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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 11/02/2015 à 10:19
» Dernière mise à jour le 31/10/2018 à 22:46

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 20 : Sire Erend
Parfois, je me demande ce qui se serait produit si je n'avais rien fait lors de la prise de Bakan par Castel. Si j'avais continué à vivre, sans rechercher ni vengeance ni gloire. Alors, pas d'épée. Pas d'Arceus. Pas de Sauveur du Millénaire. Peut-être que quelqu'un d'autre en serait venu à porter ce terrible fardeau. Quelqu'un qui s'en serai acquitté bien mieux que moi. Quelqu'un qui aurait mérité d'être un héros.



*****



Zayne était en train de voir son jeune frère se transformer peu en peu en leader, et ça lui faisait bizarre. Erend était revenu triomphant à la Haute Académie Velgos, et en avait fait son siège. Tous les étudiants lui rendaient hommage, et même les professeurs. Beaucoup de ceux qui étaient partis, par crainte de Castel, étaient revenus une fois les exploits d'Erend et des autres dans l'arène connus de tous. On ne sortait plus de la Haute Académie. Il y avait assez de réserves de nourriture dans le restaurant universitaire et la cafétéria pour plusieurs mois. Erend accueillait tous ceux qui voulaient rentrer, dresseurs ou pas, pour se cacher de l'emprise de Castel. Pour l'instant, ce dernier avait tenu parole. Aucun soldat sous ses ordres n'était entré, et aucun autre habitant, fut-il un criminel, n'osait désormais s'en prendre à Erend qui avait un statut égal à celui du roi.

Oui, la Haute Académie Velgos était devenu un pays, et Erend son président. Les cinq autres qui avaient accompagné Erend dans l'arène jouissaient aussi d'une grande renommée et déférence parmi les gens présents. C'était la première fois pour Zayne, lui qui avait toujours tenu à s'éloigner de l'influence et de la célébrité de sa mère. Il n'avait même pas étudié à la Haute Académie, comme Erend, et pourtant on s'inclinait presque devant lui, et les filles le regardaient avec un air d'espoir et d'adoration à chaque fois qu'il passait devant elles.

Mais ils n'étaient pas là pour se la couler douce et abandonner la région à son sort. Si Erend avait fait ça, c'était justement pour acquérir ce pouvoir et cette renommée qui lui seraient nécessaires pour monter sa révolution. Le recrutement avançait bien depuis la victoire dans l'arène, et le nombre de Pokemon ne cessait de croitre. On avait aussi fait rentrer, illégalement et en toute discrétion, un stock d'arme. Parfois, certains faisaient des sorties, à leur risque et péril, pour ramener de la nourriture ou du matériel.

Erend, avec son efficacité habituelle, avait réparti les rôles de chacun. Zayne avait hérité de la tenue des registres du personnel et de matériel. Une tâche harassante, mais dont il pouvait s'occuper mieux que d'autres. Zayne avait une certaine expérience professionnelle, et avait déjà eu à tenir des listes. Tous ces étudiants, eux, n'avaient jamais vraiment eu à bosser. Ils avaient beau être intelligents, ils ne savaient pas faire grand-chose.

- Monsieur Zayne, l'appela une fille qui travaillait avec lui. Trois caisses de vin ont été déposées en salle 315, et on m'a signalé que Simon et Joffrey ont réussi à voler une dizaine de Pokéball vides.

Zayne avait maintenant l'habitude qu'on lui donne du « monsieur », surtout venant des filles. C'est absurde, car il n'avait que dix-sept ans, et que souvent il tombait sur des étudiants plus âgés que lui. Mais il était le frère et le bras droit d'Erend, et à lui, on lui collait carrément du « Sire Erend ». Castel l'avait appelé ainsi dans l'arène, et ce titre était resté. Pas pour honorer le roi, mais plutôt pour se payer sa tête.

- Trois caisses de vin ? Répéta Zayne. Pourquoi ramener du vin ? On a des besoins plus urgents.

- Oui monsieur. Mais ce sont les commerçants de la ville et des alentours. Certains nous soutiennent secrètement, et nous offrent ce qu'ils ont. Il serait malpoli de refuser.

- Bien sûr... Bon, amenez-les au resto, et qu'on serve ça avec modération. Pas besoin d'une bande de rebelles totalement ronds. Pour les Pokeball, transmettez à Marcelio, c'est lui qui se charge de ça.

- Oui monsieur. Tout de suite monsieur.

Zayne soupira en la regardant passer avec ses joues roses et son regard mielleux. Il était courant que les filles lui fassent du charme, même avant tout ça. Selon les critères standards, Zayne était considéré comme un très beau jeune homme. Mais il n'avait pas souvent répondu à leur appel muet et en ce moment, même s'il avait l'embarra du choix, il avait d'autres choses à faire et à penser.

Les autres gagnants des Jeux du Courage avaient aussi eu droit à cette popularité auprès du genre opposé. Marcelio et Daniel en avaient profité, Zayne le savait. Jace était un peu trop timide pour toute cette attention, et Erend un peu trop jeune. De son coté, Velca attirait les regards et les demandes de nombreux garçons, mais elle semblait n'en avoir que faire. Comme Zayne, elle se concentrait uniquement sur son travail. Mais bizarrement, elle aussi se mettait à bafouiller dès que Zayne était près d'elle.

En ce moment, Erend devait être en train de planifier son prochain coup contre le régime de Castel. Des actions spontanées, comme détruire une caserne de ses soldats, libérer des prisonniers, voler les Pokemon qu'il détenait... C'était faisable avec une bonne organisation, et Erend était quelqu'un de très organisé, qui prévoyait quasiment tout et ne laissait rien au hasard. Ils en avaient réussi déjà deux ou trois, des coups de ce genre. Le problème, l'inconnu majeur, c'était le degré de sincérité que Castel accorderait à sa promesse : celle de ne pas s'en prendre à l'Académie.

Car il était évident, qu'à force, Castel allait découvrir qui était à l'origine de tous ces actes, s'il ne le savait pas déjà. Et alors, en sachant qu'un nid de traîtres et de rebelles se cachait à l'Académie, oserait-il attaquer et rompre la promesse qu'il avait faite aux yeux de tout Bakan ? Erend pariait sur non. Si Castel revenait sur sa propre parole, ça ne ferait qu'attiser encore plus le feu de la révolte. Les gens comprendraient qu'on ne peut pas faire confiance au roi, et seraient plus prompts à se révolter.

Mais toutes ces actions, si symboliques soient-elles, ne changeraient pas grand-chose au problème. Pour faire tomber ce régime et reconquérir la région, Castel devait être défait. En clair, on devait le tuer. Mais là, ce n'était pas comme aller chaparder quelque Pokeball dans sa réserve personnelle. Même si son palais tombait et son armée était en déroute, il lui resterait ses six Pokemon, et selon mademoiselle Anis, leur force était sans équivoque. Anis et Erend avaient commencé à étudier un moyen de battre chacun des Pokemon royaux de Castel, mais même Anis ne savait pas grand-chose d'eux. Elle connaissait seulement le canard vert qui était toujours derrière Castel tel un garde du corps, ce Shinobourge. Et parmi les six, il y avait ce légendaire Hafodes, avec lequel Castel avait tué tous les sénateurs.

Bref, Zayne suivait son frère et serait capable de se battre, mais il ne voyait pas le bout du chemin. Ils finiraient probablement tous exécutés publiquement. Enfin, peut-être pas Erend, si Castel tenait sa parole. Mais connaissant Erend comme il ne connaissait, Zayne savait que son frère n'aurait jamais le repos tant qu'il n'aurait pas vaincu Castel. Perdu dans ses pensées, Zayne ne vit pas le jeune homme fin aux cheveux roux qui courrait comme un dingue dans le couloir, et les deux se rentrèrent dedans. Quand il le reconnut, le garçon s'accrocha à lui comme à une bouée de sauvetage.

- M-Monsieur Zayne... c'est terrible... ils sont...

- Du calme vieux. Explique-moi.

- Je suis parti prévenir Sire Erend et les autres. Il y a tout un groupe aux portes de l'Académie, monsieur !

Zayne sentit un grand froid l'envahir.

- Un groupe de guerriers de Castel ?

- Non monsieur. Mais ils ont des boucliers anti-émeute, des bâtons paralysant et même des pistolets. Ce sont les milices d'À bas la République !

Zayne fronça les sourcils. C'était moins grave que l'armée royale, mais inquiétait tout de même. Il était connu de tous qu'À bas la République, cette organisation composée de ligues d'extrémistes violentes, travaillaient pour Castel, du moins indirectement. Avant, ils étaient relativement peu nombreux et sans danger, mais depuis le règne de Castel, ces allumés avaient beaucoup de succès. Beaucoup de gens voyaient en eux le moyen de vivre en sécurité en étant du bon coté. Castel ne les avait pas officiellement reconnus, mais l'organisation se faisait un plaisir de traquer ses opposants ou les hors-la-loi pour les livrer à l'armée royale. Ils avaient pour habitude de se fringuer tous en noir et de se hiérarchiser avec des grades aussi pompeux qu'absurdes.

- Ils ont dit ce qu'ils voulaient ? Demanda Zayne.

Castel les avait-il envoyés pour débusquer les rebelles ? Après tout, comme ils n'étaient pas à proprement parler des soldats du roi, ce dernier ne rompait aucune de ses promesses en les envoyant...

- Ils veulent parler à Sire Erend.

- Eh bien, va le chercher. Mais ils devront d'abord parler avec moi.

Zayne sortit avec quelques autres. Les milices se tenaient devant l'entrée. Elles ne l'avaient pas encore franchie, mais Zayne avait dans l'idée qu'elles n'hésiteraient pas à le faire. Il devait y avoir au moins une centaine d'hommes, généralement assez jeunes. Ils étaient tous habillés de noirs, et leur symbole - un poing qui brise le symbole de la République de Bakan - brillait sur leurs tenues. Quand Zayne s'avança, l'un d'entre eux fit de même. Un type dans la trentaine, à l'air infiniment arrogant, qui tenait son flingue bien en évidence.

- Peut-on savoir ce que vous et vos potes fichez là ? Demanda Zayne sans se laisser démonter le moins du monde. C'est une propriété privé ici maintenant.

- Je suis le Bienveillant Commandeur Suzerain Bulvard Melt, se présenta l'homme comme s'il venait d'énoncer qu'il était Arceus en personne. En tant que leader d'À bas la République, j'ai toute autorité pour aller où je veux.

Zayne fit mine d'être impressionné.

- Le Bienveillant Commandeur Suzerain, vous dites ? En voilà, un sacré titre. Avec un grade pareil, vous n'avez même pas besoin de flingue, mon pote. Redite-le un certain nombre de fois - genre deux fois - et votre adversaire tombera endormi sur le champ.

Bulvard Melt ne dut pas saisir la vanne, signe qu'il était encore plus bête que Zayne ne l'avait pensé au premier abord.

- Nous exigeons de parler à Erend Igeus sur le champ. Et vous n'êtes pas Igeus, non ?

- C'est Sire Erend, maintenant, je vous prie, rectifia Zayne. Il a été adoubé par le roi en personne. Vous ne regardez pas la télé ? Et non, je ne suis pas lui. Sire Erend a d'autre chose à s'occuper qu'une meute de débraillés à sa porte.

- Nous avons des raisons de penser que des rebelles se cachent dans cette Académie. Ils auraient commis plusieurs vols et ramené leurs larcins en ces lieux. Braver le roi et ses lois est un crime capital. Nous sommes venus enquêter, au nom de la paix et de la justice.

Comment un type pouvait-il être si crétin et utiliser un tel langage ? Se demanda Zayne. Probablement qu'À bas la République voulait imiter Castel et ses soldats, mais qu'ils ne devaient pas comprendre grand-chose à ce qu'ils baragouinaient. Zayne se souvenait que leur slogan à leur création, il y a un an, était « FUCK THE SYSTEM », ce qui en disait long sur leur profondeur intellectuelle. Zayne n'arrivait pas à comprendre comment un groupe d'anarchistes en était venu à soutenir un despote.

- S'il y a des hors-la-loi ici, c'est à Sire Erend de s'en charger, répondit Zayne. Tant qu'ils sont à la Haute Académie, ils sont sous sa juridiction. Cet endroit n'appartient pas au roi. Il en a fait présent à Sire Erend pour le récompenser de sa bravoure. Il a promis devant le peuple entier de Bakan que ni lui ni ses soldats ne pourraient y pénétrer.

- Nous ne sommes pas des soldats de Sa Majesté, contra Melt. Nous sommes les défenseurs de la justice et de l'ordre. Nous soutenons le roi, mais nous ne lui appartenons pas, et nous ne sommes donc pas tenus par ses promesses.

- Comme c'est pratique...

Plusieurs résidants de l'Académie avaient rejoint Zayne, et se tenaient côte à côte tout en foudroyant les milices noires du regard. Ces derniers raffermirent leur prise sur leurs armes.

- Il est inutile de s'opposer à nous, insista le Bienveillant Commandeur Suzerain. Vous avez beau être plus nombreux, nous sommes armés. Laissez-nous entrer et capturer ces rebelles, et nous vous laisserons la vie sauve. Un carnage serait inutile.

- Je suis bien d'accord.

C'était Erend qui venait de parler. Quand il apparut en s'avançant tranquillement, tout le monde s'écarta de son passage. Il était accompagné de sa « garde rapprochée », composée d'Anis et de ses quatre compagnons qui s'étaient trouvés dans l'arène avec lui. Quelque membres d'À bas la République furent de toute évidence impressionné, mais Bulvard Melt ne se laissa pas démonter.

- Vous voici enfin, Sire Igeus. Nous vous demandons de nous laisser passer sans opposer de résistance, afin que nous puissions mener notre inspection !

Erend était beaucoup plus jeune que Melt, mais le regarda avec un tel dédain qu'on aurait dit un adulte fatigué par les bêtises que débitait un jeune enfant un peu stupide.

- Non. Je n'ai pas envie, dit-il simplement.

Le leader d'À bas la République le regarda d'un air stupide en clignant des yeux.

- C'est... Vous... Nous ferons usage de la force si besoin est !

- Cette Académie est à moi. N'y entrent que ceux que j'ai invités. Je suis au dessus des lois du royaume. Je fais ce que je veux, et ceci par décret du roi. Vous qui êtes tant attaché aux respects des édits de Sa Majesté, vous seriez prêt à violer la totale immunité qu'il m'a lui-même accordée ? Je ne réponds pas de votre vie après ça...

Melt hésita. Apparement, il n'était pas sûr du degré d'indulgence de Castel, même s'il avait agi pour lui. C'était un signe qu'il était là de sa propre volonté.

- Vous êtes peut-être intouchable, mais ce n'est pas le cas de tous vos petits copains ici présent ! Se reprit Melt en désignant tous les étudiants du bras. Je peux bien entrer ici, raser cette Académie, tuer tout le monde, et ce sans toucher à un seul de vos cheveux.

- Vous pourriez peut-être oui, admit Erend. Ceci dit, les humains ne sont pas les seuls locataires de mon Académie.

Il claqua des doigts, et aussitôt, la majorité des dresseurs présents libérèrent leurs Pokemon. Il y en avait maintenant une bonne cinquantaine, qui faisaient face au groupe d'À bas la République. Ses membres reculèrent d'un coup, soudain plus très sûr d'eux. Ils n'avaient sûrement pas prévu la présence de Pokemon.

- Trahison ! Hurla Melt en montrant Erend du doigt. La possession de Pokemon est un crime majeur ! Tous les Pokemon de la région appartiennent à Sa Majesté, qui en dispose comme il l'entend ! Vous venez de vous trahir, Sire Igeus !

Erend soupira, tandis que sa fidèle Babytus flotta jusque sur son épaule.

- Vous êtes un peu lent d'esprit, mon pauvre vieux... Je viens de vous dire que je fais ce que je veux. J'en ai le droit. Les lois du roi ne s'appliquent plus à moi. Je possède des Pokemon si j'en ai envie, et j'en donne à mes amis si je le veux.

- Le roi n'acceptera sûrement pas ça, même venant de vous ! Cracha Melt. Votre immunité ne vous sauvera pas de sa colère !

- Eh bien, allez-le lui dire. Mais, à moins que vous et vos hommes ne veuillent tenter votre chance contre nous, je vous conseille de déguerpir, et vite. Comme je vous l'ai dit, aucune loi ne m'arrête, même celle qui interdit d'attenter à la vie d'autrui.

Le Bienveillant Commandeur Suzerain devint écarlate de rage.

- Ça ne s'arrêtera pas là. Vous ne défierez pas longtemps le pouvoir de Sa Majesté !

- C'est ça. À la revoyure.

Melt était furieux, mais ne put rien faire d'autre, en l'état, que de se replier avec sa milice. Ceci fait, tous les étudiants et dresseurs se mirent à applaudir Erend avec force.

- C'était génial Erend, s'esclaffa Daniel. Tu aurais vu sa tronche, à cet estronc !

- Hélas, même si c'était fait avec style, avec classe, avec charisme, défier directement ces gens était imprudent, modéra Anis. Castel va apprendre qu'on possède des Pokemon ici.

- Il devait déjà s'en douter, mademoiselle Anis, répondit Velca. Et il n'a pas besoin de ces crétins d'À bas la République pour savoir qu'on se livre au vol et à la contrebande. Je suis sûre qu'il s'attendait à quelque chose de ce genre en offrant une immunité absolue à quelqu'un.

- Le mystère, c'est pourquoi il me laisserait faire, fit Erend. Plus ça ira, et plus les gens de Bakan nous soutiendrons. Je ne comprends pas ce qu'il veut, mais je vais en profiter. Il nous faut taper fort, et vite. Taper un grand coup.

- C'est ce qu'on pensait nous aussi.

Tout le monde se retourna. Six des membres d'À bas la République étaient revenus. Enfin, à première vue. Ils portaient leurs uniformes noires, mais ils n'avaient pas la tête qu'on attendait de ces tarés qui avaient tous le crâne rasé. Il y avait deux filles aussi, ce qui n'était pas normal, car on ne comptait que des hommes parmi les milices d'À bas la République. Ils étaient aussi machos que stupides. Zayne ne connaissait aucun de ses gars là, mais plusieurs étudiants les plus âgés, plus Erend, reconnurent la jeune femme aux cheveux blonds crèmes.

- Nirina ? Demanda Erend. C'est bien toi ?


***


Les maux de tête de Castel n'avaient pas cessé. Au contraire, ils empiraient. Tous les médecins de la capitale qu'il tenait sous son joug avaient été impuissants à le guérir. Castel avait même été voir un neurologue spécialisé, sans plus de résultat. Personne n'était capable de trouver d'où venaient ces douleurs et comment les arrêter. Pour la peine, Castel avait décrété un édit proclamant comme incompétents tous ceux exerçant la fonction de médecin, qui devraient désormais travailler gratuitement. Il y en avait bien deux ou trois qui avaient tenté de protester, et après que Castel les aient fait brûler en place publique, les autres s'étaient montrés étonnement dociles.

Les mises à mort avaient comme avantage de généralement soulager un peu les céphalées du roi. À chaque fois qu'il contemplait l'exécution de quelqu'un, de préférence avec de grandes souffrances - ou même qu'il y pensait seulement - ses maux de têtes avaient tendance à diminuer. Mais ça ne résolvait pas le problème de Castel, à moins qu'il n'ait pour plan d'assister continuellement à des bûchers jusqu'à avoir décimé toute la population de Bakan. Non pas que ça l'aurait dérangé outre mesure, mais il avait d'autre choses à faire.

Justement, là, il venait de se servir d'Hafodes pour réduire en cendres ce chef d'À bas la République, Bulvard Melt. Ses restes carbonisés gisaient toujours au pied du trône. Un idiot, mais un idiot qui avait eu son utilité. Castel l'avait tué car il avait osé menacer Sire Erend Igeus, qui jouissait d'une immunité totale. Mais en réalité, c'était Castel lui-même, qui, dans l'ombre, avait manipulé cette organisation pour qu'elle se rende là-bas. Castel voulait surveiller un peu ce que faisait cet Erend. Il s'était entouré de beaucoup de jeunes gens, de dresseurs, et passait son temps à voler Pokemon et matériel, tout en recrutant des gens de la ville.

Oui, il préparait déjà une petite révolution. Comme Castel l'avait prévu. Il devait faire en sorte qu'Erend Igeus gagne encore plus de prestige auprès du peuple oppressé. Castel allait donc lui offrir quelques victoires symboliques. La populace devait le voir comme son sauveur. Et c'est à ce moment que Castel l'attirerait de son coté, réduisant son symbole et l'espoir qu'il a suscité à néant, et entraînant le peuple qui a cru en lui dans un abyme de désespoir d'où il ne se relèvera jamais. Ce serait drôle. À cette idée, les maux de têtes de Castel baissèrent un peu d'intensité. Il se leva de son trône et enjamba les restes fumants de l'autoproclamé Bienveillant Commandeur Suzerain. L'autre membre d'À bas la République qui était à coté ne cessait de trembler pitoyablement et s'était sans doute fait dessus.

- Votre nom ? Demanda Castel.

- J-je s-suis l-le Rem-marquab-ble Cam-mar-rade Sup-pér-rieur Doton Huiv-vrus, Votr-re Maj-jesté, balbutia l'individu.

Au pied de Castel, Etrurien, son Pokemon normal à trois corps, tournait autour d'Huivrus. Etrurien était un Pokemon très sensible qui arrivait à sentir les émotions des humains. Castel lui avait enseigné comment savoir apprécier la sensation de la peur chez les autres.

- Eh bien, Doton, mes félicitations, vous venez de monter en grade. Vous dirigez dès à présent les milices d'À bas la République de Fubrica. J'espère que vous saurez montrer un... meilleur discernement que votre prédécesseur.

Le regard de Huivrus se posa instinctivement sur les cendres et les restes d'os carbonisés à ses cotés.

- O-oui, Majesté ! Bien sûr, Votre Majesté ! Merci, Votre Majesté !

- Bien, vous pouvez partir.

- Oui Majesté. Et... Votre Majesté... Notre fondateur et chef suprême continue de nous transmettre des informations en provenance de l'Armée de Libération, avec le canal spécial que, dans votre grande sagesse, vous nous avez laissé...

- Je suis au courant, l'arrêta Castel.

Oui, il savait très bien que le dirigeant d'À bas la République se trouvait en ce moment même avec cette armée de rebelles à l'Est de Bakan. Il était haut placé là-bas, et pouvait donc lui fournir des informations de premières mains. C'était l'une des raisons pour lesquelles Castel autorisait ces imbéciles d'À bas la République d'user son nom pour leurs petites magouilles et de jouer les gros bras pour lui.

- Il y a de nouvelles informations ? Demanda Castel.

- En effet, Majesté, déclara Huivrus, avide de plaire. Il semblerait qu'un vaisseau de Stormy Sky soit arrivé là-bas. Mais il n'y a pas eu de bataille, messire. Le vaisseau s'est posé docilement, et il semblerait que l'Armée de Libération en ai pris possession.

Castel haussa les sourcils. Il allait devoir avoir une petite discussion avec l'Amiral Rashok.

- Votre chef sait-il quels étaient ses occupants ? Des traîtres de Stormy Sky ?

- J'y viens, Majesté. Il n'y aurait qu'un équipage réduit, dont tous proviendraient de l'autre monde... euh, de Cinhol, Votre Majesté. Celle qui les menait était une femme aux cheveux blonds. Elle aurait rejoint le groupuscule au sein de l'Armée de Libération, ces Adeptes d'Uriel, pour faire de...

- Vous pouvez répéter ? L'arrêta Castel, stupéfait.

Il n'avait pas eu le temps d'être surpris par l'arrivée de Nirina en vaisseau de Stormy Sky. Le nom du groupuscule qu'avait cité Huivrus lui avait comme sauté au visage pour l'attaquer.

- Majesté ? Demanda Huivrus, perplexe.

- Que venez-vous de dire ? Le nom de ce groupe ? Insista Castel.

- Euh... Les Adeptes d'Uriel, messire. Ce nom fut proposé par l'ambassadeur Iridien Elson et confirmé par sa fille Leaf quand elle les a rejoint plus tard...

Castel hurla de rage. Sa main agrippa de façon convulsive la fourche d'Hafodes, et Huivrus hurla à son tour, quand le feu du Pokemon Légendaire l'atteignit. Castel contrôla à grand peine sa rage, par crainte de faire brûler toute la salle. Les Adeptes d'Uriel ? Leaf avait fait ça ? Non contente de le trahir, elle avait été trouvé le nom le plus susceptible de le rendre furieux ?

La sale truie ! La garce ! Castel allait la retrouver. Il brûlerait son père et la forcerai à regarder tandis qu'il la violerait ! Il pensait en avoir fini avec ce nom détesté d'Uriel. Son ancien camarade, qui fut comme un frère pour lui... le pire traître qui soit ! Castel l'avait détruit ! Détruit à tout jamais ! Mais Lord Judicar... Il avait bien dit que l'héritage d'Uriel existait toujours. Que le Sauveur du Millénaire n'en avait pas fini avec lui... Mais c'était absurde. Que ces rebelles aient choisi ça comme nom n'était qu'une coïncidence, n'est-ce pas ?

Castel regarda les cendres toute chaudes d'Huivrus. Il regrettait de l'avoir tué de rage. Cet imbécile n'avait pas fini son rapport. Castel aurait pu en apprendre plus sur ce groupe. Le fait que Nirina - qui avait les deux épées d'Uriel - les aie rejoint était inquiétant. Castel devait savoir ce qu'ils tramaient. Il allait devoir discuter de vive voix avec le chef d'À bas la République. Et également se trouver un autre chef des milices de Bakan. Décidément, ils ne duraient pas bien longtemps...