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Le Projet Wallace de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 16/11/2014 à 10:11
» Dernière mise à jour le 16/11/2014 à 14:09

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

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080 - Le Conformiste
« Ta superficialité pathologique causera ta perte »
(Augusten Burroughs, Déboire)

« - Clive Barker va au pressing ?! Comme c'est conformiste ! »
(Andréa, chapitre 054, « De la mer à la terre »)

« La mauvaise herbe nuit car elle ne meurt jamais »
(Mylène Farmer, Je t'aime Mélancolie)



L'inspecteur Reiner semblait épuisé.

- Qui est le suivant ?
- Tout va bien, inspecteur ? souffla Jason Mars.
- Entre le gamin qui se prend pour un cador et la grosse qui chiale, je sens que la journée va être très longue. Qui est le suivant sur la liste ?
- Barker, Clive. C'est l'élève qui était à l'extérieur.

Reiner hocha lourdement la tête.

- Celui qui a terrassé une armée à lui tout seul...
- Hm. Nous l'avons menotté, ne sachant estimer quel danger il représentait.

Reiner acquiesça, rangea le dossier « Fey Hope » et s'emparant du dossier « Clive Barker », puis retournant à la salle d'interrogatoires.

Clive s'y trouvait. Le cheveu blond, plus court et sans gel, il portait un sweet à capuche marron et un jean de la même couleur. Il était couvert de bleus et de petites éraflures, comme s'il s'était battu contre un buisson de ronces.

- Clive Barker... Vous étiez placés dehors, devant l'école.

Clive acquiesça.

- Vos amis vous ont lâchés là, tout seul ?

Clive secoua la tête.

- C'est vous qui avez décidé d'aller dehors ?

Clive hocha la tête.

- Vous êtes pas une grande gueule, ça va aller BEAUCOUP plus vite qu'avec vos embarrassants camarades. Dommage pour vous, j'ai une question qui va nécessiter que vous ouvriez la bouche : Pourquoi avoir suivi le mouvement ?

Clive regarda l'inspecteur de ses yeux clairs.

- Je suis accusé de quoi ?
- Pardon ?
- Je suis accusé de quoi ? J'étais dehors, je n'ai fait que me défendre.
- Vous êtes complice d'un acte terroriste, jeune homme !
- Un acte terroriste ?!
- Vous et vos petits camarades avez saccagé votre école, vous avez tenu tête à l'ordre public, vous vous êtes délibérément rebellés contre la loi de votre gouvernement !!

Clive hocha la tête avec de gros yeux, genre « Waouh c'est trop méga grave. »

- Waouh. C'est trop méga grave, marmonna-t-il sur un ton monocorde.
- PUTAIN ! grommela l'inspecteur Reiner en frappant la table.

Jason Mars sursauta, mais il continuait d'écrire chaque mot qui était dit.

- Vous faisiez partie du plan !
- Nan, nan, j'passais là, j'me suis dit « Hey ! Pourquoi pas ! »
- Pourquoi vous vous êtes joint à cette mascarade ? On vous décrit comme un anticonformiste, un solitaire et un marginal !
- Sérieux ? Qui a dit ça ?! C'est trop cool !!

Reiner inspira.

- Qu'avez-vous à me dire sur les armes que vous avez utilisées ?

Clive reprit son sérieux.

- Que... l'ennemi les a utilisées aussi.
- L'ennemi, vous parlez d'un organisme représentant la loi et l'ordre !
- Bah elle est belle, la loi et l'ordre. Vous avez vu ce qu'ils ont fait à notre école ?

Reiner se saisit l'arête du nez.

- Si seulement j'avais la possibilité de vous torturer...
- Vous avez noté ça ? demanda Clive à Jason Mars.
- NE LE NOTEZ PAS !
- Vous avez noté ça aussi ? sourit Clive.

Reiner grommela. Jason Mars ne savait plus où donner de la tête. Il raya son dernier paragraphe en catastrophe.

- Vous ne saviez rien de ce qui se passait à l'intérieur ?
- Pas vraiment. Les petits génies voulaient me raccorder à la radio mais je les ai envoyés paître, je leur ai dit que j'étais trop cool pour ces trucs, et putain, j'ai eu raison.
- Votre amie, Andréa, c'est ça ? Votre petite amie ?
- Je parlerai plus d'elle comme d'un ustensile de cuisine.

Reiner grimaça et regarda Jason Mars qui hésitait à noter.

- ... faites-moi sortir ce petit con !
- On l'incarcère ? demanda Jason.

Reiner regarda Clive qui soupira.

- Han non, j'veux pas me faire violer en prison, s'il vous plait, monsieur l'agent, pitié, violez-moi vous-même, mais pas la prison !

Reiner leva les yeux au ciel.

- Je vais foutre le feu au commissariat tant qu'ils y sont encore !
- Vous avez noté ça ? demanda Clive.
- FAITES-LE SORTIR, MARS !
- Oui oui... avec ou sans menottes ?!
- Oh bah non, laissez-les moi, j'préfère ! sourit Clive, amusé.


***

Tino ouvrit la porte à Tristan. Il faisait presque nuit. Tristan tenait son œuf.

- Euuuuh... ouiiiiiii ?
- ... Ça va ?!

Tino plissa les yeux.

- On... s'est vus aujourd'hui, Tristan...
- Je sais... Je suis désolé de mon comportement de ces derniers temps...

Tino agita la tête et sortit en fermant la porte de sa maison.

- Tu es désolé ?!
- Oui, je... Enfin, j'ai pas été sympa, je t'ai humilié devant tout le monde, j'ai eu des mots qui ont dépassé ma pensée...
- Tu as dit ce que tu pensais. Je sens bien que toi et moi, depuis... que tu es homosexuel, on s'est éloignés, disons, et...
- J'ai toujours été homosexuel, Tino... soupira Tristan.
- Je sais, je sais... Je me suis compris.
- Depuis que tout le monde le sait, quoi...
- Hm...

Tino et Tristan se regardèrent. Tristan soupira.

- J'ai été un peu dur...
- Tu as tellement grandi, que... au final, je sens que je suis en tort. Du coup je t'en veux pas vraiment. J'ai pas le sentiment d'avoir beaucoup avancé en trois ans... Toi... Tu t'es fait des amis, dans cette classe, tu as vécu des tas de choses... Je ne suis toujours pas trop d'accord avec ce rapprochement que tu opères avec Wallace...
- Je sais, je sais...
- Il va te faire du mal, Tristan...

Tristan acquiesça et regarda Tino.

- Tu dis que tu n'as pas changé, mais tu n'aurais pas été de si bon conseil avant. Enfin, tu n'aurais pas autant cherché à me protéger avant. Tu t'es ouvert au monde, toi aussi, à ta façon.

Tino agita la tête.

- Et pour Christina...
- Vous devez avoir une vraie conversation ! Pourquoi tu ne l'as pas vue cet été ?
- J... J... C'est compliqué !
- Tu as peur.
- J'ai peur, oui... De ce qui peut découler de tout ça !
- Ca va, c'est pas comme si en lui tenant la main, tu allais la mettre enceinte !

Tino fit de très gros yeux. Tristan soupira.

- C'est Wallace qui m'a demandé de te parler.
- ... et ça pouvait pas attendre demain ? s'étonna Tino.
- Faut croire que non...

Tino inspira.

- Tu viens me voir à dix-neuf heures pour discuter... parce que Wallace te l'a demandé ?!

Tristan souffla.

- Je sais, c'est...
- C'est pas complètement dingue non plus, disons juste que ta... dévotion à son égard est effrayante... Je crois que ça joue un peu aussi sur moi, je me dis... Je ne veux pas être aussi facilement malléable !

Tristan agita la tête, grimaçant.

- Il me manipule pas non plus...
- Il joue avec toi. Il sait que tu lui obéis au doigt et à l'œil et il en joue.
- Je vois des aspects de lui que les autres ne voient pas...
- Et ça justifie tout ça ?

Tristan inspira grandement.

- Oui. Aussi idiot que ça puisse te paraître, oui.
- Que ça puisse me paraître ? Tu crois que je suis le seul à trouver ton comportement ridicule ? Que crois-tu que Perrine, Walter et Naomi pensent de toi ? Robbie ? Benjamin et Orson ? Wallace lui-même ? Tristan, je t'en prie !

Tristan soupira et commença à faire demi-tour.

- A demain, Tristan...
- Hm...
- Et occupe-toi un peu mieux de cet œuf, ça va faire cinq mois, il est bien long à éclore...

Tristan agita la tête, furieux, mais il se contenta de continuer à marcher d'un pas frondeur.

***

Pendant ce temps, Clive était dans son jardin en pleine nuit. Il sortit Cizayox. Le Pokémon Insecte et Acier rouge se mit en garde avant de voir qu'il n'y avait aucun danger. Clive resta assis devant son Pokémon qui se raidit de tous ses membres et claqua des pinces. Il souffla et sortit un calepin.

« 16 septembre – observations – Accoutumance aux effets de la pierre. »

Clive observa la gemme sésame autour de son poignet. Il regarda Cizayox qui portait la Méga Gemme en collier autour du cou. Clive déclencha la mégaévolution qui se déclara dans un éclat de lumière, couvert par les murs clôturant le périmètre.

Méga Cizayox était une créature insectoïde spécialement faite pour le combat. Ses pinces ressemblaient à des scies. Ses jambes étaient raides et fines. Il était complètement aérodynamique, prêt pour sauter et frapper. Il dégageait une puissance complètement surréaliste. Clive pouvait le sentir.

« Créature clairement orientée vers le combat. Temporaire. Scientifique. Pas naturelle. Quand j'essaie de lui donner à manger... »

Clive approcha avec la nourriture habituelle de Cizayox. Méga Cizayox resta impassible.

« Il ne réagit pas. »

Clive regarda la créature qui n'attendait que des ordres.

« Ce n'est pas mon Pokémon. Du moins ça n'y ressemble plus. Du tout. »

***

Wallace allumait une énième cigarette. Il regarda sa baie vitrée dans l'espoir d'y voir apparaître Tristan. « Accroché à moi comme il est, il va sûrement venir après être passé chez son pote... »

Tristan n'arriva pas, et Wallace en sembla quelque peu peiné. « T'es un crétin, Wallace. Pourquoi tu lui as dit de faire ça ? Pourquoi t'es pas juste capable de dire « Ok, viens chez moi, j'ai besoin de compagnie ?! »

***

Clive déjeuna le lendemain avec ses parents.

- Toi, tu as encore été te coucher tard !

Clive regarda sa mère, Sylvie Barker. Une femme du commun.

- Ouais.
- Quoi de neuf à l'école en ce moment ?
- Un de nos profs a disparu sans laisser de traces, du coup on va avoir un cinquième remplaçant.

Sylvie ricana.

- Eh bah... Le moins qu'on puisse dire c'est que la vie dans ton école est pleine de surprises...
- C'est le moins qu'on puisse dire...
- Et toi tu restes pareil, le même Clive avec la même coiffure, le même genre de manteaux, la même dégaine boudeuse...

Clive regarda sa mère et leva les yeux au ciel.

- Tu es à nouveau dans ce club de mères éplorées...
- Les filles du club des mamans d'enfants difficiles m'ont conseillé d'essayer de te parler !
- Euh, ouah, elles ont trouvé ça toutes seules ?! Dingue !
- Tu es habillé comme si tu n'allais pas bien et que tu te trouvais laid !

Clive soupira.

- Je vais bien et je m'aime comme je suis.
- Et les autres ?
- Quoi, les autres ?
- Tu t'es fait beaucoup d'amis cette année ?

Clive haussa les épaules.

- J'sais pas. J'crois pas.
- Ils t'aiment bien au moins ? Ou ils ont peur de toi ? Je suppose que tu veux qu'ils aient peur de toi !

Clive grimaça.

- Nan... J'm'en fiche de ce qu'ils pensent de moi...
- Ah bon. Bon. Je pensais que ça importait un peu pour toi... Tu as dix-huit ans, ton image devient importante pour toi...

Clive plissa les yeux.

- Ce que les autres pensent, d'accord, tu t'en fiches, mais au final ça fera trois ans que tu auras passé avec des gens qui t'auront vu comme... une ombre, c'est... triste, non ?

Clive agita la tête.

***

Le jour se leva à l'identique des autres, et pourtant, un garçon blond aux cheveux courts arriva, tout nouveau et tout beau. Il portait un t-shirt violet évoquant un groupe de rock, un jean plutôt classique et des converses. Il ne portait ni maquillage ni lentilles colorées. Il soupira. « Putain, je suis sérieux... J'ai coupé mes cheveux, quoi... Tout ça pour quoi ? »

Clive fronça les sourcils. « Pour donner tort à ma mère... putain je suis tellement superficiel en fait... Andréa va m'assassiner... »

Il arriva auprès de Walter, dans son fauteuil, devant les marches, qui consultait son téléphone.

- Salut... marmonna Clive.

Walter leva la tête et grimaça.

- ... Clive... ?!
- Yep.
- ... mais qu'est-ce qui t'arrive ?!!
- J'fais une expérience.
- ... ah bah... carrément, là... c'est même limite de l'expérimental, à ce niveau-là...
- Ça te choque à ce point ?!
- Bah... je sais pas, on a tellement l'habitude de te voir dans tes fringues noires... avec tes cheveux en arrière, tes lentilles... Mince, t'as les yeux noisette !
- Marron !
- Ouais, ouais... N'empêche, t'es sûr que ça va ?
- Bof. Ça fait un peu bizarre de ne plus être que... moi et plus... Clive dans sa grande armure de chevalier...
- L'important c'est que tu te sentes bien dans ta peau...

Clive agita la tête.

- Mouais. Besoin d'aide ?
- Oh, non, je vais attendre Perrine et Robbie, ça ira, merci.
- De l'eau dans le gaz avec Naomi...

Walter inspira.

- Ouais, c'est le moins qu'on puisse dire...
- Ca va s'arranger...
- Oui c'est pas comme si c'était... irrémédiable, ou comme si je lui avais fait du mal, ou... Ouais, ça va s'arranger. J'y crois.

Clive hocha la tête.

- Qu'est-ce que vous voulez à mon cousin, vous ?!

Clive se tourna vers Perrine qui fit de gros yeux.

- ... j'suis morte, c'est ça ?!
- ... je sens que je devrais consigner les réactions des gens dans un calepin... admit Clive.
- Mais qu'est-ce qui t'es arrivé ?!
- J'essaie un nouveau style...
- Mais c'est... tellement pas toi !
- Je sais.
- J'en connais une qui va hurler...
- J'me doute. On a quoi aujourd'hui ?
- Matin, Apprentissage Technique, après-midi options et médiathèque.

Clive acquiesça.

- Bon. Journée sympa, quoi. A plus !
- Hm...

Clive monta les marches. Perrine regarda Walter qui inspira.

- Lui, il est perturbé par tout ce qui se passe.
- Ah ouais ?
- Un gothique c'est avant tout quelqu'un d'hypersensible... Le noir, c'est une carapace. Les récents évènements, c'est sûrement trop pour lui... Tu ne veux toujours pas me dire ce qui s'est passé dans les toilettes ?
- Crois-moi, c'était très inintéressant... soupira Perrine.

Clive passa devant Quinn et Lucy qui le regardèrent fixement, hébétées.

- 'jour...
- T'es malade ?! s'étonna Lucy.
- Nan... Vous attendez Francis ?
- Oui... Tu vas rester comme ça toute la journée ?!

Clive inspira.

- Ok, c'est déjà lassant... euh... Bonne journée alors !
- Attends, Clive ! Tu en penses quoi cette histoire du prof de fondamentaux ? Nous on pense que c'est les mecs du groupe de travail de Wallace qui l'ont kidnappé...

Clive plissa les yeux. « Je rêve ou elle me fait la conversation ?! »

- Bah... J'vois pas leur intérêt... C'était juste un pauvre type... Il avait rien de spécial et... rien à voir avec notre délire, surtout...
- Oui mais justement c'est peut-être un avertissement !

Lucy regarda Quinn, gavée.

- Arrête avec ta parano !
- Mais ça m'inquiète vachement ! Et puis Francis n'avait pas d'avis sur le sujet !
- Normal, Clive a raison...

Les filles se tournèrent vers Francis.

- Sympa, le look, Clive...
- Merci. Merci également de ne pas être effaré...
- Je t'ai vu avec Walter en fait, j'étais déjà effaré avant... Ça ne te va pas du tout.
- Je sais.
- Tu as juste l'air plus abordable, c'est tout...

Clive ne savait pas comment prendre cette remarque. Il inspira.

- Booooon... j'y vais hein...
- A tout à l'heure ! sourit Quinn.

Clive s'avança vers l'établissement. « Pffff... Grosse bande de conformistes... Dès qu'on rentre dans votre rang, on refait partie du troupeau... »

Gina et Holly ne le remarquèrent même pas. « Pas plus mal... »

Mike, Steven, Rebecca et James non plus. « J'vais pas m'plaindre. »

Santana attendait Violette devant l'école, Clive lui passa devant sans qu'elle ne le remarque. « Ah tiens. J'me demandais comment elle allait réagir, elle... »

Il arriva jusqu'à son casier. Tristan et Christina discutaient non loin.

- Il faut que tu lui laisses du temps, c'est dur pour lui de gérer ces sentiments...
- Alors pourquoi c'est lui qui a fait le premier pas ? soupira Christina. Si encore c'est moi qui l'avait harcelé, mais même pas !
- Il est plus timide qu'il n'y paraît...
- Tu essaies de le défendre et je respecte ça, Tristan, mais tant qu'il n'aura rien fait par lui-même, je ne décolèrerai pas ! Deux mois, il m'a évitée pendant deux mois, je l'ai appelé, je lui ai envoyé des messages, les deux premières semaines, et après j'ai arrêté parce que je n'avais aucune réponse et j'avais l'impression d'être folle ! Et je ne suis pas allée le voir chez lui pour les mêmes raisons...

Christina serra les dents.

- Et aussi un peu parce que le pas de sa porte me rappelle notre premier baiser, et...

Tristan tapota le dos de Christina, compatissant. Elle soupira.

- Pourquoi je suis pas amoureuse de toi, ce serait tellement plus simple !
- ... je te rendrai très, très, très malheureuse ! sourit Tristan.

Clive haussa les sourcils. « Marrant, j'les voyais pas si proches, ces deux-là... »

- Hey !! C'est le casier de mon pote Clive !! DEGAGE DE LA !!!

Clive se tourna vers Andréa qui avançait, furibarde. Elle se redressa, stupéfaite.

- OH MON DIEU !!!

Christina et Tristan observaient la scène.

- ... C'est Clive ?! s'étonna Christina.
- J'avais même pas fait attention ! souffla Tristan.

Andréa l'observa des pieds à la tête.

- Mais... mais... Mais pourquoi ?!
- Envie de changement.
- ... Mais c'est horrible !! Tu es tout...
- Conventionnel ?!
- Mais OUI ! C'est affreux !
- J'suis à l'aise, au moins...
- T'es presque sexy... mais t'es juste trop conformiste là !

Clive haussa les épaules.

- J'sais pas, j'voulais voir si j'étais autre chose qu'un look...
- Oh... bah... tu es autre chose qu'un look, Clive, voyons, tu es intelligent, profond, tu as des opinions sur plein de choses...
- Oui mais ça, toi, tu le sais. Pas les autres. Je sais pas, j'ai pas envie d'arriver à la fin du cycle et de me dire « J'ai pas vraiment marqué mes camarades pour autre chose que mon manteau de cuir ».

Andréa agita la tête.

- Et t'avais besoin de changer de look pour ça ? Tu pouvais pas juste... aller un peu plus vers les autres ?!

Clive haussa les sourcils et agita la tête à son tour.

- J'sais pas trop. C'était pour être un peu spécial, aussi, je suppose.
- Ooooh le petit Clive a envie d'être la star de la classe !

Clive plissa les yeux. Andréa ricana.

- Rhalala. Bon, le concert de samedi, on est toujours ok ?
- Oui...
- T'as même coupé tes cheveux, c'est horrible, ils étaient beaux tes cheveux !!
- Ils étaient surtout en train de devenir carrément filasse...
- Tchhh... Comment tu vas faire quand tu vas reprendre ton look d'avant ?

Clive soupira.

- Regarde-moi ça, on parle de moi comme d'une gravure de mode qui se doit de maintenir un standing...
- Si tu vas à Hot Topic dans cette tenue, Barney va se sentir obligé de te relooker entièrement !
- Pffff...

Santana arriva avec Violette. Toutes deux remarquèrent Clive.

- ... ça y est, il est enfin normal... admit Santana.
- Ça te change, c'est dingue ! sourit Violette.
- Salut les filles... marmonna Clive.
- Clive est en pleine expérience sociologique, il veut voir si les gens sont différents avec lui quand il s'habille comme un conformiste.

Violette pencha la tête, intriguée. Santana soupira.

- Marrant, quand même, vous prônez un style de vie marginal, mais pour autant, vous faites très attention à comment vous vous habillez et quand vous changez de fringues, on dirait presque – à vos yeux – que vous changez de vie... En fait un gothique, c'est une gamine de quatorze ans. Dès qu'elle a un nouveau chemisier, c'est l'apocalypse.

Clive regarda Santana qui haussa les épaules. Il tendit un doigt accusateur.

- J't'ai jamais piffée !
- Je sais, j'avais pas besoin que tu mettes un horrible t-shirt Slipknot violet pour en être consciente !
- Et toi... j'ai pas d'avis sur toi !
- Moi je t'aime bien, tu as l'air sympa ! sourit Violette.

Clive grimaça et baissa la main, désespéré.

- Putain, j'suis un conformiste !
- Et laisse-moi deviner, t'as pas ramené de fringues de rechange ! sourit Andréa, amusée.
- Naaaaaaaaaanjyaipaspenséjsuistropconputain...
- Quelle journée merveilleuse tu vas passer !

La petite classe alla s'attrouper à l'étage devant la salle de Sandrine Aubert. Fey et Ana achevèrent la queue et regardèrent Clive qui agita la tête.

- J'te préférais avant... admit Fey.
- Ça te change beaucoup, je me demande ce que Rhonda va en penser... admit Ana.

Clive plissa les yeux. « Putain, j'avais pas pensé aux autres gothiques de l'école... »

Sandrine arriva et ouvrit sa salle. Les élèves entrèrent, et Sandrine prit Wallace à part.

- M'dame... ?
- Wallace, si jamais le cours devient trop difficile pour toi, tu es libre de sortir quand tu veux, je suppose que Perrine, Naomi ou Walter te donneront le cours au pire...
- Merci, mais ça va aller... Va bien falloir que je m'y remette...

Tristan attendait, à distance, derrière. Tino le remarqua et leva les yeux au ciel. « Génial... Le toutou de Wallace Gribble, c'est tout ce que je vois, moi... »

- D'accord mais si ça ne va pas, je comprendrais tout à fait que tu choisisses de partir.
- Ok. Merci.
- Allez mon grand.

Wallace entra en classe, suivi par Tristan.

- Ca va aller ?
- Hm. Tu as parlé à Tino ?
- Oui, hier soir.

Wallace inspira. « Donc il y est bien allé, mais il est pas passé chez moi juste après... »

- Ca s'est pas arrangé ?
- Pas trop... Il est buté et... il me juge pas mal quant à la situation actuelle...
- D'accord, je vois. Tu viens chez moi ce soir ?

Tristan haussa les épaules alors que le duo s'asseyait à l'écart.

- Ouais, si tu en ressens le besoin...
- Cool. En fait je t'attendais un peu hier soir.
- J'étais pas d'humeur, Tino m'avait un peu saoulé, en fait...
- Oh.
- T'étais mal hier ?

Wallace inspira.

- Pas tant que ça.
- Tu as qui, sur toi, aujourd'hui ?
- Brenda. Elle voulait pas que je l'emmène. Elle s'éloignait quand j'ai voulu la rappeler...

Tristan hocha la tête et tapota le dos de Wallace.

- Ca va s'arranger.
- J'espère qu'elle me déteste pas... Je l'ai capturée récemment...
- Elle ressent ta propre crainte, c'est toi qui a peur qu'elle te déteste, elle ressent juste ton anxiété.

Wallace hocha la tête, attristé.

- Viens ce soir, s'il te plait.
- Pas de soucis.

Wallace sembla rassuré par ce fait. Tristan inspira. « Tino avait peut-être raison, Tristan... Dans quoi tu t'enfonces, là... »

Sandrine attendit que les élèves se soient installés.

- Bon, bon, bon... On va reprendre le cours de la dernière fois sur l'estimation des forces... mais avant ça, je voulais savoir si vous aviez eu des nouvelles de votre professeur de fondamentaux...
- Les filles lui ont latté les couilles, du coup il s'est barré ! souffla Steven.

Sandrine plissa les yeux.

- Steven Weldon, pourriez-vous au moins vous exprimer dans un langage correct quand vous êtes en classe ?
- J'parle français, nan ?
- ... parfois je me demande... bon eh bien... Attendez, mesdemoiselles, vous avez vraiment frappé votre professeur ?!

Les filles se regardèrent. Santana resta entièrement neutre. Amélia regarda fermement la prof.

- Les garçons, vous avez été témoins de ça ?

Les garçons semblèrent gênés. Santana soupira mais resta silencieuse. Sandrine agita les mains.

- Bon, on s'en fiche ! Je suppose qu'il n'avait pas les reins assez solides pour supporter votre classe de petits chenapans ! Alors, l'estimation... On a vu la dernière fois que dans un combat il y avait plusieurs moyens d'estimer la puissance de son adversaire. Quels sont ces moyens... Robbie ?
- Euh... La garde ?
- La garde, oui, la posture de combat du Pokémon est un très bon indicatif de sa puissance. Des précisions... Orson ?
- Bwaaah ! Euuuh... Une... garde resserrée est la preuve d'une expérience accrue et une garde lâche est la preuve d'une grande inexpérience ou d'une trop grande confiance en soi !
- Et qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? sourit Sandrine.

Orson plissa les yeux.

- Je vous ai déjà dit d'éviter le par-cœur, Orson Bertelin...
- Pardon madame...
- Et aussi d'arrêter de vous excuser, un peu de confiance en vous, vous êtes un brave garçon tout à fait capable et intelligent, d'accord ?

Orson hocha la tête, gêné.

- Rebecca ?
- Il y a aussi l'usure.
- Voilà. Sur certains Pokémon on peut repérer l'usure des griffes, doigts ou même si on sait bien observer, articulations. C'est plus facilement repérable sur les attaquants physiques... Hm... C-Cli-CLIVE ?!

Clive plissa les yeux. Le reste de la classe se tourna vers lui.

- Yup. Euh, chez les attaquants spéciaux, c'est... la fatigue dans le regard, le mouvement des membres et la dextérité des postures ?

Sandrine hocha la tête, éberluée.

- Mais qu'est-ce qui vous est arrivé ?!
- J'ai été abusé sexuellement par ma garde-robe.

Rires gênés dans l'assistance. Sandrine agita la tête.

- Ca ne vous va pas trop, mais si ça veut dire que vous allez bien, alors tant mieux !
- ... je n'allais pas mal !
- Ah ?!
- Nan, j'apprécie juste de m'habiller avec du cuir et du noir, c'est tout !
- Si j'avais su qu'un jour je vous verrais en jean ! sourit Sandrine. M'enfin, vous avez raison, en effet, c'est ainsi que l'on peut estimer la force d'un attaquant spécial. Qu'est-ce qu'on avait vu d'autre... Amélia ?

La jeune fille regarda la prof avec ses yeux bleus lumineux.

- ... Une différence évidente entre Pokémon sauvages et Pokémon dressés.
- Bien, Amélia ! Oui, un Pokémon sauvage puissant se démarquera d'un Pokémon dressé puissant parce que l'entrainement n'est pas le même, l'origine même de cette puissance n'est pas la même, il y a une différence entre... Tino, qui lève la main depuis tout à l'heure ?
- Merci madame ! souffla celui-ci comme si on lui avait donné sa dose de crack. Entre le didacticiel et l'autodidactisme.
- Voui ! Calmez-vous, Tino Ketts, je sais que vous savez, ne vous inquiétez pas ! On avait également esquissé quelque chose... Francis ?

Francis grimaça.

- Euh...

Francis hésita. Quinn lui tendit son cours. Francis le regarda comme si c'était du cyrillique. Sandrine se mordilla les lèvres.

- Fey ?
- L'estimation selon les apparences corporelles... ?
- Exact ! Onix et Machoc sont des attaquants physiques mais il est certain qu'on va différencier différemment leurs forces. On en était au grand deux, on passe donc au grand trois : Estimer les forces de Pokémon d'apparences différentes.

***

A la fin du cours, Sandrine avait tenu à intercepter Francis.

- Tout va bien, jeune homme ?

Francis sembla gêné, absent, détaché et fuyant. Tout à la fois.

- Oui. Merci.

Il s'éloigna devant une Sandrine inquiète. Clive plissa les yeux. « Voilà, Clive, tu es dans ton grand moment, celui où tu aurais pu attirer toutes les attentions, et non, les gens sont juste surpris un moment et au final, ils ont tous des vrais problèmes, et toi tu n'es qu'un petit truc spécial dans leurs vies...

Il se dirigea vers la cantine. Andréa vint le voir.

- Je mange avec les filles !

Clive leva les yeux au ciel.

- Tu veux pas venir, je sais !
- Non.
- Du coup bah... mange bien tout seul !

Clive plissa les yeux. « C'est bon d'avoir une meilleure copine qui pense à vous... »

Clive se dirigea donc vers la cantine, et il assista à une petite discussion.

- Je suis désolé si j'en ai marre que tu m'évites !
- Tu crois que c'est simple ?! Tu crois que c'est si simple pour moi ? Tu crois que je n'ai plus de sentiments ? Tu crois que je suis contente d'avoir l'impression que tout a foiré entre nous à cause de ça ?!

Clive ne savait plus trop où se mettre, et les autres élèves semblaient les regarder tout en les esquivant. Mais Naomi et Walter se disputaient bel et bien.

- Mais rien n'a foiré enfin, on peut repartir de zéro en oubliant ça tout simplement !!
- Ce ne sera pas aussi facile, Walter ! Parce que... Parce que... Bon sang !!

Naomi s'en alla, dépitée et larmoyante. Walter leva les yeux au ciel.

- Tu fais chier, tu sais que je ne peux pas te courir après !!!

Clive grimaça. « Oooookay. Booon... Je fais quoi... »

Walter semblait perdu. Clive inspira. « Putain, tu détestes ça, mais c'est peut-être ton moment, Clive, sois un bon gars... »

Clive approcha de Walter qui le regarda, intrigué. Clive inspira.

- Tu... veux qu'on mange ensemble ?

***

Quelques autres élèves qui attendaient d'être interrogés observaient Clive par un mur vitré. L'élève était toujours menotté et avait même été muselé. Rhonda frappa contre la vitre. Elle était avec sa classe de troisième année, et quelques élèves gothiques des autres classes de troisième année. Clive se tourna vers elle, et elle lui leva un pouce de fierté alors que la plupart des élèves semblaient hagards ou fatigués. Clive crut apercevoir ses parents, également, qui avaient l'air, pour la première fois de sa vie, vraiment inquiets pour lui.

- Il a essayé de me mordre... souffla une policière à Jason Mars qui s'étonna de cet état de fait.

Le jeune juriste se dirigea vers Clive qui ressemblait à un Hannibal Lecter du pauvre.

- Vous avez conscience de la situation dans laquelle vous vous trouvez ?

Clive regarda Jason. Il agita mollement la tête.

- Oui, j'en suis sûr. Pour autant... vous persistez et vous signez, et je sens qu'on va avoir trente interrogatoires similaires.

Clive sembla sourire, du moins ses yeux l'indiquèrent.

- J'ai été comme vous, à une époque. J'étais un marginal, qui refusait de se mêler au reste du clan pour ne pas être un mouton.

Clive regarda le policier.

- ... et au final, je me suis retrouvé tout seul, avec des idéaux pleins la tête... et personne autour de moi. Alors j'ai abandonné ma carapace et j'ai fait du droit parce que je voulais non plus subir, mais agir.

Clive plissa les yeux. Il fit un signe de tête rapide vers le bas. Jason lui retira le masque.

- Pourquoi avoir essayé de mordre ma collègue ?
- Elle m'a traité de petit punk. Je suis pas un punk.
- D'accord. Qui vous a donné les armes ?
- Les armes ?
- La Gemme Sésame et la Méga-Gemme. Pour votre Cizayox.

Clive inspira.

- Notre prof, madame Clover.
- Vous la désignez expressément ?
- Bah oui, c'est elle qui nous les a donnés.
- Qui vous a appris à vous en servir ?

Clive inspira.

- J'ai appris seul.
- S'il est vrai que vous avez très certainement pu déclencher la Méga Evolution seul, il est très étonnant que vous ayez atteint un tel contrôle de votre Méga-Cizayox en seulement un an, à votre âge.
- Je me suis entrainé pour ça.

Jason hocha la tête.

- Pourquoi avoir aidé vos camarades, monsieur le marginal qui n'est pas un punk ?

Clive sourit. Il baissa la tête. Inspira, puis répondit.

- Je me suis mis dans cette situation tout seul. Deux ans durant, j'avais juré de ne pas m'attacher, et puis... J'ai changé de look.

Jason pencha la tête, intrigué.

- ... et quand, à la fin de l'année, il y a eu tout ce bordel... Bah... quand il s'est agi de laisser quelqu'un dehors pour les affaires courantes, je me suis proposé.
- Un grand sacrifice...

Clive haussa les épaules.

- La situation a été ce qu'elle a été.
- Hm. Qu'avez-vous à nous dire sur vos contacts avec Direction Dresseurs ?

Clive serra les dents.

- Rien.
- Vous encourrez un risque plus grand en vous taisant qu'en parlant, jeune homme.

Clive se mordilla les lèvres.

- Tout ce que je peux dire, c'est que j'ai toujours eu le contrôle sur ce qui se passait.
- Est-ce que cela a quelque chose à voir avec votre maîtrise de votre Méga-Pokémon ?

Clive détourna le regard.

- J'veux plus rien dire. Remettez-moi le bâillon.
- Une dernière chose, monsieur Barker.

Clive inspira et regarda le policier débutant.

- Vous et votre classe, vous savez déjà que vous n'allez pas sortir indemnes de ces évènements. N'aggravez pas votre cas.

Clive hocha la tête.

- Je peux en dire autant de votre côté. Arrêtez Roland Smirnoff au plus vite, sinon votre crédibilité de flics et de représentants de la justice va en prendre un sacré coup !

Jason Mars inspira. Clive hocha lourdement la tête alors que le policier repartait vers la salle d'interrogatoires.

- Hm ! Vous savez que j'ai raison !


***

- Nos parents respectifs étaient absents, elle est venue chez moi, on a discuté dans ma chambre, sur mon lit et... les choses faisant, on s'est embrassés... plutôt chaleureusement...

Clive n'arrivait pas à croire qu'il recueillait les confessions d'un handicapé sur sa vie sexuelle. Il s'efforça de prendre une vidéo mentale de tout ça.

- Et... au moment de... concrétiser tout ça... bah... on flippe. On s'éloigne mutuellement, elle est toute gênée, moi aussi... Elle se barre après m'avoir aidé à me rhabiller sans rien dire et... bah après ça plus rien pendant au moins quatre jours.

Clive plissa les yeux. Walter inspira.

- Je lui demande si ça va... elle me répond que c'était une erreur, qu'on n'aurait pas dû, qu'on n'était pas prêts, qu'elle se sent idiote... Je lui dis que je me sens pareil, on va se boire un café... Et là je pleure, comme un con.

Clive pencha la tête.

- Parce que... Je l'aime et que je comprends pas ce qui s'est passé, et que j'aimerais qu'on n'ait jamais essayé d'avoir un rapport sexuel, que c'était débile, elle pleure aussi, je me lamente encore parce que je sais que je ne la rendrais pas heureuse, elle dit qu'elle s'en veut d'être aussi gourde, qu'elle prend ce qui s'est passé pour elle, que sa réaction la dégoûte, je suis désolé, elle me dit de ne pas l'être, mais on continue à pleurer en silence comme des crétins, tout le monde nous regarde... on se sépare froidement, et après ça que des échanges de sms pour le reste des vacances, des sms du genre « comment ça a été ta journée » ou « je pense à toi »... quelques conversations banales en soirée, mais rien de plus...

Walter inspira lourdement alors que Clive était médusé.

- Je m'en veux tellement !

Clive hocha la tête.

- Ok... euh... tu l'aimes toujours ?
- Bah oui...
- Et elle t'aime toujours, c'est sûr, même si elle mange à la table des laissées pour compte actuellement...

Walter et Clive se tournèrent vers la table de Fey, Ana, Christina, Naomi, Santana, Andréa et Violette, qui ricanaient comme des pintades.

- ... je pense ! admit Walter.
- Bon. Le souci n'était pas... dans vos physiques respectifs ?
- Nan, enfin pas de mon côté... ni du sien, je pense pas que ça ait joué...
- Plus dans vos émotions, la gestion de vos émotions sur le moment...
- Voilà. Elle... Elle était tellement belle et moi j'étais tellement... moi !
- Bah, ça, tu vas pas être quelqu'un d'autre... Regarde, j'ai changé de fringues et tout le monde me voit différemment. Quand tu as marché par miracle, là...
- Je testais un médicament... sourit Walter.
- Ouais. Pareil ! Tout le monde te regardait différemment, même Naomi.
- J'étais tellement sûr de moi à ce moment-là... tellement trop... elle a pas trop apprécié d'ailleurs...
- Voilà. Bah là vous avez tous les deux changé dans vos yeux respectifs. Tu l'as vue toute nue, elle t'a vu tout nu. Gros choc. Vous êtes passés de « On s'aime, on est complices, on s'adore » à « Hey, faisons du sexe » beaucoup trop vite pour vous deux.

Walter acquiesça.

- Hm, c'est ça...

Clive n'en revenait pas. « Bah merde alors, je suis doué... »

- Si vous vous aimez tant que ça, ça va se faire, c'est forcé. J'ai lu trop de romans à l'eau de rose pour ne pas savoir ça. Si quelque chose doit se faire, ça se fera. Quitte à ce que vous deveniez des vampires pour ça.

Walter grimaça. Clive haussa les épaules.

- J'ai changé de fringues, pas de mentalité !
- Je m'aperçois en fait que je ne sais rien de toi... Maintenant que tu as baissé la garde, tu pourrais faire quelques confidences ?

Clive inspira.

- Bof. Je suis un gars simple. J'écoute ma musique, je m'isole pas mal, même chez moi, mes parents sont nuls... Je porte ça pour donner tort à ma mère.
- C'est-à-dire ?
- Elle disait qu'avec mon look, je repoussai les gens, je les empêchai de communiquer, alors qu'avec un look différent, je serai plus accessible.

Walter sembla circonspect.

- Pas vraiment... Enfin, bien sûr, ça change, mais c'est aussi une question d'attitude, la preuve. Tu as fait un pas vers moi, nous avons échangé.
- Et c'était particulièrement intime de ton côté.
- ... ouais ! sourit Walter.
- J'ai pas d'histoires aussi... explicites... J'ai une vie sexuelle plutôt calme.
- Avec Naomi tu penses que c'est trop sérieux pour « ça », hm ?
- Bah, vous fréquentez Wallace Gribble, vous vous doutez bien que le sexe c'est le genre de truc qui casse bien une routine de petits gens normaux... comme vous !

Walter agita la tête. Clive enchaîna.

- Perso, je couche avec des filles que je rencontre dans des bars, qui m'intéressent modérément, qui sont attirées par mon côté gothique etc, mais quand je sors sérieusement avec une fille – c'est arrivé rarement – bah je prends mon temps et surtout je tâte le terrain avant. Ce qu'aucun de vous deux n'a fait.
- On en était resté aux câlins sympas sur le canapé en fait.
- Ah ouais. Vous avez pas la mentalité pour le sexe en fait. Du moins pas maintenant, quoi, fallait vous laisser du temps.

Walter soupira.

- Mais je veux qu'elle me reparle comme avant...
- Elle le refera. Je pense qu'elle en a envie aussi. Là, vous vous repoussez naturellement parce que vous voulez attendre que l'orage passe, tous les deux... quand il sera passé, vous vous reparlerez.

Walter acquiesça, songeur.

- C'est dur.
- La vie est dure. Et chiante. Et longue, en fait. Quel est le con qui a dit que la vie était courte ? souffla Clive.
- Un... gars qui était sur son lit de mort et qui s'est dit « Merde, déjà ?! »

Clive ricana. Walter sourit en saisissant son fromage.

Steven Weldon observait la cantine, quelque peu éberlué.

- ... C'est n'importe quoi... L'ex-gothique mange avec l'éclopé... Y'a un groupe de nanas juste cancérigène qui se forme... Amélia bouffe seule face à un mur...

Rebecca porta un regard intrigué à Amélia qui avait refusé son invitation à manger plus tôt.

- ... mais ça on va dire que c'est normal... Y'a un mariage en vue au milieu de la cantoche...

Mike regarda Wallace et Tristan, en grande conversation.

- ... putain, depuis quand la classe est devenue aussi cheloue ?! Même notre table, elle pue du cul !

Rebecca inspira. James leva les yeux au ciel, prêt à frapper Steven sur le sommet de la tête du poing afin de lui briser les cervicales. Mike regarda son meilleur ami.

- Tu fais partie de cette table. Si t'es pas content, va causer avec Wallace et Tristan.
- Putain, nan, moi les plans à trois c'est avec deux nanas !
- Va parler aux nanas cancérigènes alors... souffla Mike, gavé.
- Les goudous vont me casser la gueule et Fey va me balancer son verre comme la dernière fois...
- Vous parlez d'un séducteur... soupira Rebecca.
- Toi, tu la boucles, l'incruste !
- Tu crois que j'ai peur de toi ou je rêve ?
- Mais j'en ai rien à foutre de toi, moi ! J'te tolère parce que t'es genre l'accompagnatrice scolaire de Mike, mais j'm'en bats les couilles de toi, ouaiche !
- Steven... grommela Mike en se frictionnant l'arête du nez.
- Vous êtes méga relous, putain ! Avant cette classe était presque cool, maintenant c'est la misère !

James regarda Steven partir en balançant son plateau. La cantine le regarda.

- EH OUAIS, REBELLE !!! Eh ouais ! Qu'est-ce que tu regardes, Jimmy Hanson ? Retourne sucer des bites !
- Toi, va laver ta merde !

Steven se heurta presque à la cantinière qui tenait un seau et un balai.

- Woh, putain, Catherine...
- Et voilà la cantinière... soupira Rebecca.
- J'arrive pas à croire qu'il sache son nom parce qu'il a essayé de la draguer... soupira James.
- Il était vraiment désespéré à cette époque ! admit Mike.
- Ouais. Catherine. Catherine elle va te botter le cul si tu vas pas fissa laver ce que tu viens de foutre par terre !
- M... M'c'est pas ma faute, Catherine, j'suis maniacodépressif suite au décès de mon...

Steven croisa le regard de Wallace qui attendait la suite et moulinait du bras pour l'avoir. Tristan fronça les sourcils, désapprobateur.

- ... grand-père ?!
- Nettoie tes cochonneries !
- Mais putain j'ai rien fait c'était pas moi ! Et pis d'abord avec quoi tu vas me retenir ?!

Ladite Catherine frappa le crâne de Steven avec le manche du balai. Ce dernier recula en gémissant. Catherine lui tendit une dernière fois les ustensiles, et Steven se pressa à la corvée sous la supervision de son ex-MILF.

Wallace inspira.

- Ca le démangeait de refaire parler de lui, je suppose...
- J'ai cru qu'il allait dire sa grosse connerie... soupira Tristan, furibond.
- C'aurait pas été grave.

Tristan agita la tête.

- Donc... tu penses que je devrais essayer de retourner vers mes Pokémon ?
- Au moins progressivement. Un par un. Réapprendre à les considérer.

Wallace acquiesça. Il inspira.

- J'suis désolé de te faire subir ça...
- Hm ?
- Mes états d'âme à la con. Si tu veux pas rester, je t'empêche pas.
- Je veux rester.

Wallace regarda Tristan, une pointe d'inquiétude dans le regard.

- Je veux pas avoir l'air de profiter de toi en fait.
- Si je ne voulais pas être auprès de toi, je serais déjà parti, Wallace.

Wallace se mordilla les lèvres.

- Ouais, je présume.
- Si tu veux on peut parler d'autre chose... tes parents vont bien ?

Wallace regarda Tristan et inspira profondément.

- Après ce que tu m'as appris sur tes parents, je crois pas que j'aie envie de parler famille...
- ... ah...
- Comment t'as pu me cacher ça, au fait ? Putain, quand je pense à ce que je t'ai dit...
- Mais non, mais non, Wallace...
- Je suis vraiment un salaud...
- Tu étais. Tu as été, on va dire. Tu savais pas, tu pouvais pas savoir, c'est pas grave, c'est oublié, c'est du passé.

Wallace sembla peu convaincu. Il prit son plateau.

- A tout à l'heure.
- Wallace...

Tristan regarda Wallace partir, inquiet. Il souffla, peiné. « J'ai pas eu les bons mots, j'les ai jamais, j'suis nul... Pourquoi je m'entête, Tino a raison... »

On vint s'asseoir avec lui. Perrine et Robbie.

- ... euh...
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Robbie.

Perrine se contenta de manger nonchalamment des frites. Ce qui faisait un peu flipper Tristan.

- ... euh... j'ai... voulu changer de sujet, arrêter de parler de son deuil, mais j'ai gaffé en parlant famille alors qu'il sait maintenant que mes parents...

Robbie acquiesça. Perrine n'en savait rien, elle, mais elle ne posa pas la question, trop occupée à être flippante.

- Tu vas bien ?
- Oui... oui... marmonna Tristan.
- Juste... fais attention avec lui, ok ? Déjà en temps normal, il est space, mais là, avec la tristesse en plus...
- Oui, oui...

Perrine cessa de manger.

- Ca m'écorche de le dire, mais Tino a peut-être raison. Tu devrais prendre un peu de distance. Je connais bien Wallace, et ton soutien peut lui faire autant de bien qu'il peut te faire du mal.

Tristan hocha la tête.

- Ce que je veux dire c'est que Wallace va t'agiter comme un jouet et une fois qu'il n'y aura plus rien à déglinguer, il va se lasser.

Tristan plissa les yeux.

- Je ... je sais ça au fond de moi, mais je veux quand même essayer.
- D'accord. Mais n'oublie pas, tu peux toujours fuir en cas de besoin.
- Exactement ! admit Robbie.

Tristan hocha la tête alors que le couple repartait.

- Tu vois, on a bien fait. On assure ! admit Perrine.
- Mouais, j'sais pas s'il nous a écoutés... souffla Robbie.
- On aura au moins essayé, quoi...

Gina, Léon, Holly et Lilian mangeaient ensemble et plutôt dans le calme.

- Ça fait longtemps qu'on n'a plus eu de hamburger... soupira Léon.
- Pas plus mal, ça fait grossir... sourit Holly.

Gina s'étonna suite à une vibration de son téléphone. Elle leva la tête vers Lilian qui haussa les épaules.

- J'ai pas à savoir qui c'est...
- Bah je sais pas non plus en fait...

Elle montra à Lilian le message envoyé par un numéro inconnu : [Coucou]

Lilian pencha la tête sur le côté.

- Ca... a le mérite d'être explicite !
- Et concis... marmonna Gina.
- Un ancien plan cul ?

Gina regarda Holly, furieuse. Holly haussa les épaules. Lilian plissa les yeux.

- Elle reconnaitrait le numéro, et puis elle verrait les précédents messages aussi...

Gina regarda Lilian qui haussa les épaules.

- J'te l'ai dit. Toi et seulement toi, pas une vision de toi où tu serais une Sainte.

Gina leva les yeux au ciel et tâta du bout du doigt le nez de Lilian.

- Petit baratineur !
- Tu verras s'il te relance, tu seras fixée.
- Hm, oui... Au pire on s'en fout !
- Voilà !

Santana, Violette et Andréa quittèrent la table. Naomi, Ana, Fey et Christina les saluèrent.

- C'est bizarre qu'elles s'entendent aussi bien maintenant, nan ? s'étonna Christina.
- J'osais pas le dire... il a dû se passer quelque chose cet été... admit Ana.
- Mais quoi, elles étaient prêtes à se sauter à la gorge avant les vacances ! s'étonna Fey.
- Hm... Vous avez vraiment envie de savoir ? songea Naomi.

Les filles regardèrent la quatrième qui haussa significativement les sourcils. Fey agita la tête.

- Pas trop, nan...
- Bah moi non plus. Je sens le truc un peu crade, du coup... j'évite de me poser des questions à ce sujet.
- Han nan, tu penses... à trois ??? geignit Christina.

Naomi agita la tête. Ana grimaça, tout aussi dégoûtée.

Quinn observait Francis par à-coups. Francis était sur son téléphone à envoyer des messages. Quinn avait du mal à voir de qui il s'agissait.

- C'est qui ?
- Mmmm...
- C'est à qui que tu envoies des messages ?
- A tes parents, je leur reproche vertement de t'avoir conçue...
- Pas possible, ils n'envoient pas de SMS, ils n'ont pas de temps à perdre pour ça, ils ont toujours quelqu'un qui doit les appeler ! sourit tendrement Quinn.

Lucy finissait indifféremment son repas. « Ras le cul de me mêler de leur flirt. Et j'ai d'autres chats à fouetter. »

- Bon je dois aller au terrain, à tout à l'heure.
- Oui ok !
- Lut, Lucy... marmonna Francis.

Lucy partit déposer son plateau. Au lieu de sortir directement, elle passa vers la table des geeks et laissa son dessert à Benjamin. Lequel se releva et regarda Lucy qui se retourna à peine vers lui. Il sourit et tapa un SMS. Tino s'étonna.

- C'était quoi, ça ?
- Un truc.
- ... un truc, elle vient de te déposer son dessert !
- De quoi je me mêle ?! s'étonna Benjamin.

Orson grimaça. Tino aussi, mais il retourna à son assiette en s'excusant d'une main levée. Benjamin se mordilla les lèvres.

- Excuse-moi, Tino...
- Nan, nan, je... comprends...
- C'est juste que... ça me regarde, tu vois...
- Oui, oui, oui...
- Désolé.
- C'est moi, c'est moi.

Orson soupira. « Je supporte pas ce genre d'ambiance... »

- Bon, à tout à l'heure... souffla le petit gros en prenant à son tour son plateau.
- Hm.
- Ok.

Orson se leva et alla déposer son plateau. Amélia le fit à sa suite.

- Hey, ça va Amélia ? sourit timidement Orson.

La blonde acquiesça. Orson resta là un moment à la regarder alors qu'Amélia semblait se demander ce qu'il voulait.

- ... Tout va bien ?
- Hm.
- Ca... fait bizarre ta nouvelle coupe, mais je crois que tout le monde commence à s'y faire ! Héhé...

Amélia regarda vers ses cheveux, haussa les épaules et partit. Orson inspira.

- Bon, bon, bon...

***

Clive peignait comme avant. Le changement de look n'avait en rien altéré son sens artistique. « C'est pareil, en fait. Les habits, c'est juste un costume, je suis quelqu'un en dessous et même sans... »

Odile passait dans les rangs.

- Excellent, excellent... Nicolas, c'est très joli !

Nicolas Bundy observait le couple se tenant la main sur le bord d'une falaise. « Ouais, ouais... »

- En choisissant le thème « Votre idée du bonheur », je ne m'attendais pas à voir d'aussi belles choses... Oh, Cynthia, pourquoi cette belle mariée est toute seule ! Delphine, je doute qu'une pendaison soit un sujet de peinture... Ce n'est pas vous au moins ?
- Nan, c'est mon oncle.

Odile hocha la tête, quelque peu perturbée. Elle approcha du portrait d'Andréa qui montrait une ombre humaine à queue de cheval, seule survivante hilare au milieu des flammes.

- Oh, vous avez vraiment des idées trop morbides, les enfants... Perrine, Perrine, Perrine...

Perrine avait dessiné une corbeille de fruits.

- ... Le thème du jour c'était « Votre idée du bonheur »... marmonna tristement la prof.
- Mon idée du bonheur, c'est une nature morte !

Odile grimaça.

- Oooookay... si... vous le dites, Perrine... Oh, Clive !!

Clive s'étonna. Tout le monde regarda son tableau.

- Clive ! Quand je vous ai vu arriver dans cet accoutrement...

Clive plissa les yeux. « Mais il est GENIAL, mon t-shirt, bordel !! »

- ... je me suis demandé si vous alliez bien...
« C'est la question inverse que tu aurais dû te poser... »
- Mais là... là...

Clive regarda son « ME », sauf que le M avait des pieds et des mains à ses extrémités et que le E avait la forme d'un visage. Le reste était blanc.

- C'est rien de fou non plus... marmonna Clive.
- Mais si ! C'est un chef d'œuvre ! C'est Vous, votre idée du bonheur c'est que vous soyez vous-même, cette œuvre a beaucoup de sens !!

Clive plissa les yeux. « Elle a surtout beaucoup de baratin... »

- Continuez comme ça ! Bonnie, pourquoi un champ de fleurs ? Oh c'est chou !

Clive soupira. Perrine sourit.

- Alors ça y est, on s'est vendu au marché contemporain ?
- Gnnnn... grommela Clive, vexé.

***

Rebecca profitait de la gym pour décompresser un peu.

- Mike est relou à ne pas prendre de vraie décision concernant Steven, mais je suppose que ce n'est pas à moi de le forcer à avoir une vraie conversation avec lui... Entre nous, c'est plutôt bizarre en ce moment. J'veux dire, des fois j'ai besoin de lui, il est là, c'est chouette, et d'autres fois, je sais pas... Un coup il en a marre, un coup j'en ai marre... Pour autant je sais pas, j'ai toujours une attirance pour lui...

Amélia répondit par un soupir. Rebecca la regarda, étonnée, et elle arrêta de parler. Gina souffla.

- Lilian est trop gentil avec moi...
- Ça t'embête ?
- Un peu, j'ai l'impression qu'il ne veut pas me froisser en fait...
- Bah s'il t'aime, c'est normal...
- Ouais mais je veux pas que ça l'empêche de me dire les choses clairement ! Si y'a des trucs chez moi qui l'embêtent...
- Mais t'es parfaite ! souffla Holly.
- Je parle pas physiquement ! Je suis une sacrée emmerdeuse quand même !
- Oui, c'est vrai ! admit Holly.

Gina plissa les yeux.

- Bah merci !
- C'est toi qui l'a dit la première !
- T'étais pas obligée de confirmer ! Et toi, ça va avec ton prêtre ?!

Holly inspira, pas très disposée à en parler. Gina haussa les sourcils.

- Ooookay. Je te laisse tranquille...

***

- Tu fais chier tout le monde vieux, et j'ai l'impression que c'est pire qu'avant maintenant que James et Fey sont séparés !
- J'en ai rien à foutre, vieux ! J'fais c'que j'veux, j'ai de comptes à rendre à personne !
- Ouais... Mais ça va mal finir, vieux !

Steven grommela alors qu'ils faisaient des tours d'échauffement.

- Genre quoi ?
- Genre tu vas finir par faire une vraie connerie ! Là, à la cantoche, c'était limite, tu vas finir par te prendre un blâme ou par être suspendu quoi ! J'dis ça pour toi, moi !
- Fous-moi la paix et va câliner ta rouquine pendant que James essaie de reconquérir sa grosse !

Mike grimaça et avança en secouant la tête. « Pourquoi Rebecca m'a demandé de lui parler déjà ?! »

Steven arriva au niveau de Francis et James.

- Putain, Mike est trop chiant !!

Francis et James trottaient au calme et ignoraient royalement Steven. Qui les regarda, courroucé.

- P'tain !! Faites tous chier en fait !!!

***

Christina se résignait à bosser ses rubriques, toujours mécontente envers Tino. Robbie faisait de même aux côtés de Lilian.

- Elle est un peu furax en ce moment, j'ai l'impression...
- C'est le moins qu'on puisse dire... admit Robbie. L'attitude de Tino lui pèse.
- Hm. Je suis bien content de ne plus me prendre la tête avec rien, ça m'évite bieeeen des soucis. Gina vit sa vie, je vis la mienne, je ne me préoccupe plus de rien, et c'est géniaaaal !

Robbie plissa les yeux. Lilian haussa les épaules en souriant.

- Tout va bien tout va bien tout va bien !
- Ouais... C'est bizarre !
- Et toi, avec Perrine ?
- Oh on se rapproche peu à peu, c'est cool... Ça va au rythme que je veux, qu'elle veut... tout va bien.
- Cool !

Robbie regarda vers Christina, inquiet.

***

Agnès Wendell donnait son cours aux élèves d'informatique. Tristan s'était isolé de ses camarades. Orson et Benjamin étaient côte à côte, mais Tino s'était éloigné également. Orson soupirait. Benjamin le regarda, alors que la classe était plongée dans un exercice de programmation.

- Ça t'ennuie tant que ça, la prog ?
- J'en ai marre de cette ambiance pourrie... Je préférais quand on était tous unis...
- Tino et Tristan ont des différends mais ça va vite se résoudre...
- Je parle pas que d'eux... De tout le monde. Tout fout le camp et ça me donne le cafard... James et Fey, Amélia qui change de coupe, Francis qui s'absente, Tristan et Wallace qui deviennent bizarres, Tino, les filles dans les toilettes...
- Wow, wow, wow, Orson ! Calmos ! Y'a plein de trucs dans tout ça qui ne te concernent pas, pourquoi tu t'en soucies ?!

Orson soupira.

- C'est notre classe, ce sont des gens que je vois tous les jours, dix mois sur douze ans l'année depuis deux ans... Forcément, je me sens concerné !
- Eh bah arrête. Ça te perdra, un jour, d'être aussi gentil !

Orson agita la tête, pas certain. Tino s'ennuyait, et Tristan n'avait pas la tête à programmer, mais plutôt à envoyer des SMS.

***

[C'est juste un cours. Arrête de psychoter]

Wallace souffla par le nez, pas certain.

- Notre lien aux Pokémon est fort. Tout changement chez nous entraine un changement chez eux. Ce qui nous arrive dans l'existence influence directement les Pokémon et notre rapport à eux.

Wallace inspira, repensant à ses Pokémon et regardant la Pokéball vide de Manternel. Toujours isolé du bloc de la classe, Santana le regardait de loin, soucieuse.

- Lorsque nous dressons des Pokémon, nous avons pour devoir d'être à la hauteur de ce que nous représentons pour eux. Notre état moral, s'il flanche, les fait flancher, s'il est au beau fixe, les transcende. Le dresseur existe au travers de ses Pokémon. Sans eux, il est incomplet, eh bien c'est pareil pour les Pokémon.

***

Violette soupira en courant.

- Pourquoi les gens se prennent autant la tête en ce moment...
- C'est toi qui dis ça ?! s'offusqua presque Lucy.

Violette haussa les épaules.

- J'ai dépassé ce stade. Du coup je me demande pourquoi les autres continuent...
- Pour une fois, seul Wallace a une bonne excuse... Francis aussi, peut-être. Les autres, c'est la tambouille habituelle.

Violette agita la tête. Léon les suivait, silencieux.

***

- Pendant les vacances, j'ai lu « Un Bûcher de Monstre » de Gail Gallarate.

Naomi inspira en regardant le bouquin.

- Bah ça m'a bien fait bader.

Ambrose Rodenberg sourit, assis sur son bureau. Les autres élèves observaient Naomi.

- Dans ce livre... Il s'agit au départ d'un couple qui vit au nord d'Unys. Leur seule enfant, Maevie – j'ai d'ailleurs trouvé le jeu de mots un peu débile...
- Une constante de l'auteur, mais je ne vous en veux pas ! sourit Ambrose.
- ... est malade, le genre de maladie incurable horrible qui l'empêche de respirer, tout ça...

Walter observait Naomi faisant son rapport, le regard nostalgique. « Avant, on passait des soirées entières à s'aider pour préparer nos rapports de littérature respectifs... »

- ... et ses parents lui ont offert dès le plus jeune âge un Aflamanoir pour lui tenir compagnie. La créature sert presque de nounou à l'enfant, c'est à la fois mignon et triste, bref... Et puis la créature se fait kidnapper !

Ana haussa les sourcils. Quinn grimaça, intriguée.

- Grosse tristesse, parents désemparés, la gamine inconsolable, l'auteur passe son temps à revenir dessus, c'est du pathos à tire-larigot... Et en fait le truc a été kidnappé par une bande genre Team Rocket, qui du coup l'emmène, le perd, il est récupéré par des tas d'autres gens complètement débiles, et au final, quand il est rendu à sa famille, bah la gamine est sur son lit de mort et Aflamanoir est la dernière chose qu'elle voit, alors elle meurt heureuse.

Fey se couvrit la bouche. Walter pencha la tête, étonné. Danielle Thompson grimaça sérieusement.

Ambrose toussota.

- Euh... oui... qu'en avez-vous pensé, brièvement...
- J'ai trouvé ça plutôt nul en fait...
- V... vraiment ?!
- Bah oui, c'est juste... enfin, j'ai pas compris l'intérêt...
- La critique sociale, le système de santé Poképolite, la critique générale de la société...
- Oh... C'est pas ce qui m'a le plus marqué...

Fey s'était mise à pleurer. Ambrose s'étonna.

- Euh... Mademoiselle Hope ?!

Walter se retourna vers les filles, intrigué. Ana agita les mains.

- Elle est triste que la petite fille soit morte !
« Ou bien que le rapport de Naomi soit aussi merdique... » songèrent Quinn et Walter.
- ... Oh... Eh bien heureusement que je ne vous ai pas donné ce livre-ci à lire, mademoiselle Hope ! Mademoiselle Kingsley... ce rapport était très en deçà de ceux que vous avez fait auparavant...
- Ah ?! Bah ça doit être parce que je n'ai pas trop aimé le bouquin...
- Vous n'aviez pas aimé « Distillé de force » mais votre rapport sur ce brûlot antimilitariste était absolument sensationnel, je pense que la classe s'en rappelle encore !

Les autres élèves acquiescèrent. Walter ne put que hocher la tête. « Fin de première année, on flirtouillait déjà un peu... »

Naomi sembla dépitée.

- Oh...
- A votre place, jeune fille, ce sera une petite mauvaise note à votre actif...
- Bah crotte alors...
- Suivant, suivant...

Naomi retourna auprès des filles au sommet de l'amphi. Walter soupira. « Bah ça m'fait ni chaud ni froid, tiens. »

***

- Excusez-moi...

Les élèves quittaient la salle. Vivienne Marx se retourna vers Santana.

- Hm ? Oui ?!
- Votre cours, là... C'était peut-être un peu dur...
- Pardon ?!
- Pour Gribble. Il a perdu son Pokémon récemment, et vous nous faites un cours sur l'influence des chocs émotionnels sur le dressage.

Vivienne cligna des paupières, surprise.

- Euh bien oui, c'est... dans le programme, jeune fille, je ne vais pas adapter mon programme, si Wallace se sentait indisposé, il pouvait sortir sans problème.

Santana inspira.

- Certes...
- Je rêve ou vous êtes en train de le défendre ?
- Nan. Pas plus que je défendrai n'importe qui !

Vivienne plissa les yeux. Santana se renfrogna.

- Sympa votre cours, à plus, madame.
- Hm... Bon courage avec tout ça, Santana...

La vietnamienne leva les yeux au ciel.

***

La classe se réunit à la médiathèque. Tristan rejoignit Wallace.

- Hey... va mieux ?
- Mouais... T'as raison, faut que j'arrête de le prendre personnellement, mais c'est un peu aussi ce qui me fait aimer ce cours...
- L'ennui c'est qu'il faut que tu ailles en cours, sinon tu pourras pas passer à autre chose. Faut que tu fasses avec pour le moment, jusqu'à ce que tu supportes un peu mieux.

Wallace hocha rapidement la tête.

- Merci de m'avoir soutenu... ça a été ton cours ?!
« J'ai pas écouté grand-chose et je crois avoir pris du retard sur mon logiciel pour la fin de l'année... »
- Ouuuui, oui, ça a été, l'informatique, tu vois le genre ! Trucs compliqués et tout...

Wallace plissa les yeux.

- Ca va aller pour le groupe ?
- Oh oui... c'est résolu, tu te rappelles !
- Hm...
- Et toi ?

Wallace inspira.

- Walter et Naomi se font toujours la gueule donc ça va être éminemment jouasse.
- Oh.
- M'enfin c'est pareil de ton côté avec Christina et Tino, nan ?
- C'est... clair.

Naomi arrivait avec Quinn.

- Tu m'as trouvée glaciale ?!
- Oui ! Enfin, ce livre avait l'air triste à en crever et toi, tu racontais ça comme une liste de courses... Tu es sûre que ça va ?!
- Mais oui ! Arrêtez de croire que ça va pas parce qu'avec Walter ça va pas !

Quinn inspira. Naomi grimaça.

- Nan. Nan, je refuse de croire que sans lui je suis une femme différente à ce point !
- Tu avais l'air beaucoup mieux quand tu étais avec lui !

Naomi grommela.

- Je t'en prie, Quinn ! Dis aussi que sans homme les femmes sont incomplètes, imparfaites, qu'il leur manque quelque chose...
- Pas les femmes, toi ! Tu as perdu ta moitié !
- Sors pour de bon avec Francis, Quinn, et on en reparle, ok ?

Naomi accéléra le pas, furieuse. Quinn grimaça. « D'accord... Bon... »

Quinn arriva à sa table, rejoignant Lucy et Ana.

- Francis est pas arrivé ?

Ana et Lucy se regardèrent. Steven, Mike et James revenaient du terrain. Mais sans Francis. Quinn se mordilla les lèvres.

- L... Les garçons !

Mike, James et Steven se retournèrent vers Quinn qui sembla gênée. « J'ai pas l'habitude de leur causer, et Steven va me balancer des insultes, et... »

- ... Où est Francis ?
- Il s'est barré ! sourit Steven.
- Il a dit qu'il avait un truc urgent à faire et qu'il pourrait pas venir à ce cours... marmonna Mike de façon un peu plus civilisée.

Quinn secoua la tête.

- C'est pas vrai... souffla la jeune fille. Merci les gars.

La troupe s'éloigna.

- J'ai assuré ! sourit Steven.
- Non... soupira Mike.
- Jamais vraiment...

Le groupe trouva Fey dans le fond de la médiathèque qui faisait ses devoirs. James soupira.

- Au boulot, les gars, faut qu'on se donne à fond maintenant que Fey est plus là pour nous mâcher le boulot à notre place... souffla Mike.
- C'qu'on en a à foutre... soupira Steven.
- Steven, tu te charges du classement aujourd'hui...
- Je VEUX PAS faire le classement, ça va juste me saouler putain, tu le sais !
- Justement, tu saoules, alors tu fais le classement ! grommela Mike.
- Tu veux peut-être que je fasse comme Miss La Grosse et que je tape un caca...

James avait attrapé Steven par la nuque.

- Le classement ! tonna le colosse.
- Wi ! Wi ! Lâchmoi ! Gnnn !

James lâcha Steven qui retomba sur les fesses. James regarda vers Fey, trop concentrée. Il soupira. « Patience, James, patience... »

Rebecca, Santana et Violette soufflaient en remarquant leur travail toujours plus important.

- Onde originelle et Lame Pangéenne... La science fait n'importe quoi et ça bousille notre travail ! grommela Rebecca.
- Au moins on a réussi à récupérer des infos sur TrouDimensionnel et Jet de Vapeur. C'est une excellente chose. Notre devoir n'en sera que plus parfait ! sourit Santana.
- « Jet de Vapeur » est une attaque de légende, non mais je rêve... soupira Rebecca.
- Par contre le manque d'informations sur Myria-Flèches et Myria-Vagues m'inquiète un peu... admit Violette.
- On en trouvera, patience ! souffla Rebecca. Amélia, tu t'en sors ?

Amélia remettait à jour les fiches déjà faites. Elle hocha la tête.

- J'en suis à Lumi-Eclat et Balle Brume.
- Bon !
- Euh... quelqu'un s'est intéressé à Draco Ascension ? geignit Violette.

Rebecca et Santana se regardèrent, affolées.

- Je déteste la science... Si un jour je rencontre le scientifique à l'origine de ces Méga-Conneries, je le démolis ! grogna Rebecca.
- A ce propos, ton entrainement, ça avance ? demanda Santana à Violette.

Rebecca plissa les yeux.

- Vous ne vous entrainez pas ensemble ?!
- Elle refuse ! souffla Santana.
- C'est déjà bien assez dur d'en avoir deux... D'ailleurs je ne peux en faire évoluer qu'un à la fois, je ne comprends pas trop pourquoi, mais c'est comme ça... Et... Je crois que je préfère la forme d'Harvey. Nounou est juste... trop classique ! Harvey change beaucoup, j'adore sa nouvelle forme... sourit Violette.
- En tout cas ça a l'air de te griser ! admit Rebecca.
- Un peu ! Ça m'a relancée dans mon entrainement.

Amélia écoutait d'une oreille plus ou moins distraite. Elle envoyait des SMS tout en écrivant.

Tino s'était mis en bout de table. Tristan trouvait la situation ridicule, mais soit. Robbie, en face, remplissait les fiches de lecture. Christina se frictionna les yeux.

Clive arriva avec Andréa.

- Je crois que si tu ne l'avais pas retenue pour la présenter à la fin de l'année, la prof t'aurait volé ton tableau ! sourit la blonde.
- Hm, probablement... Tu es bien joyeuse en ce moment...
- J'ai pas trop à me plaindre... Maintenant que tout est arrangé avec Santana et Violette...

Clive inspira.

- Ca m'étonne que le reste de la classe ne soit pas en pleine enquête criminelle sur le sujet d'ailleurs...
- Tout le monde a autre chose à faire... Et moi pendant ce temps, je n'ai aucun souci et c'est cool !

Clive agita la tête.

- Comment s'est déroulé ton expérience sur la journée ? sourit Andréa.

Clive soupira.

- Finalement ça ne change pas grand-chose. A part me rendre un peu plus simple d'accès... ça n'a rien changé, Clive Barker reste un grand gars maigrichon, sans épaules et vaguement drôle.
- Ooooh il a des problèmes d'estime de soi !
- J'sais pas. J'me suis toujours dit que je me conformerai plus jamais, mais... J'sais pas, j'suis plus un gamin, nan ?

Andréa plissa les yeux, dubitative.

- Mais... la plupart de tes amis – de nos amis – sont des anticonformistes et des marginaux ! Tu te rends compte que Rhonda m'a demandé si tu étais absent aujourd'hui ?!

Clive sourit.

- Je sais... Et j'aime bien cet univers, les gens qui en font partie, les soirées chicha-alcool... J'sais pas. C'est peut-être le coup de la dernière année ou quoi, mais... Je sens que je suis prêt à changer un peu. A évoluer, à grandir. J'ai mangé avec Walter ce midi, et... ça m'a fait réaliser que j'en avais quelque chose à faire des gens ici.

Andréa inspira.

- Je suis bien placée pour te dire que tu devrais éviter de t'investir.
- Je sais, ouais, mais... Voilà, j'sais pas. Cette classe est bizarre mais au fond je m'y sens bien. Mieux que dans une classe conventionnelle !

Andréa sourit, amusée.

- Clive aurait trouvé la classe anticonformiste de ses rêves ?!

Clive haussa les épaules, une moue souriante sur son visage. Orson et Benjamin arrivèrent.

- Je comprends pas comment tu peux ne pas avoir aimé...
- Si le père était mort, j'aurais aimé, c'était trop cliché cette fin !
- Mais il est mort, tu crois vraiment que sa fille survivrait jusqu'à l'âge de 134 ans ?! C'était un rêve ! souffla Orson.
- En attendant toi et moi on sera d'accord : Un trou noir, ça ressemble pas à ça !
- Et surtout, ça ne contient pas une bibliothèque ! admit Orson.

Clive et Andréa, tout contents, regardèrent Orson et Benjamin qui les regardèrent également.

- Bah quoi ?!
- Rien, vous parlez encore de ce film ? sourit Andréa.
- Benjamin est pas objectif, il adore Anne Hathaway !
- Et Orson a pleuré.
- C'était triste cette séquence de vidéos après 23 ans, tu le penses aussi, arrête !
- Mais j'ai pas pleuré !
- T'as pas de cœur !! grommela Orson.

Clive ricana, ce qui surprit Orson et Benjamin.

- Vous êtes trop drôles. Vous devriez réfléchir à faire des sketches, sérieusement...

Orson et Benjamin se regardèrent, intrigués.

- Bon, au travail, avant que vous ne déclenchiez un conflit armé... sourit Clive en sortant ses affaires.

Helen Clover, accompagnée de son Miradar vint s'installer au bout de leur table.

- Je viens à la vôtre, y'a trop d'embrouilles bizarres aux autres tables... AH CLIVE !!! MON DIEU ! Ça te change !!!

Clive inspira lourdement.

- Demain je reprends le manteau noir.
- Oh non, tout le monde va recommencer à t'éviter du regard ! sourit Andréa.
- Tant mieux...
- Si tu le fais, tu vas devoir rejoindre la garde de nuit ! sourit Benjamin.

Clive et Andréa regardèrent méchamment le petit juif qui se couvrit des deux bras. Orson soupira.

- J'étais certain que tu la ferais et qu'ils détesteraient !
- Ok, ok, on reprend le travail...

***

Clive ressortit de la salle d'interrogatoire sans entraves. Andréa arriva vers lui, couverte d'éraflures mais debout. Les cheveux raides et sans attache non plus.

- Clive !!

Elle le serra dans ses bras. Clive souffla.

- Quelle belle bande d'emmerdeurs...

Clive regarda vers la salle d'attente. Helen tentait de consoler un élève qui pleurait sans cesse depuis la fin des évènements, comme si on avait tué ses parents à la hache sous ses yeux. Un policier arriva pour isoler le professeur du reste des élèves. Clive se mordilla les lèvres.

- Qu'est-ce qu'ils t'ont demandé ? Qu'est-ce que tu leur as dit ? demanda Andréa.

Clive soupira.

- Ce que je leur ai dit... Dès le moment où tu ouvres la bouche avec eux, de toute façon, tu en dis trop. On va dire que j'ai dit ce que je devais dire.

Andréa acquiesça.

- Tes parents te réclament.
- J'ai vu ça.
- Clive, tu me rejoins après ? J'ai peur...
- T'en fais pas. Hors de question que je te laisse à nouveau.

Andréa hocha la tête et lâcha Clive à contrecœur.

Clive s'avança à l'accueil du commissariat. Une grosse dame accompagnée d'un gros bonhomme moustachu et d'une petite fille blonde braillait au commissariat. Tristan se trouvait à leurs côtés.

- Mais qu'est-ce que vous voulez dire par « Votre fils est en détention pour avoir été le chef de file d'un mouvement terroriste ?! »
- Madame Bertelin, je...
- On peut au moins savoir dans quelle prison il se trouve ? souffla le père.
- Si c'est la même où a été placé James, je peux vous dire où c'est... marmonna Tristan.
- Mon fils est un gros benêt qui construit des trains électriques !! Il ne terrorise personne !! S'il a fait quelque chose, je veux savoir quoi !! grogna Micheline.
- Mon frère... geignit Emeline.
- Votre fils a porté atteinte à une personnalité protégée par des lois gouvernementales et il a participé à la dégradation de son établissement scolaire !
- Son établissement scolaire est en MIETTES à présent, qu'est-ce que ça peut faire ??? grogna la grosse dame.

Clive soupira et aperçut ses parents qui se levèrent et se dirigèrent vers lui.

- CLIVE !!!
- CLIVE, BON SANG ! cria son père.

Les parents de Clive le serrèrent dans ses bras, fous d'inquiétude.

- Ça va ? Vous avez pas eu trop de bobos ? geignit Clive, un peu épuisé.

Ses parents le regardèrent.

- Tu plaisantes ? Regarde-toi ! geignit la mère.
- On dirait que tu ressors d'un lynchage ! souffla le père.

Clive regarda ses parents, tout aussi inquiets que les autres parents dans le commissariat, et tous n'avaient pas eu la chance de voir ou d'apercevoir leurs enfants.

- Je vais bien... Vous verriez Andréa !... euh... Vous n'avez pas trop eu peur, j'espère...

Les parents de Clive le serrèrent à nouveau dans leurs bras, tandis que Clive regarda par la baie vitrée, Roland Smirnoff qui observait le commissariat, lunettes de soleil et chemise blanche à l'appui, une canette de Redbull dans une main.

Le blond laissa échapper un gros soupir blasé.


***

Le soir venu, Tristan se préparait à ressortir peu après être rentré.

- Alors ça y est, tu vas trainer la rue à nouveau ?

Tristan regarda sa tante.

- Non, je suis attendu.
- C'est pour ça que tu emmènes des gâteaux ?!

Tristan regarda ses sablés.

- Euh bah... oui...
- Pschhh... Ne rentre pas trop tard.
- Si je rentre !

Tristan prit la porte sans plus de procès. « Occupe-toi de ton cul quoi... »

[Suis sur le départ, à toute]

Tristan descendit et sortit son vélo du local de l'immeuble. Réponse de Wallace.

[Ok. Passe par la palissade]

Tristan frissonna et tapa un SMS avant de se mettre en selle.

[Ça me plait pas trop d'entrer comme un voleur...]

Tristan sortit le vélo de l'immeuble et salua un couple qui rentrait. Réponse.

[On s'est pas fait cambrioler en trois ans... :p]

Tristan sourit et enfourcha son vélo. Nouvelle réponse.

[J'te dis surtout ça pour pas que tu prennes ton vélo, y'a pas d'endroit où tu peux le garer dans ma rue...]

Tristan grimaça. « Putaiiiiiiiiin... »

***

Clive descendit du bus. « Quelle journée de merde... Ça, au moins ça n'a pas changé, les journées sont toujours aussi lourdingues... »

- A demain, Clive.
- Hm.

Holly partit de l'autre côté. Elle reçut un sms. Intriguée. « Ça peut pas être Gabriel... »

Holly lut le message et haussa un sourcil très intrigué.

[les filles !]

La blonde vit que le numéro était inconnu de son téléphone. « Comme pour Gina... oh merde. Merde merde merde. »

Clive se dirigeait vers chez lui, tranquillement, arpentant les rues d'Ogoesse. Le quartier pavillonnaire où vivaient ses parents était des plus calmes. « Et moi je suis une ombre. Dans mon curieux petit déguisement, je suis la seule chose qui ressort dans ce paysage morne... »

Clive soupira. « Ouaip... Je cherche juste à attirer l'attention et en plus j'aime ça. Je suis une adolescente de seize ans. Félicitations, Clive, ta vie a touché le fond. »

Inspirant sur sa propre décrépitude, il ne voyait pas les Cornèbre qui semblaient pulluler dans la rue. Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'il remarqua les oiseaux perchés un peu partout sur les murs de la rue remplie de maisonnettes.

- ... c'quoi c'bordel...

Clive s'arrêta. Au bout de la rue, sous un réverbère éteint dans l'obscurité imparfaite du crépuscule, parut un homme ressemblant étrangement à un mauvais sosie d'Edgar Allan Poe.

- ... c'quoi c'bordel, volume 2...
- Enfant de la Nuit... Qui s'est retiré de la nuit pour se prostituer au monde du jour...

Clive pencha la tête.

- Putain vous m'faites quoi, là, c'est quoi ce délire ?! « Je parle comme Steven, je devrais me suicider rien que pour ça... »
- Voyons si tu es toujours des nôtres...

Les Cornèbre s'envolèrent. Clive leva les yeux au ciel.

- On s'croirait à l'école...

Clive sortit Nostenfer. La créature se retrouva encerclée par les Cornèbre.

- Poison Croix !

Nostenfer frappa dans le tas. Mais les Cornèbre étaient plus nombreux et on commençait à se croire dans un mauvais remake des Oiseaux d'Hitchcock.

- Tranche !!

Mangriff arriva au secours de son coéquipier. Les deux Pokémon adoptèrent une formation dos à dos pour mieux cerner les Cornèbre.

Orlando tira une taffe sur sa cigarette.

- Enfant de la Nuit, tu es réactif. Mais point très malin. Pic Pic !

La simple attaque se transforma en charivari quand la nuée s'attaqua toute entière aux deux Pokémon.

- Maléfice Sylvain !!

Les Cornèbre s'arrêtèrent et vinrent se poser sur Desséliande qui faisait bien un bon mètre de plus que Clive. Le jeune homme observait l'archiviste de Justin Truce qui l'observait avec un doux sourire.

- Enfant de la Nuit, ton équipe est digne des plus sombres des nôtres... Pour autant, tu as décidé de te déguiser en poseur. Tu n'es pas un poseur, n'est-ce pas ?

Clive grimaça.

- Je sais même pas qui vous êtes ! rétorqua-t-il.
- Orlando. Tel est mon nom.
- ... Et pourquoi vous m'attaquez au juste ?

Orlando sourit. Son Corboss se posa sur son épaule.

- Attaque Piqué !

Corboss s'envola, s'entoura d'énergie et fonça vers Clive et ses Pokémon, avec une force considérable. « Merde, c'est d'un autre niveau... »

Clive rappela ses Pokémon, les Cornèbre s'envolèrent et Corboss chargea... en plein dans Cizayox qui le retint à bout de Griffe Acier.

Le sourire d'Orlando s'agrandit.

- Cizayoxite... Un exemplaire merveilleux...

Clive haussa un sourcil. « La gemme... Il vient pour elle... »

- C'est dommage qu'elle ne soit pas unique en son genre...

Orlando rappela Corboss et envoya Scarabrute. Clive s'étonna.

- Mais euh...
- Tu peux combattre librement, Enfant de la Nuit. Nous sommes de ceux qui n'avons pas peur de tout donner, ceux qui se déchaînent et se libèrent uniquement dans l'ivresse des batailles...

Orlando leva un bras, révélant le bracelet avec la gemme-sésame. Scarabrute se mit à méga-évoluer dans un éclat de lumière. Clive resta bouche bée, les yeux grands ouverts. Méga-Scarabrute ressemblait à une libellule folle furieuse.

- Eh bien ? Attaque, à ton tour. N'aie pas peur, Enfant de la Nuit, il y a peu de chances que tu ne me fasses quelque mal.

Clive grimaça. Il regarda la gemme, et son Cizayox dont le tic le reprenait.

- ... et si je refuse ?

Orlando regarda Clive qui haussa les épaules.

- Y'a rien qui m'oblige. Vous allez me faire quoi, me kidnapper, me tuer, me sacrifier à une déesse païenne ?!

Orlando tira une nouvelle taffe de sa cigarette et regarda Clive.

- Je vous ai provoqué en duel, jeune homme, vous êtes prié de répondre.
- Sinon quoi ?

Orlando leva les yeux au ciel.

- Vive-Attaque.

Méga-Scarabrute vola en bourdonnant vers Cizayox. Le Pokémon se tourna vers Clive, mais trop tard, le méga insecte lui asséna un vif coup de griffe. Cizayox valdingua à une cinquantaine de mètres de là.

- Woh, purée...
- Défends-toi. Attaque-moi avec les mêmes armes. Tu sais quelle puissance dégage cet artefact. Tu sais libérer cette force. Apprends à t'en servir.

Clive frissonnait.

- Je sais ce que ton esprit cartésien te presse de dire : « Sinon, quoi ? » Eh bien... Mania.

Méga-Scarabrute s'agita en direction de Cizayox et l'envoya valdinguer d'un coup de griffe pourtant distant, mais qui soulevait une telle puissance que Clive fut touché lui aussi.

- WAAAAH !
- Mmhm. Ces petites bêtes ne font pas attention à où elles frappent, contrairement aux autres...

Clive retomba sur quelque chose de dur : Les pinces de Méga-Cizayox.

- Oh ho. Tu as déjà pratiqué la Méga Evolution. Tu la maîtrises au point qu'elle devienne un réflexe...

Méga Cizayox, encore enflammé par le recul de la Mania, se déplaçait en dandinant sur ses jambes pointues. Il posa Clive dans un mouvement dansant.

- J... J'me suis jamais battu avec !
- Et alors ? Il y a un temps pour tout, non ? Vive Attaque !

Méga Scarabrute fonça vers Méga Cizayox qui regarda Clive. Lequel semblait paumé.

- P... P-Pisto-Poing !!

Méga Cizayox n'eut qu'à ouvrir ses pinces pour laisser échapper une foule d'ondes de choc métalliques qui frappèrent Méga Scarabrute de toutes parts. Orlando afficha un sourire malicieux.

- Bon. Mais pas encore suffisant. Mania.

Méga Scarabrute chargea Méga Cizayox. Clive fronça les sourcils.

- Danse-Lames !!

Méga Cizayox recula en tournoyant sur ses jambes raides et pointues, dansant dans la manœuvre.

- Et Aéropique !!

Méga Cizayox donna un grand coup de pince vers Méga Scarabrute. Son attaque fit jeu égal avec la Mania. Orlando hocha la tête.

- Un grand potentiel. Cependant, une démarche trop raide et une technique trop brutale. Ce qui est paradoxal pour un Technicien...

Clive grommela. Orlando rappela Méga Scarabrute et s'approcha de Clive. Méga Cizayox s'interposa.

- Si d'aventure, tu désirais en apprendre plus sur cette nouvelle force, je t'attendrais chaque vendredi soir dans le parc, aux alentours de la fontaine. Tu viens, tu ne viens pas, c'est pareil. Sache juste une chose.

Clive plissa les yeux.

- Tu es du mauvais côté de la barrière, Enfant de la Nuit. Tu n'es pas parmi les tiens, actuellement.

Clive regarda ses fringues.

- Tu dois faire un choix et vite : Suivre le troupeau ou devenir la bête marginale et supérieure que tu aspires à être...

Orlando tourna le dos et partit.

- A bientôt, Clive Barker... Près de la fontaine, chaque vendredi soir...

Clive grimaça. « Mais comment c'était trop bizarre !!! »

Il rentra chez lui et entra dans le salon où sa mère lisait un magazine. Elle le regarda.

- Ta journée ?
- Plutôt bien.
- Hon. Avec ces vêtements, tu as l'air presque normal...

Clive inspira.

- Je suis pas juste des fringues, maman.
- Non, c'est certain. M'enfin, c'est de ton âge, savoir qui tu es...
- Hm, j'suppose.
- Tes camarades ont dû être surpris que tu t'habilles enfin comme tout le monde !

Clive fit une grimace mauvaise. Il se dirigea vers sa chambre.

- Il prend tout mal, impossible d'avoir une vraie conversation... soupira Sylvie Barker.

Une fois dans sa chambre, Clive alluma sa musique et se posa un instant sur son lit. Finalement, il se releva, observa son calendrier...

Vendredi approchait à grand pas. Il inspira, se leva sur ses pieds et retira ces fringues maudites en les balançant avec véhémence dans la pièce.

***

Tristan n'avait aucune foutre idée de ce qu'il faisait là. Mais il était là. Dans la chambre de Wallace, avec lui, assis au bord de son lit. Et depuis une bonne demi-heure...

- J'ai juste l'impression... L'impression que ça ne vaut pas la peine, tu vois... Je vais les dresser, je vais les entrainer, je vais les faire combattre, tout ça pour quoi, au final, pour qu'ils meurent ?
- Ils mourront tous.

Wallace plissa les yeux.

- Les Pokémon ont une plus grande espérance de vie que la nôtre, mais ils meurent aussi. Des tas de Pokémon sont morts pendant la dernière guerre. Il y a des tas de faits divers où des Pokémon meurent dans des circonstances atroces. Sont tués par leurs propres dresseurs, même.

Wallace inspira.

- La différence c'est que...
- Tu n'avais aucune intention de le tuer, il est mort comme ça, tu n'y es pour rien et tu n'aurais rien pu y faire. Tu dois arrêter de te blâmer, quoi que tu aies fait, ça serait arrivé et il n'y a rien que tu aies pu faire pour empêcher ça. Tu ne tueras pas plus les autres que tu as tué Manternel.

Wallace inspira tristement en regardant son camarade.

- C'est toute cette inaction qui me bouffe, avec le recul je me dis... Si j'étais resté avec eux quand ils mangeaient, si au moins j'avais vu de quoi il en retournait...
- Tu as fait des années d'études de médecine Pokémon ?

Wallace regarda Tristan qui souriait. Il haussa les épaules.

- Bah non. Donc... t'aurais rien pu faire !
- C'est quoi, ça ?!

Tristan se tourna vers son œuf.

- C'est... le... cadeau de rupture de Nicolas.
- ... Il a toujours pas éclos ?
- Euuuuh non, je sais pas trop pourquoi en fait...

Wallace se leva et sortit l'œuf de sa couveuse.

- Euh...
- Tiplouf est né d'un œuf... Tu t'en occupes bien ?
- Je le nettoie régulièrement, pourq...

Wallace prit l'œuf dans ses bras.

- Ça remue, Tristan.
- Vraiment ?!
- Hm.

Wallace tendit l'œuf à Tristan.

- Serre-le contre toi.
- Euh, euh...

L'œuf commençait à briller.

- J'fais quoi ?!
- Juste tiens le bien, chaudement, faut que tu le réchauffes.

L'œuf se mua en Togepi. Tristan observa le Togepi qui lui sourit.

- Tiens-lui bien chaud, le temps qu'il s'habitue à la température extérieure.
- Hm !

Togepi gazouilla de joie. Tristan sourit.

- Faut que tu lui trouves un surnom.

Tristan regarda vers Wallace qui semblait tout ému, par cette naissance ou par autre chose. Le jeune informaticien mit un temps fou avant de remarquer que les mains de Wallace étaient sur les siennes alors qu'il tenait son Togepi nouvellement éclos entre ses mains.

- Euh... Les formes de sa coquille ressemblent à des pixels... c'est une fée... Oh j'ai un Pokémon fée !
- Il est adorable.

Tristan grimaça. « C'est presque comme si c'était... notre enfant à nous... »

- Je vais... l'appeler Pix, ça semble être un bon nom, nan ?
- Hm. Excellent.

Tristan hocha la tête en souriant alors que les yeux de Wallace étaient plongés dans les siens, sauf que Tristan ne le regardait pas vraiment, trop charmé par son Togepi. Wallace grimaça et s'éloigna.

- Tu as un truc pour le nourrir ? Un biberon, un truc comme ça ?

Wallace semblait différent, un peu plus éteint. Il se dirigea vers un tiroir et en sortit rapidement un biberon, qu'il remplit précipitamment de lait. Tristan s'étonna d'une telle raideur de sa part.

- Tiens.
- Merci... ça va ?
- Hm. Tu peux t'en aller.

Tristan s'étonna.

- Hein ?
- Tu comptais rester toute la nuit ? J'ai pas de place pour toi, moi.

Tristan regarda la chambre de Wallace qui était... grande. Et il avait un lit de camp dans un coin. Sauf qu'en fait, effectivement, Tristan s'imaginait mal dormir chez Wallace.

Disons qu'il s'était attendu à dormir ici, mais pas dans un lit pour lui seul...

- Euh... j'ai fait quelque chose...
- Non. Je veux juste que tu partes, j'ai besoin d'être seul.

Tristan acquiesça et se dirigea vers la sortie en nourrissant son nouveau bébé Pokémon. Wallace alla lui ouvrir la baie vitrée.

- Rentre bien.
- Hm... bon... courage... Si ça va pas, SMS.
- Oui oui.
- ... à p...

Wallace se pencha vers Tristan et lui embrassa la joue avec tendresse. Tristan frémit devant un tel geste d'affection dont il ne pensait pas Wallace capable.

- Merci d'être venu.

Tristan acquiesça. Wallace détourna le regard et lui désigna la sortie. Tristan sortit lentement en regardant Wallace. Il marcha dans le jardin alors que Wallace fermait derrière lui.

Franchir la palissade serait difficile à cause du muret. Et Tristan tenait un bébé. Il attendit que la petite chose ait fini de se nourrir, et regarda par la baie vitrée de Wallace. Lequel éteignit ses lumières. Dans la pénombre de la pièce couplée à celle de la nuit qui tombe, Tristan perçut que Wallace s'était assis et sanglotait. Tristan se fit violence, rentra Togepi dans une Pokéball prévue pour lui, et escalada le muret en soulevant la planche branlante.