Jour 2_Souvenirs
« Je suis désolé Arthy. murmura Max.
-Ce n'est rien. J'espère juste avoir un jour l'occasion de lui parler à nouveau.
-Surtout que tu l'aimes, non ? »
Arthur rougit. Il sortit une petite barrette bleutée ornée d'un poisson de sa poche. Il l'observa un moment puis la serra fort dans sa main et l'amena vers son cœur. Max était encore enroulé dans son blouson, mais il était désormais assis en face du garagiste et à côté du barman, dans le petit coin salon. Les fauteuils étaient en cuir taupe et la table en bois de chêne.
Le jeune pâtissier se leva et posa une main réconfortante sur l'épaule de son ami.
« Ne baisse pas les bras, je suis sûr que vous vous reverrez. »
Le garagiste lui rendit un sourire. Lysandre soupira et regarda à l'extérieur. La pluie commençait peu à peu à cesser. Il se leva.
« Vous comptez faire quoi les jeunes ? demanda-t-il.
-Je vais peut-être retourner dans ma pâtisserie. J'ai dû la fermer en expresse pour venir.
-O.K-. Et toi Arthur ? »
Celui-ci ne répondit pas. Il semblait encore perdu dans ses souvenirs.
C'était il y a vingt, mais il s'en souvient encore. Il jouait dans le parc avec ses amis. Son regard s'est posé sur une jeune fille alors qu'il construisait un château de sable. Elle jouait avec des petites voitures, seule. Elle avait deux petites couettes bleues et portait une salopette noire avec des sandales. Il s'approcha, sous le regard interloqué de ses amis.
« Tu joues avec des voitures ?
-Et ?
-C'est bizarre pour une fille.
-Je te permet pas. »
Elle se leva et fixa sans ciller le petit garçon. Elle possédait deux grands et beaux yeux bleus.
« J'ai le droit d'aimer ce que je veux.
-Peut-être. En tout cas, je n'aime pas les poupées pour autant. fit le garçon dans un haussement d'épaules. »
Elle sourit et il rougit.
« Je m'appelle Aria. dit-elle en lui tendant une main.
-Et moi Arthur. répondit-il en lui serrant la main.
-J'aimerais devenir garagiste. avoua-t-elle.
-Moi aussi ! s'exclama-t-il. »
Ils se sourirent et jouèrent ensuite ensemble. Mais ils ne se revirent pas le lendemain. Pourtant, il n'avait pu oublier son visage ni le son de sa voix.
Une dizaine d'années plus tard...
« Hé ! Arthur ! cria un jeune homme.
-Quoi ? fit l'intéressé en levant le nez de son sandwich.
-Tu sais qu'y a une nouvelle qui va débarquer ?
-C'est bien.
-Tu t'en fiches royalement, avoue ! rétorqua l'autre jeune homme dans un sourire. Les gars sont plutôt contents, elle va apporter une petite touche féminine au garage. »
Et il reparti. Arthur haussa les épaules et finit son sandwich. Puis, il s'étira. Il avait prit pour habitude de manger sur la falaise qui surplombait la mer. C'était un endroit calme où seul le bruit des vagues contre la paroi rompait le silence. Et cela lui permettait de voir des Pokémon aquatiques nager tranquillement. Un beau spectacle qu'il ne se lassait pas d'observer.
Finalement, il retourna au garage. Un endroit grisâtre avec – quand même – des voitures à réparer. Ils étaient cinq étudiants à bosser avec leur maître. Et une sixième aller débarquer. Arthur se disait qu'il allait laisser les autres la draguer, ce genre de choses ne l'intéressant pas trop. Même s'il trouvait étrange de se souvenir aussi bien d'elle.
Justement, en parlant du Démolosse, la nouvelle se tenait sur le seuil. Mais il passa à côté d'elle sans faire attention. Il retourna s'occuper d'une voiture et finir le travail qu'il avait commencé le matin même. Soudain, il grommela.
« Saleté de fuite d'essence.
-Je peux t'aider ? »
Ces mots l'arrêtèrent net dans son mouvement. Il voulu relever la tête mais se cogna contre la voiture. Il lâcha un juron et sortit de dessous l'automobile.
Il resta stupéfait et bouche bée un moment en voyant la jeune fille. Elle avait une longue chevelure bleue et de beaux yeux fascinants assortis. Elle portait une veste bleu marine et un chemisier blanc en-dessous avec un petit foulard rouge. Elle était également vêtue d'une jupe grisée et de grosses bottes noires.
« Salut Arthur. Quand tu es passé devant moi sans faire attention je savais que je t'avais déjà vu. Jamais je n'aurai pu oublier un bel idiot comme toi.
-A...Aria ?... »
Il sentit ses joues s'empourprer. Sans y réfléchir, il serra Aria dans ses bras, mais ce retint au dernier moment.
« Je suis pas au mieux de moi aujourd'hui, si tu vois ce que je veux dire.
-Un peu couvert d'essence et grognon. dit-elle dans un sourire. »
Il rougit un peu plus.
Le petit groupe de garagistes s'était approché.
« Tu la connais ? demanda l'un d'eux.
-On s'est rencontré un jour et.... commença Arthur. »
« Je n'ai jamais réussi à l'oublier... » finit-il intérieurement. Mais les autres semblaient avoir compris.
« Le coup de foudre, hein ? ironisa un autre.
-N'importe quoi ! fulmina Arthur. »
Mais personne ne le prit au sérieux. Il était plus rouge qu'une tomate.
« Faut dire qu'elle est mignonne. poursuivit un troisième. »
Aria aussi était devenue rouge.
La discussion s'arrêta là. Le lendemain cependant, Arthur n'arrivait pas à détacher son regard d'Aria. Cela lui valut quelques remarques négatives du supérieur, mais il rougissait en voyant la jeune fille sourire et rire de tout cela alors qu'il se faisait sermonner.
« Tu m'écoutes quand je te parle ?!
-Oui oui... avait-il répondu en regardant la jeune fille.
-C'est cela oui... a soupiré le maître. »
Il faisait extrêmement chaud ce jour-là. Arthur portait alors un tee-shirt sans manches blanches et un panta-court noir. Quand il vit Aria arriver, il sentit un liquide chaud dégouliner sur ses lèvres. Il se rendit compte avec effroi qu'il saignait du nez. Aria portait un short bleu et un décolleté qui – d'après Arthur tout du moins – faisait ressortir sa poitrine. Elle tourna la tête vers le jeune homme et fut surprise de le voir avec une main devant son visage.
N'y tenant plus et parce qu'il rougissait trop, il partit en courant vers cette falaise qu'il aimait tant. Il s'assit sur le bord et s'essuya le visage d'un revers du bras. Il observa les vagues et commença peu à peu à se calmer. Soudain, il sentit une main se poser sur son épaule. Il se tourna vivement et rougit à la vue d'Aria. Cette-dernière s'assit à côté de lui.
« Pourquoi être parti comme ça ? »
Il laissa un silence gênant s'installer. Il hésitait à répondre.
« Parce que... je... … parce que je t'aime. lâcha-t-il finalement.
-Je dois avouer que... c'est réciproque. déclara-t-elle en rougissant. »
Il risqua un regard vers elle. Elle l'observait de ses grands yeux bleus comme la mer. Il la prit dans ses bras. Aria posa sa main sur la joue d'Arthur et la caressa du bout des doigts. Puis, elle déposa ses lèvres sur les siennes. Il rougit mais l'accepta avec plaisir. Il passa sa main dans sa chevelure bleue et la serra un peu plus fort contre lui.
Ils se détachèrent l'un de l'autre quelques secondes plus tard. Leurs cœurs battaient à tout rompre. Ils ne pouvaient sortir un mot. Ils se contentaient de se regarder dans les yeux. Puis, ils recommencèrent.
Jamais il ne pourrait oublier ce jour.