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Pokemonis T.1 : La Pokeball perdue de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 26/11/2014 à 10:23
» Dernière mise à jour le 13/10/2016 à 10:37

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 10 : Identité secrète
Ludmila


J'avais dans l'esprit, au début, de faire confiance à Kerel et sa maîtresse, et de rester planquée dans cette infirmerie le temps que Tranchodon soit loin. Mais plus le temps passait, plus mon malaise s'intensifiait. Au final, pourquoi je ferai confiance à cette Cielali et à son toutou de Kerel ? C'était une esclavagiste, un Pokemon aisé qui asservissait les humains. Et ce Kerel était tellement endoctriné qu'il pensait avoir le meilleur travail du monde. Pourquoi m'aideraient-ils, moi, une rebelle Paxen ?

Pour sauver leurs peaux en même temps que la mienne, oui. Mais si d'un coup ils avaient dans l'idée de me dénoncer pour demander pitié, en plaidant l'ignorance et la bonne foi ? Tranchodon était cruel, mais peut-être les épargnerait-il s'il était certain qu'ils n'y étaient pour rien. Etaient-ils en ce moment même en train de tout lui raconter ? Je m'attendais à voir débarquer, d'une minute à l'autre, une troupe de soldats impériaux pour me capturer. Et ce cabinet médical me semblait devenir une espèce de cage dans laquelle j'attendais d'être conduite à l'abattoir.

Je pris ma décision. Au diable Kerel et Cielali ! S'il n'y avait que ma vie seule en jeu, je prendrai peut-être le risque d'attendre, mais j'avais une mission. Une mission capitale pour les Paxen. Et j'étais si proche, si proche de Dame Sol... Je trouverai bien le ghetto toute seule. Je me levai de mon lit et j'ouvris la fenêtre de la chambre, goutant à l'air frais d'une nuit d'hiver. La Leveinard qui tenait ce cabinet me vit filer et tenta de m'arrêter, mais je disparus dans les rues sombres de la cité.

J'avançai avec prudence. Je ne tenais pas à croiser un Pokemon. Cette cité était relativement petite, et tout ce savait ici. Tout le monde savait que j'étais l'esclave de la famille de Cielali, et tout le monde savait que cette même famille recevait en ce moment même le maire, Frelali et le célèbre colonel de l'armée. Je ne pourrai pas expliquer mon absence à ce dîner important. Mais par chance, il y avait peu de Pokemon dehors, hormis quelque rares Pokemon Glace qui se regorgeaient de l'air gelé de la nuit.

Maintenant, il s'agissait de trouver ce fameux ghetto où se trouvait Dame Sol. Kerel avait parlé des bas quartiers. Je descendis donc, et à partir de là, ce ne fut pas bien difficile. Il me suffisait de suivre l'odeur. Le ghetto humain était similaire à une décharge, et j'imaginais mal comment on puisse vivre dans un pareil endroit. Les quelques humains que je vis, soit des vieux soit des jeunes enfants, paraissaient porter sur leurs épaules toute la misère du monde. Enfin, au moins ces humains là n'étaient pas esclaves. Peut-être que ça valait mieux de vivre dans la pourriture. J'avisai un jeune garçon qui devait avoir pas plus douze ans, en train de fouiller dans un tas d'immondices.

- Euh... excuse-moi...

Le garçon me regarda d'un air bizarre. Sûr qu'avec mes vêtements impeccables et mes cheveux lustrés, je faisais un peu tâche dans ce décor.

- Tes cheveux sont drôlement longs, me dit-il.

Bien sûr, le gamin devait me prendre pour un garçon. Jamais une fille n'était descendue ici. Je ne voyais pas de raison de le détromper.

- Oui, mon maître voulait que je me les laisse pousser.

- Tu es un esclave des hauts quartiers ? Me demanda le bambin d'un air soupçonneux. Je ne t'ai jamais vu ici.

- Je... euh... Je suis un ami de Kerel.

Comme le toutou de Cielali descendait souvent ici, ils devaient bien le connaître, et lui faire confiance. Le gamin paru se détendre, ce qui était bon signe.

- Ah. On connait tous Kerel ici ! Il nous amène souvent à manger. Tu as quelque chose sur toi ?

- Ah non, désolé. Je suis venu voir da... euh, Sol. Tu sais où elle est ?

- Bien sûr. Sol est toujours ici. Viens avec moi.

Le garçon la mena à l'intérieur d'un dédale de tentes et d'abris de fortune, où se serraient plusieurs humains auprès de petits feux pour se tenir chauds. Dans l'un des groupes, il y avait une femme extraordinairement vieille mais qui paraissaient toujours respirer la santé, aux cheveux blancs brillants et aux yeux émeraude.

- Sol, ce garçon veut te voir ! C'est un ami de Kerel.

Les yeux de la vieille femme se posèrent un instant sur mon pendentif vert et jaune, et elle sut immédiatement qui j'étais. Elle avait connu assez de Chen pour reconnaître leur symbole familial.

- Merci Ducan, fit Sol d'une voix chevrotante. Vous m'excuserez tous, c'est quelqu'un à qui je dois parler seule à seule, je crois.

La vieille femme se leva, et me fit signe de la suivre, ce que je fis en silence. Elle m'amena dans un coin tranquille, où un petit feu brûlait encore dans un bidon de déchets.

- Viens mon enfant, approche-toi des flammes. Tu es si peu vêtue pour te promener la nuit en cette période. Et mes yeux ne sont plus aussi vifs qu'avant. Laisse-moi voir ton visage.

Je m'approchai, et les yeux verts de la vieille femme m'examinèrent en détail.

- Oui... Tu ressembles beaucoup à Braev. Une Chen jusqu'au bout des ongles.

- Mon père m'a beaucoup parlé de vous, madame, fis-je avec respect.

- J'ai été très peinée d'apprendre sa mort. Il fut comme un fils pour moi, tout comme Astrun. Va-t-il bien ?

- Astrun va bien, madame. C'est lui qui m'envoie. Les Paxen ont besoin de vous à nouveau, dame Sol.

La vieille femme se frotta les mains au dessus du feu, puis dit :

- J'ai quitté les Paxen avant ta naissance, jeune fille. J'ai combattu fort longtemps, mais maintenant, je suis vieille et lasse. Astrun le sait. Pourquoi vient-il me troubler dans mes dernières années ?

- Nous avons besoin de vos pouvoirs. Vous savez ce... ce qui est arrivé à Xanthos, n'est-ce pas ?

Sol me sourit.

- Je suis vieille, mais pas encore sénile. J'ai toujours moyen de me renseigner sur ce qui se passe chez les Paxen. Tu as amené le garçon avec toi ?

J'acquiesçai, surprise.

- Je... oui, mais comment savez-vous...

- Je sais encore bien des choses. Et donc ? Tu veux que je lui fouille la mémoire ? Dans l'espoir de trouver ce que Xanthos savait ?

- C'est en effet ce pourquoi nous sommes là. Vous savez ce que nous cherchons dans les souvenirs de Tannis. Si nous la trouvons, nous aurons enfin une arme efficace contre l'Empereur, et nous serons en mesure de le détruire à jamais !

Sol ne fut pas plus enthousiaste que ça. Elle désigna les lieux autour d'elle.

- Cela fait dix-sept ans que je suis ici. Une cité simple, des gens simples. Pas de combats pour la liberté, juste une façon pour moi de m'occuper et de réconforter des enfants.

- Vous pourriez faire bien plus, protestai-je. Quelqu'un comme vous...

- Tu penses que ce que je fais n'a pas la moindre importance ? Oui, sans doute. Tu es bien jeune. Tu ne rêves que de batailles et de gloire, comme ton père avant toi ? Après Xanthos, voilà que tu veux éliminer Daecheron ?

- C'est le combat des Paxen. Le combat que vous avez initié !

Sol ricana.

- Oui, j'ai dû faire quelque chose dans ce genre, il y a fort longtemps. Mais déjà alors, j'étais la voix de la raison, tandis que ton ancêtre Jyvan ne rêvait que d'aller casser de l'impérial. Vous les Chen, vous avez toujours eu le sang bouillant. C'est ce qui fait que votre espérance de vie n'est guère très élevée. C'est ce qui a perdu Régis, c'est ce qui a perdu Salia, c'est ce qui a perdu Jyvan, c'est ce qui a perdu ton père, et c'est ce qui aurait pu te perdre toi si tu n'avais pas eu autant de chance face à Xanthos.

- Tout le monde chez les Paxen est prêt à sacrifier sa vie pour la cause, ma famille la première ! C'est grâce à ses sacrifices qu'on a pu tant progresser !

J'avais du mal à le croire. Cette femme, qui avait cofondé la rébellion Paxen avec mon arrière-arrière-grand-père, était-elle devenue une lâche ? La vieillesse l'avait-elle perdue à jamais ? Sol eut un doux rire.

- J'entends tes pensées comme si tu les criais, enfant. Suis-je devenue lâche ? Tu n'as pas à t'en faire de ce coté. Cela fait bien longtemps que j'ai cessé de m'en faire pour ma vie. Mais je m'en fais pour certaine autres. Tu me demandes d'arrêter la tâche importante que je mène ici.

- Quelle tâche ? Demandai-je ?

- Une promesse à une amie.

Mais avant que je puisse en demander plus, je fus alertée par des bruits de pas. À ma grande consternation, Kerel déboula devant nous, le souffle court, et les yeux lançant des éclairs dans ma direction.

- Toi... Comment as-tu pu ?!

Dame Sol me lança un regard amusé.

- Je vois que tu es venue ici sans l'autorisation de notre ami commun.

- Je n'ai pas besoin de son autorisation, répliquai-je. Et toi, lâche-moi un peu la grappe, mmgrrr ! Je vais bientôt quitter cette maudite cité, et toi et tes Pokemon adorés n'auront plus rien à craindre de moi.

Kerel, l'air furieux, s'avança vers moi pour me secouer par les épaules.

- Tu te balades dans la ville avec un colonel psychopathe qui te connaît ! On t'aide à te cacher, et tu nous remercies en jouant avec nos vies ! Tu es vraiment la pire des...

Je ne sus jamais de quoi j'étais la pire, car je pris Kerel par les bras et l'envoya bouler par-dessus moi, en une prise que j'avais apprise chez les Paxen. Kerel ne semblait pas blessé, mais avait le regard de celui qui se demandait ce qui avait bien pu se passer. Sol ricana doucement.

- Eh bien Kerel, c'est bien la peine d'être le champion de la cité en combat d'arène si tu te fais maîtriser à ce point par une fille.

Kerel se désintéressa de moi pour regarder la vieille femme. Il se releva en s'époussetant comme si de rien n'était.

- Sol, c'est vrai ce qu'elle raconte ? Tu es vraiment une Paxen ?

- J'étais, mon garçon. Je ne le suis plus. Et je n'avais pas prévu de me faire tirer de ma retraite par cette enfant indisciplinée, mais c'est ainsi. On ne peut échapper à son devoir.

Je clignai des yeux.

- Alors, vous allez venir avec moi ? Vous allez nous aider ? Demandai-je avec espoir.

Sol hocha la tête.

- Oui mon enfant. Mène-moi au garçon.

- Mon partenaire, Penombrice, devait le garder cacher en dehors de la cité en nous attendant.

- Sortir de Ferduval la nuit n'est pas possible à cause des gardes, dit Sol. Il va falloir attendre demain.

- Je suis sûre qu'on peut se charger des quelques Pokemon qui s'interposeront, fis-je.

Enfin, moi sans doute pas, du moins pas sans bâton Desgen, mais Dame Sol n'était pas censée posséder de grands pouvoirs ?

- Nous pourrions peut-être, approuva Sol, mais ce serait un risque inutile. Avec le colonel Tranchodon sur place, on nous poursuivrait immanquablement. Et puis, si j'ai bien saisi la situation avec Kerel, ta présence met sa famille Pokemon en danger. Une fuite inopinée et remarquée de ta part reporterait l'attention de Tranchodon sur la jeune dame Cielali et ses parents.

Kerel approuva fermement les paroles de la vieille femme, mais je restai sceptique.

- Dame Sol, les Paxen ont fait d'immenses sacrifices pour récupérer Tannis et pour connaître le secret qu'il détient. Une famille de Pokemon, de plus des esclavagistes, est un bien piètre prix...

Je frémis quand le regard de la vieille femme me transperça avec reproche.

- De mon temps, les Paxen n'impliquaient pas les innocents. Ils avaient du respect pour toutes les vies, qu'elles soient humaines ou Pokemon. Est-ce que cela a changé depuis ?

- Non, marmonnai-je.

- Cela me rassure. De plus, Kerel est un bon ami à moi, et je n'aimerai pas qu'il ait des ennuis. Ce sera donc demain.

J'acquiesçai. Que pouvais-je faire d'autre, de toute façon ? Je ne comprenais pas ce que Dame Sol pouvait trouver à ce type adorateur de Pokemon, ni à ses esclavagistes de maîtres, mais c'était elle qui décidait.

- Sol... Alors tu t'en vas ? Demanda Kerel.

La vieille femme lui sourit tendrement.

- Dès que ma mission sera terminée, je reviendrai. Ma vie est ici désormais. Je n'imagine pas passer mes derniers jours ailleurs. Mais avant de mourir, je veux être utile une dernière fois pour les Paxen avec qui j'ai vécu il y a des années. Ce ne sera pas long.

Je voyais que Kerel se retenait de faire quelque chose d'extrêmement embarrassant, comme fondre en larme ou serrer Sol dans ses bras. Bon sang, ces deux là étaient-ils si proches que ça ?! Une femme qui avait cofondé la rébellion Paxen, et cet esclave fier de l'être qui méprisait toute idée de liberté ? Comment diable cela se faisait-il ?
Un bruit assez proche me coupa dans ma réflexion. Un morceau de taule qui servait de cache vent pour un abri de fortune venait de tomber, et tout le monde entendit des bruits de pas précipités, signe que quelqu'un partait en courant. Sol fronça les sourcils.

- Je crois que quelqu'un était en train de nous écouter.

Kerel eut l'air inquiet.

- Aucun Pokemon ne viendrait jamais ici. Ça ne peut être qu'un humain.

- Mais s'il a entendu de quoi on parlait, il en a assez pour raconter deux trois trucs intéressants aux Pokemon, fit-je.

- Il vaut mieux que je rentre, déclara Kerel. Tâchez d'être discrètes quand vous quitterez la cité. Surtout toi, ajouta-t-il en me regardant. Je ne peux pas dire que ta capture et ta mort me peineraient plus que ça, mais si tu es capturée, tu vas attirer des ennuis à ma famille.

Un humain qui considérait des esclavagistes Pokemon comme sa famille ? Répugnant.

- Eh bien, va rejoindre ta famille. Je te souhaite une bonne vie inutile passée à larbiner pour tes adorables maîtres.

Kerel s'en alla avec un regard meurtrier à mon égard, que je lui rendis avec les intérêts. Sol me regardait avec amusement.

- De tous les esclaves qu'offre cette cité, il a fallu que tu tombe avec Kerel. Le destin apprécie l'ironie.

- D'où vous connaissez cet imbécile heureux, Dame Sol ?

- C'est un enfant des ghettos. Je me suis occupé de lui depuis qu'il est tout petit. Il a eu la chance d'être acheté par une bonne famille de Pokemon, mais il n'a pas oublié ceux qui survivent ici.

- Si tous les esclaves sont comme lui, autant dissoudre les Paxen, dis-je sombrement. Je n'aurai jamais pensé qu'un humain puisse adorer l'esclavage autant que ça...

- Kerel n'est pas un cas isolé, mon enfant, me dit la vieille femme. Penses-tu que tout le monde rêve de liberté comme toi, et soit prêt à se battre et à risquer leur vie pour elle ? Détrompes-toi. La plupart des esclaves n'ont jamais vu les Paxen, et peu osent en parler. Les humains sont habitués à leur soumission envers les Pokemon, depuis maintenant cinq cent ans. Ils ne désirent que servir convenablement un bon maître et avoir une vie calme et paisible. Peu soutiennent réellement votre cause, parce qu'ils ne la comprennent pas.

Je méditai ces propos un moment. J'avais du mal à l'accepter. Parce que ça voudrait dire que tous les Paxen qui ont donné leur vie dans leur combat contre l'Empire - dont mon propre père - l'avaient fait en vain, pour des gens qui ne se souciaient même pas d'eux.

- Les mentalités des esclaves évolueront une fois qu'on leur aura montré ce qu'est la liberté et comment l'obtenir, déclarai-je avec conviction. Une fois qu'on se sera débarrassé de l'Empereur, tout ira mieux !

Sol haussa les épaules.

- Les choses ne s'arrangent rarement par la mort d'une personne, ma jeune amie. La mort les aggrave le plus souvent...


***


Cresuptil



Je n'étais vraiment pas à mon aise avec ce colonel Tranchodon. Outre sa violence et sa férocité, il était ce que je qualifierai de fanatique. Sa loyauté absolue envers l'Empire ne souffrait d'aucune tâche, et il n'en tolérait aucune chez les autres. De plus, sa propension à détester les humains et à vouloir les éradiquer était assez effrayante. Il était totalement barjo. S'il n'y avait plus d'humain, comment je ferai pour gagner de l'argent, hein ?

Après l'agression sauvage dont avait été victime l'esclave de Cielali, Tranchodon s'était plutôt bien comporté. Il fallait juste qu'il n'y ait plus aucun humain proche de lui. Noctali et sa famille avait été choqué par le comportement du Pokemon chromatique, je le savais. Moi aussi d'ailleurs. Vivement que ce militaire parte de ma cité, que je puisse continuer mes affaires. Frelali m'avait dit que je n'avais rien à craindre du colonel Tranchodon au sujet de mes petites ventes illégales d'humains, mais moi je craignais qu'il ne s'amuse à aller chasser quelques esclaves dans la cité pour les dévorer ensuite. Pas bon pour le commerce ça, pas bon du tout...

Je me demandais aussi vaguement quelle genre de maladie pouvait bien avoir l'esclave femelle qui puisse expliquer son absence. Cielali avait parlé d'une maladie extrêmement contagieuse. C'était inquiétant. Cette humaine était restée à mes cotés cinq jours durant avant le Grand Tournoi. Peut-être suis-je déjà contaminé ? Va falloir vérifier ça. Ces humains... Depuis le temps que je travaille avec eux, je devrai savoir qu'ils sont si sales qu'ils transportent un paquet de virus et de bactéries de toutes sortes. J'étais trop excité de proposer une femelle comme lot que je n'avais pas pensé à la faire dépister. Pas très professionnel ça, pas bon pour les affaires...

Tranchodon avait enfin laissé tomber ses histoires d'éradication humaine et de purification de l'Empire. Il laissait Noctali et Frelali discuter des termes du mariage à venir avec Cielali. La jeune Pokemon ne disait rien non plus, mais je lus à son visage qu'elle n'était clairement pas ravi de cette union arrangée. En même temps, je n'étais pas bien surpris. Frelali avait de la réputation et de l'argent, mais c'était un Pokemon assez ragoutant. Cielali, en revanche, était une jeune beauté, douce et gentille, qui méritait sans doute mieux que Frelali.

Mais les affaires étaient ainsi faites. L'argent seul comptait. L'argent devait toujours compter. Moi-même, si je devais choisir entre la belle Cielali et un laideron comme la fille à monsieur Grotadmorv, je choisirai celle qui me rendrait le plus riche, même si c'était cette dernière. Quoi que, avec deux esclaves en sa possession, dont une femelle, ce serait sans nul doute Cielali qui me rendrait le plus riche. Nous commencions le dessert quand la porte de la maison s'ouvrit à la volée, laissant apparaître l'esclave de Frelali, Galbar. Noctali fronça les sourcils de cette intrusion, et Frelali s'irrita.

- Que fais-tu là, Galbar ? Comment oses-tu entrer chez mes hôtes de la sorte ?!

- Pardonnez-moi, maître, vous et vos hôtes, mais c'est urgent. J'ai une intéressante histoire à vous raconter. J'ai surpris Kerel dans le ghetto. Il était avec cette vieille folle de Sol et l'esclave femelle.

Frelali prit un air interrogatif en se tournant vers Cielali.

- N'avez-vous pas dit que votre esclave était malade ? Que fait-elle donc à cette heure ci dans le ghetto ?

Cielali était troublée, c'était évident, mais elle s'efforça de répondre avec son ton mordant habituel.

- Qu'en sais-je, monsieur Frelali ? Je ne garde pas mes humains en laisse. Ils sont libres d'aller où ils veulent dans la cité quand je ne les mande pas. La maladie de ma femelle ne regarde qu'elle du moment qu'elle ne contamine pas d'autre Pokemon, et au dernière nouvelle, il n'y en a pas dans le ghetto.

Frelali dut accepter cette réponse. C'était vrai, il n'y avait aucune raison d'empêcher un humain d'aller en bas s'il voulait. Il ne pouvait contaminer que d'autres humains.

- Tu es venu juste pour nous dire ça ? Demanda Frelali à son esclave d'un ton menaçant.

- Non maître. Ce qui est intéressant, c'est de quoi ils parlaient. D'après ce que j'ai saisi, cette femelle ferait partie des rebelles Paxen !

Ce simple mot attira toute l'attention du colonel Tranchodon, qui se leva à moitié, comme s'il avait flairé une proie de choix.

- Des Paxen, tu dis ?!

- C'est absurde, répondit monsieur Noctali.

La situation commençait à prendre une sale tournure, je le sentais. Ça semblait ridicule que cette fille soit une de ces Paxen. Qu'est-ce qu'elle serait venue faire dans cette cité ? Mais d'un autre coté, je ne sais rien de son passé, et je n'ai pas cherché à vérifier ce qu'elle m'a dit avant de la mettre en jeu pour le tournoi. Si elle était vraiment une Paxen, alors... alors j'étais un Pokemon mort ! Et l'attitude de Cielali, qui semblait paralysée de peur, n'était en rien rassurante. Par Arceus, est-ce qu'elle le savait ?!

- Je sais ce que j'ai entendu, certifia Galbar. Cette vieille Sol en serait une aussi. La femelle lui a demandé son aide pour quelque chose. Elles veulent quitter la cité dès demain matin. Kerel était au courant. Ils ont parlé de la cause Paxen, et d'un certain Tannis, je ne...

Tranchodon se leva d'un bond. J'ai cru qu'il allait se tourner vers les propriétaires de la femelle, mais c'est vers moi qu'il se dirigea. Je lus une promesse de mort dans ses yeux rouges.

- C'est vous qui avez vendu cette femelle, n'est-ce pas ?

- Je... euh... c'est-à-dire que... balbutiai-je.

- Quel est son nom ?

Je ne pus que répondre avec toute la sincérité innocente dont j'étais capable.

- Elle a dit s'appeler Ludmila, colonel.

Si j'espérais que cette réponse allait calmer Tranchodon, j'en fus vite désemparé. Les yeux du colonel s'agrandirent, et ses poings griffus se serrèrent. Il semblait se retenir à grande force de bondir pour me déchiqueter en deux. Jamais je n'ai connu telle peur de ma vie.

- À quoi ressemble-t-elle ? Avait-elle un objet particulier sur elle ? Un bijou ?

Je fouillai désespérément dans ma mémoire.

- Euh... elle portait un médaillon, colonel. Jaune et vert...

Le colonel Tranchodon poussa un rugissement terrible qu'on dut attendre dans toute la cité. Il personnifiait la rage et une envie pressante de meurtre.