Team Rocket X-Squad de Malak

Erend, comme quasiment tous ceux sur la tribune officielle, fut projeté au sol après le tir du vaisseau. Ses oreilles bourdonnaient, et sa vue était trouble. Tout autour de lui, dans le stade entier, c'était les cris et la confusion. Quelqu'un le releva. Lance, qui de part son statut de G-Man, avait résisté à l'onde de choc de l'explosion. Erend regarda l'endroit où se tenait la jeune Kyria quelque secondes plus tôt, et vit avec horreur qu'il ne restait que des débris de bois et des flammes. Il s'accrocha à Lance comme si c'était lui le responsable.

- QU'EST-CE QUE ÇA VEUT DIRE ? QU'EST-CE QUI SE PASSE ?

Lance ne put que secouer la tête, aussi ahuri que lui. Il désigna du doigt le croiseur de Johto qui avait ouvert le feu. Il tirait à présent sur le public, coté Team Rocket. Les explosions se succédaient. Le feu. La mort. À coté de lui, Van Der Noob tenait son communicateur et hurlait à tue-voix :

- Croiseur Salvation, cessez le feu ! Cessez le feu tout de suite ! Capitaine Jugur, qu'est-ce qui vous prend ?!

C'est ce moment que choisi Venamia pour montrer la délégation de Johto du doigt et de déclarer théâtralement :

- Trahison !

Juste après, le croiseur fou tira une salve en direction de Venamia. La dirigeante de la GSR se protégea avec son bouclier d'Eucandia, tandis que plusieurs soldats Rockets dirigeaient à présent leurs armes vers Igeus et les siens. Mercutio Crust le regardait à présent avec une expression de pure haine.

- Non... ne put que marmonner Erend, encore sous le choc. Ce n'est pas moi. Je n'y suis pour rien...

Lance l'écarta au moment où Venamia, qui avait sorti son Ecleus sous sa forme Arme de sa Pokeball, fit jaillir un arc de foudre sur lui. Le général G-Man stoppa l'attaque avec son épée et son énergie dragon. Voyant leur chef agressé, les soldats de Johto allèrent à l'affrontement contre Venamia, et à leur tour, les soldats Rockets défendirent Venamia. Une partie de la X-Squad entra dans la bataille, vite rejoint et contrée par l'unité DUMBASS. Sans qu'Erend n'ait rien pu faire pour l'empêcher, tout avait dégénéré, et il se trouvait au milieu d'une bataille rangée, tandis que les autres invités tentaient de fuir en hurlant, et que le vaisseau en haut continuait de tirer sur les civils de Kanto.

Les croiseurs Rockets se joignirent à l'assaut en tirant sur le vaisseau de Johto. Et inévitablement, les deux autres croiseurs de Johto, restés derrière, vinrent pour défendre leur camarade. En deux minutes seulement, le stade du Plateau Indigo s'était transformé en champ de bataille. Et les caméras continuaient de filmer. Partout dans le monde, des gens assistaient, horrifiés, à la cérémonie de paix entre Kanto et Johto, qui était devenue une tuerie sans nom.


***


Au quartier général de la Team Rocket, Giovanni était en train de visionner la conférence sur son écran personnel, avec ses enfants, Vilius et Estelle. Mais d'un coup, l'image avait planté, laissant des parasites entrecoupés de visions d'explosions et de feu.

- Que se passe-t-il ? Demanda le Boss. Un bug de liaison ?

- J'ai cru voir une explosion au moment où Kyria avait tendu la main à Igeus, fit Vilius, soucieux.

L'image mit un certain temps à revenir, et quand elle se fut stabilisée, le Boss regretta de ne pas continuer à contempler des parasites. Le stade était à moitié détruit, des incendies naissant partout, des explosions, des échanges de tirs, avec les vaisseaux de chacun qui s'entretuaient dans les airs. Un chaos des plus complets.

- Par tous les saints ! Jura Giovanni. Que s'est-il passé ?!

Vilius jura à son tour, et Estelle se mit la main devant la bouche, horrifiée.

- C'est une attaque ? Demanda-t-elle bêtement.

- Pas une attaque ! Ils sont en train de s'entretuer ! Clama Vilius.

Il tourna les talons et sorti.

- Je pars là-bas immédiatement.

Il fallait qu'il trouve Kyria. Il fallait qu'elle soit vivante. Il le fallait...


***


Ailleurs dans le quartier général, l'Agent 004, Silas Brenwark, regardait les mêmes scènes infernales avec un rire de fou.

- Elle l'a fait ! AH AH AH AH ! Elle a osé ! ELLE L'A VRAIMENT FAIT !

Et il continua à rire encore longtemps.


***


Dans son salon privé, Oswald Brenwark visionnait la tragédie en compagnie d'Izizi et de la comtesse Divalina.

- Arceus nous sauve, murmura-t-il, les mains serrés.


***


Et dans une immense forteresse noire, dans la région désolée de Dolsurdus, un individu drapé de ténèbres admirait l'œuvre du Seigneur Horrorscor. Une pure vision de corruption ultime. Après cela, le cœur de tout Kanto sera à jamais consumé par la haine.


***


Mercutio avait connu bien des champs de bataille, mais là, c'était l'enfer sur Terre. Des gens s'entretuaient sans savoir pourquoi, juste parce que tout le monde le faisait. Le chaos, les cris, la folie. Et tout Mélénis qu'il était, il n'en était pas protégé lui non plus. Une colère telle qu'il n'en avait jamais ressenti le saisit, lui insufflant de foncer vers Igeus et d'utiliser tout le Flux qu'il pouvait pour réduire cet infâme traître en charpie. Mais quelque chose le poussait à conserver un semblant de raison.

Kyria. Il était impossible qu'elle soit morte. Il ne pouvait l'accepter. Il avait fait la promesse à Trefens de la protéger. La promesse au Boss de l'aider dans cette entreprise de paix, de veiller sur elle. Il devait la retrouver. La tirer de là. Et alors, il avait l'impression que toute cette folie cesserait. Tout était lié. Il devait sauver Kyria. Elle ne pouvait pas être morte...

Se protégeant des balles et des explosions qui pleuvaient avec le Flux, il se précipita là où le premier tir avait jailli, enjambant de nombreux cadavres mutilés, certains de hauts responsables de pays étrangers. Il avait vu Eryl se mettre à l'abri avec Vaslot Worm. Il aurait du aller à la protéger, mais il ne pouvait pas abandonner Kyria. Utilisant le Cinquième Niveau, il déblaya d'un geste de la main le plus gros des débris fumants de l'estrade. Il la sentait. Kyria était vivante. Il sentait encore sa présence.

- KYRIA ! Hurla-t-il.

Il se mit à genoux et commencer à soulever poutres et plaques de métal qui restaient. Quand enfin il en dégagea assez pour voir Kyria, il poussa un gémissement et manqua vomir. Le haut du corps de la jeune fille était plus ou moins indemne. Elle avait quelque brûlures et blessures sur le visage, sa poitrine saignait un peu par endroit, mais rien de bien méchant. Mais le bas de son corps... Ses jambes avaient été totalement broyé, et son ventre n'était plus qu'une masse infâme rougeâtre. N'y tenant plus, Mercutio s'écarta pour vomir, tout en appelant désespérément sa sœur Galatea dans le Flux. Elle pourrait soigner Kyria. Galatea pouvait tout soigner. Cette dernière vint au plus vite. Mais quand elle vit Kyria, elle hoqueta et devint blême.

- Je t'en prie, sauve-là, lui dit Mercutio.

Galatea se pencha en examinant Kyria de plus près. Des larmes coulaient déjà sur ses joues.

- Mercutio, je... Même moi je...

- S'il te plait...

Mais alors qu'il se relevait en titubant, un soldat de Johto lança un Pokemon contre lui. Mercutio repoussa le Charmina avec le Flux et brisa la nuque du pauvre soldat à distance. L'état de Kyria lui avait fait oublier qu'il était au milieu d'une bataille, et que ses amis Rockets tombaient sous les balles de ses odieux salopards de Johto. Et il voulait les tuer. Oh oui, il voulait tuer tous ces traîtres, qui avaient abusé de la gentillesse de Kyria, qui avaient foulé du pied ses espoirs.

Alors le Flux le guida. Il devint son allié, l'outil de sa fureur. La haine de Mercutio était tellement grande que son Flux vira très vite au noir, mais il s'en fichait. S'il ne relâchait pas sa colère, elle l'emporterait, lui. Autant qu'elle emporte les hommes de Johto. À ce moment, Mercutio Crust devint un ouragan de mort, impossible à arrêter. Pas besoin de Pokemon, pas besoin de pistolet ou d'épée. Il tuait de sa seule pensée. Il alla même jusqu'à se servir du Cinquième Niveau à son maximum pour attraper via le Flux le vaisseau qui avait tiré sur Kyria pour le faire s'écraser au sol.

C'est alors qu'il vit le Pokemon d'Igeus, Ladytus, tenter d'amener Igeus et Van Der Noob à l'abri, hors du stade. Ainsi donc, après avoir commis son méfait, ce gros enfoiré voulait s'enfuir discrétos ? Mercutio eut un rictus inquiétant. Il allait rattraper Igeus, mais pas pour le tuer de suite. Pour la première fois de sa vie, il voulait se servir du Flux pour blesser, pour torturer. Il était hors de question de le laisser à Siena, même si elle avait eu raison sur son compte. Tout ce qu'elle pourrait trouver ne serait rien par rapport à la fureur de Mercutio. Il fléchit les jambes, passa au Quatrième Niveau, et bondit à ton vitesse vers le Chef d'Etat de Johto.

- IGEUUUUUUSSS !

Mais avant d'atteindre sa cible, il fut stoppé par une énorme épée plate. L'unité DUMBASS s'était regroupée devant leur employeur, couvrant sa fuite.

- BOUGEZ DE LÀ ! Hurla Mercutio.

- Non non non, répondit Duancelot. Nous ne pouvons laisser personne s'en prendre au chef Igeus. Il en va de l'honneur sacré des Dumbass !

L'épée de Duancelot dégagea une onde d'énergie de feu et de glace. Mercutio fut forcé de reculer. En dépit de sa rage, il savait qu'il ne pourrait pas se charger de ces cinq là tous seul. Leur combat à Johto l'avait bien démontré. Mais il avait encore un atout qu'il n'avait pas utilisé à Johto : son plus gros. Il invoqua tout son Flux pour activer le Septième Niveau, se laissant submerger par ce Flux bleu semblable à des flammes, qui recouvra entièrement son corps, jusqu'à ressembler à un géant de feu. Il sorti une épée de flammes bleues de son propre corps, et l'écrasa sur Duancelot tandis que les autres se dispersaient. Mais le Pokemon ne flancha pas, et parvient à bloquer l'épée immatérielle de Flux, aussi petit soit-il.

Les quatre autres commencèrent à l'attaquer. Mercutio sentit les boulets électrifiés d'Ernor fouiller son corps géant, et les ciseaux indestructibles d'Antoine Guillaume découper proprement son épée de Flux. Quant à Vanilla et Gardenis, ils bombardaient Mercutio à distance, avec des balles de divers éléments et des graines explosives, tandis que des ronces géantes sortaient du sol pour entraver ses pieds. Mais ils avaient beau faire, le Flux de Mercutio en Septième Niveau était si puissant et en si grande quantité que leurs attaques n'étaient que des piqures de moustiques pour lui. Toutefois, en mode géant de feu, son corps était trop volumineux et trop lent pour qu'il puisse efficacement combattre ces gars là, qui auraient tôt fait de se tenir à distance pour l'attaquer, surtout si Duancelot était capable de bloquer son épée.

Mercutio passa donc dans son autre mode de Septième Niveau. Son véritable corps aspira tous le Flux bleu du géant, et le condensa en un Flux plus petit, indiscernable, mais qui transforma son corps humain en une forme quasi-divine, avec les cheveux hérissés, une cape de feu et les yeux semblables à des petits soleil. Le voyant avec une taille normale, et sans arme apparents, le sergent Ernor chargea avec ses boulets de foudres. Il mit toute sa force pour en envoyer un sur Mercutio. Même en Cinquième Niveau, il aurait eu du mal à l'arrêter, celui-là. Mais tel qu'il était maintenant, il bloqua le boulet avec un seul doigt. Ernor se gratta bêtement son masque.

- VI-RIL ?

- Tu l'as dit mon gars, approuva Mercutio.

Et il les chargea tous les cinq.


***


Erend avait du mal à se repérer dans ce chaos. Où était la sortie ? Et pourquoi voulait-il sortir, au juste ? Prendre la fuite, tandis que tout s'écrouler devant lui ? C'était ce à quoi le poussait Ladytus, le suppliant de le rejoindre. Van Der Noob était avec elle. Lance, lui, s'était lancé dans la bataille. Il n'essayait pas de tuer des Rockets, mais de résonner tout le monde. Son intention était louable, mais bien futile. C'était une mêlée que rien ni personne ne pourrait arrêter, la concentration de toute la méfiance et du ressentiment de deux peuples qui avait explosé. Et il n'avait suffit que d'une mèche...

Pourquoi ? Pourquoi diable un de ses propres croiseurs avait-il tiré sur Kyria ? Cela n'avait pas de sens. Erend avait lui-même choisi les capitaines de ces vaisseaux. Tous étaient des brillants militaires, aux états de service sans tâche. Et même si l'un d'eux nourrissait une haine secrète pour la Team Rocket, pourquoi s'en prendre d'abord à Kyria ? Cette fille représentait un futur de paix et d'entente. Non, ce tir était bel et bien destiné à faire échouer le traité, pas l'acte d'un déséquilibré.

- Erend ! Je t'en supplie, viens vite ! Lui cria Ladytus.

- Non, je devrais...

Mais que devait-il, au juste ? Il ne pouvait pas arrêter tout ça. Toute son intelligence, tous ses plans grandioses, étaient impuissants face à un tel débordement de haine. Voilà donc ce que c'était, la corruption généralisée ? Ce contre quoi cette fille, Eryl Sybel, l'avait mit en garde ? Ce qu'avait prophétisé Enysia à Bakan ? Igeus s'était-il trompé d'ennemi, depuis le début ?

Il regarda Venamia, en train de tuer à la chaîne les soldats et Pokemon de Johto. Elle souriait dans la bataille. Quand elle remarqua qu'Erend la regardait de loin, son sourire s'accentua encore plus. Erend frissonna. Une boule glacée tomba dans son estomac. Oh non, il ne s'était pas trompé d'ennemi. Ce sourire n'était destiné qu'à lui. Il lui indiquait sans hésitation l'identité du responsable de ce fiasco.

- Toi...

Erend était en colère contre Venamia. Mais encore plus contre lui-même. Pourquoi n'avait-il pas vu un coup de ce genre ? Il se flattait de toujours pouvoir prédire les actions de Venamia. Alors pourquoi n'avait-il pas prédit ça ? Avait-il pensé qu'elle n'en serait pas capable ? Mais que signifiaient Kyria et quelques vies pour quelqu'un comme elle ? Bien sûr, en tant que patronne de la GSR, elle avait largement le pouvoir et les moyens de capturer un des vaisseaux de Johto, et de le faire tirer sur Kyria pour pouvoir accuser Erend par la suite, montrant à tous qu'elle avait raison, et provoquant la guerre dont elle rêvait. Un plan génial. Si génial qu'Erend aurait du le prédire. Mais il ne l'avait pas fait. Venamia avait peut-être provoqué tout ça, mais par sa négligence, Erend était aussi fautif qu'elle.

Tout ce qu'il pouvait faire maintenant, c'était tenter le tout pour le tout. Si Venamia s'en sortait, elle aurait tout loisir d'apporter mort et désolation sur Johto. Fini les stratagèmes, fini le dialogue. Il fallait que ça s'arrête, au plus vite. Il devait tuer Lady Venamia, ici même. D'ordinaire, il envisageait le meurtre d'un ennemi comme une défaite personnelle, signe qu'il n'a pas su le vaincre autrement, mais cette fois ci, il n'avait que ça, comme solution. Il tira sa Pokeball de sa poche, puis se tourna vers Ladytus.

- Donne-moi Espérance, mon amie.

- Non, Erend, pas ici, pas maintenant ! Il faut...

- J'ai épuisé toutes mes cartes. Venamia en a plus que moi. Je n'ai pas le choix.

Il tendit la main. Ladytus hésita longtemps avant d'ouvrir les feuilles qui constituaient son corps. Elle s'écartèrent, se rétractèrent, jusqu'à dévoiler une épée d'un éclat blanc et lumineux, bien caché derrière. Elle la remit à son maître à contrecœur. Erend sentit la chaleur habituelle d'Espérance l'envahir. Ce n'était pas une épée ordinaire. Elle avait été forgé dans du Vifacier, un métal aux propriétés surprenantes. Erend la tenait de son ancêtre, un homme qui avait sacrifié sa vie et sa réputation pour sauver ce qui pouvait l'être. Peut-être était-ce son tour, à lui Erend, de faire de même. Faisant face à Lady Venamia, il leva Espérance comme pour la saluer, puis lança sa Pokeball.


***


Venamia vit Igeus lever une épée contre elle. Elle éclata de rire. Qu'est-ce que ce crétin pensait faire, avec son morceau de métal ? Mais quand elle vit le Pokemon qui sorti de la Pokeball d'Igeus, elle eut moins envie de rire. À première vue, ce n'était pas un Pokemon. Ça ressemblait ni plus ni moins à un trident, d'origine mécanique, dans un métal bleu. Il luisait de la même façon que l'éclair d'Ecleus que Venamia tenait dans sa main.

- Impossible !

Et pourtant... Erend Igeus avait eu connaissance bien avant elle des Pokemon Dieux Guerriers. Il avait su où se trouvait Ecleus, et l'avait laissé à Venamia. Un tel geste signifiait qu'il n'en avait pas besoin. Car il en avait déjà un, le bougre ! Ecleus passa de sa forme Arme à normale, et regarda le trident d'Erend avec animosité.

- C'est mon frère ! Triseïdon, le dieu guerrier des eaux ! Cela fait des millénaires que je ne l'ai pas vu... Ainsi, c'est cet humain qui est son propriétaire ?

- C'est mon ennemi, déclara Venamia. Je me fiche qu'il soit ton frère. Si tu me sers, tu dois le combattre.

- Bien évidement, répondit Ecleus, outré. Nous connaissons nos devoirs, nous autres Dieux Guerriers.

Venamia monta sur son dos et s'envola. Elle ne savait pas de quoi était capable Igeus avec ce Pokemon. Elle ne voulait prendre aucun risque.

- Tu es plus fort que lui, dis ? Demanda-t-elle à son Pokemon.

- Triseïdon est de type Acier, Eau et Glace. Il craint la foudre que j'incarne. Mais... je sens comme un afflux de puissance en lui. C'est cette épée que tient cet humain. Elle est en Vifacier, comme nous.

En effet, l'épée d'Igeus brillait d'une façon tout à fait surnaturelle. Maudit soit-il ! Où avait-il eu cette épée ? Où avait-il eu Triseïdon ? Pourquoi s'évertuait-il à lui barrer constamment la route tout en lui ressemblant tant ?!

- Mais Ecleus n'est pas ton seul atout, lui rappela Horrorscor. Je suis là, moi. Tu as la capacité spéciale Futuriste. Tu as ton brassard à Eucandia, et ton gantelet magnétique. Tu es plus forte que lui.

Oui, c'était vrai. Igeus avait beau avoir un Dieu Guerrier comme elle, il était loin de pouvoir rivaliser avec elle. Venamia pouvait voir l'avenir immédiat. Rien de ce que pourrait tenter Igeus ne serait de nature à l'inquiéter. Elle n'avait pas prévu de le tuer ici, juste pour le plaisir de le voir en train de gémir quand elle prendrait possession de sa région. Mais bon, s'il se présentait à elle de la sorte...

- Fatal-Foudre, ordonna-t-elle.

Un énorme éclair jaune alla frapper Igeus au sol. Mais le chef de Johto planta son épée brillante dans le ciment du stade, tout en pointa son trident sur vers elle. L'éclair fut attiré par la garde de l'épée et se dispersa dans le sol non-conducteur, sans aucun dommage pour Igeus. Lui avait tiré un véritable torrent d'eau qui semblait posséder une volonté propre, et qui fonça sur Venamia. Cette dernière fronça les sourcils. Elle voyait l'image futuriste du torrent prendre des directions différentes, quoi qu'elle fasse pour l'éviter. Igeus devait le contrôler mentalement.

Oh, et puis tant pis après tout, ce n'était que de l'eau. Rien qui ne pourrait inquiéter son bouclier personnel d'Eucandia. Elle se laissa toucher, et comme prévu, l'eau se dispersa autour d'elle sous l'effet de son bouclier. Mais alors, elle vit quelque chose de stupéfiant dans le futur. L'image d'Igeus qui remontait le torrent, très vite, droit sur elle, son trident au devant.

- Que...

Elle sauta juste à temps. Igeus venait de surgir du torrent et de sauter sur Ecleus. Ce fou... pouvait-il faire ça ? Rentrer dans ses propres attaques d'eau pour se déplacer ?! Cette attaque n'avait donc pas pour but de la blesser, mais de le faire venir jusqu'à elle. Venamia jura, et tendit son gantelet magnétique. Aussitôt, Ecleus se rechangea en Arme et alla se longer entre la main de Venamia tandis qu'elle tombait, Igeus avec elle. L'énergie électrique de l'éclair couplait à son gant magnétique fit que Venamia resta suspendue dans les airs tant qu'elle tenait Ecleus. Et Erend, lui, créa un autre tunnel aquatique dans lequel il s'engouffra. Il semblait voler, tournoyant à sa guise dans les airs, amené par son flux aquatique qu'il contrôlait parfaitement.

Et Venamia, immobile dans les airs comme elle l'était, accrochée à l'éclair d'Ecleus, faisait une cible parfaite. Erend divisa son torrent en quatre attaques eaux, fines et filant à toute vitesse. Venamia lu dans le futur que son bouclier tiendrait. Mais le choc fut rude. Erend avait fait de ses trombes des espèces de lances aquatiques, capable de transpercer un corps humain à toute vitesse. Et l'attaque ne s'arrêta pas là. L'eau dotée d'une volonté propre - en l'occurrence, celle d'Igeus - tournoya autour de Venamia pour la recouvrir, l'emprisonnant dans un globe aquatique.

Venamia se sentit oppressée, comme si l'eau tentait de l'écraser. Son bouclier n'allait pas tenir longtemps. Et déjà, Igeus revenait dans sa fusée d'eau. Il avait récupéré son épée plantée au sol et ses yeux brillaient d'une lueur qui était très familière à Venamia. C'était la même lueur qu'elle voyait dans un miroir quand elle désirait la mort de quelqu'un. En dépit de la situation, Venamia fut amusée. Elle était parvenue à mettre hors de lui le si calme et si pragmatique Erend Igeus.

Avec Futuriste, Venamia vit d'où Erend allait attaquer. Elle retransforma Ecleus en forme normale et lui ordonna de lancer Change Eclair. La sphère d'eau explosa, et ce fut Erend qui dévia le premier. Venamia en profita pour électrifier sa trainée d'eau. Mais avant que le courant électrique en remonte jusqu'à Igeus, ce dernier gela carrément sa propre eau. Il grimpa sur la trainée de glace, et enfin, déploya Triseïdon sous sa forme normale. Tout comme Ecleus, ce Pokemon recelait une terrible beauté. Avec son allure de licorne mécanique, il brillait de la couleur bleue de son métal, et sa corne était assez longue pour transpercer trois humains d'un coup.

Erend grimpa sur Triseïdon tandis que ce dernier glissait sur son toboggan de glace. Le Dieu Guerrier des Eaux sauta, d'un bond prodigieux, et alla éventer un des croiseurs Rockets. L'éclair que lança Ecleus sur Erend le fit exploser proprement. Venamia ne se souciait pas de ses hommes. Elle ne se souciait plus de rien. Elle était heureuse, plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été ces deux dernières années. Elle se donnait à fond dans un duel épique avec son ennemi juré. Deux Pokemon Légendaires, deux dirigeants rivaux, dans un stade en train de brûler de la haine de chacun. Formidable. Jouissif.

Venamia éclata de rire quand elle dirigea Ecleus vers Erend, esquivant et contrant ses attaques eaux et glace. Avec cette suite d'éclairs et de déferlement aquatique dans les airs, un orage ne tarda guère à arriver. Et avec lui, la pluie et les éclairs. Après une longue série d'attaques et de ripostes, les deux adversaires se tenaient à une distance respectable de l'autre, se regardant dans les yeux.

- Qu'a-t-on attendu au juste pour faire cela, hein, Erend Igeus ? S'exclama Venamia. Laisser nos soldats se battre pour nous est du gâchis.

- Si c'était là votre souhait, il fallait me le dire, répliqua Erend. Vous n'auriez pas eu besoin de commettre cette atrocité. N'y a-t-il donc aucune limite à votre cruauté ?!

- C'est la paix que vous voulez nous infliger qui est cruelle. Avec nos potentiels respectifs, nous sommes capables de conquérir le monde. Pourquoi renoncer à ça ? Nous devons nous combattre, pour que le vainqueur soit libre d'accomplir son glorieux destin. Vous voulez nous niveler vers le bas, en nous mettant au même niveau que des imbéciles comme Giovanni ou Kyria ? La paix, c'est la stagnation ! Nous n'en avons pas besoin, Erend Igeus. Ce qui nous propulsera vers le haut, c'est le combat ! Il ne peut y avoir qu'un seul maître du monde, et il faut nous départager.

Erend secoua la tête.

- Je suis d'accord. Mais il y a une différence majeure entre nous : vous ne voulez régner que par la peur et la puissance. Moi, je veux le faire par l'inspiration et l'espoir. Je vais vous arrêter. Pas pour moi. Pour le peuple, pour les gens qui ne demandent rien d'autre que de vivre paisiblement.

- Vous parlez comme un Gardien de l'Innocence. Ce n'est pas vous, ça. Quelqu'un qui comme vous a tant de pouvoirs, tant de possibilités, ne peux pas rêver à des choses aussi absurdes et désintéressées que le bien commun. Vous êtes meilleurs que les autres. Vous êtes plus intelligent qu'eux. Plus fort. Et vous le savez. Vous êtes persuadé de pouvoir les guider, les gouverner. Il n'y a rien de cruel à ça. C'est dans l'ordre des choses. Les plus forts prennent ce qu'ils veulent et ce qu'ils peuvent. Et les faibles, en les voyant, voudront les imiter, et devenir forts à leurs tours. Et c'est ainsi que l'humanité progresse. Les idiots qui pensent le contraire et qui préconisent l'égalité, qui veulent empêcher les forts de prendre ce qui leur appartient... ceux là, ils condamnent le futur ! Je le sais, je l'ai vu ! Pour que le monde soit sauvé des périls qui le menace, pour que nous puissions progresser, il faut que quelqu'un s'élève au dessus des autres et les dirigent !

Erend ne pouvait pas raisonnablement prétendre qu'il n'avait jamais eu ce genre de pensée. Les paroles de Venamia reflétaient les idées qu'il gardait caché au plus profond de son cœur. Des idées qu'il craignit de faire surgir.

- C'est peut-être vrai, ce que vous dites, admit Erend. Peut-être le monde a-t-il besoin d'un sauveur, d'un élu. Peut-être que le propre des forts est de s'affronter entre eux pour gouverner les faibles. Mais même si c'était le cas, nous ne tomberons jamais d'accord, vous et moi. Et vous savez pourquoi ? Vous pensez qu'être forte vous donne le droit de diriger les autres. Moi, je pense que ce n'est pas un droit, mais un devoir. Les forts existent pour servir les faibles. Pas le contraire.

Venamia ricana.

- Laissons tomber la rhétorique philosophique. Nous ne nous comprendrons jamais. Laissons plutôt s'exprimer la force de nos volontés. Qu'elles se heurtent, qu'elles se combattent, qu'elles se détruisent ! Il n'y a que ça pour départager deux visions.

Et Ecleus et Triseïdon se heurtèrent de plein fouet, en une puissante explosion d'énergie.





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Image de Triseïdon :