Chapitre 4 : Peines d'amour gagnées
Voltère dormait à poings fermés. Oh, c'était juste la 3eme fois en l'espace de 12 heures qu'il tentait d'avoir un sommeil réparateur. Mais si les évènements de la veille l'avaient totalement épuisé, il restait cependant dans une phase de sommeil léger. Il somnolait, si vous préférez. C'est alors qu'il se sentit tout doucement réveillé. Non pas par un bruit ou une secousse comme la nuit dernière mais plutôt par le contact de quelque chose de froid et d'humide dans le creux de sa main. Ce contact étrange lui fit penser à Dynavolt, lui qui avait toujours l'habitude de se blottir dans le creux de son bras le matin pour le réveiller, puis de lui léchouiller la joue. Voltère sentit ses yeux s'embuer. Comme ce doux souvenir lui semblait triste à présent que son ami était partit !
La sensation humide et froide continuait toujours, et elle se faisait de plus en plus insistante. Alors Voltère décida quand même d'ouvrir les yeux et de se redresser. La lumière du jour l'aveugla pendant un instant et le soldat devina qu'il devait facilement être dans les alentours de midi. Puis les formes s'éclaircirent sous ses yeux endormis et ce qu'il vit fit bondir son cœur de joie. Une petite forme verte se tenait assise devant lui et le regardait avec un air angélique.
- Dynavolt ? osa-t-il murmurer, y croyant à peine.
L'étrange chien électrique lui répondit en aboyant doucement. La joie transperça Voltère de bout en bout et il serra fort son pokémon contre lui :
- Tu es revenu ! Tu n'étais pas mort, et tu es là, devant moi… Je suis tellement heureux de te retrouver ! Mais où étais-tu passé ? Comment as-tu fait pour survivre ?
Evidemment, le soldat n'attendait pas de réponse de la part de son pokémon. Mais il suffit à Dynavolt de faire parcourir une étincelle électrique le long de son pelage pour que son maître le comprenne :
- Oh, je vois. Tes décharges leur ont fait de l'effet on dirait. T'es un sacré débrouillard, toi !
Le pokémon fit le fier avant de se retourner vers l'entrée du garage et de japper doucement. A ce signal, un Magnéti fit timidement son entrée dans le bâtiment, hésitant à voleter près des murs ou au milieu de la pièce. Après passé le premier instant d'effroi, Voltère comprit que ce pokémon n'était pas trafiqué comme le Magnézone qui passait quotidiennement. Celui-ci était un simple Magnéti sauvage. Le jeune homme leva lentement sa main vers le pokémon en lui parlant calmement :
- Eh, tu nous as ramené un ami ? Viens, mon gars. Ne t'inquiète pas, je ne te ferais pas de mal.
Dynavolt grogna de mécontentement. C'était une femelle.
- Ok, ok, sourit Voltère avec amusement. C'est pour ça que tu as mis tant de temps à rentrer, hein ? Tu t'étais fait des copains.
En disant ces mots, le soldat se rappela soudainement des évènements de la veille, de la mort de William et du soit disant abandon de Nirondelle qui avait trouvé mieux ailleurs. Il se sentit triste en pensant à ça et en même temps joyeux que Dynavolt n'ait pas décidé de faire la même chose. Cela le fit se sentir coupable. Voltère secoua la tête pour évacuer toute cette négativité. Après tout, Dynavolt était revenu. C'était la fête !
- Ta copine Magnéti compte rester avec nous, alors ? questionna-t-il.
Le chien électrique sembla approuver. Le soldat, tout heureux, le prit contre lui et son pokémon se laissa faire. Voltère créa même une place pour Magnéti à côté de lui. Et il se rendormi. Il sentit vaguement son pokémon se dégager de lui pour aller jouer avec le Magnéti mais il ne s'en soucia pas, tant la fatigue et le soulagement l'envahissait.
Le soir venu, ce fut Camille qui le réveilla en douceur, souriante et le félicitant d'avoir de nouveau son pokémon à ses côtés. Visiblement, le retour de Dynavolt avait consolé le groupe des derniers évènements et ils étaient plus joyeux. Pour cette nuit, ils décidèrent de se séparer en trois groupes, deux pour l'exploration et un pour la nourriture. Hier, Alice et Camille avaient trouvé une petite grotte qu'elles voulaient retourner voir aujourd'hui. Voltère et Jamel décidèrent donc d'aller explorer ailleurs en équipe tandis qu'Helga s'était proposée pour aller remplir les stocks de baies. Sur-ce, les 5 compagnons se séparèrent dans la bonne humeur.
Pressées de retrouver la magnifique grotte, les deux filles trottèrent rapidement jusqu'au sentier où elles l'avaient aperçue la première fois. L'ouverture était bien cachée par la végétation mais même avec l'obscurité environnante, quelque chose semblait briller à l'intérieur. C'était ce qui les avait attirées jusqu'ici. Avec l'aide précieuse de Galifeu, elles débroussaillèrent le devant de la grotte pour se percer un étroit passage entre la roche et les lierres. Ce fut ce même pokémon qui entra en premier pour s'assurer que tout allait bien, puis ce fut le tour de Camille et celui d'Alice et de son Ténéfix. L'intérieur de la grotte était incroyablement beau, si bien qu'elles laissèrent toutes deux échapper un soupir de bonheur. Des champignons fluorescents poussaient sur les parois de la grotte, éclairant l'endroit d'un halo bleu ciel apaisant. Au plafond, des minuscules gemmes aux couleurs chaudes faisaient contraste avec les champignons et semblaient se moquer de leur lumière grâce à leur brillance.
- C'est tellement beau ! s'enivra Alice. On dirait que nous avons découvert une grotte inexplorée depuis des milliers d'années…
- C'est pourtant impossible, lui fit remarquer Camille qui ne pouvait pourtant pas s'empêcher de s'extasier aussi. Nous sommes sur une reconstitution de Hoenn. Ces cristaux n'auraient pas eu le temps de se former en si peu de temps !
- Attend… Ce ne sont pas des cristaux, regarde !
Alice avait frôlé de sa main ces soi-disant merveilles et ses doigts s'ornaient à présent de la même couleur rouge brillante qu'eux.
- C'est de la mousse, sourit Alice toute excitée. Ou en tout cas, ça en a l'aspect. Et ces paillettes sur ma main… ça pourrait être une sorte de pollen, non ?
- Tu as raison, affirma Camille. Mais cette végétation, elle est nouvelle. Elle n'existe nulle part ailleurs, je me trompe ? Je n'en ai jamais entendu parler avant en tout cas.
Convaincues qu'elles avaient découvert de nouveaux genres de plantes, les deux filles surexcitées s'enfoncèrent plus profondément dans la caverne. Malheureusement, elles tombèrent bien vite sur un cul-de-sac et durent s'arrêter, déçues. Le fond de la grotte n'était pas très grand, d'environ 5 mètres carré et il n'y avait pas autant de jolies plantes qu'à l'entrée. Déçues, Camille et Alice s'assirent alors sur des rochers pour décider de ce qu'elles allaient faire ensuite. Soudain, Alice sembla glisser et tomber de son rocher. Elle se releva avec peine :
- Désolé… je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je me suis tout à coup sentie glisser. C'est bizarre.
- Bizarre, en effet, répéta Camille, pensive. Dis-moi, Alice. Tu ne trouves pas qu'on trouve beaucoup de ces gros rochers, ici ? Trop même.
Elle s'approcha de la rouquine pour lui faire une messe-basse, comme si c'était un secret :
- Et ils sont tous pareils…
- Pareils, reprit Alice en fronçant les sourcils. Comme si une secte les aurait sculptés ?
- Non, répondit Camille de plus en plus inquiète. Pire. Pareils comme les rochers auxquels tes parents te disaient de ne jamais t'approcher de trop près sous peine de les mettre en colère...
Alice comprit et blêmit aussitôt. Elle n'était pas tombée de son rocher par maladresse mais parce que celui-ci avait bougé. Elles étaient piégées au milieu d'un groupe de Gravalanchs. Les deux filles se levèrent lentement de leur siège et reculèrent pour se diriger vers l'entrée. Des yeux apparurent sur chacun des rochers, les épiant avec fureur. Par chance, les pokémons mirent un certain temps avant de se relever mais frustrés d'avoir été déranger dans leur maison, ils roulèrent vers les deux humaines en maugréant.
- Ah, ce que j'aimerais que Voltère soit là pour nous conseiller, pleurnicha Alice en les voyant se rapprocher.
- Nous ne voulions pas vous déranger, nous allions partir, adressa diplomatiquement Camille aux Gravalanchs. Nous sommes désolées, nous ignorions que vous habitiez ici… Franchement, franchement navrées.
Les Gravalanchs semblèrent se calmer en écoutant la jeune fille. Ils se mirent à discuter entre eux. Malheureusement, le Galifeu de Camille était beaucoup moins diplomatique qu'elle. Perdant son sang-froid, il attaqua l'un d'eux avec un Casse-brique qui le fit rouler en arrière. Le reste du groupe, furieux, décida alors de passer à l'attaque.
- Vite, cours Camille ! lui cria Alice alors qu'elle se dirigeait vers la sortie. Il est encore temps de s'enfuir !
L'un des Gravalanchs tenta d'attaquer Alice avec un Boule Roc qui la manqua de peu, son Ténéfix l'ayant dévié avec une attaque Griffe Ombre. L'énorme roc explosa contre la paroi du plafond et tout se mit à trembler. Juste devant Alice, une masse de rochers s'effrondra, bloquant la sortie. Dans son dos, elle entendit le cri de détresse de Camille alors que les parois s'affaissaient aussi de son côté. Son Galifeu tenta de la protéger mais il fut éjecté par la force de l'éboulement. Une seconde. Il y eu un soulèvement de poussière, puis plus rien.
Alice toussa, encore et encore, et lorsqu'elle pu à nouveau voir et respirer, elle aperçu Camille, gémissante et pleurant tout en tentant désespérément d'extirper sa jambe de sous une masse de pierres.
- J'ai mal, se lamenta-t-elle. Ma jambe… je ne la sens plus. Mais ça fait atrocement mal !
- Du calme, Camille, tenta de la rassurer Alice avant de chercher du regard Galifeu. On va te sortir de là.
Malheureusement, Galifeu était affaiblit et inconscient par terre. La rouquine se mordit la lèvre. C'est alors que Ténéfix s'imposa à son esprit. Elle l'interpella vivement :
- Ténéfix ! Écoute-moi bien, c'est très important. Je veux que tu creuses un tunnel sous la roche et que tu ailles chercher des secours. Amène Voltère jusqu'ici, Camille est en danger !
La petite pokémon ténèbres sembla apeurée que tant de responsabilités lui soit accordé mais elle hocha la tête bravement et commença à creuser sous terre. Alice s'assit près de Camille en soufflant, respirant difficilement l'air ambiant. Elle n'osait pas imaginer l'état de son amie. Celle-ci couinait, pleurait et parfois même criait de douleur. Et Alice essayait de la réconforter du mieux qu'elle le pouvait en priant pour que les secours arrivent vite.
A une centaine de mètres de là, Voltère et Jamel continuaient leur découverte de l'ile. Oh, ce n'était pas bien passionnant comme tout ce qu'ils avaient à perte de vue était de la végétation, des pokémons sauvages et encore de la végétation. Ce qui les surprit fut par contre l'arrivée en trombe de Ténéfix. Nul ne sait comment elle les avait trouvés aussi rapidement. L'instinct, sans aucun doute. Le pokémon se mit immédiatement à gesticuler dans tous les sens et à discuter avec Dynavolt, Magnéti et Chuchmur. Les deux hommes s'échangèrent un regard interrogateur. Puis les quatre pokémons firent des gestes dans leur direction en leur demandant de les suivre avant de s'en aller.
- Oh oh, il y a un problème, fit remarquer très pertinemment Jamel.
Ils se lancèrent à la poursuite des pokémons. Ténéfix les conduisit rapidement jusqu'à la grotte bouchée par les rochers et elle tapa frénétiquement dessus en la désignant. Voltère s'approcha alors des pierres, et colla son oreille dessus, le visage sérieux.
- Alice ? s'enquit-il avec calme. Alice, est-ce que tu m'entends ?
- Voltère ! s'exclama la voix bien connue de la rouquine derrière la masse de cailloux. Quel soulagement. Je t'en prie, aide-nous, on a un problème !
- J'ai pu le constater, fit remarquer le soldat avec ironie. Camille est avec toi ? Est-ce qu'elle va bien ? Pourquoi son Galifeu ne vous a-t-il pas aidé à sortir ?
- Il était inconscient, répondit Alice. Et Camille a la jambe coincé sous des rochers. Elle souffre, Voltère, aide-la !
- Je ne pourrais pas tant que je serais à l'extérieur, lui rappela-t-il.
Un silence.
- Est-ce que Galifeu est toujours inconscient ? reprit-il.
- Euh… Non, répondit la voix hésitante d'Alice. Il a reprit connaissance il y a peu.
- Alors qu'attends-tu ? Demande-lui de nous ouvrir la voie !
Il y eu un moment de silence, puis des grands coups dans l'éboulement. Voltère et les autres s'écartèrent précipitamment juste avant que le Galifeu ne détruise le mur de roche avec un Pied Sauté bien placé. Rapidement, Voltère s'introduisit dans la grotte. Alice toussait mais elle allait bien. Cela le soulagea. Camille, par contre, avait moins bonne mine. Il vint à ses côtés pour examiner la situation.
- Tout va bien ? demanda le soldat par habitude.
- Ça pourrait aller mieux, lui sourit faiblement Camille. Mais je savais que tu viendrais, Voltère…
- Ta jambe n'a pas l'air totalement écrasée, c'est le principal. Mais je doute qu'utiliser Galifeu pour tout détruire soit une bonne idée. Il te blesserait plus qu'autre chose.
- D'autant plus qu'il y a des Gravalanchs derrière, assura Alice.
- Ah bon ! En plus ! Fantastique. Bon, Ténéfix, tu va ronger petit à petit les rochers qui retiennent la jambe de Camille prisonnière. Ecoute bien Chuchmur car il te guidera. Il s'y connait bien en caverne et saura repérer les endroits où la pierre ne s'écroulera pas si elle manque. Une fois cela fait, Jamel et moi l'extirperont. D'accord ?
Les pokémons donnèrent leur accord et commencèrent leur boulot. Pendant ce temps, Camille, toute tremblante et grimaçante, leva la tête vers Voltère et lui prit un poignet.
- Oh, Voltère. Tu es mon docteur. Mon très cher docteur. Et moi je suis en plein délire. C'est fou, non ? Rassure-moi. Dis-moi que tout va bien se passer, je t'en prie…
Soudain, Ténéfix s'arrêta de creuser sous l'ordre de Chuchmur. Voltère comprit vite le problème : il n'y avait pas moyen d'aller plus loin sans risquer un nouvel éboulement sur Camille. Il grimaça :
- Je suis désolé. Tiens toi prête, on va te sortir d'ici. Oh, ça va piquer un peu, c'est vrai…. Non, à vrai dire, tu vas hurler de douleur. Encore désolé. Jamel ! 3, 2, 1, allons-y !
Ils tirèrent. Camille hurla à s'en percer les poumons, puis la douleur fut trop forte et elle s'évanouit. Mais c'était une belle victoire car son pied était dégagé. Voltère la regarda tristement :
- Galifeu, porte-la doucement dans tes bras. Nous allons la ramener au hangar.
Une fois là-bas, ils la déposèrent sur un lit de sacs. Elle était encore inconsciente lorsque Helga arriva à son tour au hangar. L'équipe lui expliqua ce qu'elle avait manqué et elle blêmit si fort que Jamel eu peur un instant qu'elle ne s'évanouisse. Finalement, la dame finit par marmonner :
- Je connaitrais bien un remède qui lui permettrait de moins sentir la douleur et d'empêcher la plaie de s'infecter. Attendez-moi, je vais chercher les plantes dont j'ai besoin !
Elle partit tout aussi vite qu'elle était venue et la vitesse de sa course restait impressionnante malgré son âge avancé. Alice et Jamel s'échangèrent un regard angoissé. Une demi-heure plus tard, Camille reprit vaguement conscience. Voltère lui prit la main :
- Du calme, petite princesse, lui susurra-t-il en souriant pour la rassurer. Tu es en sécurité ici et nous allons soigner ta jambe.
- Voltère… articula-t-elle difficilement. Je…
A cet instant, un cri affolé leur parvint de l'extérieur. C'était Helga qui revenait, toute haletante :
- J'ai trouvé quelque chose, s'exclama-t-elle, affolée comme une puce.
- Parfait, répondit Voltère en se levant. Vite, soignez-la, s'il vous plait.
- Non, enfin je veux dire si, mais j'ai trouvé autre chose, haleta la vieille dame. Si vous vous dirigez vers la montagne, au pied du volcan se trouve une entrée secrète. J'y ai vu un homme y entrer un code. Je me suis cachée lorsque je l'ai aperçu, mais j'ai tout vu. Les chiffres étaient « 710126 » ! Cet endroit est sans doute la clé de toutes les réponses à nos questions.
- En effet, nous devons absolument y aller, affirma Voltère, pensif. Si vous trouvons des gens, nous aurons peut-être un moyen de faire hospitaliser la jambe de Camille. C'est décidé, nous devons y aller maintenant !
- Moi, je reste, l'informa Helga. Je suis trop vieille pour ce genre d'aventures et je tiens à rester auprès de Camille pour m'occuper d'elle.
Voltère le lui accorda avec reconnaissance. Quant à Jamel et Alice, ils se proposèrent pour venir avec lui. Au moment de partir, cependant, une dernière et toute petite voix les supplia de faire demi-tour. C'était Camille :
- Prenez Galifeu avant de partir, souffla-t-elle. Il est puissant et il vous sera utile si jamais vous vous faites attaquer. Je vous en prie, ne vous faites pas attaquer…
Les membres de l'escouade vinrent tour à tour la rassurer, émus par son inquiétude. Puis ils prirent finalement la route en direction du volcan, avec comme seule arme leur courage et leur détermination à connaitre la vérité.
Que trouveront-ils là-bas ? Seul l'avenir le leur dira.