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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 03/12/2014 à 08:56
» Dernière mise à jour le 26/09/2018 à 23:03

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 15 : Les Jeux du Courage
L'être humain est une curieuse créature. Il recherche toujours son propre intérêt, quoi qu'il fasse. S'il en vient à aider son prochain, c'est en réalité par égoïsme. Il se complet alors à penser qu'il est quelqu'un de bon, et il recherche l'admiration d'autrui, au point d'en devenir arrogant, de se croire meilleur que les autres. C'est ce que j'ai longtemps été sans le reconnaître. En cela, Castel fut bien plus honnête que moi. Lui n'a jamais cherché à nier sa véritable nature.



*****



Leaf se trouvait à nouveau devant une table, avec plein de militaires autour qui étudiaient une carte de la région. Ça faisait la troisième fois en quelque mois d'intervalle qu'elle faisait partie d'un groupe cherchant à fomenter un Coup d'Etat. La première fois, c'était avec Adam et la rébellion de Deornas contre Nirina. La seconde fois, avec Castel et Stormy Sky quand il s'est lancé à l'assaut de Bakan. Et désormais, elle se trouvait avec son propre père et ses alliés pour reprendre Bakan à Castel.

C'était le général Polvan Willis qui menait la marche ici. Les sénateurs Karsio et Kearney apportaient un soutien politique et législatif qui légalisait en quelque sorte l'action du général, mais c'était bien Willis qui commandait. C'était un homme qui avait passé la soixantaine, mais encore solide. Commandant charismatique avec son uniforme blanche et ses épaulettes en or, il attirait sans mal la loyauté de tous ses hommes, et s'il l'ordonnait, ils marcheraient tous avec lui sur Fubrica à l'instant.

Willis avait renommé son armée en Armée de Libération. Son but était ni plus ni moins de chasser de Bakan les envahisseurs de Cinhol, et de faire payer à Castel Haldar son outrage au Sénat. Willis n'avait pas d'autre ambition. Il aurait pu prendre le pouvoir ensuite et s'autoproclamer dirigeant de Bakan avec le soutient de l'armée, mais il n'avait que faire du pouvoir et de la politique. Leaf le connaissait depuis peu, mais elle pensait que c'était un type bien. Leaf devait les débriefer sur ce qui se passait à Fubrica. Il était difficile pour l'Armée de Libération d'avoir des nouvelles de la capitale.

- Hormis le couvre-feu, l'interdiction de quitter la ville et le vol des Pokemon des dresseurs, Castel n'a rien bouleversé, raconta Leaf. Il laisse les habitants à leur vie quotidienne. Les gardes de Cinhol ont remplacé la police, et ils se chargent de temps en temps d'arrêter des opposants un peu trop bruyants ou des dresseurs qui n'ont pas remis leurs Pokemon. Pour eux, c'est le bûcher.

- Le bûcher ? Répéta le sénateur Glen Kearney, écœuré.

- Oui. Notre bon roi a une étrange fascination pour la pyrotechnie. Il a fait cramer pas mal de bâtiments officiels. Le feu d'Hafodes est selon lui le meilleur moyen pour purifier le mal. Quant ça lui pique, il sort en ville pour trouver des gens à condamner au bûcher, quitte à aller chercher loin ce qu'il pourrait leur reprocher. Personne parmi ses proches n'ose rien dire. Par peur, ou parce qu'ils ont eu le cerveau ramolli. Je soupçonne cette femme, Venisi, d'y être pour quelque chose.

- Comment la ville s'en sort-elle malgré ça ? Demanda son père.

- Castel ne se mêle ni de la politique ni de l'économie. La monnaie n'a plus cour à Fubrica. Les armées de Cinhol se chargent de distribuer la nourriture égalitairement.

- Mais à vivre renfermé, il doit bien se douter qu'elle va commencer à manquer très vite, remarqua le sénateur Dusan.

- À ce que je sais, il a monté un circuit de distribution via ses anneaux de transferts. Il peut amener de Cinhol tout ce qu'il veut ici. Ses soldats aussi se baladent de monde en monde, ces derniers temps. Ils se rendent à un endroit donné dans Cinhol pour ensuite réapparaitre chez nous. C'est grâce à cette tactique qu'ils ont pu prendre par surprise plusieurs villes de la périphérie.

- Et les défenses de Fubrica ? Demanda le général Willis.

- Grandes. Trop grandes pour une attaque directe. Castel a cinq mille hommes à l'intérieur de la capitale. Ils ont pris possession de l'armement que vos militaires ont laissé là-bas, et ont vite appris à s'en servir. Quatre des croiseurs de Stormy Sky restent en permanence au dessus de la ville, dont celui de l'Amiral Rashok. Mais l'un d'entre eux est commandée par Syal, sur qui ont pourra compter le moment venu. Ensuite, comme Castel a pris possession des Pokemon de tous les dresseurs de la ville, j'imagine qu'il en a désormais une petite armée.

- Pourquoi des Pokemon qu'il a enlevé lui obéiraient-ils ?

- Parce que Castel menace leurs dresseurs. C'est comme ça qu'il faisait quand il a commencé à conquérir les villages éloignés. Si les Pokemon s'avisaient de ne pas le servir, il tuait leurs dresseurs devant leurs yeux. C'est Shinobourge qui s'occupe du commandement des Pokemon. Comme il est tout aussi taré que son maître, il sait très bien se faire obéir. Et il ne faut pas oublier les Pokemon de Castel lui-même, qui sont surpuissants. Je les ai affrontés en combat, je sais de quoi je parle.

L'air sombre, le général Willis acquiesça. Il prenait bien la mesure de la puissance de son adversaire.

- Autre chose ?

- C'est déjà beaucoup, fit Leaf. Mais oui, je crois que c'est tout.

- À bas la République, marmonna Silver.

- Pardon ? S'étonna le sénateur Kearney, outragé.

- C'est une organisation, précisa le jeune dresseur. Ils bossent pour Castel.

- Ah oui, je les avais oubliés ceux-là, reprit Leaf. À bas la République est un groupe d'anarchistes qui voulaient faire tomber le Sénat. Vous n'en avez jamais entendu parler ? Y'en avait certain à la Haute Académie.

Son père et le sénateur Kearney secouèrent la tête, mais le sénateur Dusan se fit pensif.

- Oui, ce nom m'est venu aux oreilles y'a un certain temps, dit-il. C'est un groupuscule de nationaliste extrémistes qui rejettent toute forme de gouvernement. Ils sont peu nombreux, mais se sont fait connaître par leurs actions coup de poings. On pense qu'ils avaient une taupe au Sénat, qui faisait en sorte qu'ils n'étaient jamais poursuivis.

- Ouais, ben ces gars là, c'était à l'origine des petits merdeux qui jouaient les bad-boys, pour la plupart, poursuivit Leaf. Ils avaient entendu parler de Castel dans les légendes de Cinhol, et bien entendu, ils le considéraient comme une espèce de visionnaire, vu qu'il voulait faire tomber la République en son temps. Et bien sûr, dès que Castel II a pointé le bout de son nez ici en dévastant le Sénat, À bas la République s'est tout de suite rangée de son coté, le prenant pour une espèce de messie. Aujourd'hui, ils sont assez nombreux. Ils ont des milices qui jouent les gros bras pour Castel, notamment en dénonçant les contestataires. Comme l'a dit le sénateur Dusan, ils ont un chef secret assez haut placé qui les financerait. Un politique corrompu qui se servait d'eux pour ses propres intérêts, sans doute.

- Ce ne serait pas le Premier Ministre Tibaltin, par hasard ? Demanda Iridien. Tu avais bien dit qu'il servait Nirina Haldar.

- Nirina ne voulait pas faire s'effondrer la République, elle voulait la diriger, rétorqua Leaf. Elle a toujours préféré notre monde à Cinhol.

- Ce n'est plus trop important, maintenant, dit le général Willis. S'il était au Sénat, cet homme est sans doute mort avec tous les autres. Il faut nous concentrer sur la reconquête de Fubrica, au plus vite, avant que ce fou ne décime la ville avec ces jeux monstrueux.

Tous se murèrent dans un silence sombre. Leaf était au courant du projet de jeux de Castel avant de le quitter, mais elle n'aurait jamais imaginé un truc aussi tordu. Déjà, son annonce concernant le gagnant des jeux qui aurait alors l'immunité absolue avait bien entendu attiré pas mal de participants. En cette période de peur et d'incertitude, avoir la garantie d'être intouchable était séduisante, si toutefois on croyait aux promesses de Castel. Mais Leaf avait l'impression qu'il ne mentait pas, sur ce coup là. Il avait bien l'intention de tenir parole et de faire du premier gagnant des Jeux du Courage un homme intouchable, que ce soit par lui ou par les citoyens ordinaires. Mais Leaf connaissait Castel. Il ne faisait jamais rien sans rien. Ce truc d'immunité cachait un plan tordu, elle en était sûre.

Le souci, c'était que même si Castel tenait sa promesse, gagner lors de ces jeux paraissait pour le moment impossible. Castel faisait en sorte que les participants tombent sur des Pokemon relativement puissants et dangereux, style Galeking. Un humain normal sans Pokemon pour se défendre ne pouvait rien face à ça. Même contre un Pokemon plus faible, d'ailleurs. Ils auraient toujours des pouvoirs que les humains ignoraient.

Castel avait donné l'autorisation de venir avec n'importe quelle arme. Mais le roi devait choisir les Pokemon en fonction de l'arme que le concurrent amenait. La plupart s'étaient procurés une arme à feu, mais quand les balles ne rebondissaient pas sur une quelconque carapace ou attaque Bouclier, le Pokemon les esquivait ou les bloquait avec une de ses attaques. Un des participants, plus intelligent, s'était pointé avec une Master Ball. Elle avait dû lui couter la peau des fesses, et au final, il n'a pas réussi à capturer le Pokemon en face de lui, car il appartenait toujours à un dresseur.

En outre, si les participants avaient pensé que les combats pouvaient être stoppés quand ils le désiraient, ils en furent pour leur frais. Castel ne l'avait pas précisé, mais les combats étaient jusqu'à la mort, bien sûr. Une fois dans l'arène, la personne avait deux moyens seulement d'en sortir : en vainquant le Pokemon, ou sous forme de cadavre. Après une dizaine d'échecs consécutifs, et donc une dizaine de morts, l'enthousiasme pour ces jeux avaient quelque peu diminué.

Mais il y avait toujours quelque malades ou désespérés pour essayer. Et quand il n'y en avait plus, Leaf était certaine que Castel se débrouillait pour en obliger d'autre à entrer dans l'arène, comme les prisonniers qu'il avait fait parmi ceux qui avaient osé se plaindre du nouveau régime. En outre, Castel ordonnait à ce que tous les habitants de Fubrica se rendent dans les gradins de l'arène regarder le spectacle. Il passait également ça en boucle à la télé, sur tous les canaux, pour que toute la région voit avec horreur ce qui se passait dans sa capitale.

Le général Willis laissait toujours la télé allumée dans sa salle de commandement, comme maintenant. Il voulait en savoir le plus possible sur ce qui se passait à Fubrica, quitte à regarder toute la journée des pauvres gens se faire tuer par des Pokemon qui étaient obligés de servir de lions d'arènes. Leaf avait regardé au début, mais elle était dégoutée à présent. Silver également. En tant que dresseurs, ce que faisait Castel était abominable, à la fois pour les gens mais aussi pour les Pokemon.

- Il faudrait commencer à faire parler des Adeptes d'Uriel, était en train de dire le père de Leaf. D'abord, en disant aux gens la vérité sur Castel et Uriel, puis en s'imposant comme seul recours possible contre sa domination démente. Il nous faudrait un symbole, un signe de ralliement. Un porte-parole.

- Clarisse Alston correspondait le mieux pour ce rôle, dit Glen Kearney avec tristesse. C'est elle après tout qui nous a réuni, et c'était elle, la descendante d'Uriel.

- Nous pourrons nous servir de Clarisse comme image, comme une martyre, proposa le sénateur Dusan. Elle a toujours été très respecté parmi les politiques, de tous bords qu'ils soient, et était connue du grand public pour ses divers engagements. J'aime à croire qu'elle aurait été d'accord. Elle n'a jamais cherché à fuir ses responsabilités. La preuve ; elle était la seule d'entre nous à être allée au Sénat ce jour là.

- Une image ne remplace pas un leader, dit le général.

- Si l'on reste sur notre idée d'Adeptes d'Uriel, c'est de ce coté qu'il faut chercher, dit Iridien. Clarisse avait deux fils, des descendants directs d'Uriel, et par conséquent, des ennemis naturels de celui qui se dit descendre de Castel.

- Des enfants ? Fit le général avec scepticisme.

- Son fils aîné, Zayne, est déjà majeur, rétorqua Kearney qui semblait approuver. Quant à Erend, c'est un garçon remarquable qui allie une grande intelligence à une fine compréhension politique. Il nous les faut chez nous, au moins comme symboles. Ce serait désastreux si Castel les trouve et apprend le secret de leur ascendance.

- Hum... Et où sont-ils, vos héritiers d'Uriel ?

- Aux dernières nouvelles qu'Anis m'avait transmises, Erend était avec elle à l'Académie, en train de recruter et former des dresseurs, répondit Leaf.

- Il faut les retrouver, et vite, conclut Iridien. Ils ont sans nul doute vu leur mère se faire tuer par Hafodes, et j'ai peur qu'ils ne commettent une bêtise quelconque...

- J'ai peur qu'ils l'aient déjà fait, soupira Kearney.

Il désigna la télévision en face d'eux. On y présentait le début d'un nouveau combat des Jeux du Courage. Le concurrent était entré dans l'arène, sous les applaudissements forcés du public. Sauf que ce n'était pas un concurrent, mais six. Six jeunes gens, cinq garçons et une fille. Et deux de ces garçons se trouvaient être les fils Alston.


***


Erend s'était longtemps creusé la tête au sujet du message de Castel. Le roi de Cinhol recherchait un égal, disait-il. C'était pour cela qu'il avait monté cette parodie mortelle de jeux. Mais au vue de la difficulté, cela semblait impossible de gagner. Sauf qu'Erend Igeus n'employait le mot « difficile » qu'avec parcimonie. Il lui était très dur de résister à un défi lancé, d'autant plus quand il provenait de l'assassin de sa mère. Erend avait répondu à l'appel de Castel. Il voulait montrer au peuple de Bakan entier que le roi n'était pas invincible, et qu'il y avait toujours façon de lutter.

Anis et Zayne l'avaient vite traité de fou, surtout après avoir vu des dizaines de participants se faire immanquablement massacrés par les Pokemon de l'arène. Mais Erend avait bien étudié chacun des combats. Il avait passé en revue les règles des Jeux des dizaines de fois, et imaginer diverses tactiques avec plusieurs Pokemon différents. Il pouvait gagner, mais il ne pouvait pas le faire seul. C'était là le piège de ces jeux. Une seule personne pouvait gagner le prix, à savoir l'immunité absolue. Bien évidement dès lors que les candidats n'auraient aucun intérêt à s'allier.

Castel comptait sans doute là-dessus, mais il n'avait pas formellement interdit, dans ses règles, d'entrer dans l'arène à plusieurs. Et s'il ne l'avait pas fait, c'était qu'il savait lui aussi qu'on ne pouvait gagner qu'en étant nombreux, et qu'il attendait quelqu'un qui ait l'intelligence d'en arriver à cette conclusion. Ces jeux étaient surnommés Jeux du Courage, mais Erend pensait qu'il y avait avant tout une grande part de réflexion. Castel ne voulait sûrement pas pour égal un idiot.

Erend avait donc convaincu son frère et leur quatre camarades à participer avec lui. Anis aurait été la bienvenue, mais Castel la connaissait. Erend était conscient que si son plan ne fonctionnait pas, ils allaient tous mourir. Il avait la vie de ses amis entre ses mains, mais si les autres avaient finalement accepté, c'était qu'ils lui faisaient confiance. Il y avait un risque, mais s'ils l'emportaient, ce serait une grande victoire pour leur groupe. Car il n'y avait pas seulement un message de résistance à envoyer à Bakan. Une immunité absolue pourrait grandement leur facilité la tâche dans leur rébellion. Et le peuple verrait en Erend le symbole d'une lutte qui semblait impossible mais qu'on pouvait gagner.

Il n'y avait pas eu à discuter sur celui qui obtiendrait l'immunité en cas de victoire. Tous s'étaient rangés derrière Erend, et Erend avait accepté. Ce n'était pas son genre de faire preuve de fausse modestie. Il était ce qu'il était. Il se savait capable de diriger des gens, de les guider, de leur montrer la voie. Tout comme sa mère l'avait fait. Tout comme Uriel. Quand ils entrèrent dans l'arène, le public, c'est-à-dire toute la population de Fubrica, les acclama comme ils étaient censés le faire. Mais il n'y avait aucun enthousiasme dans ces applaudissements, contrairement au début des Jeux. Quasiment tous maintenant s'attendaient à assister à un énième massacre. Toutefois, le fait qu'ils soient venus à six concurrents en même temps avait de quoi intriguer.

L'arène avait été monté dans le grand aérodrome des Stormy Sky. Seul ce bâtiment était capable de pouvoir réunir l'ensemble des cinquante-six millions d'habitants de la capitale. Il flottait dans les airs grâce à des répulseurs géants, et d'immenses boules de verres y étaient reliées - environ une centaine - comme les propres vaisseaux de Stormy Sky se reliaient entre eux par des couloirs transparents flottant dans le vide quand ils faisaient du surplace pour favoriser le déplacement et le tourisme. Chaque sphères, capables d'accueillir à elle-seule environ six vaisseaux-mère de Stormy Sky, formaient une ville à part entière, flottant juste au dessus de Fubrica. Dans chaque sphère, il y avait un écran si géant que tout le monde pouvait largement le voir même à des kilomètres. C'était véritablement surnaturel d'assister à ça, encore plus quand tous le monde avaient les yeux braqués sur vous. Toute la splendeur, l'éclat et l'ingéniosité technologique de Fubrica était à l'œuvre ici. Ce qui était triste, c'était que ce soit pour faire briller un spectacle macabre.

Castel avait réaménagé les lieux pour que ça semble véritablement comme un colisée des temps antique. Peut-être y'avait-il encore ce genre de trucs dans le monde de Cinhol. Les gradins pouvaient à eux seul accueillir un million de personne, en cercle tout autour de l'arène. La tribune royale se trouvait au nord, avec vue imprenable sur le centre. Erend plissa les yeux en y distinguant la silhouette du roi Castel, confortablement assis sur son trône improvisé. Il y avait une porte géante tout au bout, par où le Pokemon qui assurerait le spectacle sortait. Enfin, on avait mis du sable sur le sol de l'arène, donnant à ceux qui y marchaient l'impression qu'ils étaient sur une plage ou dans le désert, ce qui ne facilitait pas vraiment les mouvements. Daniel, leur camarade éternellement insouciant, regarda tout autour de lui en sifflant doucement.

- La vache, ça en jette d'être sous le feu des projecteurs ici. Quand je pense que la région entière me regarde...

Il adressa un signe de main aux multiples caméras puis un baiser du bout des doigts apparemment destiné à toutes les jolies filles de Bakan. Jace lui, le plus timide et timoré de la bande, semblait être prêt à vomir. Erend ne se sentait pas dans son assiette lui non plus. Ce n'était pas tant le fait de devoir affronter un Pokemon jusqu'à la mort qui l'inquiétait, mais plutôt d'être visionné par des centaines de millions de gens à travers la région. Mais il s'y était préparé. S'il mourrait aujourd'hui, on l'oublierai rapidement, mais s'il gagnait, il sera connu dans tous le pays. C'était justement le plan.

Le commentateur des Jeux, un doux idiot du nom de Calver Bibriolingo, s'avança vers le micro en tribune royale. Bibriolingo était un présentateur connu de Bakan, notamment grâce à sa tenue toujours flamboyante à paillette. Il couvrait depuis des années tous les grands évènements sportifs de Bakan. Il aimait les grandes sensations, le Bibriolingo, et s'était fait un plaisir de commenter les Jeux du Courage pour Castel. Il se fichait totalement que les concurrents puissent mourir ; pour lui, ça ne devait au contraire qu'ajouter du piment.

- Mesdames et messieurs ! Clama-t-il dans le micro avec son enthousiasme habituel. Nous voici ici réuni pour la quatorzième fois, grâce à notre bon et vénéré roi Castel, pour une nouvelle édition passionnante des Jeux du Courage. Force, bravoure, ingéniosité, et aussi chance. Voilà ce qui réunis dans cette formidable arène ceux qui désirent obtenir l'immunité absolue promise par Sa Majesté Castel. Se battre pour se trouver au dessus des autres. Risquer sa vie pour pouvoir la vivre intensément ! Voilà la règle des Jeux du Courage ! C'est toujours un grand moment et une grande joie pour moi que de commenter ces évènements grandioses, qui nous rassemblent et nous relient. Merci. Merci à Notre Bienveillante Majesté Castel de nous avoir offert ces moments fabuleux !

Il applaudit le roi à coté de lui, et le public en fit autant, essayant autant que possible de paraître sincère. Erend en profita pour glisser un dernier mot à ses cinq partenaires.

- Quoi qu'il sort de cette porte, souvenez-vous de notre stratégie, et tout ira bien.

Les autres hochèrent la tête. Erend aurait bien aimé y croire lui aussi. Techniquement, il n'avait jamais perdu à aucun jeu qui soit, mais son adversaire, cette fois ci, n'était pas n'importe qui.

- Aujourd'hui, nous avons la grande surprise de voir non pas un seul candidat, mais bien six ! Oui, mesdames et messieurs ! Six jeunes gens qui vont s'essayer aux Jeux du Courage. Après avoir posé la question au roi, il n'existe en effet aucune règle interdisant d'entrer dans l'arène à plusieurs. L'union fait la force, c'est bien connu, mais il n'y a qu'une seule immunité en jeu. L'union de cette équipe pourra-t-elle résister à ça ? Je vous demande d'applaudir bien forts nos courageux concurrents : Jace Hogver, Marcelio Gruos, Zayne Alston, Velca Seleis, Daniel Foucols, et Erend Igeus !

Nouvelles salves d'applaudissement, bien plus nourries qu'elle ne le fut pour Castel. Apparement, les gens se raccrochaient au faible espoir de voir six participants en même temps, et nombre d'entre eux avaient sans doute reconnu le nom de Zayne.

- Et maintenant, de l'autre coté de l'arène, reprit Calver Bibriolingo, je vous demande de faire une ovation pour le charmant Pokemon qui tiendra le spectacle !

La porte commença à s'ouvrir, et tout le public se pencha en avant, anxieux de voir quel monstre Castel avait choisi cette fois. Les bruits de pas qui résonnaient même sur le sable de l'arène et les rugissements sourds n'inauguraient rien de bon. Quand le Pokemon se montra totalement, beaucoup parmi les spectateurs eurent un hoquet stupéfaits. Ce n'était pas un Pokemon que l'on croisait couramment. La créature faisait la taille d'un camion, et avait quatre pattes. Il avait la tête d'un lion, des cornes qui semblaient être celles d'un bouc, et des ailes sur le dos. Son corps se terminait enfin par une queue en forme de serpent, qui sifflait bruyamment.

- Par Arceus, qu'est-ce que c'est que ça ?! S'écria Marcelio.

Erend, qui avait bien étudié les Pokemon, connaissait cette créature, mais n'en avait jamais vu ailleurs que dans les livres.

- Un Chimeros, fit-il. Un Pokemon très rare... et très dangereux.

C'était le cas de le dire. Les récits mythologiques parlaient souvent des Chimeros, ces êtres hybrides qui avaient donné du fil à retordre à quantité de héros. Tout le monde pensait qu'il s'agissait d'un mythe, ou que même si elles avaient existé, ces créatures avaient depuis longtemps disparu. Mais il y a quarante-six ans, on avait retrouvé un Pokemon de ce type dans un pays lointain. Erend ne se doutait pas qu'il y avait un dresseur à Bakan qui en possédait un. Et ça n'arrangeait pas ses affaires. Ce Pokemon avait la particularité de posséder trois types Pokemon. De ce qu'Erend se souvenait, il possédait les types Normal, Vol, et Poison. Et on ne pouvait l'attaquer ni par l'avant ni par l'arrière, vu le serpent qu'il avait en guise de queue. Erend allait devoir adapter son plan. Et il n'avait que quelque secondes pour ça, car le Chimeros avait déjà vu ses proies, et se dirigeait vers elles avec ce qui semblait être un sourire gourmant.


***


Castel se pencha sur son trône pour observer le spectacle. Il adorait regarder les Jeux du Courage, mais ce combat là s'annonçait palpitant. Castel se demandait quand quelqu'un allait enfin comprendre qu'on pouvait rentrer à plusieurs dans l'arène. C'était même indispensable. Un humain ne pouvait gagner contre un Pokemon s'il était seul. Ces jeunes gens, en bas, avaient apparemment compris ça. Ils avaient donc une chance, faible mais réelle, de gagner. Castel leur avait donc préparé le Pokemon qu'il réservait pour ce cas là.

En confisquant aux dresseurs de Fubrica tous leurs Pokemon, il était tombé sur pas mal de perles rares. Ce Chimeros était sans doute la perle la plus brillante. Castel savait ce qu'était ce Pokemon, et il avait été abasourdi d'en découvrir un parmi les Pokeball volées. Il ne s'était jamais douté qu'on puisse réussir à en dresser un. Les Chimeros se nourrissaient de la chair humaine. En cela, il aurait été bien difficile d'en entraîner un en conservant tous ses membres.

Il se régala du spectacle à venir. Il espérait que ces six concurrents lui fournissent une belle prestation, même si ce qu'il attendait le plus, c'était le moment où Chimeros allait les dévorer un par un, lui permettant ainsi de voir l'horreur et le désespoir sur leurs visages quand ils verraient leurs compagnons mourir les uns après les autres. Ça allait être amusant. L'un d'entre eux n'était même qu'un adolescent. Et comme Chimeros avait senti chez lui qu'il était le plus jeune des six, ce fut vers lui qu'il se dirigea.






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Image de Chimeros :