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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 23/11/2014 à 09:37
» Dernière mise à jour le 02/04/2019 à 22:16

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 255 : La mission de Miry
Pour se rendre à Johto le plus discrètement possible, il convenait de voyager comme de simples touristes. Mercutio s'était donc dégoté une tenue classique de dresseur en vadrouille et s'était rapidement teint les cheveux en noir. Solaris, dont le visage était assez connu à Johkan pour avoir été l'impératrice du pays barbare du nord qui avait tenté de les soumettre, avait dû déployer de grands changements et artifices sur son apparence pour demeurer inconnue. L'Agent 005, elle, avait changé de coupe et portait à présent une robe de campagne, mais avec ses airs doux et gentils, elle ne passait de toute façon pas pour l'un des plus hauts gradés de la Team Rocket. Quant à Kyria et Miry, elles n'étaient pas assez connues hors territoire pour éprouver le besoin de se déguiser.

Ils avaient du prendre le ferry pour se rendre dans la région voisine. Comme Kanto et Johto étaient en guerre froide déclarée, le Train Magnétique reliant Safrania à Doublonville avait cessé de fonctionner. De toute façon, après les destructions que Siena avait occasionné à Safrania, il aurait été étonnant qu'il marche encore. L'avion aussi était exclu. Aucun appareil volant en provenance de Kanto n'était plus autorisé dans l'espace aérien de Johto. Il aurait été trop facile pour la GSR de détourner un avion de tourisme et de le faire s'écraser sur l'immeuble d'Igeus à Doublonville.

Le bateau, en revanche, était plus sûr, et comme il partait de Carmin-sur-Mer pour accoster à Oliville, la capitale de Johto ne courrait aucun danger immédiat. Le voyage devait durer quelques heures seulement, et Mercutio tenta de trouver enfin assez de courage pour parler à Miry. Il ne pouvait plus reporter ça plus longtemps. Siena avait été très claire sur ce qu'il allait se passer s'il refusait. Déjà, il prendrait cher pour son matricule. Siena trouverait le moyen de le faire virer de la Team Rocket ou carrément de l'emprisonner. Puis elle se tournerait alors vers Galatea pour son projet de bébé Mélénis, en l'obligeant à faire ça avec Seamurd.

Bien sûr, Galatea l'ignorait. Mercutio ne lui en avait pas dit un mot. Il n'en avait parlé qu'à Tuno et au général Tender. Il n'osa pas en parler à Estelle et Kyria durant le trajet. En tant qu'Agent, elles auraient été plus aptes à l'aider que Tuno et Tender, mais Mercutio doutait qu'elles aient assez de pouvoirs pour se frotter aux décisions Venamia et Vilius. Et il n'aurait servi à rien d'instaurer encore un peu plus de zizanie du coté des Agents Spéciaux. Par contre, sans trop savoir pourquoi, il en parla à Solaris. Bien qu'elle paraissait avoir son âge, elle était en réalité assez âgée pour être sa grand-mère, et donc plus sage et expérimentée. Toutefois, Mercutio vint à douter de la sagesse de Solaris quand la première chose qu'il sentit chez elle avec le Flux après qu'il lui eut parlé de la mission de Siena fut une pointe de jalousie, vite réprimée mais visible même sur son visage. Après seulement vint l'indignation.

- Siena a beau être ta supérieure, je ne pense pas qu'il y ait quoi que ce soit dans votre code militaire qui puisse lui donner le droit de décider quand tu auras un enfant et avec qui.

- Siena prend tous les droits qu'elle veut, rétorqua Mercutio.

- Tu n'envisages pas sérieusement de le faire ?

- Et quelle autre option j'ai ? Quand Siena a une idée, elle ne l'a pas au cul. Elle était déjà comme ça bien avant qu'elle ne se fasse appeler Venamia. Si je refuse, elle ira voir du coté de Galatea et Seamurd. Les femmes Mélénis ne peuvent avoir qu'un seul enfant de toute leur vie. Je ne vais pas imposer ça à ma sœur, parce que j'ai été trop lâche pour obéir.

- Il ne s'agit pas de lâcheté, mais d'éthique, répliqua Solaris. Galatea peut toujours refuser à son tour, elle aussi.

- Ben voyons. Et que crois-tu que Siena fera pour se venger ?

- Elle ne s'en prendrait pas à vous, tout de même. Vous êtes sa famille !

Mercutio fit un geste agacé de la main.

- Je crois qu'elle a largement dépassé le stade où elle se souciait encore de sa famille.

Solaris attaqua par un autre front.

- Et Eryl, tu y as pensé ? Qu'est-ce qu'elle va dire de tout ça, d'après toi ?

- Pourquoi, tu comptes lui en parler ?

- Bien sûr que non, mais...

- Solaris, la coupa Mercutio. J'ai déjà décidé de le faire. J'y suis obligé, tu comprends ? Venamia aura son bébé Mélénis qu'elle pourra modeler à sa guise. Ce ne sera pas vraiment mon enfant, et le moment venu, j'en aurai un bien à moi, avec qui j'aurai décidé. Je ne t'en ai pas parlé pour que tu tentes de m'en dissuader, mais pour que tu m'aides avec Miry. Je ne vois vraiment pas comment je peux lui demander ça...

- Tu vas donc lui enlever la possibilité d'avoir un enfant à elle ? Insista Solaris.

- Je ne la forcerai pas, dit Mercutio. Je lui dirai juste ce qu'on risque nous.

Solaris garda le silence un moment, apparemment perdue dans ses pensées. Ses yeux émeraudes prirent un air triste.

- Tu sais, fit-elle enfin, j'ai vécu déjà pas mal de temps, et j'ai toujours voulu avoir un jour un enfant. Je crois qu'on existe que pour ça, que ce soit les humains ou les Pokemon. Pour donner la vie, pour aimer quelqu'un comme on a jamais aimé, pour laisser finalement une trace de notre passage dans ce monde, qui se perpétuera longtemps après nous. Mais je ne peux pas. Mon corps mutant ne me le permet pas. Parce que j'ai mangé Dracoraure dans mon enfance et que je suis devenue un monstre. Parce que les Elus avaient pour projet d'imposer ce sort à mon frère. Je n'ai guère hésité, sur le moment. Je n'étais pas en âge de savoir ce que j'allais manquer par la suite. Ce sera pareil pour Miry. Elle acceptera sans doute par loyauté envers toi, ou pour protéger Seamurd, mais sans se rendre compte de l'étendue de son geste. Et plus tard, elle le regrettera peut-être toute sa vie. Et les Mélénis vivent longtemps, à ce que je sais. Toi, tu n'as rien à perdre, à part peut-être un peu de ta fierté. Par contre, tu peux lui briser sa vie, à elle.

Mercutio était franchement agacé à présent, et regrettait de s'être ouvert à Solaris. Elle en parlait comme si c'était sa faute. Imaginait-elle un seul instant qu'il prenait plaisir à cette situation ?!

- C'est là une leçon de morale des si sages Gardiens de l'Innocence ? Ironisa-t-il.

- Non. Juste de quelqu'un qui sait ce que ça fait d'avoir sa vie brisée.

- Ah oui, c'est sûr que tu es experte dans ce domaine, non ? Tu n'as pas brisé des milliers de vies, y'a pas si longtemps ?

Il perçut clairement la douleur de Solaris, dans son esprit et sur son visage. Mercutio ne prit conscience de la cruauté de ses paroles qu'après les avoir prononcé.

- Je suis désolé, fit-il précipitamment. Ce n'est pas ce que je voulais dire...

À son grand désarroi, il vit des larmes couler des yeux de Solaris.

- Non, tu as raison. Oui, j'ai brisé des milliers de vies, peut-être même des millions. Je pourrai bien vivre cinq cent ans de plus, je ne pourrai jamais racheter tout le mal que j'ai fait. C'est sûr que de ce point de vue là, je ne suis pas bien placée pour te donner ce genre de conseil, hein ?

Elle tourna les talons et s'enfuit avant que Mercutio n'ait pu s'excuser davantage. Le jeune homme laissa éclater sa frustration en tapant de toutes ses forces sur l'une des barrières du pont, qui se tordit sous le choc ; Mercutio avait utilisé son bras mécanique. L'un des officiers de bord vint le tancer et menaça de lui donner une amende pour dégradation de bien public. Mercutio dut recourir au Flux pour se faire oublier, et il quitta le pont du bateau avec le sentiment d'être un parfait idiot. Il avait l'intention de se rendre dans sa chambre pour broyer du noir seul, mais perdu dans ses sombres pensées, il ne vit pas Miry qui allait à sa rencontre et lui rentra dedans.

- Seigneur Mercutio... Aïe !

- Oh, désolé, marmonna Mercutio. Je... j'étais préoccupé.

- Oui, je sais, sourit Miry en se massant le front. C'est pour ça que je vous cherchez. Je sens votre colère et votre désarroi dans le Flux depuis ma chambre. Y'a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ?

Mercutio la regarda. Cela faisait presque deux ans maintenant qu'elle le suivait quasiment partout pour le protéger. Mais durant cette période, Mercutio avait presque fini à la considérer comme un élément du décor. Il n'avait jamais trop cherché à en apprendre plus sur elle, jamais trop cherché à se rapprocher d'elle. Pourtant, elle perdait des mois de sa vie à couvrir ses arrières sans jamais rechigner, en obéissant à chacun de ses ordres. N'avait-elle pas au moins mérité qu'il la considère comme une amie intime depuis tout ce temps, au lieu de la voir comme une espèce de domestique ? Si au moins il avait cherché à mieux la comprendre, il n'aurait sans doute pas eu autant de mal à lui dire ce qu'il devait lui dire...

- Seigneur Mercutio ? S'interrogea Miry.

- Je me rends compte que je ne t'ai jamais demandé... commença Mercutio. Tu as quelqu'un, au Refuge ? Je veux dire, une personne que tu... euh... aimes bien ?

Miry rougit un peu, mais comme d'habitude, et ce quelque soit la question, elle répondit, même si elle ne comprenait pas pourquoi on lui demandait ça.

- Euh... non, pas vraiment. Mais il y a eu un garçon, un jour... C'était un humain d'un village dans lequel je me suis rendu avec mon maître Rothan lors de ma formation. J'avais quinze ans. J'étais vraiment amoureuse. Je pensais qu'il m'aimait autant que je l'aimais. Mais il m'a rejeté quand je lui ai appris ce que j'étais. Les Mélénis attirent toujours la crainte et la suspicion parmi les humains. J'en ai longtemps pleuré, je dois l'avouer. J'étais jeune et naïve. Pour ceux de notre race, il vaut toujours mieux rester entre nous.

- Et tu... tu as l'intention, un jour, d'avoir un enfant ? Osa demanda Mercutio.

- Je ne sais pas... fit prudemment Miry. Sans doute que oui. Nous sommes tellement peu nombreux dans le monde, que ne peux avoir d'enfant serait mal vu. Comme nous autres, les femmes Mélénis, nous ne pouvons en avoir qu'un seul, c'est un peu une mission sacrée que de pouvoir se reproduire. Enfin, si jamais je trouve quelqu'un qui veuille bien de moi...

- Une mission, hein ? répéta Mercutio, l'air absent. J'imagine que j'ai donc la même...

- Oh, mais vous, vous êtes le fils du grand Elohius, dit Miry, se méprenant sur le sens de ses propos. Personne n'osera jamais vous demander de...

- Et pourtant si, quelqu'un m'a demandé, la coupa Mercutio.

Arrivée à ce stade, il ne put faire rien d'autre que de lui avouer ce que Siena attendait de lui, et indirectement, d'elle. Apparement choquée, Miry porta une main à sa bouche.

- Je... Seigneur Mercutio, je... je suis confuse. Je n'ai pas... je veux dire... Ce n'est pas à moi de... Je serai totalement indigne de porter votre enfant... Vous êtes le fils du Seigneur Elohius, l'Elu de la Lumière, et moi... je ne suis personne.

Mercutio fronça les sourcils. Il aurait préféré qu'elle se mette à lui crier dessus. Depuis qu'il la connaissait, Miry lui avait toujours fait l'impression d'une femme très humble, très timide, toujours à se déconsidérer elle-même. Le pire, c'est qu'il n'avait rien fait de notable pour lui faire passer ça, comme s'il appréciait de toujours se faire traiter de « Seigneur ».

- Arrête ça, lui dit-il en lui prenant les mains. Tu n'es pas personne. Tu es Miryalénié Ilkasio. Tu es une Mélénis, bien plus douée que je ne le serai jamais. Tu vas bientôt devenir Maître, alors qu'il me faudra sans doute une bonne trentaine d'années pour moi. Et tu es... une fille géniale.

Il caressa ses fins cheveux verts en boucle. Il n'avait jamais fait attention jusque là, mais il se rendit compte que Miry était très belle. Cédant à une impulsion qui ne s'expliquait pas, il l'embrassa. La réalité de ce qu'il était en train de faire le frappa de plein fouet, et un vif sentiment de culpabilité l'étreignit quand il se mit à penser à Eryl, mais il n'osait pas s'arrêter. Miry, elle, avait apparemment perdu la faculté de penser, et s'adonnait pleinement à leur étreinte. Quand enfin ils se séparèrent, les yeux bleus de Mercutio percèrent ceux, noirs et brillants, de Miry.

- J'ai besoin de toi pour cette mission, fit-il doucement. Mais tu dois bien saisir tout ce que ça implique. Cet enfant ne sera jamais vraiment à toi. Il sera utilisé par la Team Rocket, comme Galatea et moi l'avons été. Je ferai ce que je peux pour qu'au final, il puisse se rendre parmi les siens, comme moi. J'essaierai de passer un marché avec Siena, comme mon père l'avait fait avec le Boss, ou quelque chose comme ça, mais je ne peux rien te promettre. Je ne t'ordonnerai rien. Mais je me dois de te le demander. Je ne peux pas faire autrement. Si tu refuses, et que tu souhaites partir, je ne t'en voudrais pas...

Il souhaitait presque à demi que Miry refuse, justement. À demi seulement. Mais c'est avec les yeux encore plus brillants que d'habitude que Miry dit :

- Je... J'accepte le grand honneur que vous me faites, Seigneur Mercutio. Je vous donnerai un enfant Mélénis, si tel est votre désir.

- Ce n'est pas mon désir, rectifia Mercutio. C'est ma mission.

- Alors, ce sera la mienne à moi aussi.


***


Quand Mercutio quitta enfin la chambre de Miry, le ferry était presque arrivée à Oliville. Miry était restée dans son lit un moment, tâchant de retrouver ses esprits avant de se lever. Mercutio lui errait sans but dans les coursives du navire, essayant sans grand succès de faire le tri dans ses émotions. Miry lui avait dit que la reproduction entre Mélénis n'échouait jamais. En clair, il n'y avait besoin que d'une seule fois. Elle était donc d'ores et déjà enceinte.

Mercutio avait donc accompli la mission que lui avait donné Lady Venamia. Mais il n'avait pas du tout la sensation du travail bien fait, loin de là. Il se sentait odieusement coupable. Coupable envers Eryl. Coupable envers Miry. Coupable envers cet enfant à venir. Coupable d'avoir cédé face à Siena. Coupable d'avoir privé Miry d'un enfant bien à elle. Coupable des sentiments qu'il avait brièvement ressentit pour elle. Coupable d'avoir volé son avenir à un enfant à peine conçu !

Mercutio avait toujours ressenti une certaine aigreur pour son père quand il avait appris la vérité à son sujet. Elohius s'était servi de Livédia Crust dans le seul but de s'assurer une descendance pour ses propres projets cosmiques. Il les avait confiés à la Team Rocket, marchandés comme de vulgaires objets. Et il ne s'était aucunement soucié de les élever à la mort de leur mère, pas même de les rencontrer une seule fois ! Pour tout cela, Mercutio n'arrivait pas à pardonner à son père. Et maintenant, c'était lui qui faisait la même chose.

Il se sentait mal, et ce n'était pas dû au mal de mer. Qu'est-ce qu'allait penser Maître Irvffus de lui quand il apprendrait. Et Eryl ? Il ne pourrait pas éternellement lui cacher non plus s'il devait demeurer avec elle. Elle finira par apprendre que l'enfant Mélénis que la Team Rocket conservait bien précieusement venait de lui. Mais il n'arrivait pas à ne serait-ce qu'envisager l'idée de lui dire la vérité. Comme d'habitude, il faisait preuve d'une grande lâcheté.

La première chose qu'il fit cependant après avoir récupéré un peu fut de trouver Solaris pour s'excuser platement pour ce qu'il avait dit. Il ne voulait certainement pas rester en froid avec elle. Ils avaient été proches, un court moment, il y a quelque années juste avant la guerre de Vriff. Peut-être ressentaient-ils tous les deux encore quelque chose l'un pour l'autre. Elle mieux que quiconque, qui avait été privée de tous les choix de la vie, pouvait le comprendre. Il la trouva dans sa cabine. Il se prosterna presque devant elle en débitant ses excuses. Il devait avoir l'air débile, à se cogner le front par terre. Solaris dut trouver dans son ton quelques accents de sincérité, car elle rigola doucement.

- On m'a dit bien pire depuis que je suis chez les Gardiens, ne t'en fais pas, dit-elle en l'aidant à se relever. Et toi plus que quiconque à le droit de le dire. C'est toi qui m'a épargné, ce jour là, alors qu'Octave voulait ma mort.

- Octave était un jeune con, mais il s'est assagi avec le temps, dit Mercutio. Moi, c'est tout le contraire. J'aime à penser que j'étais classe à l'époque, plein d'idéaux, et aujourd'hui, je suis devenu un moins que rien.

- Ce n'est pas vrai. Tu fais face à des situations compliquées, et tu essaies de faire le meilleur choix. Je n'avais pas à te juger.

- Mais je l'ai fait, avoua Mercutio. Cet enfant, avec Miry... J'en sors juste à l'instant.

Un pli d'inquiétude apparut sur le front de Solaris.

- Si Miry a choisi en tout état de cause... Mais je ne peux m'empêcher d'être inquiète. Que Venamia puisse désirer un Mélénis pour ses projets fait froid dans le dos. Fais en sorte d'oublier tout ça pour le moment, et concentrons nous sur notre mission. Si les Agents 005 et 008 parviennent à négocier une paix durable avec Erend Igeus, Venamia n'aura peut-être pas besoin de cet enfant pour faire la guerre.

Mercutio ne pariait pas là-dessus. Vu comment sa demi-sœur semblait de plus en plus avide de pouvoir, elle trouverai toujours un ennemi à combattre et un Mélénis à utiliser. Mais il suivit le conseil de Solaris, et tâcha de ne plus penser à tout ça pour le moment, mais à la mission en cour. Il s'y efforça d'autant plus quand ils rejoignirent Kyria et Estelle sur le pont. Mercutio savait que Kyria pourrait lire en lui très facilement s'il laissait ses pensées trop vagabonder. D'ailleurs, vu la façon dont elle le regardait quand il arriva, il se doutait qu'elle fut déjà au courant. Elle ne dit pourtant rien.

- On accoste dans cinq minutes, dit 005 en désignant le port d'Oliville qui se rapprochait. Où est Miryalénié ?

- J'arrive !

Miry était en train de monter les escaliers du pont quatre à quatre.

- Désolée, je m'étais assoupie...

Elle évita de regarder Mercutio, mais semblait se comporter normalement. En apparence du moins. Mercutio lisait toujours en elle via le Flux un mélange furieux d'émotion, qui allait de l'effarement à la tristesse en passant par une certaine forme de joie. Kyria, elle, regarda Miry comme elle avait regardé Mercutio quelques instants plus tôt. Mais encore une fois, elle ne fit aucun commentaire, ce dont Mercutio lui était gré.

Le jeune homme tenta de se perdre un moment dans la contemplation d'Oliville. C'était une belle cité, alliant ancienneté à modernité. L'exemple le plus frappant était le vieux phare du port, très ancien et très célèbre partout dans Johto, qui contrastait avec la Zone de Combat à l'Ouest de la ville, moderne et superbe avec tous ses bâtiments éclatants, comme l'immense Tour de Combat dont le sommet côtoyait les nuages. Oliville était un bel exemple de ce que pouvait offrir la région Johto en terme de lieux attractifs. C'était une belle région, bien plus que Kanto, et Mercutio regrettait de ne pas s'y être rendu plus souvent.

Au débarquement, il y eut un contrôle d'identité pour chaque passager. Igeus laissait les bateaux touristiques de Kanto accoster chez lui, mais il n'était pas assez sot pour ne pas prendre un minimum de précaution. Mais, dommage pour lui, aucune précaution n'était assez suffisante quand on avait à faire aux Mélénis. Mercutio ne pris même pas la peine de sortir la fausse pièce d'identité qu'il avait pour l'occasion. Il se contenta de brouiller l'esprit du contrôleur avec le Flux. Ce dernier les fit tous passer avec un sourire et sans rien leur demander. Mercutio passa devant l'agent où il croisa deux Groret, des Pokemon Psy semblable à des cochons, en se demandant ce qu'ils fichaient là. Quand tous les cinq furent enfin dans la ville, Estelle haussa légèrement les sourcils, l'air satisfaite.

- Eh bien, ce n'était pas si difficile finalement. Direction Doublonville maintenant !

- Les difficultés ne vont pas tarder à se présenter, dit Kyria de son éternel air absent.

Mercutio se demanda si c'était un pressentiment, ou si elle avait eu une vision quelconque à ce sujet.


***


- Chef Igeus ?

Erend cessa momentanément son rapport sur son ordinateur pour se retourner. Son assistante personnelle venait d'entrer. Velca Seleis était une vieille amie à lui. Ils avaient étudié ensemble à la Haute Académie Velgos, dans la région Bakan, et Velca avait fait partie du groupe de dresseurs qu'Erend avait mené contre le tyran Castel Haldar. En privé, ils se tutoyaient comme de vieux amis, mais en public, Velca tenait à paraître aussi formelle que possible. Et justement, ils étaient en public. La section DUMBASS se trouvait devant le bureau d'Erend, en ligne, comme des garde du corps. Ils avaient trouvé que ça faisait bien pour accueillir ceux qui entraient, pour rendre Erend encore plus impressionnant. Pour leur faire plaisir, Erend avait accepté. Il fallait bien les récompenser d'avoir su libérer Lance, et vu qu'ils étaient apparemment relativement utiles, Erend allait pouvoir les utiliser pour d'autres trucs.

- Oui Velca ?

- Nous avons reçu à l'instant une alerte prioritaire en provenance d'Oliville. Un de vos... détecteurs de magie.

Erend frissonna malgré lui, mais d'excitation, pas de peur. Il savait de quoi voulait parler Velca. Erend se plaisait à croire qu'il n'était pas un idiot fini ; il se doutait qu'il ne pourrait jamais empêcher les jumeaux Crust de la X-Squad de pénétrer sur son territoire. Mais Erend n'aimait pas rester dans l'ignorance. Il avait alors fait beaucoup de recherches sur les Mélénis, sur leur histoire, et sur leurs faiblesses. Outre ce minerai spécial, l'Ysalry, qui bloquait leurs pouvoirs, il y avait aussi certains moyens de les repérer.

Quelques Pokemon, souvent de type Psy, étaient sensibles à un certain niveau au Flux, et pouvaient le sentir quand quelqu'un s'en servait près d'eux. Les textes anciens qu'Erend avait pu trouver et traduire affirmaient que les Groret étaient, bizarrement, les plus sensibles d'entre tous au Flux. Erend en avait donc disposé un peu partout sur le territoire, notamment dans les lieux d'entrée de Johto, comme le port d'Oliville. Le rapport de Velca ne pouvait signifier qu'une chose : un Groret avait détecté quelqu'un faisant usage du Flux. Et comme Erend ne connaissait des Mélénis que les jumeaux Crust et leurs deux protecteurs respectifs, il y avait de grande chance que la Team Rocket se soit infiltrée à Johto.

Pourtant, Ithil ne lui avait rien dit à ce sujet. Selon son dernier rapport, la X-Squad devait être en réunion avec les Gardiens de l'Innocence aujourd'hui même. Et si Ithil ne lui avait rien dit, c'était qu'il devait l'ignorer, et qu'il ne faisait pas parti de ce groupe. Donc, c'est qu'il s'agissait d'une mission secrète. Peut-être même confiée par Lady Venamia en personne ! Erend ne pouvait pas ne pas réagir. Il ignorait les intentions de ces espions, mais il devait imaginer le pire. Peut-être étaient-ils là pour le tuer, lui. Il se tourna vers le colonel Duancelot, toujours immobile devant lui.

- Des intrus Rockets se sont sans doute infiltrés à Johto. Ils sont en ce moment même à Oliville. Je veux que vous les interceptiez et que vous les arrêtiez. Tâchez de les capturer vivant. J'ignore combien ils sont, mais au moins un d'entre eux possèderait des pouvoirs surnaturels. Vous pourrez gérer ça ?

Duancelot se mit au garde à vous d'une façon automatique.

- Oui oui oui, chef Igeus. La section DUMBASS ne vous décevra pas. Nous allons arrêter ces méchants. Compagnons, en route !

- DUMBASS ! Crièrent les autres à l'unisson.

Erend les regarda partir avec une certaine inquiétude dans l'estomac. Infiltrer une prison, c'était une chose, mais là, contre les véritables forces spéciales de la Team Rocket, il allait pouvoir vérifier ce que valaient réellement ces cinq là.