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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 19/11/2014 à 09:30
» Dernière mise à jour le 21/09/2018 à 22:58

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 14 : Pour la corruption du monde
Les années passent, mais les souvenirs demeurent. Je me rappelle encore de cette fille, Nirina... Elle et moi, nous étions marqués dès la naissance, embourbés dans un destin que nous ne maîtrisions pas. Si j'ai tenté de suivre le destin de mon ancêtre, Nirina a préféré rompre avec le sien. Peut-être que je regrette aujourd'hui de n'avoir pas fait comme elle...



*****




Nirina ressentit le sol dur sous elle comme un soulagement. Mais ça ne dura pas longtemps. La douleur de sa cuisse gauche transpercée par une flèche la fit frémir, et le fait que Surervos soit à moitié sur elle n'arrangea rien. Les cinq humains et le Pokemon se démêlèrent les membres entre eux pour se relever, tout essoufflés. Nirina ne se soucia de sa blessure que lorsqu'elle fut sûre que son fils allait bien. Il était même tout joyeux.

- C'était génial, ce voyage ! On recommence quand ?

Ils se trouvaient à l'air libre, au milieu d'un champ. Il y avait une route qui le coupait non loin, avec quelques voitures qui passaient parfois. Deornas observa les véhicules avec grand intérêt.

- Alors nous y voici... l'Ancien Monde ! J'ai toujours rêvé de le visiter un jour...

Leol, qui avait remarqué que Nirina s'était prise un trait, se baissa pour examiner la blessure.

- Je vais la retirer. Ça va faire un peu mal.

- Wow wow wow ! L'arrêta Nirina. On est dans l'Ancien Monde ici. Je préfèrerai trouver un cabinet médical plutôt que d'expérimenter la médecine de la Tribu des Chevaux !

- C'est quoi, un cabinet médical ? Demanda Deornas, curieux.

- On ignore ce qui se passe dans ce monde, ni où on est, fit Leol. Vaut mieux rester discret pour le moment. Ne vous inquiétez pas, ma nièce. J'ai retiré des centaines de flèches. Je ne suis pas sûr que les médecins de ce monde puissent en dire autant.

- Au moins eux ils connaissent l'anesthésie, grommela Nirina.

Mais elle accepta l'offre de Leol. Tant qu'elle ne savait pas où précisément elle se trouvait à Bakan et où était l'armée de Castel, autant ne pas trop se faire remarquer. Leol examina attentivement la position de la flèche et en conclut d'un air joyeux :

- Je crois qu'elle n'a touché ni l'os ni l'artère. Suffit juste de la faire passer de l'autre coté. Voyons donc comment les Haldar encaissent la douleur.

Leol poussa la flèche au travers la cuisse de Nirina, qui gémit en serrant les dents, mais ne cria pas. Pas question de faire preuve de faiblesse devant un membre de la Tribu des Chevaux. Une fois que ce fut fait, Leol improvisa un bandage avec un morceau de la robe de Nirina.

- Eh bien voilà. Solide, ces blondins aux yeux bleus, hein ?

- Vous avez les yeux bleus aussi, remarqua Nirina. Et d'ailleurs, je n'ai jamais rencontré de membres de la Tribu avec des cheveux bleus.

- Pourquoi, vous avez rencontré beaucoup de membres ? Ironisa Leol.

Il aida Nirina à se relever. Surervos était en train d'effectuer une espèce de danse de la victoire avec son Pokemon Kaïdastros en chantonnant :

- On est r'venu chez nous quoi ! On est r'venu chez nous quoi !

- C'est vraiment l'Ancien Monde ? S'étonna Deornas. Après tout ce qu'on en a raconté de si incroyable, ça ressemble juste à Cinhol.

- On est dans une prairie, dit Nirina. Attend de voir une ville comme Fubrica.

- OHHHHHH !

Alroy cria si fort que Nirina pensa qu'ils étaient attaqués, que les hommes de Lyaderix avaient trouvé un moyen de les poursuivre même ici, mais le jeune prince désignait du doigt en trépignant un Lineon qui était passé non loin.

- C'est un Pokemon maman ? Hein dis ?

Nirina avait oublié que les gens de son peuple, même son propre fils, n'avaient pas l'habitude de voir des Pokemon, en dehors de ceux de Castel et ceux des Hauts Protecteurs.

- Oui mon cœur. Un Lineon.

Deornas s'inclina vivement devant le Pokemon qui le regardait d'un air curieux.

- Nous sommes honorés de vous rencontrer, Seigneur Pokemon.

- Relève-toi, crétin, soupira Nirina. Ici les humains ne s'agenouillent pas devant les Pokemon. Des Lineon, il y en a des millions dans ce monde.

- C'est tout à fait prodigieux ! Combien existe-t-il d'espèces de Pokemon dans l'Ancien Monde ?

Nirina haussa les épaules.

- Je crois que les scientifiques ont arrêté de compter. On en dénombre de nouveaux tous les jours. Au hasard, je dirai dans les mille.

- Incroyable !

- Mouais... En tout cas, on va avoir besoin d'un Pokemon ou deux en plus de Kaïdastros, pour nous défendre. Et ça tombe bien, je suis une très bonne dresseuse. Il me faut juste des Pokeball pour les capturer. Encore faudrait-il me situer. Vu le coin, on est sûrement pas vers le centre de Bakan ; il est recouvert de ville.

- Trouvons donc un village, sans nous faire trop remarquer, proposa Leol.

- Ça, c'est raté d'avance, soupira Nirina. Dans l'Ancien Monde, les gens ne se baladent pas en armure et ont rarement des épées ou des lances avec eux.

- Vraiment ? S'étonna Leol. Le crime et la guerre est-il inexistant ici ?

- On est plus civilisé que vous, mais c'est pas le paradis non plus. On utilise des Pokemon justement pour se défendre, et à l'occasion, des armes à feu.

Leol ricana.

- Quoi ? Demanda Nirina.

- Vous avez dit deux fois « on ». Vous vous considérez plus comme une habitante de l'Ancien Monde que de Cinhol, ma nièce ?

Nirina n'avait fait attention. Mais elle ne le réfuta pas non plus.

- Je suis souvent venue ici, expliqua-t-elle. La vie ici est bien meilleure. Je m'y sens bien mieux qu'à Cinhol.

- Drôle d'idée pour une descendante d'un homme qui a déclaré la guerre à ce monde...

- Castel n'est pas moi. Allons-y, on bouge.

Elle se baissa pour ramasser Peine, quand elle fut brutalement repoussée en arrière dès qu'elle posa la main sur la garde. Une espèce de fumée noire s'échappa de l'épée, et prit peu à peu trois formes distinctes. Nirina les reconnut aussitôt. Le Trio des Ombres. Les trois Pokemon Spectre d'Uriel. Leol, qui ne les avait jamais vus, les identifia aussitôt comme une menace, et tenta de planter sa lance dans le corps de Glauquardant. La pointe passa seulement au travers sans aucun dommage.

- Vous... fit Nirina.

- Nous, confirma Revener, le spectre de foudre.

- Spicy, intervint Surervos. Amis ou ennemis, ces moches là ?

Nirina n'en savait rien. Jadis, ces trois Pokemon, Polascar, Revener et Glauquardant, avaient en quelque sorte appartenu à Uriel. C'est du moins ce que Ryates lui avait dit. Ils devraient donc être des ennemis de Castel, mais rien n'était moins sûr, d'autant qu'ils avaient aidé Ryates dans ses sombres projets. Nirina n'avait jamais rencontré de Pokemon aussi mystérieux qu'eux.

- Que faites-vous là ? Leur demanda-t-elle.

- Nous n'avons jamais quitté Peine, répondit Polascar. Toujours en elle.

- Elle est le lien entre nous et Cinhol. Nous ne pouvons exister sans elle, continua Revener.

- Mais c'est fini désormais, conclut Glauquardant. La longue attente est terminée. Nous sommes de retour en ce monde, et nous n'avons plus besoin de Peine. Nous te remercions bien, reine Nirina. En nous amenant ici, tu nous as libérés. Nous allons pouvoir retrouver notre maîtresse.

- Attendez, les arrêta Nirina alors qu'ils s'apprêtaient à partir. Castel est de retour, vous êtes au courant ?

- Au courant, au courant, coqueta Polascar.

- Nous avons œuvré pour qu'il revienne. C'est une réussite, fit Glauquardant.

- Réussite, répéta Revener.

- Vous avez... Mais vous n'êtes pas censé être du coté d'Uriel, vous trois ? S'exclama Nirina. C'est vous qui lui avait forgé Peine non ?

En un parfait ensemble, le Trio des Ombres éclata de rire.

- Du coté d'Uriel ? S'étonna Revener. Jamais nous n'avons été de son coté.

- Pas plus que de celui de Castel, ajouta Polascar. Tous ce que nous avons fait, c'était dans le but de les faire s'affronter. Pour la corruption du monde.

- Pour la corruption du monde, répétèrent en chœur les deux autres.

- Je ne comprends pas, avoua Nirina.

Autre ricanement.

- La petite reine ne comprend pas, se moqua Glauquardant. On va donc lui expliquer.

- Il y a cinq cent ans, nous avons trouvé ce gros morceau de Vifacier qui flottait dans l'espace, raconta Revener. Un vestige perdu de la grande civilisation des Primordiaux. Connaissant son pouvoir, nous avons fait en sorte qu'il s'écrase sur Terre. Une telle quantité de ce métal si précieux attirerai sans nul doute les convoitises, les conflits, et donc la corruption.

- Castel Haldar s'en ait servi pour forger les épées connues sous les noms de Meminyar et Sifulis, continua Polascar. Il fut vite assoiffé de la puissance qu'offrait le Vifacier, et nous a demandé des renseignements. Nous l'avons alors mis en contact avec le Grand Forgeron. Uriel, de son coté, voulait une autre épée pour contrecarrer les projets de Castel, qui avait passé un marché avec le Grand Forgeron pour la destruction de ce monde. En échange de Peine, nous lui avons arraché son âme. Il devint très vite l'un des nôtres : un Agent de la Corruption.

- Uriel n'était rien pour nous, ricana Glauquardant. Seulement un pion censé amener encore plus de corruption. Il a piégé cet homme qui prit le nom de Ryates. Nous l'avons aidé à recharger la météorite de Vifacier en énergie négative, en lui disant qu'Uriel en aurait besoin pour ressusciter. C'était vrai, mais nous savions très bien que Castel s'en servirai pour retrouver son corps. Et ça a fonctionné !

- Nous avions prévu qu'Uriel et Castel plongent le monde dans un conflit destructeur, poursuivit Revener. Mais ça ne s'est pas passé ainsi. Castel a éliminé Uriel avant qu'il n'ait eu le temps de revenir. Mais c'est aussi bien ainsi. Castel Haldar, toujours assoiffé de vengeance envers ce monde, va poursuivre son marché avec le Grand Forgeron, apportant ruine et désespoir à ce monde. La corruption sera alors totale. Tel est notre but.

Nirina secoua la tête, atterrée.

- Alors c'est vous... Vous vous êtes servis de Castel, d'Uriel, de Ryates et de moi... Vous nous avez fait combattre les uns contre les autres. Vous êtes responsables de toute cette pagaille... Pourquoi ?

- Nous te l'avons dit, petite reine, répondit Glauquardant. Pour la corruption. Pour notre seigneur et maître, le tout puissant Horrorscor ! Il sera bientôt de retour. Plus il y aura de corruption en ce monde, plus proche sera son retour.

- Les évènements se sont trop emballés pour que vous puissiez les stopper, susurra Revener. Rien n'empêchera le cataclysme que nous avons fait en sorte de débuter il y a cinq siècles. Colère, amertume, haine, ressentiment, vengeance... Castel va amener tout ça dans ce monde. Il croit que c'est pour recharger la météorite, mais le but premier est tout autre. C'est l'un des nombreux actes pour le retour du Seigneur Horrorscor, le Pokemon de la Corruption. Notre maîtresse nous a crée uniquement pour que nous puissions le servir ! Ce royaume de Cinhol n'a jamais servi qu'à ça, et ce depuis le tout début !

Nirina sentit la colère l'envahir, et tant pis si c'était une émotion négative qui renforçait le foutu maître de ces trois là.

- J'ai une bien piètre opinion de Cinhol et de son peuple, avoua-t-elle. Mais je refuse de croire que le royaume, et tout ce que j'ai fait pour lui, n'a existé que pour vous !

- Crois ou ne crois pas, peu nous importe, ricana Polascar. Ce qui est en marche ne peut être stoppé.

- Moi, je le stopperai, leur promit Nirina. Quelque soit ce que compte faire Castel, je l'arrêterai. Pareil pour ce Grand Forgeron et ce Pokemon de la Corruption s'ils viennent me chercher des noises. Je prends en main mon destin. Ce ne sera ni Castel, ni Uriel, et encore moins vous trois qui décideront pour moi !

- Stupide fille, caqueta Glauquardant. Tu n'es rien. Tu te frottes à des puissances dont tu n'as pas idée. L'avenir de ce monde a déjà été décidé. C'est la désolation et la corruption.

En un grand éclat de rire, les trois Pokemon spectres tournoyèrent un moment entre eux puis se dissipèrent dans les airs.


***


Sur les cinquante jeunes dresseurs de l'Académie qu'Erend et Anis étaient parvenus à recruter, il n'en restait aujourd'hui que cinq. Quand Castel avait ordonné le recensement de tous les dresseurs ainsi que l'obligation de remettre leurs Pokemon, près de la moitié avait fini par partir. Ensuite, la grande majorité de ceux qui étaient restés avaient décidé de continuer à se battre contre Castel, mais hors de Fubrica. Ils étaient partis pour le sud, là où l'armée loyaliste tenait ses positions face à Cinhol. Bien sûr, quitter la ville était en principe interdit, mais surveiller une si grande mégalopole dépassait pour l'instant les capacités du tyran de Cinhol. Tenter de partir n'était quand même pas sans risque, et seules les personnes avec des Pokemon pouvaient y parvenir.

Erend n'en avait pas voulu à ceux qui étaient partis, que ce soit ceux qui ont eu peur ou ceux qui avaient rejoint le territoire libre de Bakan. Cette dernière option était même une très bonne idée. Comme le défaut majeur des armées de Cinhol était le manque de Pokemon, en apporter en soutient à l'armée loyaliste était important. Mais Erend, ainsi que son frère Zayne et mademoiselle Anis avaient décidé de rester, de mener le combat à l'intérieur même de la capitale. Quatre autres jeunes dresseurs étaient demeurés avec eux.

Il y avait Marcelio, celui avec le Méga-Carchacrok, qui faisait office de dresseur le plus puissant du groupe, peut-être même plus que mademoiselle Anis. Il avait vingt ans, et se vouait à devenir ingénieur plus tard. Doté d'un grand sens moral, il n'avait pas été bien difficile à convaincre. Erend et Zayne étaient vite devenus amis avec lui. Ensuite, il y avait Daniel. Lui, c'était le genre tête brûlée qui acceptait tout et n'importe quoi pourvu que ce soit dangereux et excitant. Et entrer dans une résistance, ça l'était assurément. Erend se méfiait de sa manie de foncer tête baissée et de prendre des initiatives risquées, mais en dehors de ça, c'était un bon dresseur, spécialisé dans le type combat, et on pouvait compter sur lui.

Jace, lui, c'était tout le contraire. Il était hésitant, discret, souvent à la limite de l'effroi quand on parlait de combat. C'était un dresseur globalement passable, et en toute honnêteté, l'aide qu'il pouvait apporter était réduite. Mais ni Erend ni Zayne n'avaient pu lui refuser le droit d'être parmi eux. Tout simplement parce qu'il était là par souci de vengeance, comme eux. Son père avait été un des gardes du Sénat, qui avait péri en même temps que Clarisse Alston lors de l'attaque de Castel et de son Pokemon transformable. Jace avait beau avoir très peur, il refusait de se défiler, ce qui en soit était déjà une marque de courage.

Le dernier membre de leur groupe était une fille, Velca. En troisième année comme Erend, elle était l'une de ses amis proches. Ils se connaissaient depuis leur entrée respective à l'Académie, et avaient partagé nombre de cours ensemble. Toutefois, comme Velca était entrée à l'Académie assez tard, et qu'Erend lui avait plusieurs années d'avance, les deux avaient une différence d'âge de huit ans. Ça ne les avait pas empêché de nouer une véritable relation d'amitié et de confiance, s'entraidant mutuellement dans différents domaines. De plus, Velca venait elle aussi de la région Johkan, comme lui. Quand Erend avait commencé à recruter des gens avec Anis, Velca fut le premier nom qui lui soit venu à l'esprit.

Quatre, c'était peu, mais mieux valait quatre dignes de confiance qu'une cinquantaine sur lesquels on pouvait difficilement compter. Et au moins, un groupe si petit éviterait d'attirer l'attention, bien qu'ils n' aient pas encore vraiment décidé ce qu'ils allaient faire. Ils n'avaient pas confié leurs Pokemon aux armées du roi, et les conservaient cachés. S'entraîner au combat était maintenant devenu plus dur. Mais au moins, si Castel s'avisait de s'en prendre à l'Académie, il allait tomber sur un imprévu.

L'équipe de spectres de mademoiselle Anis était leur plus gros atout. Des soldats armés d'épées et d'arcs seront totalement impuissants contre eux. Mais le problème restait entier s'ils avaient à faire à Castel en personne. Erend avait tâché d'en apprendre plus sur son incroyable Hafodes, ce Pokemon capable de se changer en une arme qu'on pouvait porter, en l'occurrence une fourche. Malgré ce qui lui en a couté, le garçon avait revisionné plusieurs fois l'attaque de Castel au Sénat. Il avait revu sa mère se faire brutalement assassiner une dizaine de fois, tout cela pour mieux cerner Hafodes.

Anis l'avait aidé de son coté, en rassemblant sur lui toutes les légendes et mythes existants. Il apparaîtrait qu'il fasse parti d'un trio de Pokemon Légendaire nommés les Dieux Guerriers. Chacun était capable de se changer en arme, et chacun possédait pas moins de trois types Pokemon. Selon ce que Erend avait vu d'Hafodes et deviné, le Pokemon de Castel était sans l'ombre d'un doute de type Feu, Acier et Sol. Erend comptait donc beaucoup sur le Méga-Carchacrok de Marcelio pour en venir à bout. Il avait passé beaucoup de temps avec Marcelio pour lui expliquer diverses théories et stratégie pour combattre efficacement Hafodes.

Erend tâchait aussi de trouver un Pokemon pour son frère Zayne. Il était le seul de leur groupe de sept à ne pas en avoir. Mais dans le contexte actuel, où l'armée de Cinhol avait pris possession de la quasi-totalité des Pokemon de la ville, ça allait être compliqué. Erend lui-même n'avait que Babytus à son actif, et le Pokemon Fée était très jeune et guère adapté pour le combat. Les autres trouvaient étrange qu'Erend, qui était déjà un expert en théorie du combat Pokemon et un grand connaisseur de la biologie pokemonologique, ne possède pas un ou plusieurs Pokemon du niveau de Maître. Il fallait dire qu'Erend était un garçon déjà bien occupé par tout ce qu'il apprenait, et qu'il n'avait vraiment pas eu le temps d'ajouter la pratique du combat Pokemon à ses activités.

Depuis la prise de pouvoir de Castel, l'Académie fonctionnait au ralenti. Nombre de ses professeurs étaient des intervenants d'autres régions, comme Anis. Bien sûr, la plupart s'étaient dépêchés de quitter Bakan quand ça a commencé à chauffer. Beaucoup d'étudiants avaient fait de même, et il n'y avait plus beaucoup de cours qui se tenaient. Et dans ceux qui restaient, l'atmosphère était si tendue, si nombre, qu'on aurait dit plutôt une veillée mortuaire. Ça faisait quelque jours qu'Erend avait cessé de se rendre à un seul cours, ce qui montrait bien la gravité de la situation. Anis et son groupe continuaient d'occuper les locaux de l'association des dresseurs de l'Académie, dans lesquels plus personne ne venait désormais.

Erend était en train de jouer aux échecs contre lui-même tout en enchaînant des grilles de sudoku à la suite. Se sachant inactif, il était obligé de faire travailler son cerveau pour éviter de devenir dingue. Lui qui était toujours occupé et toujours en pleine réflexion, ne rien faire équivalait à être emprisonné. Babytus, son petit Pokemon Fée et Plante, observait la partie d'échecs avec attention. Erend avait dans l'espoir de lui apprendre à jouer. C'était un Pokemon très intelligent, qui le deviendrait encore plus en grandissant. Erend avait du mal à se trouver des adversaires à sa taille, et commençait à être lassé de jouer contre lui-même. Seul Jace, qui aimait la solitude, était avec lui dans la pièce. Tous les autres étaient dans la salle d'à coté, en train de visionner les dernières nouvelles sur la télévision.

Erend connaissait l'importance de se tenir informé, mais n'en pouvait plus d'avaler la propagande immonde et totalement absurde de Cinhol. Depuis que Castel avait pris la ville, il contrôlait les studios de télévisions, et il ne restait plus qu'une seule chaîne disponible, sur laquelle des soi-disant journalistes expliquaient comment le roi était juste, comment le roi était bon, comment le roi était glorieux, et comment il faisait bon vivre sous la justice de Cinhol. Erend se demandait vaguement si Castel avait menacé de mort ces journalistes pour débiter pareilles âneries. Mais cette fois ci, il se résolut à venir voir ce qu'il se disait quand Velca vint les chercher, lui et Jace, en disant :

- Le roi Castel va faire une annonce à tous les citoyens de Fubrica.

Ça piqua assez la curiosité d'Erend pour qu'il renonce à ses échecs. Jamais encore Castel n'était apparu publiquement depuis ce jour funeste au Sénat. Tous les autres étaient déjà attentifs et tendus devant l'écran, surtout Zayne qui tressaillit de colère quand l'image du souverain de Cinhol apparue. Erend, pourtant toujours très calme, ne put se retenir de serrer les poings. Ces cheveux blonds, ces yeux bleus, ce regard moqueur et hautain... Tout dans cet homme le rendait détestable à ses yeux.

- Mes chers sujets, commença Castel en écartant les bras comme s'il voulait tous les serrer contre lui. Je vous ai récemment libéré de l'obscurantisme de votre précédent gouvernement, pour vous ramener dans le giron bienveillant du Royaume de Cinhol. Je me rend compte de la période de trouble que vous vivez tous. Mais gardez la tête haute, citoyens ! Il vous faut faire preuve de force. C'est la force qui décide du destin de chacun. La force qui fait s'élever les uns et élimine les autres. Et notre royaume est devenu plus fort encore depuis que vous tous en faîte partie. Très bientôt, j'irai éclairer de ma bienveillance et de ma sagesse les hérétiques qui osent encore, par peur ou par ignorance, se dresser contre ma croisade. Ces militaires qui se sont nommés l'Armée de la Libération, et qui propagent la crainte dans toute la région... Ils verront bientôt en moi leur souverain légitime, je puis vous l'assurer.

- Souverain légitime, mes fesses, siffla Zayne à voix basse.

- Mais je n'en aie pas oublié pour autant les fidèles sujets que vous êtes. Vous pouvez être apeurés. Vous pouvez être troublés. Vous pouvez douter. N'ayez pas d'inquiétude. Je vais faire de vous tous de vrais citoyens de Cinhol, comme vous auriez déjà dû l'être il y a cinq cent ans, s'il n'y avait pas eu ce traître méprisable du nom d'Uriel. Je vais vous montrer la force de notre royaume, celle qui va vous transformer. J'ai l'honneur et l'immense joie de déclarer ouvert les Jeux du Courage !

Il avait dit ça comme le Père Noël sortant un jouet inattendu et merveilleux de sa hotte.

- L'ensemble de ces jeux se tiendront dans le Grand Aérodrome, que nos amis de Stormy Sky nous ont prêté pour l'occasion. Tous les citoyens de Fubrica y sont conviés. Les règles sont simples : les concurrents devront affronter un Pokemon, pour prouver leur force, leur ingéniosité et surtout leur courage. Assister à ces jeux est obligatoire. Y concourir ne l'est pas. Toutefois, pour le premier d'entre vous qui réussira à vaincre un Pokemon, il y aura un prix de choix. J'ai nommé l'immunité absolue. Le gagnant des Jeux du Courage sera en droit de faire ce qu'il lui plait dans toute l'enceinte de la ville, à l'exception de mon palais. Il ne sera tenu à aucune loi, et ne sera jamais inquiété de personne, pas même de moi. En clair, il sera un roi parmi mes sujets. C'est là tout ce que je veux vous montrer : que la force permet de nous élever au dessus des autres.

Erend fronça les sourcils, ne sachant pas ce qu'il devait penser de ça. Où donc Castel voulait-il en venir avec ces jeux ?

- Une copie des règles des Jeux du Courage sera distribuée à tous les citoyens. Mais la première règle est qu'il n'y a pas de règle, justement. Le fort doit pouvoir se distinguer du faible par tous les moyens en sa possession. Les concurrents feront face à un Pokemon dans l'arène, et seront libres de combattre avec les armes de leur choix. Mais rappelez-vous. Il n'y aura qu'un seul vainqueur. Le premier d'entre vous qui vaincra son adversaire. Il deviendra alors un roi. Mon égal. J'attends sa venue avec impatience...