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PokéTruth : Evolve [INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS !] de WebWisdom



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» Auteur : WebWisdom - Voir le profil
» Créé le 25/12/2014 à 10:40
» Dernière mise à jour le 25/12/2014 à 10:50

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Chapitre 2 : Blade of Shadows [Améthyste]
Je suis Améthyste McKenzie, je viens d'avoir 17 ans il y a 4 jours, j'habite à Kuroyume avec ma mère adoptive Eléna et... Je suis amnésique... Ça fait trois ans que je vis en ayant très peu de souvenirs de ma vie antérieure. Mon cerveau à tellement été touché que j'ai même du réapprendre certains gestes, comme manger avec une fourchette. Étrangement, je savais toujours lire et parler.

La première chose dont je me souviens, ce sont des scientifiques qui ont dit quelque chose à propos d'une modification d'ADN, d'Armageddon et autres choses qui me sont à présent vagues... Alors comme par magie, des ombres ont jailli de mes mains, comme vivantes elles se sont rassemblées laissant place à une imposante épée noire. J'ai tranché avec une certaine machine qui a déclenché une alarme et m'a permise de m'enfuir avec un Absol qui était entravé dans une cage de verre. J'ai couru, et je me suis évanouie de fatigue. Quand j'ai repris connaissance, j'étais dans la même pièce, dans le même lit où je suis actuellement, en compagnie d'Eléna.

Je me réveille, et je m'étire. Après avoir étendu mes bras en l'air, je les laisse tomber et je constate Glaive, l'Absol mentionné précédemment, endormi au pied de mon lit. Ce Pokémon-là est différent de ses semblables : il n'a pas une, mais deux cornes sur son crâne ; celle de gauche est moins développée, un peu comme une Méga-Évolution incomplète. Je m'approche de lui de la façon la plus silencieuse possible et je me mets à le caresser. Le quadrupède blanc ouvre les yeux et s'étire à son tour. Il soulève avec sa corne droite une mèche de mes longs cheveux blonds pour s'amuser, et je ris doucement.

Je saisis ma ceinture de Dresseur posée sur ma table de chevet, et je prends les quatre Pokéballs qui y sont attachées pour en faire sortir les créatures qui y demeurent. Apparaissent devant moi Muse, ma Milobellus aux longs cheveux, Lady, ma Mysdibule aux dents rondes, Kara, mon Évoli débordant d'énergie, et Magnolia, ma Roserade aux fleurs multicolores. Je les caresse chacun leurs tours en guise de salutation, puis, accompagnés de Glaive, ils sortent de ma chambre pour descendre manger leur petit déjeuner.

De mon côté, je me dirige vers la salle de bain prendre un bain, puis me brosser les dents, et me coiffer. Cette fois-ci, je veux tenter une coupe un peu fantaisiste. Je prends le friseur caché dans un tiroir, et je boucle mes cheveux de sorte à ce qu'ils forment des couettes. Je m'aperçois que ma nuque est à découvert, et c'est bien la dernière partie de mon corps que j'ai envie de montrer à quelqu'un. Je prends un ruban rouge, l'attache à ma nuque et en fais un nœud. Je m'observe dans le miroir, et je réalise qu'Eléna à raison : mes yeux violets sont si beaux qu'on en oublie presque ma misérable poitrine. C'est ce que l'on appelle du narcissisme ? De l'orgueil ? Trop de mots complexes à mémoriser ! Ça me met hors de moi quand je ne comprends pas.

Je déplace une porte glissante pour pouvoir accéder à la partie du dressing qui m'est réservée. Je vais tenter de mettre une jupe rose avec un pull bleu céleste bordé de laine blanche et des bottes assortie à mon pull pour remplacer mon pyjama jaune. Après tout, si je ne suis pas correctement vêtue, ma mère me le dira. Je descends les marches de l'escalier en colimaçon qui sépare les deux niveaux du bâtiment, et je vois dans la cuisine (qui fait aussi office de salle à manger) mes Pokémon, ainsi que ceux d'Eléna en en train de dévorer ce qu'on leur a servi. On y voit un Démolosse, un Tyranocif, un Dimoret, un Pandarbare, un Sépiatroce, un Ténéfix, un Amphinobi et un Moufflair. Vous l'aurez compris, celle qui est propriétaire de ces Pokémons est spécialiste du type Ténèbres. Mais elle est plus que ça : elle est la Championne d'Arène de Kuroyume.

« Améthyste, demande une voix familière ? Tu peux venir m'aider ? J'arrive pas à fermer la robe. »

Il suffit juste de tourner ma tête à quatre-vingt-dix degrés pour voir ma mère adoptive, Eléna, essayant de remonter la fermeture éclair dorsale de sa majestueuse robe noire. Je remonte le zip pendant que la Championne maintient en l'air ses cheveux châtain foncé. Elle se retourne et me dit avec un immense sourire :

« Merci. Hé bien, tu es bien habillée aujourd'hui, tu fais des progrès ! »

Eléna McKenzie, Championne d'Arène et psychologue à ses heures perdues. Une femme de vingt-quatre ans attentionnée, passionnée par les vêtements de toutes sortes. Elle, qui est ma mère adoptive, ne me parle quasiment jamais de ses parents. Cependant, cela ne l'empêche pas de me ré-apprendre la vie. Elle me fait une rééducation irréprochable, et ne me force jamais à faire quelque chose à contrecœur. Depuis lundi dernier, elle m'a dit qu'il fallait que je m'habille seule. Avec la garde-robe hallucinante qu'elle me fournit, j'ai l'embarras du choix, mais je me sens heureuse quand elle me dit que je m'habille bien. Elle me dit aussi que malgré son statut de mère adoptive, je peux l'appeler par son prénom. Ah oui, dernier détail important : elle est lesbienne. Ce qui veut dire que malgré la beauté de ''l'Impératrice des Ombres'', elle n'accepte aucune demande de rendez-vous, car elle viennent toutes d'hommes. D'ailleurs, j'y pense, je suis une fille...

« Eléna, je demande ?
- Oui Améthyste ?
- En fait... Comme tu aimes les filles, est-ce que tu m'aimes ? »

Elle s'assied à la table, et me fait signe de faire de même.

« Hé bien, dit doucement ma mère, je t'aime en tant que fille adoptive, Améthyste.
- Oui mais je veux dire en amour, avec le mariage et tout.
- Non Am'. Pour la simple est bonne raison que tu es trop jeune. Dans un sens, c'est la loi, mais dans un autre, j'ai envie de vivre avec quelqu'un qui a le même âge que moi, pour partager mon existence au même rythme que la femme de ma vie.
- Et si j'avais le même âge que toi, tu m'aimerais ?
- Ma foi, je ne sais pas...
- Comment ça tu ne sais pas, dis-je surprise ? »

Elle se lève et caresse ma tête.

« Améthyste, rit-elle, l'amour n'est pas quelque chose de rationnel, on n'a pas encore trouvé comment ça marche. Mais le jour où ce sera le cas, je peux te garantir que la fin du monde sera proche. »

Alors que ses yeux bleus me lancent un regard rassurant, je me reste bouche bée quelques secondes. Est-ce que c'est si beau que ça, l'amour ? Si mystérieux ? Mais comme d'habitude, je m'égare dans mes pensées. Au fait, elle a mis une robe aujourd'hui, étrange...

« Tu ouvres l'Arène un dimanche, Eléna ?
- Hé bien, personne n'a voulu prendre de rendez-vous aujourd'hui, et comme j'estime que tu es assez grande pour te débrouiller une journée seule, j'ai du temps libre. Et puis, tant mieux pour les Dresseurs qui veulent un Badge, non ? »

Elle avait raison. Mais qu'allais-je faire de ma journée ? Me documenter sur le net ? Entraîner mes Pokémons ? Ou bien rendre visite à Félix ? Je ne tarde pas à opter pour la troisième possibilité. Je préviens Eléna que je vais faire cela, et elle me souhaite bonne journée. Je rappelle mes monstres dans leurs Pokéballs et je mets ma ceinture avant d'emprunter un long couloir débouchant sur une porte que j'ouvre une fois arrivé au bout. Je regarde derrière moi l'imposant bâtiment aux allures de manoir hanté.

Là où Eléna et moi vivons n'est autre que l'Arène de Kuroyume. Elle ne veut pas habiter loin de son lieu de travail, donc pourquoi ne pas habiter sur son lieu de travail ? Le bâtiment est donc divisé en une partie « arène », et une partie « maison », faites de grandes pièces, pour éviter que ma mère ne succombe à sa claustrophobie. Et puis, qui aurait cru que cette bâtisse sombre puisse abriter la Championne d'Arène et sa fille ? Comme le taux de criminalité de notre ville est le plus élevé de tout Néobios, ça brouille les pistes pour nous retrouver.

Kuroyume, quant à elle, est non seulement la ville la moins sûre, mais aussi la seconde ville la plus peuplée de la région. De grands buildings remplacent des morceaux du ciel par des colonnes de verre ou d'acier. Même si la ville comprend plusieurs routes et rues très larges, on y trouve aussi un nombre incroyable de ruelles, où se cachent les criminels. Et bien évidemment, malgré le danger, je décide quand même d'emprunter plusieurs de ces passages étroits pour me rendre chez Félix. Au tournant d'une ruelle, je sens deux mains attraper mes bras pour m'empêcher de bouger.

« Alors ma petite, demande la voix masculine qui m'avait fait prisonnière ? On se balade seule dans la rue ? »

Je soupire de la bêtise de cet homme. Il n'avait vraiment pas bien choisi sa proie. Je balance ma tête en arrière afin de lui briser le nez et faire en sorte qu'il lâche mes bras. Ensuite, je m'abaisse pour faucher de ma cheville droite ses deux jambes. Enfin, une fois l'individu à terre, j'appuie le talon de ma botte bien fort sur une de ses chevilles de telle sorte à ce que la pression exercée dessus provoque une douleur si forte que l'homme ne peut plus se relever. C'était bientôt devenu une routine. Une fois sur deux, quand je sortais, je devais m'attendre à tomber sur quelqu'un voulant m'agresser. Heureusement, deux pâtés de gratte-ciel plus loin se trouve le commissariat. J'y amène le criminel sur mon dos en continuant d'emprunter les rues étroites, pour éviter de me voir. J'entre par l'arrière du commissariat, les deux policiers gardant l'entrée me reconnaissent. Je leur explique la situation

« Cet homme m'a attrapée par les bras alors que je marchais tranquillement dans la rue. J'ai usé de mon droit de légitime défense pour répliquer et blesser le criminel au visage et à la cheville gauche. »

Alors que je donnais le corps agonisant aux deux agents, l'un d'eux me dit :

« Tu sais Améthyste, même si tu nous ramènes souvent des criminels, et que tu es connue dans toute la ville pour tes arrestations, essaye de nous ramener les gens en meilleur état la prochaine fois. »

Je baisse les yeux de honte. J'avais encore mal maîtrisé ma force... L'autre policier prend alors la parole.

« Lloyd, t'exagères un peu ! Regarde-la comme elle est mal à l'aise ! Ne t'en fais pas Améthyste, tu seras toujours la bienvenue pour nous amener des criminels. »

Ses mots pleins de gentillesse me redonnent instantanément le sourire. Je hoche la tête, joues rouges comme des Baies Tamato. Je repars en direction de mon objectif premier, en passant à nouveau dans les ruelles. Un cri, alors que j'étais à deux pas de la maison de Félix, retentit. C'est celui d'une femme. Je me précipite en direction de l'alerte, et j'aperçois une femme à terre sur le ventre, dans une flaque de sang. Devant elle, un homme me tournant le dos, réclamant le code de la carte de crédit de la pauvre victime. La femme me voit, et réunit ses forces pour demander d'une voix tremblante d'appeler la police. L'homme au couteau se retourne et brandit son arme vers moi.

« Si tu fais le moindre geste brusque, me menace-t-il, elle y passe, et toi avec. »

Je me mets à avancer lentement, l'homme tremble alors, sûrement de peur d'avoir vu quelqu'un désobéir à son ordre.

« T'écoutes pas ce que je te dis ou quoi, hurle-t-il ? Je vais te trancher le bide !
- Dis-moi petite vermine, je lui lance, tu crois vraiment me faire mal avec ça ?
- Quoi ? Et t'es qui, toi, pour pas m'obéir, dit-il encore plus fort ?
- Qui je suis ? Tu ne me connais pas ? »

Je suis maintenant à portée de son couteau. L'apeuré essaye de m'empaler dans un excès de zèle, et malgré la rapidité du coup, je n'ai aucun mal à l'esquiver. Une sorte de fumée noire sort de ma main droite pour former une épée que je pointe en direction du criminel. Il se met à paniquer :

« L-l-la V-V-Valk-kyrie, bégaye-t-il ?
- Tu vois qui je suis finalement, dis-je d'une voix qui m'effraye moi-même. Mais je n'aime pas qu'on prononce mal mon nom. »

J'utilise l'épée pour trancher la main avec laquelle il tenait l'arme blanche. Cependant, même si aucun dégât extérieur ne semble avoir été fait au bras, il souffre si fort qu'il en tombe sur ses genoux. Il essaye désespérément de me fuir, mais je bondis sur un des murs de la ruelle pour m'élever à plus de cinq mètres au-dessus du sol. Je descends alors pour lui asséner un coup qui parcourt toute la colonne vertébrale de ma proie. Il se met à saigner des oreilles, des yeux, du nez et de la bouche avant de s'effondrer, inconscient, sur le sol. Quand je constate les dégâts que j'ai causé, je prends peur. Pourquoi est-ce que quand je combats avec Tranche-nuit, je deviens une vraie machine à tuer ?

« Hé vous, me demande la femme à terre entre deux crachats de sang, vous êtes la Valkyrie, c'est ça ? »

Je me retourne et me rends compte que j'avais complètement oublié la pauvre victime. Je la mets sur le dos, et je fais sortir Muse de sa Pokéball. Elle utilise Soin et une lumière jaillit de la femme rousse qui perdait de plus en plus de sang.

« La blessure a été refermée partiellement, je lui lance d'une voix qui se veut la plus rassurante possible, les secours vont bientôt arriver, vous allez vous en sortir. »

Comme je n'ai pas de téléphone portable, je dois fouiller dans le sac à main de la blessée pour obtenir ce qui me permettra d'appeler les secours. Je crois que je dois contacter le 456... Après avoir donné ma position au téléphone, on me dit que des secours vont arriver. Cependant, je ne peux pas laisser la victime comme cela. J'appuie mes deux mains sur la blessure pour arrêter l'hémorragie. Mais j'avais l'impression de connaître cette femme rousse d'une trentaine d'années.

« Excusez-moi madame, j'ai l'impression de vous avoir déjà vue quelque part.
- Sûrement, peut-être parce que je suis présentatrice au journal télévisé de midi, dit-elle avec un petit sourire ?
- Mais oui ! C'est vous ! Madame... Kate, c'est ça ? »

Kate Swen est une présentatrice TV. Elle me raconte qu'alors qu'elle se rendait au travail, l'homme que j'ai abattu voulait lui prendre son portefeuille. Elle refusait et le criminel perdait patience. Il l'a poignardée et pris l'objet convoité de force. C'est là que je suis arrivée.

« Dites, me demande madame Swen, est-ce que ça vous dirait de passer à la télévision un jour ?
- Moi, je m'exclame ?! A la télévision ?! Je ne sais pas...
- Au cas où vous vous décidez, voici ma carte, crache-t-elle en sortant de son sac un petit bout de carton. »

Je prends le petit rectangle avec ma main maculée de sang pour le ranger dans mon pull. Les secours arrivent enfin et déposent la présentatrice dans un brancard avant de porter ce dernier dans une ambulance. Mon rôle ici est terminé, je me rends finalement devant l'immeuble où habite Félix. Je monte les escaliers pour arriver au onzième étage du bâtiment. Je frappe la porte trois fois, espacées par un intervalle d'une demi-seconde. Un homme aux cheveux blancs m'ouvre, un bouquet de roses à la main. Il est habillé d'un pull noir à coll roulé et d'un jean légèrement décoloré par le temps.

« Elénaaaaaa ma chériiiiiiie, hurle de joie l'homme aux yeux jaunes ! Quoi ? Améthyste ?! C'est vraiment pas gentil de toquer à la porte comme ta mère ! »

Félix Léonomé, célibataire de vingt-trois ans à la vie dure doté d'un cœur tendre quand il voit Eléna. Il n'a d'yeux que pour elle, mais vous avez compris au vu de l'orientation sexuelle de ma mère que ce n'est pas réciproque. Mais après 5 ans d'essai, il n'abandonne toujours pas et espère encore passer une alliance autour de l'annulaire de la Championne. Il adore les Pokémons félidés et canidés, c'est pour ça qu'il ne possède que des Évolitions, et plus précisément un Aquali, un Mentali, un Givrali et un Nymphali. Aussi, il rêve de voyager pour rencontrer Raïkou, Enteï et Suicune. Eléna lui a demandé de m'aider dans ma rééducation, donc c'est une des deux seules personnes en qui je peux avoir une confiance absolue. C'est quelqu'un de paresseux, mais qui paradoxalement ne ménage pas ses efforts pour achever quelque chose qui n'est pas terminé. Comme à chaque fois que je me fais passer pour Eléna devant lui, je ris tellement que j'en tombe par terre :

« Tu te fais toujours avoir, j'explose de rire ! Quel nul !
- Améthyste, dit Félix frustré en jetant le bouquet à sa droite, ce n'est pas parce que tu connais aussi bien que moi les habitudes de ma chérie que tu as le droit-- »

Il ne peut pas finir sa phrase, il remarque mes mains écarlates.

« Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi est-ce que tu as les mains comme ça ? »

Je m'arrête de rire, pour me relever, et lui demander plus sérieusement si je pouvais utiliser son lavabo pour me laver les mains. Alors que je nettoyais mes doigts, je racontais à mon ami ce qu'il s'était passé en chemin.

« Hé bien, soupire-t-il. Tu as de la chance. Vu la popularité de Swen, ça aurait été un choc pour toute la région de l'apprendre morte. Le problème maintenant, c'est ce que tu vas faire de cette carte. Est-ce que tu vas te dévoiler, ou pas ? »

Il a raison : j'ai toujours neutralisé les faiseurs de troubles dans les ruelles, et je ne me suis jamais fait remarquer quand je les amenais aux postes de police, tout ça pour ne pas être reconnue comme une héroïne... Certes, mon sabre des ténèbres est unique et il est utilisé pour une bonne cause, mais je n'ai pas envie qu'on me fasse la conversation à chaque coin de rue. Déjà que je suis pétrifiée quand on me fait un compliment... Mais en même temps, ne serait-il pas l'heure de sortir de ma zone de confort ? Ça fait un an et demi que la Valkyrie existe, il serait temps de me montrer... Je ne sais pas... Félix le sait-il ?

« Si tu veux connaître mon avis, continue-t-il en s'asseyant dans son sofa griffé de toutes parts, je suis à la fois pour et contre. Les gens ont envie de connaître la Valkyrie, mais les criminels te connaîtront à leur tour. Je ne doute pas de tes compétences de combat, mais on pourrait te prendre en filature et te tuer pendant ton sommeil... Ou bien, je suis trop parano. Demande à Eléna, après tout, c'est elle qui est responsable de toi. »

Oui, ma mère saura sûrement trancher entre le bien et le moins bien de cette intervention à la télévision.

« Oulà, s'exclame Félix, j'aime pas quand tu restes muette si longtemps. Tu veux faire une partie de LWT ?
- Ah, euh oui, je réponds extraite de mes pensées... »

League World Tournament ou LWT est un jeu de combat où les meilleurs Champions d'Arène et Maîtres de la Ligue s'affrontent entre eux. A la différence de vos jeux Pokémon, les combats se font en temps réel sur 3 dimensions. Avant de prendre la manette blanche, je libère mes créatures pour qu'elles s'amusent de leur côté avec celles de Félix. A nos habitudes, il choisit Red et moi Cynthia. Nous combattons ensemble contre Goyah et Blue, mais nous perdons alors que la victoire était proche... J'ai trop de mal à faire des ''combos''.

Alors que Félix m'explique sur quelles touches appuyer pour mieux attaquer, un message passe en haut du poste de télévision. En effet, peu importe si l'on regarde le journal télévisé ou si l'on joue à des jeux vidéo, des messages défilent en haut des écrans de sorte à ce que même ceux qui restent cloîtrés chez eux puissent être au courant de l'actualité régionale et nationale. On pouvait y lire cette fois-ci ''Kate Swen agressée dans la rue, sauvée par la Valkyrie''. Mince ! Qu'a-t-elle divulgué sur moi ? Félix s'empresse de mettre la chaîne d'informations où nous voyons un reporter qui posait des questions à la présentatrice allongée dans un lit d'hôpital, qui semblait aller un peu mieux.

« Madame Swen, demande son collègue, vous dites avoir été sauvée par celle que l'on surnomme ici, à Kuroyume, la Valkyrie. Pouvez-vous nous en dire plus à son sujet ?
- Je regrette, rétorque la blessée, mais je ne peux pas vous en dire plus sur elle. La Valkyrie est un mythe dans notre métropole, et dire quoi que ce soit sur elle mettrait en doute son côté mystique. Mais j'en suis sûre, elle existe, et vous pouvez me croire ! »

Je suis soulagée, ma couverture est conservée. Mais dans un sens, elle n'a pas tort : les habitants de la ville me prennent juste pour une punition divine, alors que je ne prétends pas du tout l'être. Je viens juste en aide à ceux qui sont dans le besoin. Mais l'interviewée n'en reste pas là pour autant : elle se tourne vers la caméra pour énoncer un message qui m'est destiné.

« Madame la Valkyrie, je vous remercie infiniment pour ce que vous avez fait pour moi. Si jamais il y a un moyen pour que je vous rende la pareille, n'hésitez pas à me contacter et je verrai ce que je pourrais faire.
- N'empêche, me lance Félix, ils l'interviewent déjà alors que ça fait même pas une heure que tu l'as sauvée.
- En fait, je réponds, j'ai demandé à Muse qu'elle guérisse superficiellement madame Swen.
- Bien joué, tu commences à devenir une super Dresseuse ! Le Conseil 4 te résisterait pas avec tes Pokémons !
- Et toi alors, je demande intriguée ? Toi qui veut toutes les évolitions, tu es à ta limite. Tu vas devoir obtenir des badges si tu veux avoir plus de Pokémons. En plus, les tiens sont tous trop forts !
- Oui, si tu le dis. J'ai commencé à y réfléchir, et j'y réfléchis encore. »

L'écran nous interpelle à nouveau, avec cette fois un avis de recherche pour un Pokémon qui a récemment fait parler de lui récemment.

« Nous vous rappelons que la prime mise à la tête du Zoroark imitant les actes et l'apparence de Didi Chandouidoui est montée à cinq cent millions de PokéDollars. Il est accusé de crime contre la sauvegarde des Pokémons en dévoilant les secrets de notre univers et ainsi brisant les accords entre le nôtre et la Terre. Didi Chandouidoui est toujours recherché, et est doté d'une prime de six milliards trois cents millions de PokéDollars. Si vous possédez des informations sur l'individu ou le Pokémon, veuillez contacter le numéro en bas de votre écran. »

Encore lui... Le projet ''PokéTruth'' a déjà mis en péril la sécurité de nos nations quinze fois. Ce type et son Zoroark sont toujours en train de divulguer les vérités cachées de notre univers, et avec habilité car ils ne se basent que sur les jeux vidéo et le dessin animé (de bien médiocre qualité). Pourquoi font-ils ça ? Ils ne font qu'accélérer la fréquence des batailles entre les deux dimensions.

« Je vais buter ce type, je me jure, il payera !
- Oùlà, soupire l'homme aux cheveux blancs, calmos Améthyste.
- Que je me calme ? Mais on le cherche depuis un an, et on a toujours pas mis la main dessus ! Et pour rendre les choses encore plus dures, de plus en plus de gens supportent ce qu'il fait !
- Je suis au courant, mais t'es-tu déjà demandé pourquoi ? »

Il marque un point, je n'y ai jamais réfléchi posément... Un silence se fait entendre au milieu de mes cris et du bruit du poste de télévision.

« C'est bien ce que je pensais, reprend-il. Si Game Freaks a créé des jeux vidéo sur notre monde, c'était pour conclure un pacte économique entre nos deux mondes, permettant à des régions comme Kanto, ou plus récemment Kalos, de survivre à la crise financière ; du moins, c'est ce qu'on essaye de nous faire croire. Une des clauses du contrat était d'inclure des erreurs dans les jeux pour cacher la vérité, aussi dure soit-elle, pour faire vendre le jeu à des enfants, donc à un public plus étendu.
- Et a-alors, je bégaye ? C'est quoi le rapport ?
- Améthyste, stoppe-moi si je me trompe, mais tu as arrêté des criminels, parce que tu juges ceci bon pour la ville. Seulement, vu comment tu amoches ceux que tu amènes au commissariat, dans certains cas, on aurait pu te prendre pour une tueuse en série. Es-tu une tueuse en série ?
- Non ! Pourquoi j'en serais une ?
- Voilà, tu as compris : tu ne veux pas vivre dans l'erreur. Il en va de même pour ''PokéTruth''. Au début, Didi était vu comme une menace à éliminer, mais plus il a fait de vidéos, plus la population a respecté son travail. Pourquoi ? Parce que, comme toi, Didi veut le bien des autres, il rend justice à notre monde trop mal représenté par des œuvres grossières.
- Didi n'est pas comme moi, je hurle !
- Dans les faits, non, mais dans la volonté, oui. Après, ce n'est que mon avis, et c'est justement pour ça que je suis là avec toi, pour développer le tien. Tu as besoin d'autres personnes qu'Eléna pour bâtir ta personnalité. C'est pour ça qu'elle t'a mis en rela--
- Oui c'est bon, je l'interromps, tu vas pas me refaire ton discours insupportable à ch--
- Tu apprendras un jour, me suspend-il, que couper la parole est très malpoli.
- Mais c'est ce que tu viens de faire !
- Il faut savoir prendre son interlocuteur à son propre jeu.
- Mais t'es un rabat-joie ! »

Nos querelles continuent un court instant avant que le téléphone de Félix ne sonne. Glaive qui s'amusait à courir après l'Aquali de mon ami se tourne alors en direction de l'appareil. L'homme décroche le combiné.

« Allô ? »

Qui est-ce ? Je ne tarde pas à le découvrir en voyant le Dresseur d'Évolis se dandiner dans tous les sens, euphorique.

« Eléna chérie ! Ça va ? La journée c'est bien passée ? »

Quel empoté. Et il est midi, la journée n'est pas encore ''passée''. Mais pourquoi est-ce que ma mère veut contacter Félix lors de sa pause ? Elle dit tout le temps qu'elle veut se détendre et être un peu seule pendants ses breaks. Le ton de Félix redevient, à ma plus grande frayeur, beaucoup plus sérieux et monotone.

« Ah... C'est horrible de sa part... Vraiment ? Tu es sûre qu'elle est prête pour ça ? »

''Elle est prête'' ? Ils parlent de moi ? Ce silence glacial me pétrifie chair et os. Même Glaive vient se blottir contre moi, cherchant un peu de réconfort alors qu'il pressent quelque chose de mal. Après quelques paroles d'Eléna étouffées par le haut-parleur du téléphone et la distance à laquelle je suis de l'appareil, l'homme aux yeux d'ambre reprend la parole.

« Entendu, je vais le faire tout de suite. Porte-toi bien, et arrête de pleurer s'il te plaît... A plus. »

Ma mère pleure !? Ses larmes sont pourtant si rares ! Que se passe-t-il ? Félix, quant à lui, raccroche le combiné et se dirige vers moi, mettant ses mains sur mes épaules. Ses cheveux cachaient ses yeux, mais il se mordait la lèvre, tentant tant bien que mal de sortir quelques mots.

« Améthyste, dit-il la voix nouée... Tu sais que les parents sont un sujet tabou pour Eléna et moi, non ?
- Ça veut dire quoi ''tabou'', je demande inquiète ?
- Ça veut dire qu'on évite d'en parler le plus possible. Eh bien, il est temps que tu en saches un peu plus sur les parents de ta mère. Mais tu dois me promettre de ne pas t'énerver, je vais tout t'expliquer calmement, d'accord ? »

Sa voix hésitante trahissait sa gorge nouée. Mais ça ne fait que renforcer mon angoisse face à ce qu'il a à me raconter. Les parents d'Eléna ? Que lui ont-ils fait ?

« Promis Félix, j'affirme après une déglutition. Mais pourquoi toi aussi tu pleures ? »