Première victoire
Le lendemain matin, Miyu me secoua pour me réveiller. Ma nuit avait été assez longue pour que je sois en forme. Alors qu'elle m'aidait à enlever la neige que j'avais sur moi, car il avait neigé une bonne partie de la nuit, elle me dit :
« -Bon, je vais me reposer. Tu t'occupes du reste ?
-Bien entendu. Explique-moi juste un peu...
-Tu n'as pas grand-chose à faire à part écouter la radio et ton talkie-walkie. La radio est en contact direct avec le Fort Aurora. Tu me réveilles si jamais ils essayent de nous contacter. Pour le talkie, il est en contact avec celui des autres Garous.
-Là aussi, je te réveille si j'ai besoin de leur parler ?
-Non non, pas besoin, me dit-elle. Écouter est suffisant. Essayer de les contacter fera grésiller leurs talkies et les fera plus facilement repérer.
-Ils en sont où là ?
-Ils ont mis du temps à rentrer dans le bâtiment, il est plutôt bien gardé. Là, ils cherchent des endroits où poser les explosifs. Ils veulent trouver le hangar où ils stockent leur carburant et mettre tous les explosifs là.
-On est assez loin pour être protégés, mais je m'inquiète pour eux...
-Ils s'en sortiront. »
Sur ce, elle se roula à son tour en boule dans la neige, poussa un long bâillement, et s'endormit. Pour ma part, j'allais m'asseoir près de la radio qu'elle avait montée la veille, mon talkie-walkie en main. Il grésillait légèrement. En fait, en tendant l'oreille, malgré les parasites, j'arrivai à entendre des sons de déplacement. L'un des mâles avait laissé son appareil allumé pour que nous puissions entendre tout ce qui se passait. Il devait être très près du personnel de l'usine, car de temps à autre, j'entendais des voix qui discutaient en fond, mais les parasites m'empêchaient d'en apprendre plus. Tant qu'ils ne me contactent pas directement, je n'ai aucune raison de m'inquiéter, me dis-je. Peu désireuse de rester là plusieurs heures à rien faire, je m'éloignai un peu du rocher pour pouvoir observer l'usine en question.
Le bâtiment était énorme. La structure se décomposait en trois parties, le tout entouré d'une haute muraille de briques recouverte de fils barbelés, la seule entrée étant une grille très probablement contrôlée par un mécanisme se trouvant dans le petit cabanon blanc rayé de rouge situé devant. Je pouvais voir quelques gardes devant la grille qui ne semblaient pas inquiets. Les Garous avaient donc réussi à rentrer de manière inaperçue. Les trois parties du bâtiment étaient symétriques : un hangar à droite, un bâtiment principal au milieu, et un hangar à gauche. Chaque hangar possédait une entrée assez large pour que trois chars larges comme Marcel puissent passer côte à côte. Il y avait assez d'espace entre la muraille et l'entrée et hangars pour que les véhicules circulent librement. Les quatre saboteurs devaient certainement chercher à accéder à l'un des hangars pour trouver des réservoirs de carburant. Je devins tout à coup anxieuse. S'ils parvenaient à saboter les réservoirs, arriveraient-ils à sortir à temps ? Combien cela ferait-il de morts ? Le principe même d'être ici à attendre au lieu d'être sur le champ de bataille à soigner des blessés me troublait. Je savais qu'Isadore voulait ma protection, mais si pour cela il me privait de ma raison d'être... Avant que je puisse réfléchir plus, j'entendis de l'action via le talkie-walkie. Le rythme avait accéléré, ils couraient, et des cris s'entendaient derrière eux. Inquiète, j'écoutais, et je recommençai à respirer une minute plus tard, quand tout se calma. Alors, une voix se fit entendre. Isadore parlait dans le talkie-walkie.
« -On a failli se faire voir ici. On a réussi à se réfugier dans le hangar ouest, tu ne devineras jamais où. On s'est planqué à l'intérieur d'un char d'assaut.
-L'avantage, continua Volt, c'est qu'on sait où sont les réservoirs. Chef est parti saboter tout ça. Dès qu'il est de retour, on va chercher un moyen de sortir d'ici discrètement...
-Ils savent qu'il y a des intrus, reprit Isadore, mais ils ne savent pas où. Ils vont renforcer la sécurité, ce n'est pas très bon pour nous. Mais on trouvera un moyen de sortir. »
Effectivement. La grille s'ouvrit, et quatre des cinq gardes rentrèrent dans le bâtiment, ne laissant qu'un seul garde devant elle. Je me faisais plus de soucis pour eux, d'un coup. Comment allaient-ils sortir avec la sécurité renforcée ? Ils semblaient bien cachés. Il y avait sans doute un grand nombre de véhicules dans un hangar aussi vaste. Inquiète pour eux, je m'assis finalement dans la neige, impuissante. Oubliant l'usine en face de moi, je gardai mon oreille collée à l'appareil de communication, de manière à savoir ce qu'ils devenaient. Cinq minutes plus tard, Chef était de retour, annonçant fièrement que malgré les soldats à leur recherche dans le hangar, il avait réussi à placer tous les pans d'explosifs en dessous d'un réservoir. Alors, ils continuèrent à discuter pendant environ une dizaine de minutes, cherchant un plan. Sans savoir pourquoi, je levai la tête et je jetai un œil au bâtiment. Le dernier garde n'était plus là. Il devait probablement être rentré avec les autres. Me concentrant à nouveau sur le talkie-walkie, où j'entendais les quatre qui parlaient d'un plan d'évasion depuis maintenant vingt minutes, je finis par entendre Volt se plaindre :
« -Si on ne trouve pas rapidement quoi faire, on va sauter avec le bâtiment. Pas génial comme plan.
-J'ai peut-être une idée, déclara Bill, habituellement silencieux. Qui sait piloter ?
-Tu veux sortir du bâtiment en utilisant le char ? Demanda Isadore avec prudence.
-Je ne vois pas d'autre idée. Qui sait piloter ? Pas moi. »
Ils conclurent rapidement que personne ne savait piloter. Pendant encore un moment, ils commentèrent les commandes en essayant d'attribuer une fonction à chaque mécanisme, mais laissèrent tomber. Je me faisais plus que du souci pour eux, j'avais réellement peur. Il leur restait à peine une vingtaine de minutes avant que la minuterie ne soit terminée, autant dire très peu. C'est alors que Volt dit, légèrement stressé :
« -Y'en a un qui rôde pas loin de nous. Si ils commencent à regarder dans les chars, on est bon pour se battre...
-Nous sommes armés, répondit Chef.
-C'est loin d'être assez, grogna Isadore. Quatre contre une centaine ? Mais... Attendez, j'ai une idée. »
Il lâcha le bouton qui activait son appareil de communication, et je n'entendis plus rien pendant quelques minutes. Après avoir jeté un œil partout autour de moi et à Miyu, qui dormait toujours à poings fermés, je repris mon talkie-walkie. Lorsque le son revint, je constatais que l'intérieur du véhicule était tendu. Je n'entendais pas tout, mais je compris rapidement qu'ils avaient réussi à attraper un soldat et à le rentrer discrètement dans leur véhicule. Ils le menacèrent pendant un moment avant que le soldat, un pistolet sur la tempe et probablement des crocs non loin de la gorge, accepte de faire fonctionner le véhicule. Le boucan du démarrage couvrit tout ce que je pouvais entendre distinctement. J'entendis des coups de feu, et, sans même avoir besoin d'utiliser l'appareil, j'entendis une forte explosion venant de l'usine. Je repris ma respiration en voyant que cette explosion n'était pas celle que j'attendais. L'un des mâles avait trouvé comment utiliser le canon et avait troué le mur autour de l'usine, laissant passer le char. Le prisonnier, craignant pour sa vie, poussa le char à la vitesse maximale. Alors que quelques soldats de l'armée Progressiste enfourchaient des véhicules divers comme des motoneiges, je vis une explosion phénoménale. Je comptais une seconde avant que le son et le souffle ne parvienne à moi et ne me fasse vaciller. Une épaisse fumée noire s'élevait maintenant du hangar.
« C'est quoi ce bordel ?! Cria Miyu, réveillée en sursaut. »
Titubant et se frottant les yeux, elle se dirigea vers moi, et vit ce qui se passait. Lorsque je lui eu expliqué la situation, elle commença à ramasser rapidement son matériel, et je fis de même. Le vacarme du véhicule, même amorti par la neige, se faisait entendre de loin, et était assourdissant de près. Le char couvrait rapidement le demi-kilomètre entre l'usine et nous, et, lorsqu'il fut près de Miyu et moi, il s'arrêta, et Isadore sortit de l'écoutille en poussant un cri de victoire.
« On a réussi, on l'a fait ! »
Il n'était pas le seul à exulter. De l'intérieur du véhicule, j'entendais Volt et Chef qui s'époumonait de la même manière. Isadore sauta du char et m'aida à monter dedans à mon tour. Il ne donna pas le moindre coup de main à Miyu, qui, au final, abandonna la radio trop lourde pour elle. Refusant pour ma part de monter dans le véhicule, je m'assis sur le côté, tenant une des poignées prévue à cet effet. En effet, je laissais ma place « confortable » à Miyu, pour qu'elle puisse dormir. Me retournant, je vis avec effroi qu'un bon nombre de véhicules rapides quittaient l'usine pour nous prendre en chasse. Il ne faudrait pas longtemps avant qu'ils nous rattrapent, alors je tambourinai contre l'écoutille en métal pour les prévenir. Isadore n'eut besoin que d'un coup d'œil pour comprendre et retourner dans le véhicule, qui se mit en marche, vers la forêt. Pour ma part, toujours fermement accrochée sur le côté droit du véhicule, ma sacoche dans une main et la poignée dans l'autre, je regardais les scooters des neiges approcher à un rythme alarmant. Les routes de la forêt étaient sèches et ils auraient du mal à nous suivre, mais ils seraient sur nous bien avant... Isadore, l'avait compris. Je vis la tourelle du véhicule tourner lentement vers l'arrière, et le Feunard Garou empoigna la mitrailleuse légère, avant de faire feu. Le vacarme était assourdissant, chose non arrangée avec mon ouïe fine. Pendant un moment, je fus même tentée de me boucher les oreilles. Le tir de barrage fit son effet. Isadore ne toucha aucun poursuivant, mais ils ralentirent immédiatement pour se mettre hors de danger... Les effectifs de l'Armée Progressiste étaient-ils si réduits que ça, pour qu'ils abandonnent au moindre signe de danger ? Non, il devait y avoir autre chose. Je ne savais pas quoi. Peut-être ne voulaient-ils pas prendre le risque de blesser l'otage que les mâles avaient pris.
Les poursuivants partis, Isadore ordonna à Bill de remettre la tourelle vers l'avant, et se tourna vers moi, et se contenta de sourire. Un sourire forcé, comme s'il essayait de minimiser l'erreur qu'il avait faite en m'amenant ici au lieu de me laisser accompagner les autres sur la ligne de front. Je ne lui rendis pas son sourire. Comment le pourrais-je ? J'étais inutile, ici. En réalité, les quatre mâles auraient très bien pu mener cette mission à bien seuls. Je me contentais de tourner la tête et de regarder devant. Isadore secoua tristement la tête, vexé, et retourna dans le véhicule, me laissant virtuellement seule. Un rapide calcul mental plus tard, je sus que le char serait de retour au Fort Aurora au moins quatre heures plus tard. Quatre longues heures à passer sur ce monstre blindé, à regarder les paysages enneigés. La lumière du soleil filtrait à travers les feuilles de la forêt, ce qui me détendit. Comment les Garous sur le front s'en sortaient-ils ? Notre diversion avait-elle fait son effet ?
Le temps passa lentement, et le moteur du véhicule s'arrêta, sans donner de signes avant-coureurs. Il roula encore quelques dizaines de mètres, ne laissant entendre que le bruit mécanique des chenilles et le crissement de la poudreuse écrasée sous les 60 tonnes du véhicule. Lorsqu'il fut définitivement arrêté, Isadore sorti en premier du véhicule, sauta à terre, et m'aida à faire de même. Il fit plusieurs fois le tour du véhicule, cherchant un défaut quelque part, et ne trouva rien. Les autres occupants sortirent à leur tour. Volt et Chef aidèrent Miyu toujours aussi endormie à descendre, et Bill jeta le prisonnier hors du char, qui s'écrasa dans la neige. Isadore le releva brutalement, et lui aboya :
« -Quoi, maintenant ? Tu vas pas me dire qu'il s'est arrêté comme par magie ?!
-Y'a plus d'essence ! Se justifia le soldat Progressiste.
-Expliques-toi, le menaça Isadore.
-Vous voulez que j'explique quoi ? Y'avait 750 litres dans le réservoir, le véhicule consomme 500 litres au 100 !
-C'est ridicule.
-Ces chars sont censés aller au front, ils ont assez d''essence pour un aller-retour entre la capitale et l'usine, pas pour faire un voyage aussi long en territoire ennemi... »
Isadore secoua la tête, et passa sa main sur l'arme dans la poche de sa veste. Il n'allait pas tuer le prisonnier, même si l'envie l'en démangeait. Alors qu'il allait s'apprêter à reprendre la route en direction du Fort Aurora, dont on devinait vaguement la forme au loin, je sentis les vibrations d'un véhicule. Après quelques minutes de marche à peine, une patrouille Régulière fut en vue. Comment savaient-ils que nous arrivions, je ne savais pas, mais le camion rempli de soldats lourdement armés ralenti et s'arrêta finalement, à une centaine de mètres de nous. L'homme le plus gradé descendit et poussa un soupir en voyant nos uniformes. Isadore se mit au garde-à-vous, imité par Chef et Volt.
« -Repos, fit l'officier. Vous m'expliquez un peu la situation, là ? J'ai peur de ne pas comprendre.
-Mission accomplie, répondit Isadore. On a détruit la moitié de l'usine.
-Le char, c'est pour la déco ? Plaisanta l'officier. On vous a pris pour des envahisseurs suicidaires. On était en route pour vous descendre.
-On a pris la fuite avec, répondit Chef. L'usine était anormalement bien gardée.
-Et lui ? Continua l'homme gradé, désignant du menton l'homme que Bill tenait en place.
-Il était le seul à savoir piloter l'engin, répondit Volt.
-Bon, montez dans le camion et rentre au fort. Bon boulot, le Sénateur va être content. Vous venez de porter un très gros coup aux progressistes. Menottes ! »
Un soldat descendit du véhicule et menotta le prisonnier, avant de le pousser dans le véhicule. Quelques soldats descendirent à leur tour pour nous faire de la place, et se dirigèrent vers le char inerte. L'officier remonta avec nous, et le véhicule se mit en route vers le fort. Le prisonnier, menotté et bien entouré, semblait ne plus s'inquiéter pour son sort. Il savait que l'arrivée au fort serait pour lui la fin, et j'étais désolée pour lui. Mais que pouvais-je faire ? L'Armée Régulière n'avait aucune raison de le laisser en vie. N'importe quel tankiste pourrait piloter le char que nous avions rapporté, et, contrairement à l'ennemi, les soldats ne manquaient pas. De plus, il ne possédait pas d'arme, pas la moindre technologie qui aurait pu être utilisée. Je frissonnais. S'il avait de la chance, il serait juste fusillé demain. Si il n'en avait pas, il serait torturé et interrogé avant, et je pouvais rien y faire. Son regard vide croisa mon regard empli de tristesse, et une faible lueur d'espoir s'alluma dans ces yeux. La seconde d'après, elle avait disparu.
Nous arrivâmes au Fort Aurora aux environs de 14h. Là, l'officier donna quelques ordres, et nous fit signe de descendre de l'arrière du camion. Il ordonna à Isadore et sa troupe de le suivre au dortoir A pour un débriefing. D'autres soldats ramassèrent tout le matériel de la mission et embarquèrent le prisonnier, mais aucun d'entre eux ne prit la peine de me priver de ma sacoche. Après leur avoir remis le talkie-walkie, ils me laissèrent seule avec Miyu, et je l'aidai à marcher jusqu'au dortoir. L'allongeant sur son lit, je me demandais si elle allait pouvoir supporter longtemps d'être privée de ses heures de sommeil de cette façon. Elle bredouilla un « merci » avant de s'endormir instantanément.
Me dirigeant vers la cantine en espérant qu'elle soit encore ouverte à cette heure, je méditais sur ma place dans cette équipe. Isadore, comme Miyu l'avait déjà dit, était trop protecteur. Cela ne me dérangeait pas tellement avant, mais là, c'était difficilement supportable. Il me privait du peu de liberté que j'avais. À ses yeux, il faisait cela pour mon bien, je ne le niais pas. J'étais incapable de lui faire comprendre que je n'aimais pas ça, et le handicap n'y était pour rien. Je n'étais pas capable de dire non, de me rebeller. Je pourrais me rendre bien plus utile au fort, à aider à l'infirmerie par exemple, qu'à attendre que le temps passe, cachée, pendant que d'autres risquaient leur vie. Risquer leur vie pour quoi, je me le demandais. Combien de personnes avaient perdu la vie dans ce hangar ? Je me le demandais. Isadore avait mentionné une centaine. Le bilan devait s'élever à une dizaine de morts. Tout ça pour quoi ? Une diversion ? Et les autres Garous au front, comment s'en sortaient-ils ? Chaque soldat au front y était envoyé pour de bon, ces Garous n'allaient pas faire exception. De la chair à canon un peu plus solide que les autres soldats humains, mais il ne fallait pas se faire d'illusions, les balles et les obus n'y verraient aucune différence. L'espace d'un instant, je me dis que Miyu avait raison, que la meilleure idée serait de fuir loin d'ici, pendant que les autres jouaient à la guerre. Si je disparaissais avec elle dans la forêt de Zvigold, nous serions tout simplement introuvables.
Comme je m'y attendais, vers 15h, la cantine était fermée, probablement pour préparer le repas du soir. Haussant les épaules, je m'assis devant la porte pour grignoter quelques fruits qu'il me restait. Les rares personnes qui montaient la garde me regardèrent avec curiosité, avant de reprendre leur patrouille. Qui allait gagner cette guerre, je me le demandais. La supériorité numérique de « mon » armée, ou la supériorité technologique de l'armée adverse ? Si chaque hangar de l'usine contenait des véhicules avancés comme des hélicoptères, des motoneiges, ou des chars, alors pourquoi ne les utilisaient-ils pas pour mener une grosse offensive et vaincre la résistance ? Pourquoi se contenter d'attaques éclairs avec un ou deux blindés ? Ne trouvant pas de réponse, je terminai cette journée comme beaucoup d'autres avant : course sur le stade pour profiter du soleil, et retour au dortoir pour me coucher en même temps que l'astre, les autres Garous n'étant pas de retour, et Miyu dormant toujours.