Thomas était allongé sur son lit et regardait les courants d'air qui faisaient frémir ses rideaux. Sa fenêtre était grande ouverte et il entendait le vent qui se levait. Le mariage avait lieu dans deux heures mais le couple ne se parlait plus. Le jeune homme avait tenté de tout expliquer à Marine mais celle-ci avait refusé de croire ces absurdités. Elle l'avait traité de lâche parce qu'il ne voulait pas affronter la réalité et qu'il préférait fuir plutôt que de combattre. Elle était ensuite partie furieuse, voire orageuse, en lui disant qu'elle l'attendait au sanctuaire shintô pour l'union. Depuis cette scène, le naufragé était resté affalé sur son lit à regarder les rideaux de sa chambre se mouvoir sous les effets de la brise. Il était peut être lâche mais Marine se trompait sur un point, il ne fuyait pas la réalité, il l'affrontait. Il n'avait peut être pas fait preuve de courage en lui cachant la vérité et en l'évitant, elle avait surement raison de lui reprocher ça. Il était donc là, hagard, à attendre que le temps passe et que Viola le contact pour entamer le rituel.
Depuis que le jour s'était levé, le temps s'était beaucoup détérioré. Le soleil n'avait pas montré le
bout de son nez et le ciel était extrêmement noir, come si on avait renversé un flacon entier d'encre sur du papier. Les arbres avaient touts peu à peu perdu leur feuillage comme si la vie semblait soudain vouloir quitter ce monde. Des feuilles mortes s'amassaient donc dans toute la ville comme en automne. Le vent se levait peu à peu, petite brise à l'aube, il devenait de plus en plus fort au fur et à mesure que les heures avançaient. La tempête allait bientôt se déchainer. Le naufragé entendait ses volets, qu'il n'avait pas scellés, claquer sur le mur de chaux et les battants de sa fenêtre qui s'entrechoquaient. Le léger murmure de tout à l'heure commençait à devenir hurlement. Thomas avait toujours aimé les orages, ce déchainement des éléments l'avait toujours fasciné, et surtout la nature qui semblait s'éveiller peu à peu avant d'entrer en colère. La lumière était toujours splendide à ces moments là. Aujourd'hui, c'était presque la même chose. Le monde semblait vouloir se réveiller de sa torpeur, le rêve souhaitait prendre fin sauf qu'au lieu d'avoir une accalmie, la tempête entrainerait un cauchemar et pour le jeune homme la mort. Il avait peur, terriblement peur de qui allait arriver. Les heures qui allaient suivre étaient complètement incertaines.
Le vent était de plus en plus en fort, les hurlements de plus en plus virulents. Au loin on entendait le grondement du tonnerre. Ca s'approchait. Le ciel continuait à s'assombrir. Thomas semblait paralyser sur son lit, attendant une lueur d'espoir qui ne semblait pas venir. Il se sentait condamner. Mais ce qui l'effrayait encore plus, c'était ce silence, ce terrible silence qui régnait dans la ville et qui n'était que brisé par le vent. Où diable étaient passés les habitants d'Atalanopolis ? Le jeune homme semblait dériver dans une lente torpeur, il avait l'impression de perdre le contrôle de son être. C'était surnaturel.
Soudain, un éclair transperça la nuée puis, à peine une seconde après, il y eut un terrible coup de tonnerre qui fit trembler tous les murs et qui fut amplifié par l'écho. C'en était presque terrifiant. Les lumières s'éteignirent, il y eut de nouveau flash de lumière blafarde qui transpercèrent les ténèbres dans lesquelles était plongée la chambre. La terre trembla. Thomas se leva précipitamment. Cet orage n'était pas du tout normal. La terre trembla à nouveau, des éclairs zébrèrent encore le ciel et tonnerre gronda plus fort que jamais. Le vent soufflait terriblement. Le sol vibrait de façon continue. Le jeune homme courut vers la porte et tenta de l'ouvrir. Elle était faussée. Sans réfléchir, le garçon se précipita vers la fenêtre. Il était au premier étage et la maison était basse. Il sauta et s'écrasa violemment sur le sol, sa jambe lui faisait mal mais il n'y pensa pas. Il devait absolument aller à la grotte Origine. C'était la fin. Il gagna la rue et arriva sur une terrasse. Le spectacle qu'il voyait était digne d'un film catastrophe. Une muraille de nuage aussi noir que les nuits les plus sombres et aussi haute que les montagnes de Sinnoh arrivaient sur la ville et semblaient sur le point de l'aspirer. La mer était en colère et d'énormes vagues s'abattaient sur le port et emportaient tout avec elle. Là où la foudre frappait, les choses disparaissaient. Lorsque les éclairs touchaient une maison celle-ci se désagrégeait en million de particules, comme de simples bulles d'air balayées par les flots, et s'estompaient dans l'air. La ville sombrait lentement dans le cauchemar.
Thomas poursuivit sa route, il courait à en perdre haleine, il serrait contre son flanc sa sacoche dans laquelle se trouvait l'orbe. C'était une course contre la montre qui débutait. Les gens avaient tous disparut, comme si les cauchemars les avaient déjà aspirés. La peur étreignait le jeune homme, il ne voulait pas finir comme eux. Sur sa route il tomba sur Viola.
- Je te cherchais partout ! s'écria-t-elle un brin rassurée d'avoir retrouvé Thomas. Dépêche-toi d'atteindre la grotte, je vais faire tout mon possible pour ralentir leur avancée. Ils arrivent !
- Viola, attends ! Qu'est ce que je devrais faire là-bas ?
- Je n'ai pas le temps de te l'expliquer, je te contacterais sur place pour t'aider mais suit juste ton intuition, elle ne t'a jamais trompée. Maintenant va !
La bibliothécaire dit cela d'une voix impérieuse et puissante, presque mystérieuse. Après que le naufragé soit partit, elle brandit son bâton – qui lui servait normalement d'appui – et frappa le sol, puis fit tourner sa baguette d'un quart de tour.
« Esprits des océans, esprits des mers,
Entendez mon appel, entendez ma prière,
Protégez cette cité de la terrible obscurité,
Atalanoplis a besoin de vous pour être en sureté ! »Le Noarfang perché sur l'épaule de Viola poussa un étrange hululement. Une onde bleue se répandit du bâton avant de s'étendre lentement sur toute la ville, c'était une vague bienfaisante qui chassait les ténèbres. Un dôme apparaissait peu à peu atour de la ville, une fine pellicule turquoise aussi solide que du diamant recouvrit peu à peu la cité. La foudre s'abattait dessus avec violence, le fragilisant à chaque seconde. C'était seulement pour gagner du temps.
Thomas continuait à courir dans la ville, il avait oublié de demander à la bibliothécaire ce qu'elle voulait dire par « ils ». Cependant le jeune homme ne tarda pas à comprendre.
https://www.youtube.com/watch?v=ArsV7AFZBHYPeu à peu les lumières de la ville s'allumèrent comme de simples lanternes qui brillaient dans l'obscurité. A vrai dire cela ressemblait plus à des feux follets, et d'ailleurs le jeune homme ne se trompait pas. Les petites langues de feu qui vacillaient légèrement dans l'obscurité signifiaient bien que des « esprits » arrivaient. En effet, lentement, très lentement, des ombres indistinctes apparaissaient et leur voix glaciale semblait appeler Thomas qui se faufilait dans les ruelles d'Atalanopolis. C'était surement eux que Viola essayait de ralentir. Les lumières se faisaient de plus en plus nombreuses, pâles et tremblantes, elles attiraient le naufragé en frémissant. Il devait éviter de les regarder. Parfois la route s'était évaporée dans le cauchemar et le jeune homme devait donc faire des détours pour éviter ces trous dans l'espace-temps de la cité.
La grotte était proche. Les maisons se faisaient de plus en plus en rares. Il était à bout de souffle, il avait courut comme un Tauros enragé et avait du se battre avec toutes ces mains froides et humides qui l'agrippaient pour l'entraîner vers l'obscurité. De nombreuses voix l'avaient appelé, comme s'ils se connaissaient, c'était effrayant, le jeune homme se croyait dans un film d'horreur. Il avait déjà entendu ces voix, elles ressemblaient à celles de son passé, son cauchemar et celui de Kyogre ne faisaient presque plus qu'un. Les souvenirs se mêlaient. Ces ombres, Thomas les avaient déjà rencontrés, c'étaient tous ses proches, toutes les personnes qu'il avait rencontré. Heureusement, grâce au sortilège de Viola, le nombre de créatures des ombres était encore assez restreint. Le jeune homme poursuivit sa route en zigzaguant entre les roches, le sanctuaire était proche, il voyait au loin le torii qui indiquait l'entrée du lieu sacré. Sa couleur rouge se démarquait dans l'obscurité. Thomas pouvait souffler, après le portail, il y avait juste un pont qui enjambait un grand gouffre à traverser avant d'atteindre la grotte Origine. Il pressa le pas, gravit les escaliers qui le séparait du portique de bois et s'arrêta net devant. Le pont avait disparu. La route était barrée. Devant lui s'étendait un immense ravin et aucun moyen de le traverser. Il n'avait aucun Pokémon pour l'aider. Tout était perdu. Le gouffre était beaucoup trop large pour pouvoir sauter par-dessus, même avec élan. Thomas regarda le ciel. La fureur céleste s'abattait sur le bouclier crée par la magicienne-bibliothécaire, celui-ci commençait déjà à se fissurer. Si le cauchemar envahissait la ville, tout était perdu. Le jeune homme s'assit pour réfléchir, il fallait trouver une solution.
Soudain, une voix de femme l'interpella. Il leva la tête et vit Victoria, sur un promontoire, de l'autre
côté du gouffre, et qui lui faisait des grands signes. Ses cheveux blonds étaient en bataille et la belle robe qu'elle aurait du porter pour le mariage de sa fille était déchirée de partout. Elle hurlait son prénom car les secousses et le tonnerre étaient assourdissants.
- Thomas, je te cherchais partout. Viola m'a tout expliqué…je m'en doutais déjà. Je suis là pour t'aider.
- Où sont les autres personnes ? Où est Marine ?
- La plus part des gens ont été affecté par le cauchemar et sont devenus extrêmement violents…
- Et vous ? Pourquoi n'êtes vous pas touchées ? Et comment vous doutiez vous de toute cette histoire ?
- Je fais partie du subconscient de Kyogre, je suis une des nombreuses gardiennes des rêves. Je suis là pour protéger l'univers onirique ! Je suis là pour t'aider !
Thomas était sous le choc. Victoria se doutait de tout pendant tout ce temps et elle n'avait rien dit. Cependant, le temps n'était pas à la réflexion. Le dôme de protection se fêlait de plus en plus, il allait se briser d'un instant à l'autre. Le jeune homme devait impérativement entrer dans le sanctuaire. Derrière lui, sur la route qui menait au centre-ville, le naufragé entendait des hurlements et des cris, les fantômes approchaient. Ils allaient l'attaquer.
- Le temps presse ! Gardevoir, GO ! Utilise Psyko pour créer un pont ! ordonna Victoria en libérant son magnifique Pokémon.
Le Gardevoir, grâce à ses capacités psychiques, créa un pont avec l'aide de nombreux décombres et rochers qui se trouvaient là. Au moment même où les deux bords du gouffre furent reliés, le bouclier explosa en un million d'éclats, comme un verre qui se brise sur le sol. Les esprits étaient au pied de l'escalier, prêt à sauter sur toute forme de lumière. Le cauchemar allait entrer lentement mais surement dans la cité.
- Thomas, pars ! Je couvre des arrières ! Fais-ce que tu as à faire ! Mur Lumière !
Une aveuglante lumière enveloppa le pont pour le protéger, le jeune homme courut aussi vite qu'il put. Lorsqu'il arriva devant la grotte, Victoria lui dis une dernière chose.
- Attrape-ça, tu en auras besoin pour la suite !
Elle sortit de sa poche un petit ocarina bleu qu'elle lança en direction du naufragé. Le Gardevoir, grâce à une attaque Choc Mental, le fit atterrir pille poil dans les mains de Thomas qui hurla un merci que personne n'entendit. Cette flûte qu'il venait de recevoir avait été sculptée dans une écaille de Kyogre. Elle était toute lisse et d'un magnifique bleu céruléen. C'était étrange mais ce petit instrument de musique de la forme d'un œuf d'oie lui rappelait quelque chose.
*Marine et Thomas marchaient main dans la main. Le soleil disparaissait peu à peu derrière les contreforts d'Atalaopolis, l'eau scintillait, les Krabby faisaient des bulles sur la plage, c'était merveilleux. Pour un premier rendez-vous l'environnement était idéal mais hélas, le jeune homme avait du rester plus tard pour fermer le restaurant. Il était déjà 21h30 quand il avait pu retrouver Marine. Les restaurants fermaient et Thomas ne trouva qu'un petit snack encore ouvert sur la plage. Un peu gêné, il avait offert son diné à sa future fiancée pour au moins tenter de ne pas passer pour un rustre allié à un machiste. Les deux amants avaient donc au menu deux hamburgers fait maison qui avait l'air délicieux mais qui ne valaient tout de même pas un vrai repas dans un vrai restaurant. Ensuite, les deux jeunes gens marchèrent sur la grève, pieds nus et sur le sable mouillé. Ils refaisaient le monde, discutaient et riaient. Ils ressemblaient à deux vieux amis qui ne s'étaient pas revus depuis des années. Thomas ne se sentait plus du tout seul au côté de Marine. Elle était comme un navire au milieu de l'océan, un bateau qui l'appelait et qui n'attendait que lui pour partir. Il l'aimait. Il adorait voir son visage rire, ses yeux comme la mer qui se plissaient pour exprimer la joie et ses cheveux si doux, si soyeux. La jeune fille avait mis une fleur rouge dans ses cheveux et petite robe bleue pour se faire belle.
Le couple se posa sur un petit banc, sur une des nombreuses terrasses qui agrémentaient la ville, et admira le crépuscule tout en dégustant les délicieux sandwichs que Thomas avait achetés. Marine prit la parole, la bouche pleine :
- Hmm…et si on s'embrassait maintenant ? On ne va pas rester des heures à se regarder dans le blanc des yeux non ? Tu penses comme je le sais, dit-elle avec un sourire malicieux.
- Euh…oui ! Oui…oui…oui faisons ça ! bredouilla le jeune homme complètement pris au dépourvu par la remarque de Marine.
Il hésita quelques instants. C'était toujours impressionnant de se lancer comme ça dans la folle aventure de l'amour. Il prit une grande inspiration, pencha légèrement sa tête puis approcha lentement ses lèvres vers celles de sa future fiancée. Il les posa délicatement sur sa bouche puis l'étreignit et l'embrassa passionnément. Mais au bout de quelques secondes à peine, Marine se libéra en explosant de rire. Avait-il mal embrassé ?
- Tu m'as passé ta baie Alga ! s'écria la jeune fille en pouffant de rire.
Thomas ne savait pas où se mettre, il était complètement gêné. Il resta figé sur son banc, rouge comme une baie Tamato mais les éclats de rire de Marine qui ne finissaient pas eurent raison de son embarras et il se mit aussi à rire. Le soleil avait disparut.
- Attends ! Il faut que je te montre quelque chose, s'exclama la belle blonde en sortant un objet bleu de son sac. Ecoute cet hymne à la mer !
Le naufragé regarda Marine faire. Elle porta à ses lèvres un petit ocarina couleur océan et se mit à jouer. Elle ferma les yeux et dodelina de la tête. Une musique aussi douce et légère qu'une brise océane sortait de la petite flûte. C'était extrêmement apaisant et surtout magnifique. La lumière du crépuscule donnait un côté magique à ce moment de partage. Ils auraient pu rester ici toute leur vie, ces quelques minutes durèrent d'ailleurs une éternité de bonheur, à écouter la mer.
- C'est la ballade du Poisson-Rêve ! Elle permet d'apaiser les mers les plus tempétueuses selon la légende.
Thomas ne répondit rien, il serra Marine dans ses bras et contempla les derniers rayons du soleil dans le ciel pratiquement sombre.
*Au sanctuaire, tous les invités attendaient le marié depuis une heure. Marine frémissait de colère derrière son voile. Elle n'en pouvait plus de patienter. Elle allait le tuer. Soudain Viola fit irruption dans le lieu sacré avec une mine effrayante.
- Mes amis fuyez ! Nos heures sont comptées et le marié ne viendra pas ! s'écria-t-elle avant de disparaître comme elle était apparue, dans un coup de vent.
La foudre fit trembler toute l'assemblé, personne ne le remarqie mais quelque chose changea dans le regard de Marine. Celui-ci paraissait beaucoup plus diabolique, comme si le cauchemar ambiant s'était emparé d'elle. Elle arracha son voile blanc et hurla, avec le tonnerre en écho :
- THOMAS ! TU VAS ME LE PAYER !
Elle ne ressemblait plus à la fiancée épanouie qu'elle était mais à une veuve noire prête à tuer de nouveau. La haine s'était emparée de son visage, devenu figé et maléfique, et de son corps tout entier.
Elle allait se venger. Marine avança d'un pas déterminé vers la grotte Origine. Elle marchait dans le parc, en robe immaculée, la mariée désirait une revanche . Elle était prête aux noces funèbres. Elle ricanait méchamment et la foudre répondait à son appel. Elle avait l'air de se délecter de cette tempête qui régnait dans la ville. Les feuilles mortes tourbillonnaient autour d'elle, comme si ses pas semaient la mort.
* https://www.youtube.com/watch?v=a66O7FSmHs8Thomas s'avançait dans la grotte Origine. La terre tremblait de plus en plus là où il avançait. Le plic-ploc des gouttes d'eau tombant des stalactites de calcaire et explosat sur le sol le mettait mal à l'aise, comme s'il était suivit. Il marchait aussi vit qu'il pouvait et bientôt il atteignit une immense salle où tout au fond se dressait un petit lac avec, au bord un autel. C'était là, le sanctuaire de Kyogre. Il ne fallait plus que descendre une volée de marche pour continuer à s'enfoncer dans les profondeurs de la mer. Il y avait en fait une immense cuvette devant lui et au fond se trouvait l'autel. Thomas s'apprêtait à s'aventurer dans les escaliers lorsqu'il vit Marine, la mine terrible. Ses cheveux étaient en bataille, la robe blanche déchirée et les yeux qui lançaient des éclairs.
- THOMAS LE NAUFRAGE ! NOUS AVONS DES AFFAIRES INACHEVEES !! hurla-t-elle.
Le jeune homme n'eut pas besoin de réfléchir pour voir que la jeune fille était affectée par le cauchemar. Ses iris aux couleurs de l'océan avaient prit une teinte beaucoup plus sombre ; un sourire dément marquait son visage crispé et mauvais. Il lui tourna le dos et commença à descendre mais il entendit sa fiancée hurler un « tu n'iras pas plus loin » haineux. Elle élança ses mains vers Thomas. Un puissant torrent en jaillit et emporta le jeune homme vers le fond de la caverne. La grotte se remplissait peu à peu d'eau. Le naufragé allait se noyer. Marine regardait cette scène avec un sourire de délectation. Ses nouveaux pouvoirs lui plaisaient bien.
Thomas était accroché à un rocher tandis qu'un déluge se déversait sur sa tête. Il ne devait pas se faire emporter par les flots. Le courant était extrêmement fort et la caverne était déjà immergée. Le jeune homme retenait sa respiration. La cuvette était pleine, le torrent s'arrêta. C'était comme une baignoire géante. Il devait atteindre la surface avant de nager au fond pour reprendre son souffle. Il lâcha son rocher et nagea aussi vite qu'il put pour atteindre l'air. Lorsque sa tête sortit de l'eau, le jeune homme respira un bon coup avant de s'approcher subrepticement de la berge où se dressait Marine, triomphante, et qui regardait son travail avec orgueil, sans prête aucune intention au jeune homme qui s'avançait dangereusement vers elle. Lorsqu'il fut assez proche, Thomas empoigna la jambe de sa petite amie et l'entraîna vers le fond. Celle-ci hurla avant de disparaître dans les flots. Elle frappa violemment Thomas pour essayer de l'épuiser et de le noyer, celui-ci ripostait comme il pouvait. Elle griffait, frappait et cognait. Dès que l'un d'eux remontait à la surface, l'autre faisait tout pour l'en empêcher. Ils s'agrippaient, se tiraient pour que l'adversaire ne puisse pas reprendre son souffle. Le jeune homme donnait de violents coups de poings à la jeune femme voyant pertinemment que ce n'était plus elle mais le cauchemar. Hélas, celui-ci était beaucoup plus fort, il riait aux éclats dans l'eau sans s'étouffer, le naufragé n'avait aucune chance de le défaire. Il devait trouver une solution et vite. Il avait pu remonter à l'air libre une ou deux fois tout de même, il pouvait encore résister quelques instants d'un point de vue oxygène. Marine lui donna cependant un terrible coup de coude dans le visage qui l'assomma quelques secondes. Le jeune homme bascula en arrière, son mouvement fit sortir l'orbe bleu de sa sacoche. Le cauchemar s'apprêtait à porter le coup ultime mais sa main effleura l'artéfact. Il se prit une violente décharge qui le figea. Thomas reprit ses esprits et en profita pour fuir vers l'autel – après avoir récupérer l'objet salvateur bien évidemment- en nageant le plus vite qu'il pouvait.
Le cauchemar se remit à bouger au bout de quelques instants mais Thomas était déjà au niveau de l'autel. Marine possédée fit disparaître les eaux d'un claquement de doigt et se précipita sur le naufragé en poussant un cri de désespoir. Elle lui sauta dessus par derrière et se hissa sur son dos avant de marteler sa tête avec ses mains. Elle le griffait en criant. Thomas se débattit et la fit tomber d'un coup de coude dans les côtes. Elle s'écroula par terre en hurlant. Le jeune homme se saisit de l'orbe et courut vers l'autel. Marine se releva, comme si c'était une simple marionnette attachée à des fils, elle fit apparaître une dague dans ses mains et fonça sur son fiancé. Au moment où il posa l'artéfact sur son piédestal, il fut saisi par la possédée. Celle-ci l'entailla au ventre. Il y eut une grande lumière bleue et un grand tremblement de terre. Marine fut violemment repoussée. Il y eut de nouvelles secousses violentes, un immense torrent allait se déverser dans la cuvette lorsque le temps se figea.
Toutes les gouttes d'eau étaient immobiles dans l'air, la vague qui semblait vouloir avaler Thomas ne bougeait plus et semblait le narguer. Celui-ci était allongé sur le sol, Marine se releva, elle semblait avoir repris ses esprits, ses yeux étaient à nouveau aussi clairs que la mer en été.
https://www.youtube.com/watch?v=u6T5n8zSbX0Elle se précipita sur son fiancé qui gisait dans une flaque de sang.
- Oh non non non ! Thomas ! Thomas ! Je t'en supplie reste avec moi, je suis tellement désolée…je ne me contrôlais pas, c'était involontaire. J'assistais à cette scène sans pouvoir m'interposer. Je t'aime Thomas, jamais je n'aurais pu te faire ça.
Elle s'agenouilla et serra fort la main de son bien aimé contre son cœur. Elle avait été consciente durant tout ce temps de ce que le cauchemar lui imposait de faire. Elle assistait, sans pouvoir agir, à la réalisation de sa plus grande peur : perdre un être cher. Les ténèbres l'avaient forcé à vivre ce qu'elle craignait le plus au monde.
Ses cheveux longs balayaient le corps de son amant. Il vivait encore, il s'en sortirait surement, la blessure n'était pas mortel. En tout cas c'est ce qu'elle espérait du moins.
- Arrête Marine ! De toutes les manières je vais disparaître, ça ne sert à rien de culpabiliser,
c'est mon destin. Partageons ces derniers moments ensemble. Je veux voir une dernière fois ton si beau visage. Je t'aime même si tu n'es qu'une illusion. Je t'aime comme au premier jour même après avoir affronté ta colère et ta haine. Vivons ces dernières minutes dans la joie.
Marine tremblotait. Elle pleurait. Elle l'aimait tant. Lentement, elle s'approcha de sa bouche et l'embrassa, comme pour lui insuffler la vie. Elle avait surement trop abusé des contes de fées car rien ne se passa. La jeune fille ria de gêne, sa naïveté l'affligeait. Elle réembrassa son amant.
- Comme baiser d'adieux !
Ensuite elle ôta de son poignet un bracelet en or blanc et serti d'une grosse perle rose pâle encadré par deux petites perles bleues.
- Pour te souvenir de notre amour et pour qu'un jour tu me retrouves ! La terre et la mer sont toujours liées.
- Comment sais-tu que je ne suis pas de ce monde ?
- C'est toi-même qui me l'as dit ce matin, je ne t'avais pas cru jusqu'à ce que la tempête se lève sur la ville…
Thomas prit le bijou et répéta en écho ce que venait de dire sa bien aimée : « la terre et la mer sont toujours liées ». Ensuite il la regarda droit dans les yeux, lui saisit la main pour lui donner l'ocarina puis dit :
- Entonne la ballade du Poisson-Rêve. Il est temps que je parte !
La jeune fille obéit sans mot dire, elle porta la flûte à sa bouche et commença à jouer l'air du Poisson-Rêve. Une douce mélodie s'échappa de la flûte dans les écailles de Kyogre. Le corps de Thomas se mit à scintiller. Plus Marine avançait dans la partition, plus le jeune homme commençait à disparaître en un million de particules, semblables à une multitude de petites plumes. De grosses larmes coulaient sur les joues de la jeune fille qui voyait l'homme de sa vie disparaître en fumée…ou en plumes. La lumière devint éclatante et Thomas disparut. La dernière chose qu'il entendit c'était Marine qui hurlait son prénom.
Le jeune homme chutait dans un espace blanc infini. Cela semblait durait des heures jusqu'à ce que d'un coup, dans une lumière aveuglante, apparut des escaliers majestueux qui montaient vers l'infini. Thomas n'avait plus aucune blessure et il pouvait donc entamer l'ascension tranquillement. Plus ils grimpaient, plus l'univers qui l'entouraient se colorait de teintes multicolores, d'étoiles et de lueurs. Lorsqu'il arriva au sommet, sur un palier semblable à un nuage, le jeune homme avait l'impression de se trouver devant un océan infini baigné par l'orangé du couchant. Un hululement le fit sortir de sa contemplation.
- J'étais sûre que tu y arriverais, grâce à toi, Hoenn et Kyogre sont sauvés !
- Viola ! Mais qu'est ce que tu fais ici ? Et où suis-je ? demanda le jeune homme complètement estomaqué.
- Je vais enfin pouvoir regagner l'esprit du Poisson-Rêve, je ne suis qu'un fragment égaré dans les rêves.
Sur ces mots, l'esprit de Kyogre s'agrippa aux serres de son Pokémon qui la hissa vers le firmament. Quelques secondes plus tard, ils avaient disparut. Thomas contempla alors quelques instants l'océan infini lorsqu'un puissant cri brisa le silence. Une masse énorme jaillit des eaux, on aurait dit une énorme baleine bleue. C'était Kyogre.
- JE SUIS LE POISSON-REVE….LONG A ETE MON SOMMEIL…DANS MES REVES, UNE ILE EST APPARUE, PUIS UN PAYS TOUT ENTIER PEUPLES PAR DES GENS, DES POKEMONS ET ENTOURE DANS UN UNIVERS PRATIQUEMENT REEL ! MAIS C'EST DANS LA NATURE DES REVES D'AVOIR UNE FIN, JE VAIS ME REVEILLER ET HOENN DISPARAITRA. SEULS LES SOUVENIRS DE CE MONDE ONIRIQUE SUBSITERONT DANS LE REEL….VIENS THOMAS….REVEILLONS NOUS ! ENSEMBLE ! REPRENONS VIE !
Kyogre disparut sous les eaux juste après avoir dit : « Entonne le chant de l'éveil ». Thomas n'avait aucun n'instrument et ne put que fredonner la ballade du Poisson-Rêve. Au moment même où il commença à chanter les premières notes, un orchestre invisible joua en chœur avec lui. Au même moment, Kyogre montrait par la pensée les images de Hoenn au jeune homme. Celui-ci voyait Atalanopolis, les gens qui étaient heureux, comme si le cauchemar n'avait jamais existé. Tout s'évapora. Ensuite il vite la belle plage où il avait passé tant de tant avec Marine. Tout s'évapora. Victoria et sa fille apparurent ensuite, toute souriante, comme une mère et une fille qui s'aimaient. Elles s'évaporèrent elle aussi. Ensuite, Thomas vit Hoenn qui peu à peu se dématérialisait pour ensuite disparaître comme une bulle balayée par les flots. Le jeune homme avait le cœur qui se serrait. Quitter un beau rêve est une épreuve très difficile. Il laissait derrière lui quelque chose qu'il avait cru vivre pendant cinq années. Sur ses joues dégoulinaient des larmes. Il regrettait déjà Marine.
Après cela, un puissant geyser jaillit de l'océan infini et emporta le jeune homme avec lui vers le haut. La lumière devint blanche, de plus en plus blanche et toute chose disparaissait. Tout ne devint qu'un souvenir dans la blancheur de la lueur. Nul ne savait si c'était la vie ou la mort qui signifiait Eveil. La lumière continua à blanchir, devenant presque aveuglante, effaçant ainsi les moindres détails. Tout tourillonna, un siphon de bulles lumineuses emportant tout dans son passage, les derniers souvenirs de cet Hoenn endormi s'envolèrent dans les flots de la Réalité. Thomas pouvait désormais s'éveiller.