Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le Projet Wallace de Domino



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 22/02/2015 à 13:46
» Dernière mise à jour le 22/02/2015 à 23:29

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
083 - Colère
« La normalité est un leurre. Le quotidien de l'araignée, c'est le chaos de la mouche »
(Morticia Adams)o

« Combien de fois il est en train de me traiter de connasse dans sa tête, là ? »
(Quinn à propos de Francis,
Après leur premier baiser dans un flashback du chapitre 16 : Absence de Prof partie 2)

« Je me fous de tes détresses
Comme de tout et comme du reste »

(Mylène Farmer, Optimistique-moi)



Il se réveilla, bougon. Mal embouché. Il hésitait à se relever puisqu'il se trouvait dans une voiture. Il se demandait cependant avec qui. Son dernier souvenir tangible, c'est d'avoir donné ce coup de poing dont il n'était pas peu fier. Il se rassit péniblement et constata qu'il y avait un siège enfant avec lui, contenant un petit bonhomme d'à peine un an et demi. Il le regarda, surpris.

- Mettez votre ceinture de sécurité, sinon vous allez lui donner le mauvais exemple !

Francis s'étonna des mots qui émanaient du conducteur, un homme plutôt trapu mais qui semblait sensé et très éveillé. Brun, la coiffure peu organisée, son reflet dans le rétroviseur dévoilait un regard morne mais une bonne bouille cependant.

- Faites ce qu'il dit sinon on n'est pas sortis de l'auberge.

Francis s'étonna. La passagère était une ravissante femme rousse magnifique, belle, bien maquillée, toute de rouge vêtue.

Il sentait légèrement le brûlé, fumait un peu et avait une belle atèle au poignet, et ça n'était pas étonnant en fait. Il se souvenait de tout : Le toit de l'école, la détresse de Quinn, la folie d'Orson, les géants, la dame en noir, le métal, la Méga Gemme, le monde en dessous. Les risques insensés qu'il avait pris. Tout ça pour au final entendre Roland Smirnoff dire ce qu'il avait à dire. Et Francis de prendre les décisions qui s'imposaient. De partir. D'être récupéré par ces deux-là, assommé et pouf, ici.

- Vous m'emmenez où... ?! se hasarda-t-il à demander.

Arlène Rhodes poussa un gros soupir qui semblait vouloir dire « Tu sais parfaitement où on t'emmène ». Dimitri Corbin, qui adorait répondre aux questions, même les plus idiotes, laissa libre cours à sa parole.

- Eh bien monsieur Zuckerman, on peut dire dans un premier temps que nous vous éloignons de Roland Smirnoff puisque autant les autres ont juste menacé de le tuer, autant vous...

Francis regarda son poing qui lui faisait encore mal.

- ... et putain, je recommencerai... marmonna le jeune homme.
- Nous n'interviendrons pas non plus pour cette éventuelle seconde tentative.
- Dans un second temps, nous allons essayer de réparer ses... enfin, nos torts.

Francis haussa les sourcils.

- Vraiment ?
- Eh bien oui. Cependant cela signifie également vous éloigner de vos camarades.

Francis se mordilla les lèvres.

- Quinn et Lucy comprendront... En laissant de côté mon différend personnel avec cet enfoiré de fils de pute, je sais pas si je dois vous remercier pour votre aide dans ce conflit ou vous frapper vous aussi pour votre degré d'implication...

Dimitri serra les dents.

- Je conduis et Raphaël est à bord ! Ne me frappez pas !
- Nous comprenons votre colère, elle est légitime, mais nous avions nos raisons.
- Elles étaient forcément très connes... grommela Francis.
- Les raisons de Roland étaient très connes. Les nôtres, surtout celles de Dimitri, étaient respectables.
- Ah oui ? Vous avez laissé faire et c'était respectable ?! Putain, j'aurais tout vu et tout entendu, aujourd'hui...

Dimitri soupira.

- Un jour vous comprendrez...
- Si vous pouviez m'expliquer vos raisons si respectables...

Dimitri soupira.

- Je voulais que Raphaël puisse voir plus souvent son parrain...

Francis plissa les yeux face à tant de sincérité, tout en regardant le petit.

- ... et également pouvoir retrouver mes amis. Etre libre. Ce qu'on a fait... était mal, et franchement si je pouvais m'excuser auprès de tous vos amis, je le ferais, quitte à m'excuser pour Maître R... pour Roland, mais... Si on ne le faisait pas maintenant, on était prisonniers à tout jamais.

Francis soupira.

- Un jour peut-être, on comprendra...
- Mais oui. Vous êtes des enfants intelligents, on ne se fait aucun souci pour vous... marmonna Arlène.

Francis soupira et laissa la voiture le mener. Il regarda Raphaël qui essayait de manger sa chaussette. Il regarda le pare-brise.

- J'espère que je n'aurais pas de soucis à cause de ma fuite.
- Probable que si. Mais si une de nos hypothèses se confirme, ces interrogatoires seront inutiles et/ou on pourra arranger les choses pour vous !
- Quoi qu'il en soit, la mission de Roland se perpétue tant que Truce n'est pas en prison, nous sommes tenus de veiller sur vous.

Francis haussa un sourcil. La voiture fut prise dans un joli embouteillage.

- Han non...
- J'vous l'fais pas dire... soupira Dimitri.
- Et zut, on va être obligés de parler... soupira Arlène.


***

- Francis ?

Quinn le regarda. Il déambulait dans la cuisine.

- J'te sers quelque chose ?

Ses traits étaient tirés. Elle le sentait à bout. « Bon sang. Il est à la fois terriblement beau et horriblement inquiétant... »

- Francis, tu vas bien ?
- Non. Tu veux quelque chose à boire ? J'ai de l'eau.

Quinn serra les dents. Voyant son manque de réponse, Francis haussa les épaules, se servit un verre d'eau et l'avala cul-sec comme si l'avenir de sa gorge en dépendait.

- Francis...
- Tu as déjà posé la question, je t'ai répondu non, je ne peux pas te répondre autre chose que ce que je t'ai déjà répondu.

Quinn hocha la tête, toute honteuse. Francis s'assit à sa table. Quinn se mordilla les lèvres et s'assit à son tour en regardant Francis. Elle était encore bien crevée de son petit somme dans la cage d'escalier, mais probablement rien à côté de ce que Francis pouvait traverser en ce moment.

- ... Qu'est-ce qui s'est passé ?

Francis inspira mais il consentit rapidement à répondre.

- Ca fait quelques semaines que je jouais au chat et à la souris avec les services sociaux... qui se faisaient de plus en plus pressant ces derniers temps sans raison apparente... J'faisais tout bien, Quinn. Même Hélionceau, je suis arrivé à gérer. Mais ils persistaient à vouloir faire une visite. J'voulais pas, j'flippais, j'ai deux trois factures en retard, ça fait deux semaines qu'on n'a plus de gaz, mais Jodie était propre, était... habillée... J'avais un peu de mal à faire une laverie par semaine, ok... Mais elle était propre et elle mangeait bien !

Quinn regardait Francis, attentive mais désespérée. « C'est LA situation à laquelle JE ne voulais pas être confrontée. »

- Pis... au bout d'un moment ils sont venus par surprise, et... Et là ça a été la catastrophe... L'appart est dégueu, la chambre de la petite... c'est à peine une chambre... Moi bon, j'dors sur le canapé mais c'est normal, ça... Et pis...

Francis se mit à pleurer.

- Et pis là ils me disent que ma tante... a fait plusieurs appels du pied pour reprendre la petite... Et du coup je suis pas le gardien légal... Enfin tout un tas de merdes... Là j'ai passé la journée au centre social pour négocier la reprise... J'ai fait un scandale d'enfer, j'les ai fait fermer à vingt heures, c'est la police qui m'a fait sortir...

Quinn grimaça.

- Putain, j'ai perdu Jodie, Quinn ! J'ai perdu la garde de ma petite sœur !!

Il explosa en sanglots et se réduisit aussitôt à une masse minable et informe vagissant sur la table. Quinn l'observa, tétanisée. « Je ne peux pas l'aider à assumer ça. J'en suis incapable. Je ne veux pas m'impliquer là-dedans, c'est son truc avec sa sœur, je ne veux pas m'y glisser, c'est PAS mon souci à moi, c'est LE sien. »

Francis pleurait comme un nouveau-né. Quinn regarda à droite et à gauche. « Putain je dois avoir l'air tellement conne et égoïste. Salut, je suis Quinn Greyson, je suis amoureuse de Francis Zuckerman mais je refuse de m'investir dans ses problèmes parce qu'ils ne sont pas les miens. J'imagine le mariage plus tard. Vous vous chérirez dans la richesse et la pauvreté, la santé et la maladie. Et moi Euuuuh Nan nan, on verra au cas par cas parce que... Mes problèmes c'est mes problèmes, ses problèmes c'est ses problèmes. Voilàààà »

Francis regarda Quinn, les yeux rouges, cernés et la mine suppliante.

- J'ai besoin de toi, Quinn ! Aide moi !
« Mais euh comment tu veux ! »
- J'sais pas, tes parents sont avocats, ils pourraient pas...

Quinn balbutia. « Nan mais quoi ?! C'est à peine j'arrive à les mobiliser pour faire les courses et il veut que je leur demande du conseil juridique ?! »

- J'sais pas, j'vois plus de solutions, j'ai essayé tout ce que j'ai pu...
- Francis, calme-toi...
- Ma petite sœur, putain, j'lui avais juré qu'y aurait pas de problèmes, que tout irait bien... J'suis vraiment un grand frère de merde...
- Mais non...
- Ca fait presque trois ans que je me démène pour elle...

Quinn haussa les épaules.

- Au moins tu vas pouvoir souffler !

Francis regarda Quinn comme si elle venait de dire « Mais tu sais, manger son caca, c'est très diététique ! »

- ... oui enfin j'veux dire, elle est placée maintenant, et chez quelqu'un de ta famille, c'est pas comme si...
- Tante Eliane ne sait pas ce qui est bon pour Jodie ! C'est la sœur de ma mère, ça veut dire que ma mère va pouvoir revoir Jodie ! Et ça je veux pas, elle est pas bonne pour Jodie, faut pas que Jodie la revoie...

Quinn serra les dents. « Psychopaaaaathe... »

- Merde... papa aussi va pouvoir la revoir... encore qu'aux dernières nouvelles il est en Allemagne avec sa nouvelle pouffe...
- Francis, calme-toi, ça va aller, n'en fais pas tout un drame, Jodie est en sécurité, elle n'est pas dans une fosse nourrie de pignons de poulet !

Francis secoua la tête.

- Mais c'est ma petite sœur, c'est à moi de m'en occuper. Mes parents sont de gros irresponsables, c'est moi le pilier de la famille, c'est à moi de tout faire pour que Jodie soit bien...
- Ou pas... Tu n'as que dix-huit ans !
- Mais qu'est-ce que tu veux dire à la fin... ?
- Que la situation est peut-être juste enfin normalisée, un jeune homme de ton âge n'avait pas à s'occuper d'une enfant ! Tu comprends ? Que ta mère soit inapte, que ton père soit stupide, ok, mais tu n'avais pas à assumer cette charge dès le départ...

Francis agita la tête.

- J'étais prêt à le faire et je l'ai fait et ça marchait très bien !
« Parle à un muuuur... » songea Quinn, frustrée.

C'était typiquement pour ça qu'elle détestait s'investir dans les problèmes des autres, elle avait le sentiment que ses efforts pour rasséréner autrui étaient vains. Pis, qu'on ne l'écoutait pas. Et ça la faisait enrager. « Mais écoute-moi bordel, j'essaie de te donner un conseil, pourquoi tu fais comme si je parlais dans le vent ? Merde ! »

- J'sais plus quoi faire...
- Déjà, reviens à l'école demain, ça te fera du bien.
- Nan, je dois aller chez ma tante pour lui reprendre Jodie.

Quinn haussa les sourcils.

- Nan mais ça va pas ?
- Elle est pas apte à l'élever.
- Parce que toi tu l'étais ?

Francis se leva.

- J'ai fait tout ce que j'ai pu, Quinn ! J'en ai pris soin pendant trois ans !!
- Je sais ça mais Francis, tu es à peine un adulte !
- Je suis un adulte, je suis très responsable, je m'occupais bien de ma sœur !
- Je ne dis pas le contraire, juste que c'était peut-être trop pour un simple étudiant !

Francis soupira.

- Tu peux pas comprendre. Ta vie à toi est simple.

Quinn leva les yeux au ciel. « Paye ton argument à deux balles »

- Justement j'ai une vie normale d'étudiante normale. Si tu avais eu une vie normale d'étudiant normal, ta sœur aurait été chez ta tante dès le départ.
- Mais je pouvais pas avoir une vie normale, dès le début j'ai pas eu une vie normale. Mère bipolaire, père qui s'en fout... Quinn !

Quinn se leva face à Francis qui la regardait, désespéré. Elle soupira.

- Je sais pas quoi te dire !
- Tu viens avec moi demain chez ma tante ? A deux on arrivera peut-être à la convaincre.
- Ca servira à rien...
- Si tu veux j'y vais après l'école, si ça peut te rassurer...
- Tu vas juste te disputer inutilement avec ta tante !
- En plus ça va faire changer Jodie d'école, elle va perdre tous ses amis... geignit Francis.

Quinn n'était pas stupide.

Ou peut-être que si.

Toujours est-il qu'embrasser Francis à ce moment-là était – et avec le recul, restera – l'idée la plus stupide qu'elle ait jamais eue spontanément parlant. Elle en avait envie, c'était un fait indéniable, lui se laissa modérément faire au début, mais petit à petit le sentiment d'avoir fait une connerie envahit Quinn.

Probablement la rigidité de Francis au bout de quelques secondes. Elle recula et le regarda. Son visage boursouflé et ramolli par la tristesse se durcit d'un coup, et son regard s'aiguisa, et Quinn n'avait jamais été regardée avec autant de fureur et de haine.

- Sors d'ici tout de suite.
- P... Pardon Francis...
- Tu dégages, maintenant.
- Je... Je savais pas quoi faire d'autre...
- C'est TOUT CE QUE TU TROUVES A FAIRE ???

Quinn serra les dents.

- JE VIENS DE PERDRE LA GARDE DE MA PETITE SŒUR, JE SUIS AU FOND DU TROU, JE SAIS PLUS QUOI FAIRE ET TOI... MAIS PUTAIN CA FAIT TROIS ANS QUE J'AI ENVIE QUE TU M'EMBRASSES A NOUVEAU ET A CHAQUE FOIS QUE TU LE FAIS C'EST PARCE QU'IL S'EST PASSE UN TRUC MEGA CRAIGNOS AVANT, MAIS MERDE C'EST QUOI TON PUTAIN DE PROBLEME ???

Quinn eut un net mouvement de recul.

- C... Putain, je t'aime, mais... Mais merde, c'est comme si... Mais nan, C'EST CA, MAINTENANT QUE JODIE EST PLUS LA, LA VOIE EST LIBRE !
- Francis...
- T'ES VRAIMENT QU'UNE SALE PUTAIN D'OPPORTUNISTE DE MERDE !! T'EN AS RIEN A FOUTRE DE MOI ET DE MES HISTOIRES, TOUT CE QUE TU VEUX C'EST UN MEC SANS PROBLEMES POUR TE RECONFORTER QUAND CA VA PAS ! « Oh bah voilà ta sœur est placée, on va pouvoir sortir ensemble maintenant ! » MAIS PUTAIN QUINN, GRANDIS UN PEU, MERDE !!!

Quinn se dirigea vers la porte.

- GRANDIS ! CASSE TOI ! SORS ! VA GRANDIR UN PEU, PUTAIN !!!!
- J'suis désolée...
- TU L'ES PAS, TU T'EN TAPES, T'ES QU'UNE SALE PUTAIN D'EGOISTE !!! J'TE SOUHAITE DE TE FAIRE RENVERSER PAR UNE VOITURE, COMME CA JE VIENDRAIS TE VOIR A L'HOSTO ET JE DIRAIS « Putain c'est con ! Bon, on se revoit quand t'es guérie, c'est pas comme si t'avais besoin de soutien, là, hein ! »

Quinn ouvrit la porte.

- Francis, j'te demande pardon, vraiment...
- MAIS ARRETE TON CHAR... TU T'EN BATS LES COUILLES... DEGAGE !

Quinn sortit, pétrifiée. Dans l'appartement, Francis s'agitait, criait des injures et balançait des trucs. Quinn respira fort. « Pauvre conne, pauvre conne, pauvre conne, pauvre conne !!! »

Elle pleura un peu, hésita à rester devant la porte, se fit une raison, partit, déambula comme une demeurée dans la rue, oscillant au milieu de la route comme pour réaliser le souhait de Francis.

Et Dieu, qu'elle se sentait cruche.

***

Au lendemain, quand il se réveilla, il ignorait complètement où il se trouvait. Et puis ça lui revint. Il se releva, aperçut une paire de fesses enfilant un boxer. « Oulala, oulala, oulala... » Il replongea sur sa couche et espéra être aussi crédible que possible en faux dormeur. On approcha de son lit pour mieux lui tapoter l'épaule.

- Debout, y'a école.

Tristan ouvrit les yeux de façon aussi fatiguée que possible.

- Mmmm... Faut que je rentre...
- Ca va pas, nan. Tu vas déjeuner et on va partir ensemble.
- J'ai même pas de change...
- J'peux t'prêter des trucs.

Tristan s'assit dans le lit de camp. « Oh bah oui c'est tellement simple. Prête-moi donc des trucs. On n'est plus à ça près. »

Wallace tendit un caleçon, des chaussettes et un t-shirt à Tristan.

- Tiens. J'pense que ça t'ira, c'est des trucs que je mettais y'a un an, un an et demi.

Tristan agita la tête.

- Merci... J'te rends ça dès que possible.
- Genre a l'école, style « V'la les fringues que j'te dois » ?! Ca va faire jaser...

Tristan sourit. Oui, c'était le moins qu'on puisse dire.
Mais plus dure serait la suite.

***

- Je suis absolument désolé madame Gribble, je comptais pas m'incruster ainsi à votre petit déjeuner...

Margaret secoua la tête, légèrement retombée dans son mutisme de gêne. Carl observait son fils et Tristan. Wallace regarda son père.

- On est juste amis, Tristan est dans ma classe, vous vous rappelez de lui, au tournoi !

Carl acquiesça.

- J'disais rien, j'disais rien.
- Ta sœur n'est pas levée ? s'étonna Tristan en chuchotant à Wallace.
- Lindsay n'habite plus ici, à cause de ses études, marmonna rapidement Margaret.

Wallace plissa les yeux, sentant la gêne de ses parents, mais il la comprit, la percevant un peu lui-même, et se tut donc.

- Tu aimes les œufs au plat, euh...
- Tristan, madame.
- Tristan.
- Oui oui, merci.

Margaret acquiesça et s'activa en cuisine. Tristan regarda Wallace, quelque peu embarrassé. Il agita une main qui se voulait rassurante.

- Et donc... Pourquoi hier t'es pas entré par la porte, genre... comme les gens normaux ? demanda Carl.

Tristan grimaça. Wallace inspira.

- J'avais besoin de voir Tristan rapidement et je voulais pas que vous ayez l'impression que... j'appelle un infirmier à la rescousse.

Tristan agita la tête, pas très satisfait. Il regarda Carl.

- Je... suis désolé, monsieur Gribble, une... mauvaise habitude que j'ai quand je viens visiter Wallace.
- Va VRAIMENT falloir que je me décide à réparer cette planche. Quand tu dis un infirmier, tu parles de quoi au juste ?!

Wallace haussa les épaules.

- Quoi je parle de quoi ?!
- Bah t'as dit « J'appelle un infirmier à la rescousse »...
- ... oh ! Après la visite du gars de l'agence, j'avais un peu le cafard, j'ai appelé Tristan pour qu'il vienne me remonter le moral.

Tristan devint tout rouge. Margaret en lâcha sa spatule. Carl regarda les deux adolescents, quelque peu choqué. Tristan agita les mains.

- En tout bien tout honneur ! On a regardé des séries !
- Oh faut pas te justifier, gamin, on a l'habitude que notre fiston invite des gens de façon inopinée comme ça pour... se remonter le moral.
- Han putain... grommela Wallace.

Margaret leva les yeux au ciel.

- C'était pas ce que vous pensez du tout. Et j'ai dormi sur le lit de camp ! grommela presque Tristan.

Carl regarda Wallace qui soupira.

- Tu crois vraiment que j'ai la tête à ça ?!
- J'sais pas, ces deux dernières années c'était plutôt volcanique...
- Oui bah là excuse-moi, j'suis absolument pas d'humeur, premièrement, et Tristan est juste un ami, deuxièmement. Mais je suis content que tu t'intéresses à ma carrière de prostitué !

Margaret lâcha tout et recula de devant ses fourneaux. Tristan grimaça et regarda Wallace.

- Ne sois pas si vulgaire devant ta maman !

Margaret et Carl regardèrent Tristan, surpris. Carl leva les mains.

- Ok, ok. Je croyais que tu avais repris du poil de la bête, moi...
- Pas de ce point de vue, du moins. Mais ça va un peu mieux, merci de demander... même de cette façon...

Margaret servit le petit déjeuner.

- Merci madame.
- Merci m'man.

Margaret s'assit, secouée alors qu'il était à peine 7h30.

- Vous faites quoi dans la vie ? demanda Tristan à Carl.

Le père de famille, qui allait manger un bout d'œuf et de bacon, haussa les sourcils.

- C'est sérieux ? Il est sept heures trente, je déjeune et tu m'interroges ?
- C'est juste pour faire la conversation...
- Généralement on parle pas à table ici... marmonna Wallace.
- Ce n'est pas vrai, Wallace. Carl est inspecteur de sécurité dans les centrales du secteur, et je... suis pigiste en freelance.

Tristan acquiesça.

- Vous faites quoi, charbon, solaire, pétrole ?
- ... un peu de tout... marmonna Carl. J'ai une spécialisation pour les énergies fossiles...

Wallace haussa les sourcils. « Tiens, j'savais même pas. »

- D'accord. Et vous, pigiste en freelance... vous écrivez pour des journaux ?
- Archives, somma Margaret comme pour se débarrasser.

Tristan sembla impressionné.

- Vous êtes un pagelier ! C'est méga cool !
- Probablement...
- Vous participez au plus grand projet littéraire de Poképolis, c'est génial ! J'avais posé ma candidature mais je vais encore à l'école donc j'ai été refusé...
- Oh.
- Je suis désolé si ma présence vous incommode... marmonna Tristan.

Carl et Margaret secouèrent la tête.

- Et euh... tes parents à toi, ils font quoi ? demanda Carl.

Tristan inspira. Wallace se frappa le front.

- Ma... tante est commerciale, elle vend des Tupperware.

Carl et Margaret hochèrent la tête. Carl allait dire autre chose mais Wallace et Margaret l'en empêchèrent.

***

- Je les ai embarrassés... soupira Tristan.
- En fait, tu as fait péter leur fusible. T'étais pas un plan cul et du coup ils ont pas su réagir à table. C'était assez marrant !
« Parle pour toi, moi je me chiais dessus... »
- J'crois que ma mère t'aime bien.
- Mouais... J'sais vraiment pas trop. C'est important ?
- Si tu dois revenir, ouais !

Tristan leva les yeux au ciel. Ils faisaient le chemin ensemble, et un silence un peu embarrassé se mit en place. Il ne démordit pas jusqu'à l'arrivée à l'école.

Arrivés, Wallace regarda Tristan qui sembla gêné.

- Je... vais rejoindre mes potes.
- Ok, je vais rejoindre les miens. Côte à côte en Technique ?

Tristan inspira et hocha la tête.

- Ouais, ouais, pourquoi pas...
- Pour ce midi... on verra.
- Hm, voilà. A toute.
- Hm.

Tristan s'éloigna promptement. « Et voilà, les choses sont devenues gênantes. Je savais que ça arriverait. Dormir chez lui, mais quel idiot je fais ! »

Wallace inspira. « Je l'ai peut-être un peu trop accaparé, il a besoin d'espace. Boh, j'comprends. »

Tristan trouva ses amis. « Tu leur dis RIEN, tu fais comme si tu avais dormi chez toi ce soir ! »

Il se rappela qu'il avait un téléphone. Il regarda l'engin. 13 messages. 3 de Tino, 2 d'Orson, 2 de Benjamin, 5 de sa tante, un de l'école. « Han la vache !! »

Il regarda Orson et Benjamin qui discutaient sérieusement, apparemment.

- Heeeey ! Ça va ?
- T'étais où hier ?!
- Euh je... Wallace m'a appelé... « Inutile de leur mentir... »

Orson et Benjamin soufflèrent, moitié rassurés moitié atterrés.

- Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?!
- On a été attaqués... souffla Benjamin.
- Plus exactement on est tombés par hasard sur Direction Dresseurs qui voulait nous voler un truc et qui a réussi à nous le voler !

Tristan haussa les sourcils.

- C'est sérieux ?!!

Lucy acquiesça devant une Quinn mystifiée.

- Les autres arrêtaient pas d'en parler à la médiathèque. Ils étaient quatre. On a tout essayé pour les stopper mais ils étaient trop préparés.

Quinn s'étonna.

- Et euh... Rien, j'veux dire, aucun prof n'est intervenu, rien ?
- Quinn...
- Excuse-moi, j'ai autre chose à penser ce matin...

Elles virent arriver Francis. Lequel semblait noir comme du café.

- Salut Francis... marmonna Lucy.

Pas de réponse. Passage en coup de vent. Lucy s'étonna et regarda Quinn qui semblait au bord des larmes.

- Oh toi...
- Ta gueule... soupira Quinn.
- Toi...
- Il a perdu la garde de sa sœur !
- Putain t'as dû tellement t'en prendre plein la gueule !! souffla Lucy.
- Oh ça va !!! geignit Quinn, attristée.

Lucy soupira.

- Tu l'as embrassé, c'est ça ?
- MAIS QUOI mais comment t'as deviné ?!
- Y'a rien que tu aurais pu dire qui l'aurait mis dans un état pareil, et je te connais, tu es une femme tactile, pas une bavarde !

Quinn gifla Lucy comme par réflexe. La petite chinoise regarda son amie, stupéfaite. Quinn se mit à pleurer et partit en courant. « Bah merde alors... merde... »

- Moi je me suis endormi... geignit piteusement Orson.
- Moi j'ai donné l'alerte... soupira Benjamin.

Tristan serra les dents.

- J'suis désolé de pas avoir été là...
- C'est pas comme si t'aurais pu faire grand-chose... marmonna Orson.
- Nan, clairement, on a tous été dépassé, même Tino... surtout Tino...

Tino arriva justement avec Christina. Il regarda Tristan.

- Ils viennent de me le dire...
- Hm. Question, tu crois que c'est le moment d'en parler à Wallace ?

Tristan s'étonna.

- Euh... c'est-à-dire ?
- S'ils reviennent, faut qu'on soit prêts et le seul moyen qu'on a d'être prêts, c'est qu'il nous dirige. Ça me tue de l'admettre.
- On en a discuté pendant une heure au téléphone hier ! admit Christina.
« Et ça a interrompu son documentaire du jeudi soir... » songea Tristan.
- Et ça a interrompu mon documentaire du jeudi soir, mais passons. Ce que je veux dire c'est que là, ils étaient juste quatre, si tout le monde rapplique...
- J... je crois pas qu'on en arrivera là, Tino... admit Tristan.
- Tu sais pas le pire ! La directrice de campagne de Justin Truce était de la partie, c'est Sophia Dawn, tu sais, l'examinatrice qu'on a eu aux examens ! glapit Christina.

Tristan regarda Christina comme si elle parlait de ses prouesses à Tetris.

- Euh... c'est... possible, oui.
- Essaie d'en glisser un mot à Wallace ! somma Tino.
- Euh bah ok... ok ! sourit Tristan.
- On y va ? demanda Orson.

La petite troupe s'avança. Tristan prit Tino à part.

- Toutes mes condoléances.
- C'est rien, j'ai pu enregistrer le documentaire. Elle prend les choses trop à cœur.
- Dis-lui que tu as besoin de temps...
- Benjamin !

La troupe regarda Lucy qui semblait embarrassée.

- J'ai besoin de parler avec Benjamin.

Le petit juif acquiesça et quitta la horde qui continua d'avancer.

Wallace s'étonna.

- Une attaque ?!
- En quelque sorte. Naomi est furieuse, un ancien collègue de son père était impliqué... souffla Walter.

Wallace le poussait sur la rampe histoire d'en savoir plus.

- Oh. Pas de blessés ?
- Nan mais une sacrée réput' de merde vis-à-vis des autres élèves des autres classes de troisième année. Si tu avais été là, on aurait pu peut-être...

Wallace ricana à moitié.

- Bah voyons. J'suis pas foutu de regarder mon Canarticho dans les yeux et je devrais vous coacher contre les vampires ? Démerdez-vous, bande de sous-Buffy.
- Wallace, les autres te portent en haute estime pour ce qui est des tactiques de guérilla.
- Robbie est mon état-major. Il prend les décisions en mon absence.
- Il a fait de son mieux mais il s'est fait laminer. Tout comme Christina. Tout comme Tino. Tout comme Benjamin.

Wallace soupira.

- En l'état actuel, je suis à peine motivé pour aller en cours.
- Va falloir te ressaisir et vite. Parce qu'eux, ils vont pas t'attendre.

Wallace hocha la tête, décontenancé. Walter soupira.

- Je sais que j'ai le mauvais rôle.
- Nan à peine.
- Au moins, moi et Naomi on se reparle, un peu...
- Au moins une bonne nouvelle...
- Ca a été hier ?
- Le type des services a été bien relou mais Tristan est venu et ça a été beaucoup mieux.
- Faut l'appeler Paracétamol, maintenant ?
- Hahaha. T'es vache. Du coup il a pris le petit dej avec mes parents.
- Oooouuuuh je me rappelle de ma première fois, c'était tellement magique ! sourit Walter.

Quinn cherchait un refuge. Elle trouva Santana.

- Un souci ?
- J... Je suis une idiote !
- Comme... un peu nous toutes à beaucoup de moments de notre vie... Qu'est-ce qui ne va pas, chaton ?

Quinn souffla.

- Francis...
- Je l'ai vu passer, il avait l'air d'humeur à se battre à mains nues avec un Volcaropod... Un problème avec sa sœur, je suppose.

Quinn s'étonna. Santana haussa les épaules.

- Il l'a dit à Rebecca à l'examen et elle l'a lâché au détour d'une conversation, en mode « Comme ça vous gafferez pas ».
- ... Il a perdu la garde de sa sœur et moi tout ce que j'ai trouvé à faire, c'est l'embrasser et... foutre la merde !
- Alors... Vous êtes ensemble ou pas finalement ?!
- On sort pas ensemble, j'ai jamais voulu ! A cause de sa sœur !

Santana fit le calcul dans sa tête et inspira fortement.

- T'es incroyablement conne, Greyson, la VACHE.
- Je saiiiiiiiiiiiis !
- T'as plus qu'à attendre que la bouilloire arrête de siffler. Et espérer que ton grand amour te pardonne.

Quinn soupira.

- J'sais plus où me mettre...
- Dans ton casier, ça semble être une bonne idée.
- En plus j'ai giflé Lucy !

Santana haussa les sourcils.

- Bah merde alors. On peut plus te sauver, là...
- Je sais !! Ma meilleure amie, putain, à quoi je pensais !!
- A Francis, de toute évidence, mais c'était lui que tu devais gifler et c'est Lucy que tu devais embrasser !
- Cette journée va être atroce !
- Ouais. Eloigne-toi, j'ai de la visite.

Quinn se retourna vers Violette qui la salua.

- Coucou...
- Salut...
- T'as l'air toute malheureuse...
- Elle s'est grillée avec Francis et elle a giflé Lucy.

Violette haussa les sourcils et regarda Quinn, à moitié furieuse.

- D'accord. Eloigne-toi, va t'excuser, remets de l'ordre, mais éloigne-toi de moi s'il te plait !
- Ok, ok, ok. Ne me tue pas avec ton Karaclée !
- Va t-en !

Quinn s'éloigna, échaudée. Santana regarda Violette, surprise.

- Ouah, quelle virulence. Ça va se finir aux toilettes, ça !
- Elle n'a pas à s'en prendre à Lucy, quels que soient ses problèmes... grommela Violette.

Santana haussa les sourcils. Wallace passa avec Walter.

- On a perdu son giton ?

Wallace regarda Santana qui haussa les épaules.

- Je vérifie si ça va mieux en te taquinant et selon ta réponse, je saurais !

Wallace inspira.

- Disons qu'on a passé un peu trop de temps ensemble hier et qu'apparemment à la longue ça le saoule...
- Une réponse sérieuse, urgh... Ton malheur me fend le cœur... geignit Santana.

Wallace haussa les épaules et entra avec Walter. Violette regarda Santana, suspicieuse.

- Je suis vraiment inquiète.
- Oui, c'est... bizarre... admit Violette.
- Quand tu as un meilleur ennemi, tu tiens à le garder !

Violette agita la tête. Les deux filles tournèrent la tête vers Mike, Rebecca, James, Fey, Steven et Ana.

- J'en ai marre de tous les changements relationnels dans cette classe, j'arrive plus à suivre... soupira Santana.
- James et Fey sont à nouveau ensembles ?!
- J'en sais rien et franchement je m'en fous... soupira la vietnamienne.

Mike et Rebecca semblaient tendus. Fey soupirait.

- Et le fait que tu l'aies dit à tes parents me met bien dans la merde, moi.
- Mais j'vois pas en quoi. Pis ils s'en doutent. J'comprends pas que tu leur aies rien dit... soupira James.
- Tu es un garçon c'est plus facile pour toi, moi je suis une femme, c'est le genre de trucs qui font flipper mes parents !!

Steven était bien content qu'Ana soit avec eux. Ana le regardait, intriguée.

- Ça va ?
- Ouais, ouais, et toi, Anouchka ?
- Arrête de m'appeler comme ça... Tu vas bien ?
- Ouais pourquoi tu demandes ?
- Je sais pas, tu n'as pas l'air...
- Mais si ça va, j'suis un dur ! sourit Steven.

James souffla en regardant Fey.

- C'est un peu comme si t'avais honte de moi... souffla James.
- N'IM-POR-TE-QUOI ! Tu te cherches encore des excuses !!

Fey s'éloigna. Ana inspira et la suivit en saluant Steven. Lequel grommela.

- Merci beaucoup, Fat Albert, grâce à toi j'peux pas parler à ma meilleure copine !! grommela Steven.
- On croirait entendre moi au début de la relation entre Violette et Santana... soupira Rebecca.
- Elle est encore plus lunatique qu'avant... J'arrive plus à la suivre !! geignit James.
- Ca va lui passer, elle est encore sous le choc d'hier... marmonna Mike.

Rebecca leva les yeux au ciel. « Elle a surtout les hormones en furie... »
Violette arriva à leur niveau. Rebecca la regarda.

- Hey.
- Salut. Tu connais pas la dernière ?
- Hm ?
- Quinn et Francis se sont disputés. Et Quinn a giflé Lucy !

Rebecca haussa les sourcils et regarda Violette.

- Source ? Je suis comme Wikipédia, moi, j'ai besoin des sources.
- Et tout le monde peut te tripoter ?!

Rebecca regarda Steven qui leva les mains en l'air.

- Je sais, je suis un gros con. Paye ton scoop.
- Elle en parlait à Santana quand j'arrivais ce matin.
- Au moins Francis est là... Ça veut peut-être dire qu'on va retrouver notre groupe au complet pour le foot ! admit Mike.

Rebecca souffla.

- Je n'y pensais plus trop, mais ça doit avoir un rapport avec sa sœur, tout ça.
- Sûrement oui... admit Violette.
- J'en avais parlé à Santana qui te l'a dit, n'est-ce pas ?

Violette hocha la tête en souriant. Rebecca inspira.

- Toujours les meilleures copines, même en ayant suivi des chemins différents, ça fait plaisir ! sourit la rousse.
- Hihi ! J'y retourne !
- Okay !

Violette s'éloigna. Elle croisa Amélia qu'elle salua. La blonde aux cheveux courts s'arrêta à son casier. Elle l'ouvrit et vit une enveloppe qui lui était destinée. En extirpant la lettre elle haussa un sourcil.

« Succès total.
Diancite subtilisée.
Ton moment viendra, reste patiente. »

Amélia inspira et chiffonna le papier. Elle regarda Sépiatop qui voletait à ses côtés. « Tu ne peux même pas m'aider à faire disparaître ce pli...

Elle grommela et se dirigea vers le hall. « Malgré tout mon entrainement, on ne me laisse pas participer aux plans ou aux attaques... »

Assise sur un banc face aux portes, Amélia semblait soucieuse, mais toujours entourée par Sépiatop. « Ce sera bientôt mon tour. Ce sera bientôt à moi de jouer... »

Gina et Holly passèrent et saluèrent la blondinette.

- Tu as entendu la dernière ? On a une nouvelle prof de fondamentaux ! sourit Gina.
- C'est à croire qu'on les collectionne... songea Holly.

Les deux filles partirent. Amélia inspira. « Elle a intérêt à se tenir à carreaux... »

Wallace se posa devant la salle d'apprentissage technique... aux côtés de Francis.

- Hey.
- Hm.

Wallace regarda son camarade.

- Levé du mauvais pied ?

Francis se contenta de soupirer. Wallace hocha la tête.

- J'ai laissé Walter avec Perrine et Robbie, histoire qu'il leur tienne la chandelle. Ca les a pas fait rire... Moi non plus à vrai dire, mais j'avais besoin d'être un peu seul.

Francis regarda Wallace, indifférent.

- J'ai passé une bonne partie de la journée d'hier et la nuit avec Tristan.

Francis haussa un sourcil.

- Il s'est rien passé... de nouveau, on va dire, mais... J'sais pas, il était tendu ce matin et... Moi j'sais pas trop, j'avais envie de passer plus de temps avec lui. C'est bizarre hein ?

Francis agita la tête.

- Et toi ? Tu veux toujours pas en parler ?

Francis secoua la tête. Wallace hocha la sienne.

- On mange ensemble ?

Francis plissa les yeux. Wallace haussa les épaules.

- Je sens que Tristan va vouloir m'éviter et je sens que tu n'as pas très envie de voir grand monde. J'te raconterai mes conneries et toi tu me regarderas manger, ok ?

Francis inspira, amusé. Wallace sourit. Le reste de la classe arriva peu à peu. Quinn était tendue et s'était isolée. Lucy était restée avec Benjamin, mais Violette insista pour prendre de ses nouvelles.

- Ca va aller, on va voir comment va se dérouler la journée, mais ça va. Elle m'a pas planté un couteau dans la gorge non plus !
- Elle n'avait pas à te faire ça quand même ! grommela Violette.
- En même temps j'ai pas été très sympa... admit Lucy.

Francis gardait sa position de loup solitaire alors que les autres le regardaient comme un cocaïnomane – et effectivement, il y ressemblait – et que Sandrine Aubert arrivait.

- Bonjour bonjour tout le monde...

Elle ouvrit sa salle et regarda la classe, toujours aussi morose.

- Eh bah y'a des choses qui changent pas cette année, hein... admit la prof blonde à voix basse.

Elle entra, suivie par le reste de la classe, plutôt méga calme. Sandrine s'assit à son bureau. « Boooon... On dirait juste une horde de zombies, calme-toi, Sandrine, c'est rien... »

- Asseyez-vous... J'ai quelques petites choses à vous dire... Alors d'abord après mon cours vous aurez de nouveau Fondamentaux avec un nouveau professeur, madame Lola Prutt... Je suppose que ça se prononce « Prute » et non pas « Prout »....

Steven éclata de rire sous les regards affligés de ses camarades. Sandrine leva les yeux au ciel.

- Essayez d'être gentils avec elle, peu importe le temps qu'elle restera... Ensuite... Madame Clover est absente aujourd'hui, ses heures seront remplacées par un cours supplémentaire de Combat Direct.
- Haaaaaaaan !
- Putain !
- 'chier !

Sandrine soupira.

- Je ne répèterai pas ça à Blandine... Tristan Edison et Quinn Greyson, vous êtes priés de vous rendre au plus vite chez le proviseur dès que possible pour régler votre situation concernant vos absences respectives hier après-midi...

Tristan soupira. « Ça va pas être simple de justifier ça... »
Quinn souffla. « J'en ai franchement rien à battre... »

Wallace se pencha vers Tristan.

- Tu veux que j'y aille avec toi ?
- Nan, nan, nan, ça va aller.
- J'pourrais expliquer au proviseur...
- Mais non, j'vais m'débrouiller...

Wallace se remit en place. « Je le savais. Je le saoule. »
Tristan se concentra sur son ordinateur. « Il me fait quoi, là, à être tout prévenant ?! C'est trop bizarre... »

- Je crois que c'était tout... Ah oui à propos de l'attaque d'hier... Eh bien Helen n'était pas là donc on n'a pas pu en discuter sérieusement, en fait, mais... ce serait bien qu'on essaie de vous entraîner plus spécifiquement afin de les arrêter... Je ne sais pas ce qu'en pense... Wallace par exemple ?

Wallace regarda Sandrine. Le reste de la classe retint son souffle.

- De ?
- Du fait de vous entraîner intensivement pour pouvoir repousser les membres de Direction Dresseurs...
- Oh. Faut peut-être déjà finir le programme, nan, y'a les exams à la fin de l'année...

Sandrine grimaça. Tino agita la tête. Christina sembla révoltée. Francis semblait d'accord.

- On voit bien que monsieur n'y était pas ! C'était horrible de se sentir impuissant comme ça ! Moi je suis d'accord ! approuva Christina.

Naomi, Walter, Robbie et Perrine levèrent la tête vers Christina, intrigués. Tristan regarda Christina comme si elle venait d'insulter son jeu vidéo préféré et de violer la mémoire d'Aeris en la traitant de grosse pute.

- Euh... On verra, il faut qu'on en discute entre professeurs, mais...
- Nan, j'insiste, ça sert à rien. Ils viendront pas nous attaquer. Je suis sûr que c'était même pas une attaque hier.

Surprise de la classe. Amélia s'étonna. Wallace était très calme. Tristan l'observait, admiratif.

- Et qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda Benjamin.
- Bah de ce que Walter m'a dit, vous êtes tombés dessus par hasard alors qu'ils venaient voler un truc – je suis étonné que vous n'ayez même pas cherché à savoir ce que c'était d'ailleurs – et ils ont riposté à votre offensive.

Brouhaha. Sandrine plissa les yeux.

- Vous ne savez pas ce que c'est ?! Les enfants quand même !
- Donc selon toi, on... n'aurait pas dû ? Répondre ?! s'étonna Tino.
- Bah... Pas avec autant de vigueur, quoi. Et si l'un ou... l'une d'entre vous éprouve quelque sentiment d'impuissance, c'est parce que... Vous n'étiez pas préparés, et probablement même qu'eux non plus. On s'entrainera s'il y a une réelle menace, mais en attendant, continuez le programme comme si de rien n'était, madame. On n'est pas menacés, et quand bien même on le serait, le mieux qu'on aurait à faire, ce serait de continuer notre scolarité comme si de rien n'était. Inutile de transformer nos cours en école militaire...

Santana hocha la tête. « Je l'aurais pas mieux dit, putain... »
Rebecca inspira. « Rude, mais juste. »
Orson pencha la tête. « Tino m'en voudra si je suis d'accord ?! »
Lilian regarda Léon qui hocha la tête.
Clive inspira. « Orlando avait vu juste. On est vingt-huit, la meilleure stratégie, on la trouvera forcément... »
Amélia baissa lourdement la tête. « C'est lui que je dois neutraliser. Je suis la seule à pouvoir le faire de l'intérieur. C'est à moi de le faire. »

Christina croisa les bras.

- Madame, vous pensez qu'on peut demander des cours supplémentaires ?

Tristan voulait répondre, mais Sandrine coupa court.

- On va déjà se contenter de faire ce que je comptais faire aujourd'hui, Christina... Merci pour ton intervention, Wallace, je vois que ça va un peu mieux...
- On fait aller.

Francis regardait Wallace, un tantinet admiratif. Quinn souffla. « Si même Wallace peut se relever de la mort d'un de ses Pokémon, Francis peut me pardonner. Hein ? Je suis horrible ! »

- Alors. Aujourd'hui on aborde la différence majeure de technicité entre les attaques physiques et les attaques spéciales. Alors, on approche du niveau troisième année, mais vous en êtes maintenant, donc on va pas chipoter...

***

- Et donc voilà, j'ai acquis la garde de ma sœur comme ça.
- Quelle famille géniale... ironisa Arlène.
- Au moins il a eu une famille... admit Dimitri.

Raphaël regardait Francis en mangeant ses doigts. Francis soupira.

- J'vous ai raconté un truc, à votre tour... Genre comment vous avez rejoint Roland Smirnoff ?
- Attendez, je change de voie, j'ai une ouverture... marmonna Dimitri.
- Quelle idée débile de prendre l'autoroute !
- C'est beaucoup plus rapide... parfois... grommela Dimitri.

Arlène inspira.

- J'ai rejoint Roland après qu'il soit venu me voir quand je chantais dans les cabarets, il était accompagné de Pablo Montes.
- Le détraqué ?! geignit Francis.
- Exact. C'est bien que tu te rappelles de lui de cette façon. Lui et moi avons flirté pendant un festival, il a estimé que c'était un lien suffisant pour me garder dans ses contacts, j'ai connu Roland... sous bien des angles...
- Pas devant le petit... grommela Dimitri.
- Il a dix-huit ans, presque dix-neuf ! soupira Arlène.
- Je parlais de notre fils ! souffla Dimitri.
- Je sais, chéri, j'essayais juste d'être cynique !

Francis, las de ces querelles d'amoureux dignes de la famille Addams, regarda le pare-brise. Devant eux se trouvait un fourgon noir. Par la vitre, il aperçut un visage qu'il connaissait bien. Il murmura, sans un bruit cependant : « Amélia... »

La blondinette le vit aussi, mais elle se détourna aussitôt. « Où est-ce qu'ils l'emmènent ?! » songea Francis.

La route se dégagea et Dimitri put prendre la bonne sortie qui les éloigna du fourgon noir. Francis se mordilla les lèvres et choisit d'envoyer un SMS.

- Avec qui communiquez-vous ? demanda Arlène.
- Rebecca Gates, répondit Francis sans fard.
- A propos de quoi ?!
- Quelque chose d'important qui la concerne. Dimitri, comment avez-vous connu Roland Smirnoff ?
- Eh bien, j'ai commencé par être le camarade de classe du fils adoptif d'une de ses connaissances – qui est liée à un de vos camarades par ailleurs mais si je vous fais part de cette information, Roland Smirnoff pourrait me tuer ou pire – et cette amitié m'a amené à être proche du clan Smirnoff d'une façon ou d'une autre, puis à être carrément adopté à titre de pupille par les parents de ce fils adoptif dont j'avais fait la connaissance et qui m'a par la suite sauvé d'une tentative de suicide après que je sois devenu l'élève de Roland lors de mon Voyage Itinérant, voyage au cours duquel Roland me forma comme son soldat personnel. Et puis ensuite, alors que j'avais retrouvé le fils de Roland Smirnoff kidnappé par une employée d'hôpital psychiatrique, il s'en alla à New York et à son retour me débaucha comme homme de main. On est arrivés !

Francis sembla avoir bu une bouteille de vodka cul-sec. Une place de parking plus tard, le trio déambulait, Arlène s'étant saisie du petit Raphaël.

- C'est bien chez votre tante ? demanda Arlène.
- Oui... Qu'est-ce que vous comptez faire ?! s'étonna Francis.
- Bah... La récupérer... souffla Dimitri.
- On a la possibilité en tant qu'ex-chefs de cabinets de produire des injonctions légales, et donc de redonner une vérité légale à votre droit de garde.

Francis acquiesça.

- Donc je retrouverai Jodie...
- Et votre vie d'avant.

Francis plissa les yeux.

- N'utilisez pas sa terminologie s'il vous plait. Vous avez l'air bien plus intelligente et bien plus éclairée que lui...
- Qu'on soit clairs : Je désapprouve votre action et je suis entièrement d'accord avec ce que Roland a fait vous concernant.

Francis se mordilla les lèvres. Arlène inspira alors qu'elle tenait son enfant dans ses bras.

- Il nous a demandés, cependant, de mener à bien la moindre de vos directives. Nous allons donc faire notre possible pour récupérer votre sœur.

Francis hocha la tête, perturbé. Ils arrivèrent devant la porte d'une certaine Eliane Delano.

- Je frappe ?
- Non, tu hurles... soupira Arlène.
- ELIANE DELANO, SORTEZ, NOUS AVONS UN PAPIER DU JUGE !

Arlène et Francis regardèrent Dimitri qui frissonna.

- C'était une blague ?!
- OUI ! grommela Arlène en ajustant sa prise sur Raphaël.
- Ahon.
- Vous êtes vraiment mariés tous les deux ?!

Eliane sortit, intriguée.

- Hein ? Francis ?! Bon sang, je viens de voir les infos...
- Madame, nous sommes là pour Jodie.

Eliane agita les mains.

- On va avoir un souci, ma bonne dame, parce que la petite, je l'ai plus. Sa mère est passée la prendre. Y'a environ une semaine.

Francis grimaça.

- Quoi ?! Et tu l'as laissée faire ?!
- Elle a dit qu'elle avait un droit de visite. Pis elle avait l'air bien !
- Tante Eliane, bon sang... souffla Francis.
- Tu es sûr que tout va bien ?! A la télévision, ils ont dit que ton école avait été détruite...
- Direction chez ma mère... grommela Francis en faisant demi-tour.
- Tu conduis ! grommela Dimitri.
- Pschhhh... soupira Arlène.

Francis soupira. « D'un côté c'est cool j'ai des gardes du corps... D'un autre côté où est Jodie... Et est-ce que j'ai vraiment envie de la récupérer... ?! »

Il regarda les SMS de Quinn.

[Ils te cherchent, Francis, reviens !!]
[Réponds, s'il te plait !]
[Ils vont m'interroger, j'ai peur !!]

Puis ceux de Lucy.

[Tu t'es mis dans un beau pétrin, Zuckerman... Reviens vite !]
[Reviens s'il te plait, on est un peu paumées sans toi. Enfin, Quinn surtout.]
[Rassure-moi, tu ne vas pas finir ce que tu as commencé ?! Francis, pitié, non ! La prison, ce n'est pas ce qu'on en montre dans les séries !]

Francis soupira. « Tiens le coup, Quinn, je reviens vite. »


***

Sortie du cours. Wallace se frictionna les yeux. Tristan le suivait.

- Bien dormi ?
- J'ai pas dormi, j'me suis fait chier.
- J'te passerai le cours.
- Si tu veux. Va régler ton problème d'absence.
- Ok, ok... Tu...
- Je saurais m'occuper, ne t'inquiète pas.
- Nan j'veux dire... on se retrouve devant la salle de fondamentaux ?

Wallace acquiesça à moitié. Tristan s'éloigna. Wallace plissa les yeux. « V'la que c'est moi qui joue les pots de colle maintenant... »

Tristan fonçait vers le couloir de l'administration. « Mais qu'est-ce qu'il a à jouer les mères poule, bon sang !! »

Wallace souffla et essaya de trouver Francis qui fonçait vers le couloir de l'administration, suivi par Quinn.

- Est-ce qu'on peut se parler au moins ?! Francis ! S'il te plait, je... Laisse-moi au moins t'aider à traverser ça !
« Mauvaise méthode... » songea Wallace.

Francis ne s'arrêta pas et ne se retourna même pas vers Quinn. Elle soupira. Wallace s'approcha de Quinn silencieusement. Elle le regarda.

- J... j'sais pas quoi faire...
- Bah rien. Tu peux rien faire. Il en a gros sur la patate, tu peux pas l'aider, laisse-le décanter.
- C'est horrible, tout ce qui lui arrive est ma faute, toute cette rage en lui...
- Tu peux rien faire. Laisse courir.
- Je peux pas, je l'aime !

Wallace haussa les sourcils.

- Ah carrément ? Fini les faux-semblants ?!
- Fini les faux-semblants avec toi, ton Pokémon est mort, ça fait relativiser ses petites manigances personnelles, forcément.

Wallace agita la tête.

- Tampons ou serviettes ?

Dégoûtée, Quinn regarda Wallace qui poussa un soupir de soulagement.

- Ouf, t'es pas cash jusqu'au bout !
- Nan juste que ce matin j'ai un peu oublié d'en mettre je crois...

Wallace serra les dents et s'éloigna. Quinn soupira. « Tu fais même fuir l'endeuillé de la classe, bravo, Greyson... »

Wallace se dirigeait vers... la salle de fondamentaux. Mais en même temps le couloir de l'administration était en vue. « Rejoindre Tristan ? Nan, il va mal le prendre. Pis merde, pour quoi faire ?! Arrête ton délire, Gribble. »

Il croisa Jeannot Briand qui s'étonna.

- Wallace, hey.
- Yo.
- Tout va bien ? Désolé, j'ai pas eu trop le temps de te revoir depuis...
- Ca va un peu mieux, toujours un peu délicat avec les petiots mais on avance vers du mieux.

Jeannot hocha la tête.

- A propos de l'attaque d'hier, euh...
- On m'a dit que tu avais aidé...
- Bah en fait, y'en a plein qui aimeraient donner un coup de main...

Wallace haussa les sourcils.

- Quoi ?! Mais vous êtes cons ?!
- Bah depuis la fin de la première année et ce truc bizarre avec le bal de promo, avec tout ce qui s'est passé ensuite, le simulateur, la bataille complètement légendaire de votre classe contre Méga Gardevoir...
- Les gens parlent de ça ?!

Jeannot hocha la tête.

- Tout ça pour dire que le jour où vous voudrez de l'aide...
- Jeannot, c'est pas à l'ordre du jour. Du tout. Reprenez vos activités normales, laissez-nous faire, c'est notre responsabilité...
- Mais vous pourrez pas toujours tout faire tous seuls...

Wallace inspira.

- Ecoute. Imaginons que ces crétins de Direction Dresseurs arrivent, là.

Jeannot hocha la tête.

- Ils attaquent l'école. Ils demandent à me voir, à avoir les têtes de Rebecca, Amélia, Perrine, Walter et Naomi sur un plateau. Bah... J'me rendrais.

Jeannot pencha la tête, étonné.

- Parce que là, honnêtement, ça me passe au-dessus. Un de mes Pokémon est mort, j'arrive même plus à dresser les miens, c'est la cave à fromage dans ma tête, je peux pas... Je peux pas penser batailles épiques, grosse organisation, légion étrangère ou même Saint Empire Germanique pour le moment. J'ai juste envie... que cette foutue année de merde passe le plus vite possible, et ça a pas l'air d'être le cas du tout. Alors... Vous voulez participer ? Cool ! Ce sera sans moi.

Jeannot plissa les yeux.

- Tu viens de me dire que c'était votre responsabilité...
- Sur le papier, oui, mais dans la pratique, s'ils viennent, moi, je passe l'éponge.
- ... Vous aviez l'air intransigeants à l'examen, quant au fait qu'il fallait arrêter ces types.
- Je laisse le grand manitou s'en charger. Si quelqu'un est vraiment là pour nous protéger, bah qu'il agisse. Moi, j'ai cours de fondamentaux.

Wallace s'éloigna. Jeannot plissa les yeux en le regardant partir.

Lucy regardait Orson qui la regardait.

- Ca t'ennuie que je squatte ?
- Non, non, non... geignit Orson.
- Je sens que ça t'ennuie.
- Tout m'ennuie toujours un peu, je suis Orson, tu te rappelles ?!

Lucy soupira.

- Je suis sûr que tu n'as même pas compris ce qui se passe entre Benjamin et moi...
- Hein ?! Quoi ? Il se passe quoi ?
- Des tas de trucs, si tu savais tout ce qu'on dit sur toi...
- M... Mais je comprends pas, à quel moment vous êtes devenus amis en fait...
- Personne ne comprend vraiment rien à rien, tu sais...

Benjamin revint vers eux.

- C'est bien ce que je pensais, Tino et Christina sont hermétiques, il lui parle d'un super bouquin sur les dynasties de gouvernants de Poképolis, elle est fascinée.

Orson grimaça.

- Euh... mais alors on sait pas si on mange avec eux ou pas tout compte fait...
- Ça t'embête pas de manger tout seul, Orson ? Faudra que je parle avec Lucy.

Orson geignit, désemparé.

Quinn s'orienta vers Naomi, isolée un moment comme une petite Vivaldaim la proie des Medhyena.

- Hey...
- Hey.
- J'ai un problème...
- Je crois en avoir entendu légèrement parler par Ana qui a entendu Santana en toucher un mot à Fey.

Quinn leva les yeux au ciel. « C'est le TELEPHONE ARABE cette classe !! »

- Euh... Je peux te demander conseil ?
- J'ai vu Wallace te parler, c'est effectivement que tu dois être à la ramasse...
- Qu'est-ce que je peux faire ???
- Hmmm... La raison me dirait d'attendre. Le cœur me dit de m'excuser et de pleurer en m'agenouillant...

Quinn grimaça.

- ... mais le féminisme me dit « De la merde, pétasse »
- Oui voilà...
- Après on a la méthode « Test » à savoir si vous vous aimez vraiment les choses vont s'arranger d'elles-mêmes.
- J'ai savamment déconné quand même...
- Si ce que dit la rumeur est vraie, oui... L'embrasser dans ce moment-là était une très mauvaise idée. C'est un peu comme si Tristan avait roulé une pelle à Wallace le jour où il est revenu en cours !

Quinn ne put qu'acquiescer.

- Une dernière chose... Tu me détestes ?!

Naomi plissa les yeux.

- Nan... On est camarades de classe, t'es sympa, intelligente...
- En fait quand j'ai ni Francis ni Lucy dans cette classe j'ai l'impression d'avoir personne à qui me confier... Je t'ai un peu prise par défaut parce qu'on partage une option...
- Euh... Quinn, je crois pas que les filles te détestent... Essaie de parler à Rebecca, Violette...
- Violette a envie de me tuer depuis que j'ai giflé Lucy...
- T'as giflé Lucy ???

Quinn tressaillit. Naomi agita la tête.

- Quand même, Quinn !
- Elle a été cynique...
- Bah oui, c'est Lucy quoi ! Là t'as déconné, on gifle pas sa meilleure amie pour une connerie avec un mec !

Quinn soupira, toute démunie. Naomi s'éloigna en ruminant :

- Gifler Lucy nan mais waouh...

Quinn inspira. « C'est une belle journée pour se pendre, hein... »

La salle de fondamentaux était désormais un lieu vu et revu des élèves avec tellement de personnes que ça n'avait plus aucun sens. Lola Prutt arriva à petits pas. C'était une petite femme avec un chignon gris, toute ridée et toute mini, qui saluait les élèves les uns après les autres d'un petit « Bonjour, bonjour » devant chaque paire. Amélia grimaça.

Wallace se pencha vers Tristan.

- T'as arrangé les choses.
- Hm. Faudra juste pas que je recommence, elle a été compréhensive.
- Ca va. Tu lui as dit quoi ?
- Que... J'avais une urgence familiale.

Wallace haussa les sourcils.

- Ca a marché ?
- Elle a ouvert mon dossier, vu « Parents morts, élevé par sa tante », elle a pas dû vouloir perdre sa pause de midi là-dessus...

Wallace sourit, mais se ravisa. Tristan regarda Wallace.

- Tu y arriveras un jour aussi. A en plaisanter.
- Mouais.

La classe entra à la suite de la petite vieille. Qui prit instantanément possession des lieux comme si elle avait toujours vécu. La valisette, le thermos de café, le napperon pour la chaise, le petit bibelot en forme de Tarsal sur le bureau. Elle s'assit comme une reine naine et regarda les élèves de ses yeux fins et noirs. Perrine plissa les yeux.

- Elle me fout les boules...
- Non, pour un Gremlin, elle est sexy ! admit Walter.

Steven semblait obnubilé. Mike plissa les yeux.

- Tu les prends au cercueil, vieux...
- Putain mec... T'as vu ça, sérieusement, t'as vu ça ???
- Mais arrête de la regarder comme ça, elle va te renvoyer chez la CPE...
- Ses nichons sont au niveau de sa ceinture, vieux !!!
- Putain mais comment tu peux prêter attention à ce genre de détails ???

Clive regarda Andréa.

- Typiquement le genre de truc empaillé que je veux chez moi plus tard... marmonna Clive.
- C'est pas possible, c'est obligé qu'elle ait des figurines à son effigie en Chine un truc comme ça...

Les élèves s'installèrent. Wallace et Tristan occupaient leur habituel premier rang à gauche du point de vue du prof, loin sous Mike, Steven, James et Rebecca.

- Bien bien bien ! prononça la petite voix de vieille dame. Je suis Lola Prutt.

Cela se prononçait bel et bien « Prout ». Steven éclata de rire et fut le seul.

- Je suis professeur de fondamentaux depuis bien cinquante ans, et ce sera apparemment ma dernière année...
- Vous allez mourir aussi ?! soupira Rebecca.

Tout le monde se tourna vers elle. Tristan lui lança un regard horrifié. Wallace penchait la tête. « Elle fait bien de poser la question, on sait jamais, elle est peut-être immortelle... »

- Oui jeune fille, comme tout un chacun ! « La vie humaine est une Balle Graine dans une compétition nationale ». Le poète Poképolite Rufford Cloyd.

Tino nota la citation. Christina semblait intriguée. Rebecca grimaça de cette réponse morbide.

- Cette salle est bien vide et bien calme, vous devriez tous sortir un Pokémon pour vous accompagner en cours. Allez !

Légère défiance des élèves. Lola ouvrit sa grande sacoche et sortit une Pokéball, dont émergea un magnifique Roucarnage. Le Pokémon s'inclina légèrement pour saluer les élèves.

- Prenez de préférence quelque chose qui tienne sur une table.
- Euh... on n'a pas le droit, normalement... rappela Robbie.

Lola regarda le blond.

- Qui l'a dit ?
- C'est dans le règlement...
- Le règlement de qui ? De quoi ?
- Bah on... on sait tous qu'on n'a pas le droit de sortir les Pokémon en classe en plein cours, sauf si...
- Sauf si le professeur le demande, signifia Lola.
- ... dans le cadre du cours, madame, on est en fondamentaux...
- Cela permettra de faire mieux connaissance sans que j'aie à vous retenir l'un et l'autre. Allez !

Tristan regarda Wallace qui inspira. Les élèves sortirent l'un après l'autre un Pokémon. Steven se retrouva avec Mucuscule sur les genoux. Mike avec Sucroquin à ses côtés. James prit Grelaçon comme allié. Rebecca sortit Nymphali qui se posa à ses pieds.

Tristan sortit Skitty qui se plaça sur ses genoux. Il regarda Wallace.

- J'en sors deux si tu veux...
- Pas la peine.
- Si vraiment ça t'embête...
- Pas la peine, je t'ai dit, merde !!

Tristan recula, compréhensif. Wallace sortit une Pokéball. Sa main tremblait. Tristan voulait appeler la prof mais la sourde colère de Wallace l'en empêchait.

- Tu peux le faire. Hein ?
- Tais-toi, s'il te plait, Tristan...

Lucy se retrouva avec Héricendre. Violette demanda à Karaclée de s'asseoir à côté d'elle. Santana prit Anchwatt à ses côtés. Plus bas, Quinn avait Sapereau sur son bureau qui la regardait, intrigué. Tino, méfiant, sortit Prismillon qui se posa sur sa tête. Christina en resta à Fluvetin. Benjamin posa Pijako sur son épaule. Orson regardait Opermine se tortiller sur son bureau. Robbie laissa Emolga se poser sur sa tête. Perrine avait Queulorior assis devant son pupitre comme un jouet. Naomi souffla et sortit Cadoizo qui s'assit à ses côtés. Walter se contenta de Tutafeh lévitant autour de lui.

Fey s'entoura de Cotovol qui dansa gaiement sur sa table. Ana sourit en voyant Nanméouïe s'asseoir à côté d'elle comme une petite fille. Clive secoua la tête et laissa Mangriff se poser à ses pieds tandis qu'Andréa avait Xatu sur son épaule. Gina haussa les épaules et laissa Brutalibré s'asseoir à sa gauche tandis qu'Holly avait Mélodelfe sur sa chaise de droite. Les jumeaux optèrent pour une dualité Posipi – Muciole du plus bel effet.

Wallace, Francis, Amélia. Ils n'avaient pas sorti de Pokémon.

- Bon, bon, bon. C'est adorable, tout ça. La salle est un peu plus vivante à présent. Les Pokémon, c'est la vie. Les Pokémon sont nos vies. Ils ont plus d'importance que l'amitié...

Perrine plissa les yeux.

- L'amour...

Quinn pencha la tête.

- ... l'argent, les sentiments, les passions, oui, les Pokémon sont les éléments les plus importants de nos vies respectives. Ils sont tout. Vous perdez un Pokémon, vous perdez tout...

Wallace bouillonnait de rage. Tristan était mortifié. « Je fais QUOI ??? Je dis QUOI ??? »

- Madame...

Lola leva la tête vers Francis qui darda ses yeux furieux et cernés sur elle.

- J'suis pas d'accord. Les Pokémon ne sont pas si importants. Ils n'empiètent pas sur nos vies, sur nos amours ou... quoi que ce soit. On peut vivre avec, on peut vivre sans.
- Ah, vraiment ?
- Oui, vraiment, et sauf votre respect, c'est un cours de fondamentaux, vous êtes censée nous parler de tout sauf de Pokémon. Et surtout, respectez les sentiments de certains d'entre nous qui ont peut-être un rapport difficile à leurs Pokémon en ce moment.

Les regards se tournèrent vers Wallace. Lola hocha la tête.

- Mais tu as tout à fait raison, mon bonhomme. En effet, les Pokémon n'ont aucune importance. Vous en avez, c'est très bien, vous n'en avez pas... Bah, quelle importance ? Des dynasties européennes se sont fondées sans qu'aucun Magicarpe n'ait quoi que ce soit à y redire !

Rebecca regarda le reste de la classe en mode « Y'a que moi qui la trouve déglinguée ?! »

- Où en étiez-vous dans le programme ? Ah oui...

Wallace remit la Pokéball à sa ceinture, la respiration forte, les yeux remplis de larmes, le visage crispé de rage.

- Wallace... se risqua Tristan.
- ...
- D'accord. Vous n'avez rien abordé. Vos professeurs sont tous morts avant d'avoir accompli quoi que ce soit d'important, ou bien ?
- Ouais, c'est un peu ça ! sourit Steven.
- C'est incroyablement triste. Même si toute vie n'est pas obligée d'avoir un sens. Vous avez des tas de gens bien qui meurent pour des raisons idiotes, pour autant on ne se demande pas si leur vie a eu un sens. Qu'est-ce qui a un sens, au fond, le passé, le présent, le futur ? La naissance, la vie, la mort ?

Wallace se leva. Lola inspira.

- J'ai plus de soixante-dix ans et j'en ai perdu des choses. Des gens, des objets. Des Pokémon.

Wallace regarda la prof, debout, cherchant à enjamber Tristan qui ne savait absolument pas où se mettre.

- Ils sont morts chez moi, sur le champ de bataille, en combat, de vieillesse, dans l'œuf aussi...

Et une classe mortifiée, une. Et un Wallace horrifié aussi, scruté par Walter, Naomi, Robbie, Perrine, Mike, Rebecca, Santana, Francis, Lilian et Léon entre autres.

- ... Après tout ça, on relativise, on espère que plus rien ne va s'éteindre. Heh. Les choses s'éteignent quand même, s'arrêtent de marcher, de courir, de vivre. Rien n'est éternel. Et donc pour répondre à votre question, mademoiselle la petite Chuchmur qui aime les Pokémon Fée...

Rebecca releva la tête, intriguée.

- Oui, je vais crever comme toute petite vieille qui se respecte. Petit Fantominus blondinet, mon nom de famille me vient d'une jolie branche noble qui a servi de nombreuses maisons avec honneur, et peu importe comme il se prononce, je l'aime et je le porte avec hauteur.

Steven semblait gêné.

- Mon petit Zigzaton...

Elle parlait à Francis qui s'étonna du surnom.

- ... je parle de ce que je veux dans mes cours. Et si quelqu'un se sent blessé par mes paroles, c'est lui qui a un problème pas moi, donc qu'il écoute ou pas si ça lui chante. Mon petit Grainipiot...

Wallace haussa un sourcil, c'était son tour.

- N'ayez pas peur. Je suis là pour tout vous apprendre, sans rien vous prendre. Sauf un peu de temps. Asseyez-vous, relaxez-vous, et apprenez à aimer le temps qu'il vous reste. Il y en a beaucoup en ce qui vous concerne, profitez.

Wallace plissa les yeux. Tristan le regardait, suppliant. Wallace se mordilla les lèvres, et, à la stupéfaction, générale, se rassit sans un mot.

Quelques minutes plus tard, elle donnait un cours sur les figures de style avec une grâce de velours. Tristan sembla stupéfait de voir Wallace prendre le cours pour la première fois depuis son retour.

Francis lui-même avait décidé de prendre des notes sur un calepin.

***

Francis reçut un texto en chemin vers chez sa mère.

[N'abandonne pas, grand Linéon. Suis ta route. Et retrouve-nous]

Francis se mordilla les lèvres et ferma son téléphone, un sourire amer sur le visage. « Vieille carne... »

Arlène grommelait.

- Je déteste ta caisse de merde. C'est quoi ce levier de vitesse à la con !!
- J'aime pas ta boîte automatique mais j'en fais pas tout un plat... marmonna Dimitri en distrayant Raphaël, aux côtés de Francis qui semblait un peu gêné.

Il regarda par la fenêtre. Ils étaient loin du commissariat et de tout ce cirque. Le soleil se couchait.

- Madame Arlène...
- Petit con, donne-moi encore du madame et je jette la voiture dans le fossé !!
- ... euh... okay... euh... Vous pourriez mettre la radio ?
- Ouaip...
- Euh...

Dimitri regarda sa femme puis Francis. Il inspira.

- Vas-y.
- T'as peur ?
- Je sais pas trop de quoi, mais un peu. Mais mets la radio.
- Vous avez des infos ? De la part de Roland Smirnoff ? demanda Francis.
- Justement, non... marmonna Arlène en allumant l'objet.

« ... les titres, la poursuite de cette incroyable journée à Ogoesse où une bataille aux proportions colossales selon les témoins a eu lieu, entre le Président de l'Association Pokémon et une étrange coalition composée d'une classe d'élèves de troisième année, d'autres classes d'élèves de troisième année, d'élèves venus de Méanville, d'étranges groupes d'obédiences diverses venus à leur aide ainsi que d'adultes qui semblent être les parents des élèves. Les élèves de la classe de troisième année un ont tous été interpellés directement après la bataille après que des preuves aient été livrées aux enquêteurs concernant leur implication directe dans les évènements voire dans la cause même du conflit... »

- Des conneries... grogna Francis.
- Shht ! grogna Arlène.

« Le Président a été mis en examen pour abus de ses fonctions mais il a été étonnamment et brillamment défendu par une jeune fille de la classe en question. L'un des élèves est dans une situation critique puisqu'il a été transféré dans une prison de haute sécurité, mais des mesures seraient en cours pour le faire sortir. Nous n'avons réussi à interroger PERSONNE, aucun des intervenants n'a pu, n'a voulu ou n'a eu le droit de s'exprimer. Une des élèves est toujours en cellule suite à des aveux terrifiants selon les enquêteurs. La journée continue cependant et nous ne sommes pas à l'abri d'un évènement nouveau. Le commissaire en charge de l'enquête,... »

Arlène éteignit la radio.

- Ils en savent beaucoup trop déjà...
- Vous ne savez rien du tout ? Vous n'êtes plus en contact avec Roland ?
- Trop dangereux. Nous sommes pour ainsi dire en fuite par ta faute. Roland nous a chargés de te protéger de toi-même et de t'emmener où tu veux. On y est presque d'ailleurs.

Francis soupira.

- On est vraiment loin... Quinn me manque... Lucy me manque...
- Fallait y penser avant de t'enfuir... marmonna Arlène.

Dimitri regarda Francis.

- Euh... Je... J'ai jamais vraiment eu de sœur mais... euh... J'ai eu des familles compliquées moi aussi... et... vous vous en sortirez quand vous aurez une vie à vous. Là, vous saurez que le cauchemar est fini.

Francis regarda Dimitri, atterré.

- Vous... n'avez rien de plus bateau à me dire ?!
- Non. C'était le plus bateau que j'avais.

Francis inspira. On arrivait. Il se releva de son siège. Son père était là, avec Jodie dans ses bras.

Et il y avait des flics.

- Merde. Merde. MERDE !!!
- Ca, c'était pas prévu... admit Arlène.
- Encore la police, oh non... soupira Dimitri.


***

Repas.

- Ok, qui a eu l'impression de subir un endoctrinement de je ne sais quelle secte ?!

Gina, Violette et Andréa levèrent la main. Santana plissa les yeux.

- Plus un voyage mystique avec de la drogue et des encens...
- Elle est barge, c'est tout, elle doit plus avoir toute sa tête... marmonna Clive.
- Elle était plus que barge, carrément ALLUMEE ! souffla Rebecca.
- Elle m'a rappelé mon curé... marmonna Holly.

Tout le monde la regarda. Holly agita les mains.

- Le curé de ma paroisse, pas mon petit ami !
- Ahon !
- Ah !
- Elle a un petit ami ?! s'étonna Clive.

Andréa plissa les yeux.

- Faut suivre !
- Tu m'excuseras de ne pas m'intéresser à Poseuse numéro 14...
- Je t'ai dit d'arrêter de numéroter les gens de la classe, c'est glauque ! geignit Andréa.
- Bah... t'es censée aimer le glauque...

Orson avait trouvé refuge à la table de Perrine, Robbie et Walter.

- Merci, hein...
- C'était toi ou Quinn, et tu pleurnicheras moins ! admit Perrine.
- Ce qui est un exploit, en soi... admit Walter.

Robbie soupira.

- Les autres sont tous en binôme sauf toi...
- Boui... Je voulais manger avec Amélia parce qu'elle est toute seule ces derniers temps mais elle m'a lancé un regard méchant qui voulait... tout dire.
- Pourquoi tu voulais manger avec elle, elle est odieuse... marmonna Perrine.
- Bah... Je croyais qu'on était devenus un peu amis depuis le tournoi... marmonna Orson, gêné.
- Orson, cette fille n'est l'amie de personne et certainement pas la tienne... soupira Robbie.

Orson plissa les yeux.

- Oh... Où est Naomi, pourquoi elle ne mange pas avec vous ?

Walter souffla et regarda vers Fey, Ana et Naomi qui papotaient.

- Je crois que c'est sans espoir, on ne peut plus la sauver.
- Walter... souffla Perrine.
- Chaque fois qu'on se croise, elle sait qu'elle est encore attirée par moi et je sais que je suis encore attiré par elle ! C'est quoi son problème ?!

A sa table, Naomi soupira.

- Le vrai souci avec Walter c'est notre conception respective de notre relation. Je veux des enfants, je veux une belle vie de couple, je veux bouger, avoir une carrière...
- Avec Walter, bouger, ça va pas être facile...

Naomi et Fey regardèrent Ana qui se recroquevilla.

- Compris, je me tais !
- Je voulais dire avoir une vie active, son handicap, je m'en fous, ça ne change pas l'homme qu'il est et que j'aime ! Juste que... Lui voit plutôt un truc plan-plan, moi je veux avancer.
- C'est clair, pourquoi les hommes ont toujours l'impression qu'être avec quelqu'un, c'est se poser comme un gros Crustabri et ne plus bouger ?!
- Les autres problèmes en périphérie ne font qu'ajouter à ce problème précis. Et chaque fois que je me retrouve avec lui, dans la même pièce, ou hier dans cette stupide attaque... ou cambriolage, je sais plus trop, bah voilà, je retrouve cette belle alchimie qu'on a ensemble. Mais il a trop d'appréhensions, ça bloque notre couple.

Fey acquiesça.

- C'est quand même dingue que nous les femmes on sache toujours ce qu'on veut !
- Mais oui ! Parce que dès toutes petites, on nous apprend que le plus important dans la vie, c'est ça, c'est de savoir où on va, c'est de construire un avenir, les hommes on leur dit juste « Bah, tant que t'as un boulot et que tu gagnes du fric ! »
- Totalement !

Ana grimaça. « Je suis pas vraiment d'accord mais j'ose pas vraiment le dire... »

Steven, Mike et James regardaient en coin de table. Quinn. Qui mangeait, toute seule.

- Faut lui parler, un truc dans le genre ?! geignit Steven.
- Nan, faut la laisser tranquille, je suppose... marmonna Mike.
- Ca y est, on devient un refuge pour les exclus... soupira James.

Steven inspira. Il reçut un SMS qui lui fit d'abord hausser les sourcils, puis ouvrir la bouche de stupeur. Il regarda dans la salle. Furieuse envie de s'écrouler en pleurant. Mais il prit sur lui.

Lilian et Léon mangeaient à part également.

- Elle est âgée, elle peut mourir en cours d'année !
- Léon, ne pense pas à ça, bon sang, c'est morbide, et c'est notre prof. Et ça fait du bien d'avoir eu un vrai cours de fondamentaux au cours duquel Tino Ketts n'a rien trouvé à redire et n'a pas proposé de faire la classe à la place du prof !
- Elle l'a appelé Petit Nucléos, je crois qu'il l'a mal pris... admit Léon.
- Tino Ketts prend tout mal... admit Lilian.

Christina hocha la tête.

- Je suis d'accord avec toi sur ce point mais comment le vérifier ?
- Elle savait des choses sur nous, c'est pas possible qu'elle ait parlé de tout ça sans savoir avant ! Et puis son attitude, sa façon de parler... C'est sûr qu'elle est de Direction Dresseurs.
- Ou... que c'est une alliée de Roland Smirnoff.
- Dans les deux cas, c'est quelqu'un de dangereux et on doit s'en méfier.

Christina acquiesça.

- On va au cinéma ce soir ?
- Evidemment, je veux voir Finding Jackson. C'est le film indépendant en vogue. Et c'est européen.
- La critique était divisée...
- Raison de plus ! Et puis ce sera bien d'avoir quelqu'un d'assez intelligent avec qui en discuter.

Christina sourit, toute fière.

Benjamin et Lucy mangeaient calmement.

- Si tu veux parler, parle, hein.
- Nan, ça va, je veux juste rester tranquille. J'en ai marre de parler.
- D'accord.

Pendant ce temps, un petit chevalier courageux affrontait la bête immonde.

- Je suis désolé de m'être emporté, c'est juste que... J'ai pas compris, putain. Fondamentaux. Et cette pute nous demande quoi ? « Sortez un Pokémon, je veux mieux vous connaître ! » Mais va CHIER, salope !!

Une fille qui passait à côté d'eux sembla choquée. Wallace la regarda.

- Dégage avant que je te souille avec un balai à chiottes !

La jeune fille, visiblement de première année, s'en alla en pleurant. Tristan serra les dents.

- Mais pour qui elle se prend, quoi. Bref, j'ai pété un plomb mais ça va mieux. J'vais pas me gâcher ma journée pour... une... vieille pute de prof qui voulait que je sorte un Pokémon.

Tristan hocha la tête, résistant péniblement à la crise de Wallace.

- ... je vais en perdre d'autres.

Tristan regarda Wallace.

- ... des Pokémon. C'est ce qu'elle a dit. J'vais perdre d'autres Pokémon, je vais... Un jour c'est Chartor qui va crever. Tiplouf a de mauvais antécédents médicaux, il va mourir aussi, et jeune probablement, et ce sera vraiment ma faute. Canarticho... putain c'est un Pokémon beaucoup trop fragile... Pandespiègle... Pfff... C'est encore une gamine, mais... elle prend tellement de risques sur le champ de bataille... Comment je peux me battre en sachant que mes Pokémon peuvent mourir à tout moment ?!

Tristan hocha la tête par réflexe. Il n'avait plus la force de soutenir Wallace, il était vidé par le cours de fondamentaux où il s'était retrouvé face à une tension extrême, pensant que Wallace allait le frapper ou pire.

- Euh...
- Mais ça me fait plaisir que tu sois là. Ça m'aide beaucoup. A relativiser, notamment.

Tristan sembla dubitatif. « J'ai... plutôt l'impression d'être ton punching ball psychologique mais... continue ! »

- T'en as pensé quoi de ce cours, toi ?

Tristan inspira.

- Euh... J'ai... trouvé ça bien. La prof est cool, elle cherche à établir un contact, ça change... son cours était complet... Nan, j'ai apprécié.
- J'suis débile de m'être énervé, hein ?
- ... nan, t'as juste laissé tes émotions prendre le pas sur ta raison. Tu as failli t'énerver contre une prof toute gentille qui ne t'a rien fait... et qui t'a surnommé Petit Grainipiot.
- Ah nan, arrête ! grommela gentiment Wallace. Pourquoi Grainipiot d'ailleurs ?

Tristan inspira.

- C'est une femme de culture, je suppose qu'elle fait référence à « Pokérama » de Lou Grant.
- Hm ?!
- Je travaille sur la littérature dans mon groupe de travail...
- Ah oui c'est vrai que vous faites des trucs normaux, vous, dans vos groupes... sourit Wallace. Qu'est-ce que j'ai été choisir ce thème à la con... Raconte.
- Eh bah ça raconte l'histoire de plusieurs Pokémon... Un Grainipiot, qui se lance dans une quête pour trouver un arbre sacré pour sauver tous les Pokémon Plante, un couple composé d'un Lokhlass et d'un Tritosor qui cherche à sauver l'écosystème, un Roucoups qui suit une horde de Pokémon oiseaux, un Tauros dressé par les derniers hommes et dont le point de vue rend compte de l'état calamiteux de ce qui reste de la civilisation... j'en passe, et on suit ces Pokémon dans leurs destinées respectives, et si elle t'a appelé Grainipiot c'est probablement parce que dans le livre, Grainipiot est en colère contre le reste du monde parce que la plupart de ses amis sont morts...

Wallace haussa un sourcil.

- ... et Grainipiot finit par comprendre que la mort fait partie du cycle de la vie. Il apprend petit à petit dans sa quête que toute chose vit et meurt, et au fur et à mesure de ses évolutions, il apprend à concilier sa débordante envie de vivre avec la mort qui l'attend.

Wallace inspira.

- Ca a l'air chiant ton bouquin.
- Mes bouquins. C'est en trois volumes.
- TROIS VOLUMES ??? Putain, qui a le temps de lire ça ?!
- Des gens ! sourit Tristan.
- Comment ça se finit ?
- J'vais pas te dire enfin ! sourit Tristan.
- Ca a été adapté en film ? En dessin animé ? En BD ?
- Wallace, tu peux les lire, ce sont des bouquins pour adolescents ! C'est écrit en gros !
- Dis donc, tu me prends pour un homme des cavernes ? sourit Wallace.
- Nan, nan, juste que c'est pas si compliqué, c'est long, mais c'est pas dur à lire. T'as qu'à emprunter le premier tome à la médiathèque !
- J'sais pas trop, les choses sont tendues entre moi et monsieur Truman depuis que je lui au roulé une p...

Wallace s'arrêta, embarrassé, devant un Tristan, médusé. Il se rectifia.

- Nan j'plaisante, j'lui ai comme qui dirait craché à la gueule après la mort de Manternel, faut que je m'excuse d'ailleurs...

Tristan sembla perturbé, et la conversation qui s'était si bien passée s'arrêta net, le jeune homme décidant de reprendre son assiette avec plus d'attention. Wallace sembla bien conscient d'avoir bourdé sévère.

Non loin de là, Francis mangeait nonchalamment, pensant à ce qu'il allait essayer de faire ce soir.

***

- Ouah... Ouah, ouah, ouah...

L'homme leva les yeux de ses dossiers. Il observa le jeune homme qui semblait avoir mal à la tête.

- J'ai appris des tas de choses... Je crois pas avoir tout compris... Le gouvernement, la politique, la loi fédérale, les notions de droit privé, public, international...
- L'essentiel c'est que tu aies tout suivi et que l'enseignement ait porté ses fruits.

Vivien acquiesça et regarda Seth.

- A quoi ça va me servir ?!
- Le moment venu, tu sauras.
- D'accord... Ou pas, je veux savoir.
- Tu as subi l'entrainement théorique de base de la police internationale.

Vivien haussa les sourcils, stupéfait. Seth hocha la tête.

- Le moment venu, tu comprendras.

Vivien acquiesça. On frappa à la porte.

- Ouiiii...

Teresa. Seth se crispa.

- Voici la liste des soutiens de Justin Truce, vous avez demandé à avoir un droit de regard...
- En effet.
- Eh bien le voilà, votre droit de regard.
- Donnez-moi cette liasse.

Teresa soupira et tendit la liasse à Seth. Elle recula.

- Vous tenez toujours à avoir aussi peu d'implication dans la campagne sinon ?
- Oui.
- J'imagine que cela crée des frictions à la maison...
- Autant qu'entre vos jambes quand vous marchez, je suppose.

Teresa inspira.

- Bonne lecture. Je veux ça dans le bureau de Tara d'ici une demi-heure.
- Ok...

Teresa claqua la porte. Vivien inspira.

- Toujours aussi tendu...
- Elle a compris certaines choses mais elle en ignore d'autres et ça la tue. Moi, j'ai compris son grand plan mais je suis encore peu au fait de ses grandes manigances.
- Cette liste...
- Voyons... Les proviseurs des écoles... les maîtres d'arène... une foutrée de profs... Ah, les grands dresseurs !!

Vivien plissa les yeux.

- C'est qui ?

Seth regarda Vivien, étonné, qui haussa les épaules.

- L'école ici, c'est de la merde, vous savez...
- Mouais. Les Grand Dresseurs, c'est le nom générique qu'on donne à ces dresseurs exceptionnels qui ont accompli de grandes choses. Il n'y a pas de titre officiel pour eux mais ce sont des sommités d'opinion. La population les apprécie à divers degrés pour les actes qu'ils ont accompli. Par exemple parmi eux figure Sacha Ketchum.

Vivien grimaça.

- ... l'acteur de « All my Pokémon » ?!
- Sauf qu'il était vraiment bon et qu'il a réellement accompli de grandes choses. Il s'est servi de sa notoriété d'acteur pour aider activement les populations pauvres. C'est à lui qu'on doit la création du système social Poképolite. Tous ses cachets y passaient. Il est pauvre comme Job mais il a énormément donné... Et il n'est pas dans la liste. Evidemment.
- Pourquoi évidemment ?!
- Eh bien Roland a racheté Pokétopia donc il a conclu un marché avec Ketchum. Ketchum est donc un de ses alliés. Mais il n'a pas dû soutenir Tenorman parce qu'il ne supporte pas la politique... Solomar Dos, ok... C'est le gardien du Puits Ramoloss. Galina, la détentrice du parc des Dragons... Alec Millepied... Génial... une bonne liste...

Il photocopia cette partie de la liasse sous le regard intrigué de Vivien. Il lui donna la copie.

- Tu sais t'introduire sur les fichiers bancaires ?
- Euh... oui... Pas avec ce matos, cependant...
- Tu vas dans la salle informatique, tu dis à Yoshida que je veux le voir et tu prends le temps de voir si on a versé de l'argent à ces types. Tu reviens avec des confirmations ou pas pour chacun d'entre eux. Tu me préviens par texto quand tu as fini, que je libère Yoshida.

Vivien acquiesça.

- Autre chose : Efface tes traces après ton passage.
- Oui.
- Si on te trouve et si on t'attaque, tu me bipes.
- Mais ça va aller... grommela Vivien.

Seth se releva.

- Comment oses-tu me répondre ?!

Vivien regarda Seth, mais sans le moindre regret dans les yeux. Le Vice-Président claqua des doigts et désigna l'élève.

- C'est bien. Tu t'améliores. Continue comme ça !

Vivien hocha la tête, tout content. « Merci monsieur Reinhold... »

Il partit dans les couloirs de Direction Dresseurs, en pleine agitation suite à toute cette tambouille électorale. « Maintenant je suis quelqu'un. Je sais pas si c'était le but mais pour la première fois de ma vie... »

Il passa devant Justin Truce suivi par Sophia Dawn et Loretta Gold.

- Bonjour monsieur Truce ! Mesdames...

Justin salua d'une main, étonné. Sophia haussa un sourcil, mystifiée. Loretta regarda les deux autres, surprise.

« Je sens que je suis quelqu'un ! »

***

La classe attendait devant la salle de combat direct. Steven scrutait Ana, collée à Fey. « Putain, si je pouvais lui en parler au moins, putain, putain... »

Tristan était pour le moins mutique. Wallace soupira, embarrassé. Blandine arriva.

- J'vous ferais pas cours. Allez à la médiathèque, il est hors de question que je fasse des heures sups parce que Madame Helen Clover a été mendier des congés pour aller voir son giton débattre.

Wallace s'étonna. Les autres élèves semblèrent satisfaits de cette nouvelle. Wallace se leva avec Tristan.

- Ecoute, j'suis désolé.
- De ?

Wallace inspira.

- Je me doute de ce que tu dois penser... « Son Pokémon est mort et il embrasse un adulte de son entourage... »
- Tu... n'as aucun compte à me rendre...
- Je sens que ça te gêne.
- Un peu, mais juste parce que... c'est... « C'est une part de toi que je pensais avoir oublié. Ta libido folle furieuse. »
- Je comprends... « Il me voit comme un idiot incapable de se contrôler. Il a l'impression que je méprise ses efforts... »

Wallace inspira.

- J'ai besoin de parler avec toi, et... J'ai aussi besoin de faire des conneries !
- Oui, oui... Inutile de te justifier ! « Laisse-moi oublier ça, s'il te plait. »
- J'me sens obligé, tu te démènes pour moi et moi...

Tristan grimaça.

- Tu ne me dois aucun retour, Wallace !
- Il... va bien falloir qu'un jour je te rende la pareille.

Tristan secoua la tête, apeuré. « Il entend quoi par 'rende la pareille' ?!! »

- Mais nan, c'est moi en ce moment qui te rend la pareille... pour cette connerie avec le prof d'info !
- Mouais... Mais... J'voudrais bien que tu me pardonnes pour ma connerie...
- Pourquoi ?! Je m'en fiche, Wallace ! Tu n'as aucun compte à me rendre, c'est pas comme si on sort...

Tristan se figea. Wallace était tout rouge. Les deux adolescents se regardèrent et opérèrent une séparation aussi vive que directe. Tristan était affreusement gêné. « Bon sang, c'est ça. C'est ce qui se profile depuis le départ, c'est ce qu'on ressent tous les deux... »

Wallace avait des sueurs froides. « Merde, merde, merde. J'me contrôle plus, voilà que j'étais en train de le supplier de me demander pardon pour un truc complètement idiot... »

Santana regarda Wallace qui la regarda.

- Toi, t'as un souci...
- Pas qu'un...
- Tu veux en parler ? Ou juste être au calme ? Violette et Andréa sont en plein débat sur les différents courants de pensée du combat...

Wallace regarda les deux filles qui parlaient de façon agitée. Wallace regarda Santana.

- Juste être tranquilles. J'ai... un bouquin à commencer.

Tristan arriva au niveau de Rebecca. Qui le regarda, surprise, délaissant Mike.

- ... oh toi...
- ...
- ... Oh toi, ça y est, tu t'es trop investi !!
- Gnnnn...
- Vos sentiments respectifs débordent, OH MON DIEU !
- La ferme !!!
- Je t'avais prévenu, Tino t'avait prévenu...
- Tout le monde s'en bat les couilles...

Rebecca et Tristan se tournèrent vers Steven qui haussa les épaules.

- J'ai pas raison ?! Allez vous enculer dans un coin et foutez-nous la paix quoi !

Rebecca leva les yeux au ciel et se retourna avec Tristan alors qu'ils entraient dans la médiathèque.

- Vous devez moins vous côtoyer déjà.
- Je sais. Tu m'as déjà dit un truc dans le même genre je crois...
- Oui, que tu devais moins le coller !
- Ou au moins, sois charitable, suce-lui la bite !

Rebecca, excédée, se retourna.

- Steven Weldon !!
- J'ai pas eu cours, j'ai besoin d'une distraction ! sourit Steven.

Denis regarda les élèves entrer.

- Tiens, annulation de cours ?

Tristan regarda Denis, déjà bien remonté par les allégations de Steven.

- De quoi j'me mêle ?!!

Denis haussa les sourcils.

- Ah... euh... bon... euh... bien...

Tristan s'avança, suivi par Rebecca.

- Hey, c'est pas la peine de t'en prendre à tout le monde...
- C'est dur, Rebecca, les sentiments, mon altruisme, le fait qu'on se voie souvent...
- Le premier n'a rien à voir avec ce qui se passe, le second c'est ton affaire, c'est à toi de dire non, aussi, et le dernier pareil, tu dois limiter.
- Tu as raison, mais moi j'utilise pas la raison quand il s'agit de lui...
- J'utilise mon cul !

Rebecca leva les yeux au ciel. Tristan se retourna vers Steven.

- T'as un PUTAIN DE PROBLEME ???

Steven regarda Tristan qui faisait presque une tête de moins que lui.

- Celui qui va avoir des problèmes, c'est toi, petit enculé ! sourit le blond.
- Tu veux qu'on règle ça sur le terrain ?
- Putain, nan, y'a pas cours, c'est pas pour que je me batte !
- Tristan, laisse-le...
- Si t'es le mec que tu prétends être, VIENS TE BATTRE !
- J'frappe pas les filles !
- Ca ne vaut pas la peine, Tristan, je t'assure ! souffla Rebecca.

Steven partait vers sa table, mais Tristan lui balança un bouquin devant une Rebecca hallucinée.

- Putain...
- VIENS TE BATTRE ! J'TE DECALQUE TA RACE UNE BONNE FOIS POUR TOUTES !

Les autres élèves observaient, médusés. Steven fronça les sourcils.

- Ok ! Ok ! Viens, j'vais te défoncer la chatte mais pas comme j'aime le faire !
- Les garçons... geignit Naomi.

Francis inspira en observant. Wallace et Santana s'étaient isolés.

- C'est pas Tristan qu'on a entendu, là ? s'étonna la vietnamienne.

Wallace inspira en commençant à lire « Pokérama ».

Tristan et Steven se faisaient face sur le terrain. Rebecca observait, furieuse.

- C'est puéril ! Steven, excuse-toi !
- M'excuser ? C'est lui qui m'a balancé un bouquin dessus !!

Violette leva les yeux au ciel.

- Je suppose qu'il l'a insulté...
- Tout son saoul !! grommela Rebecca.

Orson, Tino, Christina, Benjamin et Lucy observaient. Walter, tenu par Robbie aux côtés de Perrine, faisaient également office de spectateurs tout comme Francis. Fey et Ana observaient avec Naomi. Quinn se tenait non loin. Le reste de la classe avait décidé de ne pas prendre part à la chose. Oui, même Mike et James.

- C'est son problème, il se démerde... soupira Mike.
- Tu m'étonnes... souffla James.

Tristan sortit une Pokéball. Steven sortit son équipe entière. Baggaïd, Armaldo, Sablaireau et Mucuscule.

- T'as dit qu'on se battait comme des hommes, nan ?
« J'peux pas me servir de Morphéo... »
- Allez, sors tes gonzesses !
- Steven Weldon, tu es injuste, tu sais qu'il ne peut pas utiliser son Morphéo ! grogna Christina.
- Personne t'a adressé la parole, Sac Poubelle !
- Hey ! grogna Tino.
- Personne t'a adressé la parole non plus, Déchet Domestique !

Tino grimaça. Walter pencha la tête sur le côté.

- Il est survolté ma parole... Il lui arrive quoi ?!
- Sûrement ses ragnagnas... admit Perrine.
- Toi, la grosse, tu la fermes !

Robbie regarda Steven.

- On peut savoir ce qui t'arrive ?!
- Rien. Toujours puceau ? A moins que tu sautes l'estropié...
- Nan mais ça va pas la tête ?! geignit Naomi.
- Quoi ? Quoi ? Y'en a d'autres qui veulent se battre ? Allez, venez !

Tristan sortit Krabboss, Skitty, Togepi et Ossatueur.

- Putain d'équipe de tapette ! M'enfin, c'est pas en astiquant le manche de Gribble que tu vas avoir une meilleure équipe !

Tristan serrait les poings, empli de fureur. Quinn grimaça et regarda Francis qui observait, morne. « C'est ça... C'est l'accumulation. Il en a tellement marre que la vie se foute de sa gueule que... au final... ce qu'il a dit hier soir, c'était juste... sous le coup de... »

- ALLEZ !!!

Armaldo, Baggaïd et Sablaireau foncèrent vers Tristan et son équipe. Krabboss s'avança le premier.

- Apple, Garde Large !
- Tunnel !

Sablaireau plongea. Les deux autres se heurtèrent au mur de Krabboss. Tristan plissa les yeux. Sablaireau sortit de terre derrière Togepi. Skitty avait commencé à tourner autour de Krabboss.

- Laisse-moi deviner, tous tes Pokémon sont mâles...

Steven haussa les sourcils. La queue de Skitty se mit à émettre des cœurs.

- Nova, Attraction !!

Baggaïd, Armaldo et Sablaireau devinrent énamourés.

- Katana, Masse d'Os, Pix et Nova, Charme !!

Skitty et Togepi se rejoignirent sur Krabboss et charmèrent les Pokémon ennemis. Ossatueur frappa les adversaires de puissants coups d'os.

- Mais putain... grogna Steven.
- Apple, Pince Masse, Katana, Osmerang !!

Krabboss et Ossatueur unirent leurs forces pour repousser les adversaires. Mucuscule grimpa sur le ventre d'Armaldo, assommé.

- Presque tous mâles ! DRACOSOUFFLE !

Mucuscule cracha un vif jet de flammes bleues. Skitty projeta Togepi en travers et le Pokémon sembla prendre sa douche avec l'attaque.

- Putain de merde !
- Tu te rappelles, les fées et les dragons ? C'est lui que je vais démolir le premier !! Force Poigne !!!

Mucuscule fut attrapé par Krabboss et sa petite pince. Le Pokémon fut jeté par terre.

- Katana, Masse d'Os !!

Ossatueur frappa Mucuscule.

- P'TIT PEDE DE MERDE !!! ARRETE CA !!!

Francis inspira et partit. Il croisa Gina qui rangeait un bouquin.

- Comment ça se passe ?
- Pfff... C'est comme la vie quotidienne, c'est atrocement violent...

Francis dépassa Gina qui le regarda, légèrement inquiète pour sa santé mentale. Denis arriva.

- Heeeeeeeeey !! C'est quoi tous ces propos homophobes ?!

Tristan leva les yeux au ciel.

- Pour la deuxième fois, DE QUOI JE ME MELE ????
- Aaaaaah !! geignit Denis en repartant.

Perrine grimaça. « S'passe quoi, là, en fait ?! »

- Apple, Ecrasement. Nova, Torgnoles.

Walter soupira.

- On touche le fond. On regarde un Skitty, un Krabboss et un Ossatueur massacrer un Mucuscule...
- On regarde deux enragés qui s'envoient coups et insultes... On peut dire qu'on a atteint ce que l'humanité peut faire de meilleur ! admit Robbie.

Steven bouillonnait. Baggaïd, Armaldo et Sablaireau se relevèrent et foncèrent vers les Pokémon de Tristan.

- Pas de chance, la petite amourette aura pas duré ! POINGLACE DANS TA FACE !!!

Baggaïd dégomma Ossatueur d'un coup de poing glacé.

- ECLATE GRIFFE TETE DE BIFLE !

Armaldo écrasa Krabboss du pied et le frappa de divers coups de griffe.

- ET GYROBALLE !

Sablaireau se jeta sur Skitty et l'emporta dans une violente roulade. Tristan serra les dents. Steven s'avança avec nerfs vers Tristan. Ana s'avança pour s'interposer avant que Tino, Robbie, Rebecca, Orson ou Benjamin ne le fassent.

- Arrête, Steven, ça suffit !

Steven s'avança et contourna Ana pour aller récupérer Mucuscule. Il regarda Tristan d'un air intimidant.

- J'm'en prends à qui je veux, quand je veux. Okay ? Les pédés de Direction Dresseurs, j'leur pisse à la raie. Ce gros pédé de Roland Smirnoff, je l'encule. Et toi, et tes histoires de pédé de merde...

Tristan allait frapper Steven mais celui-ci le poussa le cul dans le sable du terrain.

- J'vous pisse à la face. Je m'en prends à qui je veux, quand je veux.

Steven rappela ses Pokémon.

- T'as perdu, minable. Reste à ta putain de place. Et ça vaut pour vous tous, les petits merdeux. Le boss, ici, c'est moi.
- Tu es ridicule...

Steven regarda Quinn et s'approcha d'elle.

- T'as un problème, la pétasse ? T'as un souci ?
- Steven ! grogna Rebecca.
- Tu ne me fais pas peur !

Steven poussa Quinn contre l'étagère de la médiathèque.

- Aouch !
- Bah t'as tort de pas avoir peur.
- Il faut que je te frappe ??? grogna Rebecca en tentant de repousser Steven.

Elle fut bientôt accompagnée de Robbie, Lucy, Fey et Naomi. Steven les écarta d'un mouvement dans le vide.

- Foutez le camp, putain !! Vous me faites tous chier !!

Lucy approcha de Quinn.

- Ça va ?!

Quinn hocha doucement la tête.

- Je l'ai bien mérité, je crois... C'était lui ou Francis...
- Quinn ! geignit Lucy.

Quinn regarda sa meilleure amie, en larmes.

- J'suis tellement désolée !
- Je sais... Ça m'a juste fait bizarre, on s'est jamais disputée aussi sér...
- J'te demande pardon !!!

Quinn serra Lucy dans ses bras en sanglotant. La petite chinoise était un peu embarrassée. Le reste de la classe était pour le moins perturbé. Naomi alla aider Tristan à se relever.

- Ça va ?

Tristan hocha la tête.

- Je sais plus trop où j'en suis mais... ça va...
- Tu devrais aller voir Wallace...

Tristan secoua la tête et regarda vers Orson et Benjamin.

- Nan, j'vais... aller avec mes copains.
- D'accord. Si t'as besoin...

Tristan hocha la tête.

- Merci Naomi.

Steven traversait la médiathèque, hagard et encore tremblant de rage.

- Putain de merde. M'ont tous bien fait chier...

Francis lui sauta dessus et le plaqua sur la table de Wallace et Santana qui étaient au bout en train de se détendre. Ils se tournèrent, étonnés, sur Steven plaqué sur la table par un Francis fiévreux.

- Tu la touches encore UNE FOIS. Je te tue.
- Lâche-moi, putain !! Lâche moaaaaAAAAAAH !!!

Francis tordait le bras de Steven avec violence. Wallace et Santana se regardèrent genre « On doit faire quelque chose ?! »

Clive et Andréa, sur la table opposée, observaient la scène en mangeant des chips.

- Tu la frappes, tu la blesses, tu lui fais du mal, tu la regardes de travers...
- MAIS PUTAIN LACHE MOIIAAAARRRRRGH !!!

Francis était prêt à lui déboîter le bras. Il avait l'air fou. Denis se demandait s'il devait intervenir.

- Je. Te. Tue. Si tu lèves encore la main sur elle...
- J'T'EMMERDE !

Francis se releva et écrasa la tête de Steven contre la table. Une fois. Deux fois. Trois fois.

- Vieux, VIEUX !! cria Clive en essayant de repousser Francis.
- Arrête !! geignit Andréa.
- Francis, Francis !! cria Gina en le tirant vers l'arrière.
- Du calme, on a compris, tout le monde est très énervé ! cria Holly.

Steven se releva, le nez en sang. Santana et Wallace restaient immobiles, complètement stupéfaits. Steven s'échappa promptement.

- Vous voulez des mouchoirs, jeune homme ? geignit Denis en s'avançant.

Steven sortit de la médiathèque, bien calmé. Il se dirigea vers les toilettes pour se nettoyer.

***

Quinn soupira.

- Il ne répond pas... Ils l'ont emmené dans cette voiture et j'ai plus de nouvelles...
- Ca va aller, c'est sûrement un plan tordu de Roland Smirnoff... Je me demande qui est interrogé en ce moment...

Mike regarda Lucy.

- La prof est toujours dedans, je crois.

Lucy inspira.

- On n'est pas sortis de l'auberge...

Steven revint avec un verre d'eau. Il sanglotait.

- Vieux, arrête de pleurer...
- Peux pas... sniff...

Mike soupira.

- Les flics vont se foutre de ta gueule si tu chiales pendant l'interrogatoire...
- M'en fous... sniff...

Mike regarda Steven s'asseoir, les yeux remplis d'incessantes larmes.

- ... vieux, arrête, j'me sens coupable... geignit Mike, attristé.
- J't'en veux pas... J't'en veux pas, Mike... Uuuuuh...
- Steven, merde !! geignit Mike alors que le blond s'écroulait sur lui.

Quinn se mordilla les lèvres et tapota l'épaule de Steven, peinée.


***

Steven regarda son téléphone, la respiration haletante.

[Demain, tu rassembles tes affaires et tu vas chez ta grand-mère, le temps qu'on se décide pour savoir si on vend la maison ou pas après le divorce – Maman]

Steven grommela et regarda le miroir. Il y vit un pauvre mec. Vraiment, vraiment, vraiment un pauvre mec.

***

Wallace et Santana étaient encore tous surpris. Clive, Andréa, Gina et Holly discutaient de l'incident.

- Ils deviennent tous tarés ma parole !! soupira Andréa.
- Et après c'est nous les hystériques... souffla Holly.
- J'étais sûre que Francis allait péter un câble ! admit Gina.

Clive souffla. « Exactement ce qu'Orlando et ses copains attendent qu'on fasse... qu'on se foute tous sur la gueule... »

Wallace regarda Santana qui le regarda.

- ... on fait la paix ? murmura Santana.
- ... on n'ira jamais jusque-là, t'en es conscient...
- Oui, bien sûr, mais... je sais pas, ça te fait pas relativiser nos petites disputes ?
- On se taquine. Moi j'ai toujours pris ça comme de la taquinerie... marmonna Wallace.

Santana inspira.

- En philo hier, on a traité de la violence. D'à quel point la société Poképolite en était bouffie, voire vérolée.
- ... logique, les combats...
- En fait la prof a différencié la violence physique entre les hommes et les combats de Pokémon.
- Evidemment...
- Et justement, j'ai dit « Oui mais c'est hypocrite parce que les dresseurs s'investissent parfois tellement dans les combats, et ils y mettent parfois tellement leurs rancoeurs personnelles que finalement il y a pas de différence... »

Wallace hocha la tête.

- Tu t'imites très bien !
- Merci. Ce à quoi elle a répondu qu'en effet j'avais raison...
- Là tu inventes.

Santana sourit. Wallace sourit également.

- ... et qu'un combat, peu importe avec quoi on le fait, reste un combat. C'est dans la nature des hommes de se battre. Que ce soit pour de mauvaises raisons ou de bonnes raisons.

Wallace haussa un sourcil.

- Tu dis ça par rapport à mon intervention de ce matin ?
- Autant je pense qu'on ne doit pas transformer les cours en école militaire, autant je pense que tu as une âme de leader et que le jour venu, tu te dois d'être prêt. Pour toi, parce que c'est ton dada, que ça te démange et que tu le sais...

Wallace serra les dents, conscient de la chose.

- Mais pas seulement pour toi. Pour Perrine, pour Walter, pour Naomi...

Santana inspira.

- Pour Tristan.

Wallace hocha la tête.

- S'ils s'en prennent à lui, tu seras obligé de te battre.

Wallace inspira et hocha la tête.

- Arrête-toi là, s'il te plait... marmonna doucement Wallace.
- Oui oui. Toujours est-il que... Tu sais que tu dois le faire. Tu as lancé la machine. Une fois que la machine est lancée, on l'arrête plus.

Wallace acquiesça.

- Et on est responsable de ce qu'on a amorcé, et on se doit d'en subir les conséquences.

Wallace acquiesça lourdement. Il regarda Santana.

- Je déteste parler avec toi.
- Je sais que c'est faux ! sourit la vietnamienne.
- Où est parti Francis ?

Les deux se turent et ils entendirent un léger sanglot masculin. Ils soupirèrent en même temps.

- Pas envie de le consoler... marmonna Santana.
- J'essaierai de m'occuper de ça plus tard... marmonna Wallace.

Santana regarda Wallace et claqua des doigts.

- Tu vois ? L'âme de Leader.
- J'ai commencé ce bouquin, je suis pris dedans... soupira Wallace.
- C'est écrit gros... s'étonna Santana.
- Conseil de Tristan.

Santana éclata de rire.

- On dirait que tu justifies le fait que ce soit écrit gros par le fait que ce soit un conseil de Tristan ! Genre « C'est normal que ce soit un livre de gosse, c'est une recommandation de Tristan ! »
- Arrête ! ricana Wallace.
- C'est trop marrant, genre, c'est un geek un peu gamin sur les bords, donc forcément il te propose des bouquins de gamins !
- T'es vache, il est bien son bouquin ! C'est parce que la prof de fondamentaux m'a surnommé Petit Grainipiot !!

Santana avait un fou rire. Wallace ricanait également.

- Arrête !! geignit Wallace, hilare.
- Elle est pas complètement pétée cette meuf d'ailleurs ? Elle a une case en moins, on est d'accord ?! ricana Santana.
- Elle est barge oui !
- « Steven, mon petit Fantominus ! »

Wallace éclata de rire et s'écroula sur la table, terrassé par son hilarité, sous les yeux stupéfaits de Clive et Andréa qui se regardèrent.

- On passe du coq à l'âne dans cette classe ! souffla Andréa.
- J'vais faire un tableau qui nous représentera tous et je l'intitulerai « Schizophrénie »... marmonna Clive.
- Tu m'étonnes...

Les deux grands rigolos se calmèrent et se regardèrent.

- C'est bon de te revoir, Gribble.
- Mouais. Tu dis ça au mec qui pique une crise quand il doit sortir un Pokémon...
- Nan mais c'est rien, ça, t'es juste en plein stress post-traumatique !
- C'est toi le stress post-traumatique ! grommela Wallace.

Francis était toujours effaré par son geste. Quelqu'un arriva devant lui. C'était Amélia. Elle regarda Francis qui la regarda, intrigué. Elle lui donna un muffin. Francis, surpris, pris le gâteau et regarda Amélia partir. La blonde resta complètement impassible.

***

Zelda Majora's Mask – Astral Observatory Music

- Papa ?!
- Francis, ne rentre pas !
- Mais qu'est-ce qui s'est passé ?!

Arlène et Dimitri se regardaient, intrigués. Le père de Francis se mordilla les lèvres, les larmes aux yeux.

- Ta mère... a refait... une crise...

Arlène inspira. Dimitri s'avança.

- Monsieur Zuckerman...
- Jodie ! Jodie !

Jodie se retourna vers Francis en pleurant.

- Maman vole et elle veut plus redescendre...

Francis écarquilla les yeux.

- Nan... Nan... C'EST TOUT CE QUE JE VOULAIS PAS !!! PUTAIN ! LACHE-LA ! LACHE-LA !!!
- Je m'occupe d'elle pour le moment ! Je vais me mettre sous surveillance si ça te chante, mais elle a besoin d'un parent, Francis ! geignit le père.

Arlène retint Francis et le ramena en voiture. Il faisait nuit. Les phares les éclairaient.

- LAISSE-LA TRANQUILLE !! C'EST MA SŒUR ! JE VEUX PAS QU'ELLE SOIT IMPLIQUEE DANS VOS SALOPERIES !!! JE SAVAIS QUE CA FINIRAIT COMME CA, MERDE !!! MERDE !! MEEEEERDE !!!

Arlène assit Francis à l'avant. Francis regarda son père qui tenait sa sœur, sincèrement inquiet. Dimitri prit le volant.

- On repart au commissariat.
- Jodie...
- Monsieur Zuckerman...

Francis sanglotait.

- Ma mère est morte... Ma petite sœur... Ma mère est morte...
- Démarre, Dimitri, il est foutu ! soupira Arlène.

Francis s'affala sur le siège passager, complètement défait. Dimitri reprit la route en sens inverse. Arlène envoya un SMS.

[Fiasco total pour Zuckerman. On fait quoi ?]

Arlène soupira.

- Jeune homme, il va falloir faire confiance à votre père. Aux autres, de manière générale, je pense.

Francis hocha la tête.

- J'ai besoin de Quinn. Ramenez-moi auprès d'elle, s'il vous plait...

Dimitri acquiesça. On répondit à Arlène.

[La situation a changé. Revenez vite. On a perdu Levy]

Arlène grimaça.

- Dimitri, nique les limitations de vitesse !
- Aaaaw, tu sais que j'aime pas ça !!
- Il le faut !
- Y'a le petit à l'arrière...

Francis secoua la tête.

- N'allez pas trop vite, s'il vous plait. Ne faites pas de mal au petit. Faut pas faire de mal aux petits...


Francis regarda l'arrêt de bus en direction de chez sa tante. Il soupira. « A quoi bon... Si c'est juste pour m'engueuler avec elle et repartir bredouille... »

Francis sanglota. « Tu peux plus t'occuper d'elle, Francis... D'un côté ça te soulage, d'un côté tu es inquiet et... »

Francis pleura carrément alors que les gens dans la rue le regardaient, étonnés.

« D'un autre, tu as honte, tellement honte d'être soulagé de ce poids, tellement honte... »

Steven attendait sur le trottoir que sa grand-mère vienne le chercher. Hagard, il regarda les élèves sortir de l'école. « Pourvu qu'Ana me voie pas. Pourvu qu'elle me voie pas... »

La vieille guimbarde arriva. La vieille ouvrit la porte.

- Monte ! Sont vraiment cons tes parents. C'est maintenant qu'ils se décident enfin ?!
- Salut mamie...
- Tu saignes. Tu t'es encore battu hein ? Petit con. C'est sûrement de ta faute si tes parents divorcent !

Steven soupira et regarda par la vitre, décontenancé par la mère de son père.

Christina était toute secouée par cette après-midi. Tino lui tint le bras. Elle le regarda.

- La main, je veux pas... le bras, ça peut aller.
- ... Merci !

Tristan discutait légèrement avec Orson et Benjamin, ce qui semblait lui faire du bien. Rebecca, au bras de Mike, sourit en les dépassant.

Lilian regarda Gina.

- Ça va ?

Gina regarda son petit ami.

- Si un jour tu te mets en colère contre moi comme ça, sans raison, je te quitte.
- Pareil pour toi.
- Je suis portoricaine, c'est normal chez nous ! sourit Gina.
- On verra. Ça dépend la raison de la colère, nan ?

Gina acquiesça. Quinn et Lucy sortaient côte à côte.

- Tu m'en veux encore ? demanda Quinn.
- Un peu. Mais ça passera. Je sais que t'es trop conne pour être raisonnable ! admit Lucy avec cynisme.

Quinn sourit.

Perrine et Robbie descendaient les escaliers. Quelqu'un dépassa Perrine.

- Avance plus vite, gros tas ! Tchhh...

Perrine leva les yeux au ciel. Robbie lui pressa la main. Perrine regarda son petit ami qui la regarda intensément. Elle hocha la tête. Oui, elle était capable de hausser les épaules après ça.

Santana sortit en tenant Violette par la main. Violette la regarda.

- Tu es de bonne humeur !
- Oui. Je sais, c'est bizarre.
- Après tout ça, oui !
- Tu viens au grenier ce soir ? sourit Santana.
- On devait pas se faire un ciné ?! s'étonna Violette.

Santana haussa les sourcils.

- Le ciné !! Bon sang !
- Santanaaaaa... geignit Violette.
- Mais nan mais excuse-moi mais avec tout ce qui s'est passéééé...

Wallace sortit et regarda le paysage, le soleil qui battait de l'aile, les gens qui grouillaient. Il sourit, prêt à essayer de remettre un pied dans toute cette merde.

James souffla en voyant Fey, Ana et Naomi. « Alors ça va être ça, maintenant, je vais juste être un coussin pour la réconforter de temps en temps ? Mouarf... »

Les élèves rentrèrent progressivement chez eux par les moyens qui leur étaient octroyés.

***

Quand Tristan arriva chez lui...

- Tu étais où ?!!

Tristan regarda sa tante.

- Cette nuit ?! Tu étais où ? L'école a appelé, tu t'es absenté ! Non mais qu'est-ce qui t'a pris ?!

Tristan inspira.

- J'étais chez un ami, j'ai oublié de prévenir, pardon...
- Et ton absence ?!

Tristan haussa les épaules.

- J... J'peux pas trop te dire, mais j'ai réglé ça avec la CPE, c'est bon...

La tante de Tristan soupira.

- Plus jamais ça ! Non mais dis donc, voilà que tu vas nous filer un mauvais coton. Bientôt je vais apprendre que tu t'es battu à l'école !

Tristan plissa les yeux et posa son sac. « J'étais bien chez Wallace en fait... »

***

Francis rentra dans son appartement vide. Il soupira et se posa sur son canapé. Il regarda autour de lui.

La télécommande était sur la table. Il la saisit, alluma la télévision. Dessins animés. Il soupira et changea de chaîne.

Pour la première fois depuis longtemps, il pouvait regarder ce qu'il voulait. Cela lui fit un étrange bien.

***

Steven était devant la télé. Sa grand-mère ingurgitait diverses pilules dans un certain ordre.

- Tu devras me passer ma crème ensuite. D'accord ?

Steven hocha la tête alors qu'il regardait cette série ringarde pour vieux avec l'aïeule.

- Et arrête de faire cette tête de chien battu. J'ai arrêté de te battre quand tu as eu l'âge de te plaindre !!

Steven baissa la tête, un peu ruiné.

***

Helen Clover soupira. Elle était assise à une table de restaurant. Il arriva, dans ses habits normaux.

- Oh mon Dieu !!
- Tu es complètement folle...

Helen lui sauta au cou, larmoyante.

- Mais qu'est-ce que tu as fait, Helen...
- Ce qu'il fallait. Ce qu'il fallait, Holland, je t'assure.

Elle se serra contre lui, heureuse.

Enfin heureuse.

***

Wallace rentra. Sa mère était sur son ordinateur avec ses lunettes.

- Bonjour mon grand...
- Salut maman...

Wallace se posa tranquillement. Margaret enleva ses lunettes.

- C'était qui, ce garçon, Wallace ?

Wallace haussa les épaules.

- Un copain, maman, je vous l'ai dit, il est dans ma classe...
- Il a dormi ici...
- On n'a pas...
- Je sais, j'ai vu le lit de camp dans ta chambre !

Wallace regarda sa mère, stupéfait. Elle leva les mains.

- Fallait bien que je nourrisse Chartor, Canarticho et Pandespiègle !
- ... hm...
- Mais... toi et ce garçon, ça peut devenir...
- Maman !
- Non, non, je... Je me pose la question, je ne sais pas, tu avais l'air bien avec lui... Tu le défendais avec énergie mais sans grossièreté... C'est bien de te voir solidaire mais pas vulgaire pour une fois...

Wallace agita la tête.

- J'sais pas trop maman, c'est compliqué.
- D'accord. J'ai réussi à dissuader ton père de réparer la planche de la palissade.

Wallace regarda sa mère, étonné.

- ... comment tu déchires !
- Mais c'est uniquement pour que Tristan vienne plus facilement, d'accord ?

Wallace acquiesça et but son thé, quelque peu rassuré.

- Et pour ne pas avoir à le recevoir à la porte, parce que ça t'embarrasserait trop, hein maman ? sourit Wallace.

Margaret inspira.

- J'ai encore un peu de mal. A me dire que tu...
- J'comprends. Des nouvelles de Lindsay ?
- Ta sœur a l'air d'aller bien, elle va nous rendre visite bientôt, mais après les élections.

Wallace hocha la tête.

***

Dans son jardin, Wallace regarda son père qui réparait le robinet du tuyau d'arrosage. Wallace salua son père.

- Ta mère t'a dit ?
- Ce sera plus pratique pour tout le monde, ça va vous embêter s'il sonne à chaque fois.
- Mouais. Pas de galipettes ici !
- Oui papa... grommela Wallace.

Carl quitta le jardin.

- J'ai besoin de ma foutue lampe halogène...

Wallace inspira et regarda le grand jardin vide. Il regarda la Pokéball de Tiplouf et poussa une grande inspiration. Sa main tremblait. Il devait oser le sortir. Voire l'entraîner.

« Tu peux le faire. »
« Allez. »
« Fais pas ta lopette... »
« Courage... »

Wallace inspira.

« Tu vas t'en sortir, Wallace. »
« On n'aura qu'à essayer ensemble si tu veux... »
« Ca va s'arranger... »
« Ça m'embête pas, je t'assure »
« Détends-toi. Sois naturel. Tu n'as rien à te reprocher. Et surtout : Ne la ramène pas trop ! »

Wallace ouvrit les yeux, décontenancé. « Putain, avec sa voix en plus... »

« ... »

Il regarda sa Pokéball et la rangea à sa ceinture.

- Putain...

Il retourna chez lui, furieux contre lui-même.

- Putain de merde...

Il regarda son téléphone et envisagea d'envoyer un 450ème SMS à Tristan. Il soupira. « Nan. Nan, laisse-le tranquille. »

Wallace se dirigea vers sa chambre. Il croisa sa mère.

- Ca va mon grand ?
- Nan, j'suis nul à chier ! grogna Wallace.

Margaret regarda son fils s'enfermer dans sa chambre. Elle souffla.