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De feu et de glace [Première version] de Lacrima



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» Auteur : Lacrima - Voir le profil
» Créé le 15/11/2014 à 23:58
» Dernière mise à jour le 01/12/2014 à 10:28

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Emilie
Le premier mai de cette année, l'enfer se déversa sur Hoenn.
Comme prévu, Le Marina quitta Poivressel sans encombres sous les cris de joie des badauds venus assister au spectacle.
Comme prévu, il n'atteignit pas Nénucrique et fut abattu avec froideur par une horde de pirates déchaînés et leurs pokémons aux dents acérées.
Et comme prévu, au même moment, à l'opposé de la région, le Mont Chimnée entra en éruption.

Il avait toute l'attention de Hoenn.

Et lui toutes les mesures qu'il lui fallait.

Avec ça, ils rentreraient bientôt parmi les leurs en héros.

Les mois suivants furent marqués par le chaos.
Si la Team Magma ne faisait plus beaucoup de bruit, la Team Aqua coulait sans pitié tous les bateaux marchands qui tentaient d'approvisionner le centre commercial et les autres puissances comme la Devon SARL.
Les marchés commençaient à manquer de poisson et d'épices et Arthur le Dément était devenu la terreur des mers.
Ceux qui avaient déjà vu son visage racontaient qu'il s'agissait d'une bête sauvage aux muscles puissants et au sourire carnassier. Ses yeux n'étaient que deux étincelles sous l'ombre de son bandana et sa barbe taillée avec soins les projetait à l'âge d'or des pirates.
Ses sbires étaient eux aussi connus pour leurs cris de joie à chaque fois qu'un cargo prenait l'eau et répandait sa marchandise sur la plage la plus proche.

Mais c'est toujours de l'ombre que provient la pire des menaces.

Dès que la Team Aqua s'approchait un peu trop du site de recherche de Sumishi, la Team Magma leur tombait dessus en embuscades toujours mieux préparées les unes que les autres.

Sauf qu'Arthur n'aimait pas ça, qu'on lui vole une partie de son océan. Ah ça, non.

* * * * *

« Je ne sais pas ce qu'ils essaient de faire, mais ils vont le regretter ! » rugit le leader de la Team Aqua en envoyant son poing dans le mur de pierre de la grotte.

Les sbires présents fixèrent avec inquiétude les phalanges rougies de leur supérieur dans un silence religieux.

« Pour qui ils se prennent ? D'abord me voler le pack Devon, ensuite me prendre un morceau de l'océan... Il va falloir qu'ils comprennent qui est le maître, ici. »

Passer presque un ans en exil, loin des siens et loin de la terre ferme où tous voulaient sa peau l'avaient transformé.
Parfois, il se demandait encore pourquoi il voulait absolument leur faire peur. C'était devenu une habitude pour lui de regarder les bateaux en tous genres couler sans broncher. Il ne réagissait même plus aux cris de détresse des passagers et seule Sarah parvenait à le convaincre de laisser leurs sbires les reconduire jusqu'à la côte.
Il était rentré voir Emi, un soir.
Mais Annie l'avait surpris, et elle l'avait chassé avec une violence dont il ne l'aurait jamais crue capable.

De grosses cernes violettes étaient apparus sous les yeux de l'adolescente, et elle l'avait supplié de la conduire sur la terre ferme.
Mais il avait refusé. Il se donnait du mal pour lui offrir à nouveau le paradis qu'avait été Pacifiville.
Pour elle.

Depuis qu'il avait surpris la Team Magma en mer, cependant, sa principale occupation était devenue toute autre et il se tourna vers ses sbires d'un air décidé.

« Malheureusement pour eux, une information a fuité dans leurs rangs. Je sais que leur ô combien mystérieux leader a prévu une petite escapade du côté du Mont Mémoria, ce soir. Et j'y serai. Inutile de vous dire que ces types seront en plus grand nombre et qu'on se prendra sans aucun doute une méchante raclée si l'un d'entre eux nous voit. Je vous laisse donc le choix. »

Les mains dans le dos, il afficha un sourire mauvais et circula dans les rangs.

« Que ceux qui ne craignent ni les histoires de fantômes, ni les méthodes vicieuses de nos adversaires me suivent. Les autres auront la lourde tâche de veiller sur notre repaire. Je vous laisse deux heures pour prendre votre décision et préparer vos affaires. Ensuite, nous partons. »

* * * * *

« Cette fois, on touche au but. »

Imposant dans son long manteau noir et rouge, il marchait de long en large sur le pont du bateau de prospection.
En face de lui, les membres de la Team Magma au visage masqué sous leur capuche rouge sang le suivaient attentivement du regard, buvant ses paroles.
Même s'il faisait ça régulièrement maintenant, il n'avait toujours pas l'habitude d'être autant au centre de l'attention.

« Vous savez que nous n'avons plus de mécènes pour financer nos recherches, et qu'il nous est impossible de plonger jusqu'à la cité engloutie. »

Un murmure de protestation parcourut les rangs. Il n'y avait plus que des scientifiques avides de découvertes parmi ses rangs, mais aussi des hommes et des femmes brisés mus par le faible espoir de retrouver leurs proches, des kilomètres sous la surface de l'eau.
Tous avaient en Max une fois inébranlable, et leur confiance le rendait chaque jour plus audacieux.

« J'ai beaucoup réfléchi, cette dernière année. Comment pourrions nous atteindre l'Altantide, si profondément cachée sous les eaux ? Une idée m'est alors apparue, un soir. Une idée folle. J'ai pendant un moment cru que j'avais perdu la raison. »

Surpsendus à ses lèvres, les sbires retinrent leur souffle.

« Je sais que je ne vous ai pas beaucoup parlé ces derniers temps, vous envoyant par petits groupes fouiller de fond en comble divers lieux dans tout Hoenn sans explications. Mais cette fois, alors que nous touchons au but, je vais vous faire partager mon dernier espoir. Celui qui nous dévoilera enfin les secrets de la cité perdue. »

Il prit une longue inspiration, savourant cet instant avec délices.

« Nous allons faire venir la cité à nous. »

Surprise, l'assemblée fut parcourue d'une bruyante rumeur. Comment serait-ce possible ? La cité se déplacerait-elle ? C'était insensé !

« S'il vous plaît ! » cria-t-il en levant les mains pour les rappeler à l'ordre. « Tous les bons habitants d'Hoenn connaissent la légende de Kyogre et Groudon, n'est-ce pas ? Kyogre, maître des mers et Groudon, maître des terres. Si la légende de l'Atlantide est vraie, alors Kyogre en est le créateur et le gardien. Celui qui nous empêche de l'atteindre de notre vivant. »

Il fronça les sourcils et montra les dents, soudain agressif.

« Mais quoi de mieux qu'une légende pour en vaincre une autre ? Je sais comment réveiller Groudon. Je sais comment lui demander de nous suivre jusqu'ici. Et je sais comment lui demander d'élever du fond des océans une colonne de pierre qui ferait jaillir l'Atlantide sous nos pieds ! »

Un long frisson parcourut son échine, délicieux mélange d'appréhension et d'excitation. Mu par une énergie nouvelle à la simple idée que sa quête s'achève enfin, il se redressa de toute sa hauteur et afficha un air satisfait.

« Alors, qui est avec moi ? »

Les sbires ne se le firent pas répéter, et un tonnerre de cris de rage et rugissements bestiaux se répandit à la surface de l'océan.
La nuit étendit son manteau de velours sur le ciel et l'appréhension agita les eaux.

Aucun Homme ne devrait s'élever au rang des Dieux.

* * * * *

Une fois au pied du Mont Mémoria, Max leva les yeux vers le sommet. La montagne creuse servait de lieu de repos aux défunts pokémon et des Polichombr hantaient les lieux par centaines, voltigeant dans la nuit noire en un effrayant ballet de mort.
Si certains sentirent leur courage les quitter à la vue des spectres, d'autres sentaient déjà l'odeur de la victoire et s'élancèrent à l'assaut des cinq cent marches en pierre qui les séparaient du sommet.

Rapidement, quelques feu follets apparurent des fourrés et se mirent à tournoyer autour du groupe avant de disparaître aussi rapidement qu'ils étaient apparus.
L'un des sbires magma poussa un cri de surprise lorsqu'un Goupix bondit en travers du chemin pour s'évanouir dans l'obscurité à peine quelques mètres plus loin.

Ils gravirent les cinq cent marches en silence et, une longue heure et épuisante heure plus tard, le temple de pierre qui ornait de sommet du Mont Mémoria apparut. Le petit groupe retint son souffle et Kevin tapota un rapide message à Courtney pour tenir au courant le groupe resté sur le bateau de prospection.

Max fut le premier à entrer dans le temple de pierre. Si jamais quelqu'un devait garder les lieux, l'endroit était étrangement désert ce soir.
Pas un souffle de vent ne venait faire battre son long manteau contre ses cuisses ni agiter ses cheveux rouge sang, et de gros nuages masquaient presque toutes les étoiles.
Il avança avec appréhension dans le petit édifice obscur et alluma son zippo d'un geste sec du poignet. La flamme vacillante du briquet éclaira vaguement la forme d'un autel en pierre quelques mètres plus loin, sur lequel reposait deux sphères de verre parfaitement rondes et lisses.
En s'approchant, Max nota que quelques étranges symboles tribaux les ornaient toutes les deux et claqua des doigts de satisfaction, extirpant un carnet de sa poche.

Les deux orbes de légende. Ceux qui ont permis de contrôler la colère de Groudon et Kyogre et de les plonger dans un sommeil éternel.

Tournant avec avidité les pages de son carnet, il finit par s'arrêter face à un rapide croquis qu'il avait recopié d'un ancien livre de légendes.
Les bulles de l'orbe rouge, celle de Kyogre.
Les fissures de l'orbe bleu, celle de Groudon.

Max scruta les deux sphères et repéra rapidement celle aux motifs anguleux dont la disposition rappelait des fractures sur une surface rocheuse.

« Bingo. » fit-il simplement, en enroulant avec précautions l'orbe sans couleur dans son grand manteau.

S'il avait bien retenu quelque chose au sujet de ces orbes, c'était qu'il ne fallait surtout pas les toucher. Il surveilla d'un œil inquiet la surface du globe et, après s'être assuré qu'il n'avait pas pris la moindre teinte bleutée, le laissa glisser au fond de sa poche la plus profonde.

Il allait devoir investir dans une paire de gants s'il ne voulait pas courir à la catastrophe.

Lorsqu'il ressortit du temple, il fut acclamé silencieusement par les autres membres de la team et tous prirent à nouveau le chemin des escaliers.
Max ne put retenir un sourire satisfait : demain serait un grand jour pour l'humanité.

Tout à sa victoire, il ne remarqua pas Sumishi qui, cachée dans les fourrés, retint un cri de stupeur en découvrant son visage.

* * * * *

Arthur attendit patiemment que plus une capuche rouge ne soit visible à l'horizon avant de se tourner à nouveau vers le temple.

« Je ne sais pas ce que cet enfoiré vient de voler, mais je ne compte pas rester là sans réagir. »

D'un simple regard, il invita ses sbires à s'éparpiller tout autour de l'édifice alors qu'il y mettait les pieds. Il ne pouvait pas se permettre de laisser passer le moindre sbire Magma qui aurait la mauvaise idée de revenir sur ses pas.
En entrant dans le temple, il ne fit pas attention à la jeune femme plaquée dans l'obscurité du mur du fond.

Sumishi retint sa respiration alors que le leader Aqua s'approchait dangereusement, mais il ne sembla pas la voir et se concentra sur le piédestal.
Il approcha sa main de la sphère et la brune se fit violence pour ne pas bondir en avant. S'il avait su quelle erreur il commettait...

Lorsque la main d'Arthur entra en contact avec l'orbe, il crut que son heure était arrivée. La décharge électrique qui parcourut son corps fut telle qu'il ne parvint pas à émettre le moindre cri et il s'effondra sur le sol de pierre. Il crut que ses phalanges crispées sur l'orbe étaient dévorées par des flammes voraces tandis qu'un feu liquide se répandit le long de ses veines.
Ses poumons crièrent à l'agonie alors qu'il était figé, allongé sur le flanc et incapable du moindre mouvement.

Il lui sembla qu'une bête sauvage déchirait chaque muscle de son corps, qu'elle lui arrachait les entrailles.
Il voulait crier. Hurler. Pleurer. Mourir.

Puis soudain, tout fut fini.

De l'air frais s'engouffra à nouveau dans ses poumons et ses doigts relâchèrent l'orbe, à présent rouge sang orné de cercles et lignes bleu électrique, qui roula sur les dalles de pierre moussue.
S'il semblait redevenu tout à fait normal, il sentit que quelque chose avait changé en lui.
Comme si...

Non. C'était insensé.

Avec un sourire carnassier, il ramassa à nouveau l'orbe qu'il serra plus fort encore dans sa main sans vraiment s'en rendre compte, avant de quitter les lieux d'un pas pressé.

Dans son dos, Sumishi se laissa glisser au sol, ses jambes de coton ne parvenant plus à la tenir en place.
Elle commençait à regretter amèrement sa petite escapade nocturne.


* * * * *

Arthur n'avait pas fermé l'oeil de la nuit, ne cessant de ressasser sa soirée sans parvenir à comprendre pourquoi la sphère avait changé de couleur. La douleur qu'il avait ressentie à son toucher avait totalement disparu et maintenant son contact était devenu doux et tiède.
Au bout de quelques heures, il s'était rendu compte qu'elle luisait légèrement dans le noir et pulsait à un rythme lent et régulier.
Au même rythme que son coeur.

Lorsque le premier rayon de lumière pointa le bout de son nez, Arthur s'assit dans son lit et son premier réflexe fut d'allumer la radio en quête de nouvelles de la terre ferme. Il espérait entendre que la Devon SARL réduisait ses activités ou bien que les ports restaient bloqués en raison de la menace pirate qui planait sur Hoenn.
D'habitude, il avait droit au discours d'un homme influent au sujet de l'augmentation de la violence dans la région où à un ridicule plan de démantèlement de la Team Aqua.
Ce matin là, les nouvelles étaient différentes et la journaliste semblait toute excitée.

« Hier tard dans la soirée, un petit groupe de remorqueurs a repêché l'épave d'un ferry ayant lentement dérivé non loin des côtes. Il s'agit du Lokhlass, qui avait fait naufrage il y a un peu plus de vingt-et-un ans maintenant. Conscientes de la peine immense que ce naufrage avait causé aux familles, les autorités ont autorisé les visiteurs à se rendre dans l'épave durant le week-end avant qu'elle ne soit démontée et réutilisée. »

Il ne lui fallut pas plus d'une heure pour se retrouver sur les lieux. Il approcha de l'épave le coeur battant. L'aube pointait à peine et la silhouette majestueuse de l'épave se découpait sur le ciel rosé. Malgré la rouille et les algues, Arthur reconnut immédiatement les lettres entrelacées formant le nom du ferry sur la coque. Autrefois d'une blancheur éclatante, elle était aujourd'hui complètement rongée par l'altération des eaux salées.

L'espace de quelques minutes, Arthur redevint le jeune garçon effrayé qu'il était ce jour là, regardant par dessus son épaule à chaque bruit suspect en priant pour que le visage de son père ne réapparaisse jamais. Le parquet pourrissant avait été remplacé par un plancher provisoire plus solide grinçant à chacun de ses pas.
Sans se poser de questions et ignorant les badauds qui s'amassaient déjà sur le pont où dans les suites de première classe dans l'espoir d'y récupérer un trésor, lui s'enfonça dans les tréfonds du ferry.

Il reconnut sans peine les sièges de tissu bleu nuit, encore en très bon état en considérant le temps qu'ils avaient passé sous les flots. Ce ne fut pas une odeur de moisissure qui le prit à la gorge mais celle des tissus imbibés d'algues et de saumure, et il toussa.

« Il sentait meilleur à l'époque, hein ? »

Arthur, qui se croyait seul, releva vivement la tête à la recherche de celui qui lui avait adressé la parole. Il le trouva sans peine.
L'homme à la chevelure flamboyante était assis sur l'accoudoir en plastique de l'un des sièges, fixant quelque chose qu'il tenait entre ses doigts d'un regard si triste que le brun sentit immédiatement sa gorge se serrer. Il toussota et fit mine d'examiner en détail le plafond, gêné.

« - Oui, j'imagine que oui.
- Qui aurait cru que ça finirait ainsi ? Le voyage avait si bien commencé, pourtant. »

Intrigué, Arthur se tourna un peu plus vers lui.

« - Vous étiez là aussi, lorsqu'il a coulé.
- Juste là, fit-il en désignant le siège à côté de celui qu'il occupait. Là, c'était ma sœur. Et derrière, mes parents.
- J'ai... j'ai eu la chance d'être seul, ce jour là. »

Le roux haussa tristement les épaules et ses yeux charbon glissèrent en direction du couloir. Un sourire triste se peignit sur son visage lorsqu'il nota un détail curieux.

« Tiens, la lance à incendie est toujours là. »

Arthur eut un léger rire sans joie et jeta un rapide coup d'oeil par l'un des hublots brisés, sans vraiment regarder ce qu'il se trouvait à l'extérieur.
Tout ce qu'il revit fut la menace de l'eau bouillonnante qui attaquait le verre avec férocité, menaçant d'engloutir la pièce.

« - Comment vous vous en êtes sorti, si je ne suis pas indiscret ? Lui demanda son interlocuteur sans cesser de jouer avec un petit morceau de tissus déchiré.
- Un Carvanha qui m'a pris en pitié. Et vous ?
- J'ai dérivé jusqu'à ce qu'un dresseur me trouve. Son Démanta nous as traînés jusqu'à Poivressel. »

Il le leva avec un long soupir triste et tira faiblement sur le morceau de tissus.

« Coincé. C'était le doudou de ma sœur. Pendant un moment, j'ai vraiment cru que je pourrais la sauver. »

Puis il leva les yeux au ciel et sourit.

« Je sais même pas pourquoi je vous raconte tout ça. Désolé de vous embêter avec mes histoires. »

Il lui donna une tape sur l'épaule avant de quitter la pièce par les escaliers.

« Mais aujourd'hui est un jour nouveau. Ce n'est pas un hasard si ce ferry est réapparu d'entre les morts, et je suis prêt à parier qu'il n'est pas le seul... »

Arthur le regarda remonter les escaliers d'un air sceptique, pas certain de comprendre le sens de ses paroles. Une fois qu'il eut disparu, il baissa les yeux vers le morceau de chiffon resté coincé dans l'accoudoir du siège et y jeta un regard curieux. Il lui disait étrangement quelque chose.

« Drôle de doudou, pour une petite fille. »

C'est alors qu'un petit détail attira son attention. Trois lettres brodées à la main l'ornaient maladroitement. L.I.E.

Arthur ouvrit de grands yeux ronds, se souvenant soudain de l'endroit où il avait déjà vu un torchon pareil.


Elle remonta alors son chiffon déchiré au visage en suçant son pouce, et le garçon nota les quelques lettres roses qui y étaient encore visibles. E. M. I.

« On dirait que tu t'appelles Emi. »

La petite leva ses grands yeux noirs vers lui, et sourit.


Il se redressa vivement. E. M. I. L. I. E. Emilie.
Le brun leva les yeux vers la lance à incendie, le coeur battant. Il n'y a que trois personnes à avoir vu que le tuyau avait été déroulé jusqu'au bas de l'étage ce jour là.
Lui. L'homme qui l'a aidé. Et son fils.

Sans plus attendre, il se précipita à l'extérieur de l'épave, comprenant qu'il venait de rater le frère d'Emi – ou plutôt Emilie, et surtout celui à qui il devait la vie ce jour là.

Lorsqu'il arriva à l'extérieur, il vit la silhouette du roux s'échapper à dos de Nostenfer en direction de la mer. Arthur tenta de l'appeler mais en vain ; à cette altitude, tout ce qu'il pouvait entendre était le vent qui fouettait son visage.
Ni une ni deux, il sortit une pokéball de sa poche et sauta sur le dos de son Sharpedo.

« Je dois rattraper cet homme, et vite ! » cria-t-il tandis que son pokémon s'élançait à pleine vitesse vers l'horizon, brisant les vagues sur son nez.
Sarah tenta de l'appeler lorsqu'il passa devant les grottes dans lesquelles la Team Aqua s'était cachée et, voyant qu'il se dirigeait droit sur le site de recherches, lança un signal d'alarme dans toute leur base.

Toute sa Team sur les talons, Arthur se fit distancer par l'homme au Nostenfer et finit par le perdre entre les nuages.

« Merde ! » jura-t-il, furieux contre lui-même.

Emi avait eu raison de croire que quelqu'un de sa famille s'en était sorti, et lui n'était même pas capable de lui ramener son frère.

* * * * *

« Mes amis, aujourd'hui est un grand jour ! » proclama Max. « Ce n'est pas un hasard si l'épave du Lokhlass a ressurgi des mers ce matin. Alors, allons-nous extirper cette cité des flots ? »

Un hurlement victorieux lui répondit, et il brandit l'orbe translucide au dessus de sa tête. Le soleil se refléta dessus avec une telle force qu'elle sembla prendre feu, et le leader de la Team Magma la sentit presque vibrer entre ses doigts.
C'était le moment de vérité.

« Groudon, éveille toi ! Sors de ta torpeur ! Aide-nous ! »

Le sol se mit soudain à trembler et un rugissement lointain se fit entendre. Un frisson d'excitation parcourut l'assistance et le coeur de Max se mit à battre à tout rompre.

« - Maintenant, fais émerger la cité engloutie des eaux et rends sa liberté à son peuple !!!
- Max, non !!! »

La voix déchirante de Sumishi se fit à peine entendre alors que sous leurs pieds, l'eau se mit à bouillonner avec force. Le bruit puissant de la roche brisée secoua le bateau entier, et tout bascula à cet instant.

Voyant l'immense tsunami se dessiner à l'horizon, Arthur ne put que se cramponner désespérément à son Sharpedo tandis que la cité d'ivoire émergeait des flots écumants.
Son sang se mit alors à bouillir à nouveau, et il perdit connaissance.