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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 11/01/2015 à 08:35
» Dernière mise à jour le 08/04/2022 à 22:19

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 262 : La cérémonie
Cela ne faisait que quatre jours que Lyre se trouvait incognito au quartier général des Gardiens de l'Innocence, sous les traits d'Eryl, et déjà elle pensait avoir atteint les limites du supportable. Au nom du Seigneur Horrorscor, cet endroit était horrible ! Outre cette odeur nauséabonde d'innocence qui se dégageait de toutes les parties de ce fichu manoir, ses occupants étaient tous des décérébrés mentaux, de stupides amoureux d'Erubin qui ne juraient que par elle. Ils étaient tous si naïfs, ni écœurants de bonté, si prompts à aider les autres, à songer au bien commun, à l'amour universel... Beurk !

Tout cela la répugnait, et elle avait l'impression qu'elle devait aller vomir au moins trois fois par jour. Et dire qu'elle-même, étant gamine, avait passé du temps dans cet endroit ! Horrorscor merci, elle n'en gardait presque aucun souvenir. Mais oui, elle était issue de ce nid infect d'innocence. Issue du plus grand des Gardiens de l'Innocence qui soit : le légendaire Dan Sybel, le Héros de l'Innocence, l'ancien Premier Apôtre. Double beurk !

Lyre se sentait comme salie, infectée. Mais bon, on ne choisissait pas ses parents. En cela, ce n'était pas faute. Le Marquis des Ombres avaient su lui montrer la vraie voie : celle du tout pour soi. Penser aux autres était absurde. On n'avait qu'une seule vie. On devait faire en sorte de la vivre comme on voulait, sans se soucier des autres. Et la mission sacrée des Agents de la Corruption était de rependre cette vérité, de montrer que la générosité, l'amour, et tous ces autres sentiments dégoutants n'étaient que pur hypocrisie.

Comme ces Gardiens de l'Innocence, si joyeux à l'idée de savoir qu'ils œuvraient pour un but noble et désintéressé. Les pauvres crétins ! Lyre déployait des efforts monstrueux pour se fondre parmi eux, pour leur sourire comme l'aurait fait Eryl. Beaucoup d'entre eux recherchaient sa compagnie. Ils voulaient devenir amis avec la fille de Dan Sybel, avec celle qui portait la Pierre des Larmes. Et en cela, se faire passer pour Eryl Sybel était un calvaire pour Lyre. Si ça n'avait pas été une mission donnée par le Marquis des Ombres lui-même, la jeune femme aurait tout simplement refusé.

Elle en avait assez de sourire, assez de jouer les faux-cul, mais ce qu'elle avait à faire ici, au Manoir Brenwark, était très important pour la cause du Marquis. Pas recueillir des renseignements ou espionner les Apôtres. Non, ça, Silas et Vaslot Worm s'en chargeaient déjà très bien. C'était une chose qu'elle seule pouvait accomplir, en raison de son pouvoir particulier. C'était pour ça que le Marquis voulait qu'Eryl Sybel rejoigne les Gardiens, quitte à leur donner la Pierre des Larmes. Le moment venu, Lyre devait prendre sa place, et faire ce qu'elle devait faire.

Sa mission était simple : elle devait souiller la Bénédiction de la Lumière. Chaque Premier Apôtre se servait de ce pouvoir, qu'il tenait de l'esprit d'Erubin lui-même. Le Premier Apôtre le faisait sien par la grande statue d'Erubin dans le parc du manoir, une statue qui renfermait une partie du pouvoir d'Erubin. Il suffisait de la toucher pour que la Bénédiction de la Lumière se transmette au Premier Apôtre en titre. Dès lors, il pouvait ensuite la relâcher en arme, une explosion de rayons de lumière à l'état liquide, contre lequel même les Agents de la Corruption les plus puissants ne pouvaient rien. Il y a plus d'un an, lors de la bataille de Mauville, Fantastux et Jivalumi avaient du prendre la fuite quand Oswald Brenwark était entré dans le combat en déployant la Bénédiction.

Bref, c'était une arme qui pouvait être dangereuse, et le Marquis souhaitait qu'elle disparaisse. Il aurait suffit de détruire la statue, bien sûr, mais le Marquis était plus retord que ça. Il voulait que la source de ce pouvoir soit corrompue à jamais, pour que le prochain Premier Apôtre qui la toucherai soit entraîné dans des effluves de corruption massives qui le détruirait totalement. Car après chaque utilisation de la Bénédiction, le Premier Apôtre devait se « recharger », en quelque sorte, et donc retoucher la statue. Brenwark, cet idiot, le faisait en priant Erubin.

Eh bien, s'il s'avisait de la toucher à nouveau, il aurait une très mauvaise surprise. Lyre y avait veillé. Son pouvoir se déclinait de deux façons : elle pouvait corrompre le corps et l'esprit des êtres vivants jusqu'à leur donner la mort en les touchant avec sa main gauche. Puis de sa main droite, elle pouvait ensuite ranimer leur cadavre, les contrôlant à sa guise, quand bien même l'âme était loin. C'était ainsi que Lyre s'était fabriquée une véritable petite armée à elle seule, à Dolsordus.

Comme elle corrompait les êtres vivants jusqu'à les tuer, elle pouvait corrompre la statue d'Erubin de sa main gauche. Corrompre la source de la Bénédiction de la Lumière, et faire qu'elle devienne une pollution indescriptible de mort et de désespoir. Et elle l'avait déjà fait beaucoup, comme elle était en train de le faire actuellement. En faisant semblant de prier Erubin, elle avait discrètement touché la statut plusieurs fois. Plus elle continuerai, plus la Bénédiction deviendrait un poison pour le prochain Premier Apôtre qui entrerai en contact avec elle. Une épine de moins dans le pied du Marquis des Ombres.

D'où lui provenait ce pouvoir, au juste ? De son sang même, en réalité. Ou bien de son âme. Elle ne savait pas trop. Le fait est qu'elle avait été marquée par Horroscor dès la naissance, et qu'elle avait hérité de lui un aspect de ses pouvoirs qui ensuite avait muté. On nommait les gens comme elle des Enfants de la Corruption. Et on pouvait les reconnaître à leurs yeux. Même sans être possédé par Horrorscor, ils pouvaient virer au rouge quand leur possesseur était en proie à de forte émotion, comme la colère.

Bien sûr, elle se serait bien passée d'être une Enfant de la Corruption. Son pouvoir, elle ne le contrôlait pas. Elle ne pouvait toucher quiconque avec sa main gauche sans risquer de le tuer. Ça la rendait toutefois très précieuse aux yeux du Seigneur Horrorscor. Comme Silas. Il était difficile de dire lequel des deux était le plus puissant des Agents de la Corruption. Il régnait donc une certaine rivalité entre eux, les deux favoris du Marquis. Mais aussi une passion sensuelle inoxydable, et ce depuis déjà longtemps.

Tous les deux avaient beaucoup en commun. Tous les deux les lieutenants du Marquis, tous les deux nés de Premiers Apôtres d'Erubin, tous les deux disposant de pouvoirs incroyables, tous les deux ayant la passion de l'ambition. Mais il y avait toutefois une différence entre eux. Si la seule ambition de Lyre était de servir le Marquis et le Seigneur Horrorscor, Silas lui voyait plus haut. Il était tellement corrompu qu'aucune loyauté ne pouvait s'appliquer à lui. Il se délectait seulement de pouvoir s'amuser avec les autres, de les manipuler, de les voir évoluer dans son jeu parfait. Il s'était forgé pour cela l'identité de Mister Smiley parmi les Agents, et passait pour être le Marquis des Ombres, manipulant Vrakdale et les autres, et parfois en prenant de nombreuses libertés avec les ordres du vrai Marquis. Silas avait beau être un parfait emmerdeur, et avoir des idées dangereuses à la limite de la trahison, Lyre souffrait du manque de ses caresses. Après tout, la luxure avait toujours été son péché capital attitré.

En ayant terminé avec la statue pour le moment, Lyre fit mine de se balader un peu dans le jardin. Vaslot Worm, qui avait beaucoup observé cette abomination d'Eryl ces derniers mois, lui avait fait un compte rendu de ses habitudes et de ses manières. Elle sortait souvent dans le grand jardin, pour toucher les fleurs ou écouter les oiseaux chanter. Tant de niaiserie affligeait Lyre, surtout qu'elle était obligée de faire comme elle pour ne pas attirer la suspicion. Que quelqu'un puisse paraître aussi innocent en utilisant le même corps qu'elle lui donnait la nausée. Lyre ne comprenait pas pourquoi le Marquis ne leur avait pas ordonné de la détruire, tout simplement. La Pierre des Larmes était la seule chose que craignait le Seigneur Horrorscor. S'en débarrasser aurait été le choix le plus logique. Mais le Marquis avait ses plans, et Lyre n'avait pas à les remettre en question. Elle espérait juste que le moment venu, il lui autorise à s'occuper de cette pseudo fille elle-même.

Au cours de sa balade improvisée, elle arriva jusqu'à la tombe de ses parents. Dan Sybel, en tant que Premier Apôtre de l'époque, avait enterré son épouse Marine ici, au quartier général des Gardiens, quand bien même elle n'était pas officiellement un Gardien elle-même. Puis, quand Sybel était mort à son tour, on l'avait envoyé rejoindre son épouse. Ainsi, tous les Gardiens pouvaient rendre hommage à celui qui fut le plus puissant et noble d'entre eux.

Lyre observa les inscriptions taillées sur le marbre avec détachement. Ses parents étaient morts vraiment jeunes. Lyre conservait des souvenirs de son père. Elle se souvenait qu'elle avait été heureuse à cette époque. Choyée. Son père l'avait quelque fois amené lors de ses voyages qu'il effectuait pour le compte des Gardiens, avec Silas, alors son disciple. Il lui semblait que tout cela était une autre vie, ou celle de quelqu'un d'autre. Quant à sa mère, la jeune femme en conservait aussi quelques souvenirs… mais sûrement pas aussi agréables. Elle frissonna rien que d'y penser, et revint à la tombe.

- Comme vous devez être tristes, papa, maman, sourit Lyre de façon cruelle et regardant la tombe de haut. Voir votre fille unique œuvrer pour ce dont vous vous êtes toujours battus et êtes morts. Comme vous devez me mépriser... Mais c'est tant mieux. Car je vous méprise encore plus.

Veillant à ce que personne alentour ne la regarde, elle cracha au pied de la tombe. Elle rentra au manoir, avec dans l'idée de s'enfermer dans sa chambre et d'essayer de dormir pour échapper à toutes les effluves nauséabondes de cet endroit. Vivement qu'elle parte. Si ce crétin de Fantastux faisait bien son travail, Eryl et Cosmunia en aurait pour un certain temps à Kalos. Fantastux ne savait pas qu'il ne devait pas tuer Eryl, mais ça n'aurait servi à rien de lui dire : il n'aurait de toute façon jamais pu.

Avant d'arriver jusque dans ses quartiers, elle tomba, au détour d'un couloir désert, sur son oncle. Ah, comme elle le méprisait, lui aussi, avec sa moitié de masque, son costume haut taillé et ses manières onctueuses. Il prétendait servir le Marquis, mais Lyre n'était pas dupe. Il ne le faisait que dans son propre intérêt. Pour se venger du souvenir de Dan Sybel, et pour prendre le pouvoir sur les Gardiens à la place de Brenwark. Le Marquis et lui avaient apparemment fait un marché : en échange de l'aide de Worm, le Marquis s'engageait à laisser les Gardiens de l'Innocence exister pour que Worm en prenne le contrôle, et qu'il les fassent servir le Seigneur Horrorscor à leur insu. Lyre ne faisait personnellement pas du tout confiance à Worm, et le fait qu'ils aient un lien de parenté l'agaçait profondément.

- On s'en va, déclara Worm sans avant-propos.

- Vraiment ? La mission est finie ? S'étonna Lyre. Mais, et Brenwark ? Le Marquis voulait qu'on...

Worm leva les yeux au ciel, du moins, le seul qu'on pouvait voir sous son demi-masque.

- J'ai dit qu'on s'en allait, pas que rentriez auprès du Marquis. Nous sommes invités à une cérémonie, en tant que représentants des Gardiens de l'Innocence.

- Une cérémonie ? Répéta Lyre, méprisante. Les Gardiens font dans le gala à présent ?

- Les Gardiens font ce qui est nécessaire pour accroître leur renommée et leurs fonds, jeune sotte, soupira Worm. Les gouvernements de Kanto et Johto vont signer, en grande pompe, un accord de paix. Le chef Brenwark est un homme connu et respecté dans tout Kanto, et a fait en sorte que son organisation se fasse connaître.

Si Lyre n'avait rien contre l'idée de sortir un peu de ce manoir puant, l'idée de se mêler à la foule n'avait rien de réjouissant, elle qui passait la plupart de son temps seule avec ses cadavres marionnettes.

- Trouvez-vous quelqu'un d'autre, rétorqua-t-elle. Pourquoi pas ce crétin de Silvestre Wasdens ? En tant que Dignitaire, ce serait plutôt son job.

- Wasdens sera présent. Il est déjà là-bas, avec Erend Igeus. Et ne discutez pas. Vous venez, un point c'est tout. Eryl Sybel est une alliée et amie d'une partie de la Team Rocket, elle a longtemps fréquenté le professeur Chen, l'un des plus influents sénateurs présents, et elle a aussi rencontré le sénateur Treymar et le jeune Igeus de Johto. Sa présence va de soi.

Lyre rouspéta durant tout le trajet vers le Plateau Indigo, à tel point que Worm dut se dire que ça ne valait pas le coup de l'amener pour la supporter tout ce temps durant. Il coupa court à ses protestations et lui dit d'un ton grave :

- Souvenez-vous : Eryl est très proche de la X-Squad, qui sera présente. Ne faite donc rien qui vous fasse repérer. Vous êtes leur meilleure amie, vous adorez la paix, et vous serez ravie de cette entente entre les deux régions. Est-ce clair ?

- Et comment suis-je censée les reconnaître, ces gus de la X-Squad ? Je ne les ai jamais vus ! Vous ne m'avez rien dit sur les autres dans votre rapport soi-disant complet sur Eryl !

- Je n'avais pas imaginé que vous les rencontreriez. Je me serai bien passé de cette cérémonie, croyez-le. De même que cette paix, après tout ce que Silas a fait pour pousser Venamia à la guerre...

Lyre ricana.

- Il n'a pas dû faire grand-chose. Il laisse cette femme lui marcher sur les pieds. Je crois qu'il a un faible pour elle.

- Voyez-vous ça, s'amusa Worm. Jalouse, ma nièce ?

- En quoi serai-je jalouse ? Silas fait ce que Silas veut. Il s'est tapé bien des femmes avant elle. Cette Estelle, par exemple, à l'époque où il cherchait à gagner du galon.

Mais Lyre n'était pas tout à fait sincère. Bien sûr, tant que Silas se contentait de coucher avec d'autre femmes une ou deux fois, pour le travail, ça ne la dérangeait pas outre mesure. Mais elle craignait qu'il n'en trouve une qui lui ravisse tout l'intérêt qu'il avait toujours eu pour elle. Et ça, elle ne le supporterai pas. Silas était à elle. La femme qui oserait le lui voler le paierai de sa vie, même si c'était la fameuse Lady Venamia qui comptait tant pour les plans du Marquis.

- En parlant de Venamia... reprit Lyre. Elle sera là, elle aussi ?

- Bien sûr.

- C'est dangereux. On ignore ce que Silas lui a dit sur nous.

- Nous ?

- Les Agents de la Corruption, s'agaça Lyre.

- Qu'importe ce qu'il lui a dit. On connait son petit secret. Elle ne sera pas tentée de nous trahir. Puis de toute façon, vous n'aurez pas à parler avec quiconque, juste à rester assisse sur votre chaise et à sourire. Je resterai avec vous.

- Très bien, mais si les gars de la X-Squad viennent me voir ?

- Vous en connaissez déjà deux d'entre eux. Solaris bien sûr, et le type qui contrôle l'argent.

Lyre s'en rappelait, en effet. Elle avait du faire face à ces deux là quand elle s'était faite passée pour Mister Smiley, en faisant semblant de poursuivre Eryl avec Slender, en réalité pour la mener à lui faire découvrir qu'elle avait la Pierre des Larmes en elle. Ce qui était faux, en un sens. La Pierre des Larmes n'était pas en elle, car elle était elle-même la Pierre des Larmes.

- Ensuite, y'a les jumeaux Mélénis Crust, Mercutio et Galatea, poursuivit Worm. Environs vingt ans, les cheveux bleus et magenta. Le colonel Tuno, costume noir et cravate rouge en toute occasion. Le dénommé Djosan, un des sauvages de l'Empire du nord, très reconnaissable à sa moustache rose. Ithil, un ancien assassin d'Igeus reconverti, également un G-Man, cheveux gris et deux couteaux à la ceinture. Puis Goldenger, un petit Pokemon avec une tête en forme de Pokeball en or. C'est tout. Normalement, ils ne devraient pas venir nous importuner, mais autant que vous sachiez qui ils sont.

Leur voiture s'arrêta devant le stade du Plateau Indigo, entouré de militaires de toute sorte. Il y avait six croiseurs qui survolaient le stade, trois des rockets, et trois de Johto. Beaucoup de voitures, d'avions privés, de multiples délégations. Et tout un foutu paquet de journaliste. À l'intérieur, c'était encore pire. Tout ce peuple, ce monde qui se pressait dans les tribunes pour assister à ce moment... Lyre n'était pas habituée à une telle masse de vivants, et ses oreilles bourdonnaient sous le bruit. Worm mena Lyre jusqu'à la tribune officielle, où les invités de marques siégeaient. Il serra plusieurs mains, et la présenta en tant qu'Eryl Sybel plusieurs fois. Lyre se força à reprendre son rôle et à accrocher ce sourire idiot sur son visage, à saluer tous ces imbéciles anonymes. L'homme que Worm accosta ensuite, un beau gosse au costume doré, puait particulièrement l'innocence.

- Ah, Silvestre, dit Vaslot une aimable familiarité. Je suis heureux de vous revoir bien portant. La prison des Rockets n'a pas trop été dure ?

Wasdens serra la main de Worm avec froideur.

- Vaslot. Je suis content de vous voir aussi, et pour une belle occasion. On m'a dit que vous avez été confronté à Vrakdale à Mauville. Il est étonnant que vous soyez là aujourd'hui.

- Allons bon, j'ai survécu à pire que ce cher vieux Vrakdale, sourit Worm. Oh, et, permettez-moi de vous présenter la nouvelle venue parmi nous, Silvestre. C'est la première fois que vous la rencontrez, je crois.

Wasdens sourit à Lyre.

- Oui, mais j'en ai entendu beaucoup parler, et même par le chef Igeus. C'est un honneur, miss Sybel. Je n'ai pas eu la chance de connaître votre père, mais c'était un grand homme, sans nul doute.

Worm se permit un léger sourire ironique. Lyre, à fond dans son rôle, serra la main de Wasdens, en se promettant de la laver le plus tôt possible. Elle la serra de sa main inoffensive pour les vivants, bien sûr...

- On m'a aussi beaucoup parlé de vous, monsieur Wasdens. Je suis contente qu'on soit enfin en mesure de travailler ensemble.

- Oui, et cette assemblée de paix est en partie due grâce à vous. Erend Igeus m'a dit que vous lui avez conseillé d'enterrer la hache de guerre avec Kanto pour que nous nous concentrions sur les Agents de la Corruption. Il vous a écouté, apparemment.

- J'en suis ravie. La paix est toujours le but à rechercher, quelque soit nos différences.

Ouais, pas mal, cette phrase. Typiquement le genre de truc débile et vaseux qu'aurait pu dire cette imbécile d'abomination d'Eryl. Satisfait, Wasdens retourna à ses discussions avec d'autres invités. Tous n'étaient pas encore arrivés, et personne n'avait encore pris place. Ils attendaient tous les deux protagonistes de cette rencontre : l'Agent 008 Kyria et le Chef d'Etat Igeus. Vaslot continuait d'évoluer à travers la foule, son sourire hypocrite aux lèvres en serrant des mains, des multiples représentants jusqu'aux Chef d'Etat eux-mêmes. Lyre décida de le laisser jouer tout seul. Cet imbécile avait toujours œuvré pour se créer des relations en hauts lieux. Mais quelle utilité auront ses relations une fois que le monde sera tombé entre les mains du Seigneur Horrorscor ? Elle tâcha donc de s'éloigner un peu dans le but de souffler, et de se débarrasser de cet infâme sourire niais. Mais elle sentit alors quelqu'un se glisser dans son dos.

- Tiens, on tente de fuir les mondanités ? Ce n'est pas ton genre, honorable représentante des Gardiens de l'Innocence.

Lyre reprit vite son sourire si peu naturel, et se retourna. Elle faisait face à un jeune homme en uniforme Rocket. Il avait les cheveux bleus mi-longs et des yeux de la même couleur. Lyre se rappela vite de la liste que lui avait fourni Worm. Ça devait être le dénommé Mercutio Crust. Elle tâcha de prendre un air moins formel et plus naturel. Eryl et Mercutio était censés être bons amis.

- J'ai l'impression de m'être présentée à la totalité du stade, fit-elle. Monsieur Worm a insisté pour bien me mettre en avant, comme une espèce de mannequin.

- Ah. Il doit donc avoir bon goût.

À la grande stupeur de Lyre, Mercutio s'approcha, se pencha, et l'embrassa à pleines lèvres. Sans avoir eu le temps de se reprendre, elle recula d'un geste instinctif. Mercutio la regarda avec surprise.

- Un problème ?

- N-non... balbutia-t-elle. Je suis juste... euh...

En elle-même, elle fulminait. Maudit soit Worm ! Comment avait-il pu ne pas savoir qu'Eryl et ce Mercutio étaient si proches ! Ou peut-être le savait-il, mais il ne lui avait rien dit, juste pour s'amuser de la situation. C'était bien son genre...

- Désolée, Mercutio, il faut que j'y retourne, dit-elle précipitamment avec un sourire d'excuse. Monsieur Worm a encore besoin de moi pour serrer quelques mains...

Elle prit la fuite sans laisser le temps à Mercutio de dire quoi que ce soit. Il allait probablement se douter de quelque chose, mais tant pis. Lyre n'allait pas pousser la comédie jusqu'à faire semblant d'être la petite-amie de ce type, même s'il était beau gosse. Puis c'était un Mélénis. Ces gars là pouvaient utiliser leur sacré Flux pour lire dans l'esprit des gens. Lyre ne tenait donc pas à rester trop près de lui. Revenue devant Vaslot, elle le laissa terminer ses échanges de cordialités avec une femme recouvertes de bijoux, puis s'avança vers lui, furieuse.

- Où étiez-vous ? Lui demanda-t-il.

- Avec Mercutio Crust, de la X-Squad. Ce type m'a embrassé, Worm !

- Vraiment ? Fit-il, tout à fait indifférent.

- Vos infos étaient incomplètes !

- Vous croyez que je me souciais de connaître la vie privée de cette idiote ?

- C'était pourtant votre rôle !

Worm soupira.

- N'allez pas faire une scène en public pour un baiser. Qu'est-ce que ça signifie, pour une fille comme vous, au juste ? Vous vous targuez d'être une adepte du péché de la luxure. Vous avez dû ouvrir vos cuisses à beaucoup d'hommes, non ? Ou bien Silas a-t-il le privilège de cet honneur ?

Lyre se retint de justice de gifler Worm. Seulement de justesse. Mais aussi parce qu'elle avait senti quelque chose. Une présence, qu'elle ne sentait généralement que quand elle se tenait devant le Marquis des Ombres. Mais c'était impossible ! Le Marquis ne pouvait pas être ici... Mais ce n'était pas le Marquis qu'elle sentait. C'était la jeune femme aux cheveux lavandes qui venait d'arriver, provoquant un certain silence parmi l'assemblée. Armure noire, cape bleue, marquée d'un R noir avec un éclair le traversant. Trois Pokeball à sa ceinture, et un brassard sur son poignet droit. Un œil bleu glacial, et un œil rouge.

Dès qu'elle était apparue sur l'estrade, la température semblait avoir baissé de plusieurs degrés. La voici donc, celle qui intéressait tant Silas et le Marquis. Celle qui portait en elle deux tiers de l'âme du Seigneur Horrorscor. Celle qu'on nommait Agent 002, Lady Venamia, ou depuis récemment, Cœur de Glace. Siena Crust. Dès qu'elle croisa son regard, Lyre put dire avec certitude que cette femme et elle ne seraient jamais amies.


***


Lady Venamia, dès qu'elle était arrivée dans les tribunes officielles pour y prendre place, avait senti comme un tiraillement dans son corps. Ou dans sa tête. Elle ne parvenait pas à le situer. Comme si quelque chose en elle s'était soudainement dressé et tentait de sortir. Quelqu'un ici provoquait cette sensation bizarre. Venamia le sentait. Quelqu'un qui était comme elle, quelqu'un qui renfermait quelque chose qu'elle voulait ardemment. Elle balaya la foule du regard. La sensation provenait... oui, de là. En direction de Vaslot Worm et d'Eryl Sybel. Mais elle ne parvenait pas à identifier lequel des deux provoquait ça en elle.

Venamia fronça les sourcils. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Elle sentait Horrorscor s'agiter en elle, comme s'il avait reniflé quelque chose. Venamia semblait comme attirée par Eryl ou Worm, comme si elle ne désirait que de se réunir, de fusionner avec l'un d'entre eux. Était-ce ça que Silas avait voulu lui dire ? Que ceux qui avaient en eux des morceaux d'âme d'Horrorscor se repéraient entre eux ? Mais pourquoi ? Il était impensable qu'Eryl Sybel, cette idiote idéaliste, puisse être un hôte d'Horrorscor. N'était-elle pas censée porter la Pierre des Larmes en elle, au contraire ? Et Vaslot Worm... Silas lui avait dit qu'il était du coté du Marquis. Lui avait-il caché que c'était lui, le Marquis ?

Venamia dut cacher son trouble et parti s'asseoir à la chaise qui lui était attitrée. Elle ne devait pas se soucier de ça pour l'instant. Le moment était important. Toutefois, elle ne put s'empêcher de quitter ces deux là du regard. Si Worm resta de marbre, Venamia eut l'impression qu'Eryl lui souriait, et d'un sourire très différent de son sourire habituel. Un sourire mauvais, moqueur, qui ne lui allait pas du tout. Que diable se passait-il ?!

- Qu'est-ce que ça veut dire, tout ça ? Dit-elle mentalement.

Horrorscor resta silencieux.


***


Mercutio était encore soucieux à cause d'Eryl. Pas seulement parce qu'elle avait brisé leur baiser comme s'ils étaient deux inconnus, mais parce que Mercutio sentait comme quelque chose de bizarre via le Flux qui provenait d'elle. Chaque être humains, chaque Pokemon avait une signature spécifique dans le Flux. Signature qu'à force d'habitude, Mercutio était venu à reconnaître plus ou moins, ce qui signifiait qu'il pouvait deviner qui se trouvait à coté de lui sans le voir de ses propres yeux.

Mais là, ce qui était bizarre, c'était que la signature d'Eryl dans le Flux ne correspondait pas à celle dont il avait l'habitude. Oh, elle était ressemblante, oui, mais il y avait quelque différences. Eryl paraissait plus... sombre, plus nébuleuse. Pourtant, c'était bien elle qui se trouvait avec Worm, à moins que Mercutio ne soit soudainement pris d'hallucinations. Il aurait pu s'agir de ce damné de D-Zoroark qui s'amusait encore à prendre l'apparence de quelqu'un d'autre, mais Mercutio avait appris à reconnaître la présence des Pokemon Méchas, et celle de l'Eryl dans les tribunes était bien humaine.

Mais bon, une présence dans le Flux pouvait changer selon les émotions, aussi. Mais une chose était sûre, il y a quelque chose qui clochait avec Eryl. Elle s'était montrée froide avec lui, et prompte à vite le quitter. Mercutio serra les dents. Cela avait-il un rapport avec cette entrevue secrète qu'elle avait eu avec Igeus ? Cet étron de Chef d'Etat à la noix avait-il, d'une façon ou d'une autre, courtisé sa copine ? Voilà qui mériterai des éclaircissements, une fois que tout ça serait fini.

- Sauve-moi...

Mercutio serra les dents et se mit une main sur le front, en proie à de violents maux de tête. Il venait de réentendre cette voix, qui semblait être celle d'Eryl. Cette voix immensément triste qui lui supplier de la sauver de quelque chose. Lors de la guerre contre l'Empire de Vriff, Mercutio avait eu une vision d'Eryl emprisonnée d'une cage noire au milieu d'une sorte de vide nébuleux avec ce qui semblaient être des fantômes par milliers tout autour. Et quelque fois, sa voix lui revenait à l'esprit sans qu'il ne sache pourquoi. Mais jamais encore elle avait été si forte, et surtout avec un tel mal de crâne...

Maudit soit ce Flux et ses visions du futur incompréhensibles. Elles semblaient indiquer qu'Eryl courrait un danger, mais pour l'instant, elle se tenait dans les tribune et ne paraissait nullement menacée. Tâchant de se reprendre, Mercutio alla s'asseoir. Il était le seul de la X-Squad à avoir droit à une place dans la tribune officielle, en tant qu'assistant de Kyria. Mais il vit avec horreur qu'on lui avait réservé une place juste à gauche de celle que Siena ! Génial... Mercutio se promit de trouver le nom de l'imbécile heureux qui avait fait ça. Peut-être était-ce Kyria elle-même. Il soupira et s'installa, sous le regard hautain de sa sœur.

- Un simple capitaine de l'armée Rocket a donc droit à une place parmi les plus grands ? S'étonna-t-elle. Est-ce là une façon pour 008 de m'insulter ?

- Non, rétorqua Mercutio. Mais j'imagine que ça fera chaud au cœur au public de nous voir tous les deux ensemble, comme dans le temps où on boxait les vriffiens. La X-Squad est toujours aussi appréciée, tu sais ?

- Le restera-t-elle, après tout ceci ? J'ai entendu dire que Kyria avait l'intention de la fusionner avec l'unité d'Igeus, pour la transformer en une unité d'ambassadeurs de la paix. Vous aurez comme job de faire des inaugurations, de donner des prix ou de faire des spectacles ? Ça te va bien, en effet...

Mercutio leva les yeux au ciel.

- Pourquoi es-tu venue, Siena ? Tout le monde sait que tu n'approuves pas ce traité.

- En effet, je ne l'approuve pas, et je n'ai aucune confiance en Igeus. Je l'ai dit au Boss, ainsi qu'à Kyria, mais ils m'ont ignoré. Je tiens à être présente, pour le jour où je pourrai leur dire « je vous avez prévenu ».

- Si tu le dis...

Mercutio avait beau ne pas apprécier Igeus - pour des raisons plus personnelles qu'autre chose d'ailleurs - il doutait fort qu'il tente quoi que ce soit. Cette paix est le dernier espoir pour lui de conserver Johto.

- Oh fait, ajouta Mercutio. J'ai accomplis la mission que tu m'as... si chaleureusement donnée.

- C'est une bonne chose, approuva Siena. Même si cette paix fonctionne, la Team Rocket aura toujours des ennemis. Il nous faut préparer nos armes de demain. Où est Miry ?

- Quelque part dans le stade...

- Elle devra cesser de t'accompagner en mission, désormais. Nous ne pouvons pas prendre le risque qu'elle perde l'enfant, surtout si elle peut n'en concevoir qu'un seul.

- Tu veux que je la renvoies au Refuge ?

- Oh, non ! Et on laisserai les autres Mélénis s'emparer de l'enfant ? Non, elle restera ici, à Kanto, dans une de nos bases les plus sûres, le temps qu'elle accouche.

Mercutio regarda fixement sa demi-sœur.

- Tu veux l'emprisonner ?

- Allons, pourquoi déformes-tu toujours mes paroles ? Nous allons juste la traiter comme une invitée de marque un moment, où elle pourra avoir son bébé dans les meilleures conditions possibles.

Mercutio secoua la tête, atterré, mais n'eut pas le temps de protester. Sous les vivats du public, Kyria et Igeus venaient de faire leur apparition, côte à côte, chacun prenant place d'un coté et de l'autre de la tribune officielle, sous les drapeaux de Kanto et Johto. Kyria était rayonnante. Mercutio savait - et sentait - qu'elle était très heureuse. Heureuse de pouvoir être utile à ce qu'elle aimait le plus : la paix. Heureuse d'y jouer un rôle fondamental. Elle souriait, ce qu'elle faisait rarement. Elle était rayonnante. Elle était belle. Mercutio joignit de bon cœur ses applaudissements à ceux du public. Ce fut Igeus qui parla en premier. Toutes les caméras du stade se braquèrent sur lui.

- Citoyens de Kanto et de Johto, chers amis. Aujourd'hui est le jour où nos deux régions vont lier à nouveau leur destiné, comme du temps où aucune frontière, invisible ou non, ne les séparait. Vous tous qui êtes venu ici, je lis dans vos yeux, sur vos visages, ce désir de paix qui est le vôtre. Il est le mien aussi. La guerre menaçait, mais la compréhension mutuelle a fait valoir sa juste place. Après cette cérémonie, personne ne viendra plus troubler l'harmonieux équilibre de nos peuples !

Il jeta un regard en biais à Venamia, comme un signe de victoire. Celle-ci resta de marbre. Kyria prit la parole à son tour, de l'autre coté de la tribune.

- Je suis particulièrement heureuse que vous soyez venu si nombreux aujourd'hui. Je suis soulagée que cette union rencontre tant de succès parmi vous. Kanto et Johto n'ont aucun intérêt à être ennemis. Ils en ont juste un à être amis. C'est pourquoi, ici même, au nom de la Team Rocket et du Chef d'Etat Giovanni, je tends la main au gouvernement de Johto. Reconstruisons ensemble notre région Johkan.

Et elle joignit le geste à la parole, en tendant la main à Erend, bien qu'il se trouvait à plusieurs mètres. Mais Igeus s'apprêtait à descendre de son estrade pour venir la rejoindre, quand un bruit venu du ciel le stoppa. Tous les visages dans le stade levèrent la tête. Et virent l'un des trois croiseurs de Johto les survoler juste au dessus. Mercutio fronça les sourcils. Ça, ce n'était pas prévu. Les croiseurs des deux parties devaient rester chacun de leur coté puis survoler le stade en même temps pour les feux d'artifices, une fois seulement la cérémonie achevée. Igeus paraissait aussi surpris que les autres, et se tourna pour demander à son général Van Der Noob ce qui se passait.

C'est alors qu'un terrible pressentiment accabla Mercutio, d'un coup d'un seul. Au même moment, un des canons ventraux du vaisseau de Johto tournoya, puis tira. Mercutio vit comme au ralenti le tir foncer vers Kyria. Il ne put rien faire, seulement contempler la terrible vision de Kyria, la main toujours tendue vers Igeus, qui se faisait happer par une explosion de feu. Une vision qui s'imprima dans son cerveau qui y resterai à jamais.

Puis, ce fut le chaos sur le Plateau Indigo.