Retour vers le centre de la terre.
7 Décembre 1941, au soir...
Le médecin m'a permis de quitter l'infirmerie ce soir. Il m'a pris pour une civile de l'île, sans doute, me laissant partir sans rien me demander. Mais je ne pouvais m'empêcher de passer dans la base, afin de constater le désastre.
Dans l'eau, des bouts de métaux recouvraient presque entièrement le fond de l'eau. De grandes carcasses de navires, certaines éventrées, d'autres chavirées, gisaient là comme des baleines mortes. L'une de ces coques brûlait encore, entourée de plusieurs petits navires qui tentaient ne neutraliser l'incendie, visiblement en vain. La rade avait en son centre une petite île, sur laquelle était installé un terrain d'aviation... même vu depuis le quai d'en face, les dégâts semblaient terrifiants. Les avions avaient perdu toute leur couverture, permettant de voir leur superstructure et leur moteur. Les hélices étaient cassées, déchiquetées, arrachées. Les cockpits étaient brisés, les ailes fissurées pendouillaient même sur certains appareils. Le tour de contrôle avait été soufflé, il n'en restait plus qu'un tas de débris. Le même sort avait été réservé aux hangars. Presque tous les arbres de l'îlot étaient à terre, noircis, signe qu'un incendie s'était déclaré.
Les quais de l'île principale n'étaient pas en meilleurs état. Des zones entières étaient noires à cause des explosions. A proximité du navire ayant explosé, le quai était fissuré, personne n'ayant le droit d'y accéder pour ne pas qu'il tombe en morceaux. Les installations portuaires étaient ravagées, les réservoirs de carburants cassés continuaient par endroit de brûler. L'aérodrome de l'île principale avait été lui aussi dévasté. Il ne restait plus que des morceaux de ferraille de certains avions. J'ai remarqué que l'un des côtés de la tente-infirmerie avait été complétement noirci par le crash d'un appareil.
Au coucher du soleil, des cercueils portés par des soldats survivants furent transportés dans toute l'île. C'étaient ceux des officiers et membres du corps diplomatiques tués dans l'attaque. Entièrement recouverts d'un drap noir flanqué de croix chrétiennes, les tombeaux semblaient bien lourds.
Alors que le soleil tombait à l'horizon, des silhouettes d'avions apparurent à l'horizon. Presque tous les hommes filèrent se cacher, et quelques canons de défense anti-aérienne ouvrirent même le feu, mais par chance, ils ne firent pas mouche : les appareils étaient ceux de navires alliés, rentrés en toute hâte à l'annonce de l'attaque. J'admirais leur couleur bleu océan, qui prenait une teinte presque violette au soleil couchant. Plusieurs se posèrent à l'aéroport. Il y eu quelques accolades entres pilotes présents sur les lieux au moment de l'attaque et pilote des porte-avions, mais l'ambiance restait sombre et morne. Au bout de quelques minutes, la marche funèbre reprit, au son de l'orchestre. J'ai entendu un britannique dire, au soleil couchant...
« On se croirait sur le Titanic... »
Après cette sombre soirée, je retournais auprès du volcan pour dormir. Mais, en marchant, j'ai remarqué quelque chose. Le sol était étonnamment chaud...
*Au même moment, au cœur du Volcan*
Le magma se déchaîne sous la terre. D'habitude calme, il se met à bouillonner, former des bulles qui explosent, se déchaîner. Au milieu de cela, un îlot de roche se tient, accroché à une sorte de pente lisse menant à ce qui semblait être une paroi. Soudain, le magma semble devenir encore plus puissant et agité à proximité de la roche. Dans un immense cri, une créature sort du liquide en fusion...
- A l'extérieur
Soudain, un puissant tremblement se fit entendre. Puis, une sorte de fumée assombrit les environ. Elle me faisait tousser, mais l'ayant déjà vue à Autequia et dans la longue grotte, je ne la pensais pas dangereuse. Mais en regardant la montagne, je vis une certaine zone enfler de plus en plus... jusqu'à tout simplement éclater, faisant déferler une coulée de lave très rapide vers la forêt. Le feu gagna progressivement en ampleur, tandis que la faille d'où sortait le magna semblait s'élargir.
Je me mis aussitôt à courir, avec Leopardus. Derrière, la coulée avançait, toujours plus rapide et menaçante. La chaleur augmentait peu à peu, et il y avait toujours plus de gaz. Quelques cris se firent entendre, venant d'autres parties de la forêt. Courant entre les palmiers, je me rapprochais de la grotte d'où je venais. Normalement, au lieu de me suivre sur la pente du volcan, le liquide brûlant coulerait vers la mer. Quand je sortis de la forêt, le magma se mit en effet à couler vers le bas. Si certes la roche volcanique était chaude, c'était toujours plus agréable que d'être poursuivie par de la roche en fusion. La fumée, par contre, devenait si intense qu'on se serait cru en plein brouillard, et j'ai eu bien du mal à retrouver l'entrée de la grotte. Je me rendis alors compte que Leopardus n'était plus là. Je l'ai appelée pendant de longues minutes, m'attendait à le voir grimper à flanc de montagne, mais avec de moins en moins d'espoir. Mais les gaz devenaient si denses qu'ils me faisaient suffoquer, et les coulées de lave s'intensifiaient toujours plus...
Je me suis donc engouffrée dans le tunnel, en espérant revoir un jour mon cher Pokémon.
L'intérieur se différenciait finalement peu de l'extérieur : On ne voyait presque que la fumée des gaz. La chaleur restait intense, mais supportable, bien que ma peau rougissait à vue d'œil. Je sentis aussi mes ongles se rigidifier, sans que je comprenne pourquoi. La fatigue et la difficulté à respirer m'engourdissaient, j'avais comme un poids sur le dos. Par endroit, les murs se recouvraient de petites failles rouges. Tout ce que je craignais était que du magma surgisse de je ne sais où. Mais heureusement, tout ce que ces failles faisaient était d'éclaircir un peu l'épaisse fumée qui régnait dans ces lieux. Plus le temps passait, plus je toussais et suffoquait, et plus les gaz devenaient denses. Le peu de ma peau que j'arrivais à voir continuait à rougir, sans que je ne sache pourquoi, et mes ongles devenaient de plus en plus lourds. Mais la fatigue eut raison de moi, et malgré toute mes craintes, je m'endormi finalement dans le tunnel...