Chapitre 3 : Le rapport au roi
Chapitre 3 : Le rapport au roi
« Vous étiez trois ... parmi les plus puissants d'entre nous. Comment est-ce possible ? »
« Elle ... avait aussi la marque. Nous avons eut de la chance d'avoir survécu. Nous n'étions pas préparés à un tel affrontement. Mais la prochaine fois, nous ... »
« Il n'y aura pas de prochaine fois. Du moins, pas tout de suite. Vous êtes encore secoués et une telle déconvenue va jeter le discrédit sur notre caste. »
« Mais nous ne savions pas au sujet de sa marque ! Personne ne nous avait prévenus ! »
« C'est pour cela que nous ne pouvons pas nous jeter dans la gueule du loup sans prendre le temps d'y réfléchir. Maintenant, allez vous reposer, le roi sera prévenu. »
La femme parmi le trio bouillonnait de l'intérieur mais hocha simplement la tête. Ca ne servait à rien de s'emporter, ça ne mènerait à rien de bon. Il valait mieux patienter. Il valait mieux attendre le bon moment. De toute façon, elle avait à faire. Lorsque tous les mousquetaires étaient partis, dont ses deux compagnons d'infortune, elle fit quelques pas avant de s'éloigner à son tour.
« Maintenant, il me faut le retrouver. Il doit être sûrement à la bibliothèque. »
C'était souvent là qu'elle le trouvait. De toute façon, il n'y avait pas tellement d'endroits où il pourrait se « cacher ». Pénétrant dans la bibliothèque, elle vit que la bibliothécaire haussait un sourcil. Elle n'avait pas vraiment la tenue et l'allure adéquate mais elle s'en fichait complètement. Un simple mouvement de la tête lui indiqua où le trouver.
« Merci ... Je serais très discrète. »
Enfin, à sa manière. Elle se dirigeait vers les rangées de livres, finissant par arriver jusqu'à une table isolée où se trouvait un jeune homme aux cheveux blancs. Les yeux posés sur un livre, elle vint lui dire calmement :
« Comment est-ce que vous arrivez à faire ceci ? Je me le demande sincèrement. »
« La pratique pendant de longues années, mademoiselle Alektra. »
« Je me doute mais bon ... ça reste toujours aussi impressionnant en soi. Est-ce que je peux vous parler en privé ? Ici, les oreilles sont indiscrètes. »
« Bien entendu, bien entendu. Quelques secondes néanmoins. Elles seront suffisantes et me permettront alors de terminer ce livre. »
« Comme vous le désirez, on peut attendre une ou deux minutes, je ne suis pas à ça près. »
Pourtant, comme il l'avait dit, il finit par se lever après quelques secondes alors qu'elle le regardait faire. C'était tout ? Mais elle posa ses yeux sur ceux complètement blancs du jeune homme. Aveugle, complètement aveugle et pourtant, elle savait qu'il avait lu le livre. Elle pouvait l'interroger dessus, il saurait y répondre comme si de rien n'était.
« Est-ce que ce livre était intéressant, messire ? »
« Potentiellement intéressant bien que plusieurs informations sont erronées à ce sujet. »
« Tiens donc ? Vous devriez le signaler à la bibliothécaire pour qu'elle cherche une œuvre avec des informations moins erronées. »
« Ce n'est pas possible. C'était l'un des rares exemplaires ... dommage que la vision de ce livre soit non objective mais bon, vous le savez aussi bien que moi ... »
« L'Histoire appartient au vainqueur. Vous ne cessez de me le répéter à chaque fois queje vous parle donc oui, à force, ça finit par rentrer dans le crâne. »
Elle s'empêcha de sourire et de rire tandis qu'ils quittaient la bibliothèque ensemble. Elle avait besoin de lui parler au sujet au sujet de la seconde porteuse de la marque d'Arceus. Lorsqu'ils se déplacèrent, côte à côte, elle murmura :
« Je voulais vous adresser la parole ... à ce que nous devions faire. Malheureusement, nous avons échoué alors que nous étions si près du but. »
« Cela fait déjà quelques jours mais je comprends que votre convalescence vous ait empêché de vous exprimer correctement. Je ne vous en veux guère. Il semblerait que cela concerne la jeune feme qui accompagnait le porteur de la marque d'Arceus, non ? »
« C'est ça le problème ! Cette femme a aussi une marque ! »
Le jeune homme aux cheveux blancs s'arrêta, comme stupéfait par la nouvelle qu'il venait d'apprendre. Avec lenteur, il se retourna en direction d'Alektra, ouvrant ses yeux blancs, comme s'il était capable de voir et de regarder.
« Continuez donc. Je vous écoute. Qu'est-ce que cette femme faisait-elle avec une telle marque sur son corps ? Cela est normalement impossible d'après les légendes. »
« Elle maîtrisait bon nombre d'éléments mais elle semblait presque comme folle ... tout en restant un peu rationnelle. Je ne sais pas comment c'est possible mais contrairement à l'adolescent, elle maîtrisait parfaitement la marque d'Arceus. »
« Ainsi donc, nous avons une seconde épine dans le pied il semblerait bien. Je ne pense pas que cela va jouer en notre faveur, malheureusement. »
« Mais maintenant que nous sommes prêts, nous devrions pouvoir agir en conséquence. La prochaine fois, ils n'auront pas autant de chance. »
« Voulez-vous dîner avec moi, ce soir, mademoiselle Alektra ? Je pense converser avec le roi plus tard, sans aucun souci. Je pourrais le mettre alors au courant. »
« Oh non non ! Je ne voudrais pas déranger le roi, surtout si vous avez quelque chose d'important à lui dire. Je ne peux pas me permettre une telle action, loin de là. Je ne pense pas que cela soit très raisonnable de me laisser manger à sa table avec vous. »
« Oh, ne pensez donc pas cela. Pour la peine, vous êtes maintenant forcée de m'accompagner. Je ne vous laisse pas le choix. »
« Mais mais mais ... Est-ce que je peux néanmoins aller trouver une tenue plus correcte et convenable ? De quoi cacher les bandages et tout le reste, cela sera beaucoup mieux. »
« Le repas ne sera pas avant ce soir, vous avez donc tout votre temps. Mais n'essayez pas de m'avoir hein ? Sinon, je viendrais moi-même vous chercher dans vos quartiers. »
« Vous n'oserez pas ... n'est-ce pas ? » demanda t-elle alors qu'elle cherchait à lire dans ses yeux. Ah oui, cela sera très difficile malheureusement. Mais un sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme qui murmura :
« Vous voulez essayer ? Voir si j'en serais capable ? Cela vaut peut-être la peine d'essayer, qu'est-ce que vous en pensez, mademoiselle Alektra ? »
Elle ne répondit pas, ne faisant que baisser la tête avec un peu de gêne. Pfiou, elle ne savait pas pourquoi mais elle avait toujours ce sentiment d'être encore une enfant face à lui. Et pourtant, elle avait presque la trentaine d'années ! C'était pour dire !
« Je vais aller plutôt ne pas perdre plus de temps comme ça. Au revoir, nous nous reverrons dans quelques heures alors, messire. »
« Soit, soit, soit. Faites attention à vous, néanmoins. En tant que mousquetaire de la foudre mais aussi comme femme. Bref, je vais retourner à cette lecture. »
Il fit un petit geste de la main avant de récupérer celle de la jeune femme. Il déposa un baiser dessus avant de s'éloigner. Elle soupira, passant sa main sur la joue tout en murmurant :
« Quel drôle de personnage que ce mousquetaire de la normalité. »
Mais difficile de ne pas l'apprécier car malgré les apparences, il était un peu l'érudit parmi tous les mousquetaires du Roi. Tous et toutes l'écoutaient quand il commençait à prendre la parole pour déverser son flot de savoir. Elle prit une nouvelle et profonde respiration avant de se mettre en route vers son propre chemin. Elle avait beaucouop à marcher. Elle ne répondit pas aux deux hommes, mousquetaires du feu et de l'eau, lorsqu'elle pénétra dans la pièce, signalant juste qu'elle ne serait pas là ce soir.
« OOOOOOOOOOOH. Mais on se dévergonde ? »
« Est-ce que tu veux que je te t'électrocute ? Je te rappelle que tu supportes assez mal l'électricité. Ca serait vraiment dommage, Gravos. »
« Hey, je ne suis pas le mousquetaire de l'eau. Même si ça risque de me foudroyer, je te rappelle aussi que ça peut passer. »
« Tu veux que l'on voie au cas où ? » répliqua t-elle une nouvelle fois avant de se retourner vers lui. Si une petite démonstration s'imposait, elle n'aurait alors aucune hésitation à ce sujet. Pas du tout mais bon, le second homme, aux cheveux rouges, se redressa :
« On se calme, merci bien. On va éviter la violence gratuite, Alektra, Gravos. »
« Ne t'en fait pas, je ne lui ferais pas trop mal ... normalement, Akulré. »
« Ce n'est pas vraiment plus rassurant quand tu parles de la sorte, tu sais ? »
Elle le savait et c'était le but ! Elle s'empêcha de sourire avant d'aller dans la pièce à côté. Alors bon, qu'importe ce qu'ils disaient, elle devait être prête. Dîner avec le roi ? C'était une idée folle et pourtant, elle allait se réaliser. Oh, ce n'était pas comme si le roi était quelqu'un reconnu comme autoritaire et tyrannique. Juste que ce n'était pas pour ça qu'on pouvait s'inviter à sa table comme ça.
« Je me demande de quoi il va parler ... sûrement de ces personnes. »
Oui, il ne fallait pas croire que cela allait être un dîner de plaisance. Non, ils allaient évoquer les sujets assez graves comme leur défaite. Mais peut-être aussi des solutions ? AAAAAAAAH ! C'était la première fois qu'elle se voyait ainsi à une table ! Elle ne savait pas comment réagir, comment elle allait devoir s'activer.
« Hey ! Tu en mets du temps, Alektra ! Tu devrais te dépêcher, tu vas être en retard ! »
« Gravos, ça ne te regarde pas ce que je vais faire, compris ? Et je ne suis pas en retard, j'ai plusieurs heures devant moi ! Et tu n'as pas à savoir où je compte aller ! »
Encore une fois, elle s'exclamait avec ardeur. Elle n'allait plus répondre à cet idiot ! Sincèrement, il avait pas mieux à faire de ses journées ? Mais en même temps, elle réfléchissait à cette femme masquée. Imbécile ... Cette saleté. Elle ne lui pardonnerait pas. Son masque avec un éclair gravé dessus était posé à côté d'elle pendant qu'elle faisait sa toilette. Comment est-ce que cette femme avait osé lui faire subir ça ? UNE TELLE HONTE ! Elle ne lui pardonnerait jamais. Des éclairs commencèrenet à se former dans sa main mais elle s'arrêta aussitôt.
« Manquerait plus que je m'électrocute. »
C'était la dernière chose dont elle avait besoin à l'heure actuelle. Elle termina de se laver, observant ce qu'elle avait décidé de prendre comme tenue pour la soirée. Oui ... Elegante. Devant le roi et sa famille, il valait mieux. Et surtout qu'elle savait que le mousquetaire de la normalité était quelqu'un de très beau. On ne lui donnait pas vraiment un âge réel mais elle savait qu'il devait avoir à peu près le sien.
« Autant que je ne paraisse pas trop ridicule devant eux. »
« HEY ! ALEKTRA ! CA VA ÊTRE L'HEURE ! »
« Attends que je sortes, je m'occupe de ton cas ! Tu vas regretter d'être né ! »
Oh que oui ! Elle se rhabilla à toute allure ou presque, se faisant à peu près correcte dans le miroir avant d'ouvrir en trombe la porte. Elle posa son regard à gauche et à droite, Akulré étant assis sur un fauteuil en train de lire. Sans même un regard, il désigna un placard.
« Hum ... Où est-ce qu'il est passé encore ? »
Elle faisait les cent pas, évitant soigneusement le placard avant de prendre un balai. Sans aucune hésitation, elle bloqua les deux portes avant de soupirer :
« Bon, impossible de mettre la main sur lui, dommage. Il ne saura pas ce qui va lui arriver quand je le retrouverais. Je m'en vais pour la soirée. Au revoir. »
Et voilà qu'elle partait. Lorsqu'il entendit la porte se refermer, l'homme caché dans le placard tenta de quitter sa cachette mais se retrouva bloqué. Il commença à taper :
« Akulré ! Ouvres-moi s'il te plaît ! Akulré ! Réponds bordel ! »
Ignorant complètement la voix issue du placard, l'homme aux cheveux rouges tourna tranquillement la page de son livre, comme si de rien n'était. Quelle belle soirée qui allait commencer, n'est-il pas ?