Evolution de Kaisu

Chapitre 4 : Chemins sinueux

Le lendemain, après avoir déjeuné, je retournai chercher mon sac. J'avais une épreuve à passer dans moins d'une heure. Peut-être que j'arriverais à glaner quelques informations en étant-là plutôt.

Je sortis de la chambre, suivi par mes Pokémon, et je tombai nez à nez face aux frères Birmongan.

Sans attendre, j'attrapai le plus vieux par le col, Carl je crois, avant de le plaquer contre le mur. Le plus petit poussa une exclamation étouffée. Dans mon élan, je lui envoyai un coup de poing dans la figure.

-Salopards !

-Hé hé, tu as eu peur ? répondit le plus vieux avec un sourire aux lèvres, avant de me donner un coup de genou dans le ventre.

Je le relâchai et pris un peu de distance, avant de me mettre en position d'attaque.

-J'ai failli y passer, pauvre crétin ! m'écriai-je en l'attaquant.

-Pauvre chose ! répliqua-t-il en esquivant un nouveau coup de poing et en contre-attaquant aussitôt en me sautant dessus.

Je me retrouvai plaqué au sol, sur le dos, et mon ennemi assit sur moi. Sans attendre, je tentai de me dégager. Il m'asséna un coup de poing à la tête, puis un second. J'arrivai à attraper un de ses bras, avant de le mordre sans hésitation. Il cria de douleur et tenta de me faire lâcher, ce que je fis rapidement, avant de placer mes avant-bras devant moi pour me protéger de sa prochaine attaque.

Celle-ci ne vint pas, je sentis même un poids s'alléger. J'ouvris les yeux et vis que quelqu'un l'avait soulevé et le retenait. Je me redressai pour en profiter, quand Arkan se plaça devant moi, avec Sky sur son dos. Il poussa un grognement à donner la chair de poule.

-Rappelle ton Pokémon, dit quelqu'un derrière moi.

Je remarquai alors que nous n'étions pas seuls. Deux dresseurs, qui devaient certainement se rendre au self, étaient venus dans le but de nous arrêter avant que ça ne dégénère.

-Arkan, calme-toi.

-NINOS !

-ARKAN !

Mon Pokémon se retourna, je vis dans son regard qu'il ne comptait pas laisser passer ça. J'avoue je n'en avais pas non plus envie, mais la situation actuelle n'était pas en notre faveur.

-Désolé, mais je ne peux pas vous laisser faire ça, dis-je à mes Pokémon en les rappelant dans leurs Pokéballs de force.

La personne qui tenait mon ennemi le relâcha. Ce dernier me jeta un regard noir avant de continuer :

-File ton Pikachu !

-Pour la centième fois, je n'ai pas de Pikachu ! Combien de fois il va falloir que je le répète pour que ça rendre dans ta cervelle ! Criai-je, plus énervé que jamais.

-Menteur, il n'arrête pas de nous harceler !

-Tu crois que je perdrais du temps à envoyer un Pokémon après vous ? J'ai mieux à faire !

-Dis-moi alors pourquoi, depuis que tu l'as « récupéré » il n'a de cesse de nous suivre !

-Mais bordel, puisque je te dis que j'en sais rien ! Je l'ai relâchée le lendemain !

Je serrai mon poing pour m'empêcher de lui en coller un dans la tête. Cette Pikachu était un véritable aimant à problèmes, je commençai à regretter de l'avoir sauvée.

-À cause de lui, certains de nos Pokémons sont morts !

Je le regardai surpris, je ne m'y attendais pas.

-Rattata, il y a presque une semaine, et Papilusion hier soir !

-Que … j'en sais rien moi ! Tu veux que je te rappelle où j'étais hier ?! Heureusement qu'on m'a trouvé, je ne serais plus là !

Il me regarda surpris à son tour, je continuai :

-La prochaine fois que vous faites ça, à moi ou quelqu'un d'autre, je vous tue ! Compris ?!

-Qu …

-C'est quoi cette pagaille ?! cria une voix féminine.

Je regardai derrière Carl, qui s'était retourné. L'infirmière Joëlle se tenait là, les poings sur les hanches. Pour la première fois je vis son visage exprimait de la colère, elle avait le souffle court, preuve qu'elle avait couru. Les dresseurs qui se trouvaient à côté de nous s'éloignèrent, ma colère baissa d'un cran. Elle regarda Carl et moi, tour à tour, avant de nous attraper par le bras et de nous tirer au rez-de-chaussée, dans une salle vide. Je voulus me dégager, mais elle avait une sacré poigne.

Evan le petit frère nous suivit timidement, je remarquai qu'il pleurait. Une fois tous à l'intérieur, l'infirmière referma la porte en la claquant violemment et nous fit face toujours aussi furieuse.

-Un Centre Pokémon est un endroit de repos et de tranquillité. J'exige des explications !

Carl prit la parole :

-La semaine dernière nous nous entraînions mon frère et moi dans la forêt. Nous allions vaincre un Pikachu quand il nous a attaqué !

-Quoi ? Vous alliez …

-Silence ! me dit-elle avant de reporter son regard sur Carl pour l'inviter à continuer.

-On a fait un match Pokémon. Nous avons perdu, donc nous lui avons laissé le Pikachu. Mais le surlendemain, nous sommes retournés dans la forêt comme d'habitude pour nous entraîner. C'est alors que le Pikachu nous a attaqués. Il nous attaquait aussi bien nous que nos Pokémons, un de nos amis n'a pas survécu.

-Vous êtes sûr que c'était le même Pokémon ?

-Il avait une cicatrice sur le bout de sa queue.

-C'est bien elle, pensai-je.

-On a essayé de le vaincre, mais dès qu'on l'attaque le Pikachu s'enfuit. Alors, on a décidé de retrouver son dresseur.

Je me retins de faire la remarque et serrai mes poings.

-Nous avons appris qu'il comptait traverser la forêt. Nous avons attendu avant de le suivre. Nous l'avons rattrapé et il nous a dit que ce n'était pas son Pokémon. Nous avons alors continué notre route en direction d'Argenta. Mais la nuit dernière, le Pikachu nous a à nouveau attaqué et a tué Papilusion qui venait tout juste d'évoluer. Puis il s'est enfui à nouveau.

L'envie de lui en coller une me démangeait comme une piqûre de moustique. Finalement, l'infirmière se retourna vers moi. J'expliquai rapidement une histoire un peu différente, notamment sur la mort de nombreux Pokémons, l'état de la Pikachu. Je lui proposai même d'appeler sa sœur de Jadielle pour confirmer que je l'avais bien relâchée. Par contre, je ne fis pas dans la dentelle, au moment de raconter ma matinée dans la forêt avant que l'on me trouve. Après hésitation, j'avouai que c'est grâce à un Pikachu que l'on m'avait trouvé.

-Je vois, dit l'infirmière à la fin de mon récit. Il faut que quelqu'un, qui saurait se faire obéir, capture ce Pokémon. Sinon, je crois qu'elle continuera à vous poursuivre. Pour le moment, je vous conseille de rester en ville, à l'abri des Pokémons sauvages. Par contre vous deux, si ce que Rei a dit est vrai, vous allez devoir vous expliquer, et pas que devant moi. Même si ce n'était pas volontaire à la base.

Carl soupira et prit son frère dans ses bras pour le consoler. Je regardai l'heure sur mon Pokématos, il était 10h35, l'épreuve débutait à 11h. Je demandai à l'infirmière de sortir, elle me demanda de revenir aussitôt après. Ce que je comptais faire de toute façon, je voulais en finir avec cette histoire.

J'arrivai en courant à l'arène où je me présentai pour passer la phase de test. On m'amena dans une salle souterraine où attendait une dizaine de dresseurs. Parmi eux, je retrouvai Milly et Lyra, j'eus tout juste droit à un bonjour qu'une voix retentit dans les hauts parleurs :

-Bonjour à vous jeunes dresseurs débutants, je suis Elvin. Je serai l'animateur de cette épreuve. Avant de vous expliquer en quoi elle consiste et les règles, je vous rappelle que vous n'êtes autorisés qu'à prendre deux Pokémon au maximum. Pour ceux qui ont plus de deux Pokémon, vous êtes invités à remédier à cela. Des machines dans la salle sont à votre disposition à cet effet. Une fois cela fait, merci de passer dans la salle suivante.

Quelques rares personnes se dirigèrent vers les machines. Je suivis la majorité dans la salle suivante et attendis. La salle était entièrement blanche, et comportait de nombreuses portes toutes grises, j'en comptais vingt. J'écoutai d'une oreille Milly qui racontait un exploit de son Neil.

Cinq petites minutes s'écoulèrent avant que l'on nous annonce la suite :

-Maintenant je demande à tous les candidats de se placer devant une porte. Une par personne !

Pendant que l'on se plaçait, l'animateur continua :

-L'épreuve d'aujourd'hui est le labyrinthe ! La règle est simple, arrivez de l'autre côté en moins d'une heure, autrement dit avant midi. Mais attention, toutes les dix minutes, les murs changeront de place, faites attention à ce moment-là.

-Génial, pensai-je. Comme ça on était sûr de bien galérer pour trouver la sortie.

Je n'avais jamais vu cette épreuve à la télévision. Je regardai principalement les épreuves d'Azuria qui avait le don de me faire rire. Au dépend des challengers bien entendus.

-Vous rencontrerez des Pokémon dans l'arène, ils agiront comme des Pokémons sauvages, continua l'animateur. Ne vous inquiétez pas, ils appartiennent à l'arène d'Argenta et ne feront que vous ralentir. Si vos Pokémon ne sont plus en état de se battre, ils s'arrêteront, vous serez toutefois hors-jeu. Vous pouvez aussi crier « j'abandonne » et l'on vous fera rapidement sortir du labyrinthe. Tant que l'on est dans la série de ce que qui pourrait vous disqualifier, il est aussi interdit de se battre entre dresseurs, de casser volontairement les murs ou le toit du labyrinthe. Et, pour terminer, de tuer les Pokémon que vous verrez.

-Les trucs logiques en gros, conclus-je mentalement.

-L'épreuve commencera dans quelques minutes, je vous donnerai le départ. À ce moment-là et uniquement à ce moment-là, vous pourrez franchir la porte qui vous fait face et libérer vos Pokémon. Ce sera tout pour le moment, à tout de suite.

Quelques chuchotements se firent entendre avant que le silence revienne. La tension était palpable. Je regardai Lyra à ma gauche. Elle tenait fermement une Pokeball et fixait d'un regard intense la porte qui lui faisait face. Si elle avait pu traverser la porte sans l'ouvrir, elle l'aurait déjà fait.

Je reportai mon attention devant moi et réfléchis sur la suite. Aucun de mes Pokémon ne pouvait me donner d'avantage. Le flair de Caninos était inutile si les murs bougeaient, et, d'après Elvin, le labyrinthe avait un « toit » sûrement pour empêcher les Pokémon volant de nous guider. En fait, l'épreuve ne donnait l'avantage à personne. Il fallait juste trouver le plus rapidement possible la sortie. Mes pensées furent stoppées par la voix de l'animateur qui retentit dans la pièce :

-Maintenant cher téléspectateurs, vous allez assister en direct à l'épreuve de qualification d'aujourd'hui. J'ai nommé le Labyrinthe de Pierre ! Ils sont dix, ils ne demandent qu'à affronter le Champion pour leur premier badge. Combien arriveront jusqu'au bout ? Nous allons le savoir tout de suite ! 5…4…3…2…1… Partez !

Sans attendre, j'ouvris la porte face à moi pour découvrir un couloir en pierre, à l'exception du « toit » qui ressemblait à une vitre qui laissait passer l'éclairage extérieur. Je fis appel à Sky pour commencer, il se mit à planer et me suivit. J'avais une heure, pas la peine de courir comme un fou, je trottinai pour économiser mes forces. De temps en temps, j'entendais comme des murmures, je pensais que le plafond nous empêchait d'entendre ce qui se passait à l'extérieur. Je ne pouvais donc pas savoir où en était les autres.

Je tournai à gauche au virage puis à droite au suivant pour tomber sur une impasse. Ça commençait fort dit donc ! Je fis demi-tour pour prendre l'autre chemin. Le labyrinthe n'avait pas beaucoup de lignes droites, je ne cessais de tourner dans tous les sens perdant complètement mes repères. Je fis appel à Arkan.

-On est perdu, utilise ton flair pour nous empêcher de revenir sur nos pas.

-Ni ! s'écria-t-il. Il flaira les alentours un instant avant de s'élancer.

Je le suivis sans me poser plus de question, jetant des coups d'œil en direction du plafond pour essayer de trouver un repère. Ce qui se révéla impossible, je ne voyais que la lumière aveuglante des projecteurs. Après avoir vagabondé encore quelques minutes, Arkan s'arrêta et se retourna vers moi.

-Ca nos ninos cani, commença-t-il en me mimant ce qu'il souhaitait me faire comprendre. Je le regardai un instant, durant lequel mon oiseau en profita pour se poser sur mon épaule.

-… On est déjà passé par là. Là aussi. Tu veux dire qu'on a fait tout le tour ?

-Ni.

Je le regardai un instant avant de comprendre ce qu'il venait de se passer.

-Les malins, ils nous font tourner en rond les premières minutes pour bien nous fatiguer. On doit donc attendre qu'ils bougent les murs pour continuer.

Je regardai mon Pokematos, celui-ci affiché 11h08. Encore deux minutes avant le premier changement. J'attendis patiemment en m'appuyant contre le mur.

-Bip Bip Biiiiippp, retentit une sonnerie, suivie du bruit caractéristique du crissement de la pierre.

Le vacarme s'arrêta en même temps que l'alarme. Sans attendre, je me remis en route. Après quelques virages, Arkan me fit comprendre qu'il avait trouvé une nouvelle route. La même histoire recommença, ou presque. Après un petit détour je rencontrai mon premier ennemi, un Racaillou. Celui-ci n'attendit pas que l'on se remette de notre surprise pour passer à l'attaque. Mon Caninos encaissa l'attaque, avant de contre-attaquer d'une flammèche.

-Arkan c'est inutile, reviens vers moi. Sky, jet de sable !

Les rôles s'inversèrent, le Pokémon roche ennemi voulu charger son nouvel adversaire. Mais sa charge nécessitant de se rapprocher, il se prit de plein fouet l'attaque Jet de Sable. Il manqua d'une bonne vingtaine de centimètres l'oiseau. Le combat aurait pu être à mon avantage, si j'avais eu un Pokémon avec une attaque efficace contre le type roche. Après un instant je permutai à nouveau mes Pokémons. Je ne voulais pas fatiguer Sky. Arkan n'eut aucun mal à vaincre son ennemi qui ratait toutes ses attaques. Mais le combat traînait en longueur, il fallait à tout prix que j'évite les rencontres.

Plus facile à dire qu'à faire, finalement j'optai pour une technique simple, dès que l'on croisait un Racaillou, Sky l'aveuglait et attirait son attention pendant que l'on passait de l'autre côté en douce pour nous enfuir avec Arkan. De temps en temps, on rencontrait quelqu'un d'autre, mais il repartait à l'opposé. Après le second changement dans le labyrinthe, nous eûmes la surprise de voir le couloir descendre sous le niveau où l'on se trouvait. Sans réfléchir plus longtemps, j'empruntai le chemin, cette fois-ci le plafond comportait des néons qui éclairaient un sol en terre.

Ce changement de décor se révéla positif, enfin, en grande partie. Plus de Racaillou, à la place des Sabelette qui prenaient un plaisir malsain à m'envoyer, à moi ainsi qu'à mes Pokémon, des attaques jet de sable. Finalement, je rappelai Arkan, inutile de tous nous rendre aveugle. Sky ne craignait pas ce genre d'attaque, je le laissai libre d'agir comme il le souhaitait. Avec tout le sable qui volait dans tous les sens, je ne voyais plus rien. J'entendis Sky se battre et, apparemment, il malmenait son adversaire. Je le sentis se poser sur mon épaule. J'ouvris un instant les yeux pour les refermer aussitôt. Un nuage marron m'empêchait de voir, je posai ma main gauche contre un mur et entrepris de le suivre. Quelques pas plus tard, ce fut la douche froide.

-Hey ! Stop ! m'écriai-je en me baissant pour éviter le jet d'eau.

Celui-ci s'arrêta, je découvris un Carapuce suivi par une jeune fille que je connaissais.

-Lyra tu ne pouvais pas faire attention !? continuai-je furieux en essayant d'essorer un peu mes vêtements.

-Tu n'avais pas à faire autant de poussière, aussi ! Je ne voyais rien, je ne pouvais pas deviner que tu étais là.

-Tu pourrais au moins t'excuser... continuai-je en cherchant Sky du regard

Il devait être plus loin. Il avait dû voir l'attaque arriver et s'était envolé hors de portée.

-Désolée, répondit-elle sans conviction en se remettant en marche.

Je poussai un soupir désespéré. Rien ne servait de s'énerver, j'avais mieux à faire. Je la suivis, je sentis l'eau glacée descendre le long de mes jambes. Et rapidement un « chomp » accompagnait chacun de mes pas.

-La discrétion, c'est raté maintenant, pensai-je avant d'analyser la situation.

Depuis un moment, on croisait plus de Pokémon, de plus l'animateur Elvin avait dit que le but était de sortir le plus rapidement. Mais si j'avais rencontré d'autres dresseurs cela signifiait qu'il n'y avait qu'une sortie ?

-Tu comptes me suivre longtemps ? demanda la dresseuse qui me devançait en enjambant le corps d'un Sabelette qu'elle venait de mettre KO.

-Au cas où tu n'aurais pas remarqué, on allait dans la même direction.

-Oui, mais tu aurais pu tourner à gauche au dernier embranchement.

-J'ai préféré prendre à droite.

-… Je ne veux pas que tu me suives. Ce n'est pas interdit, mais je compte réussir seule cette épreuve.

-T'inquiète, à la prochaine intersection je prendrai une direction différente.

-Merci.

Au moins, cela permettait à Sky et Arkan de se reposer un peu plus. Le chemin monta à nouveau nous ramenant à l'étage supérieur. Je regardai un instant mon Pokématos, il était 11h29. Quelques secondes plus tard, l'affreuse sonnerie retentit et le sol trembla. On s'arrêta et quand le calme fut revenu nous repartîmes.

Comme prévu nous nous séparâmes au prochain croisement. Ce qui n'arrangeait pas mon affaire, Arkan marchait à côté de moi aux aguets, Sky se reposant dans sa Pokéball.

Cette fois, je comptai sur les hurlements de mon Caninos. Ce qui se révéla être une très mauvaise idée. Son cri résonna dans le labyrinthe, me vrillant les tympans. Je me bouchai instinctivement les oreilles sans oser imaginer la quantité de décibels qu'avait dû recevoir le Racaillou qui fuyait aussi vite que possible.

-Caniiii

Apparemment, c'en était aussi trop pour les oreilles maintenant aplaties de mon ami. Je devais revoir une fois de plus notre stratégie.

-Arkan, désolé, mais je vais avoir encore besoin de ton hurlement. Si on trouve un Pokémon ennemi, on le fuit. Dès qu'on se retrouve bloqué dans un cul-de-sac, tu lanceras ton attaque.

-Nii, me répondit-il, peu convaincu.

-Oui je sais, on va se fatiguer à force de courir partout … Mais il ne nous reste plus qu'une vingtaine de minutes.

Il acquiesça avant de repasser devant moi pour me guider dans le labyrinthe duquel j'espérai à trouver la fin. Nous prîmes plusieurs virages avant de commencer à rencontrer d'autres ennemis. Je dénombrai trois Racaillou qui nous coursaient, je courus aussi vite que mes jambes me le permettaient. Arkan prit un virage à gauche. Je m'apprêtais à le suivre quand il partit en direction inverse.

-Encore un autre ! m'écriai-je en voyant encore une de ses pierres pourvues de bras.

Je me laissai glisser contre le mur avant de suivre Caninos. Franchement … être trempe ne m'aidait pas du tout là, pensai-je en dérapant au virage suivant.

La sonnerie indiquant un changement dans le labyrinthe résonna. Au même moment, je passai un énième virage.

-Caninos !

-La sortie !

Je regardai la porte qui se trouvait face à nous à moins d'une dizaine de mètres. J'accélérai avant de remarquer l'apparition progressive d'un mur entre nous et la porte.

-Courir ? S'arrêter ?

Plus que 8 mètres

-Courir ? S'arrêter ?

6 mètres

-Courir ? S'arrêter ?

4 mètres

Ces deux questions se bousculaient dans ma tête alors que le mur s'abaissait rapidement.

2 mètres

-Arkan stop ! On ne va pas pouvoir passer ! m'écriai-je.

-Cani !

Alors que je freinai à nouveau, je dérapai me retrouvant par terre. Dans mon élan, j'emportai mon Caninos avec moi.

-Nooonnnn !

-Niiiinoooossss !

Je fermai les yeux, me préparant au choc.

Je fus arrêté net, manquant de m'étouffer par le choc. Un clic suivi par le bruit de nombreux impacts me fit rouvrir les yeux. On était passé ! De peu, mais on y était arrivés, je me retournai pour voir une partie de ma veste écrasée par le nouveau mur.

Je poussai un soupir de soulagement en m'appuyant contre la pierre.

-Cani canos nos ni !

Arkan était furieux contre moi. Ce que je comprenais un peu, je lui fis un sourire gêné en guise d'excuse.

-Pardon, ce n'était pas voulu.

-Ni canos ni caninos !

-…

Apparemment ce n'était pas une excuse. Après avoir repris mon souffle, je me relevai en enlevant ma veste. Après plusieurs tentatives pour la dégager, je dus me résoudre à la laisser, je la récupérerais sûrement plus tard. Je me dirigeai vers la porte.

-Manquerait plus que ce soit la porte par laquelle nous sommes entrés.

-Cani ca !

Je poussai la porte pour découvrir une salle différente. Nous avions finalement franchi l'épreuve.

Je la refermai tout en regardant avec curiosité la pièce. C'était une sorte de salle d'attente, de nombreux sièges étaient là. Au fond, se trouvait une grande porte, le plafond était soutenu par de nombreux piliers, chacun pourvu d'une télévision qui retransmettait en direct l'épreuve du jour. Apparemment j'étais le premier arrivé.

-Tenez, me dit une voix féminine me faisant sursauter.

Elle se tenait à côté d'un chariot ou de nombreux objets étaient posés. Elle portait l'uniforme de l'arène, et avait attaché ses cheveux marrons en chignon. Je pris la serviette qu'elle me tendait et commençai à me sécher. Le tissu pris rapidement une teinte marron.

Après qu'elle m'ait donné plusieurs bouteilles d'eau et des bols, j'allais m'asseoir. Je fis sortir Sky avant de verser de l'eau dans les bols. Puis je me désaltérai avec une autre bouteille.

Je jetai un coup d'œil à l'écran électronique qui me faisait face. En bas à droite, se trouvaient deux chronomètres ; un qui décomptait le temps restant de l'épreuve et l'autre avant le prochain changement.

Je remarquai tout de suite que la majorité se trouvait non loin de la sortie. Je reconnus Milly, qui utilisait son Bulbizarre pour vaincre un Racaillou. Je cherchai Lyra.

-Arrivée ! s'exclama une voix dans mon dos suivie par un claquement de la porte.

Je me retournai pour voir la jeune fille. Lyra se figea en me voyant, ouvrant de grands yeux avant de s'exclamer en me pointant du doigt :

-Déjà là ? Je croyais être la première !

Elle sursauta quand la femme lui présenta une serviette et une bouteille d'eau. Je me demandai un instant si elle était toujours aussi « invisible ».

-Je cours plus vite, c'est tout, répondis-je.

-Oh ça, je n'en doute pas. À la vitesse que tu as détalé tout à l'heure, continua-t-elle sans retenir un sourire.

-Quand ça ?

Mon plan B n'était pas, mais alors pas du tout, glorifiant.

-J'arrivais dans un nouveau couloir quand tu as … fui un Racaillou. Je dois avouer que tu en avais un paquet après toi.

-Je n'ai pas les mêmes facilités que toi, répondis-je un peu brusquement en regardant son Carapuce.

-Peut-être mais c'était marrant, ajouta-t-elle, toujours son agaçant sourire aux lèvres.

Je me retournai vers l'écran, décidant de l'ignorer. Peine perdu, elle vint s'asseoir à côté de moi pour regarder les autres participants.

Finalement sept personnes réussir à franchir le labyrinthe, dont Milly qui ne cessait de râler car elle était toute sale et pleine de poussière. Après lui avoir fait remarquer qu'elle avait la chance de ne pas avoir fini trempée, elle se tue pour mon plus grand bonheur. Elles prirent rendez-vous le lendemain pour un match contre le champion. Personnellement, je choisis de revenir plus tard pour fixer la date de mon affrontement. Vu la difficulté que l'on avait face aux Racaillou, je n'osai pas imaginer ce que l'on aurait pu faire dans un match entre dresseurs. On me sermonna tout de même pour la grosse prise de risque que j'avais prise à la fin, même si c'était involontaire. Après m'avoir assommé pendant cinq bonnes minutes, sur les dangers d'un tel comportement. J'arrêtai mon interlocuteur, pour lui dire une fois de plus que ce n'était pas volontaire et que j'avais froid. Cela me permis de mettre fin à la discussion et de m'enfuir.

Après avoir soigné nos Pokémons au centre, l'infirmière m'annonça que j'étais attendu au poste de police pour 13h. J'eus juste le temps de manger et de me laver que c'était presque l'heure.

Je marchai en direction du poste, mes Pokémons rentraient dans leurs Pokéballs quand je réalisai que s'Il était passé par ici, il avait dû laisser un avis de recherche ou un truc du genre. Ce n'était pas bon signe pour moi, je commençai à stresser et me fis le plus discret possible en entrant dans le bâtiment.

Il y avait peu de monde, et toute l'attention était dirigée vers un homme trapu. Il était habillé entièrement en blanc, d'où s'échapper une fine poussière blanche par moment. Un bandana recouvrait son crâne, apparemment dépourvu du moindre cheveu. Un Férosinge se trouvait à côté de lui, il était sur la pointe de ses pattes arrière et tentait de regarder par-dessus le comptoir.

-Monsieur je vous prie de vous calmer, ordonna le policier derrière le comptoir.

-Mais ça fait 5 jours qu'elle a disparu ! Il ne faut pas autant de temps pour traverser le Mont Sélénite !

Je me dirigeai discrètement vers le panneau des avis de recherche, non sans avoir récupéré un ticket avec un numéro de passage, et regardai si je ne trouvais pas mon visage. J'eus la surprise de voir qu'il était bien garni.

-Je sais vous être venu hier. Je vous le répète : Une enquête est en cours.

-Mais…

-Monsieur Durand. Je vous demande de retourner travailler. Dès que j'aurais des nouvelles, je vous en informerai.

-Des dresseurs ont pu atteindre Azuria pourqu …

- Sachez que vous n'êtes pas le seul à être à la recherche de quelqu'un.

La réplique installa un silence dans la salle, uniquement perturbé par l'homme qui commençait à sangloter.

-Ma petite Anna … je n'aurais jamais du …

Son Pokémon tenta de le réconforter et l'amena vers la sortie. Après son départ, le policier poussa un soupir désolé avant d'annoncer :

-Suivant.

Je me retournai vers le panneau, heureusement pour moi, aucune affiche ne me désignait. Ce qui soulevait de nouvelles interrogations. Je me retournai vers le guichet en entendant un « bip » significatif, c'était mon tour.

En me voyant l'homme poussa un nouveau soupir avant de commencer :

-Si vous recherchez quelqu'un je …

-Je suis là pour autre chose. L'infirmière Joëlle m'a dit que je devais être là pour … euh … 13h.

-Ah je vois. Allez dans le bureau numéro 5. C'est vers le milieu du couloir sur la droite.

Je le remerciai, contournai le guichet et avançai dans le couloir. Une fois devant la porte, je frappai deux coups.

-Entrez, me répondit une voix grave.

Je poussai la porte et découvris une pièce aux murs blancs. L'éclairage provenait d'une grande fenêtre, celle-ci faite avec du verre sablé ne permettait pas de voir distinctement l'extérieur.

Au milieu de la pièce se trouvait un grand bureau noir, remplis de paperasse. Derrière lui, se trouvait un homme d'une quarantaine d'année. Ses cheveux étaient grisonnants, il affichait un air fatigué qui était souligné par une barbe de plusieurs jours. Sa chemise était légèrement ouverte et sa cravate reposait défaite sur ses épaules.

Il m'invita à m'asseoir sur une des deux chaises qui lui faisaient face. Je m'assis sans attendre, un peu intrigué par le personnage. Il fouilla un instant dans ses papiers.

-Rei Ozaki, je présume ?

-Oui.

-Bon on va faire vite, j'ai d'autres rendez-vous. J'ai déjà entendu la version des frères Birmongan, racontez-moi votre point de vue par rapport à ce qu'il s'est passé.

Il se mit face à son ordinateur qui émergeait à peine des dossiers et commença à écrire quelque chose. Je racontai une fois de plus les faits, parfois interrompu par une question. Une fois terminé, il m'amena dans une salle ou se trouvait Milly et Lyra. Je ne cachai pas ma surprise avant de réaliser qu'elles étaient aussi des témoins. L'infirmière Joëlle s'était vraiment occupée de tout.

-À votre tour, dit-il aux filles. Monsieur Ozaki, je vous demanderais de patienter ici.

J'acquiesçai, un peu surpris par le « monsieur ». Je les regardai ressortir et m'assis sur une chaise. Rapidement, je vins à espérer que les aiguilles de l'horloge tournent plus vite. J'aurais bien sorti mes Pokémon mais cela était interdit dans le commissariat. À la place, je les regardai à travers la partie supérieure transparente de leur Pokéball.

Bien plus tard, la porte se rouvrit et, aussitôt, je rangeai mes Pokéballs. Un policier que je n'avais jamais vu me dit de retourner en salle 5. Je m'exécutai immédiatement. Plus vite ce serait fini, plus vite je pourrais sortir de cet endroit qui me mettait mal à l'aise.

En rentrant dans le bureau je remarquai que les deux frères étaient aussi présents. Aussitôt ma colère revint, mais j'arrivai à paraître calme. Du moins, c'était ce que je pensais. Je remarquai que les filles n'étaient plus là.

-On va mettre les choses au clair maintenant, dit d'une voix ferme le policier.

Sa voix fut comme une douche froide, calmant aussitôt ma colère remplaçait par un sentiment de crainte, bien que je ne fusse pas fautif.

-Messieurs Birmongan. Vu que vous êtes encore mineurs, la sanction sera allégée. Même si votre acte à la base n'était pas le meurtre, vous en êtes quand même responsable. Sachez qu'un adulte se serait vu obligé de ne plus utiliser ses Pokémons et de rendre ceux qu'il possédait. D'autre part, il aurait fait un séjour entre quatre murs.

J'étais quelque part horrifié, si on me prenait Arkan et Sky, je ne savais pas ce que je deviendrais.

-En ce qui vous concerne, vous n'aurez plus le droit de prétendre être des dresseurs de Pokémon, mais vous pouvez garder vos Pokémon actuels. Vous pourrez prendre le bus pour retourner à Jadielle. Mais attention à la prochaine infraction on ne sera bien plus sévère.

Le plus petit des frères se mit à pleurer.

-En ce qui concerne ce Pikachu, je vais faire passer un avis pour que quelqu'un la capture ou la tue. Cela vous évitera des désagréments supplémentaires.

Il gratta sa barbe naissante au niveau du menton, se retourna vers moi et continua :

-Si jamais vous avez le temps, capturez là, si on laisse cet animal plus longtemps en liberté, cela pourrait poser d'autres problèmes.

J'acquiesçai en notant qu'il ne m'avait pas demandé de la tuer.

-Monsieur Ozaki, vous pouvez sortir maintenant. Soyez sûr qu'ils ne vous causeront plus de problème.

-D'accord.

En refermant la porte, je croisai le regard larmoyant du plus jeune, qui me mit mal à l'aise.

Je sortis du commissariat et rentrai directement au centre Pokémon, un peu nauséeux. Les filles m'attendaient dans le hall, dès que j'entrai, elles me demandèrent qu'elle avait été la sanction. Je leur racontai rapidement, voyant leur visage blanchir peu à peu. La sanction était sévère mais ils l'avaient mérité. C'était un moyen de les empêcher de recommencer.

Après une discussion animée à la fin de laquelle Lyra m'obligea d'accepter un entraînement en commun, un garçon arriva. Juste en voyant la tête de Milly, je compris que j'avais face à moi le fameux Neil Seymour.

Comme tous les nouveaux dresseurs, il devait avoir environs 15 ans. Ses cheveux châtains étaient peignés en arrière, mettant en avant ses yeux bleus et un sourire éclatant. Il portait un pantalon noir et un gilet beige qui laisser apparaître un t-shirt pourpre dessous. Inutile de préciser que ses vêtements devaient coûter cher.

-Neil ! s'exclama la blondinette en se ruant sur son prince.

-Bonsoir Milly, bonsoir Lyra. Je suis heureux de vous voir en si bonne forme. Félicitations pour vos qualifications. répondit-il, toujours aussi souriant en tapotant la tête de Milly comme on aurait félicité un chien.

Déjà ma première impression de lui n'était pas très positive. Il me fixa un instant avant d'afficher un air amusé.

-Ce ne serait-ce pas là, notre super sprinteur ? Vous nous avez offert une arrivée mémorable, bien que peu gratifiante.

C'était définitif, il venait de franchir la ligne « ennemi ».

-Tu es ? le coupai-je lui rappelant d'autre part les règles de civilité.

J'avais peut être vécu dans une maison loin de tout mais je n'étais pas inculte.

-Ho excusez-moi j'ai oublié de me présenter, dit-il avant de se pencher légèrement en avant en guise de salutation. Je suis Neil, je fais partie de la prestigieuse famille Seymour.

-Connais pas.

Ma réplique laissa un gros blanc. Au moins, je lui avais cloué le bec.

-Hein ? Tu rigoles ?! S'exclama Milly les yeux ronds comme un Electrode.

Mon silence répondit à sa question.

-Les Seymours est une famille constitué de nombreux et prestigieux scientifiques. m'expliqua calmement Lyra. Tu connais Léo, le Pokémaniac ?

-J'en ai entendu parler.

-C'est lui qui a inventé le Pokématos, le système de stockage de Pokémon sur PC et de nombreuses autres choses ! C'est un inventaire de génie !

-Et c'est mon cousin, annonça fièrement Neil. Mais je comprendrais que quelqu'un venant de la cambrousse ne connaisse pas.

Il avait le mérite de m'énerver mais j'étais fatigué de cette journée et n'ayant pas envie de commencer une joute verbale, je coupai court la conversation :

-J'ai eu une longue journée et je n'ai pas envie de m'énerver pour rien. Je vous laisse, à demain.

Je me levai et me dirigeai vers le self qui venait tout juste d'ouvrir. Je mangeai rapidement avec mes Pokémon avant de retourner dans ma chambre pour un repos bien mérité.