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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 25/12/2014 à 19:47
» Dernière mise à jour le 17/02/2015 à 22:55

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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081 - Alter Ego
« Une femme repousse parfois ce qui la charme le plus. »
(William Shakespeare)

« Gina pourrait faire une équipe de football avec sa famille, et Holly est catholique ! »
(Perrine dans le chapitre 36 « Sauvés par le Gang »)

« Sexy Coma, Sexy Trauma »
(Mylène Farmer, Dégénération)



Gina Crawford semblait bien secouée. Ses cheveux étaient gras, et elle avait sur elle des traces résiduelles d'une matière poisseuse. Son maquillage était quelque peu éreinté. Elle avait pleuré, c'était certain. De surcroît, une étrange grêle rose ornait ses longs cheveux noirs et brillants. L'inspecteur Reiner et son assistant le cadet Jason Mars s'apprêtaient à l'interroger.

- Mademoiselle Crawford... Vous avez accompagné votre classe dans cette attaque terroriste.

Gina agita la tête.

- Je dirais plutôt qu'on s'est défendus.
- Il... nous est plutôt difficile d'admettre que vous ayez été attaqués.

Gina soupira.

- C'est vous la police, je suppose que vous décidez de ce qui est vrai ou pas...

Reiner se frictionna le visage.

- On va dire que je n'ai pas entendu ce que je viens d'entendre.
- Voyez. Vous décidez même de ce qui est dit et de ce qui n'est pas dit. Vous êtes extraordinaires.

Reiner souffla par les naseaux.

- Votre implication dans les faits apparaît quelque peu mineure au premier abord, cependant il semble que comme un grand nombre de vos camarades, vous ayez été en contact avec un allié du gouvernement.

Gina leva les yeux au ciel.

- Il est entré en contact avec nous, on ne l'a pas sonné. C'est pas notre faute si on a des culs à se damner pour.
- On...

Gina soupira.

***

- Il envoyait une moitié de message à chacune de nous deux. On a mis un bout de temps à réaliser qui c'était. On l'a réalisé quand Wallace Gribble a constaté le petit manège.

Reiner hocha la tête. Holly Williams était dans le même état que sa camarade. Ses cheveux avaient poussé et étaient plus longs, retombant joliment sur ses épaules. Ils accueillaient également une étrange grêle rose qui lui donnait l'air de sortir d'un épisode de Jem et les Hologrammes.

- Ce Wallace Gribble est le principal responsable de toute cette histoire, n'est-ce pas ? C'est le cerveau des opérations ?

Holly plissa les yeux.

- Primo, vous ne me ferez pas dénoncer un camarade, je suis catholique, j'ai certaines valeurs, et jeter les gens sur un bûcher, ce n'est pas dans mes principes, quand bien même ils sont homosexuels...

Jason Mars haussa les sourcils.

- Deuxio, non, Wallace Gribble n'est pas le « cerveau » des opérations.
- Pas tout seul, on se doute bien...
- Vous réfléchissez vite, ça va faciliter les choses...

Reiner grommela.

- Pourquoi avez-vous suivi le mouvement ? Une fille de bonne famille, religieuse, qui a tout pour réussir...

***

- ... je veux dire, vous avez une famille nombreuse, des gens qui vous aiment, vous êtes jolie, quel intérêt aviez-vous de vous acoquiner au reste de votre classe ?

Gina inspira.

- Si vous voulez la vraie raison, en ce qui me concerne... c'était par amour.

***

- Si Gina y allait, j'y allais aussi. Et puis deux de mes amis proches étaient directement concernés.

Reiner compulsa les dossiers.

- Messieurs Lilian et Léon Grimes...
- Hm.
- Quels sont vos rapports avec ces deux-là ?

Holly inspira.

- Lilian est le mec de Gina, et un très bon ami à moi. Léon... je peux dire que c'est mon meilleur ami.
- Vous avez fréquenté ces deux frères pendant ces trois ans
- Hm.

***

- Lilian... est la première personne à m'avoir regardé pour ce que j'étais au fond de moi et pas pour la belle plante que j'avais l'air d'être. Alors oui, on peut dire que... quand j'ai su qu'il était une cible dans ce conflit... J'ai pas vraiment réfléchi.
- Vous regrettez d'avoir participé à cette attaque terroriste ?

Gina secoua la tête.

- Pas le moins du monde. Si c'était à refaire, je le referai.

***

Holly se mordilla les lèvres.

- J'ai... quand même eu très peur...
- C'est tout à fait normal, statua Reiner.
- J'ai eu peur de... mourir, d'être enlevée, d'être...

Holly souffla, émue.

- Mais il fallait qu'on le fasse. Vous avez pas l'air de comprendre...
- Difficilement.

***

Gina hocha la tête.

- Quand vous recevez des menaces pareilles, vous vous défendez.
- On a de gros doutes quant à savoir qui a commencé. Qui a allumé les braises, vous voyez. Et on se demande un peu si... quelqu'un n'a pas orchestré cette attaque pour servir son propos.

Gina regarda l'inspecteur.

- C'est-à-dire ?
- Eh bien, vos quatre camarades Wallace Gribble, Walter Ludges, Naomi Kingsley et Perrine Truman faisaient un devoir sur les liens existant entre Roland Smirnoff et Justin Truce. Notre théorie, c'est qu'ils ont allumé volontairement la mèche pour mettre du piment dans le devoir.

***

Holly grimaça.

- Nan. Nan, c'est pas possible. Si quelqu'un a fait ça, ce serait plutôt Roland...

***

- ... Smirnoff. Regardez plutôt de ce côté-là.

Reiner et Mars se regardèrent, intrigués.


***

Gina déjeunait avec son père, sa mère et ses sœurs, ce qui était plutôt rare. La clique des tantes était partie en courses.

- Comment se passe le début de l'année, Gina ?

Gina leva les yeux au ciel. « Fin septembre, papa trouve un moment pour prendre de mes nouvelles... »

- Bien...
- Comment envisages-tu l'année prochaine ?
- ... une petite fac tranquille.
- Pour quoi faire ensuite ?

Gina leva les yeux au ciel.

- Je sais pas, vendeuse...

La mère de Gina inspira.

- Laisse-là tranquille, Miguel, elle a tout le temps pour ça...
- Justement, non. Et je la soupçonne de vouloir se marier, faire des enfants et se faire entretenir.

Gina serra les dents. « Et merde... »

- Nan papa, je te l'ai dit, vendeuse !
- Bien sûr. Vendeuse de quoi ?
- Bah de fringues !
- Quel avenir reluisant.
- Miguel, arrête !
- Oh et je suppose que tu l'as encouragée dans cette voie, n'est-ce pas, Sofia ?

La mère de Gina serra les dents.

- Si elle veut devenir une bonne épouse, libre à elle !
- Ses trois sœurs sont déjà de bonnes épouses. Gina est intelligente, elle peut faire de grandes choses. Encore qu'avec cette tenue...
- Miguel !!

Gina soupira dans son assiette. « Prends-toi ça dans la gueule, Gina Crawford... »

- Et que comptes-tu faire de ton week-end ? demanda le père.

Gina regarda son père, excédée.

- Sauter sur le premier venu, le baiser comme si c'était son dernier jour sur terre, l'épouser en ayant vérifié au préalable qu'il ait beaucoup d'argent et finir esclave sexuelle d'un connard de mari arrogant et riche ! Et vieux, si possible, histoire que je touche l'héritage au plus vite !

Miguel Crawford regarda sa fille avec colère.

- Dios mios... Heureusement que Victoria, Maria et Daniella n'étaient pas aussi insolentes parce que je l'aurais fait, ce deuxième infarctus !
- MIGUEL !! soupira Sofia, furieuse.
- Tes sœurs sont déjà femmes au foyer, tu ne rêves pas d'un avenir plus florissant ?
- Quand elles sont essayé de travailler, elles ont fait des enfants juste après et ça les a bloquées, je préfère dès le départ annoncer la couleur, je veux fonder une famille, un point c'est tout.

Miguel soupira.

- Aucun de mes enfants ne réussira sa vie, donc...
- Miguel !!! C'est horrible pour tes petits-enfants ce que tu es en train de dire !!
- Oh je t'en prie ! Victoria a eu trois maris, Maria reste avec un homme qui la maltraite pour ne pas finir seule et Daniella vit sur l'aide sociale et fraude même !

Gina agita la tête. « J'avoue... »

- Gina, je voudrais que tu sois vraiment motivée pour trouver un travail et faire quelque chose de ta vie !
- Je ne serais pas aussi idiote que mes sœurs, papa, moi je trouverai un bon mari !

Miguel leva les yeux au ciel et reprit son repas. Sofia soupira de l'ambiance tendue. Gina regarda son téléphone.

[On dit 14h alors ?]

Gina sourit et répondit.

- A qui tu envoies un message ?

Gina regarda son père, furieuse.

- A mon mac. Il me demande si j'ai fait suffisamment de passes cette semaine pour lui payer l'essence !

Miguel leva les mains, vaincu.

- Sofia, ta fille est un démon !
- C'est NOTRE fille ! grommela Sofia.

***

[Holland Tenorman a dévoilé son programme qui charme d'ores et déjà le milieu administratif. L'effarant professionnalisme du jeune candidat séduit la classe politique qui salue un génie décisionnaire et une bouffée d'air frais après le truculent Roland Smirnoff.]

Pierre Williams hocha la tête.

- Eh bien je sais déjà pour qui mon vote va aller...

Holly et Marie Williams regardèrent le patriarche.

- Pour Justin Truce. Ce gamin m'a l'air bien trop propre sur lui pour être réel.
- Oh. Il est mignon ce petit Spirou ! souffla Marie, la calme mère de Holly.
- Il y a de ça aussi. Ce garçon est une blague, c'est évident !

Holly haussa les épaules, les conversations politiques n'étant pas son fort.

- Tu devrais t'intéresser un peu plus à ces choses-là, Holly.
- Sûrement. Sauf que... ça ne m'intéresse pas.
- Tu vas te laisser pousser les cheveux encore longtemps ou bien...

Holly regarda ses cheveux qui commençaient à ressembler à une sorte de coupe au carré, mais très libre.

- Hm... J'aime bien comme ça maintenant...
- Bon... Si tu pouvais les laisser pousser encore un peu...
- On verra. Qu'en est-il de ton avenir ?
- Fac. Probablement dans les services.

Pierre haussa un sourcil intrigué.

- Coiffeuse, un truc du genre, quelque chose de pas trop crevant mais qui rapporte et qui me permettra d'avoir une bonne petite vie à côté.
- Bon ! Et le mariage ?

Holly serra les dents.

- On... verra ?
- Tu fréquentes quelqu'un en ce moment, il me semble.

Holly regarda son père, stupéfaite. L'homme haussa les épaules.

- A moins que tu sortes tous les soirs par pur amour des balades nocturnes !
- Papa...
- Je sais, je sais, pas mon domaine. En tout cas j'espère que ce n'est pas une femme !
- PAPA !
- Je plaisante, je plaisante...
- Chéri... soupira Marie.
- Pardon... J'espère au moins que c'est un homme bien.

Holly inspira.

- C'est... un prêtre.

Pierre en lâcha ses couverts. Marie Williams regarda sa fille, éberluée. Holly serra les dents.

- Oh... un prêtre...
- Ma chérie, mais enfin...
- Je sais, je sais, très compliqué... mais... je... je crois que je l'aime.
- Attends, c'est un prêtre de notre paroisse à nous ?! C'est le père Gabriel ?!

Holly regarda son père, affreusement embarrassée. Pierre inspira.

- I... Il a quel âge au juste ?!
- 26...

Pierre enleva ses lunettes, sonné. Marie inspira.

- Huit ans de plus que toi...
- Ce n'est pas si dramatique...
- Dis-moi que...
- Non, on n'a rien fait ensemble, papa. Je respecte ses vœux, c'est purement émotionnel. Et si on doit se marier eh bah... on le fera !

Pierre souffla.

- Dans un sens, je suis... ravi, parce que ça veut dire que tu auras une vie pieuse et convenable... dans un autre sens... Bon sang, un prêtre ?
- On était au confessionnal, je trouvais sa voix mignonne, je l'ai invité, il est venu, on a recommencé !
- J'espère au moins que tu seras vierge au mariage !
- PIERRE !
- Je ne veux rien savoir mais j'espère pour ta bonne conscience, et pour le bien de sa profession, que tu es toujours vierge !

Holly serra les dents.

- Evidemment, papa... Tchhhh...
- Pierre, je déteste quand tu essaies de savoir si notre fille est toujours vierge !
- Holly a été élevée dans la tradition catholique, elle sait que c'est normal que je le fasse !

***

- La situation est amusante, n'est-ce pas ?

Il plissa les yeux, visiblement pas du même avis.

- Je veux dire, toi et moi, qui bossons ensemble, maintenant, qui plus est, au même objectif, réunis dans un troquet, à boire un café !

Holland Tenorman avait revêtu la tenue civile. Couafarel était toujours à ses côtés, le Pokémon étant devenu une véritable mascotte pour lui, plus encore que son Cornèbre.

Il regarda Jeffrey Houston, toujours aussi jouasse.

- Comment vous faites ?
- Pourquoi tu me vouvoies ?
- Mon choix. Comment vous faites pour être aussi joyeux alors que vous êtes le servile agent de Roland Smirnoff ?
- Vous n'avez pas l'air de vous plaindre non plus !
- L'idée de pouvoir imposer mon idéal à la région était plaisante au départ, et puis... finalement ça le devient de moins en moins... Je n'avais pas prévu les spotlights et encore moins... Cette sensation dégoutante d'être... utilisé...
- On s'y fait.

Holland regarda Jeffrey qui le regarda en haussant les épaules.

- Je suis bien payé, c'est mon premier vrai travail depuis des lustres !

Holland regarda Maximilien et Ethel dehors qui jouaient les gardes du corps.

- Cette situation est juste idiote...
- Et encore, vous n'êtes pas encore élu ! Elu par cette crapule, tiens. Un palindrome de circonstance...

Holland haussa les sourcils.

- Elu... Je... non, je ne m'imagine pas. Que dirait ma mère...
- Elle serait sur le cul je pense...
- Vous avez des nouvelles d'Helen ?

Jeffrey regarda Holland, intrigué.

- C'est la seule chose qu'ils vous ont refusé depuis le départ, hein ? Quand Roland a compris que vous n'étiez pas stupide, il a compris qu'il n'aurait qu'à satisfaire à vos exigences, mais pour ce qui est d'avoir des nouvelles de votre chère et tendre...
- Maintenant que je sais que vous avez couché avec elle uniquement par intérêt...
- Hey !

Holland regarda Jeffrey et haussa les épaules.

- Osez m'affirmer le contraire !
- ... J'ai des sentiments pour la prof, ok ? Des sentiments bizarres mais des sentiments quand même.
- Je me demande où elle peut être, là... Chez elle à se regarder un film historique en listant les incohérences... ou les points qui divisent...
- Z'êtes accro ma parole.

Holland inspira.

- Vous savez quoi ? J'ai envie de saborder mon élection... juste pour la retrouver.

Jeffrey plissa les yeux.

- Vous ne le ferez pas. Vous avez une mission, et vous voulez l'accomplir. Vous voulez être élu pour diriger l'association Pokémon et refaire Poképolis à votre image.
- Certes...
- Vous avez investi trop d'idées pour reculer maintenant. Croyez-moi, Spirou.

Holland regarda Jeffrey qui haussa les épaules.

- J'aime ce surnom !
- Moi pas... Moi pas du tout... soupira Holland.

***

Helen Clover regardait le « site officiel » de la campagne d'Holland Tenorman. Pas un nom, rien qui puisse la rapprocher un peu de lui.

« C'est presque comme si j'allais devoir y aller par moi-même, une fois de plus... mais pour quoi faire ?! On m'a dit d'être patiente, que je saurais... finalement je sais, mais... »

Helen soupira et regarda la bouteille de vin blanc posée sur la table, ouverte et plutôt bien vidée. De l'autre côté, elle regarda la pièce vide, ses Pokémon rentrés dans leurs Pokéballs, sa solitude qu'elle semblait prendre du plaisir à renforcer.

Son téléphone, coincé sur les messages de Wallace qui ne lui envoyait plus rien depuis la fin de l'été.

Elle se resservit un autre verre.

***

- Je suis désolé, je ne savais pas à qui en parler...
- Aucun problème...

Robbie était quelque peu mal à l'aise de rencontrer Tino comme ça dans le parc, sur un banc, à l'arrache.

- C'est encore ce souci avec Christina...
- Oh... souffla Robbie.

***

- Je suis désolée, je ne savais pas à qui en parler...
- Oh, pas de soucis...

Tristan serrait les dents. Ils étaient dans un jardin d'enfants à proximité de l'immeuble du jeune homme. Et Christina avait besoin de parler.

- C'est Tino, il m'horripile.
- Ahon... souffla Tristan.

***

- Elle m'en veut parce que je n'ai pas osé lui parler de tout l'été !
- Et pourquoi tu n'as pas osé ?!
- J... J'avais peur. Elle attend des choses de ma part et je ne sais pas si je suis à même de...
- Tino, elle veut juste sortir avec toi, ça n'a rien d'insurmontable !
- Oui mais en ce qui me concerne, ça passe au dernier plan, bien après les études !

Robbie leva les yeux au ciel. « J'en ai pour la semaine... »

***

- Il ne m'a pas adressé la parole de tout l'été, non mais tu le crois, ça ?!
- Il est spécial, tu sais bien...
- Du coup moi je me demande à quel jeu il joue, c'est lui qui m'embrasse et après plus rien !
- Il est compliqué, tu sais bien, pour lui c'est une montagne, tout ça...
- En ce qui me concerne, c'est une obsession, je veux qu'il admette qu'il a des sentiments pour moi, bon sang !

Tristan leva les yeux au ciel. « J'en ai pour la semaine... »

***

- J'ai été jusqu'à demander conseil à Rebecca, pour ça et d'autres trucs...
- C'est... probablement une bonne chose...
- Je sais ce que tu vas me dire, « Parle à Christina, fais-lui part de ton ressenti... »
- Y'a des chances pour que ça débloque pas mal de trucs ! admit Robbie.
- Mais même ça c'est trop dur pour moi !
- Il y a donc des matières où tu n'es pas le meilleur... marmonna Robbie.

Tino grimaça.

***

- Je sais ce que tu vas dire, « Sois patiente, attends qu'il fasse le premier pas... »
- C'est un peu ta seule option en même temps ! marmonna Tristan.
- Mais ça fait déjà des mois qu'il me snobbe !
- Tu voudrais quoi, qu'il te saute dessus ?! Il est psychorigide tu sais bien !

Christina grimaça.

***

- Je vais devoir te laisser, Perrine m'attend, on a une expo d'art contemporain à « torcher » comme elle dit !
- Elle t'oblige à faire ça ?

Robbie regarda Tino, éberlué.

- Bien sûr que non, enfin !! Tino ! Je fais ça avec elle parce que ça lui plait ! Et parfois, elle me suit pour aller voir de gros navets au cinéma, comme ça après on en rigole et on liste les défauts ! Ça l'ennuie un peu, j'en suis sûr, mais je le fais ! Ses expos, ça me passionne pas toujours, mais c'est un truc qu'elle aime faire, alors je le fais !

Robbie se leva et s'éloigna.

- Remets-toi en question, apprends à faire des compromis et ta vie sera mille fois plus simple, mon petit Tino !

Tino resta planté sur ce banc, un petit moment.

***

- Il va falloir que j'y aille, Wallace m'attend, on est censés aller dans un salon de thé.
- Si c'était aussi simple avec Tino...
- Tino préfèrerait une bonne bibliothèque ou une séance de documentaires dans une médiathèque. Et aussi... éventuellement un match de polo, il aime bien.

Christina s'étonna.

- Ah bon ?
- Oui. Ou même une soirée DVD de films des années 50, c'est un grand fan. Mais tout ce qui touche au savoir va l'intéresser. Les expos, notamment. Il adore faire la leçon aux guides dans les musées, ça peut être humiliant comme ça peut être amusant.

Christina acquiesça.

- Ensuite, libre à toi de l'inviter également à faire des choses qui te plaisent !
- ... oui... merci Tristan... euh... j'ai beaucoup parlé de moi mais... Toi, ça va ?

Tristan regarda Christina en soupirant.

- Moi, perso, oui...
- Je parlais par rapport à Wallace...
- J'avais bien compris... C'est... compliqué, tu vois.
- Oh, allez, je t'ai confié des trucs !

Tristan grimaça.

- A propos d'un mec avec lequel tu veux sortir. Moi je ne fréquente pas Wallace actuellement pour sortir avec !
-Oh je t'en prie, Tristan...

Tristan regarda Christina de travers.

- ... Tu sais quoi ? Finalement, je comprends pourquoi Tino ne t'a pas contactée pendant deux mois !
- ... m...
- Parce que parfois, t'es quand même sacrément barge ! Remets-toi un peu en question, ma vieille, moins d'obsession, plus de raison ! Tino ne marche qu'à la raison, c'est pour ça que tu l'horripiles !

Christina sembla au bord des larmes, mais Tristan la laissa quand même. « J'suis pas Mère Teresa, non plus !! »

***

- Francis, ouvre, c'est moi, Quinn...

La jeune fille restait à la porte dans la cage d'escalier. Elle avait beau sonner à répétition, pas de réponse. Son amusement du départ se muait peu à peu en franche inquiétude.

- Ma parole... Francis ! Ouvre-moi ! Je ne suis pas un huissier de justice ou... une connasse des services sociaux, c'est moi, Quinn ! Quinnie ! Tu...

Quinn souffla.

- Tu te rappelles quand on avait sept ans et qu'on faisait des bateaux en papier sur la rivière en bas de chez toi ?... ou la fois ou on a joué au foot et que je marquais tout le temps...

Quinn soupira et s'assit sur les marches. Elle prit son téléphone. « Je m'apprête à passer un bon gros samedi de bouffonne... »

***

Lucy plissa les yeux alors que son téléphone vibra dans sa poche.

- J'ai pas éteint mon téléphone...
- J'oublie tout le temps de le faire... mais moi j'ai pas grand monde qui m'appelle !
- Moi non plus, juste... Quinn... qui va passer un très mauvais samedi... Visiblement c'est un appel au secours, elle veut que j'échange avec elle, maiiiiis...

Lucy éteignit son téléphone et prit une poignée de pop-corn.

- J'ai trop envie de voir ce film !
- Bon ! Au moins on est deux. Mais là c'est les bandes annonces...

Lucy agita la tête. Benjamin et elle se calèrent au fond de leurs sièges pour regarder l'écran.

« EN MARS... DECOUVREZ LA NOUVELLE COMEDIE QUI VA REVEILLER VOS ZYGOMATIQUES... RONFLEX RIDER, EN MARS, DANS LES SALLES »

- C'était bref mais intense... souffla Lucy.
- Qui va voir ce genre de films... soupira Benjamin.
- Le même genre qui va voir « Le Petit Spleen », je suppose...
- La critique était excellente !
- Je sais, c'est pour ça qu'on va le voir ! ajouta Lucy.

***

- Quel mal y-a-t-il à vouloir être seulement une bonne épouse ?!
- Mes parents rêveraient de t'avoir pour fille...

Gina et Holly se faisaient leur petit jogging du week-end.

- Je dois retrouver Gabriel après...
- Moi je dois voir Lilian, mais j'aime pas quand on a une discussion sérieuse...

Elles s'arrêtèrent à la fontaine de la Grand Place.

- ... J'ai toujours l'impression qu'il sait comment me déstabiliser, qu'il lit en moi... Il est malin, tellement plus que moi...
- Mais ça reste un homme ! sourit Holly.
- Et toi alors, tranquille ?
- Je viens de l'avouer à mes parents !

Gina haussa les sourcils.

- Wow. Et t'es vivante ?!
- Oui... C'est plutôt bien passé... mais ils m'ont rappelé un truc super important... pour le bien de sa carrière, je dois arriver vierge au mariage...

Gina serra les dents.

- T'es aussi vierge qu'un Blu-Ray porno !
- Je saiiiis !
- C'est pas genre grave pour lui ? J'veux dire, vis-à-vis de sa hiérarchie ?
- Si, justement. Mais personne ira vérifier, donc...
- Donc c'est toi et ta conscience...

Holly serra les dents. Gina agita la tête.

- Ouais, Lilian m'a appris des trucs de philo, tout ça !
- Hm... Et toi, tu crois qu'il va accepter tes rêves de femme au foyer ?
- Bah oui, je pense qu'il s'en fout, nan ?

Holly regarda Gina, sceptique. L'hispanique soupira.

- Je suppose qu'il faut que je lui en parle...
- Tout comme moi, avec plus de risques peut-être...
- Ah bah toi tu risques la rupture !
- Moi aussi, hey ! Lilian peut être en total désaccord !

Holly regarda sa copine, toujours plus sceptique. Gina soupira.

- D'autres SMS ?
- On en reste à « Bonjour / les filles », « N'ayez / crainte » et « Je suis / un ami »
- Sûrement un pervers... Pourquoi tu as la fin des phrases et moi le début ?
- J'sais pas, peut-être qu'il te préfère !
- Arrêêêêêête c'est crade !!!

***

- Merci d'être venues...
- C'est rien, si ça peut t'aider...

Violette et Santana avaient rejoint Fey et Ana à une salle d'entrainement. Les filles s'étaient cotisées pour louer la salle une heure.

- Comment j'vais m'faire chier... soupira Santana.
- Mais non ! sourit Fey. Tu vas nous aider au contraire, on a besoin d'une super bonne combattante. Autre que Violette !

Violette agita la tête.

- Je sais pas si je suis une si bonne combattante que ça...
- C'est plus de la modestie, là... souffla Fey.
- Mais oui, arrête de te descendre ! sourit Santana.
- On va pouvoir commencer... Tu veux tester lequel ?

Violette souffla.

- Harvey.
- Elle rêve de le tester en combat réel ! sourit Santana.
- Ca va être dur ! admit Ana.
- Oui mais ça va être super excitant !! sourit Fey.
- Ca va aller pour toi ?

Fey regarda Violette puis regarda son ventre.

- Oh j'en suis qu'à deux-trois mois ! Te fais pas de bile pour moi ! En plus c'est juste un match !
- Un match avec des Méga-Evolutions... souffla Violette.

Les quatre filles se placèrent : Fey et Ana contre Santana et Violette.

- Santana, ça va aller ?
- Déjà contre Violette je galère, mais alors là...
- Je ne suis pas très douée, personnellement... admit Ana.
- Moi ça va un peu mieux ! sourit Fey. Bon !

Fey sortit Lockpin, qui portait sa gemme en barrette sur une oreille. Ana envoya Nanméouïe dont la gemme reposait sur un pendentif.

Violette hocha la tête et envoya Mysdibule, qui avait sa gemme au bras. Santana soupira.

- Bon bah les miens n'ont pas de fanfreluches, hein !

Elle envoya Moyade. La créature rose et duveteuse flotta de façon sinistre face à elle.

- On n'a pas d'arbitre... marmonna Ana.
- Vaut mieux que ça reste un combat discret, autant que possible... marmonna Fey.
- J'ai... pas l'impression que ça va être le cas ! sourit Santana.

Les trois Pokémon se mirent à briller dans une onde de choc rose. Santana se couvrit, néanmoins admirative, en tant que combattante.

Méga-Mysdibule émergea le premier. Deux bouches noires dentues ornaient sa tête. Sa robe jaune avait pris des teintes roses. Elle regarda les adversaires, ne leur faisant plus dos, en bonne guerrière déterminée.

Méga-Lockpin arriva la seconde. La lapine ressemblait à une véritable championne de la baston avec son pelage noir constellé de taches brunes sur les jambes. Plus fluette, elle semblait également plus forte que jamais. Elle regarda Fey en agitant ses oreilles couettes semblant à des grappes de saucisses.

Méga-Nanméouïe apparut la dernière. Petite créature pataude, elle portait une sorte de blouse et semblait être le parfait docteur. Elle tripotait la touffe de poils sur sa poitrine, comme si c'était le centre de son pouvoir, tout en débouclant ses lobes d'oreille.

Santana observa les trois créatures, chargées de puissance, elle pouvait le sentir. « Quelle pression... »

- On y va ? demanda Fey, hésitante.
- Harvey, Danse Lames !

Méga-Mysdibule dansa, faisant claquer ses mâchoires d'acier. Santana se sentait quelque peu de trop. Cette seule Danse-Lames l'avait terrifiée. « Qu'est-ce que ça va être quand ça va se mettre en mouvement ! »

Fey souffla.

- Lockpin, Vive Attaque !!

Le lapin fonça à petit pas, en avançant vers Moyade. Santana plissa les yeux.

- Pied Voltige !

Santana sembla démystifiée. « Mais c'est un spect... »

Moyade se retrouva littéralement défoncé par le coup de Lockpin. La méduse partit contre un mur, sonnée. Santana s'étonna. « Querelleur ? Le Méga-Lockpin a Querelleur ?! »

La lapine arpenta les murs sous le regard ébahi de Santana... et de Fey. Qui agita les mains en regardant sa camarade.

- Je maîtrise pas tout !
- J'me doute...
- Tête de Fer !!

Méga-Mysdibule fonça vers Méga-Nanméouïe. La débonnaire créature rose pâle garda son sourire serein.

- Attraction !

Méga-Nanméouïe tourna sur elle-même et séduisit Méga-Mysdibule. Violette plissa les yeux. Ana haussa les épaules.

- C'est son rôle !
- Hmph...
- Pied Sauté !

Méga-Lockpin écrasa Méga-Mysdibule au sol, le sortant temporairement de sa pose énamourée. Le Pokémon trompeur réussit à repousser la lapine de ses deux têtes de fer. Méga-Nanméouïe se reporta sur Moyade. Le champ mélodieux du Pokémon Audition retentit sur le terrain.

Santana se concentra. « Voix enjôleuse... Elle cherche à nous distraire... »

Moyade se tourna vers Santana, en quête de réponses. Santana observait Méga-Lockpin et Méga-Mysdibule échanger coups de pieds, de poings, de têtes et de dents.

Santana afficha un sourire malicieux. « C'est un sacré challenge d'être à la hauteur de ces monstres... »

- Tsunami, Ecume !!

Moyade cracha la mousse qui inonda Méga-Lockpin et Méga-Nanméouïe. Fey et Ana observèrent Santana qui avait les yeux figés en pleine estimation des forces en présence.

- Eclat Magique !

Méga-Nanméouïe dissipa la mousse. Mais la diversion avait été suffisante, et Méga-Mysdibule avait saisi Méga-Lockpin par la jambe.

- Harvey, Câlinerie !!

Méga-Mysdibule entraîna Méga-Lockpin par la jambe et l'écrasa par terre avec amour. Fey serra les dents.

- Vibra-Soin !

L'ordre à l'accent russe provoqua chez Méga-Nanméouïe une réaction effarante de puissance. La créature plaça ses mains autour des touffes de poils de sa poitrine, et créa une onde bienfaisante autour de lui si puissante que tous les Pokémon sur le terrain furent régénérés, lui compris.

Santana s'étonna. Violette la regarda, intriguée. Ana balbutia. Fey souffla.

- Il va vraiment falloir qu'on apprenne à s'en servir...
- Hm... En espérant qu'on n'ait pas sérieusement à s'en servir... marmonna Santana.

Violette inspira.

- Si madame Clover vous a donné ces gemmes, c'est bien parce qu'elle craint une nouvelle attaque de Direction Dresseurs. Ou qu'elle a peur des effets éventuels du résultat des élections à venir...

Santana souffla.

- Enfin bref. Tsunami, Surf !

Moyade se propulsa vers les adversaires, éclaboussant Méga-Mysdibule dans la manœuvre, mais le Pokémon à deux bouches n'était pas à ça près.

- Vive Attaque !
- Voix Enjôleuse !

Méga-Lockpin fonçait vers Moyade, et Méga-Nanméouïe émit son lugubre chant de tendresse. Moyade s'arrêta au milieu du terrain et s'éleva sur une colonne d'eau. Violette, Fey et Ana observaient, stupéfaites.

- Pour l'heure, votre non-maîtrise de ces évolutions reste votre point faible majeur. Cradovague !!!

Par sa bouche, Moyade cracha un liquide violet qui empourpra sa vague de Surf, donnant à sa colonne une apparence toxique. Méga-Mysdibule ne fut pas atteint grâce à son type, mais Méga-Nanméouïe et Méga-Lockpin furent repoussés.

- Wow !!
- Je savais que ce serait une bonne idée de s'entraîner avec Santana ! sourit Ana.

La vietnamienne n'était pas peu fière, même si Méga-Lockpin et Méga-Nanméouïe étaient loin d'être KO.

- Je pense que vous devriez les ré-entraîner comme s'ils étaient de nouveaux Pokémon. Vous habituer et les habituer à les faire rester sous cette forme. Je suis pas experte mais vu comme ils ont l'air à l'ouest eux-mêmes concernant leurs pouvoirs...

Ana regarda Méga-Nanméouïe qui la regarda de ses yeux caramel.

- ... ou leur force...

Violette regarda Méga-Mysdibule.

- ... voire même ce dont ils sont capables tout court.

Fey observa sa Méga-Lockpin, encore prête à en découdre. Santana haussa les épaules.

- Va y avoir du boulot. Vous devriez en parler avec les autres utilisateurs de Méga-Gemmes et partager vos impressions respectives, ce serait du joli, je crois...

***

- Je l'ai toujours pas fait.
- M'étonne pas. C'est moche, ça, nan ?!

Perrine et Robbie examinaient une sculpture représentant une sorte de cadavre bleu en train de fondre.

- Mouais... M'enfin c'est travaillé au moins. Nan ouais, ça me tente pas tant que ça, de faire évoluer Frida.
- C'est pas vraiment une évolution...
- Je sais, j'ai bien compris, mais juste... J'sais pas, j'la sens pas prête.
- Oui ou alors tu n'es pas prête à la voir changer à ce point.

Perrine agita la tête. Une série de tableaux sembla attirer son attention.

- Oooh. « Série sur la couleur ». J'en ai fait une quand j'avais douze ans...
- Le mec a peint un paysage avec chaque couleur de sa palette...
- Voilà, il a fait du Warhol sans la Monroe.
- J'ai énormément de mal à comprendre cet art...

Une dame âgée émit un soupir méprisant en s'éloignant du couple. Perrine hocha la tête.

- Mais elle, elle a compris, et du coup ça la rend meilleure que toi.

Robbie hocha la tête, saisi par la révélation.

- Ahon. C'est juste du swag en fait.
- Voilà. L'art contemporain et ses fans absolus sont juste des Wesh avec de l'argent.

Robbie ricana. Perrine sourit.

- On se fait un bar à jus de fruits ensuite ?
- Oui... C'est rare que ce soit toi qui propose !
- Faut croire que j'aime passer du temps avec toi.

Perrine poursuivit l'exposition, suivie par un Robbie plus que satisfait.

***

- Elle est juste folle !
- J'étais persuadé que vous étiez... au moins bons amis...

Tristan soupira en dégustant sa petite tasse de thé japonais. Il était avec Wallace sur de gros coussins autour d'une table avec plusieurs théières différentes. Quelques enfants faisaient le service ce qui amusait beaucoup les clients.

- Ouais, je l'apprécie, elle est intelligente elle a de la conversation, elle est rigolote même, c'est juste que... sa fascination pour Tino est parfois ultra flippante. Je pense aussi à mon meilleur ami moi !
- Ça va mieux au fait ?
- Nos rapports sont cordiaux, sans plus, ça s'arrangera peut-être quand monsieur aura pris une décision concernant Christina, soit il lui dit merde définitivement, soit il entreprend ce qu'il veut entreprendre.
- Bon.
- Et toi ?

Wallace inspira.

- C'est pas simple. J'vais bientôt avoir une visite des services de protection des Pokémon...

Tristan hocha la tête.

- C'est plutôt flippant... surtout aussi tôt... Et surtout que je suis pas vraiment revenu vers mes Pokémon depuis tout ça...
- Tu n'as même pas essayé de les nourrir ?

Wallace secoua la tête, attristé.

- Si tu veux... je peux venir chez toi et on essaie de le faire à deux...
- J'te remercie mais je préfèrerai que ça vienne tout seul, tu vois ce que je veux dire.

Tristan acquiesça.

- Au moins pour me prouver à moi-même que ça y est, c'est bon...
- Oui je vois le genre.
- Par contre rien t'empêche de venir pour qu'on se fasse un petit film.

Tristan plissa les yeux.

- Oh euh...
- Sauf si t'as un autre truc à faire, t'as peut-être des ordis à aller réparer ou je sais pas quoi...
- Nan, nan... D'accord, si tu veux.
- Je sais que je suis lourd à vouloir que tu viennes comme ça...
- Ca m'embête pas, je t'assure.
- T'as le droit de dire non, tu sais... On s'est quasiment vus deux fois par semaine ces derniers temps...

Tristan sourit.

- Ma tante apprécie, ça lui laisse plein de soirées pour elle toute seule !
- Sa vie est si triste que ça ?! sourit à moitié Wallace.
- Pfff... Elle arrête pas de me bassiner pour que je trouve une fac avec un internat...
- Tu y arriveras, t'as un excellent dossier.
- Je sais mais qu'elle arrête de vouloir se débarrasser de moi comme ça... Je viens d'avoir dix-huit ans, elle ne perçoit plus sa sacro-sainte pension, je suis devenu un fardeau inutile.
- La classe...

Wallace soupira en regardant en l'air, s'affalant sur le coussin sous le regard gourmand de Tristan.

- J'suis désolé, j'essaie d'être drôle comme avant mais... ça passe plus.
- Je comprends, te force pas ! sourit Tristan.
- Ca t'a pas trop fait flipper quand j'ai chialé comme une merde l'autre soir ?
- Nan. J'étais un peu gêné pour toi mais je comprends tout à fait... Et j'ai compris, j'arrête de sortir Pix à coté de toi.
- J't'ai dit que c'était pas Pix, c'était ce que ça me rappelait, le Pokémon sorti d'un œuf, tout ça... ça me touche beaucoup. Rapport à Tiplouf... souffla Wallace.

Il soupira encore, mélancolique, et décida de s'allumer une clope.

- T'as le droit ?
- Mais oui.
- Euh... J'crois pas, Wallace... Y'a une serveuse asiatique qui te regarde comme si tu allais poser une bombe...
- Bah qu'elle vienne, ça va sauter...

Tristan serra les dents.

- Mais euh...
- Rien à foutre, elle va faire quoi, appeler les keufs ? Ou ses cousins qui vont venir me casser les genoux ?

Tristan vit la serveuse partir vers le comptoir.

- Wallace...
- M'en bats la race.

Wallace tira une taffe et souffla la fumée avec la sensualité qui lui était propre, subjuguant Tristan par ce fait.

- Chaque fois que je vois de la fumée, je pense à Tabasco. Chaque fois que je bois un verre, je pense à Pepsi. Chaque fois que je te vois, je pense à Manny... Chaque fois que je vais aux toilettes je pense à Brenda...

Wallace ricana de cette dernière réplique. Ricanement qui s'acheva en sanglots sous le regard médusé de Tristan devant ce beau garçon esclave de ses sentiments.

- J'saurais pas te dire tout ce qui me fait penser à Ficelle... String... à Manternel quoi... les feuilles des arbres... un bête fil... J'regardais mes kimono l'autre fois... C'est elle qui recousait les accrocs, les déchirures, les tissus détendus... J'me disais même qu'un jour, avec son aide, je pourrais faire mon propre kimono...
- Monsieur, il est interdit de fumer ici !

Wallace, en larmes, dévisagea la tenancière, une grosse dame asiatique aux longs cheveux noirs. Tristan allait s'excuser pour eux, mais Wallace se leva, sa clope en main.

- C'est marqué nulle part.
- C'est affiché partout dans l'établissement.
- J'fais rien de mal, vous l'auriez pas remarqué si votre serveuse était pas venue vous le dire.
- C'est ma fille !
- Vous avez le droit de faire travailler votre famille dans votre salon de thé ?
- Sortez, vous n'avez pas le droit de fumer !
- Mais attendez, les gamins qui sont là et qui servent, c'est vos enfants aussi ?!
- Sortez !

Tristan regarda les enfants dont certains n'étaient pas asiatiques en fait. Il regarda la dame qui semblait plutôt gênée. Wallace regarda son ami, quelque peu intrigué.

***

La police emmenait la dame et interrogeait la serveuse adolescente qui pleurait et qui criait en chinois.

- Tu m'expliques ce qui vient de se passer, là ? souffla Wallace.
- On vient de démanteler un réseau de travail clandestin d'enfants... marmonna Tristan.
- C'était sympa de se faire interroger par la police, nan ? sourit Wallace.
- C'était... plutôt grisant, ouais... admit Tristan.

Les deux compères regardaient la grosse dame chinoise menottée qui leur criait des menaces en chinois. Wallace se permit une traduction.

- « Vous finirez hachés menu dans mes nouilles sautées, je le jure ! »

Tristan éclata de rire. Wallace sourit en tirant une énième taffe.

- Rétrospectivement, c'était plutôt sympa cette sortie... j'avais des doutes mais c'était plutôt sympa ! sourit Wallace.
- On fait quoi ? demanda Tristan, encore tout amusé.
- J'sais pas. On traine dans la ville ?
- Boh, pourquoi pas ! sourit Tristan en commençant à marcher.

***

- Mais où donc est ton frère ?

Léon haussa les épaules.

- J'sais pas !

Laurène Grimes s'étonna.

- Comment ça tu ne sais pas ? Mais enfin vous êtes tout le temps ensemble et là, il sort sans toi !
- Baaaah je sais pas, maman, peut-être qu'il a des choses à faire tout seul de son côté !

Laurène sembla soupçonneuse mais elle laissa Léon à ses devoirs. Le jeune homme envoya un SMS.

[Maman a des soupçons !!!]

***

Lilian leva les yeux au ciel.

- Ton frangin ?
- Hm, à exagérer les situations, comme toujours... souffla Lilian.

Gina sourit alors qu'ils se trouvaient dans un café-cabaret, à siroter des cafés gourmands tandis que sur la scène se déroulaient divers numéros.

- Vraiment sympa cet endroit ! sourit Gina.
- Mon père n'arrête pas de nous emmener manger dans des trucs pas possibles comme celui-là.

Le type dressait six Couafarel coiffés différemment et les faisait tourner autour de lui sur deux pattes, ce qui impressionna le public.

- Désolé de parler parents... marmonna Lilian.
- Je sais ce que c'est, j'en ai aussi ! sourit Gina.

Les deux ricanèrent.

- A part ça, tout va bien ? demanda Lilian.
- Moui, petite conversation rigolote avec mon père ce matin... Je lui ai parlé de mes projets d'avenir, il était ravi...
- Ah ? C'est quoi ?

Gina regarda Lilian.

- De quoi ?
- Bah, tes projets d'avenir ! Ça m'intéresse !
- Bah en gros d'être femme au foyer !

Lilian grimaça. Gina sembla surprise.

- Quoi ?
- Baaaah... c'est... nul !
- Je veux juste être une bonne épouse !
- Bah... Tu peux, mais ce serait mieux si tu avais une vie à côté, Gina... Tu as tellement de potentiel...
- Tu dis ça pour me flatter !
- Nan, nan, je suis sérieux... ce serait terriblement dommage qu'une fille aussi forte émotionnellement que toi finisse... juste à élever des gosses !
- Ce seront peut-être les tiens !

Lilian agita la tête.

- Si ce devait être les miens, je serais ravi que leur mère leur dise « Hey, maman n'est pas qu'une femme de ménage, elle travaille aussi, elle vous nourrit un peu ! »

Gina grimaça.

- Attends, c'est vraiment important pour toi ?!
- Bah oui !
- On est vraiment en train d'avoir une discussion sur nos futurs enfants ?!
- Visiblement oui et... la tournure ne me plait pas beaucoup...
- Tu n'as pas à décider pour moi !
- Non, certes. Mais en ce qui me concerne, je n'ai pas pour projet d'entretenir une famille. Sans me dire « Hey, sans moi, ils pourraient s'en sortir ».

Gina serra les dents.

- Ah ouais... T'as pensé ça loin !
- N'est-ce pas. Je compte faire du commerce après la fac et ensuite travailler dans la vente à grande échelle, sans pour autant m'en tenir à être un simple employé. Je vise haut.

Gina hocha la tête, hébétée.

- Et... voir que tu as aussi peu d'ambition... ça... m'embête beaucoup... J'en attendais un peu plus de ta part... quand même...

Gina sembla un peu paumée. Sur scène, les Couafarel s'étaient empilés pour faire une pyramide. Elle reçut un SMS.

[on pour vous !]

Gina haussa un sourcil.

***

Le charmant petit restaurant où Holly et Gabriel s'étaient arrêtés était bien moins excentrique mais pas moins délicieux. Le jeune prêtre regarda sa petite amie avec ce sourire audacieux et pudique qu'elle aimait tant.

- Tu as l'air soucieuse.
- Un peu.
- Besoin de te confesser ? sourit-il.

Holly sourit à son tour.

- J'étais en train de penser à nous, à... l'avenir.
- C'est un beau sujet de réflexion. Nécessaire, à ton âge, surtout.

Holly agita la tête.

- Arrête de parler comme si tu étais un vieillard. J'aime bien ton polo.
- Merci. J'aime ton chemisier.

Holly haussa les sourcils. Gabriel haussa les épaules.

- Je suis un homme de Dieu mais je reste un homme avant tout !
- Oui, oui... Euh, Gabe...
- Oui mon ange ?

Holly sourit sous le coup du compliment, bien qu'embarrassée.

- Tu as conscience que... je ne suis pas...

Gabriel regarda Holly, étonné.

- Tu n'es pas...
- Enfin tu vois ce que je veux dire...

Elle but, gênée. Gabriel cherchait ce qu'elle voulait dire.

- ... Tu n'es pas une femme ?!

Holly manqua de s'étouffer avec son eau. Elle en cracha une partie.

- ... très féminin, tout ça, en effet...
- T'es con ! Nan !

Gabriel toussota.

- Bête, pardon, bête.
- Non, tu t'en es mis partout, Holly.

Holly s'essuya maladroitement, gênée.

- Bon sang... Je ne suis pas vierge, Gabriel !
- Et alors ?

Holly s'étonna.

- O... On ne pourra jamais se marier !
- Si je reste prêtre dans une paroisse de grande ville, non, en effet.
- ... Eh bah alors !!
- C'est pour ça que je vais passer pasteur. C'est un statut possible pour les catholiques à présent. Remercions l'église d'évoluer dans le bon sens, parfois...

Holly stoppa tout mouvement, stupéfaite.

- ... tu vas...
- Rejoindre une plus petite paroisse, devenir plus indépendant, avoir la possibilité de fonder une famille. Si possible avec toi.

Holly était toute rouge.

- C... C'est une promesse ?!!
- On peut dire ça comme ça.
- Mais enfin, ce sera moins intéressant pour toi !
- D'un point de vue professionnel, pas tant que ça !

Holly resta là à regarder Gabriel, tout sourire.

- Alors ? T'en dis quoi ?

Holly ne dit rien et se contenta de prendre amoureusement les mains de son cher et tendre dans les siennes. Ignorant complètement sur la table la vibration du téléphone et le SMS qui s'ensuivait : [J'ai une missi]

***

Steven avait monté le son. Il hésitait à mettre son casque. Une part de lui voulait entendre. Une part de lui voulait se cacher dans un trou. Une part de lui était ravie que personne ne soit là pour entendre ça.

« MAIS TU FAIS CHIER AVEC TES CONNERIES ! »
« C'EST PAS DES CONNERIES, JOEY ! C'EST NOUS, C'EST NOTRE COUPLE, C'EST NOTRE MARIAGE !! »
« MAIS QU'EST-CE QU'ON EN A A BATTRE, CA FAIT QUINZE ANS ET TU TE PLAINS QUE MAINTENANT ?! »
« CA FAIT VINGT ANS QU'ON EST ENSEMBLE, BON SANG ! ET C'EST COMME SI RIEN DE TOUT CA NE COMPTAIT POUR TOI ! »
« TU ME GONFLES AVEC TES CONNERIES, T'AS PAS DU MENAGE A FAIRE ??? POURQUOI FAUT QUE TU ME PARLES DE CA LE WEEK-END ??? »
« PARCE QUE TU NE M'EMMENES PAS EN WEEK-END ! »
« AH, ET L'AUTRE ENCULE, IL T'EMMENE, LUI ??? »

Steven grimaça et saisit son casque. Il verrouilla également sa porte, puis il reprit la manette et joua comme si sa vie en dépendait. Mucuscule se trouvait à ses côtés, jouant avec ses antennes. Steven invita le Pokémon à se blottir contre lui.

***

Quinn attendait dans la cage d'escalier, comme une idiote, en lisant un livre. « Pffff... Mais qu'est-ce qu'il fout bordel... Il va être quatre heures... »

Elle regarda autour. « Et quel immeuble pourri... Lucy est toujours à son stupide rencard ? Je me demande ce qu'elle lui trouve... Qui je pourrais appeler sinon... »

***

Naomi était sur le canapé à bouffer des chips sous le regard de son grand frère qui aidait son Débugant à faire ses étirements.

- ... la vache, j'ai jamais rien vu d'aussi dégoûtant de toute ma vie...
- Quoi ? Je passe un week-end pas studieux !
- Il t'arrive quoi, sœurette, t'avais l'air super bien, l'année dernière, et là tu pars en sucette !
- Mais qu'est-ce que vous avez tous à me prendre comme pilier moral de la société, bordel ?
- Naomi ?!

Naomi et Shawn se tournèrent vers Duncan qui donnait à manger au petit Jordan.

- C'est quoi ce langage ?!
- Pardon papa !
- Calme-toi un peu, Naomi ! Tu es sur la mauvaise pente j'ai l'impression !

Naomi soupira silencieusement. « On croirait entendre maman... »

- Et ne me prends pas pour un idiot, je t'ai vu lever les yeux !

Naomi se mordilla les lèvres. « S'il y a encore une personne qui vient me rappeler que j'étais une bien meilleure femme quand je sortais encore avec mon petit ami handicapé... »

Son portable sonna. Naomi plissa les yeux et regarda qui appelait. Quinn.

« Quoi ?! Nan mais nan, même pas la peine ! »

***

Quinn entendit la première sonnerie, puis elle fut coupée.

- ... Han la pute !! grommela Quinn, choquée.

***

- Quel hasard quand même !
- Vous êtes sûrs qu'on vous embête pas ?!

Mike et Rebecca secouèrent la tête.

- Nan, c'est marrant en fait !
- Vous êtes trop mignons en plus !
- Reb, je crois pas qu'ils sortent ensemble !
- Et alors, nous non plus !

Mike grimaça et regarda Wallace et Tristan, plutôt gênés.

- On va peut-être vous laisser... marmonna Tristan.
- Oh non restez, ça va être drôle ! sourit Rebecca.
- Tu crois VRAIMENT ?!
- Mais oui ! Je vais prendre un verre avec Tristan et toi avec Wallace !
- C'est pour ça que vous faites la queue depuis tout à l'heure ?! s'étonna Wallace. Pour un simple bar ?
- Pas n'importe lequel, mon cher Wallace !
- Si tu crois pouvoir m'apprendre un truc sur les bars...
- Il ne sert pas d'alcool, juste du thé, du café, du chocolat chaud, des infusions, du lait au miel, des tisanes, des gâteaux de toute sorte, des pâtisseries, des viennoiseries et des apéritifs au fromage !
- Juste au cas où vous vous poseriez la question : c'est son café préféré... soupira Mike.
- On voulait juste faire une sortie comme ça, mais vous voilà ET C'EST SUPER ! Je vais pouvoir recueillir les dernières confidences de mon cher Tristanounet...

Tristan grimaça, se demandant à quelle sauce il allait être mangé.

- Et Wallace va tenir compagnie à Mike qui peut aisément remplacer Tristan pendant un moment !

Wallace regarda Mike en désignant Rebecca. Mike leva les mains.

- J'te jure, mec, pas un pet de came, elle est tout le temps comme ça !
- SUIVANTS.

Un groupe de dix entra, qui comprenait le quatuor. Rebecca prit Tristan par le bras.

- Cette table-là est parfaite ! La vôtre par-là est très bien !!

Mike regarda Wallace qui haussa les sourcils.

- Elle veut te recaser avant de te larguer ?!
- Franchement, je crois que je préfèrerais...
- C'est quoi votre truc en ce moment ?! Vous êtes quoi cette semaine ?

Mike ricana.

- Haaaaa... Cette semaine, elle va bien, alors on est juste amis.
- Wow.
- La semaine prochaine, elle ira mal alors on sera plus qu'amis.
- Dément.
- Fais le calcul, on est sortis ensemble pour de vrai au moins trois mois en tout.
- Intéressant. T'as pensé à lui dire merde une bonne fois pour toutes, maintenant qu'elle a repris forme humaine ?

Mike soupira.

- J'ai peur que ça la foute en l'air, justement. Et accessoirement de passer pour un salaud.
- Elle est plus solide qu'elle le laisse croire, et le caractère On/Off de votre relation est propice à une « trêve », donc à une rupture, même temporaire, mais qui vous permettra de clarifier les choses.

Mike s'étonna.

- Attends, tu me donnes un vrai conseil, là...
- Le deuil me rend sage. Cherche pas à comprendre.
- Ca... va au fait ? J'suis pas à l'aise avec ça, alors...
- J'avais compris, t'inquiète. Je vais bien, pour le moment.
- Je suppose que Tristan t'aide...
- Hm. Ca fait du bien d'avoir une personne qui me comprend, même si...

Wallace inspira.

- J'ai l'impression de me servir un peu de lui, et... ça me met mal à l'aise.

Mike plissa les yeux.

- Tu te rends compte qu'avant, tu te serais même pas posé la question...
- Clair et net...
- C'est cool de ta part, mais tu devrais lui en parler avant que... les choses n'aillent trop loin. J'veux dire, c'est pas pareil, mais je pense que je peux te donner des leçons sur les ravages du réconfort !

Wallace hocha la tête, songeur.

- Même si moi je trouve que tu te débrouilles SUPER BIEN pour le moment, je serais de l'avis de Tino qui m'a téléphoné il y a quelques temps...

Tristan regarda Rebecca, éberlué.

- Il est allé jusque-là ?!
- Oui. Il se fait du souci pour toi mais il n'ose plus t'en parler.
- C'est n'importe quoi, quel gamin... soupira Tristan.
- Mais arrête ! Il a peur que tu souffres à cause de Wallace, et je suis assez d'accord, même si j'ai l'impression que tu gères...
- Mais bien sûr que je gère ! Qu'il règle ses propres problèmes, il verra les miens après !

Rebecca regarda Tristan, affolée.

- Dis donc, c'est quoi cette attitude, là ?
- Rien, j'en ai marre qu'il continue à se comporter comme un bébé !
- C'est ton meilleur ami !
- Oui mais en ce moment il est lourd...
- Ca ne change rien au fait que ce soit ton meilleur ami !
- Ouais, bien sûr... mais on n'a plus grand-chose en commun...
- C'est faux et tu le sais. Tu es aveuglé par ton amour pour Wallace !

Tristan regarda Rebecca et soupira.

- N'importe quoi.
- Tu sais que j'ai raison, tu es obnubilé par lui et tu négliges ce qui t'entoure !

Tristan agita la tête.

- Je fais pas ce que je fais en ce moment pour me rapprocher de lui !
- J'ai bien compris, c'est parce que tu es sincèrement inquiet pour lui. Tout le monde l'a très bien compris, ça. Mais tu as une vie à côté, et Tino en fait partie.
- Tu es juste inquiète pour lui parce que sa famille est riche !

Rebecca regarda Tristan comme s'il venait de dire une immense connerie. Tristan leva les yeux au ciel.

- Son truc avec Christina me gonfle. Elle est venue me parler ce matin.
- Aaaaah d'où ta sale humeur !
- Gnagnagna... J'l'ai envoyée chier...
- Oh, fameux. J'ai vraiment le sentiment que tout ce truc avec Wallace te fait un bien fou !
- ... ah ?
- Non, c'est ironique. Tino a raison, ça te bouffe. Tu es aveuglé par l'amour et tu négliges le reste. Et ça te perdra.

Tristan soupira en accueillant les menus.

Wallace observait les boissons.

- Tristan est juste un support émotionnel. Le reste, c'est lui et ses petits égarements. J'veux pas que ça devienne plus qu'un petit coup de main le temps que je me remette de tout ça.

Mike inspira.

- Du peu qu'on a vu, ses « petits égarements » ont quand même une sacrée influence sur lui.
- J'me doute... C'est pour ça que j'essaie de prendre sur moi au maximum histoire de pouvoir lui dire « Vieux, c'était super sympa mais maintenant j'ai plus besoin de toi, merci »
- J'crois pas que ça va être aussi simple ! admit Mike.
- Clairement... D'un côté ça me fait peur, d'un autre... j'suis curieux de voir où ça va me mener, tout ça.

Mike grimaça en mode « qu'est-ce que tu entends par là », lorsque le serveur arriva.

- Monsieur !

Wallace regarda le type alors que Mike était plutôt surpris.

- Vous êtes le 100ème menu que nous allons servir, vous avez le droit de participer à un challenge avec vos Pokémon pour espérer profiter du thé et gâteaux à volonté pour le reste de l'après-midi !

Wallace grimaça et regarda Mike, tétanisé. Mike serra les dents.

- J'vais le faire à sa place, il... ressort d'un gros match, il va pas pouvoir assurer ! Hein, vieux !

Wallace hocha la tête et tendit le menu à Mike.

- De toute façon, sa copine va arriver et moi j'allais partir !
- Vieux...
- Merci Mike, j'te revaudrais ça, promis.
- Désolé, vieux...
- Ca va aller, t'inquiète
- Mais on en reparlera !
- Hm. Envoie-la chier une bonne fois pour toutes, ça lui fera les pieds et tu sauras où vous en êtes.
- ... ouais, ouais...

Mike se déplaça jusqu'au terrain au fond de la salle, face au mur. Ses Pokémon devaient éclater des cibles.

- Colossinge et Drakkarmin !

Les deux Pokémon apparurent. Rebecca et Tristan s'étaient retournés.

- Ca y est, mon mec fait le kéké ! soupira la rousse.
- Il veut t'impressionner...
- Il en fait beaucoup trop !
- Tu es difficile à impressionner...

Rebecca regarda Tristan en le pointant du doigt.

- Voilà ! Ça, c'est le Tristan qu'on aime bien, celui qui est avisé, compatissant !

Tristan remarqua que Wallace prenait le chemin de la sortie.

- Merde !
- Quoi ? Trist...

Tristan prit ses affaires en catastrophe et partit à son tour. Rebecca haussa les sourcils et rejoignit la table de Mike. Le serveur s'étonna.

- C'est mon copain. Il va réussir. Amenez-moi un assortiment de thés indiens et de spéculos ! cria Rebecca en prenant ses aises comme une reine.

Tristan suivit Wallace qui se dirigeait vers le métro

- Wallace !

Le jeune homme essuyait ses larmes naissantes. La vision d'un dresseur avec ses Pokémon lui était encore difficile. « Qu'est-ce que je me raconte comme conneries, tout m'est encore difficile, en ce moment je suis tout nu sur la banquise, je souffre au moindre mouvement que je fais pour me réchauffer, pourquoi je me casse la tête, pour un moment où je ris, ou je souris, où je prends du plaisir, il y a dix autres moments où tout me revient en pleine gueule, mais pourquoi, mais bordel, juste pourquoi c'est aussi dur pour moi et ça a l'air si facile pour les autres ?! »

Tristan attrapa le bras de Wallace avant qu'il n'entre dans la station. Wallace regarda Tristan qui se voulait rassurant, aussi rassurant que possible. Le seul geste que Wallace trouva à effectuer fut de prendre Tristan dans ses bras pour pleurer. Tristan s'efforça de ne pas s'effondrer sous le poids de Wallace.

« Et pourquoi, dès qu'il est là, près de moi, toutes ces questions disparaissent ?! »

***

Gina et Lilian s'étaient arrêtés dans le parc pour un petit entrainement. Les passants étaient hébétés devant un tel combat.

- Bruyverne, Dracochoc !
- Libégon, Dracocharge !!

Les deux dragons s'écharpaient au dessus du sol. Bruyverne expulsait de sa bouche un puissant jet d'énergie, mais Libégon fonçait au travers et frappa la chauve-souris d'un vif coup de queue.

- Hmph... Je comprends mieux ce choix d'attaque plutôt que Dracochoc...
- Ce genre de coup ne marche que face à toi ou à un adversaire de ton genre ! sourit Gina.
- Hm. On pimente le jeu ? sourit Lilian.
- Reçu. Draco Météore !

Libégon cracha la charge dans les airs. Bruyverne hocha la tête et lança l'attaque à son tour. Dans le parc, les gens s'éloignaient.

- Ils nous prennent pour des amateurs je crois ! sourit Lilian.
- C'est flatteur et offensant à la fois ! sourit Gina.

Les météores tombèrent au hasard dans une zone prédéterminée. Libégon et Bruyverne plongèrent et esquivèrent leur chute sur la pelouse du parc qui se retrouva ponctuée de cratères. Les deux Pokémon avaient parfaitement réussi à esquiver leurs attaques respectives.

- Ta vitesse et ton contrôle sont parfaits, je comprends pas pourquoi tu avais peur de son évolution... marmonna Gina.
- Je sais pas trop, c'est aussi par rapport à Léon...
- Mais justement, vous devez penser le combat individuellement, pas au travers de vous deux !

Lilian inspira.

- Le souci c'est qu'avec mon frère je me sens tellement fort ! Tu peux imaginer ce que c'est que de détenir une puissance pareille et d'un coup de devoir... te contenter d'une puissance à taille humaine, d'être comme tout le monde !
- Ne t'en déplaise, Lilian, tu es comme tout le monde !

Lilian hocha la tête.

- C'est frustrant.
- C'est comme ça ! On continue ?
- Hm. Ajoute les trois autres, je vais voir si je peux esquiver et contre-attaquer.

Gina acquiesça et sortit Brutalibré, Maracachi et Granbull. Lilian se concentra alors que Bruyverne lui tournait autour.

- Dard Nuée !

Maracachi envoya une masse de dards. Bruyverne allait esquiver mais l'attaque le frappa.

- Oula...
- Le rayon est trop étroit et il est trop grand... Je dois travailler ça !
- ... Brutalibré, Flying Press !!

L'homme-oiseau sauta vers Bruyverne. Le Pokémon eut le réflexe de se protéger avec un Bang Sonique bien trop puissant. Brutalibré recula, légèrement sonné. Gina et Granbull s'étaient bouché les oreilles.

- Ah ouais quand même !
- Quand on en reste aux exercices classiques, ça va, mais dès qu'on change la donne... souffla Lilian.
- Et avec Léon, tu y arrives ?
- J'essaie pas vraiment, on évite de s'entrainer tous les deux, ça me paraît improductif. Disons que c'est difficile d'être mis en difficulté par quelqu'un qui te connait comme personne.

Gina acquiesça.

- Bon, bah t'as plus qu'à te contenter de moi. Eclat Magique !

Granbull lança son attaque de distraction massive. La bouledogue fonça sur Bruyverne. Lilian souffla.

- Vent Violent !

Bruyverne agita les ailes et créa une puissante bourrasque. L'attaque repoussa Granbull. Brutalibré et Maracachi s'accrochèrent à Gina.

- Ok, ok... Tu y vas trop fort. Il faut que tu maîtrises l'agilité de ton Pokémon plutôt que sa force. Sinon tu vas utiliser de l'énergie inutilement à toucher tes adversaires.

Lilian acquiesça.

- Alors que si tu avais esquivé et pris Granbull à revers, avec une simple Lame d'Air, tu t'en sortais.

Lilian hocha la tête. Gina haussa les épaules alors que les deux rappelaient leurs Pokémon.

- Pour le reste, ce sont tes Pokémon et ceux de ton frère, je ne peux plus rien !

Lilian acquiesça. Les deux prirent quelques gorgées d'eau.

- C'est étonnant, quand même.

Gina regarda Lilian, intriguée.

- Quoi donc ?
- Tout ça, ces conseils que tu me donnes pour mon entrainement... Tout... ce potentiel que tu as.
- Ca va pas recommencer...
- J'ai bien compris que tu ne voulais plus en parler, mais... Sérieusement, Gina, il faut que tu aies une vie de ton côté, pas seulement des enfants et... c'est tout !

Gina inspira.

- Tout ce que je veux c'est avoir des enfants et m'en occuper, bon sang, c'est si mal que ça ?
- Non, mais... Tu vaux tellement mieux que ça !

Gina regarda Lilian qui haussa les épaules. La jeune femme hispanique regarda son petit ami et inspira.

- Je dois dîner avec Holly, j'vais être en retard.
- ... ok... On... en reparlera ?
- J'sais pas.

Gina s'éloigna avec son sac. « Pourquoi suis-je aussi incapable de voir en moi ce que lui voit ? »
Lilian serra les dents. « Je crois que j'ai bien gaffé... »

***

- J'y crois pas. D'un côté c'est trop drôle, d'un autre côté, j'ai du mal à y croire !
- Tu es vraiment... Vraiment impossible, cousine !

Holly n'en revenait pas. Son cousin avait absolument tenu à la voir en fin d'après-midi, et celui-ci était venu accompagné de... son petit ami.

- Tu t'es tapé un nombre incalculable de nanas et tu m'invites à prendre un café aujourd'hui pour me dire que tu es homo !
- Bi ! Bi, je suis bi ! Et tu ne me verras jamais défiler sur un char ou me déguiser en gonzesse ou quoi que ce soit d'autre !!

Holly hocha la tête, souriante.

- Ça fait combien de temps ?
- Deux ans...
- Deux... Et tu me faisais encore des remontrances à Noël dernier ?!!
- C'est pas pareil, ça n'a rien à voir...

Le petit ami en question inspira et regarda Holly.

- On s'est rencontrés dans un cours de lecture biblique. J'avais un de ces trucs où on essaie de soigner ton homosexualité après ça, une réunion des alcooliques anonymes, genre, tu vois.

Holly acquiesça.

- Et il est venu avec moi, comme ça, pour voir...
- Sauf que... ça a éveillé quelque chose en moi... et...
- Et depuis on ne s'est plus quittés !

Holly sourit.

- C'est trop mignon ! Oncle Grégoire et Tante Isabelle vont être TELLEMENT ravis !
- Putain, nan, faut pas qu'ils sachent ! Je te dis ça parce que j'avais besoin d'en parler à quelqu'un, et comme je sais qu'il y a des... gays dans ta classe...
- Tu m'étonnes, limite y'avait un quota à remplir... sourit Holly.
- Et toi, quelqu'un dans ta vie ?

Holly regarda son cousin et son partenaire. Elle bomba le torse, toute fière.

- Oui, je sors avec un prêtre ! Et on est pour ainsi dire fiancés !
- Euh, non, vous pouvez pas vous marier, t'es pas vierge... marmonna le cousin.
- Si, parce qu'il va passer pasteur !

Le cousin de Holly et son petit ami se regardèrent.

- Quoi ? Quoi ? Jean, bordel !
- Bah...
- Euh... Si je puis me permettre, ce n'est pas possible... marmonna le petit ami.
- Ah bon ?
- Nan, il a prêté serment devant Dieu, et tout, ça peut pas se défaire comme ça. Il peut grimper dans la hiérarchie certes, mais du coup ça ne change rien au problème, au contraire... Tu es condamnée à ne pas te marier.
- Vous pouvez vivre en concubinage, certes... admit Jean.
- Mais pas vous marier.

Holly grimaça.

- Il m'a menti...
- Il voulait te ménager, je pense...

Holly se rassit dans le fond de sa chaise, mortifiée.

***

- Qu'est-ce que vous en pensez, Inspecteur ?

L'inspecteur Reiner soupira et regarda Jason Mars.

- On va continuer à interroger les élèves, puisque le commissaire l'a directement ordonné, et on va tirer cette affaire au clair.
- Votre avis pour le moment ?

Reiner soupira.

- Ils accusent tous Roland Smirnoff.
- Hm...
- Ce alors que le peu de preuves que nous possédons montrent clairement qu'ils ont été en contact avec lui tout au long de l'année par divers moyens.

Jason acquiesça.

- Il les a informés.
- A sa façon. On sait de réputation que Smirnoff est un individu imprévisible. Quelque chose me dit cependant qu'ils exagèrent.

Jason plissa les yeux. Reiner souffla.

- Ils insistent trop clairement sur ce point. Du coup, interroger la prof maintenant serait une bonne idée. Est-ce qu'on a des nouvelles du gamin qui s'est barré pendant les interpellations ?

Jason secoua la tête. Reiner acquiesça.

- Vu le dossier de ce gosse, je pense de toute façon que ce sera pas vraiment nécessaire de l'interroger... On passe à la prof dans ce cas. Rangez ce dossier.

Jason acquiesça. Il s'empara du dossier « Zuckerman » et le rangea avec les dossiers « Edison », « Hope », « Barker », « Williams » et « Crawford ».

***

Gina et Holly sortirent libres de leurs interrogatoires respectifs. La salle d'attente ne comportait plus que Violette et Santana, trempées, Mike, qui soutenait Steven, qui s'était endormi, épuisé. Ana était à ses côtés et lui tenait la main alors que son bras gauche était invalidé par une écharpe. Robbie attendait en se tenant les mains, l'air inquiet. Andréa avait les cheveux détachés et était bien amochée avec ses multiples estafilades. Quinn semblait avoir beaucoup pleuré et semblait anxieuse. Lucy était scotchée à son téléphone, envoyant SMS sur SMS.

- Tu crois qu'on est sorties de cette merde ? soupira Gina.
- J'en doute... Pour le moment, j'ai surtout l'impression que ça va nous poursuivre toute notre vie... admit Holly.
- Il faut que je retrouve Lilian...

Holly inspira.

- J'ai aucune envie d'aller à cette prison.
- C'est pas une prison, c'est un centre d'incarcération !
- Tu joues sur les mots.
- Holly, MERDE !

La blonde regarda la brune.

- Ce que tu as fait pendant cette bataille... Espèce de grosse conne !!

Holly se mordilla les lèvres.

- Pourquoi t'allais faire ça ? Mais putain... Mais putain tu te rends compte que maintenant je suis redevable envers Christina ?!

Holly baissa la tête et regarda Gina.

- Tu peux parler. J'ai eu peur pour toi aussi !
- Mon risque à moi était calculé. Toi tu aurais pu...
- Calculé ? Gina, merde ! Tu es restée inconsciente au moins dix minutes, j'ai pleuré comme une conne, je t'ai crue morte !!

Gina inspira.

- Vaut mieux pas qu'on parle de ça devant les parents.
- Nan, clairement. Même si je suis contente de ne pas être la gourdasse égoïste que j'étais il y a trois ans.

Gina hocha la tête.

- Et moi je n'ai plus à rougir, je sais que je peux me bouger pour avoir ce que je veux.

Holly souffla.

- On est connes à trouver du positif là-dedans, nan ?
- Je suppose que c'est notre façon à nous de gérer tout ça !

Lorsqu'elles atteignirent l'accueil, elles virent deux choses : Leurs parents, qui arrivaient vers elles.

Mais surtout, à travers la baie vitrée, le père d'Orson, retenu par Clive et Tristan, qui avait empoigné Roland Smirnoff au dehors, prêt à lui casser la gueule.

Alors que leurs parents savouraient le retour des filles prodiges, Gina et Holly se regardèrent. C'était clairement pas encore fini...


***

Holland était raccompagné à ses appartements par Max et Ethel. En silence, évidemment.

- ... J'vous connais pas, j'sais pas qui vous êtes et... je suppose que j'ai pas le droit de poser de questions...

Max Perry et Ethel Wilde restèrent stoïques en marchant.

- Mais... Genre... Vous êtes contents de faire ça pour Roland Smirnoff ?!

Max eut un léger sourire. C'est Ethel qui prit la parole.

- Vous apprendrez, monsieur Tenorman, que dans la vie, on ne fait pas vraiment toujours ce qu'on veut.
- Ah, il vous force la main à vous aussi ?
- Pas exactement. En ce qui me concerne, du moins, je ne sers que mes propres intérêts.
- Qui sont ? Non pas que j'attende une réponse sincère...

Ethel inspira.

- Nous sommes ici uniquement pour les secrets de la Méga-Evolution, rien d'autre.
- ... Ah, vous n'en voulez pas à monsieur Truce pour ceci ou cela ?

Ethel et Max se regardèrent.

- Pas vraiment... marmonna Max.
- Il est de la noblesse mais ça ne fait pas de lui mon ennemi... Sa famille était contre Suzuki, ça suffit à me le rendre plutôt sympathique, au contraire.

Holland s'étonna.

- Euh... Vous êtes en train de me dire que vous n'êtes pas forcément d'accord avec ce qui se passe en ce moment ?
- Vous ne m'avez pas entendu le dire ! affirma Ethel.
- Moi non plus... sourit Max.

Holland ne comprenait plus rien.

***

- Vous courrez un risque. Il est instable. A vrai dire, j'ai du mal à comprendre pourquoi vous lui faites confiance.

Roland observait la fresque des élèves qu'il avait déplacé dans son nouveau logis.

- Je lui fais confiance parce que je lui fais confiance. Parce que lui seul peut réussir.
- M'enfin, excusez-moi, il est intelligent – et je vous ai dit moi-même que ce mec était malin – mais bon sang, qu'est-ce qu'il a de si exceptionnel ?

Roland inspira.

- Ma réponse va vous surprendre, Houston.
- Dites toujours, on n'est pas à ça près...

Jeffrey regarda les vitres fêlées. La table grossièrement nettoyée sur laquelle reposait toujours un plat de pancakes pas terminé. Le calendrier sur le frigo avec le trente mai entouré en rouge.

- Il est comme moi. Il va faire exactement comme j'aurais fait.
- On parle bien de Holland et pas de mon neveu, là ?
- On pourrait parler des deux, en effet. Mais Holland est le pion idéal. Il va gagner l'élection de la même manière que je l'aurai gagnée. Sans pour autant que ce soit moi. Et ça, c'est génial.
- Oui mais enfin, si vous voulez juste ne plus être président, il suffirait de... Je sais pas, ne plus être président ! souffla Jeffrey.

Roland hocha la tête. Il était face à la partie de la fresque consacrée à Francis.

- J'ai plus important à gérer pour le moment que d'être président. Vous avez contacté Wallace ?

Jeffrey se mordilla les lèvres. Roland plissa les yeux.

- Je vous ai donné l'autorisation, que je sache.
- ... J'ai pas osé. Ça me met mal à l'aise. La mort, tout ça.
- Hm. Tuer un homme, c'est cool, affronter le décès d'un Pokémon, quelle horreur. Je vois le genre.
- Vous comprenez pas... Et vous confondez. J'ai tué ce mec...
- Paul Becker.
- Je me FOUS du nom de ce FILS DE PUTE !

Roland se tourna vers Jeffrey qui était ulcéré.

- Vous le rappeler continuellement fait partie des petits plaisirs parallèles à notre marché ! sourit Roland.
- J'ai... compris que vous vous délectiez de la souffrance des autres...
- Ca n'empêche que ce deux poids deux mesures est intrigant...
- Ce serait trop difficile. Je vais attendre qu'il y ait prescription, présenter mes condoléances, et tout, mais... Faire face à sa souffrance de manière frontale ? Non merci !

Roland acquiesça. Jeffrey inspira.

- Je tends à penser qu'en matière de fuite, vous pourriez me donner des leçons, cependant.

Roland sourit.

- C'aurait pu être vous, pour l'élection, vous savez.

Jeffrey sourit.

- Ma sœur aurait été ravie ! Elle qui déteste être dans la lumière...
- Mais avec vous, les chances que mon plan se déroule sans accroc seraient quasi nulles. Vous êtes trop... comme moi, justement.

Jeffrey plissa les yeux, intrigué. Roland retourna à sa fresque, l'air passablement inquiet.

***

Quinn regarda son téléphone. Dix-sept heures. « Le temps de rentrer chez moi, ça va être un peu chaud... »

Quinn soupira. « Qu'est-ce que je raconte... Personne ne m'attend ! »

Elle regarda la cage d'escalier. « Mais où il peut bien être ? Quand bien même il bosserait, sa sœur serait ici... »

Sa décision finale fut de rentrer. « Lucy aura pas intérêt à me vanner sur cette journée ! »

***

Violette et Santana repartirent de la salle d'entrainement de leur côté. En silence. Violette regarda Santana.

- Tout va bien ?
- Hm. C'est étrange. J'me sens plutôt bien dans ma vie en ce moment... Toi et moi on a enfin trouvé le pied sur lequel danser...

Violette hocha vaguement la tête.

- ... bon j'habite toujours dans l'atelier de ma mère, mais... J'sais pas, j'suis inquiète pour Fey, inquiète pour Gribble... inquiète pour Francis aussi... On s'était bien battus ensemble au tournoi, du coup je me sens un peu concernée par ses absences récentes... J'sais pas, pourtant c'est loin de moi, tout ça, mais... ça me préoccupe.

Violette inspira et regarda Santana qui haussa les épaules.

- J'sais pas, ça te paraît pas bizarre ?
- Ils ont leurs problèmes, tu as tes problèmes...

Violette inspira.

- J'ai mes problèmes...
- Ta mère va mieux ?

Violette souffla.

- On va dire que oui... Les médecins disent qu'elle a arrêté de hurler.
- Oh... C'est... un mieux, je suppose...

Violette regarda Santana en souriant. La vietnamienne serra les dents.

- J'ai rien dit, je suis toujours aussi maladroite et insensible !
- Oh, ça va. J'ai l'habitude ! sourit Violette.

Les deux jeunes filles sourirent et se prirent la main.

***

Fey souffla. Ana la regarda.

- Tout va bien ?
- Oui, je... préfère amplement qu'on fasse ça plutôt que la sortie « Vêtements de bébés » prévue à l'origine... Là au moins, j'ai l'impression d'être autre chose qu'un incubateur...

Ana sourit. Elle regarda son téléphone et écarquilla les yeux.

[8 appels manqués
18 messages non lus]

- ... oula...

Elle fit défiler les listes. Tout était de Steven. Ana serra les dents.

- Ca va ? Y'a un souci ?

Ana ferma son téléphone et continua à raccompagner Fey.

- Non, non, tout... va bien...

***

Walter observa son téléphone qui, lui, ne recevait plus beaucoup de messages depuis quelques temps. « C'est la vie, mon petit Walter... »

Aude et Colin n'avaient pu que constater l'étrange solitude dans laquelle leur fils était plongé depuis quelques temps.

***

Clive regardait le plafond. Il regarda la Pokéball de Cizayox. La Méga-Gemme, et la Gemme-Sésame. Il inspira et observa la plume noire sur sa table de nuit.

Fixant de nouveau le plafond, il se demanda ce qui lui avait pris d'aller à ces rendez-vous avec ce mec bizarre.

***

Tino s'était enfermé dans le rangement de ses encyclopédies, non plus par ordre alphabétique mais par thème. Il se maudit de ne pas l'avoir fait avant. Se maudit de s'être laissé emporter dans des histoires vaguement sentimentales.

Tous ses moyens de communication étaient coupés.

***

Christina avait passé l'après-midi à pleurer dans sa chambre. Sur son téléphone, elle fixa les quelques photos qu'elle avait de Tino, caressant l'écran en sanglotant.

***

Benjamin et Lucy sortirent du cinéma.

- Il était pas si mal que ça, ce film ! admit Benjamin.

Lucy hocha la tête, secouée. Benjamin s'étonna.

- Ça va ?
- Hm... J'sais pas, ça m'a émue, cette histoire de Spinda... C'est bête, hein !

Benjamin hocha la tête. Un réflexe idiot lui dicta de serrer Lucy contre lui.

***

Christine and the Queens – Saint Claude

Wallace et Tristan étaient dans le métro, face à face dans un ensemble de quatre sièges. Wallace piteux. Tristan stoïque.

Souffle saccadé
Voilà qui laisse deviner
Que tout se décide cide cide
Tout se décide cide cide


- Désolé pour... ça.
- C'est rien. J'dirais rien à personne... sourit Tristan.

Wallace sourit timidement.

Maquillé comme à la craie
Tout détonne et tout me plait
Les mains sont livides vide vide vide
Les mains sont livides vide vide vide


- J'en ai marre d'être tout faible et nul, comme ça...
- Ça passera.
- T'imagines on m'attaque, là... J'peux rien faire.
- Ca va revenir.

Wallace souffla.

- J'aimerais être aussi certain que toi. Marrant que ce soit toi qui soit plein d'assurance...
- Tu es toujours le même, tu traverses juste une mauvaise passe.

Un seul de tes poignés est tatoué
Défiguré par ta manche
Le lion ne sourit qu'à moitié
A mes solitudes immenses


Wallace sourit.

- J'ai l'impression que tu te répètes.
- C'est toujours pareil, j'vais pas varier, je sais ce que je dis.

Wallace sourit en regardant par la vitre le tunnel qui défilait.

Ton visage ne sera jamais entier
Comme tu regardes au dehors


Puis l'arrêt qui se présentait, celui de Wallace.

J'emporte un portrait dévoré
Douleur, destin : Bord à Bord


- Désolé pour cette après-midi merdique !
- Mais non !
- Mais si. J'ai pas brillé...

Tristan sourit. Wallace commença à se lever.

Here's my station (C'est mon arrêt)

Le jeune homme agrippa l'épaule de Tristan et lui donna une chaleureuse accolade.

- Merci.
- De rien. Rentre bien, bonne soirée.
- Tu m'envoies un message une fois chez toi ? marmonna Wallace, les yeux rives dans ceux de Tristan.

Here's my station
But if you say just one word I'll stay with you... (Mais si tu dis un seul mot, je resterai avec toi)

- Ouais bien sûr ! sourit Tristan en acquiesçant.
- Cool. A... lundi alors.
- Hm.

Here's my station
Here's my station


Tristan regarda Wallace descendre sans se retourner, à la station « Ogoesse Centre »

But if you say just one word I'll stay with you...

Le jeune informaticien s'enfonça dans son siège, un peu paumé.

La belle attitude
Que l'impatience comme certitude,
Collier à trois fils, fils fils
lié à trois fils fils fils


Quinn repartait de chez Francis, quelque peu embêtée. « On pourra pas dire que j'ai pas essayé... »

Tu seras j'espère fidèle
Aux violences qui opèrent
Dès tu respires pires pires
Dès tu respires pires pires


Au même moment, Francis revenait d'une autre rue avec sa sœur dans ses bras, l'air quelque peu exténué. Il remonta dans son immeuble en regardant de tous les côtés comme si quelqu'un en voulait à sa vie.

D'ordinaire cette ville n'offre rien
Qu'une poignée d'odeurs tenaces
Que cette ville est morte
Je sais bien, toi seul garde de l'audace


Rebecca et Mike repartaient du café alors que Rebecca avait chipé des gâteaux.

- Tu es incorrigible...

Rebecca hocha la tête.

- Oui, et toi tu es trop bien pour moi.

Mike ferma les yeux en souriant.

- J'vais prendre le métro.
- ... on était pas censés prendre le bus ensemble ?
- Nan, finalement ça me saoule. A lundi.

Rebecca plissa les yeux, étonnée. Mike partit, quelque peu embêté. « Wallace, j'espère que ton conseil va marcher... »

Il faudrait que tu la portes loin
Alors que d'autres renoncent
Je descends deux enfers plus loin
Pour que l'orage s'annonce...


***

Gina et Holly se retrouvaient dans une gargote d'Ogoesse pour manger un bout.

- Bref je sais plus où j'en suis, Jean et son mec avaient l'air sincères, un prêtre ne peut pas devenir pasteur...
- En même temps un prêtre catholique qui fait un truc de protestant, ça semblait... je sais pas, évident...
- Ca va hein ! Je sais que je suis conne !
- J'ai pas dit ça, t'es juste un peu naïve ! sourit Gina.

Holly soupira.

- Dis-moi que ça s'est mal passé pour toi aussi !
- Lilian ne veut pas que je sois une femme au foyer, il veut que j'aie ma vie de mon côté...

Holly agita la tête.

- Il te porte en haute estime !
- Mouais...
- Bah il ne veut pas que tu sois une potiche, c'est plutôt respectable de sa part !

Gina inspira.

- Et toi, le fait de ne pas pouvoir te marier ne veut pas dire que tu ne peux pas vivre ta vie avec quelqu'un.

Holly soupira.

- On se prend trop la tête...
- Hm, c'est depuis qu'on a traversé l'épreuve Steven et qu'on a approfondi notre lien, on est devenu des femmes compliquées !

Les deux filles se regardèrent et éclatèrent de rire. SMS simultané.

- Han !
- Oh, fait ch...

Holly et Gina se regardèrent.

- Attends, encore un SMS en même temps ?!
- Ouais...
- Dans la journée j'ai eu « On pour vous »... souffla Gina.
- Ah bah moi c'était « J'ai une missi » !
- Et là, c'est...

Les deux filles ouvrirent leur message. Les yeux des deux s'aggrandirent.

- « Détruisez L » ?
- « A Diancite » ?!! Putain, c'est quoi une Diancite ?!! s'étonna Holly.

Gina haussa les épaules. Les deux filles reprirent leur repas en posant leurs téléphones sur la table.

***

Helen allait s'enfiler une nouvelle bouteille de vin blanc lorsque Strassie sortit de sa Pokéball.

- Tu me fais quoi, DeRosette ?

Le Pokémon avait les yeux lumineux. Helen le regarda.

- ... t'as une fonction phares ?! La vache ! J'ai encore des choses à apprendre sur toi !

Le Pokémon se dirigea, comme hypnotisé, vers le mur, où il se cogna, mais il voulait toujours avancer.

- ... C'est quoi ton problème, là ?!! Faut que j'arrête de boire, moi...

***
***
***

Elle priait. C'était le seul moyen, selon elle, et selon ce que les anciens avaient institué dans son esprit minéral, la seule façon de maintenir la stabilité dans le monde. Une œuvre qui se voulait juste et pure.

Lorsque ses deux petites mains anthracite se séparèrent, Diancie ouvrit ses yeux de rubis. Le Pokémon Joyau se releva et observa le cristal géant du Royaume du Roc Volant. Un palais invisible, flottant dans le ciel sans nuages du désert, mais les reflets du soleil rendait invisible à l'œil humain la glorieuse puissance du royal minéral.

Suivie par une cour de Strassie, Diancie était choyée, couverte d'attentions. Le moindre de ses soupirs était une obligeance à satisfaire, et qui était toujours satisfaite sans que rien ne bronche.

Nettoyée par les éclats diamantaires de ses servants Strassie, caressée par les ailettes de pierre, nourrie de sel et d'eau, Diancie ne manquait de rien. Son équilibre jamais affecté lui permettait de se déplacer ainsi que ses suivants sans jamais gêner personne. Son doux regard, sa tiare d'une richesse étincelante, elle était un bijou et l'objet d'une adoration sans faille. Elle arriva à la couveuse, où des morceaux de Charbon combinés à une roche dure et à la Lumargile étaient compressés pour donner des Strassie. Il y avait une chance sur un bon milliard qu'un Diancie naisse de ce phénomène. Mais la mine flottante du Royaume du Roc Volant était un indispensable moyen de renouveler la population de Strassie. En effet les braves créatures étaient parfois lâchées sur terre, et ainsi devenaient des sources externes puisant de l'énergie pour le Royaume du Roc Volant.

Diancie perçut quelque chose, quelque chose d'étrange, d'inhabituel. Elle voyagea à travers tout le royaume, mais ce n'était rien qui figurait en ces lieux. C'était donc au dehors.

Comme une onde mystérieuse. Mais qu'elle avait déjà ressenti en son for intérieur. Comme une sensation de déjà-vu. Cela acheva de l'obséder.

Contre tous les risques et malgré les avertissements voire l'interposition des Strassie, elle ouvrit la porte du Royaume du Roc Volant, prête à voir ce qui l'attendait au dehors. Après tout, ce royaume pouvait bien voler sans elle un moment ! Et puis la curiosité était trop forte. Ou du moins l'obsession. Ou du moins le signal qui réveillait en elle un instinct compulsif...

Lorsqu'elle sortit, les Strassie frémirent de peur et se retirèrent, abandonnant d'instinct la protection de leur idole.

Et pour cause. Diancie évacua le palais flottant qui continua sa route sans elle. La Princesse descendit en ligne droite, dodelinant sur son axe chancelant de pierre.

Elle se retrouva sur le sol du désert, et recommença à percevoir le signal. Elle se dirigea vers lui. Pourquoi était-ce si familier...

Elle les aperçut alors.

Il y avait un homme asiatique en bleu de travail. Une femme en mauve, cheveux courts et lunettes. Et une dame brutale, blonde, avec un balai.

- On rentre quand ? J'ai du ménage à faire... soupira Bibi Fricotine.
- Tu crois mon emploi du temps moins chargé ? Je dois faire ma vérification annuelle du réseau informatique de tous les services. Tu crois que ça m'amuse ? soupira Yoshida Aoto.
- Silence ! souffla Sophia Dawn. Elle est là !

Diancie aperçut les humains. Sophia cessa d'électriser la Gemme-Sésame. Diancie sembla se demander où elle se trouvait. C'était comme si elle avait été droguée.

- Maintenant !

Yoshida appela Métalosse, et Bibi sortit Altaria de sa Pokéball. Diancie sembla supplier ses adversaires du regard.

Les deux Méga-Evolutions se déclenchèrent. Méga-Métalosse surgit de la sphère pourpre. La créature mécanique affichait plus de bras que nécessaire et semblait aussi puissante que cruelle. Méga-Altaria était la candeur même, mais elle dégageait une malsaine alliance de force animale et de féérie cosmique.

Diancie prit peur. Elle se retourna mais son palais n'était plus en vue. En choisissant d'en partir, elle avait choisi d'abandonner son ancienne vie. Si seulement elle n'avait pas entendu la résonnance de la Gemme Sésame...

Elle savait comment retourner chez elle, mais elle doutait que la méthode traditionnelle fonctionne dans de telles conditions.

Méga-Métalosse partit le premier, causant la fuite de Diancie. La créature était cependant trop rapide, et Diancie fut rapidement stoppée dans sa course, il suffit que Méga-Métalosse lui coupe simplement la route.

La fée de cristal recula pour être accueillie par Méga-Altaria. La créature usa de son Chant Canon qui perturba Diancie. Si beau et pourtant si douloureux. De quel droit cet immonde Dragon osait user de la force des fées. C'était insupportable. Diancie se prit d'une vive détestation pour cette monstruosité, cette erreur de la nature. Elle leva les mains et les tendit vers son adversaire. Ce faisant, elle conjura une pluie d'adamantin si puissante que Méga-Altaria s'en trouva laminé. La grêle de rubis rose avait complètement bombardé l'oiseau qui se retrouvait au sol, perdu dans son propre plumage.

- Hmph ! Wick est un charlatan, ses pierreries à deux balles ne valent pas un clou ! grommela la femme de ménage en rappelant son Pokémon.
- Vous maîtrisez aussi bien vos Pokémon que moi l'architecture... soupira Yoshida. Pisto-Poing !

Diancie tenta à nouveau de fuir mais Méga-Métalosse la rattrapa sans peine et l'écrasa de multiples coups de poings. L'on put entendre dans la lande désertique et sablonneuse les cris de détresse de la princesse, mais les Archeomire et Balbuto du coin n'en eurent cure.

Sophia Dawn sourit.

- Bien, on passe à la phase suivante...

Méga-Métalosse s'écarta. Diancie se releva péniblement, rouée de coups jusqu'à la cabosse. Elle regarda vers le ciel, pensant à ses servants qui, en une telle situation, se seraient sacrifiés pour elle. Mais la forteresse de ses premiers jours était bien loin maintenant...

Sophia Dawn s'était approchée de Diancie, son Prismillon Fleuri sur la tête. Le Pokémon se dirigea vers Diancie. Laquelle tendit les mains en signe de défense. Cependant Prismillon se voulait amical.

Diancie s'en étonna. Le Pokémon approcha de la Princesse et lui saisit les mains avec ses pattes avant. Diancie s'étonna plus encore et fixa Prismillon dans les yeux. Ce faisant, le charme des Mains Jointes agit, et Diancie devint inerte et docile. Sophia la regarda.

- Tendre petite fille de pierreries... Te voilà à moi, à présent...

Une simple Pokéball eut raison de Diancie. Sophia s'en empara et regarda avec malice l'objet de sa nouvelle puissance.

- Bien ! Et maintenant, trouvons cette saloperie de Diancite !!