La cruelle vérité.
...
Je me suis finalement réveillée, sans savoir combien de temps j'avais dormi. Il y avait toujours plus de gaz dans le tunnel, on y voyait à peine à 5 mètres. La chaleur était toujours aussi intense et épuisante, et ce ne fut qu'avec difficulté que je me suis relevée avant de reprendre ma route. Sur mon chemin, j'observais de plus en plus de fissures rouges. C'était vraiment inquiétant de savoir qu'il y avait peut-être, derrière les parois, un immense réservoir de magma…
Finalement, après au moins une heure de marche épuisante, je suis arrivée à la sortie… pour ne plus rien reconnaître.
On aurait dit un océan de lave qui s'étendait, sans qu'on puisse voir la fin. Ici et là, le liquide rouge jaillissait en fontaines. Seuls quelques rochers dépassaient de cet océan. Il ne restait rien d'Autequia. Je ne voyais même plus la mer, au loin…
Quand soudain, j'ai remarqué que le niveau de la lave augmentait, et qu'il se rapprochait dangereusement de l'entrée de la grotte. Je ne savais pas ce qu'il y avait à l'autre sortie, mais celle-ci était inaccessible, et il allait falloir parcourir la grotte au plus vite.
C'est avec une grande déception et une peur sans limite que je reprenais la marche. Ma peau était encore plus rouge que la veille, et les gaz me faisaient toujours plus suffoquer. Ici et là, de petites flaques de magma étaient visibles au sol. De temps à autre, une petite pierre tombait du plafond. Il fallait faire vite : A n'importe quel moment, le liquide mortel pouvait jaillir. Mais les dures conditions et la fatigue empêchaient toute vitesse. Je ne pouvais plus qu'espérer. Mais après des heures d'une marche toujours aussi exténuante, je fis une terrible découverte.
Depuis l'autre côté du tunnel, la lave coulait. Elle était lente, très lente, mais elle coulait. De l'autre côté, c'était probablement la même chose. J'étais… coincée. Je dû me tenir à la paroi pour ne pas tomber à la renverse. Mais contre toute attente, elle s'effondra, révélant une énorme cavité derrière.
Une sorte de pente, partant de l'endroit où la paroi s'était effondrée, descendait sur des centaines de mètres jusqu'à ce qui semblait être un îlot au milieu d'un océan de lave. Positionnée en haut, j'hésitais à la descendre, mais je n'avais pas le choix : Le magma qui coulait dans le tunnel commençait à s'écouler vers moi. Mais en descendant la pente, il gagnait en vitesse, m'obligeant à faire de même. Finalement, je dévalais la pente, la roche en fusion me talonnant. Une partie tombait dans « l'océan » par les bords mais une autre continuait sa route. Finalement, le magna ne fut totalement tombé que quand j'atteignis l'îlot. C'était une sorte de grande plaque de roche arrondie au milieu de l'océan tumultueux de lave. On voyait bien des parois, mais elles semblaient être à des kilomètres. Je devais me trouver sous le cône, dans le principal « réservoir » de magma. Quand soudain, je vis le liquide s'agiter sur la droite de l'îlot. Je me réfugiais immédiatement à gauche, en rampant. Mais à ce moment-là, une titanesque créature sortit de la roche en fusion. Elle avait d'énormes pates, avant comme arrière, avec des griffes qui semblaient grandes comme un homme. Le ventre de son corps massif était gris foncé, le dos rouge. Une sorte de masque rouge lui servait de visage, ses yeux jaunes perçant en prédominance, ainsi que sa grande gueule remplie de dents aiguisées. Enfin, ce qui semblait être des « écailles » étaient séparées par de grandes fentes d'un orange lumineux. Des pics gris foncés ornaient les côtés de l'impressionnant animal. Soudain, elle poussa un énorme cri, d'une force telle qu'il m'envoya en l'air. Quand je regardais où j'allais tomber, j'étais terrifiée : J'étais juste au-dessus du magma… Plus je m'en rapprochais, plus je sentais ma fin venir.
Mais quand je suis tombée dedans… rien ne s'est passé. Je n'ai pas été carbonisée sur le coup. J'ai alors ouvert les yeux : Je ne voyais qu'une couleur orange à la limite du rouge. J'étais bien dans le magma. Mais ce n'était pas mortel. C'était même… agréable. J'avais l'impression de… de nager dans une lagune. Mais je me sentais comme… différente. En tentant de me frotter les yeux, je remarquais que mes bras n'étaient pas assez longs. Là où étaient mes cheveux, il n'y avait plus rien. J'avais l'impression d'être recouverte d'une sorte de carapace sur le dos, et j'avais l'impression d'avoir quelque chose qui n'existait pas avant : Une queue… Finalement, je suis remontée à la surface, et j'ai tenté de me hisser sur l'îlot. Mais là où il y avait mes mains, je ne voyais que de très grandes griffes attachées à des grands bras rouges. Je ne sentais plus mes vêtements, et mes jambes semblaient avoir beaucoup plus de mal à porter mon corps. En tentant de pousser un petit soupir de mécontentement, j'émis un grand grognement sourd. Quand soudain, je vis une patte comme la mienne, griffue, prendre ma main droite pour m'aider à m'hisser sur l'îlot. C'était la créature qui m'avait envoyées dans la lave : D'un coup, j'avais l'impression d'être au même niveau qu'elle. Et son air me paraissait bien moins agressif et dangereux. Mon bras était exactement le même que le sien, et je supposais qu'il en était de même pour le reste. Je ne comprenais pas… comment j'étais passée d'une jeune femme à une créature grande et puissante ? C'est alors que je me suis souvenu de ce qui se passait dans la caverne… ma peau qui rougissait… mes ongles qui se durcissaient, le poids que je ressentais sur le dos… plus il y avait de gaz, plus j'avais ressenti cela. En fait, c'est comme si le magma n'avait fait que finaliser un processus déjà entamé…
Je fus interrompue dans mes pensées par des grognements venant de la créature. Elle semblait vouloir me montrer quelque chose. Elle poussa alors un puissant rugissement, et le niveau du magma se mit à monter. Le liquide était de plus en plus agité, bouillonnant, jaillissant en fontaines. Puis, je vis des fissures se former dans les parois, et du magma en sortir… C'était donc cette créature qui déclenchait les éruptions ? Alors, elle me fit un signe et plongea dans le magma. Je la suivi immédiatement, plonger dans ce liquide semblant si agréable…
-Hôpital de Poivressel.
L'une des chambres d'hôpital du plus grande complexe médical d'Hoenn semblait bien morne. Alors qu'une jeune femme sortait un stylo et un bloc-notes, un médecin plus âgé pris une seringue et injecta son contenu dans le bras de celle qui était allongée sur le lit. Différentes courbes, montrées sur des écrans à proximité, se mirent à baisser jusqu'à disparaître. Alors, celle qui avait le bloc-notes nota :
« Patiente n° 88. Heure du décès : 13h40. Cause : Euthanasie suite à des crises de folie et d'asthme répétées. »
Le vieil homme lâcha : « Je déteste ce travail… »