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Garou de GalloViking



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» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 26/12/2014 à 22:43
» Dernière mise à jour le 26/12/2014 à 22:43

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Passé et avenir
Je n'avais pas encore ouvert les yeux que je sus que j'avais dormi très longtemps. Mes poils n'étant pas recouverts par ma tenue me permirent d'identifier que je dormais allongée sur un lit de camp recouvert d'un drap fin et sale. Alors que j'essayai de me lever, un éclair de douleur fulgurant me traversa la tête et je retombai lourdement sur le lit. La migraine ne disparut pas immédiatement, mais se calma rapidement... À condition de ne pas faire de mouvements brusques. Les origines de cette migraine étaient évidentes. J'avais, sans savoir comment, réussi à utiliser un pouvoir que l'on pourrait considérer comme de type psy avant de sombrer dans l'inconscience. Ce mal de tête était le prix à payer pour mon manque d'entraînement. Lorsque je fus enfin assise, lentement, j'ouvris les yeux, ignorant la douleur qui persistait. J'étais allongée sur un lit de camp, dans une petite tente militaire. Un autre lit se trouvait là, mais son propriétaire était absent depuis un moment, le lit était fait.

Attendant que la douleur passe, je réfléchissais à ce dont je me souvenais. Le Sujet 21A, Miyu, la trahison... Peut-être cela aurait-il fait beaucoup une semaine plus tôt, me dis-je. Mais j'avais vécu beaucoup de choses, pendant ma courte vie. Je m'étais peut-être endurcie d'un point de vue mental ? Je ne pouvais pas en être certaine, bien entendu. Ou alors, peut-être était-ce la satisfaction d'avoir soigné quelqu'un qui atténuait les événements. L'homme était mal en point bien entendu, et soigner avec une paire de lunettes de nuit n'aidait pas tellement. Même si l'homme aurait survécu sans mon aide, j'étais contente d'avoir calmé ses souffrances. Comme avec Irvine, j'avais été capable de ressentir - physiquement - sa douleur. Cela m'avait aidé à soigner les points les plus meurtris de son corps. Mais soigner cet homme qui n'était pourtant pas en danger de mort en avait-il valu la peine ? Trahir les autres Garous pour un inconnu ? Trahir Isadore... ?

Je sentis quelqu'un approcher de la tente. Paniquée, je restai figée sur place, regardant la silhouette ouvrir le tente et pénétrer à l'intérieur... L'homme entra sa tête, que je ne reconnus absolument pas, ce qui accentua mon état. L'homme se contenta de sourire et de me dire :

« Ah, enfin debout ! Vous dormiez depuis une journée entière, on commençait à s'inquiéter. »

Je me détendis un peu, voyant qu'il n'était pas hostile. Mais, dormir depuis une journée ? Je ne me réveillais pas quelques heures après ma fuite mais une journée après ! Tout cela à cause de mon onde psychique, ou peu importe ce que j'avais fait dans le ciel ? Étais-je donc dans le territoire Progressiste ?

« Je vais devoir vous demander de m'accompagner, euh... Garou. Vous avez faim ? »

L'homme était direct, mais il avait raison : j'avais faim. Mais j'avais normalement de quoi manger dans... Ma sacoche ? Je ne la voyais nulle part. Dans la tente, sous le lit, elle était introuvable. Mais je ne m'inquiétais pas tellement : Miyu devait l'avoir prise avec elle. Je l'espérais fortement, en tout cas. Je ne savais pas tellement pourquoi nous étions séparées, mais j'espérais la revoir le plus tôt possible. Je hochai la tête pour répondre à l'homme.

« Tenez, dit-il, en m'envoyant une pomme. Attention, c'est froid. »

Effectivement, la pomme était presque gelée. Cela ne m'empêcha pas de la manger lentement. Mais j'avais surtout besoin de la lumière du jour. Alors, je me levai, ma migraine légèrement calmée. L'homme me fit place et je pus sortir de la tente... Et à mon grand étonnement, je vis que j'étais sur un parking, non loin d'une petite ville. D'autres tentes étaient plantées à même le bitume, le tout entouré par des grillages solides surmonté de barbelés. Quelques soldats Progressistes, lourdement armés, montaient la garde. À côté de deux chars d'assaut, je voyais aussi l'hélicoptère de la veille. Ce campement devait être un avant-poste de l'Armée Progressiste. L'homme ne me laissa pas regarder trop longtemps et me tira avec lui jusqu'au bâtiment qui côtoyait le campement.

« Les deux autres Garous sont là. Vous allez les rejoindre jusqu'à l'arrivée du Leader, interdiction d'en sortir avant. Compris ? »

Je hochai la tête avant de rentrer. Le bâtiment ressemblait à un petit hôpital de campagne. À peine rentrée, je fus accueillie par le Zoroark Garou, qui me sourit de toutes ses dents :

« Enfin debout, lady ? On s'inquiétait vraiment pour vous, vous savez. Enfin, maintenant que vous êtes là, entrons dans le vif du sujet, voulez-vous ? »

De quoi voulait-il parler ? Je pensais que nous devions juste attendre ici. Il m'emmena avec lui le long du couloir. Ce petit local contenant deux chambres à gauche, deux à droite, et une salle d'opération au fond. Il me dit, pendant notre marche :

« C'est mon laboratoire. C'est proche de la ville, donc bien protégé, comme vous l'avez constaté. Ces soldats dormaient ici avant, d'où le campement autour, mais le Leader a accepté de me laisser le local à une condition. Je dois lui prouver que je ne suis pas un espion ou quoi que ce soit. C'est pour ça que j'ai décidé de vous enlever, Sereina. Vous ne m'en voulez pas, j'espère ? »

Il avait posé cette dernière question avec sincérité. Il s'en voulait de m'avoir arraché aux autres Garous. Mais je ne lui en voulais pas tellement, en réalité. J'avais eu du mal à l'accepter, mais Miyu avait ouvert mes yeux. Isadore avait changé, depuis notre première rencontre. Depuis mon arrivée au Fort Aurora, il avait commencé à devenir distant. Au début, notre relation était de l'ordre fraternel : il veillait sur moi comme sur sa petite sœur, mais cela n'avait pas duré longtemps. Juste après mon évolution, il était passé de frère à garde du corps, me privant de ma raison de vivre : soigner les autres. J'avais l'impression d'être, à ses yeux, un objet précieux plus qu'un être vivant. Ironique, me dis-je. Après tout, il était celui qui m'avait aidé à ne pas sombrer dans la folie, alors que je venais de renaître, dans ce laboratoire. Mais il m'avait donné mon nom, m'avait remonté le moral. Il m'avait même sauvé la vie ! Je lui devais tout, dans un sens. C'est pourquoi j'avais supporté son excès de protection, mais que je me sentais soulagée de ne plus être sous son joug.

« Vous m'avez l'air songeuse, comme toujours. »

Nous rentrâmes dans la salle du fond. Presque tout le matériel médical avait été enlevé et déplacé ailleurs, hors d'ici. Le Sujet 21A avait réussi à récupérer du matériel scientifique très correct, presque du même niveau que le laboratoire où j'étais née. Microscope, panoplie de seringues et quelques instruments variés, mais le plus impressionnant était un ordinateur.

« Bienvenue dans mon antre, lady. C'est ici que j'ai prévu d'étudier le virus « Garou », à défaut d'avoir un autre nom. Cet ordinateur est l'un des très rares de Destria, tous les autres étant aux mains de l'Armée Régulière, dans leur labo, ou détruits. »

Il avait de la chance, me dis-je. De ne pas avoir été tué à vue, d'avoir réussi à récupérer ce laboratoire... Mais étais-je bien placée pour penser ça ? Combien de fois avais-je failli mourir, moi, après tout ?

« Pour étudier le virus, j'ai besoin de, devinez quoi ? Du virus. C'est en partie pourquoi vous êtes là. »

J'écoutais, silencieuse, attendant qu'il m'explique plus en détail ce qu'il avait en tête. Même si j'avais déjà une idée.

« Pour le moment, deux virus différents ont vu le jour. Celui en vous - et en moi – et une version normalement améliorée qui se trouve dans votre amie. Je vais avoir besoin de votre sang, Sereina, pour l'étudier. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression de savoir beaucoup de choses sur ce virus... Mais j'ai besoin de preuves concrètes, si je veux trouver un antidote. »

Le virus se trouvait toujours en moi ? Pourtant ma geôlière m'avait dit le contraire. Que le virus n'était plus là, le jour même de ma naissance ! Je me souvenais mot pour mot de ses dires : « Le virus qui vous a infecté a disparu depuis plusieurs jours maintenant. Vous n'êtes plus contagieuse ni pour moi ni pour personne. ».

« Vous avez l'air surprise, Sereina. Laissez-moi vous expliquer, voulez-vous ? Le virus est toujours en vous. En chacun des Garous. Sauf qu'il n'est plus dangereux. Ce virus artificiel a été créé après 25 années. Pendant tout ce temps, tout a été prévu pour qu'il ne soit plus contagieux, même s'il dort encore en vous, car aucun anticorps n'est capable de s'en débarrasser. D'après ce que j'ai vu en regardant le sang de Miyu, le seul moyen de détruire le virus une fois que la transformation est terminée est de tuer son hôte. »

Tuer son hôte ? Miyu ?!

« Hep là, on se calme ! Votre amie va bien, elle dort dans une pièce à côté. Je voulais dire que le virus a disparu cinq minutes après avoir été retiré du corps de Miyu. J'ai prélevé quelques gouttes de sang, j'ai à peine eu le temps de vérifier ça au microscope que le virus s'est, comment dire ? Suicidé. Autodétruit, ne laissant aucune trace identifiable. Pour le moment, j'ai trouvé un seul moyen de le conserver : le mettre à température très basse. C'est suffisant pour mes recherches, en tout cas. »

Un autre mensonge de la part de ma geôlière, me dis-je... M'avait-elle seulement dit la vérité au moins une fois ?... Lorsque le Zoroark alla chercher une seringue stérilisée, je le laissai faire. Comme je l'avais déjà fait au laboratoire, je serrai le poing, attendant qu'il trouve une veine correcte. Il manquait de matériel, et ne fit donc pas de garrot. De sa main gantée, il tapota une veine qui lui convenait, et sans autre précaution, immobilisa la veine et y planta l'aiguille à travers mes poils. Lorsque cela fut terminé, il retira l'aiguille et se dépêcha de la mettre dans un bac rempli de glace. Pendant que je vérifiais si je saignais encore ou pas, il dit :

« Le virus est dans la glace avec celui de Miyu. Il devrait survivre indéfiniment maintenant. Le seul point compliqué, ricana-t-il, c'est de préparer une lame pour le microscope avec les mains dans là-dedans ! Je n'ai pas froid, mais c'est tout sauf évident. »

Alors que je profitais du soleil devant une vitre, quelques minutes plus tard, il soupira :

« J'ai assez de votre sang pour faire assez d'études pour plusieurs mois. Merci, Sereina. Tout le matériel médical est parti au front, mais il restait quelques objets encombrants comme ce frigidaire. Ils l'avaient vidé, mais il marche toujours. Je ne sais pas d'où vient le courant qui l'alimente, par contre. J'ai préparé une lame, voyons voir ça... »

Les quelques minutes qui suivirent, il resta l'œil sur le microscope et ne dit pas le moindre mot. De temps en temps, il poussait quelques cris d'admiration, avant de recommencer à tourner les vis, toujours à la recherche de réponses. Lorsque enfin il quitta le microscope, il me dit :

« Et voilà, le virus est mort... Mais j'ai vu quelque chose d'intéressant dans votre sang, lady. Votre virus ressemble de près à celui de Miyu. Cela me semble logique, mais on dirait surtout que le virus de la seconde génération de Garous est tout simplement le vôtre, en plus... Performant ? Non, je dirais plutôt que c'est le vôtre, privé de certaines propriétés parasites et inutiles. Le même, mais mis à jour. »

Le virus en moi, précurseur de celui de la seconde génération ? Celui en Isadore aussi, me dis-je. Et très probablement le même que celui qui a infecté le Zoroark Garou sans nom. Pourquoi n'avait-il pas utilisé son propre sang, dans ce cas ? Faire une prise de sang sur soi-même devait être compliqué, tout simplement. Surtout avec une fourrure hirsute comme la sienne.

« Les Réguliers ont passé 25 ans à créer ce virus et ils l'améliorent encore. Leurs connaissances en génétiques dépassent l'entendement. Fabriquer un virus capable de transformer en quelques jours un Pokémon en hybride d'humain capable de parler et penser ? C'est tout simplement invraisemblable... Ceux qui ont mis ce truc au point sont des génies. Et c'est à moi de trouver une parade. »

Je ne savais pas trop qu'en penser. Quel scientifique aurait eu l'idée de créer une chose pareille, après tout ? Je ne savais presque rien du passé de ce pays. Avait-on demandé à quelqu'un de créer ce virus ? Avait-il été destiné à autre chose avant d'être perverti, pour servir à créer des armes génétiques ? Ou était-il simplement une théorie mise en pratique par quelques scientifiques sans la moindre éthique ?

« Sereina, je vais te demander d'attendre ici un moment. Le Leader devrait arriver d'un moment à l'autre pour me voir, mais... Je doute que vous passiez inaperçues, toutes les deux. Alors essayez de ne pas fatiguer le vieil homme. Miyu dort dans la chambre 4, tu peux aller la voir si tu veux. Je crois qu'elle a tes affaires. »

Saluant le Zoroark de la main, je le laissai vaquer à ses occupations, avant de rentrer dans la chambre numérotée 4. J'avais besoin de parler à Miyu, et pas seulement pour ma précieuse sacoche. Comme prévu, elle était là, et dormait sur l'un des deux lits dans la chambre. La porte refermée, elle n'ouvrit pas les yeux, mais me dit silencieusement :

« -Enfin debout, Sereina ? Tu as dormi une journée entière. C'est si fatigant, ton pouvoir ?
-Je t'ai réveillée ? Désolée...
-Je ne dormais pas, ne t'en fais pas. Je n'arrive pas à dormir ici, ça me rappelle trop le laboratoire...
-Tu as de la chance de ne pas avoir vu le laboratoire dans le même état que quand j'en suis sortie, tu sais. Tout ce sang, ces cadavres...
-J'en ai entendu parler, ouais. Deux survivants, Isadore et toi. Et le Zoroark, mais... Personne n'est au courant de ça, on dirait.
-Oui... Tu ne peux vraiment pas dormir ?
-Impossible. Dès que je ferme les yeux, j'ai l'impression d'être de retour dans ma salle vitrée... Pourtant, c'est complètement différent, je ne comprends pas. »

Elle avait raison. Ce n'était qu'une impression, mais se retrouver dans un ancien laboratoire ravivait des souvenirs désagréables. Nous étions nées dans un laboratoire après tout. Je m'approchai d'une fenêtre pour profiter du soleil qui brillait dans le ciel sans nuages, et elle continua :

« -Je suppose que tu es au courant pour la visite du Leader ?
-Oui, dis-je simplement.
-J'espère vraiment qu'il nous donnera la même chance qu'au Zoroark. Encore, toi, tu as ce qu'il faut : tu es infirmière, médecin ou je ne sais quoi. Tu peux soigner, ils vont te garder. Mais moi, j'ai quoi ? Je sais me servir d'une radio, mais c'est tout. D'après ce que j'ai entendu, ils n'ont pas besoin d'une opératrice radio en plus. Ils ont déjà le personnel suffisant pour espionner la totalité des conversations de l'Armée Régulière.
-Tu peux toujours rester là et aider 21A dans ses recherches, non ?
-Ah non, certainement pas ! Je ne veux plus servir de cobaye !
-Tu penses comme moi. Je suis sûre qu'ils vont trouver quelque chose pour toi. Tu es insensible au froid et tu es nocturne, c'est un sacré atout.
-Nocturne quand je peux, hein. Il est presque midi et je n'arrive pas à dormir, bon sang. Et je ne veux pas être séparée de toi.
-Il va bien le falloir, tu sais.
-Je ne veux pas. Tu es comme une sœur pour moi et je ne veux pas te perdre, dit-elle avec sincérité.
-Moi non plus, mais regarde les choses en face. Je suis le jour et tu es la nuit. Quand je me lève, tu vas dormir, et l'inverse.
-Mais...
-Mais quoi ? Tu veux un exemple ? Regarde combien de temps j'ai dormi alors que je suis restée levée une heure à peine pour soigner quelqu'un...
-Tu te fais des idées. C'est le contrecoup de ton pouvoir mental. Tu as envoyé une onde de choc par la seule force de ta pensée, c'est ça qui t'a fatigué. »

Elle avait raison, dans un sens. Ma migraine confirmait ses dires. Mais si j'avais lancé ce pouvoir en plein jour, le contrecoup aurait été plus faible, voire inexistant. Je le savais.

« -Ah, autre chose, dit-elle. Ils sont tous convaincus que tu es vraiment un officier, habillée comme ça. C'est pour ça que tu as dormi dans une tente et pas une chambre miteuse de cet hôpital.
-Vraiment ?
-Je te le jure. Tu aurais entendu les conversations hier, à notre arrivée ! Je crois que le Leader veut te voir en personne juste pour ça. Quand il apprendra la vérité, je pense qu'il va être déçu.
-Ces vêtements m'ont été donnés par le Zoroark il y a longtemps. Je me demande pourquoi il ne leur a pas dit la vérité.
-Capturer un officier est mieux qu'un simple soldat, tu ne penses pas ?
-Oui, logique. Vas-tu jouer à son petit jeu ?
-Pour moi tu es Sereina. Le reste m'importe peu. »

Je ne répondis pas et continuai à regarder dehors. Quand je me tournai à nouveau vers Miyu, je vis qu'elle dormait enfin, ce qui ma soulagea. Voyant mon précieux sac sous le second lit, laissé là à mon intention, je vis qu'il ne manquait rien. Lunettes, seringues de morphine, pistolet et fusées, matériel médical... Et la pilule de cyanure, la voie du lâche.... Étrangement, je ne voulais pas m'en débarrasser, mais je voulais encore moins m'en servir. Les heures passèrent, tandis que je restai debout, à attendre.

D'après la pendule, il était presque 16h quand je sentis les vibrations d'un véhicule arriver sur le parking. Le Leader, sans doute. Le Zoroark ne se fit pas attendre et vint me chercher avec Miyu, qui grogna un moment avant de se lever. Elle comprit rapidement la situation et, une minute plus tard, nous étions devant la porte, attendant l'entrée du chef de l'Armée Progressiste. Lorsque la porte s'ouvrit enfin, j'entendis de nombreux soldats se mettre au garde-à-vous, tandis qu'un homme d'un âge très avancé, qui portait la même tenue blanche que tous les soldats Progressifs, à l'exception d'un béret au lieu d'un casque, avançait d'un pas lent vers le bâtiment, accompagné par deux soldats d'élite, probablement ses gardes du corps.

« Repos, souffla le vieil homme. »

Tous les soldats se détendirent un peu et reprirent peu de temps après leurs activités. Le vieil homme et sa garde entrèrent dans l'hôpital et fermèrent la porte. Le Leader, était-ce lui ? Ce vieil homme dont l'âge avoisinait 70 ans ? Les deux gardes en retrait, il nous regarda un moment, avant de demander au Zoroark :

« -En plus d'avoir sauvé un de mes hommes, vous n'avez pas ramené une, mais deux créatures.
-Sauf votre respect, Leader, répondit le Sujet 21A, je n'ai pas sauvé votre homme. Je dois ça aux deux Garous avec moi.
-Expliquez-vous ? Demanda le Leader.
-Elles ont toutes les deux choisit elles-mêmes de nous rejoindre. Je n'y suis pas pour grand-chose...
-Vous êtes celui qui a eu cette idée. Vous y êtes pour beaucoup de choses... Vous deux, parlez-moi de vous. Je veux savoir.
-Je m'appelle Miyu, et voici Sereina. Il dit vrai : nous avons choisi de vous rejoindre de notre plein gré. »

Elle parlait pour moi, mais elle avait raison. Je ne regrettai pas ma trahison du tout. Si cela pouvait me permettre de sauver plus de vies que si j'étais restée au Fort Aurora, je l'acceptai. Même si pour cela j'avais abandonné Isadore... Au moins il savait que je n'étais pas morte. Cela devrait le consoler un peu.

« Sereina, ou plutôt le Sujet 8F. Six hommes ont déjà perdu la vie en voulant la capturer vivante il y a presque deux semaines. »

Je baissai la tête. Ces hommes étaient morts en partie à cause de moi. Le Leader remarqua ma réaction mais ne fit aucun commentaire. Le Zoroark continua :

« -Grâce à elles je pense pouvoir trouver un antidote.
-C'est pourquoi vous êtes là, répondit le vieil homme. Vous deux, que savez-vous faire ?
-Je suis opératrice radio, répondit à nouveau Miyu. Sereina est médecin.
-Elle ne peut pas répondre à votre place ? »

Je secouai la tête.

« -Donc en plus du prisonnier, vous avez ramené une opératrice radio... Et un médecin. Un officier, qui plus est.
-Effectivement, mentit le Zoroark.
-Cette opération a été un succès total. Je n'ai plus de doute maintenant. Vous pouvez faire ce que vous voulez dans ce laboratoire si cela peut conduire à la fin du Projet Garou. Les deux autres, reposez-vous. Dès demain matin, j'aurais trouvé quelque chose à faire pour vous. Nous manquons cruellement d'effectifs. Nous avons peut-être des grandes villes sur notre territoire, mais elles sont presque désertes, et les derniers civils qui y vivent sont cruciaux. Ils nous fabriquent matériel et nourriture en échange de notre protection, et nous ne pouvons pas les envoyer de force au front.
-Excusez-moi, demanda Miyu. Vous pourriez prendre le temps de nous expliquer pour quoi on se bat ?
-Que voulez-vous dire ? Répondit le vieil homme, visiblement curieux.
-Je refuse de me joindre à vous à l'aveugle. Je veux savoir le passé de ce pays, savoir pourquoi il y a la guerre, et surtout savoir quel sort nous est réservé. »

Je me posais les mêmes questions que Miyu, mais j'aurais quand même aidé à soigner des blessés sans avoir de réponse. En revanche, avoir lesdites réponses - de la part d'un chef de guerre en personne – était important pour moi. Le Zoroark, qui savait déjà ce qu'allait dire le Leader, salua et alla s'enfermer au fond, dans la salle d'opération. Alors, le vieux militaire commença son discours.

« Comme vous l'avez sans doute remarqué, je suis un homme âgé et fatigué par cette guerre, contrairement à cet usurpateur de Sénateur. 30 ans plus tôt, ce pays était uni. Il était gouverné par un président et possédait une démocratie. Tout se passait bien : nous étions prospères, marchandions avec des navires venant d'autres pays. J'étais pour ma part le vice-président, âgé de 41 ans, lorsqu'un attentat se produisit. Le président fut tué avec sa femme alors qu'il était en route vers l'inauguration d'un nouveau navire, au port de Sabasa, au sud. Sa voiture explosa et il mourut avec ses gardes du corps et l'escorte de quatre motards qui les accompagnaient. L'assassin ne fut jamais trouvé, malheureusement. Toujours est-il que le président était mort, et que c'était mon devoir de vice-président de le remplacer, jusqu'à ce qu'un nouveau président soit élu... Seulement, les choses ne se passèrent pas comme prévu. Rapidement, le fils du président, âgé pour sa part de 23 ans, décida qu'il était logique pour lui de remplacer son père. Cet ignorant réussit même à obtenir du soutien de la part de plusieurs personnes importantes, et, moins d'un an plus tard, il faisait de l'ombre à la démocratie. Il se fit donc appeler le Sénateur, sans même savoir ce que ce mot voulait dire. Pour ma part, j'ai tout simplement proposé à cet arrogant jeune homme un partage des pouvoirs, de manière à le calmer, et à me laisser du temps pour mettre en place des élections pour le prochain président. Bien entendu, cela ne lui a pas plu du tout. Il voulait tout pour lui. Il voulait succéder à son père, pas seulement à une moitié, avait-il dit une fois. Ce que je refusai. On ne joue pas avec la loi de cette manière. Être le fils du président ne voulait rien dire du tout, mais il refusait d'écouter. Alors, lentement, notre magnifique pays de Destria fut coupé en deux. Au début, cela ne se voyait que sur la carte, il n'y avait pas de rivalités entre le nord et le sud du pays. Mais un jour, il décida que s'en était assez. Il commença à construire du matériel militaire, à armer des soldats. De nombreuses personnes commencèrent à émigrer vers le sud car il était le premier à s'armer, ce qui donnait un sentiment de sécurité aux civils. Mais sa plus grande erreur fut de ne pas penser plus au progrès. Pour ma part, je faisais de mon mieux pour améliorer nos usines et nos villes en utilisant les ressources naturelles du nord. Lui ne pensait qu'à construire toujours plus d'armes. Alors, quand il déclara la guerre au nord il y a cinq ans, il fut surpris de voir comment nous avons résisté. Aujourd'hui, cinq ans après la déclaration de guerre, eh bien, la situation est presque la même, seulement... »

Le vieil homme s'arrêta pour reprendre son souffle. J'assimilai chaque mot de son monologue, Miyu faisant de même. Quelques instants plus tard, il reprit :

« Aujourd'hui, la situation tourne en sa défaveur. Il a envoyé trop d'hommes mourir au combat pendant ces cinq années de guerre. La population civile en a maintenant marre, contrairement à mes hommes et aux habitants du nord, dont le moral est plus fort que jamais. Mais le moral ne remplace pas l'infériorité numérique ou les décédés. La guerre est bientôt terminée, il ne manque pas grand-chose. L'Armée Régulière compte sur sa nouvelle arme, le Projet Garou, pour gagner. C'est son dernier espoir... Si nous trouvons l'antidote, tout sera terminé. Sinon, eh bien, avec le temps, ils finiront par gagner. Notre manque de médecins et de carburant pour faire fonctionner nos véhicules nous mènera à notre perte sous peu. »

Alors tout ce que j'avais appris n'était que mensonge ? Même le pilote m'avait menti ? Non... Le pilote avait été autant dupé que moi. À force de propagande, le Sénateur devait avoir réussi à faire venir beaucoup de civils au sud... Et parmi ces civils, un homme du nom d'André Cide, l'homme qui avait fait naître le Projet Garou. Cela concordait avec les dires du Zoroark, après tout. 25 ans pour créer ce projet... Mais ce scientifique était-il vraiment volontaire ? J'avais rencontré cet homme alors que j'étais encore au laboratoire. Il ne semblait pas dérangé par ce qu'il s'y passait, jusqu'à ce qu'il pose les yeux sur moi. Qu'étais-je, à ses yeux ? Je n'étais pas le premier Garou qu'il voyait, cela ne faisait aucun doute. Alors, pourquoi avait-il réduit à néant 25 années de travail simplement en posant les yeux sur moi ? Parce que j'étais une femelle et que cela était allé trop loin dans son code de l'éthique ?

« Pour votre avenir, continua le vieil homme, cela ne me paraît pas compliqué. Le Garou médecin partira au front pour soigner les blessés. Quant à vous, vu que vous êtes opératrice radio, j'ai le poste qu'il vous faut. Vous serez une espionne. »

Miyu était trop abasourdie pour répondre. Le Leader, fatigué par son discours, fit demi-tour et sortit, accompagné par ses deux gardes du corps. Le temps qu'il remonte dans son véhicule et reparte je ne sais où, Miyu était repartie s'allonger, pendant que je réfléchissais. Pourquoi le vieil homme avait-il évité la question de la Noctali Garou ? Miyu ne parlait pas de son avenir immédiat , mais de l'autre. Après la guerre, que deviendraient les Garous ? Nous avions été créé pour la gagner, mais après ? Étions-nous destinés à disparaître, comme des objets devenus inutiles ? Aurions-nous un avenir, ou au final, serions-nous nous introduits dans la société humaine ? Peut-être ne savait-il tout simplement pas... Je retournais dans la chambre où Miyu était allongée. Là, elle me dit :

« -Tu crois que tout pourrait redevenir comme avant, un jour ?
-Il faudrait déjà savoir ce que nous étions avant, répondis-je calmement.
-Nous étions des Pokémon, voilà tout. Si jamais le Zoroark finit par trouver un antidote, tu serais d'accord pour te faire soigner ?
-Je ne sais pas. Je pense que non. Il y a trop de choses qui ne doivent pas être oubliées et qui partiraient avec moi...
-Comme quoi ?
-Mes souvenirs.
-Mais ils partiront avec toi un jour ou l'autre, répondit-elle gentiment.
-Pas si j'ai le temps de les transmettre à quelqu'un d'autre.
-Tu veux les transmettre à qui ? Tu es muette.
-Nous arrivons à communiquer, toi et moi. »

Elle ne répondit pas et se contenta de fixer le plafond. Alors, quelques minutes plus tard, elle déclara :

« -Moi, j'hésite encore. Avant de te connaître, j'aurais sans hésiter accepté d'être guérie et de tout oublier de cette vie. Mais là, c'est différent.
-Ah bon ?
-Il y a toi, maintenant. Je ne pourrais pas juste t'abandonner comme ça.
-C'est ton choix, Miyu. Mais... Merci.
-Pourquoi ?
-J'ai vécu si peu, et pourtant, je suis déjà fatiguée de tout ça, répondis-je, pesant chacun de mes mots. Être avec toi me donne l'impression d'être normale...
-Le temps que la nuit se lève, tu pourrais peut-être... Me raconter ta vie ? Je n'arrive pas à m'imaginer ce que tu as vécu... »

Cette question me toucha énormément. Pour la première fois, je n'avais pas l'impression d'être mise à l'écart. La bienveillance dont Miyu faisait preuve à mon égard suffisait à me faire oublier tous les moments précédemment vécus avec Isadore. Alors, dans notre langage silencieux, je lui racontai absolument tout. De ma naissance il y a 18 jours dans ce laboratoire, jusqu'à aujourd'hui. Mes sentiments, mes douleurs, mes regrets, mes craintes. Elle restait là, assise sur son lit, à m'écouter, jusqu'à ce que, quand j'eus terminé, je finisse pas m'endormir, ma sœur se levant pour profiter de la nuit...