Le mousquetaire divin : L'éclat de l'or causera la mort de ShiroiRyu

Premier axe : Une vie faite de fuites

Chapitre 1 : Pour éviter la souffrance

« Soklar ? Il faut que tu te lèves un peu, aller ! »

Difficile de répondre aux propos de la voix féminine qui s'adressait à lui. Il marmonna pendant quelques secondes, disant que cela pouvait attendre quelques secondes mais il fut rapidement soulevé par le col, encore à moitié endormi.

« Soklar, debout avant que je ne m'emportes. Je suis sûre que tu ne voudrais pas que ça arrive, n'est-ce pas ? Ca serait se faire mal inutilement. »

« Hmm ... Mais non ... Melgana. Y a rien de spécial ... Dodo encore un peu non ? »

« Soklar. Si tu ne te réveilles pas, je serais alors obligée de venir te faire prendre un bain avec moi. Qu'est-ce que tu en penses ? Tu apprécies l'idée ou non ? »

« Non c'est bon, je suis réveillé ! » s'exclama l'adolescent aux cheveux blonds.

Il avait fini par ouvrir ses yeux verts pour les poser sur le masque en face de lui. Vraiment ? C'était comme ça ? De telles menaces, il ne pouvait pas le supporter. Bien entendu, un bain était impossible dans un tel cas mais ce n'était pas un problème.

« Bonjour à toi, grande sœur. Est-ce que tu as bien dormi ? Ou non ? »

« J'ai plutôt bien dormi, je dois avouer. Tu n'avais pas trop froid, Soklar ? »

« Pas vraiment, grande sœur. Vu que tu me prends toujours dans tes bras quand je dors. »

« Est-ce que cela te dérange tant que ça, Soklar ? »

Hmm ... Comment est-ce qu'il pouvait expliquer cela à sa grande sœur ? Le problème résidait dans le fait qu'il avait passé l'âge pour ça. Oh par contre, elle était chaude, très chaude. Avec son grand corps et son coeur immense, il pouvait ressentir toute sa chaleur lorsqu'il dormait à ses côtés. Il passa une main sur ses cheveux blonds, soupirant :

« C'est pas si facile que ça à expliquer. Comment je dois le faire ? »

« Et bien, avec des mots, des phrases, un sujet, un verbe, tout ça. Tu ne crois pas ? Ca me semble plutôt être pas mal comme début, je trouve. »

« Ce n'est pas une question de résultat ou autre. Sérieusement, Melgana, je préfère pas. »

« Dormir avec moi ? Mais tu risques d'avoir très froid les nuits. »

« Ca, c'est juste mon problème, ça ne te regarde pas, Melgana. S'il te plaît, je suis assez grand pour me débrouiller tout seul. Je ne suis plus un enfant. »

« Tu seras toujours mon petit frère. Tu ne peux pas changer ça. »

Grumpf. Mais elle veut bien le lâcher néanmoins ? Car bon, c'est très gênant de ne pas toucher le sol avec ses pieds. Elle s'excusa un peu alors qu'il passait une main sur son front. Pfiou, tant mieux et merci ! Ils allaient pouvoir souffler un peu hein ?

« Qu'est-ce que tu as préparé pour le petit-déjeuner, Melgana ? »

« Ahem ... Je me disais que peut-être que tu ... pouvais le préparer ? »

Pfiou, si elle n'avait pas ce masque, il était sûr d'une chose, elle serait en train de rougir violemment. Il rigola dans sa tête avant de soupirer une nouvelle fois. Il devait garder son sérieux tout en lui disant calmement :

« En fait, tu voulais juste me réveiller pour que je te fasses à manger hein ? »

« Si peu, si peu. De telles accusations me font très mal au coeur. Néanmoins, je suis prête à te pardonner si tu me fais à manger. Qu'est-ce que tu en penses ? »

« Que l'on va pouvoir s'entendre, toi et moi. Bon, voyon voir ce que je peux faire. »

Il avait presque aussitôt commencé à fouiner dans le sac. Bon, ça, ça et ça. Normalement, avec tout ceci, il pouvait alors cuisiner quelque chose de potable et mangeable. Mais il fallait quand même avouer ... que le sac commençait à être vide.

« Melgana, il faudra faire quelques achats. Ou alors, trouver à manger dehors. »

« On verra plus tard ! J'ai faim, moi ! On a faim ! On a faim ! »

On ? Il haussa un sourcil avant de lui mettre de quoi la faire taire. Elle ne voulait pas se voiler la face mais lui non plus. C'était juste pas vraiment folichon comment ils vivaient actuellement. Il n'appréciait que peu leur nouvelle vie maintenant.

« Est-ce que cela convient au palais délicat de mademoiselle Melgana ? »

« Parfaitement, vous méritez un bon point, messire Soklar ! »

« Tant mieux car je ne le referais pas de si tôt. Enfin bon, mangeons et ensuite, on se remet en route puisque l'on a visiblement beaucoup de chemin à faire. »

Du chemin ? Pour ... continuer à fuir. Encore et toujours. Il avait du mal à apprécier de vivre de la sorte, comme un criminel. Toute sa vie avait été chamboulée le jour où il avait décider d'utiliser enfin ses pouvoirs ... liés à sa marque d'Arceus. 

« S'il te plaît, arrête de faire cette tête, Soklar. On va s'en sortir. »

« Je le sais bien ... ce n'est pa de ta faute, Melgana. C'est juste que ... c'est dur. »

Elle comprenait parfaitement ce qu'il ressentait. Néanmoins, il fallait qu'il s'y adapte. Ils n'avaient plus le choix, elle et lui. Ils allaient vivre une vie faite de mensonges et parties de cache-cache. Ils n'allaient plus pouvoir faire confiance à quiconque dorénavant.

Une vie faite de problèmes se déroulait maintenant devant eux. Il fallait dire que l'adolescent et la jeune femme avaient eut l'audace de tenir tête aux mousquetaires du roi. A partir de là, c'était tout le royaume qu'ils se mettaient à dos. Autant dire qu'ils n'auraient guère plus réellement de choix devant eux.

« Soklar, prêt à marcher pendant des heures et des heures ? »

« Si tu veux tout savoir ... ma réponse est non. Je ne me sens pas du tout motivé. »

« Mais pourtant, il va falloir que tu t'y fasses  ! »

Rien que ça ? L'adolescent aux cheveux blonds haussa les épaules avant de mettre une main sur son front. Marcher, marcher, marcher, pendant des heures, heures, heures. Elle tenta de faire la conversation avec lui mais il la stoppa presqu'aussitôt :

« Pas aujourd'hui, s'il te plaît, Melgana. Je ne suis pas du tout d'humeur, je dois t'avouer. »

« Hein ? Mais pourquoi ça ? Tu ne me fais pas la tête quand même, Soklar ? Tu sais bien que ... je sais que c'est difficile ce que nous vivons mais ... »

« Non non, je ne te fais pas la tête si c'est ce que tu penses. J'ai beaucoup mieux à faire, Melgana. C'est juste que j'ai du mal à supporter tout ce qui nous arrive. On ne mérite pas ça. »

« Je sais, Soklar. Je sais ... Je te promets que ça va s'arranger. On va trouver un coin abandonné, dans une forêt isolée et on vivra ainsi, sans que nul ne nous dérange. »

« D'accord, si tu estimes que c'est la meilleure chose à faire. »

Voilà qu'il replongeait dans son mutisme. RAAAAAAAAH ! Elle voulait que ça s'arrange mais ce n'était pas avec son air boudeur qu'il allait arranger la chose. Est-ce qu'il s'en rendait compte ? Car voilà, il était complètement décontenancé et déstabilisé.

« Tu voudrais retrouver ton ancienne vie, Soklar mais ... ce n'est pas possible pour le moment, pas du tout même. Pardonnes-moi. »

Il n'a pas à la pardonner car elle n'a rien fait qui vaille la peine qu'il lui en veuille. Il sait qu'elle n'a pas désirer cela. Il sait qu'elle n'a cherché que son bonheur. Mais ce n'est pas suffisant. Il lui faut plus que ça, beaucoup plus.

Mais comment l'expliquer à Melgana ? Il n'a aucune solution. Et puis, même pour chasser des pokémon pour se nourrir, il évite d'utiliser ses pouvoirs. La raison est simple : il risquerait de blesser gravement Melgana à cause de leurs marques.

« Soklar ? Tu es pensif. Tu veux en parler ? Ou tu préfères tout garder pour toi ? »

Il hocha la tête négativement avant de replonger dans son mutisme et dans le silence. Il ne veut pas l'embêter, il ne veut pas la faire souffrir ... mais il ne veut pas être dérangé pendant qu'il réfléchit à tout ça. C'est aussi simple et facile que ça mais ... il n'est pas sûr que ça soit si aisé pour Melgana que de comprendre cela. Pas du tout.

Mais il ne peut pas lui en vouloir. C'est tout simplement impossible. La jeune femme qui est masquée ne lui veut que du bien ... mais tout en continuant de lui cacher certaines choses. Comme la marque d'Arceus. Ils n'ont toujours pas eut de discussion à ce sujet ça le perturbe et l'embête à ce sujet. C'est pourquoi il préférait ne pas lui poser de questions.

Mais un jour, il allait devoir. Un jour, ils allaient devoir discuter, lui et elle. Mais ce jour n'était pas encore arrivé. Et ce jour, n'était pas prêt d'arriver. Il avait besoin d'être plus courageux pour ça et ce n'était pas ce qu'il était actuellement. Il prit une profonde respiration alors que la marche de plusieurs heures se terminait.

« Soklar, je vais aller chasser. Tu restes ici pour préparer un feu, d'accord ? »

« D'accord, d'accord, pas de problèmes. Je vais le faire, Melgana. Bonne chance. Tu ne veux pas que je t'aide pour la chasse ? Ca sera mieux à deux, tu ne crois pas ? »

« Et te mettre en danger ? Il en est tout simplement hors de question. Tu restes ici pour prendre des branches et allumer le feu. Je pars. »

« D'accord, grande sœur, d'accord. Fais attention à toi quand même. »

C'était encore de la déception dans le ton de sa voix. Malgré leur escapade, elle ne lui faisait toujours pas assez confiance même pour des futilités de la sorte. Il avait côtoyé la mort dans ces ruines, pourquoi est-ce qu'elle n'arrivait pas à voir qu'il était devenu un adulte ? Bon, pas encore mais ... il était capable de se défendre hein ? Et de l'épauler en combat !

Mais ça, ce n'était rien du tout pour elle. Que de la poudre aux yeux. Ce n'était pas comme si cela l'intéressait réellement. Elle en avait que faire ce qu'il pensait, du fait qu'il se sentait vexé et blessé par ses actes et ses paroles.

« Viande d'Ursaring pour mon gentil petit frère qui a préparé le feu ! Tiens ? Pas de feu ? »

« Je n'ai pas réussi à l'allumer, Melgana. J'ai juste le bois, désolé. »

Ce n'était pas bien grave Il n'était pas obligé de se sentir abattu pour si peu. Elle déposa le cadavre de l'Ursaring avant de brandir une main vers les brindilles réunies. Quelques secondes plus tard, le feu crépitait devant les yeux de Soklar.

« Je vais couper la viande, d'accord ? Ca me prendra quelques minutes, tu peux rester tranquille en attendant, tu ne me dérangeras pas. »

« Tant mieux, j'avais peur que ça soit le cas, grande sœur. On ne sait jamais. »

« Ne te fait aucun souci. Ca n'arrivera jamais si tu as peur de ça. »

Elle n'a pas compris l'ironie dans ses propos visiblement. Ce n'est pas une question ou ... enfin bon ... Non, ça ne sert à rien de discuter avec elle. C'est se fatiguer pour rien. Elle ne veut pas voir ce qu'il est, tant pis. Le repas sera mauvais ? Tant pis !

« Vraiment, la viande d'Ursaring, qu'est-ce que j'adore ça, pas toi, Soklar ? »

Même en cherchant à lui en vouloir, il n'y arrivait pas. La raison était simple : sa sœur était un monstre, oui, mais de gentillesse dès qu'il s'agissait de sa personne. Il savait que ce n'était pas forcément « bien » ce qu'elle faisait et pourtant ...

Cette nuit, ce fût lui qui alla dans ses bras, sagement, calmement, sans rien dire, sans rien faire. Elle avait ouvert ses bras presqu'aussitôt pour les placer dans son dos. En fait, tous les soirs, c'était le même scénario. Il allait dans ses bras et le lendemain matin, il prétextait qu'il ne voulait rien en rapport avec elle. Mais ils étaient seuls dans ce monde. Seuls ... tous les deux. Ils étaient chacun l'unique personne de l'autre. Il ne pouvait pas se mettre en conflit avec elle, c'était tout simplement impossible.