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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 28/01/2015 à 09:02
» Dernière mise à jour le 22/10/2018 à 22:28

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 19 : Le début de la révolte
Les humains sont des êtres fascinants, tellement pleins de contradictions. Ils chérissent la vie plus que quiconque, mais passent leur temps à se la voler entre eux. Ils vivent dans un monde de merveilles, mais ils sont parvenus à inventer l'ennui. Ils vénèrent Dieu, mais n'ont de cesse de se prendre pour lui. Peut-être bien que Xanthos avait raison, au final. Nous ne méritons pas de gouverner ce monde...



*****



Nirina ne savait pas trop si elle était bienvenue ou carrément indésirable. Une chose était sûre, l'Armée de Libération avait pris toutes les dispositions possibles et imaginables contre elle, comme si elle était porteuse d'un virus extrêmement dangereux. Probablement que cette Leaf avait dû leur raconter tout le bien qu'elle pensait d'elle. Bah, elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Il était vrai que jusqu'à récemment, elle n'avait pas été des plus fréquentables. Mais elle était parvenue à venir jusqu'à eux, et à s'expliquer.

Il était vite apparu que Leaf savait la vérité à propos d'Adam et l'avait raconté à tout le monde ici. Cela eut l'avantage de ramener Deornas à la réalité, et de lui prouver une fois pour toute que Nirina disait vrai. Il croyait Leaf. Nirina avait l'impression qu'il l'aimait bien. Elle leur avait expliqué ce que lui avait raconté l'esprit d'Uriel, et son récit concordait à ce que Leaf savait, par le biais de cette femme historienne et dresseuse, Anis Shauntal. Mais concernant le fait que Ryates et Peine lui avaient lobotomisé le cerveau en la poussant à tuer son propre peuple, là, ils furent bien plus sceptiques.

- Oh, tu plaides l'ignorance et la manipulation mentale pour justifier tous tes crimes, donc ? Lui demanda-t-elle, acide.

Nirina sourit. Elle l'aimait bien aussi, cette fille. Mordante, comme elle.

- Non, je ne justifie pas ce que j'ai fait, répondit-elle. Même Ryates et ses trois Pokemon Spectre à la noix ne sont pas totalement responsables de mes actes. Ils ont eu beau m'obscurcir l'esprit, je savais que je faisais. Je regrette certains actes, mais pas d'autre. Si vous voulez juger l'ensemble de mon règne à Cinhol tandis que Castel expérimente le sien ici, faites donc.

- Et ce que vous avez fait ici ? Intervint l'un des deux sénateurs présent. Vous vous êtes servi du Premier Ministre pour vos propres intérêts ! Vous avez usurpé le pouvoir légitime de Bakan !

Cette fois, Nirina rit franchement, ce qui outragea les personnes présentes, quasiment tous des militaires.

- Ah oui, Tibaltin était un vrai débile, faut le dire. C'est Ryates au début qui l'a mis en relation avec ma mère, puis avec moi. On tirait les ficelles de votre région dans l'ombre. Il pensait s'autoglorifier de pouvoir ramener Cinhol dans la République. Il serait passé pour le plus grand Premier Ministre de la République de tout les temps, voyez-vous ? Le vieil imbécile...

Le général en chef de l'Armée de Libération, un certain Willis, posa une main sur l'épaule du sénateur Karsio qui semblait perdre ses nerfs. Le père de Leaf fronça les sourcils.

- Nous provoquer ne vous apportera rien de bon, madame.

- Je ne vous provoque pas, je dis la vérité, riposta Nirina. Je n'ai fait que vous dire la vérité depuis que je suis arrivée ici. Je suis venue vous aider contre Castel. Je vous ai apporté un beau vaisseau de Stormy Sky. J'ai ramené les deux épées d'Uriel, selon ses directives.

- Et vos amis ? Demanda le sénateur Kearney. Qui sont-ils exactement et quel rôle ont-ils dans tout ça ?

Nirina soupira.

- Leaf connait Deornas et se portera sans doute garante de lui. Il croyait servir Adam, mon bon demi-frère, alors qu'en réalité il ne sert que notre ancêtre psychotique. Il est un peu sous le choc, le pauvre, mais il nous aidera. Surervos, c'est le seul Haut Protecteur qu'il me reste. Il m'est fidèle, et il a un bon Pokemon. Quant au petit, c'est mon fils, Alroy. Castel comptait le garder en otage à Cinhol, et j'ai préféré le prendre avec moi, pour des raisons évidentes. J'imagine que quand mes oncles Astarias et Isgon sauront que nous sommes libres, tous les deux, ils n'auront plus aucune raison de servir Castel.

- Je n'en suis pas si sûre, dit Leaf, soucieuse. Le palais où se tient Castel est devenu un asile de fou. Personne ne semble remarquer que leur roi a perdu les pédales. Je suspecte cette femme, Venisi, de leur ramollir la cervelle. Selon Anis, il s'agirait de l'épouse de Castel, Enysia, qu'il a ressuscité on ne sait pas comment.

Nirina fronça les sourcils.

- Oui, ça se tient. Uriel m'a dit que c'était Venisi qui contrôlait en réalité Ryates, et tous les anciens rois de Cinhol. La tuer... ou la re-tuer devra être une priorité. Ces deux là ont beau être mes lointain ancêtres, je ne suis pas fan des vestiges du passé.

- Et votre dernier compagnon, qui est-il exactement ? Insista le jeune sénateur Kearney.

- Oh, un obscur parent qui m'a aidé au bon moment. Il voulait venir aussi, pour rencontrer Castel.

- Et pourquoi voudrait-il rencontrer le roi fou ?

- J'en sais rien. Vous lui demanderez.

- Vous lui faite confiance ?

- Je le connais que depuis deux jours. Et c'est le fils de Lyaderix, mon grand-père, et accessoirement le type le moins digne de confiance de tout mon monde. Alors non, je ne lui fait pas spécialement confiance, mais il nous a sauvé, donc je tiens parole en l'amenant avec moi.

- En parlant de chose que tu as amené... reprit Leaf. Tu as bien dit que c'était Uriel qui t'avais dit d'amener ces deux épées ici ?

Les deux épées qui étaient en ce moment même au milieu de la table de réunion, et où beaucoup de gens les observaient avec curiosité et crainte, surtout la noire Peine.

- Oui, Deornas a aussi eu du mal à gober cette partie là, en convint Nirina. Mais je n'ai pas rêvé. Uriel m'a bien parlé pendant que j'étais au trou. J'ai tenu Peine un moment, ça lui a suffit pour transférer une toute petite partie de son esprit en moi. Une partie qui a disparu, désormais. Mais il voulait que j'amène son épée dans l'Ancien Monde. Comme je ne savais pas laquelle, je les ai prise toute les deux. Il m'a dit de la remettre à son héritier, que seul lui pourrait vaincre Castel.

Nirina n'avait toujours aucune idée de qui pouvait bien être l'héritier d'Uriel et même s'il existait, mais ça devait dire quelque chose à ce comité, à en juger par la façon dont ils s'échangeaient des regards. Leaf avait haussé les sourcils en direction de son père et les deux sénateurs chuchotaient entre eux.

- Vous savez quelque chose ? Demanda Nirina.

- C'est possible, acquiesça Leaf. Mais pourquoi Uriel pensait-il que seul son héritier pourrait vaincre Castel, et qu'il aurait besoin de son épée ?

- Ne me demandez pas à moi, protesta Nirina. Uriel n'est pas spécialement le genre de mec qui était totalement sain d'esprit, surtout après s'être fait embobiner par les trois spectres et s'être fait enfermer l'âme dans cette épée maudite pendant des siècles. Alors, c'est qui, cet héritier ?

Leaf lança un regard interrogatif du coté du général Willis, qui haussa les épaules, signe qu'elle pouvait parler.

- Les héritiers, fit-elle. Aux dernières nouvelles, y'en a deux. Ils sont passés à la télé y'a pas longtemps, et sont désormais les gars les plus connus de tout Bakan.

Nirina fronça les sourcils, puis écarquilla les yeux.

- Tu veux dire... durant les Jeux du Courage ? Se pourrait-il qu'Erend...

- Tu le connais ? Demanda vivement Leaf.

Nirina hocha lentement la tête.

- Oui... Nous étions à l'Académie ensemble, l'année dernière. On était les deux plus intellos de l'école, ça nous a rapproché... Alors, il serait un descendant d'Uriel ? C'est amusant. On est devenu amis, comme nos ancêtres en leur temps. Mais je ne savais pas qu'il avait un frère...

- Zayne, dit le père de Leaf. C'est son demi-frère, en réalité, mais ils ont tous les deux la même mère, Clarisse Alston, qui était bien la dernière descendante connue d'Uriel. Elle était sénatrice, et a péri lors de l'attaque de Castel au Sénat.

- Eh bien, j'imagine que je comprends ce qui a pu les pousser à participer à ces jeux de fous, admit Nirina. Mais ça ne nous dit pas qui est l'héritier, entre les deux. Uriel a parlé au singulier. Et je ne sais pas quelle épée lui donner.

Le sénateur Karsio se permit un petit rire moqueur.

- Parce que vous accordez foi à ce que vous a dit un esprit désincarné ? Vous croyez en une sorte de prophétie comme quoi seul le descendant d'Uriel peut vaincre le vieil ennemi de son ancêtre ?

Nirina lui renvoya son regard méprisant. Elle n'aimait pas ce type du tout.

- Oui, j'y crois. Les destins de Castel et d'Uriel ont toujours été liés. Ceux de leurs descendants le sont aussi sans doute. Et vous, vous devriez y croire aussi. Pourquoi avoir pris ce nom d'Adeptes d'Uriel, sinon ?

Le sénateur Kearney eut un léger sourire.

- Elle n'a pas tort, Dusan. N'avions pas prévu de faire de cet Erend notre égérie, pas plus tard que ce matin ? N'ont-ils pas, lui et son frère, été les premiers à gagner ces Jeux du Courage ?

- C'est vrai, et nous sommes tous persuadés ici que les fils de Clarisse sont des jeunes hommes à très grand potentiel, admit le vieux sénateur. Ils pourront accomplir sans doute de grandes choses à nos cotés, mais de là à croire en une sorte de destin prédéterminé, de prophétie...

- Le Sauveur du Millénaire, dit soudain Nirina.

Tout le monde la regarda d'un air étonné.

- Je vous demande pardon ? Fit le général Willis.

- C'est ainsi qu'on surnommait Castel, à Cinhol, expliqua Nirina. C'est un titre dont la légende veut qu'Arceus lui-même lui conféra. Un être qui sera amené à être le plus grand sauveur des mille dernières années, ou des mille prochaines. Bien sûr, c'était faux. Castel n'était pas le Sauveur du Millénaire. Il s'est usurpé ce titre, qui en réalité revenait à Uriel. C'est Uriel qui a sauvé la planète en empêchant Castel de se servir de la météorite, il y a cinq cent ans. Il avait donc un destin tout tracé, du fait du Créateur lui-même. Les prophéties existent, sénateur Karsio.

Mais le sénateur n'abandonna pas la partie

- Fort bien, admettons que cela soit vrai. Uriel a été nommé Sauveur du Millénaire par Arceus et a sauvé le monde. Mais l'un d'entre vous-t-il croisé Arceus récemment ? Dieu le Père est-il descendu des cieux pour nommer quelqu'un nouveau Sauveur du Millénaire ?

- Uriel pensait que son héritier, armé de son épée, serait le seul capable de vaincre Castel une bonne fois pour toute, une chose qu'Uriel lui-même n'a pas pu faire, tout Sauveur du Millénaire qu'il était. J'ai envie de croire que l'un de ces deux là - Erend ou Zayne - soit le nouveau Sauveur du Millénaire. Ils sont deux. J'ai deux épées. Il faut que je les rencontre.

- C'était ce que nous avions prévu, de toute façon, dit Iridien Elson. Maintenant qu'Erend dispose de l'immunité absolue et détient la Haute Académie, il va probablement, tel que je le connais, chercher à détruire le régime de Castel. C'est seulement de l'intérieur, que nous pourrons le vaincre. Pas de l'extérieur, en affrontant des marées entières de soldats de Cinhol avec notre petite armée. Malgré tout le respect que j'ai pour vous et vos hommes bien sûr, général Willis...

Le général ne s'en formalisa pas.

- Y'a pas de mal, ambassadeur. C'est évident qu'on ne tiendra pas longtemps. Mais je peux tenir un certain moment. Assez pour vous donner le temps de couper la tête du royaume de Cinhol en tuant son roi.

- Alors... nous retournons à Fubrica, annonça Leaf. Un petit groupe, composé de moi-même, de Silver, et du groupe à Nirina. Nous allons retrouver Anis, rencontrer la bande à Erend, et les aider à détruire Castel de l'intérieur.

- Vous avez réussi à sortir in extrémis la dernière fois, fit remarquer le sénateur Kearney. Comment comptez-vous y entrer, avec le blocus, avec Stormy Sky ?!

- J'ai un anneau de transfert, dit Nirina. On peut toujours tenter la même méthode qu'Adam quand il m'a attaqué à Cinhol.

- Nous avions dix vaisseaux, et tu n'avais rien, précisa Leaf. Si on s'amuse à faire ça avec un seul vaisseau, on se fera massacrer. Non, nous ne devons pas nous faire remarquer. Et ce sera avec Stormy Sky, justement. Syal est toujours là-bas, et elle est de notre coté. Elle pourra nous aider à rentrer dans la ville.

- Mais comment la contacterez-vous ? Demanda Kearney. Castel a fait couper toutes les communications...

- Pas toute. Nirina est arrivée à point nommé, avec son coucou. Nous avons un vaisseau de Stormy Sky. Ils communiquent facilement entre eux avec leur propre réseau. Et Syal a justement son propre vaisseau à elle. Ce sera facile.

Nirina approuva. Mais en dehors d'elles, tous les autres restaient sceptiques, même Silver.

- Que tu dis... marmonna-t-il.

- Oh allez ! S'impatienta Leaf. On a fait bien plus dangereux, dans notre jeunesse.

- Je suis encore jeune, moi, protesta Silver. Et même en admettant que cette Syal ne nous trahisse pas, même si nous réussissons, nous perdrons le vaisseau, l'un de nos rares atouts contre Castel.

- Un seul vaisseau ne fera pas long feu contre le reste de la Flotte de Stormy Sky, répliqua Leaf. Notre seul espoir les concernant est que Syal réussisse sa mutinerie contre l'Amiral Rashok. On aura alors toute la Quatrième Flotte avec nous.

- Tout ça est très bien, les arrêta Karsio. Mais est-ce que l'un de vous a-t-il déjà songé au moyen pour tuer le roi Castel ? C'est un être qui a vécu cinq siècles en tant qu'esprit, il possède la puissance du Vifacier, et celle de son Pokemon légendaire, Hafodes. Ajoutez à ça le fait qu'il possède tous les Pokemon des dresseurs de Fubrica, à présent. Il doit en avoir des milliers. Qu'est-ce qu'on peut faire, contre ça ?

Leaf n'eut pas la réponse. Ce fut Nirina qui dit :

- Prier, cher sénateur. Prier Arceus pour qu'il daigne nommer un nouveau Sauveur du Millénaire.

Elle aussi le savait. Autant elle rêvait de se venger de Castel, elle savait qu'elle n'avait aucune chance face à lui, avec toutes les armes qu'il possédait. Castel était comme un dieu pour tous les habitants de Cinhol. Car il avait la puissance d'un dieu, même s'il avait l'esprit du Diable. Après la réunion, elle alla rendre visite à Alroy. Son fils allait rester ici, bien sûr. Hors de question qu'il vienne à Fubrica avec elle. Nirina n'accordait pas une grande foi en cette Armée de Libération pour combattre celle de Cinhol, mais c'était toujours plus sûr ici que sous le nez de Castel.

Les rebelles leur avaient fourni une tente, dans laquelle il ne restait plus qu'Alroy. Les autres avaient été mis au courant du plan, et donc Deornas, Surervos et Leol, avec des niveaux d'enthousiasme quelque peu différents, se préparaient à rejoindre la capitale. En contrepartie de la confiance qu'ils voulaient bien lui accorder, l'Armée de Libération avait demandé qu'elle lui remette son anneau de transfert qu'elle avait volé à Lyaderix. Il pourrait être un élément vital dans la lutte contre les armées de Castel. Nirina n'avait eu rien à répliquer. De toute façon, elle n'avait plus l'intention de s'en servir, des anneaux. Elle était chez elle désormais, elle entendait bien le rester.

Sa jeune Altesse Alroy piqua une petite crise quand il apprit qu'il allait rester là tandis que sa mère et les autres iraient à Fubrica. Bien sûr, à quatre ans, il ne comprenait rien aux tenants et aboutissants de ce qui était en train de se passer, mais il ne voulait plus être séparé de sa mère. Il pleura, hurla, se roula par terre. Nirina était embêtée. Elle n'avait jamais eu à subir une telle colère, et ne savait pas quoi faire. À chaque fois qu'il pleurait, elle appelait la nourrice. Elle n'avait jamais pris le temps de se comporter en vraie mère, d'apprendre comment gérer son propre fils. Elle le regrettait aujourd'hui, alors qu'elle courrait peut-être vers une mort certaine.

- Je veux rester avec maman ! Hurla le bambin. Je veux taper les méchants avec elle !

Par Arceus, quel sang bouillant à son âge ! Il devait tenir ça de son coté du Rimerlot. À moins que ce soit un comportement des plus Haldar...

- C'est dangereux ce que je vais faire, Alroy, tenta une nouvelle fois Nirina.

- Cousin Deornas y va bien lui !

- Deornas a vingt ans de plus que toi. Un jour, tu seras sûrement un grand guerrier. Mais en attendant, les petits garçons ne vont pas se battre.

- Je veux pas ! Je veux pas ! JE VEUX PAS !

Ses cris stridents alertèrent les militaires qui passaient à coté de la tente. Gênée, Nirina appela son Lockpin dans l'intention de lui demander une attaque qui saurait calmer le garçon ou l'endormir, quand le rabat de la tente s'ouvrit pour laisser entrer Leaf.

- Certains des gars autour pensaient que tu torturais quelqu'un, fit-elle en regardant Alroy tout casser autour de lui. Un problème d'autorité parentale, je vois ?

- Je gère, dit froidement Nirina.

- Je vois ça, sourit ironiquement Leaf.

Elle se pencha et prit Alroy par les épaules.

- Eh bien, en voilà un petit bonhomme pas content. Tu te souviens de moi, dis ?

S'essuyant les yeux, Alroy arrêta de pleurer pour dévisager l'intruse.

- L-Leaf...

- C'est ça. Tu as une sacrée bonne mémoire.

Leaf avait déjà rencontré le fils de Nirina, peu après la fin de l'assaut sur Cinhol. Pour lui occuper l'esprit et l'éloigner des soucis qu'un enfant de son âge ne devrait pas connaître, elle avait joué avec lui avec l'aide de son Métamorph, le temps que la bataille soit totalement terminée. Leaf avait connu son défunt père, Padreis Isgon, et trouvait que l'enfant lui ressemblait beaucoup, si ce n'était ses cheveux blonds typiquement Haldar.

- Tu sais Alroy, ta maman n'a pas envie de te laisser non plus, poursuivit Leaf. Elle voudrait rester avec toi.

- Alors elle n'a qu'à rester avec moi, répliqua l'enfant.

Leaf haussa les sourcils, amusée. Il avait une étonnante repartie pour son âge, ce petit prince.

- Ta maman doit faire des choses. Des choses qu'elle seule peut faire, en tant que reine de Cinhol. C'est son devoir, tu comprends ? On a tous un devoir à faire, même si parfois on préfèrerait l'éviter. Toi aussi, tu en as un, Alroy.

Le garçon renifla.

- Je sais. Je suis le prince héritier. Je vais devenir roi après maman.

- Tout à fait. Pendant que ta mère ira combattre les méchants, toi, tu dois la représenter en tant que régent des Haldar. C'est un devoir que toi seul peut faire. Rempliras-tu ton devoir, comme un homme courageux ?

Alroy hocha la tête, à contrecœur, mais avec une certaine forme de gravité.

- C'est très bien, approuva Leaf avec douceur. Tu es vraiment un digne Haldar. Mais tu ne seras pas seul ici en attendant. Tiens.

La jeune femme lui remis une de ses Pokeball, celle de Métamorph. Alroy avait déjà joué avec lui durant le court instant où Leaf s'était occupée de lui à Cinhol, et la capacité de transformation du Pokemon n'avait cessé de l'enchanter. Alroy referma ses petites mains sur la boule comme s'il s'agissait d'un trésor fabuleux.

- Métamorph restera avec toi, reprit Leaf. Je le place sous ta responsabilité. Il devra t'obéir comme il le fait avec moi. Il te protégera, et jouera avec toi. Tu es content ?

- Ohhhhh oui ! S'exclama l'enfant. Je n'avais jamais le droit de jouer avec les Pokemon royaux de maman. Mais plus tard, je veux devenir dresseur comme elle !

- Voilà qui est parfait. Je suis sûr que tu la dépasseras vite. Je pourrai même t'enseigner deux trois trucs. Allez, maintenant, va jouer dehors avec Métamorph. Ta maman doit se préparer. Elle viendra te dire au revoir plus tard.

Alroy obéit docilement. Quand il fut parti, Nirina demeura stupéfaite.

- Tu as un fils, toi aussi ? Demanda-t-elle.

- Non, mais j'ai passé pas mal de temps avec des garçons par le passé. Les mâles sont tous les même, quelque soit leur âge. Ils acceptent mal l'autorité, mais quand on titille leur fierté et leur sens du courage, ils font tout ce qu'on veut.

- Je tâcherai de m'en souvenir, dit Nirina. Mais tu es sûre que ça va aller, de lui avoir donné ton Métamorph ? On aura sans doute besoin d'autant de Pokemon que possible à Fubrica.

- Métamorph n'est pas vraiment fait pour le combat. Plus pour la supercherie. Je doute que ça aide beaucoup quand on sera dans l'antre de Castel... Bon, on va essayer de contacter Syal avec le vaisseau que tu nous as ramené. Le général a décidé que ça serait bien de prendre aussi avec nous le capitaine de Stormy que tu as fais prisonnier, pour qu'il puisse transmettre les bons messages aux bonnes personnes. Si tout est OK, on part dans trois heures.

- Très bien, répondit Nirina d'un air absent.

Alors que Leaf s'apprêtait à sortir de la tente, Nirina lui posa une question :

- Tu aimais bien Adam, n'est-ce pas ? Tu étais peut-être amoureuse de lui. Tu serais capable de le tuer ?

Leaf s'arrêta mais ne se retourna pas.

- Voudrai-je venir, si ce n'était pas le cas ?

- Peut-être bien. Peut-être que tu espères qu'il existe un moyen de le faire revenir. Mais c'est inutile. Ton Adam n'a jamais réellement existé. C'est Castel. Ça a toujours été Castel.

Leaf se retourna d'un coup, les yeux brillants.

- Je ferai ce que je dois faire. Je sais ce qu'il y a en jeu. Mais tu te trompes. Adam a bel et bien existé. C'était un type bien. Peu importe qui il était autrefois. Adam Velgos a existé. Je ne sais pas s'il existe toujours, quelque part, ou s'il est déjà mort. Et je sais aussi qu'il aurait préféré mourir plutôt que de rester l'homme qu'il est aujourd'hui. C'est pour ça que si je dois en arriver là, je n'hésiterai pas. Tu n'as pas à t'en faire pour moi, Ta Majesté. Je sais que toi, tu n'hésiterais pas non plus, hein ? Tu as bien sacrifié ton propre homme pour tenter de tuer Adam.

Nirina encaissa ces paroles, mais c'était mérité. Elle avait blessé Leaf aussi.

- Je regrette la mort de Padreis, avoua-t-elle. Je mentirai en disant que j'en suis profondément bouleversée, mais je regrette. Je suis sans doute la salope sans cœur que tu t'imagines. Mais j'ai découvert quelque chose en moi, récemment. C'était quand vous avez attaqué ma ville, et je l'ai assimilé ensuite quand j'étais dans ce trou infect où Castel m'a jeté. Je tiens à Alroy. Plus que je ne l'aurai jamais cru. Bien plus qu'à moi. Je ne sais pas si c'est suffisant pour faire de moi une femme avec quelque sentiments humains, mais c'est assez pour que je te demande ce que je vais te demander. Je sais que s'il m'arrivait quelque chose, Deornas prendrait soin d'Alroy. Et oncle Astarias et Isgon, si jamais ils sont délivrés du contrôle de Castel. Mais... si le pire devait arriver... si on meurt tous, et que tu survis...

Le visage crispé de Leaf se fit plus ouvert.

- T'en fais pas pour le petit. J'en parlerai à mon père. Si jamais on rate et que ça chauffe trop ici, il rentrera à Kanto. Je lui dirai de prendre Alroy avec lui.

- Merci. Je sais que je n'ai pas le droit de te demander quoi que ce soit...

- De toute façon, si on échoue, je doute qu'Alroy soit en sécurité nulle part. Si on échoue, personne ne sera plus en sécurité, car ton taré d'ancêtre a décidé de ravager la planète avec son fichu météorite.

- J'aurai deux trois trucs à redire à ce sujet, fit sombrement Nirina. Mon cher grand-papy est une relique du passé. Il va devoir laisser sa place aux jeunes.