Walter inspira.

- Ce jour-là, il s'est passé quelque chose qui, à titre personnel, a… complètement chamboulé notre relation et l'a fait basculer dans autre chose, et sur le moment c'était… pour le moins négatif, donc sur un coup de tête, j'ai créé la page.

Jebb plissa les yeux. On entra par une porte derrière eux.

- Jebb, on a besoin de toi !

Jebb se retourna vers la stricte femme policier.

- Putain, Beth, je suis en interrogatoire !
- Ce n'est pas comme si tu étais indispensable…
- Hmph… Je reviens…

Jebb se leva et suivit sa coéquipière. Milo continua.

- Vous avez créé la page et ensuite, les écoles de la région vous ont suivi et ça a créé un véritable soulèvement.

Walter hocha la tête.

- Une de nos hypothèses, c'est que ce soulèvement visait à provoquer le Président et donc l'attaque.

Walter regarda Milo.

- Peu importe la façon dont on a pu le provoquer, monsieur, vous admettrez qu'attaquer une école juste parce que des adolescents sont en désaccord avec leur politique, c'est complètement ridicule !
- Ça s'appelle une rébellion contre le gouvernement… marmonna Farah.
- Ca s'appelait une rébellion contre le gouvernement il y a quinze ans, quand cette stupide guerre de merde a éclaté pour cause de caprice à la con d'un vieux machin psychopathe ! Si ça vous fait plaisir de sous-entendre que nous avons commis un crime contre l'humanité avec une page Facebook, madame, vous faites bien peu honneur à ce Gouvernement que vous servez !
- Monsieur Ludges !! geignit Milo.

Farah inspira et prit des notes. Walter grommela, au comble de la frustration.

- Interrogez Roland Smirnoff, je n'ai rien à vous dire de plus !

Milo plissa les yeux.

- C'est… étonnant… Nous nous attendions, tout comme avec ton ami Wallace, à un entretien calme !
- Wallace a dû vous dire d'interroger Roland Smirnoff !
- Non.

Walter pencha la tête sur le côté. Farah regarda Milo, désapprobatrice.

- Pardon ?
- Pour ce qui est de l'attitude de monsieur Gribble, passe, mais vous n'avez pas le droit de divulguer des informations précises quant au contenu de son interrogatoire.
- Il faut que les choses avancent, j'utilise les outils que j'ai à ma disposition… marmonna Milo.

Walter acquiesça. « Il s'est passé quelque chose avec Justin Truce… »

- Euh, Walter… Tu admets avoir créé la page ?
- Oui, bah oui, j'aurais du mal à dire le contraire.
- Tu admets avoir participé à l'attaque. Tu gardais les issues lors de ce que tu as appelé la première partie, et lors de ce que tu as appelé la seconde…
- J'ai fait comme tout le monde, j'ai fait ce que j'ai pu.
- D'accord… Farah, vous voulez ajouter… ?

Farah inspira.

- Je me doute que vous avez vécu des évènements très forts, mais projeter votre souffrance sur nous n'amènera rien.
- Je sais…
- Vous avez l'air d'être un brave garçon, mais de toute évidence, cette affaire vous rend tendu.

Walter inspira.

- Madame, vous savez quel est le pire sentiment au monde ?

Farah se redressa pour écouter.

- C'est le sentiment de se faire utiliser, souffla Walter.

Jebb revint à ce moment précis.


***

Helen voguait de stand en stand. Elle observa Christina dont l'interview débutait.

- Hoster Murphy, votre carrière est émaillée de succès et de scandales. Pensez-vous que la vie de journaliste est forcément ambivalente ?

L'homme agita la tête. Tino, Benjamin et Orson observaient également.

- Bien sûr. Evidemment je n'ai pas toujours été très déontologique, mais parfois, la déontologie, on s'en moque, quand il s'agit d'informer. Et il ne faut pas confondre informer et divertir, car c'est là que réside l'ambivalence. Quand vous voulez juste faire de l'audience, là, vous perdez votre âme.
- C'est à vous de me poser une question !
- Christina Rockwell, comment un si joli brin de jeune fille peut vouloir faire un métier aussi horrible que journaliste ?

Christina se figea, toute rouge. Benjamin et Orson regardèrent Tino, inerte. Il les regarda.

- Quoi ?
- … rien… marmonna Orson.
- Rien, rien… souffla Benjamin.

Tino regarda Helen.

- Un souci, madame ?

Helen secoua la tête, aussi intriguée que les deux amis de Tino. Christina reprit sa contenance.

- Euh… et bien, euh…
- Pardonnez-moi, j'essaie vainement de vous déstabiliser, c'est un petit jeu !
- Ah ahhahaha ! geignit Christina.
- Héhéhé ! Plus sérieusement, qu'est-ce qui vous intéresse ?
- Oh eh bien… Le fait de chercher, s'interroger, découvrir, informer… Vous savez c'est un peu une vocation, j'ai toujours trouvé les présentateurs de JT incroyablement puissants, leur buste irradiant l'écran, l'annonce des titres, et ce flot de savoir et de connaissances… Il n'y a rien de plus merveilleux que ça !

Tino sourit, compréhensif. Orson haussa les sourcils.

- Il a réagi !
- Oui, on a vu, Orson ! admit Benjamin.
- Ah bah quand même ! souffla Helen.

Orson et Benjamin la regardèrent. Helen leva les mains.

- Ok, ok, pardon !

Helen s'éloigna. Elle trouva le stand de littérature.

- Coucou ! Oh, Katherine May, quel honneur !
- Vous êtes ?
- Helen Clover, professeur d'histoire ici. Walter, as-tu croisé Wallace ?
- Pas vraiment.
- D'accord. Naomi ?
- Pas vraiment.
- Naomi va repasser ! souffla Ambrose.
- Ah ! Et Wallace Gribble ?
- Aucune idée !
- Thrololo… souffla Helen.

Walter inspira.

- Pas vraiment, hein ?

Walter regarda Katherine et son petit sourire complice.

- De quoi je me mêle ?
- Oh de rien !
- Restez-en là et ce sera très bien !
- D'accord d'accord.

Ambrose plissa les yeux et fit signe à Walter de reculer, ce que le jeune homme fit alors que Katherine était encore sollicitée.

- Walter, je sais que tu es puni et que tu as de gros soucis en ce moment, mais pourrais-tu être poli avec madame May ?
- Je sens qu'elle va faire de moi son prochain sujet de roman, ça m'horripile !
- … c'est juste ça ?
- Non, elle se mêle de tout. Et vous aussi, vous vous mêlez de tout.
- Walter, je suis ton professeur, je vois bien qu'il se passe quelque chose avec Naomi.
- Oui, quelque chose qui ne vous REGARDE PAS !
- Si tu fermes la porte à tout le monde, tu seras tout seul, Walter.

Walter plissa les yeux.

- Et sauf ton respect, tout seul, plus que quiconque, tu n'es pas grand-chose.

Walter regarda son professeur, anéanti. Ambrose le montra du doigt.

- Tu vois que ça fait mal ! Alors arrête !

Walter revint à sa place, décontenancé. Katherine le regarda en caressant son Ramoloss. Walter la regarda.

- S'il vous plait, n'écrivez pas de livre sur moi !

Katherine éclata de rire. Walter se fendit d'un demi-sourire.

Tristan se démenait sur ses manipulations diverses. Il avait activé un programme censé reproduire la Joconde sur Paint qui fascinait les visiteurs.

- Tu es un champion, Tristan, je suis absolument soufflée !
- Merci, madame !
- Tu comptes devenir ingénieur, je suppose ?

Tristan agita la tête en regardant sa prof.

- Je sais pas trop. Continuer à réparer des ordinateurs, ça me botte.
- Tu vaux tellement mieux que ça… souffla Agnès, déçue.

Tristan haussa les épaules.

- Je sais pas, je me rends utile comme ça, je trouve du moins.
- Tu te rends utile à un niveau local, ça ne te plairait pas de concevoir de grandes choses, de nouveaux appareils ?

Tristan inspira.

- C'est… un grand pas dans l'inconnu !
- Il faut prendre des risques. C'est quand on investit dans des placements à risques qu'on peut gagner gros !

Tristan grimaça. Agnès inspira entre ses dents serrées.

- N'écoute jamais ta banque, Tristan. Jamais jamais jamais jamais !

Tristan plissa les yeux. Le duo regarda Rodney qui devait à la base recouvrir les écrans de fichiers qui papillonneraient. Il transforma en fait l'économiseur d'écran en affichage continue de toutes les photos mises en réseau sur l'Intranet de l'établissement.

- POOOOSH !!!
- Rodney, bon sang ! souffla Tristan.
- Mais c'est impressionnant ! Regardez ! sourit Rodney, tout fier.

Agnès allait rectifier, mais en voyant que ce n'était que des photos de divers voyages effectués par les différentes classes, elle se ravisa.

- Bon… pour une fois, bonne improvisation…
- Merci !
- MAIS STOP !!! grogna Agnès.

Vivienne tira une carte.

- Premier sujet… L'artiste est-il maître de son œuvre ? C'est… monsieur Schalberg qui commence !

L'homme aux cheveux gris hocha la tête.

- Eh bien, tout dépend. L'artiste crée l'œuvre. Dans cet exercice, oui, il en est le maître. Une fois qu'il la donne au public, il s'en sépare.

Vivienne regarda Santana qui inspira. Wallace observait, intéressé.

- Eh bien… Oui sauf que… ça reste son œuvre, c'est à lui d'en déterminer la vision de départ et de la défendre, donc en cela il reste le maître de son œuvre.
- Elle appartient au public dès lors qu'elle est présentée au public.
- Oui mais c'est sa création, son idée, qu'il a construit de manière tangible, avec ses moyens…
- Le public la juge et il en fait ce qu'il veut, la visée de l'artiste ne regarde que l'artiste. Toute maîtrise qu'il exercerait ne serait que pur égoïsme.
- Si son œuvre est mal utilisée, je lui reconnais un droit de la détruire. Il a tous les droits sur son œuvre, il en est donc le maître.

Les autres observèrent Santana, surpris. Wallace hocha la tête et débuta les applaudissements lui donnant une première « victoire ». Le philosophe applaudissait lui-même, amusé.

- Second sujet ! sourit Vivienne, enthousiaste du succès de son stand.
- Wallace !

Il se retourna vers Helen. Son visage perdit trois octaves de sourire.

- Madame… décidément tout le monde veut me voir…
- J'ai un truc à te dire !
- La même chose pour laquelle je vous évite entre les cours depuis bien une semaine ?

Helen geignit.

- Il faut que je te le dise !
- Bon, bah dites.
- Je suis allée voir Holland le jour du débat.

Wallace plissa les yeux.

- Ouaiiiiiiis… j'ai peur de la suite.
- Roland m'a repérée et il a tenu à me rencontrer.

Wallace inspira.

- Madame…
- C'est important ! Ulrich Trafalgar est hors-jeu, notre camp est affaibli ! Roland Smirnoff a l'air de tout avoir sous contrôle, il a des armes secrètes, mais les adversaires en face aussi…
- Madame !

Helen regarda Wallace qui était sérieux et ferme.

- Pas maintenant. Ok ? Je ne veux pas entendre parler de batailles ou de combats épiques de Pokémon, ok ?
- … tu n'as toujours pas entrainé tes Pokémon depuis tout ça, hein ?

Wallace s'éloigna.

- Reviens ici, jeune homme.
- Laissez-moi tranquille, je veux soutenir Santana…
- Wallace, il faut que tu te ressaisisses !
- Je me ressaisis, madame ! Tristan m'aide beaucoup !
- Oui, je conçois que c'est confortable que ton ami plus faible psychologiquement que toi t'aide. Ce doit être très rassurant de pouvoir poser des limites !

Wallace regarda Helen, sidéré. Helen souffla.

- Tristan t'a bien aidé jusque-là, mais si tu ne fais pas un effort pour reprendre tes Pokémon en main, ainsi que ton devoir en main, tout ça n'aura servi à rien, et tu ne seras jamais sorti d'affaire ! Parce que ce sont des choses qui font partie de ta vie que tu le veuilles ou non !

Wallace soupira en détournant le regard.

- Vous comprenez rien.
- Oh que si, je suis sûre d'avoir compris beaucoup de choses, Wallace. Il en attend beaucoup de toi. Il est désolé pour Manternel !

Wallace baissa la tête et se retourna vers la prof.

- Je me fiche de ses condoléances à la con !! Vous entendez ? Sa pitié, ses attentes, je m'en bats les steaks ! Il… Putain, il fait même pas partie de ma vie, pourquoi il s'est pas bougé le cul pour nous aider depuis tout ce temps, s'il a de la pitié ?

Helen serra les dents.

- Arme secrète ennemie !
- Bientôt vous allez me dire qu'ils ont des Pokémon géants, de la sorcellerie vaudou et des pilules qui rendent les Pokémon super balaises ?!
- Des Pokémon géants, oui !
- Putain… grogna Wallace en s'éloignant définitivement.

Helen geignit. « T'es con, Helen, mais con ! »
Wallace soupira. « Elle a raison. Faut que j'avance… »

Dans les jardins, Mike et James participaient à un petit match d'entrainement, c'était leur tour. Fey, Ana et Naomi les observaient.

- C'est moi ou ça devient un peu compliqué entre toi et James ? demanda Naomi.

Fey inspira.

- C'était mon petit ami mais c'est aussi mon meilleur ami. C'est forcément compliqué !

Naomi acquiesça. Fey souffla.

- Ca va commencer à se voir, hein. Après les fêtes.

Fey souffla en regardant son ventre.

- Je sais…
- On va faire tout ce qu'on peut mais ça va pas être simple…
- Hm…

Ana agita la tête. Naomi souffla en regardant Fey regarder James.

- Euh… faut… que… j'y aille.
- Dis à Walter qu'on est bien contentes qu'il soit puni ! grommela Fey.
- Ah ça oui… marmonna Ana.

Naomi leva les yeux au ciel et s'éloigna. Elle vit le coach Tremblay accompagné par Lucy et Léon, qui comptait les temps de Violette qui semblait tenter de battre son temps record.

- YES ! Trois dixièmes !! cria Lucy lorsqu'elle franchit la ligne.

Violette souffla, exténuée. Rebecca, à côté, en train de s'exercer aux barres parallèles, souffla.

- Bien joué Violette !

La rousse réalisa une chandelle au-dessus des barres. Naomi observa, impressionnée. Rebecca se balança puis retomba parfaitement sur ses pieds, sous les applaudissements du public et de la prof. Holly et Gina semblaient conquises également.

« Tout le monde fait des trucs géniaux, et moi… »

Naomi soupira et remonta vers le hall. Elle aperçut ses parents au pire endroit du monde.

- Nan, je peux pas faire un PETIT sandwich pour votre PETIT enfant, c'est pas MacDo ici ! grogna Steven.
- Mais je veux juste un tout petit sandwich au poulet, vous ne pouvez pas couper le pain, je prendrais l'autre moitié !
- Mais trop pas, j'suis pas votre bonniche !!
- Voilà ! souffla Francis.

Il tendit un petit sandwich avec dosage adapté. Jordan tendit les mains, affamé.

- Merci jeune homme ! souffla LaBarbara. Ça fait plaisir de voir des personnages civilisés !

LaBarbara rejoignit sa famille attablée à l'une des nombreuses tables du hall. Naomi arriva près de Francis et Steven.

- Je crois que je comprends mieux les gens qui vont au supermarché pour prendre un pique-nique à manger dehors, même par ce temps…
- Je les comprends aussi… souffla Francis.
- Mais elle se prend pour qui, celle-là franchement ! grogna Steven.
- Steven, c'est ma mère ! grogna Naomi.

Steven regarda Naomi.

- Et… bah c'est cool !
- Tu allais répondre « Et alors », c'est ça ? souffla Francis.
- C'est comme un réflexe naturel, tu peux pas comprendre !
- Et je vais pas essayer… souffla Francis en agitant les mains.

Naomi grommela et rejoignit sa mère tandis que son père et son autre frère arrivèrent. « Génial, elle a rameuté tout le monde… »

- Ma chérie ! Toujours aussi agréable de venir dans ton école ! sourit LaBarbara.
- Je sais, merci maman… souffla Naomi.
- Vous avez encore fait rénover le hall en plus ! Ahlala ! sourit la mère de Naomi.
- Prête à visiter ces stands d'orientation ? demanda son père.

Naomi souffla.

- Y'a des stands tellement mieux à visiter !
- Mais dis-moi, tu n'étais pas censée être au stand de littérature avec ton auteure préférée ?

Naomi serra les dents.

- Il y a eu un… contretemps ! souffla Naomi.
- Ah bon ? s'étonna LaBarbara.
- Quel genre de contretemps, cela avait été décidé avec ton professeur, non ?

Naomi hocha la tête.

- Disons que… Walter a pris ma place vu qu'il a été puni pour… avoir dégradé le stand.

Duncan et LaBarbara se regardèrent, surpris.

- Mais euh… Attends, Walter, c'est le fils du type qui a refait la salle de bains ? s'étonna Duncan.
- Oui bah oui c'est lui, Duncan !
- … celui qui est en fauteuil ?
- On a déjà eu cette discussion, ce n'est pas parce qu'il est en fauteuil que ça ne peut pas être un sale petit enfoiré ! Pourquoi il a fait ça au fait ?

Naomi haussa les épaules.

- Aucune idée !

Shawn plissa les yeux et regarda sa sœur.

- T'es bizarre, tu caches un truc, toi !
- Quoi, moi ? Mais n'importe quoi, arrête !! geignit Naomi, gênée.
- Bon, on mange et on visite ensuite ! sourit LaBarbara.
- Voilà. Comme ça on ne perd pas trop de temps pour que Naomi examine bien toutes ses options !

Naomi soupira. « Oh seigneur… »

Perrine et son groupe avaient fini.

- On voit le résultat !

Tête de Spinda. Corps de Machopeur. Entrejambe de Gardevoir. Cuisses de Léopardus. Pieds d'Hippopotas. Le tout allongé sur un divan.

Odile – ainsi que le reste du public – en furent bouche bée. Andréa osa un commentaire.

- C'est… méga moche, nan ?!

Wallace passa devant, mortifié. « Quelle horreur ! »

Il continua dans les couloirs à déambuler. Il croisa la prof de fondamentaux qui tenait le stand de son cours.

- Salut madame.
- Bonjour mon petit Grainipiot.
- … j'suis toujours pas un Pifeuil depuis le temps ?

Lola Prutt sourit.

- L'évolution, l'âge et la sagesse, ça n'a rien à voir. Le plus fort des Pokémon peut évoluer et rester le plus bête.

Wallace hocha la tête.

- Sous-entendu, je joue les grands garçons mais au fond je suis resté un bébé, c'est ça ?

Lola haussa les épaules.

- … ou inversement ?!...

Lola haussa les épaules. Wallace soupira.

- Z'êtes bizarre. Z'êtes une bizarre petite vieille dame.
- Une bizarre parmi les bizarres, je dirais.
- Sûrement, ouais. Vous vous ennuyez pas trop ?

Elle secoua la tête et montra sa tablette. Elle commandait sur Amazon. Des casseroles colorées. Wallace plissa les yeux en marchant.

- Bizarre petite vieille dame…

Wallace partit sur la même allure. Il croisa Sandrine qui se faisait assister par des élèves d'autres années.

- Bonjour Wallace !
- Lut m'dame. Vous vous en sortez ?
- J'adore les journées portes ouvertes, on croise tellement de monde, c'est génial !
- J'aimerais être aussi enthousiaste que vous, ça pullule, j'ai envie de les jeter à la benne, moi !

Sandrine haussa les épaules en souriant. Wallace sourit à son tour. « Voilà. Voilà que j'aime la vie à nouveau, que je me remets à plaisanter avec les gens. Pourquoi j'ai ce trou dans le cœur alors ? Pourquoi j'ai pas l'impression que ça va mieux ? »

Il regarda un des écrans sur lequel figurait Super Mario Bros. Qu'on était visiblement en train de speed-runner.

- … mais quoi ?!

Il retourna vers le stand informatique. Tristan tenait les boutons de saut, Rodney les boutons de direction.

- Parfait, parfait, parfait !
- Vas-y, là, ok, c'est bon !
- Cool ! T'es meilleur pour les jeux que pour respecter les consignes ! admit Tristan dans le feu de l'excitation.
- N'est-ce pas ?

Wallace observait, stupéfait, comme pas mal de gens. Il regarda vers Tristan qui jeta à peine un coup d'œil vers lui. « Merde, j'voulais lui dire à quel point j'trouvais ça cool ! »

Il approcha autant que possible de Tristan qui continuait à jouer, imperturbable. Wallace resta là, silencieux, à l'observer tenter d'accomplir un exploit stupide. Un spectacle pourtant fascinant.

Walter vit passer Naomi et sa famille. La mère de LaBarbara regarda Walter.

- Alors comme ça on a dégradé le stand pour être à la place de ma fille, hein ?!

Walter se mordilla les lèvres.

- Euh… pas fait exprès… Le fauteuil qui s'est enrayé !
- Mais il est pas mécanique, ton truc… s'étonna LaBarbara.
- Bon, il faut qu'on y aille… souffla Duncan.
- Oui, attends, tu permets, je parle à l'ami de notre fille !

Walter souffla. Il vit Naomi croisant ce Jonathan, ce grand élève noir, beau gosse, qui saluait Naomi qui le saluait en retour, gênée, mais souriante. Walter secoua la tête, dépité. La petite famille partit promptement.

- C'était qui ce beau mec ? demanda LaBarbara.
- P-personne, maman ! geignit Naomi.
- C'est son mec à tous les coups ! ricana Shawn.
- Arrête de taquiner ta sœur… souffla Duncan.

Naomi inspira, lourdée. Walter retomba dans son fauteuil, vaincu.
Katherine regarda Walter.

- C'est très moche.
- Quoi donc ?
- La jalousie, c'est un sentiment éminemment moche.

Walter regarda Katherine, stupéfait. L'écrivaine haussa les épaules.

- Vous la regardez comme si c'était une déesse. Seul un homme amoureux fait ça.

Walter se tut en baissant la tête.

- J'suis débile, hein.
- Oui. Si elle vous aime aussi, vous la retrouverez. C'est pour ça que vous devez rester ouvert ! L'amour, c'est une question d'ouverture, on ouvre son cœur à l'autre.
- Pas trop quand même… souffla Walter.
- Il faut savoir prendre son temps, ne pas brûler les étapes. Tout vient à point.
- … à qui sait attendre, c'est ça ?
- Non, tout vient à point. Tout arrive au bon moment. Savoir attendre… qui sait attendre, à votre âge ?

Walter sourit pleinement cette fois.

La famille de Naomi passa devant le stand de Christina.

- Ma plus grosse bourde ?
- Ou… Oui, sans rien insinuer ou quoi que ce soit, j'aimerai savoir quelle est la plus grosse erreur que vous ayez commise en tant que journaliste !

Hoster inspira puis toussota.

- Il y a… il y a eu cet enfant dont j'ai annoncé la mort en direct alors que la mère était en duplex et sans nouvelles de son fils… et on a retrouvé le petit vivant une heure plus tard !

Christina sembla effarée.

- … mais une aussi jolie jeune fille que vous ne devrait pas entendre de telles choses. A mon tour : Qui vous a habillé ? Ce tailleur vous va à ravir !

Naomi grimaça. « C'est quoi ce Groret absolu ?! »

Christina sembla embarrassée. Elle se tourna vers son prof qui lui ordonna de continuer. Elle regarda Tino qui semblait attendre sa réponse comme si de rien n'était. Même Orson et Benjamin étaient choqués.

- Euh… on devrait aller chercher Tristan pour aller manger ! geignit Orson.
- Oui, oui… admit Benjamin.

Christina semblait au comble de la gêne.

- Eh bien… Pourquoi n'avez-vous pas vérifié votre information sur le coup ?!
- Hein ? Mais je vous ai posé une question…
- Elle était puérile et dégradante. Pourquoi n'avez-vous pas vérifié votre information ? Annoncer la mort d'un enfant est si excitant que ça à vos yeux ?!

Le public applaudit Christina qui avait pris du poil de la bête. Tino afficha un grand sourire sous les yeux de Benjamin et Orson.

- Je savais qu'elle allait le remettre à sa place !
- … vraiment ?! geignirent les deux gusses.

Naomi s'éloigna avec sa famille. « Bon, elle a les choses en main ! »

Un peu plus loin, ils croisèrent Stéphane.

- Oh mon Dieu, Naomi, enfin !
- … Stéphane !! Stéphane Yelberg de Méanville, quelle bonne surprise !
- Eh oui, c'est moi qu'on a envoyé pour le traditionnel échange inter-écoles des journées portes ouvertes !
- … et Francis n'était pas libre pour t'accueillir !! Oh ! Mais nous on n'a envoyé personne au fait…
- Bah si…

Naomi plissa les yeux sous les yeux de ses parents et de ses frères, étonnés.

- Elle fait de la diplomatie on dirait ! sourit LaBarbara.
- Ma fille enfin à sa place, gérant les affaires entre les écoles… sourit Duncan.
- Comment elle se la pète ! ricana Shawn.

Naomi leva les yeux au ciel en se tournant vers eux. « C'est la semaine du ramassis de conneries ou quoi ??? »

- On n'a envoyé personne, on a complètement zappé ce truc…
- On a Amélia Levy qui est venue dans nos locaux, Pamela a cru que c'était une blague !

Naomi n'en revint pas.

***

Amélia déambulait dans les couloirs, Sepiatop à ses côtés.

- On a essuyé quelques attaques, tu dois le dire aux autres, même si… je pense que Stéphane en touchera un mot à Wallace… marmonna Pamela, gênée.

Jarod se tenait à ses côtés, dans l'espoir de communiquer, mais Amélia restait silencieuse. Elle observait, voilà tout.

- Tu… tu sais au moins que tu dois rencontrer le chef de l'établissement, n'est-ce pas ? marmonna Pamela.

Amélia hocha modérément la tête. Pamela regarda Jarod qui acquiesça.

- Tu veux des gâteaux ? Du pain ? Du jus d'orange ?
- Eloigne-toi de moi, vilain Cradopaud.

Jarod geignit. Pamela laissa partir Amélia.

- Je pensais qu'elle se rappellerait de moi…
- C'est vraiment étrange comme choix d'émissaire de leur part, je m'attendais à Naomi…

Jarod hocha la tête.

- Peut-être qu'ils nous en veulent…
- Mais non, absolument pas, les contacts que j'ai avec Naomi sont tout à fait cordiaux… et puis on a besoin de leur aide !

Jarod inspira.

- Peut-être qu'ils veulent qu'on disparaisse…
- … non, j'en doute fort ! geignit Pamela, atterrée.

***

Stéphane souffla.

- Toujours est-il qu'on a été attaqués et menacés suite au tournoi, et suite donc à notre « révolte » contre les gars de Direction qui campaient devant notre école…
- Comment vous avez réagi ?
- On… a fait de notre mieux. Brian s'en est plus ou moins chargé lui-même. Il souhaite se racheter comme ça, je suppose. Ca a plutôt bien marché même si évidemment on a dû l'aider à plusieurs reprises puisqu'il ne pouvait pas tout faire tout seul. D'autres gars de l'école ont aidé aussi… Du coup ça n'a fait qu'empirer, et avec l'approche des élections…

Naomi hocha la tête.

- On a essuyé une petite attaque de rien du tout qui nous a bien tous remués… notamment à cause de l'état mental de Wallace.
- Oui, il a l'air… extraordinairement indifférent ! geignit Stéphane.
- Voilà… Et nous c'est pareil, c'est un peu le bordel…
- Hm… faut espérer que ça s'arrange… En tout cas, on va tout faire pour.
- Dès qu'on a repris les armes, je vous préviens.
- Ok. En ce qui nous concerne, si jamais vous avez besoin un jour…
- Pareil, on essaiera d'accourir si possible !
- D'accord. Bah je vais rentrer.

Naomi hocha la tête.

- Dis à Pamela qu'on est désolés pour Amélia !
- Il faudra un panier garni pour t'excuser de ça, tu réalises bien ? sourit Stéphane.

Naomi ne put qu'acquiescer. « Mais qu'est-ce qu'elle est allée faire là-bas ?! »

***

Amélia aperçut le stand informatique. Elle y vit Daisuke et Tommy, les deux geeks de la classe de Méanville.

- Mais on te connait…
- Tu es cette fille d'Ogoesse, la blonde un peu idiote… s'étonna Tommy.

Amélia acquiesça sans sourire et passa derrière le stand sans rien demander.

- … euh…
- Mais euh…
- Non mais dites, jeune fille…

Sepiatop se plaça devant le professeur et lui saisit la tête. Le professeur en question partit aux toilettes.

- Monsieur Aberdeen… s'étonna Tommy.
- Mais qu'est-ce que tu traficotes ?

Amélia inspira en mettant une clé dans le routeur qu'ils utilisaient.

- Si l'un d'entre vous dit quoi que ce soit, je lui règle son compte.

Tommy et Daisuke se regardèrent, surpris. Amélia releva la tête et salua les gens en souriant.

- Bonjour et bienvenus dans notre école de Méanville ! Notre stand informatique vous est ouvert pour tout renseignement sur cette option !

Tommy et Daisuke allaient réagir mais ils s'endormirent, touchés par les spores de Chapignon. Amélia les regarda en ricanant et en faisant jouer son minois de jolie blonde.

- Si mes deux collègues se sont endormis, c'est juste parce que cette option est tellement prenante ! Hihi !

Sépiatop se tournait et se retournait sur lui-même, la mine inquiète. Amélia scruta les écrans. La copie de données était complète.

- Bien, très bien, parfait...
- HEY !

Amélia regarda vers la personne qui avait crié.

Brian Kipling.

- Je PEUX SAVOIR ce que tu fais là ?!

Amélia sourit et se leva promptement en rappelant Chapignon. Brian entreprit de la courser, mais Amélia se mit à courir aussi. La blonde affichait un sourire exagéré. Elle rangea la clef dans une poche de sa veste de cuir beige.

- ARRETE-TOI ! JESS ! STOPPE LA BLONDE !

Jessica Hughs vit Amélia, entreprit de l'arrêter, mais elle se fit rembarrer par Sépiatop qui utilisa Constriction pour gentiment la faire pivoter et la déséquilibrer.

- AH !!
- Putain !

Brian continuait à la poursuivre. Amélia la démente dévalait les couloirs comme une pro. Brian s'étonna. « C'est un Galopa ma parole ?! »

Elle allait presque atteindre la sortie.

***

Naomi inspira alors qu'elle se trouvait dans le couloir de l'orientation.

- Il y a peu de choix avec l'option que tu as choisi… mais bon, c'est ton choix ! soupira LaBarbara.
- Quel dommage, tu aurais eu accès à des écoles tellement meilleures avec le sport… souffla Duncan.

Naomi ferma les yeux, plus que gavée. « Qu'on m'achève !! »

Francis mangeait avec Wallace quand les deux virent Stéphane qui recevait un SMS.

- Tu voulais manger avec moi pour… ?
- Te parler un peu, voir comment ça allait.

Francis s'étonna. Stéphane parut scandalisé. Il se hâta vers la sortie sans même regarder Francis, Wallace ou même Steven qui servait encore.

- J'suis devenu le roi de la crêpe, lalalala ! sourit le blond, à sa place.
- Tu te rends compte que ça devrait être l'inverse, je devrais m'enquérir de ton état, en tant que chef de classe, en plus, ça fait sens !

Wallace agita la tête.

- Mouais. Sauf que là où moi je me remets doucement, toi, tu t'enfonces.
- Je m'enfonce pas.
- Tu as frappé Steven.
- On a tous frappé Steven.
- Nan.
- Il a poussé Quinn.
- Fille avec laquelle tu ne sors pas.
- C'est tout comme !
- Francis…
- Tu te fais du souci pour moi, ok, admettons. Mais toi, ton Pokémon est mort. Tristan et toi vous vous tournez autour. Tu as affirmé haut et fort que notre petite guéguerre avec Direction Dresseurs, que je te rappelle TU as déclenché, tu t'en foutais royalement à présent.
- Clopinettes…
- Et tu n'as pas touché un seul de tes Pokémon en trois mois !

Wallace inspira lourdement.

- Et toi alors, t'as pas touché ta petite sœur en un mois !
- Blague douteuse sensée m'énervée, j'ignore. Que je ne voie pas ma sœur, c'est une chose. Que tu négliges ton dressage, c'en est une autre.
- Parce que je suis le chef de notre petite armée destinée à écraser les ouailles de Justin Truce ? Parce que c'est moi le plus fort et que vous n'êtes que mes suivants, mes sbires, mes pitoyables hommes de main ? Mais trop pas !
- Parce que ça fait partie de toi, banane !!

Wallace regarda son café-crêpe au jambon.

- Tu as un talent incroyable pour le dressage, Wallace ! Tu as ça en toi ! C'est ton truc ! Ok, tu sais faire des cocktails…
- J'ai pas fait de cocktails non plus, depuis tout ça.
- … tu bois ?
- Au début je buvais pas mal, mais l'alcool à vif, sans rien avec. Du coup j'étais vite bourré et… je pleurais encore plus.
- Maintenant ?

Wallace souffla.

- T'regarde pas. Et toi, tu tises ?
- Vaguement. Bière, majoritairement. Devant la télé. Juste de quoi m'endormir.
- Charmant.
- Tu ne fais plus de cocktails, donc.
- Et toi tu ne parles plus à Quinn.
- Elle a été infecte. Je l'aime, mais elle a vraiment été ignoble. Quand ta meilleure amie s'en fout de tes problèmes et ne voit que ses avantages à elle dans l'histoire, merde, quoi. Ça te fout les boules, nan ?
- Si, un peu, j'me doute.
- Bah voilà. Mais de te raconter ça, j'me sens con. Parce que t'as vécu pire.
- Oh eh ça va, je suis pas juif, non plus, arrête cette comparaison de souffrance à la con… T'as plus la garde de ta petite sœur, c'était important pour toi…

Francis se mordilla les lèvres.

- Ça te choque si je te dis que je me sens délesté d'un terrible poids sur mes épaules ?
- Nan… parce que perso, à ta place, j'aurais pas tenu une semaine... souffla Wallace, fatigué à rien qu'à l'idée.
- J'ai plus à bosser comme une bête pour misérablement finir le mois, j'ai plus à me lever à pas d'heure pour l'habiller… Et c'est pas tant son absence qui me pèse, c'est le soulagement qui me ronge, la culpabilité… d'être heureux qu'elle ne soit plus là en quelque sorte.

Wallace haussa les épaules.

- Bah profite, en fait. Tu peux plus rien faire pour la récupérer, elle est bien chez ta tante, lâche l'affaire, vis ta vie !

Francis commença à pleurer.

- J'peux pas. J'peux pas, j'me sens trop nul d'être aussi bien sans elle alors que je me suis démené… Et maintenant j'ai plus à faire attention à rien… Je dors mieux, je peux prendre soin de moi, j'ai de l'argent, j'ai du temps…

Francis se mit carrément à chialer.

- J'ai pas à ressentir ça, Wallace ! J'ai pas à être heureux d'avoir perdu ma sœur !
- C'est pas comme si elle était morte… souffla Wallace.

Francis releva la tête, en larmes, éberlué.

- … putain j'suis désolé…
- Mais nan, on s'en fout. Ta sœur va bien. Recommence à vivre ! Qu'est-ce que t'en as à faire maintenant ? Elle est chez ta tante, elle est chez ta tante, Tout. Va. Bien, Francis. Tout est OK. Tu peux souffler.

Francis acquiesça.

- Je… je voulais pas faire mon enfant gâté, pardon…
- Manternel est morte, un jour il faudra bien que je retrouve le chemin du dressage…
- D'autant que… tu en as quatre autres qui t'attendent, c'est pas comme si tous tes Pokémon étaient morts...

Wallace regarda son interlocuteur, faussement choqué. Francis serra les dents, gaffeur.

- … je perçois de mieux en mieux les points communs que t'as avec Quinn…
- … je suis incorrigible, pardon… geignit Francis.
- N'empêche que… On m'a dit un jour que le fait de ne plus avoir goût à rien, c'était une forme de dépression… T'as de la chance, toi, tu retrouves goût à tout.

Francis sourit faiblement.

- Alors ça y est, cette conversation n'a plus de bornes ?
- Toi et moi on s'en est assez pris dans la gueule pour savoir que les limites, c'est des foutaises. A la tienne.

Francis trinqua son café avec celui de Wallace. Qui, lui, se demandait s'il n'était pas un peu dépressif, des fois.

Steven les regarda trinquer. « L'a intérêt à revenir, l'autre chialeuse, là ! »

- Salut !

Steven vit Ana.

- Heeeeeeey Anouchka, comment ça va ?
- Bien. Et toi, mieux ?
- Ouais ! J'suis un dur à cuire, c'est pas une lopette comme Zuckerman qui va me faire mal !
- Je voulais dire… ça avait l'air de ne pas aller très bien l'autre fois à la médiathèque, tu étais vraiment méchant…

Steven plissa les yeux et haussa les épaules.

- Et pis ? J'suis méchant si je veux, c'est mon rôle, nan ? Le méchant de la classe.
- Tu vaux mieux que ça, tu sais bien.
- J'ai l'impression que ça fait des millions d'années qu'on s'est pas parlés, toi et moi… marmonna Steven.
- Je prendrais une crêpe au sucre et un thé. Fey prendra une grande crêpe à la fraise avec une bouteille de coca.
- Hin ! La grosse prend des trucs de grosse ! ricana Steven.

Il regarda Ana. Evidemment, ça ne l'avait pas fait rire.

- Oh ça va, je plaisantais…
- Je n'aime pas quand tu es méchant. Ça n'est pas toi…

Steven soupira.

- Quand je suis méchant, t'aimes pas. Quand je suis gentil, ça te va pas non plus. Merde à la fin, tu veux quoi, Anouchka ?! On est quoi en fait ?
- … amis, Steven, on est des amis !
- Je veux pas de ça avec toi ! Je veux plus !

Ana regarda Steven, éberluée. Steven grimaça, stupéfait de ce qu'il avait dit.

- … Steven…
- … laisse béton, j'déraille, les vapeurs de crêpe… Putain de crêpes à l'amiante !
- Alors, c'est prêt ?!! grogna Fey en arrivant.

Elle regarda Steven, en attente de crêpe à la confiture de fraise et de coca-cola glacé. Steven soupira.

- Ok, ok, je vais te nourrir, Jabba, patience.
- Et mets beaucoup de confiture !!
- Putain, j'vais TELLEMENT en mettre que tu vas faire péter ton cholestérol si c'était pas déjà fait ! grogna Steven.
- Te gêne pas ! souffla Fey.

Francis arriva à ce moment-là, quelque peu intrigué.

- … vous vous engueulez ou vous allez faire l'amour, là ?! geignit Francis.
- Ta gueule et cuisine ! grogna Steven.

Wallace restait assis à tourner son café, les yeux dans le vide. Tristan, Orson et Benjamin arrivèrent pour manger quelques tables plus loin. Tristan vit Wallace et l'invita à les rejoindre. Wallace leva son café.

- J'repars ensuite.
- Où ça ?
- J'sais pas, voir Walter peut-être.
- Oh ! J'ai cru que tu allais sortir…
- Bof, pour quoi faire…
- On se voit après ?
- Ouais, ouais.
- Ok, repasse au stand si tu t'ennuies !
- Hm. Sympa ton truc avec Mario tout à l'heure !
- On l'a foiré, on est tombés bêtement dans un trop grand trou ! sourit Tristan.
- Merde, c'est con ! sourit Wallace.

Tristan voulait rejoindre Wallace, mais il y avait ses potes qui se sentaient juste éminemment de trop. Wallace se leva avec son café et partit en saluant Tristan.

- A ce soir, donc.
- Oui, oui, oui… Chez toi ? demanda Tristan.
- Bah ouais, ouais… à moins que tu veuilles faire ton truc…
- Nan, faut que je mûrisse un peu le truc, et que je voie si ça te plait ou pas aussi !
- Ah-ha. Ce sera donc pas une surprise !
- Bah non…
- Tant mieux. Bye !
- Ouais, bye !

Wallace partit avec son café. Il souffla. « Je peux pas me l'accaparer non plus. Il a sa vie à lui… »

Tristan souffla. « J'ai pas osé lui dire que c'est sa présence puis son absence qui m'avaient déconcentré pendant le speedrun… Bravo, Tristan, tu ménages ton patient, c'est bien… »

***

Amélia sortait de l'école en continuant à courir comme on lui avait si bien appris à le faire.

« Bien savoir te presser est une qualité in-di-spen-sable quand tu fais des choses pas légales chez des inconnus. C'est important de savoir ça, Amélia ! »

La blonde aux cheveux courts continuait à fuir alors que Brian tentait de la courser toujours plus loin.

« Une fois que tu as atteint un lieu sûr, du genre tellement sûr que tu peux vérifier ta manucure, eh bah tu t'arrêtes et tu respires ! »

Amélia savait que le lieu sûr pour elle était le jardin public face à l'établissement. Elle l'atteignit sans peine et souffla par réflexe.

« Voilà. C'est bien. Tu veux une fraise tagada ?! Mais nan, ça fait pas grossir ! »

Brian était toujours à sa poursuite.

« Un lieu sûr ça peut aussi être un point de rendez-vous avec quelqu'un qui est censé être là pour te couvrir. Il faut faire confiance dans ces cas-là, Amélia ! »

Brian allait traverser la route pour atteindre le jardin, mais un immense Pokémon ressemblant à un Leviator obstrua la route. Brian tomba des nues.

- PU… PUTAIN !!!

« Une fois que tu es couverte, génial ! Fais une selfie pour fêter ça. Difficulté supplémentaire : Tu ne DOIS PAS la mettre sur Instagram !! C'est important, Amélia. Les restrictions de ce genre te forgent le caractère et t'apprennent la discipline ! YEAH ! D'être toute sérieuse comme ça, ça me donne envie d'aller faire du shopping !!! »

Amélia acheva son travail de motivation personnelle d'un simple clic sur son iPhone et se retourna pour mieux voir Méga-Leviator menacer Brian qui prit la fuite, apeuré par cette monstruosité. La créature rugit en suivant Brian. Arrivé à la fontaine de l'établissement, Méga-Leviator se contenta de lâcher un Hydrocanon en toute simplicité sur la façade. Les vitres explosèrent et quelques méchantes fissures furent faites.

Brian, à la porte, avec d'autres élèves, s'étonna d'une telle attaque. Méga-Leviator s'en retourna vers sa maîtresse.

Dans le jardin public, Tara approcha d'Amélia.

- Une bonne intimidation de faite. Ça leur apprendra. Bien joué, Amélia !

Amélia inspira avec hauteur.

- J'aurais pu m'en sortir seule face à ce blanc-bec.

Tara Yokas fit la moue.

« Je déteste cette salope de Tara Yokas. Sois toujours une garce avec elle. Si elle t'engueule, envoie-la chier ! »

- On dit ça…
- J'allais le faire mais une fois de plus, vous m'avez gêné…

Tara inspira.

- Qu'est-ce que je t'ai dit à propos du fait d'être orgueilleuse, Amélia ?

Amélia haussa les épaules, en mode « rien à foutre »

« Mission accomplie. Retour au bercail. Points Bonus si tu ne dis rien sur le chemin ! »

***

- Dernière question : Est-on vraiment raisonnable quand on veut avoir raison ?

Brouhaha dans l'assistance. La question prêtait à réfléchir comme toutes les questions philosophiques. Santana réfléchit quelques secondes. Violette, Lucy, Léon, Lilian et Rebecca observaient.

- Bah bien sûr ! souffla Rebecca.
- … ça explique beaucoup de choses… marmonna Lucy.
- Pardon ? geignit Rebecca.

Martin Schalberg hocha la tête.

- A mon sens, il faut commencer par distinguer ces deux « raisons ». Être raisonnable, c'est faire preuve de raison. Avoir raison, c'est être dans le vrai.
- Qui vous dit que ce n'est pas au sens « est-il possible d'être raisonné quand on veut avoir raison » ?
- Vous vous éloignez du débat, mademoiselle.
- Peut-être.

Martin hocha la tête et croisa les mains.

- Quand on est certain d'avoir raison, quand on a raison, même, qu'importe le raisonnable. Dans le même temps, quand on a tort, on outrepasse la raison, on la transcende…
- En fait je pense qu'il n'y a qu'une seule réponse.

Martin regarda Santana qui semblait sûre d'elle. Violette, Rebecca, Lucy et les jumeaux observaient, intrigués, comme le reste du public. Vivienne exultait. « Génial, plein d'élèves l'an prochain, yahaaa !! »

- On veut avoir raison. Le fait de vouloir avoir raison implique une volonté qui de toute façon transcende la raison. Je ne veux pas être dans le vrai, je VEUX avoir raison. Je me fiche complètement d'être raisonnable, de me soumettre aux lois du vrai, du faux, du bien, du mal, je VEUX avoir raison. Ma mère fait souvent un truc horripilant devant un jeu télévisé.

Martin pencha la tête, étonné.

- Elle va donner une réponse avant que la télé ne la donne, certaine que c'est la bonne. Et puis, pouf, pas de chance, ce n'était pas la bonne ! MAIS. Elle va vous jurer MORDICUS que c'était bien la réponse qu'elle a donné avant. J'aurais beau lui dire « nan, t'as dit ça », elle n'ira jamais plus loin que « Oh mais je cherchais encore la réponse mais je pensais à ça juste avant » pour se justifier. Sans jamais admettre qu'elle avait eu tort. Déraisonnable. Quand on veut avoir raison, qu'importe la Raison. Ce qui prime, c'est d'Avoir raison.

Martin acquiesça. Nouveaux applaudissements. Violette souriait.

- Elle est trop forte ma petite femme !

Rebecca grimaça. « J'm'y ferais jamais, décidément… »

Tino était au comble de l'excitation. Orson et Benjamin craignaient pour leur vie. Gina et Holly étaient impressionnées.

- Vous venez de dire que c'était « normal » de recevoir de l'argent de la part des politiques en échange d'une interview ? Non, pas du tout, c'est illégal !

Jacob Andrews ne savait plus du tout où se mettre. Hoster agita les mains.

- Est-ce qu'on peut en revenir à des sujets plus simples, je croyais que ce serait une bête petite interview…
- Je crois que vous avez dit dans un de vos livres qu'il n'y avait pas de petite interview, il n'y avait que de petits interviewvers ! Personnellement, je pense, monsieur que le journaliste se doit d'être toujours en quête de vérité, la vérité la plus totale et la plus absolue, et la donner même si elle est difficile à entendre.

Hoster regarda Christina et sourit.

- Vous êtes grassouillette !

Ahanement de la foule. Tino regarda Christina, en attente de sa réponse. Elle haussa les épaules.

- Vous êtes un salopard de la pire espèce ! J'ai terminé !

Elle se leva, saoulée. Tino approcha d'elle.

- Désolée, c'était un peu…

Tino embrassa sa promise, sous les yeux effarés de ses camarades. Gina et Holly n'en revenaient pas.

- Il embrasse une fille !! s'étonna Holly.
- Il a des SENTIMENTS !!! poursuivit Gina.
- Inutile de dire que Tino est excité par des choses vraiment étranges… marmonna Benjamin.

Orson agita la tête.

- Il est excité là ?!

Benjamin se frappa le front.

Walter souffla et regarda autour de lui. Il aperçut Jonathan qui venait dédicacer un livre à Katherine May.

- J'adore vos bouquins !
- C'est très bien, continuez à lire jeune homme !
- La plupart, c'est une fille de la classe qui me les a conseillés. Ça se dévore comme des petits pains.
- Oh, chacun de mes livres est un bon gros pain que je cuisine avec ardeur pour ensuite le distribuer en petits pains ! Bonne continuation dans vos études, jeune homme !
- Merci beaucoup !

Jonathan regarda Walter qui ne le lâchait pas du regard.

- Bah alors ? Qu'est-ce qui t'a pris, hier ?
- Moi ? Pas grand-chose.
- J'sais pas, on était tous en train de monter le truc et toi d'un coup tu fonces et hop !

Walter souffla.

- Faut croire que j'étais énervé.
- Un peu mon neveu... Faut te calmer, quoi. Elle t'appartient pas !

Walter regarda plus précisément Jonathan. Katherine suivait goulument la joute. Ambrose était trop pris dans ses copies.

- Pardon ?
- La meuf de ta classe, là, Naomi ! Elle est pas à toi, ok ? Elle te pousse, elle te sors tes affaires mais elle fait juste ça pour t'aider, c'est pas ta meuf, ok ? Si j'veux la draguer, j'la drague !

Walter grimaça et cligna bruyamment des yeux.

- Ecoute-moi bien espèce de lardon neurasthénique doublé d'une saucisse mal cuite triplé d'un imbécile fini…

Jonathan haussa les sourcils.

- … il y a plus de choses qui nous lient moi et Naomi que tu ne pourras jamais imaginer dans ta petite caboche de queutard stupide. Naomi n'est pas une fille qui se « drague », c'est une fille bien qu'on traite avec respect, qu'on traite avec amour, c'est une fille exceptionnelle, précieuse, géniale. Je t'interdis de poser le moindre regard ou la moindre patte voire même le moindre putain de foutu sourire ultrabright de MERDE que tu sors à la douzaine sur elle. Elle ne m'appartient pas, mais crois-moi, bordel de merde, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir d'handicapé pour empêcher les crétins dans ton genre de l'approcher. Essaie, essaie seulement encore une fois ne serait-ce que de la regarder, et crois-moi, j'irais jusqu'à ramper pour venir moi-même te latter les valseuses. Fous-lui la paix, fous-moi la paix et ne t'avise plus jamais de te mettre entre nous, sinon je détruirais plus qu'un simple stand, je détruirais ta putain de misérable vie de cafard sans intérêt.

Jonathan regardait Walter, absolument ébahi. Le jeune homme noir regarda Katherine May qui haussa les épaules. Ambrose venait de se réveiller et avait à peine compris ce qui s'était passé. Jonathan allait partir quand arriva Naomi.

- Tiens, revoilà ce beau garçon ! sourit LaBarbara.

Jonathan s'enfuit aussi vite que possible. Walter soupira, exténué. Naomi approcha du stand et posa son téléphone. Walter lut le message.

[Attaque sur notre école aujourd'hui. Amélia impliquée. On fait quoi ??? - Pamela]

Walter plissa les yeux. « Amélia impliquée ?! »

Naomi reprit son téléphone, l'air de rien.

- Oh bah voilà qu'il me fuit ! Je comptais pas le draguer ! Juste que c'est exténuant de voir Naomi toujours célibataire après tant de temps !
- Maman…
- Qu'est devenu ce pauvre Mike d'ailleurs ?
- Maman, mais enfin…
- Je demande !
- Chérie, je crois que tu l'embarrasses… souffla Duncan.
« La mère va s'y mettre aussi ? Les choses ne sont décidément pas assez gênantes comme ça ? » soupira Walter

Wallace arrivait avec son café pour tailler la discute avec Walter.

- Mais je parle à ma fille, Duncan, voyons…
- On dirait qu'elle va se pisser dessus ! sourit Shawn.

Walter secoua la tête en grimaçant. Naomi regarda son frère, éberluée.

- Non mais… geignit la jeune fille.
- Qu'est-ce que t'as ? Me regarde pas comme ça !
- Naomi, ça va ? s'étonna Duncan.
- Y'a pas de mal à être célibataire ma chérie, voyons ! souffla LaBarbara.

Naomi inspira gravement.

- Je ne le suis pas !

Naomi se tourna rudement vers Walter, stupéfait. Elle le prit par les aisselles, le souleva, l'attira à elle, et l'embrassa à pleine bouche devant l'assemblée stupéfaite. Wallace faillit en lâcher son café. « Bombe nucléaire DROIT DEVANT… »

Naomi repoussa Walter dans son fauteuil. Le jeune homme était stupéfait. Katherine en avait le souffle coupé.

- … je devrais rester ici plus souvent, ça m'inspirerait plus que mes petits livres à 150 pages !

Ambrose en avait perdu son latin, il était totalement déconfit.

- Non mais… Nao… Naomi… et… et… oh bah ça…

LaBarbara resta figée. Shawn n'en revenait pas. Duncan balbutiait dans le vide. LaBarbara lui tendit Jordan, qu'il prit doucement. Elle s'évanouit juste après.

- M'man ?! s'étonna Shawn.
- Oh bon sang ! soupira Duncan.

Naomi soupira et regarda Walter, dégoûté.

- W… Walter, je…
- Non ! Non, non, non, non.

Walter recula et entreprit de sortir du stand. Pas simple. Katherine se leva et l'aida à sortir.

- Merci… sanglota à moitié Walter.
- Courage, jeune homme.

Walter se poussa à grandes tractions. Naomi le suivit.

- Excuse-moi, Walter !
- Eloigne-toi de moi…
- Walter, je…Je sais pas ce qui m'a pris !
- Je t'en supplie, Naomi, ne me suis pas. S'il te plait.
- Walter, pardonne-moi…

Walter s'arrêta.

- Mais c'est ça, le problème, Naomi. Je ne peux pas t'en vouloir. Toi non plus tu ne peux pas m'en vouloir.

Naomi se mordilla les lèvres, au bord des larmes.

- J'suis désolée…
- Je sais. On en reparlera à tête reposée ?

Walter se mordilla les lèvres, attristé.

- Tu t'es servi de moi pour emmerder tes parents…
- Je sais, pardon…
- C'est moi qui suis désolé pour toi, en fait, là…

Walter partit, dégommé. Wallace ne savait pas quoi faire. « C'est la merde, c'est la merde, c'est la merde… »

Naomi regarda son père qui se relevait.

- Jeune fille, il va falloir que tu t'expliques.

Naomi secoua la tête.

- Nan, j'ai pas à m'expliquer, papa. Je l'aime.

Wallace se mordilla les lèvres. Katherine May et Ambrose observaient, complètement ébahis. Naomi partit en courant vers le hall. Duncan se retourna vers le professeur.

- Vous saviez, hein ? Vous saviez n'est-ce pas ?
- Q… Quoi ? Mais non, mais…
- Vous les avez vus, ma fille et ce garçon…
- Papa, mais arrête… s'étonna Shawn.
- … fricoter sous vos yeux, et vous n'avez rien fait !
- M… Monsieur Kingsley, je pense que vous devriez vous calmer…
- Mais oui… marmonna Katherine.
- Je suis calme. Répondez-moi !

Wallace arriva.

- M'sieur, euh…
- Oh ! Le meilleur ami du gamin en fauteuil ! Tu vas me dire que tu ne savais pas, c'est ça ?
- Calmez-vous, monsieur, je crois que vous devriez juste en parler à votre fille une fois que vous serez plus calme…
- JE SUIS CALME !

LaBarbara se releva, aidée par son grand fils, alors que le petit était par terre à côté d'elle, un peu perturbé. Wallace était quelque peu terrifié. « Mais je dois le faire, au moins pour Walter »

- DEPUIS QUAND ??? DEPUIS QUAND CA SE PASSE SOUS MES YEUX ??? DEPUIS QUAND MA FILLE ET CE GARCON ??? Un handicapé, bon sang !
- Hey, Walter est pas juste un handicapé, c'est mon meilleur ami ! Ok ? Alors…

Duncan sortit une Pokéball dont il émergea un Grolem.

- Tu veux répondre pour eux ? Très bien ?
- Duncan… geignit LaBarbara, encore sonnée.

Santana, Christina, Tino et d'autres s'étaient entassés dans le couloir. Wallace était pétrifié.

- Allez petit ! Bats-toi !
- …
- Duncan, voyons… soupira LaBarbara en se déplaçant à peine.
- Papa, je crois que maman ne va pas bien !
- Ta mère vient d'apprendre qu'en plus de foutre sa vie professionnelle en l'air, ta sœur se permet de sortir avec un handicapé ! Que ses ambitions sont TELLEMENT BASSES qu'elle va bientôt annoncer qu'elle prend un appart dans les EGOUTS !!

Wallace serra les dents. « Putain, si seulement tu pouvais lui foutre une raclée… Pour défendre Walter et Naomi… Pour le remettre à sa place… Moi, et toute ma force, je sais que je peux lui péter la gueule à ce cake. Allez. Tu prends Tiplouf, et PAF… »

- Bats-toi, gamin !!
- …
- Je suis prêt, je t'ai vu faire, déjà !

Wallace avait des sueurs froides.

« Je… »
« Ne… »
« PEUX PAS ! »

Wallace se recroquevilla et s'apprêtait à abandonner chichement.

- STOP !

Francis s'interposa, suivi de Steven, Fey et Ana.

- Laissez-le ! cria Francis.
- Vous faites quoi, là, ouaiche ! s'étonna Steven.
- Arrêtez ! geignit Fey.

Duncan s'étonna. Christina, Tino et Santana arrivèrent à leur tour.

- Laissez-le tranquille ! grommela Santana.
- Il n'a rien fait ! rappela Christina.
- Rappelez votre Grolem, c'est une journée portes ouvertes, pas une exhibition ! souffla Tino avec fermeté.

Wallace geignit. « Double effet Kiss Cool d'humiliation, yay !! »

Duncan rappela son Pokémon. LaBarbara s'approcha de Duncan et lui chuchota quelque chose à l'oreille. Duncan sursauta.

- Oh… oups… euh… pardon, petit !

Wallace baissa la tête. « Génial, elle lui a rappelé que j'étais… un handicapé… »

- Oui, oups... grommela LaBarbara. Où est Naomi ?! Il faut qu'on lui parle !
- C'est sûr ! souffla Duncan.
- Soyez pas trop durs avec elle, écoutez-là un peu… geignit Wallace.
- Ca, ça nous regarde, jeune homme ! souffla LaBarbara.

La famille de Naomi prit le chemin de la sortie sous les regards effarés des passants. Wallace inspira et regarda ses camarades.

- Merci… euh… c'est… gênant…
- Pourquoi il t'a attaqué ? s'étonna Francis.

Wallace soupira et haussa les épaules.

- J'sais pas trop... Allez, que la fête reprenne…

Wallace s'éloigna, plutôt embarrassé, sous les regards inquiets de ses camarades. Helen arriva à peine.

- Il s'est passé quoi ? Wallace ?

L'élève contourna la prof, pas d'humeur. Helen regarda Wallace, embêtée.

- J'ai fait quoi encore, moiiiii…

Naomi était montée voir Perrine.

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

Perrine se tourna plus nettement vers Naomi et vit qu'elle pleurait. Robbie, Andréa et Quinn observaient, intrigués.

- Euh… euh… euh… Tu… peux m'héberger quelques temps ?

Perrine s'étonna. Clive releva la tête de son côté de la peinture, surpris.

Pendant ce temps, Walter était monté jusqu'au stand informatique.

- Madame, je peux utiliser un PC ?

Agnès s'étonna. Tristan le regarda.

- C'est Walter, un élève de ma classe, madame, laissez-le faire, y'a pas de souci !
- On a un portable qui traine, par là.

Walter s'empara du matériel et commença à créer une page sur Facebook.

***

- Euh… vous avez créé une page Facebook parce que votre petite amie s'est servie de vous pour rendre ses parents dingues ? s'étonna Milo.

Walter soupira.

- Le SMS que Naomi m'avait montré avant ça m'a fait repenser à ce vieux projet que j'avais de prévenir tous les élèves de toutes les écoles. Le truc avec Naomi, ça a juste scellé ma volonté de tout foutre en l'air, du coup… je l'ai fait. Peu importe ce que c'est devenu, l'important c'est ce que ça a provoqué.
- Un séisme. On dit même que cela a influencé le résultat des élections… marmonna Farah.
- Vous avez provoqué un véritable incendie, ouais… soupira Jebb.

Walter souffla.

- Au début, c'était très fun… après, on s'en est servis différemment, mais ce qui s'est passé au début, perso, j'ai adoré.

Jebb inspira. Milo souffla. Farah grommela.

- Il n'empêche, comment avez-vous fait pour que les autorités ne la découvrent pas avant… ?

Walter s'imposa le silence, semblant décidé à le garder. Farah soupira. Jebb grommela.

- Rappelez-moi quel crétin a inventé les droits de l'accusé ?
- Est-ce votre camarade Tristan Edison ?

Farah avait de bonnes informations.

- Le petit ami de votre ami Wallace Gribble.

Walter ferma les yeux et resta silencieux et stoïque. Le trio abandonna toute chance de le faire cracher.


***

- Hey, tu es un élève de la classe d'informatique, c'est ça ?

Rodney acquiesça en regardant Walter à côté duquel il était assis.

- Pourquoi tu ne fais pas de bidouillages avec Tristan ?
- La prof croit que je vais encore hacker les sites du gouvernement…

Walter plissa les yeux.

- C'est… un truc que tu fais souvent ?!
- J'aime bien, ça me fait me sentir puissant !

Walter grimaça et hocha la tête, intéressé.

- Dis voir, est-ce que tu peux m'aider à faire en sorte que cette page Facebook…

Rodney regarda la page : « ELEVES DE POKEPOLIS CONTRE DIRECTION DRESSEURS : REBELLEZ-VOUS »

- … ouaiiiiiiiiiis ?
- … ne soit visible que par les personnes à qui je l'envoie ? Ni la police, ni le gouvernement, ni personne ne doit voir cette page SAUF les gens à qui je vais l'envoyer.

Rodney sourit.

- C'est trop simple ! On va passer par des canaux interdits…
- D'accord…
- Hop… Hop, serveur proxy qui brouille l'accès aux données… On la code pour qu'elle apparaisse différemment même pour Arielle Zuckerberg.
- Cool.
- Et voilà ! Mais euh… à qui tu veux envoyer ça ?

Walter inspira.

- Là aussi j'aurais besoin de ton aide. Comment je peux transmettre cette page à tous les élèves de Poképolis ?

Rodney eut des étoiles dans les yeux.

- Bah on synchronise les listes intranet de toutes les écoles du pays avec les paramètres Facebook !
- … c'est pas méga dangereux au niveau protection de la vie privée ?
- Euh… bah… si… peut-être ! J'y ai jamais vraiment pensé…
- … Fais-le !

Agnès se retourna vers le duo. Walter leva une main rassurante.

- Il m'aide à finir un jeu !

Agnès acquiesça et se retourna vers le stand. Rodney cliqua.

- C'est envoyé.
- Cool. Super cool ! sourit Walter, bien content de lui.

***

Jebb et un autre policier sortirent Walter et le posèrent à côté de Christina. Perrine arriva pour le récupérer.

- Tes parents sont fous d'inquiétude...
- Et toi t'es sacrément crade... sourit tristement Walter.
- Hmph... Tiens, Christina !

Perrine donna le sac en plastique dans le fauteuil avec une bouteille de thé glacé et un sandwich.

- C'est gentil, merci.
- Bon courage. J'te préviens quand tes parents sont là.
- Hm, d'accord !

Perrine et Walter partirent. Perrine soupira.

- Sacrée journée de merde, hein.
- On a l'habitude, nan ? Mes parents sont où ?
- A l'accueil, avec les miens et ceux de Naomi. Ils croient qu'elle est là également.
- Génial. On les évite ?
- Y'a une issue de secours mais je crois pas qu'elle soit accessible aux handicapés… enfin pas aux handicapés normaux.

Walter sourit.

- … mais si je te laisse t'enfuir, je dis quoi aux parents ?
- Que je suis le petit-fils de mon grand-père !

Perrine souffla. Quand elle revint à l'accueil, Walter n'était plus dans la chaise roulante qui était vide.

- Fausse alerte, il a traité une policière de pute et mordu un médiateur, il en a encore pour des heures !

Colin était effaré. Il avait beaucoup couru à priori.

- Mais qu'est-ce que ROLAND a fait de notre fils ???
- Un monstre… geignit Aude, encore traumatisée.

David sanglotait toujours. Perrine regarda son père, peinée. Denis regardait Perrine en se mordillant les lèvres. Firmin dormait avec Dedenne dans les bras.

- Papa, ça va aller…

David regarda sa fille, tout sanglotant qu'il était.

- Tu crois ? Tu crois que ça va aller, Perrine ?

Perrine grimaça. David secoua la tête.

- Ca n'ira plus jamais. Plus jamais !

David enfonça sa tête dans l'épaule de Denis qui le serra dans ses bras. Les parents de Naomi soupiraient.

- Perrine, tu as des nouvelles ?

Perrine inspira.

- Votre fille est au tribunal.

LaBarbara s'étonna. Duncan cligna des paupières.

- Mais allons-y ! Allons-y vite, Duncan !
- Hm… j'espère que votre fils sortira vite des interrogatoires ! souffla Duncan.
- Merci, on… pense que ce ne sera plus très long ! souffla Colin.
- Merci beaucoup… souffla Aude.

Les Kingsley partirent rapidement. Perrine s'assit à côté de ses parents, mutique, attendant son tour.

***

Walter arriva au tribunal. Haydaim le regarda.

- Emmène-moi dedans, j'ai pas mon fauteuil !

Haydaim grommela. Ses cornes étaient couvertes de feuillage vert et fourni. Walter soupira.

- Ça t'apprendra à avoir évolué, hein !

Walter entra dans le tribunal sans trop se faire voir, vu le monde. Il s'assit dans la salle des audiences et rappela Haydaim rapidement.

- Mademoiselle…
- Laissez-moi finir. Je sais que cet homme a un lourd passé criminel derrière lui, mais vous devez comprendre que cette fois-ci, c'est LUI, la victime.
- Et donc vous tenez à le défendre ?
- Et donc je tiens à insister pour que vous lui fassiez justice. C'est important pour un ami à moi. Il m'a fait jurer de tout faire, eh bien soit. Donc, MOI…

Naomi inspira.

- Naomi Kingsley, je me prononce en tant que défense pour monsieur Justin Truce !!

Le principal intéressé lui-même était stupéfait. Le brouhaha se fit dans la salle. Walter inspira, stupéfait. Si Justin comparaissait pour le moins libre, Seth, lui, était carrément attaché et bâillonné sur le banc des accusés, plus loin.

- Silence, SILENCE dans la salle !! Monsieur Truce, acceptez-vous cette défense ?

Justin regarda Naomi qui se mordilla les lèvres. Justin soupira, se leva et fixa de nouveau Naomi qui hocha doucement la tête.

- Oui, je l'accepte.

Brouhaha de plus belle dans la salle. Walter hocha la tête en souriant comme un dément. « Je passe d'une bataille épique à une autre, décidément… quelle journée ! »


***

- C'est vraiment comme ça que ça s'est passé, j'te jure. Le gros truc bien humiliant, genre « Nan, laissez-le, le pauvre… »

Tristan serra les dents.

- Ça craint !
- Ouaip.

Ils se dirigeaient vers chez Wallace.

- J'en menais pas large. Le pire c'est que je sais que j'aurais pu éclater le père de Naomi.
- … tu t'écoutes parler ? sourit Tristan.
- Je sais, ça aurait fait un gros incident diplomatique. Mais au moins, il les aurait laissés tranquilles.
- Il est possible – je me trompe peut-être bien sûr – mais il est possible que Walter et Naomi puissent régler leurs histoires eux-mêmes. J'en suis pas sûr, ceci dit.

Wallace sourit.

- Tu peux comprendre quand même…
- Pas vraiment. C'est ton truc à toi, ça, de voler au secours des gens même quand ils n'en ont pas besoin.

Wallace inspira.

- Je ne suis pas un chevalier.
- Tu n'es pas un lâche non plus. Ce que tu as fait était stupide, rétrospectivement, mais c'était très courageux.

Wallace souffla, les yeux dans le lointain. « On ne trompe personne. Pas même nous-mêmes. »
Tristan détourna le regard. « J'ai peut-être un peu abusé sur le compliment… Mais il a pas l'air de mal le prendre… »

Wallace ne remercia pas Tristan pour sa remarque, elle installa en fait un silence embarrassant. Jusqu'à l'arrivée chez lui.

- Palissade ou porte ?
- Hm… porte. Assez d'entrer comme un voleur.
- Haha, on se sent un privilégié maintenant, hein ?
- … non, c'est juste… normal, d'entrer par la porte chez les gens !

Wallace hocha la tête rapidement.

- Oui, oui, bah oui.

Les deux attendaient comme des idiots à quelques mètres de la porte. Wallace cligna des paupières.

- On… va faire quoi ?
- … je sais pas trop, regarder Game of Thrones ?
- Ca me saoule un peu, pis le nain est en taule, ça devient relou.
- Hm… Mais euh… Il va bientôt sortir pour son procès, ça va te plaire, ça !
- Pffff j'sais pas trop. C'est un peu redondant avec la saison une, nan ? Quand l'autre vieille tarée l'avait emprisonné, là…
- Ah j'avais jamais fait le rapprochement…
- En plus on la revoit, là, dans cette saison…
- On entre et on voit ce qu'on fait ?

Wallace acquiesça et entra d'abord.

- C'est moi.

Margaret arriva, vit Tristan et eut un mouvement de recul.

- Bonjour madame.
- Bonjour…
- On va dans ma chambre, informa Wallace.
- Oui, oui, oui… vous voulez quelque chose ?
- Ça ira, maman.
- Merci, madame Gribble, on vous demandera si besoin.
- Très bien…

Ils entrèrent dans la chambre. Tristan regarda Wallace qui inspira.

- Elle est méga timide.
- Quel scoop ! sourit Tristan.
- Elle va s'y faire, t'inquiète.
- Se faire à quoi ? s'étonna Tristan.

Wallace s'étonna.

- Bah… à tes visites !
- Oui mais… mes visites ça va pas durer éternellement, Wallace, y'a un moment où… on va devoir couper le cordon !

Wallace hocha la tête.

- Hm, oui, je suppose.
- Bah oui… fin…

Wallace continuait de hocher la tête. « Putain j'ai pas envie que t'arrêtes de venir me voir. Mais qu'est-ce qui me prend ? Pourquoi ta foutue compagnie m'est aussi agréable, merde ? »

Tristan regardait la baie vitrée. D'un audacieux pas en avant, il l'ouvrit.

- … ça sent le Feunnec à ce point ??? s'étonna Wallace.
- Nan. Suis-moi.

Wallace s'étonna. Il suivit Tristan. Son cœur se serra quand il aperçut Chartor, Canarticho et Pandespiègle endormis dans le fond du jardin.

- Tristan, mais tu fous quoi ?
- Allez, viens. Face à moi.

Wallace frissonna.

- … nan.
- Allez !
- … pitié Tristan…
- Tu implores ma pitié, là ?

Wallace regarda Tristan qui était ferme.

- Tu dois le faire, Wallace.
- … même pour toi, je…
- C'est pas pour moi que tu le fais, c'est pour TOI ! Nova !!

Skitty apparut. La créature miaula doucement. Wallace inspira.

- J'peux pas.
- C'était le Pokémon de compagnie de mes parents.

Wallace regarda Tristan qui était ferme et stoïque.

- Et Apple, mon Krabboss, le Krabboss que j'ai fait évoluer contre ce champion d'arène à tes côtés, aux côtés de Manternel…

Wallace sentit les larmes revenir.

- … c'était le lave-vaisselle de ma mère.
- … putain…
- Je les ai pris avec moi pour qu'ils ne soient pas relâchés dans la nature. Du coup, Katana, mon Ossatueur, a été le premier Pokémon que j'ai attrapé, encore une fois à tes côtés.

Wallace plissa les yeux.

- Où… tu veux en venir ?
- Que tu peux réapprendre à te battre à mes côtés. Sors Pepsi.
- …
- Allez, Wallace. Prends la Pokéball.

Wallace grommela.

- L'impression que tu causes à un foutu putain d'handicapé, merde !!!
- Walter est un foutu putain d'handicapé, toi, t'es juste en état de choc. Faut t'en sortir. Par la force, même. Faut que tu réapprennes à vivre, et vivre, c'est…
- Gnnn…
- Vivre c'est utiliser tes Pokémon comme un homme, comme l'homme que tu es et que j'aime.

Wallace regarda Tristan qui balbutia.

- … que j'ai aimé. Tu… n'es plus que l'ombre de toi-même, sans tes Pokémon !
- … ne... n'abuse pas !
- Quoi, c'est la vérité !
- N'abuse pas, Tristan.
- Regarde-toi, tout apeuré à l'idée seule de sortir ton Tiplouf !
- Tu comprends pas, putain, j'ai toute une histoire avec…
- ET QU'EST-CE QUE JE VIENS DE TE RACONTER, PAUVRE TRUFFE ???

Wallace sortit Tiplouf de sa Pokéball. Pandespiègle, Chartor et Canarticho se relevèrent, stupéfaits. Tiplouf regarda Wallace, confiant, prêt à en découdre.

- ECRAS'FACE !

Tiplouf frappa Skitty qui esquiva d'une pirouette.

- Trop faible. Tu me ménages.
- Je peux pas le frapper ! J'vais lui faire du mal !
- C'est le but.
- Non !
- Il ne le frappera jamais à mort. Nos Pokémon maîtrisent leurs forces.
- Je sais pas si j'peux !!
- Mais si, tu peux !

Tiplouf essayait de donner des coups de patte à Skitty mais le Pokémon esquivait avec aisance.

- Tu limites tellement tes coups que Skitty a presque l'air d'un monstre à côté de ton Tiplouf !
- Putain…
- Allez, Wallace ! Je sais ce que tu peux faire, mieux que personne !
« Arrête… mais arrête ça… »
- Frappe mon Skitty !
- …
- Allez ! Nova, attaque Torgnoles !!

Skitty frappa Tiplouf qui se retrouva vite submergé. Wallace serra les dents.

- Putain, putain, putain…
- Tu cherches une attaque ?
- Non, je…
- Tu ne veux pas blesser Skitty ? Tu ne le blesseras pas. Tu as appris, tout petit, à attaquer sans blesser.

Wallace ferma les yeux. « Il ne s'agit pas de retenir tes coups, juste d'apprendre à ton Pokémon à ne plus frapper comme un Pokémon sauvage, mais comme un Pokémon civilisé.

Wallace regarda son oncle qui hochait la tête. Le petit Wallace observa Larveyette.

- Mais… ça reste un Pokémon, sauvage ou pas. Quand il mord, ses dents font mal à l'adversaire !
- Oui mais Larveyette n'ira jamais jusqu'à essayer de le manger. Tu comprends ? Tu donnes à ses attaques une direction qui tend plus vers le combat, moins vers l'usage naturel qu'il en fait. Tu comprends ?

Wallace hocha la tête. »


Wallace serra les dents alors que Tiplouf était assailli.

- J't'ai menti, oncle Jeff… marmonna Wallace.

Tristan fit mine de n'avoir rien entendu. Il observait Skitty avec confiance.

- J'ai jamais compris. J'me suis contenté d'attaquer sans vraiment réfléchir, sans vraiment songer à ce que ça pouvait faire qu'il attaque à l'état sauvage ou à l'état de Pokémon capturé…
- Nova, attaque Damoclès.

Skitty recula et se dirigea vers son maître. Tiplouf était un peu sonné.

- … j'ai été négligent, avec moi-même et avec mes Pokémon…

Tristan se mordilla les lèvres. « C'est quitte ou double, soit il reprend ses instincts de dresseur, soit il replonge… J'ai été dur, mais… il faut l'être, parfois, même avec ceux qu'on aime, je suppose ?! »

- … mais…

Skitty tourna derrière Tristan et fonça plus vivement vers Tiplouf. Le Pokémon semblait apeuré.

- … c'est terminé. Bulles d'O.

Tiplouf attaqua Skitty. Le Pokémon roula pour esquiver l'attaque. Se projetant avec sa queue, Skitty sauta et se jeta à corps perdu vers Tiplouf.

- Ecras'Face !!

Tiplouf contint l'attaque de Skitty, le repoussant de vifs coups de patte. Tristan sourit en hochant la tête.

- Contrer une attaque forte avec une attaque faible…
- Effet de surprise, maximisation de la technique, Pokémon plus robuste et plus confiant envers ses plus puissantes attaques.
- C'est un dérivé de Technicien.
- J'adore ce talent à la con, c'est bête que j'aie jamais pu avoir un Pokémon qui l'avait.
- Câlinerie !

Skitty s'éloigna de Tiplouf et se jeta sur lui pour lui faire un gros câlin.

- BWAAAH !!! NON MAIS TU FAIS QUOI LA ???
- J'lui ai appris cette attaque, mais…

Skitty ne faisait aucun dégât à Tiplouf.

- … visiblement très mal !
- … c'est… un peu embarrassant…
- J'comprends, oui… arrête, Nova.
- Si tu veux je t'aiderai à la perfectionner.

Tristan hocha rapidement la tête.

- Pour l'heure, Ecras'Face !

Tiplouf repoussa Skitty le violeur.

- Et Bulles d'O !

Tiplouf frappa Skitty d'un coup franc et net. Skitty retourna vers Tristan qui le prit dans ses bras.

- Bravo ! Bien joué !

Wallace regarda Tristan, tout content.

- C'était cool !
- N'est-ce pas ! Tu vois, ça fait du bien !
- Ouais, grave ! Putain si seulement je l'avais fait cet aprem…
- Tu l'as fait là, c'est cool !
- Ouais. Ouais…

Wallace regarda Tristan. Tristan observa ces yeux magnifiques, et il lui sembla qu'il avait toujours voulu qu'ils se posent sur lui de cette façon.

- Merci, Tristan. Vraiment, je… Je sais pas ce que j'aurais fait sans toi, depuis tout ce temps…
- C… C-c-c'est rien, tu sais, je…
- Je parle pas seulement de ces trois derniers mois…

Tristan rougit. Wallace détourna le regard.

- Ecoute, plutôt que de rester à glander ici, ça te dit qu'on aille dîn…

Tiplouf se mit à luire. Wallace le regarda, choqué.

- Hein ?! Putain…
- Oh…

Tiplouf grandit, grandit, sous les yeux ébahis de ses camarades qui s'avancèrent. Wallace les regarda tous les trois. « Ah oui, c'est vrai… »

Tiplouf devint un magnifique Prinplouf.

Enfin, Magnifique…

- MAAAAAMAAAAAAN !!! PUTAIN ! T'AS PAS DONNE DES PRO STASES A MES POKEMON !!! MERDE !!! MAIS BORDEL !!!

Prinplouf, tout content, regarda Tristan qui souriait, gêné.

- Une… part de moi est contente pour toi, une part de moi… a envie de t'étrangler ! ricana Tristan, un peu sur le cul.

Prinplouf s'étonna, mais Chartor, Canarticho et Pandespiègle l'acclamèrent, ravis pour lui.

- M'ENFIN MAMAN C'EST PAS COMPLIQUE, T'EN DONNES A AXOLOTO, TU PEUX BIEN EN DONNER A MON TIPLOUF, MERDE !!!
- Vous lui direz que je suis désolé de faire ça, hein…

Tristan emprunta la planche branlante de la palissade et se mit à courir pour rejoindre son immeuble. « Putain… »

A mesure qu'il courait, ses yeux s'emplissaient de larmes. « Pourquoi je m'enfuis, alors que c'est le moment que j'attendais depuis tout ce temps ?! »

Tristan s'arrêta au croisement, celui qui menait soit à l'école, soit à sa rue. « Bon sang… mais où va-t-on ? Et pourquoi est-ce que j'ai aussi peur ? »

Tristan se retourna, se demandant ce que Wallace pouvait penser de lui en ce moment. Il soupira de sa propre bêtise et prit le chemin de son chez-lui.