La Voie de la Vérité de Alaeffar

_ Ah! Tu te réveilles enfin.
Alaec regarda autour de lui. Il se trouvait dans une maison qu'il n'avait encore jamais vu, allongé sur un lit moelleux. Les murs semblaient être constitués de bois, une table déjà dressé se trouvait en face de lui et le doux crépitement d'un feu de cheminée se faisait entendre. Il essaya de s'asseoir pour reprendre ses esprits, mais la douleur qui se réveilla en même temps que lui l'en dissuada.
_ Je resterai me reposer un peu si j'étais toi.
Le jeune homme eu enfin l'esprit assez clair pour se rendre compte qu'une jeune femme brune d'une vingtaine d'années le regardait du bord du lit, l'air inquiet.
_ Merci de m'avoir aidé, dit-il enfin.
_ Bah, c'est ton Hélédelle qui a fait tout le boulot, dit-elle en souriant, soulagée de voir qu'il allait mieux. Sans lui pour ralentir ta chute, je n'aurai rien pu faire de plus.
_ Hélé ! piailla Rouky avec satisfaction.
_ Mais... où suis-je ? Et comment se fait-il que je ne sois pas déjà mort ?
_ Ha ! Tu est à Valéssuiss, le village le plus perdu de Hoenn ! clama-elle fièrement en riant. Nous sommes coincés dans une profonde vallée à mi-chemin entre le Site Météore et le Mont Mérazon, alors je ne sais pas qui t'as tiré dessus mais sois sûr qu'il ne te retrouvera pas ici.
A ces mots Alaec posa sa main sur l'éraflure de la balle que la jeune femme avait recouvert d'une large bande de gaze, se rappelant les évènements de la veille. Il voulait se justifier auprès de son hôte mais il ne trouvait rien de plausible à dire, et surtout il ne voulait pas l'impliquer dans cette affaire dont il ne comprenait rien lui-même. Mais c'était déjà trop tard.
_ Je m'appelle Alaec, dit-il à la place.
_ Moi, on m'appelle Rud-Masa, se présenta la jeune femme.
_ Quoi ! Vous avez bien dit Ur...
_ Non, tu as mal entendu, coupa-t-elle.
Alaec se leva avec quelques difficultés, remis sa ceinture magnétique que Rud avait précieusement placé sur la table de chevet et rappela Rouky, qui devait avoir envie de se reposer après toutes ces émotions. Il ne savait pas où aller mais il savait qu'il devait partir : plus aucun endroit n'était sûr, désormais.
_ Puisque tu visites notre beau village, va donc jeter un oeil au château Calunet ! C'est notre fierté, il est là depuis des centaines d'années, tu te rends compte !
A ces mots Alaec tilta. Il réfléchit à toute vitesse : s'il était vraiment aussi vieux, il contiendrait peut-être quelque chose de la même époque que son rapport qui lui permettrait de mieux comprendre ce qu'il se passait. Et c'était exactement ce qu'il voulait.
_ Merci encore, je vais jeter un coup d'oeil en effet.
_ Après ta ballade reviens donc chez moi, tu n'es pas encore tout à fait rétabli. Je vais préparer une tarte aux baies Tronci en attendant, dit Rud avec un clin d'oeil.
_ C'est vraiment très gentil de m'accueillir comme vous le faites, répondit Alaec avec une surprise amusée.
_ Oh, c'est rien, c'est l'hospitalité locale.
_ De Valléssuiss vous voulez dire ?
_ Oui, c'est ça, répondit Rud avec un sourire.
Alaec prit congé de la jeune femme et sortit. Effectivement, Valléssuiss était un joli petit village bucolique qui ne contenait que le strict minimum, à savoir quelques magasins ancestraux, une église, un dispensaire et un mini-centre pokémon, l'ensemble étant cerné par de hautes montagnes. Alaec était heureux de pouvoir enfin visiter un village de Hoenn qui n'était submergé ni par la masse sans-gène et dangereuse des touristes, ni par celle finalement identique des dresseurs. Des Ecremeuhs et des Watt-Watts broutaient paisiblement dans un pré d'un vert éclatant, entouré d'arbre à baies qui poussaient de façon luxuriante. Au dessus de sa tête des Nirondelles volaient librement d'arbres en arbres et sous ses pieds, un léger tremblement trahissait la présence des Taupiqueurs et des Triopiqueurs qui aéraient et purifiaient le sol.
_ La vie est belle, ici, pensa le jeune homme qui observait cette prolifération de pokémon, de plantes et d'humains qui semblaient cohabiter de cette façon pacifique si rare.
Mais habiter ici était impossible, du moins tant qu'il continuerait cette fuite éperdue. Il se rappela alors l'objectif qu'il s'était fixé.
A quelques dizaines de mètres de là siégeait un vieux château comme Alaec n'en avait jamais vu. A son approche le dresseur se rendit compte que le pont-levis était levé et un panneau proche en donnait l'explication.
"Château CALUNET, construction humaine centenaire! Propriété privé, aucune visites autorisées. "
Alaec soupira de dépit, puis réfléchit et se dit qu'au point où il en était, une violation de domicile ne pèsera pas lourd à côté de ses autres chefs d'accusation. Il se rappela alors la CS interdite que lui avait confié son père et la sortit de son sac.
"La Capsule Spéciale n°9 contient la technique "Passe-Muraille". Cette technique a été interdite car des esprit malveillants pourraient l'utiliser pour entrer par effraction dans des propriétés privées..."
Alaec esquissa un sourire.
...et effectuer ainsi des cambriolages avec une facilité déconcertante, et peut-être même pire. Les Pokémon compatibles avec la technologie de la Capsule et susceptibles de pouvoir apprendre cette technique sont ceux appartenant aux types Psy, Ténèbres, Spectre... "
Tout en lisant la notice Alaec prit la Pokéball de son Gardevoir, l'activa et lorsqu'elle prit la taille de son poing, il pressa fortement la détente qui commandait la libération du pokémon.
_ Et bien, je crois que cette CS fonctionne comme les autres, après tout.
Il jeta la notice et la ball libéra son pokémon à ce moment-là.
_ Bon, Célébine, ne bouge pas et fixe la lentille attentivement, dit Alaec à son Gardevoir.
Il approcha la Capsule de l'oeil de Célébine. La CS était de la même taille qu'une Pokéball au repos, mais à la place du bouton central elle comportait une assez grosse lentille bleue marine à demi transparente. Un bouton rond et large était placé sur le dessus, qui commandait la mise en marche de la CS. Quand Célébine fut assez concentré, Alaec appuya sur le bouton en question et la CS crépita, puis s'éclaira de l'intérieur. Une belle lueur bleutée émanait du bord de la Capsule, signe que Célébine était compatible et allait recevoir la technique sans problèmes. Le regard du Pokémon était totalement capté par la lentille, qui semblait quant à elle littéralement fouiller le cerveau du Gardevoir à travers ses yeux.
Alaec avait un peu peur que la Capsule ne produise des dégâts trop importants dans son cerveau, car elle n'avait encore jamais été testée sur un être vivant.
Heureusement, au bout de quelques secondes, la CS bippa et s'entoura d'un halo de lumière verdâtre, ce qui voulait dire que Célébine avait appris la technique sans aucun soucis. Alaec attendit patiemment que la CS s'éteigne, puis la rangea délicatement avec les autres Capsules dans une poche spéciale de son sac.
_ Bon, et bien allons la tester, maintenant, s'écria-t-il d'un ton enjoué.
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Alaec et son Gardevoir mirent quelques instant à tourner autour du château avant de trouver une place appropriée, mais au bout de quelques minutes il se retrouvèrent devant un grand pan de mur qui leur semblait parfait. Il était dégagé de toutes fenêtres et d'ouvertures, et seuls quelques Mimigals courageux s'aventuraient encore sur cette paroi abrupte.
Alaec s'approcha du mur et tapa quelques coups pour essayer de savoir si un passage creux se trouvait de l'autre côté; mais il se rendit compte que c'était inutile car l'épaisseur était beaucoup trop importante.
Il décida de laisser pour une fois la chance et le hasard le guider, et ordonna à son Pokémon de tester la nouvelle technique.
_ Et bien, vas-y Célébine : attaque Passe-Muraille.
Le Pokémon se plaça à quelques mètres de la paroi et semblait se concentrer activement. Au bout d'un instant il ouvrit les yeux, et Alaec s'aperçut qu'ils avaient perdu leur belle couleur rouge et orangée pour devenir violets et lumineux.
_ Heu... Tout va bien Célébine? demanda-t-il, commençant à s'inquiéter.
_ Garrrr, répondit le pokémon de sa voix éthérée.
Alaec se rendit alors compte que l'air même qui était dans le champ de vision du Gardevoir commençait à se tordre et à onduler, de la même manière que lorsqu'il fait très chaud, à l'exception près qu'à ce moment là l'air semblait ne plus avoir de température du tout. Alaec ne savait pas si c'était dangereux, voire même si c'était tout à fait normal.
_ Fixe le mur des yeux, s'il te plaît, ordonna gentiment le dresseur.
Lorsqu'il vit le mur du château onduler à son tour, il ramassa un bout de bois qui traînait à ses pieds et le lança dans la direction du phénomène étrange. A sa grande surprise, il n'ondula pas et passa à travers la paroi d'un seul coup, comme s'il n'y en avait plus du tout.
_ Allons-y, finit par se décider Alaec.