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Garou de GalloViking



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» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 15/12/2014 à 00:25
» Dernière mise à jour le 02/03/2015 à 12:39

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Trahison nocturne
Je me réveillai à une heure inconnue, à cause du manque de pendule sur le mur du dortoir. Pourtant, on voyait des clous sur le mur, comme s'il y en avait eu une... Dans tous les cas, j'avais dormi trop, beaucoup trop, mais j'en avais besoin. Rapidement levée, je traversai sans un bruit le dortoir rempli de Garous endormis. Lorsque je passai à côté du Feunard à une queue, celui-ci se retourna dans son lit, puis ne bougea plus. Je savais qu'il comprendrait très bien que je sois debout à cette heure-là, mais je n'avais aucune envie d'être vue. Pourquoi ? Je n'en avais aucune idée, peut-être une habitude de ma vie oubliée.

Comme tous les Garous ici, je n'avais aucun souvenir de ma vie passée, mais contrairement à eux, je n'avais même pas de « fragments » en tête depuis mon réveil. Bill, les rares moments où il avait parlé au laboratoire, avait mentionné être un Pokémon dressé, car il savait qu'il avait eu un dresseur. Volt, quant à lui, avait été un Luxio et s'était réveillé Luxray. Chef savait que son nom était son ancien nom, signe que lui aussi avait été Pokémon dressé dans le passé. Quant à moi, eh bien, le trou noir. Peut-être était-ce pour cela qu'ils m'avaient mise à l'écart pendant notre courte éducation ? Pendant qu'ils apprenaient à se battre, à se comporter en soldats humains, j'avais passé tout mon temps en compagnie d'un scientifique amical, Jonas. Même si je savais que j'allais quitter ce laboratoire peu de temps après, je m'étais lié d'amitié avec lui. Il ne me considérait pas comme son égal, loin de là. Il me considérait toujours comme un Pokémon, surdoué certes, mais comme un simple Pokémon qui avait simplement besoin d'affection. Il avait même insisté pour que, lorsqu'il ne m'apprenait pas à utiliser divers modèles de radio, nous puissions rester ensemble. Le « scientifique en chef », ou peu importe le titre du plus haut gradé, avait accepté. Il avait lui-même avoué que je ne devais pas rester avec les autres, vu que j'étais active la nuit et eux le jour. Aller avec Chef et les autres voulait dire dérégler mon horloge interne, ce qu'il ne voulait pas. Alors, je dormais le jour, et la nuit, je me servais d'une radio et je jouais avec le scientifique, sous le regard attentif d'une caméra de sécurité... Habitude que, même après avoir quitté ce laboratoire, je n'avais pas perdue.

Une fois sortie du dortoir, je ne pus m'empêcher de sourire et voyant quelques gardes, emmitouflés dans une fourrure, fusil en bandoulière et torche à la main, patrouillaient. Mon scientifique m'avait annoncé que les Garous avaient une résistance hors normes au froid, si bien qu'un Garou, même nu, pouvait survivre à des températures avoisinant les -10°C. Je ne savais pas si cela s'appliquait aux types naturellement faibles dans le froid, et je m'en fichais, en réalité. Je ne savais pas si les gardes avaient eu vent de la présence d'un Garou nocturne, et je l'espérais, car je n'avais pas tellement envie d'être fusillée à vue par un garde en manque d'information. Cela dit, ils auraient un mal fou à me voir... Cela me donna une idée.

Un jeune garde plutôt nerveux passa non loin devant moi, continuant sa ronde. La lune ne brillait pas fort, mais cela ne m'empêchait pas d'en capter les rayons. Jetant un coup d'œil furtif à mon épaule, je voyais clairement l'anneau jaune briller. M'approchant pas à pas du soldat qui avançait lentement dans la neige, suivant ses traces, je me plaçai juste derrière lui. Il ne savait toujours pas que j'étais là... Alors, pour pousser la blague jusqu'au bout, je posais ma main sur son épaule. La réaction, ou plutôt le manque de réaction, ne se fit pas attendre. Il s'immobilisa et sembla geler sur place, la terreur prenant le dessus sur sa rationalité. Son souffle devenait rauque, déformé, et son pouls était incroyablement rapide. Alors, je lui demandai tranquillement :

« Excusez-moi, vous avez l'heure ? »

Bien entendu, je savais à peu près quelle heure il était, mais je voulais limiter la casse. Qui sait ce qu'il pourrait raconter à un supérieur à propos de ma petite farce ? Une chose est sûre, ils allaient devoir trouver un nouveau garde pour la nuit... Le souffle du jeune homme revint tout doucement, il se calma, et, enfin, il trouva le courage de se retourner après avoir, d'une main tremblante comme s'il était malade, repoussé la mienne sur son épaule. Il pointa sa torche vers ma figure, et j'eus le réflexe de me cacher les yeux avant d'être aveuglée.

« -Ça va pas la tête ? Dis-je, d'un ton exagéré.
-Oh ! Euh... Ex... Excusez-moi... »

Il baissa sa torche et poussa un soupir de soulagement en voyant mon uniforme. Alors, il sembla reprendre du poil de la bête et continua :

« -Je ne savais pas qu'un Garou se promenait la nuit...
-Oh ? Je pensais que vous étiez au courant. La prochaine fois j'éviterai de vous surprendre.
-Non, c'est de ma... De ma faute. Je devrais être plus attentif. (Il jeta un œil à sa montre.) Il est presque trois heures du matin.
-Quoi, déjà ? J'ai trop dormi aujourd'hui, on dirait. »

Il évita de répondre et redescendit sa manche pour lui recouvrir le poignet, il avait déjà froid au bout de quelques secondes seulement. Voyant qu'il n'était pas tellement envieux de parler plus, je le laissai et repartit dans la direction opposée. La lumière de sa torche resta sur moi encore un moment avant qu'il ne la détourne et ne reprenne sa ronde, ou aille se calmer dans un coin, je ne savais pas. Ma destination : la prison du fort, où se trouvait, d'après les vagues bribes entendues pendant mon sommeil difficile dans le char la veille, un prisonnier. C'était plus de la curiosité qu'autre chose en réalité, je voulais juste voir à quoi ressemblait un soldat Progressiste. Ils m'avaient souvent été décrits comme pire que la peste mais je n'en avais encore jamais vu. Comme je l'avais fais remarquer à Sereina, je n'étais pas aussi dupe que les Garous mâles. Pour être franche, je ne me sentais même pas liée à ceux qui m'avaient « créée ». Je pourrais partir d'ici sans le moindre regret, ou presque. Je ne voulais pas abandonner Sereina. Comme moi, elle devait se sentir bien seule à cause de sa différence. J'avais envie de rester non loin d'elle, sans trop savoir pourquoi. Un peu comme si, disons, elle et moi étions liées d'une façon ou d'une autre. L'amitié semblait être une bonne explication, même si je sentais que ça allait plus loin que ça. Je la considérais comme ma sœur.

Une fois arrivée devant la prison, je manquai de pouffer de rire en voyant que le garde qui devait garder la porte était gentiment endormi sur le côté. Il dormait debout, appuyé contre le mur. Je le fouillai rapidement, et d'une main experte, je pris la clé dans une des poches de sa veste, j'ouvris la porte, et je remis les clés à leur place. Mes grandes oreilles effleurèrent le haut de l'entrée. Pourquoi était-elle aussi petite ? Oubliant déjà l'incident, je me dirigeai vers les quelques cellules au fond... Et je portai la main à ma bouche devant la vision.

Le prisonnier n'était plus que l'ombre d'un être humain. Sur son corps torse nu, je voyais à la perfection un nombre incalculable de blessures, ou plus précisément, de tortures. Des entailles de couteau dans le bras droit appuyé contre son ventre ensanglanté, le coude de son bras gauche tourné dans le mauvais sens, des bleus partout sur son visage enflé, signe qu'il avait été violemment frappé à de nombreuses reprises, des marques de brûlures, très certainement causée par un cigare ou je ne sais quel outil de torture, et quelques-uns de ses doigts étaient brisés. Couvert de sang, l'homme était assis sur un siège tout sauf confortable. La douleur était telle qu'il était incapable de trouver le repos. Je restai là quelques minutes devant lui, incapable de me détacher de cette vision horrible. De temps à autre, l'homme toussait à cause du froid, suivit de quelques grognements de douleur. Lorsque je pus enfin réussir à détourner le regard, bien décidée à faire quelque chose pour lui, je vis avec surprise qu'un homme en tenue Régulière était debout derrière moi. Comment cela était-ce possible ? Je ne l'avais pas entendu arriver ! L'homme fit quelques pas et arriva devant moi, aussi léger qu'une ombre malgré son accoutrement. Alors, il me fixa de ses yeux rouges et dit :

« Merci pour la porte... Je n'aurais pas été capable de faire ça tout seul. »

Incapable de saisir le sens de ces paroles, je le dévisageais tandis qu'il faisait de même. Alors, il continua :

« -Tu es l'un des nouveaux Garous, n'est-ce pas ?
-Bien entendu... Vous devriez le savoir, non ? Tout le monde personnel a assisté à notre arrivée.
-Cela veut-il dire que vous êtes arrivée... Après la rumeur qui courrait sur le fantôme du Fort Aurora ?
-Un fantôme ? Et puis quoi encore ?
-Bah, oubliez ça. J'ai une question importante pour vous. Voir cet homme dans cet état, que cela vous inspire-t-il ?
-Je n'ai rien à perdre à vous dire que j'ai tout de suite un énorme doute sur ce qu'on m'a appris au laboratoire.
-Expliquez-moi. »

Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais cet humain m'inspirait confiance. Il parlait comme mon premier ami, le scientifique qui s'était occupé de moi. Posant doucement ses questions, posant toujours les bonnes, celles auxquelles répondre faisait du bien. Je ne pensais vraiment pas croiser ça chez un simple soldat, mais quelque chose me disait que celui-ci était bien plus que ça. Alors, je lui répondis avec franchise :

« -On m'a toujours... Enfin, si toujours veut dire une semaine, dit que Réguliers égal gentils, et Progressistes égal méchants... Alors, comprenez-moi, quand je vois dans quel état cet homme se trouve, que je remets maintenant tout en doute.
-Vous ne savez pas à quel point vous avez raison, dit-il calmement. Maintenant, je vais vous demander une dernière chose. Si vous pouviez sauver cet homme de la fusillade qui l'attend demain, le feriez-vous ?
-Sans hésiter. Peu importe les conséquences.
-Peu importe les conséquences... Répéta-t-il. »

Il approcha de la prison et utilisa les clés que j'avais remises à la va-vite dans la poche du soldat qui dormait dehors, et ouvrit la cellule. Le prisonnier torturé leva la tête et grogna de douleur à nouveau.

« Tout va bien. »

Alors, l'homme qui avait ouvert la cellule chercha quelque chose dans sa veste, et il me sembla l'espace d'un instant que sa main traversait littéralement le tissu, avant d'en sortir une seringue. Juste avant de la planter dans le corps du blessé, il siffla quelques notes. Peu de temps après, deux hommes vêtus de noir entrèrent dans le bâtiment. Rien à voir avec des soldats classiques. Ils portaient des lunettes de vision nocturne et des vêtements « fins », dans le sens où ils étaient censés limiter le bruit des déplacements, même si à mes oreilles la baisse de volume était dérisoire. Ce qui me marqua surtout, c'était le petit symbole « AP » sur leur poitrine. Armée Progressiste. Ils interrogèrent l'autre du regard, qui leur assura :

« Elle est avec nous. Vous deux, portez le blessé jusqu'au point d'extraction pendant que la morphine fait effet. Toi, me dit-il, tu n'as plus le choix. Tu viens avec moi, on a encore quelque chose à faire ici. »

Alors, voilà ce qu'il voulait dire. Peu importe les conséquences, hein ? La trahison, était-ce une excuse valable ? Pour moi, oui. Je ne me considérais pas comme faisant partie d'un « camp ». J'aurais pu, avec le temps, accepter le fait d'être avec les gentils de l'Armée Régulière et d'aller espionner les méchants de l'Armée Progressiste avec ma petite radio, on aurait gagné la guerre, et tout le monde aurait été content. Les Garous auraient aidé à remporter la victoire, fin. Sauf que voir cet homme torturé avait fait changer les choses. J'étais plus que décidée, cette fois. Hors de question de rester plus longtemps de ce côté de la frontière. Et puis, fusiller ce prisonnier comme si ce n'était qu'un jouet cassé ? L'amitié avec laquelle ce scientifique s'était occupé de moi, mais aussi son petit côté rebelle voulant faire de moi une Garou différente, m'avait marqué. Décidée à fuir avec eux, je suivis l'homme dehors pendant que les deux autres portaient lentement leur homme à l'extérieur, après lui avoir donné quelques vêtements. Alors qu'on marchait, je remarquai que les gardes qui patrouillaient n'étaient plus là.

« -Où sont les autres ?
-Les sentinelles ? On s'en est débarrassé, pourquoi ?
-Mais...
-Avant que tu ne poses une question, ils sont assommés et enfermés dans le hangar. Je ne suis pas un barbare... Même si certains soldats peuvent l'être. »

Lui faisant confiance, je le suivis jusqu'au dortoir... Le dortoir D ? Que voulait-il y faire ?

« -Nous y voilà. J'ai besoin de toi pour quelque chose. J'ai besoin de toi pour Sereina...
-Sereina quoi ? Vous voulez l'emmener elle aussi ?!
-Parfaitement. Elle me connaît, ne t'en fais pas. Je ne peux pas me permettre de rentrer là-dedans. Si un Garou venait à me voir, je serais mort dans la seconde qui suit. Mais toi... Ils te connaissent, et en pleine nuit, ils trouveront ça normal de te voir rôder un peu partout.
-Pourquoi Sereina et pas un autre ?
-C'est long à expliquer, mais tu dois me faire confiance. J'expliquerai tout quand nous serons en sécurité. Si elle refuse... Dis-lui que 21A veut lui parler.
-Je ne sais pas du tout dans quoi je m'engage, mais bon sang, j'espère vraiment que je ne fais pas d'erreur...
-C'est de toute façon trop tard, répondit-il d'un ton calme. Maintenant, va, je t'attends. »

Il me poussa presque vers la porte, et j'hésitai vraiment, maintenant. Pourquoi voulait-il Sereina ? Était-ce ce qu'il voulait depuis le début, et qu'au final il avait accepté mon aide juste pour ce moment bien précis ? Cela m'arrange, en réalité, me dis-je. Je n'allais pas abandonner Sereina seule ici. Alors, je rentrai lentement dans le bâtiment.

À peine entrée, Isadore se réveilla en sursaut. Il balaya la salle des yeux, et même s'il ne voyait pas dans le noir comme moi, il distingua ma silhouette.

« -C'est moi... Lui dis-je.
-Oh, Miyu. Tu m'as fait peur. Pas de problème ? Demanda-t-il bas, pour ne réveiller personne.
-Rien du tout, ne t'en fait pas. Tu peux dormir. »

Il se laissa tomber doucement sur son lit, et tout redevint silencieux. Quand je pus entendre un ronflement presque inaudible de sa part, je me dirigeai vers Sereina, qui dormait à poings fermés. Normal, pour une Mentali. Secouant doucement son épaule, je ne vis aucune réaction de sa part. J'insistais un peu plus, et elle finit par ouvrir les yeux, et grogna silencieusement... On aurait dit qu'elle ronronnait.

« -Sereina, c'est moi, lui dis-je dans le langage Pokémon.
-... Miyu ?...
-Doucement... J'ai besoin de toi, tout de suite.
-Hum... Pour quoi faire ? Un blessé ?
-Oui... Et quelqu'un veut te voir. »

À mon oui, elle essaya de se lever, et je l'aidai, puis elle chercha sa sacoche dans le noir. Je lui tendis, et elle en sortit, à l'aveuglette... Des lunettes de vision nocturne ? Où avait-elle eu ça ? Toujours est-il que ça me facilité grandement la tâche. Même si ce modèle était obsolète comparé à celles des deux espions dehors, elles faisaient leur travail. Elle me suivit sans encombre, à moitié endormie, jusqu'à la sortie. Le Feunard à une queue ne se retourna même pas.

Une fois dehors, je vis que soldat aux yeux rouges était toujours dehors, et quand il vit Sereina, il resta de marbre. En revanche, dès que Sereina vit l'homme, elle se crispa... Avant de faire quelques pas vers lui et de lui donner un coup léger dans l'épaule. L'instant d'après, en l'espace d'un battement de paupières, l'homme avait s'était métamorphosé. J'avais devant moi un Zoroark Garou en tenue Progressiste.

« -Mais qu'est-ce que...
-Pas le temps, commenta le Garou. Au stade, vite, qu'on se tire d'ici ! La relève va pas tarder à remarquer qu'il manque quelques soldats.
-Vous avez intérêt à m'expliquer ce qui se passe ! »

Il ne répondit pas et prit la main de Sereina, qui se laissa étrangement faire, comme si elle connaissait déjà l'homme et lui faisait confiance. Alors, je les suivis jusqu'au stade, et ce que je vis me surpris. Un hélicoptère était posé sur le stade. Un hélicoptère noir d'encre, bien plus fin que les hélicoptères grossiers de l'armée Régulière. Probablement furtif, pour pouvoir se poser comme si de rien n'était dans le quartier général de l'armée ennemie. Il y avait assez de place pour une dizaine de personnes si on ne comptait pas le pilote. Les hommes habillés en noir, après quelques secondes d'hésitation nous firent monter dans l'appareil. Après quelques secondes, le pilote démarra le véhicule. Contrairement à ce que j'attendais, le démarrage fut tout même bruyant... Mais le stade étant assez éloigné de la grande cour de la base, les oreilles humaines ne pouvaient pas l'entendre, tout simplement. Quelques secondes plus tard, le regard de Sereina tomba sur le prisonnier, toujours en très mauvais état, allongé sur le côté. Son sang ne fit qu'un tour. Ignorant tout le monde, elle se dirigea vers lui et commença à fouiller dans son sac, et sortit quelques affaires médicales. De l'alcool, des bandages, etc. L'un des hommes en noir l'observait avec méfiance, mais il la laissa faire. Pendant que Sereina travaillait, je vis qu'elle enleva ses lunettes et ferma les yeux. Elle... Travaillait dans le noir ?

« On peut presque décoller, annonça le pilote. Le démarrage prend du temps pour être aussi silencieux que possible. »

Mauvais timing. Quelque secondes plus tard, une alarme se mit à hurler dans la base. L'intrusion avait été découverte.

« Nom de dieu ! Continua le pilote. Cet engin n'a pas le moindre blindage, si ils nous tirent dessus on est mort ! Allez, démarre, saloperie, démarre ! »

Il donna quelques coup sur le tableau de bord, mais l'hélice prenait toujours son temps pour atteindre une vitesse suffisante. Sereina était toujours concentrée sur le blessé et le palpait, les yeux toujours fermés. De temps en temps, elle grimaçait, et recommençait à soigner. Les trois autres regardait dehors. Ils n'étaient pas armés, personne n'avait d'arme. Pas même le plus petit pistolet. Alors, le Zororark cria :

« Là-bas ! Mouvements ! »

Il pointait l'endroit d'où nous venions. Je vis ce qu'il pointait : les Garous étaient debout et couraient vers nous. Isadore menait la charge, accompagné de Bill, Chef, et Volt. Ils n'étaient pas armés, mais quelques soldats derrière eux, l'étaient.

Quand il put enfin nous voir, Isadore arrêta de courir et l'incompréhension se lisait sur son visage poilu. Son unique queue était inerte, signe qu'il était perdu, ne savait pas quoi penser. Il me regarda moi, puis le Zoroark. Puis moi, à nouveau.

« C'est bon ! Beugla le pilote. On décolle ! »

Le véhicule s'éleva instantanément et les soldats Réguliers pointèrent leurs fusils vers nous, mais Isadore leur cria de ne pas tirer. Ils n'obéirent pas - un Garou était encore plus bas qu'un soldat de seconde classe dans la hiérarchie - et ouvrirent le feu. Malgré le noir et la hauteur, quelques coups traversèrent la carlingue du véhicule comme du beurre, sans causer le moindre mal. Notre véhicule s'éloigna rapidement de la base.

« -C'est loin d'être terminé, commenta le pilote. Ils ont des avions, ces fumiers.
-Le temps qu'ils décollent, nous serons loin, non ? Demanda un des espions, inquiet.
-Je l'espère vraiment... »

Quelques minutes plus tard, Sereina fit signe qu'elle en avait terminé. Le blessé était maintenant couvert de pansements et de bandages, les blessures refermées, et les doigts brisés avaient des petits bouts de bois en guide d'attelles. Sereina soupira longuement, exténuée, avant de montrer à qui voulait le voir que le coude de l'homme était toujours tourné dans le mauvais sens.

« Je m'en occupe, déclara l'un des deux hommes. »

Il aida l'ex-prisonnier à se mettre debout... Et d'un coup sec, frappa le coude pour le mettre dans le bon sens. Après un hurlement qui me déchira presque les tympans, le blessé s'évanouit. La morphine ne devait plus faire effet, ou alors la dose n'avait pas été suffisante. Alors que j'aidais Sereina à s'asseoir et à s'appuyer contre moi, le Zoroark dit :

« -Vous voulez peut-être des explications, toutes les deux, non ?
-Et pas qu'un peu, lui dis-je. Expliquez-moi... Bordel, vous êtes quoi ? Depuis quand il y a un autre Garou en liberté ?!
-Sereina connaît déjà mon histoire... Mais comme elle ne peut pas te le dire, je vais le faire. Je me suis réveillé peu de temps après l'incident du laboratoire qui a eu lieu quelques jours après la renaissance de Sereina. J'étais seul, le laboratoire était vide. J'ai rapidement attrapé une blouse qui traînait là. Quand je suis sorti, j'ai erré un moment, mais je me suis mis à suivre Sereina... De loin d'abord, puis j'ai décidé de faire le... Contact, on va dire.
-Pourquoi ?
-Je cherche quelque chose. Une personne, un Pokémon, un objet, que sais-je ! Du nom de Maya.
-Miyu ? Dis-je, pensant avoir mal entendu.
-Non, Maya. Déjà entendu parler ?
-Jamais, non. Mais... Je m'appelle Miyu.
-Ça y ressemble, mais ce n'est pas ça... Dit-il tristement. »

La Mentali dormait, la tête contre mon épaule. La voir dormir comme ça... J'avais l'impression d'être comme une grande sœur pour elle, même si techniquement, elle était plus vieille que moi d'une semaine environ.

« -Quel rôle joue Sereina là-dedans ? Demandais-je. Et moi ?
-Vous ? Eh bien, disons, aucun. À l'origine nous devions revenir avec le tankiste. Voyez-vous, l'Armée Progressiste possède cinq fois moins d'hommes que l'Armée Régulière. Hors de question d'abandonner un homme. Pour Sereina ? C'est un médecin. Nous avons un besoin cruel de personnel médical. Si nous avions eu assez d'hommes qualifiés, nous aurions été capables de sauver neuf personnes, victimes de la guérilla sur l'usine...
-Je...
-Vous n'y êtes pour rien... Miyu, c'est bien ça ? C'est votre chef, ou plutôt votre ancien chef, le « Sénateur », qui est en cause. Vous n'imaginez pas à quel point le coup qu'il nous a porté est énorme.
-Comment ça ? Demandai-je, intriguée.
-Vous avez détruit une énorme quantité de carburant ! Commenta l'un des deux hommes. Après les soldats, c'est ce qu'il manque le plus aux Progressistes. Nous avons le métal, le bois, la technique les outils ! Nous fabriquons des véhicules qui ont des années d'avance par rapport à ceux de l'autre armée - cet hélicoptère en est une preuve – mais nous avons à peine de quoi faire aller et venir nos véhicules au champ de bataille ! Si nous avions de quoi faire voler nos avions et rouler nos tanks correctement, nous aurions déjà écrasé les Réguliers ! »

Alors, cette guerre était-elle proche de la fin ? Non, je ne pense pas, me dis-je. Le Zoroark continua :

« -J'ai rejoint les Progressistes il y a peu de temps. Notre chef, le leader, est un homme bon qui a été capable de voir que je voulais les aider. Ce que je fais, maintenant.
-Et vous faites quoi, justement ?
-De la génétique. Je travaille sur le virus qui a été utilisé pour créer les Garous.
-C'est... Impressionnant. Comment pouvez-vous faire ça sans aucun souvenir ?
-C'est spécial. Les souvenirs, ou plutôt les informations, viennent parfois d'elles seules. J'ai découvert, à ma plus grande surprise, que j'étais un surdoué en génétique. Alors, je cherche un antidote. Quelque chose qui pourra retransformer un Garou en Pokémon. Voyez-vous, le virus n'a pas disparu du corps des Garous. Pour preuve, il est encore présent dans mon sang. Je vais commencer à étudier ça dès que possible. En utilisant des échantillons du vôtre, et de celui de Sereina, j'espère pouvoir trouver ça rapidement... Sans leurs Garous, les Réguliers abandonneront la guerre, voyez-vous ? Les Garous sont leur dernier espoir. »

Je n'avais pas encore répondu que j'entendis, au loin, des moteurs. Des avions arrivaient rapidement dans notre direction. Trop rapidement.

« -Bon sang ! Fit le pilote. Ils savent où on est, et d'après les infos que le QG m'envoie, ils ont pour ordre de nous descendre, et les deux Garous avec !
-Les gars du QG savent quoi d'autre ? Demanda nerveusement un des Progressistes en noir.
-D'après les conversations qu'ils espionnent en ce moment même, trois biplans armés de roquettes arrivent sur nous.
-Que des roquettes ?
-Que des roquettes ! Quatre par avion. Pour une raison qui m'échappe, ils n'ont pas emporté de munitions pour les mitrailleuses.
-Pour gagner de la vitesse, je suppose, commenta le Zoroark. Même si c'est dérisoire... Ou alors ils ont trop confiance en eux ? »

Le temps passa. Les avions, petits points noirs à l'horizon, devinrent de plus en plus gros et nets avec le temps. Au bout d'un moment, ils furent derrière nous, peut-être un demi-kilomètre. Ils ouvrirent en même temps le feu, et trois roquettes nous manquèrent.

« Ils ajustent leur visée... Commenta froidement le pilote. Avec ma vitesse, je ne peux pas me permettre d'essayer d'éviter ça, ça briserait l'appareil de faire des manœuvres brusques. »

Une deuxième salve fusa, et frôla dangereusement notre véhicule. Pas besoin d'être un génie pour savoir que la prochaine salve serait la bonne. Je ne voulais pas mourir. Pas mourir. Je voulais vivre, me dis-je, serrant instinctivement Sereina encore plus fort contre moi. Elle se réveilla, et quelques secondes plus tard, compris la situation. Elle me fixa de ses grands yeux violets... Je fixai ces gouffres mauves un instant. Au fond, je vis deux choses, au milieu de la peur : l'espoir et la détermination. Mais que pouvaient faire ces sentiments contre trois avions prêts à tirer des roquettes sur notre pauvre hélicoptère ?

J'entendis les roquettes partirent. Six. Quelques secondes plus tard, l'hélicoptère exploserait. J'exploserais. Sereina avec moi. Savoir qu'elle était blottie contre moi me fit soudainement... Plaisir. Je n'allais pas partir seule. Alors que je fermais les yeux, souriante, et heureuse, quelque chose se produisit dans la Sereina que je tenais dans mes bras. Subitement, une puissante force se dégagea d'elle. Cette force ne m'affecta pas, mais je la sentis. Les soldats autour, par contre, poussèrent des cris de douleur quelques instants quand cette onde les traversa. Et puis, une seconde plus tard, j'entendis les roquettes exploser. Dans le vide. Nous avions survécu... Lorsque le pilote fut remis, il hurla de joie :

« Les avions ! Ils n'ont plus d'armes ! Ils se replient ! On a gagné ! »

Le Zoroark, qui ne semblait pas avoir été affecté non plus, fixait Sereina. Elle s'était évanouie. Il vérifia que les autres soldats allaient bien, et déclara :

« -Aucun doute. C'est une onde psychique. Cette petite vient de nous sauver la vie.
-C'est vrai... Répondit l'un des deux. L'orbe sur son front. Il brille.
-Effectivement... Dis-je. »

L'orbe sur le front de Sereina brillait d'un très fort éclat qui me rappela celui du soleil. Pas de doute, elle venait d'utiliser ses pouvoirs pour sauver tout le monde.

« -Elle est fatiguée, dis-je. Elle ne pourra jamais faire ça une seconde fois s'ils reviennent.
-Ils ne reviendront pas, déclara le pilote. Ils n'ont pas beaucoup d'avions, vous savez ? À peine quinze, et seuls trois sont équipés de pylônes pour les roquettes. Le temps qu'ils se posent, se rechargent et reviennent, nous serons chez nous. Si jamais ils osent venir, notre DCA les attendra.
-Connaissant leur pleutre de Sénateur, commenta un des soldats, il refusera de perdre des véhicules. Bon sang... Continua-t-il. Je me sens horriblement mal. »

Sans prévenir, il se pencha par une fenêtre et je l'entendis vomir. Un effet secondaire du pouvoir de Sereina, sans doute ? Par chance, j'étais immunisée, le Zoroark aussi. Le second soldat imita le premier, mais le blessé et pilote résistèrent.

« -Bon tout le monde, je vous annonce qu'on arrivera vers dix heures, annonça le pilote.
-Seulement ? Demandai-je.
-Notre hélicoptère n'est pas le plus rapide du monde, tu sais ? On a sacrifié énormément de choses pour le rendre furtif, et ça se ressent dans les performances. Blindage inexistant, vitesse de démarrage atrocement longue, vitesse en vol médiocre... Et avec autant de monde à bord, ça aide pas. »

Je n'allais pas poser plus de questions. Trop contente d'avoir survécu, je laissais tout le monde faire, au final, la même chose que moi : s'en remettre. Le temps passa rapidement pendant que je regardais le paysage, et, irrémédiablement, le soleil se leva... Lentement, je piquai du nez avant de m'endormir contre Sereina.