Chapitre 1 : La nouvelle Terre
Ah ! Les seuls habitants humains de l'Absolument Nneoh !
Il est difficile d'expliquer leur arrivée dans le monde où se déroulera toute l'intrigue de l'histoire. Et pourtant, il serait stupide de la passer car elle constitue un point clef de leur destin. Comment, seulement, des personnes peuvent-elles vivre leur vie tout à fait normalement un instant, puis se retrouver téléportés dans un endroit inconnu la seconde suivante ? Impossible, me diriez-vous. C'est pourtant ce qui leur arriva. Comme sorti d'un grand flash d'appareil photo, tout le petit monde se retrouva projeté l'un de l'autre avec une force telle qu'ils tombèrent à la renverse, comme s'ils avaient été violemment poussés du haut d'une table. La chute fut rude. Certains avaient atterri sur le dos et peinaient à reprendre leur souffle. Un autre avait sa main plaquée contre son nez et jurait au ciel sa douleur immense tandis que sa voisine se relevait péniblement en époussetant ses coudes et ses genoux écorchés.
Le premier instant de surprise passé, tous se regardèrent avec effroi, comme un seul homme. La peur se lisait sur leur visage, mais aussi la méfiance. Ils étaient six au total, trois hommes et trois femmes, d'âge totalement différent et, à première vue, personne ne se connaissait. L'un des protagonistes allait prendre la parole lorsqu'un cri survint tout près de lui, le faisant sursauter :
- Ah, Ténéfix ! Quelle joie, tu n'as rien !
La fille qui s'était écriée, une jolie rousse bouclée, serrait contre elle son pokémon avec amour. Aussitôt, tous les autres se rappelèrent leur propre compagnon et, dans un émoi général, ils commencèrent à les chercher du regard et à les appeler. Heureusement, aucune des créatures ne manquait à l'appel. Dans le méli-mélo des voix et des cris, un jeune garçon en tenue militaire posa une main affectueuse sur son Dynavolt avant de suivre son regard et de le plonger dans l'étendue du paysage devant lui.
« Waouuuh !, s'écria-t-il, le souffle coupé. Eh, les gars... Où est-ce qu'on est ? »
La question pouvait se poser, en effet, et les autres ne savaient que répondre en découvrant eux aussi l'endroit où ils avaient atterri. Ils étaient dans une plaine, entourés d'arbres touffus et sauvages, et rien d'autre n'était à leur disposition mis à part un hangar vide et une table au milieu de tout. La civilisation leur sembla tout à coup si lointaine qu'une des filles du groupe émit un couinement anxieux. Ils entourèrent la table et regardèrent alors ce qu'il y avait dessus. Une dame, la plus âgée, prit la parole pour tous :
« Cela ressemble à une reconstitution miniature de la région de Hoenn... Vous ne trouvez pas ? Et là, vous voyez, au centre, le point rouge ? « Vous êtes ici »... Nous serions alors à Lavanville ? »
Elle regarda autour d'elle mais rien à faire, le paysage restait toujours aussi sauvage. La fille au Ténéfix lui répondit alors :
« C'est impossible ! Je vis à Lavanville, et je reconnais ce paysage. Au Nord, c'est là-bas que devrait se situer le centre pokémon, normalement. Tout à côté du grand arbre !
- Le centre ville serait donc cette grande plaine où nous nous trouvons, intervint le garçon habillé en militaire. Il n'y a plus de ville... Waouh ! C'est incroyable et tellement excitant !
- Tu trouve ça excitant ? l'interrompit un blond à la stature colossale. Espèce d'inconscient ! Nous n'avons aucune idée du pourquoi nous sommes ici, et il fait nuit ! Le soleil se lève à peine... »
A ces mots, un jeune garçon freluquet pâli et murmura :
« Quelle heure est-il, au juste ?
- Pourquoi, tu vas rater ton train ? » cracha le colosse.
La dame âgée vérifia sa montre, ainsi que la fille au Ténéfix qui tapa plusieurs fois sur le cadran en fronçant les sourcils.
« Ma montre s'est déréglée, conclut-elle finalement. Elle indique 3h, ce qui est impossible vu l'aurore naissante. Elle a dû s'arrêter de fonctionner lorsque j'ai été enlevée. Attendez, je vais la régler sur 6h. »
Tous les regards se tournèrent vers elle.
« Tu... Tu as été enlevée ? », la questionna-t-on.
L'intéressée rougit soudainement et tenta de bégayer quelque chose mais elle fut interrompue par un Magnézone qui approchait. Le groupe eu un mouvement de recul effrayé en le voyant. En effet, tout son corps était trafiqué et il semblait surchargé d'électricité.
« Vous. Ne. Devez. Pas. Rester. Dans. La. Zone., ordonna-t-il avec une voix robotisée.
- Attendez... Quoi ?
- Les. Visiteurs. Doivent. Retourner. Dans. La. Zone. Autorisée. ... Rentrez. Dans. Le. Hangar. ! 10, 9, 8, 7, ... »
Au compte à rebours, ce fut la panique. Tout le monde se précipita vers le hangar en prenant soin d'emporter avec eux leurs pokémons. Soudain, au dernier moment, la rousse laissa tomber son sac sur le sol. Aussitôt, elle se retourna pour aller le récupérer mais les bras solides du colosse la retinrent. Tout juste, car le Magnézone avait terminé son décompte.
« 0. E.X.T.E.R.M.I.N.E.R. ! »
Ce disant, la créature envoya un fin rayon-laser qui désintégra proprement le sac rouge de la jeune fille et tout le contenu qui allait avec. Semblant satisfait, le pokémon s'en alla comme il était venu.
Dans le hangar, le petit monde restait silencieux, choqué de ce qu'il venait de voir. La roussette se dégagea doucement des bras du colosse qui n'avait pas remarqué qu'il la tenait encore et elle lui sourit fébrilement :
« Merci... Tu viens de me sauver la vie... »
Sa seule réponse fut un regard vague et lointain adressé à l'emplacement de ce qui auparavant avait été le sac. Derrière eux, le garçon militaire jura doucement avant de s'assoir sur le sol en position fœtus et d'enfoncer sa tête dans ses jambes. Les minutes passèrent lentement, chacun vaquant à diverses occupations. Le colosse faisait des tours dans le hangar, son Chuchmur inquiet sur les talons. A côté, la rouquine rassurait son Ténéfix et lui parlait doucement. La dame la plus âgée avait sortit un bloc-notes et écrivait pensivement, le dos contre le mur. Quant au freluquet, il n'en menait pas large. Recroquevillé dans un coin de la pièce, il serrait son Nirondelle dans les bras comme s'il s'agissait d'un doudou. La dernière, une fille brune et rondelette qui n'avait pas encore parlé jusque là s'avança alors au milieu du hangar et prit la parole :
« Alors nous sommes prisonniers de ce hangar, c'est bien ça ? »
Certains posèrent leur regard sur elle, mais personne ne répondit. Elle soupira.
« Bon... Puisque nous ne savons pas pour combien de temps nous allons rester ici, il va falloir s'organiser et apprendre à vivre ensemble, non ? »
Un doigt se leva parmi la foule. Celui du militaire. Il regardait la brunette avec l'innocence d'un enfant.
« Ou... Oui ? hésita-t-elle.
- Pas question que je me tape la vaisselle, alors, madame » répondit-il avec sérieux.
Ceci eu pour effet de la faire pouffer et de détendre l'atmosphère générale. Elle invita le groupe à former un cercle convivial pour commencer les présentations de chacun afin de mieux se connaitre. Elle commença :
« Bon... Salut, je me nomme Camille...
- Bonjouuur Camille ! plaisanta le militaire.
- Tais-toi ! le gronda Camille avec amusement. Attend ton tour ! Donc... Je m'appelle Camille, j'ai 22 ans, et voici Galifeu, mon compagnon de toujours. Notre but en tant que pokémon et dresseur est de s'entrainer pour parvenir à défier les meilleurs ! C'est pour ça que j'étudie beaucoup la stratégie pokémon. A toi ! »
Elle désigna du doigt son voisin, le freluquet avec son Nirondelle. Il fit une moue gênée mais ouvrit tout de même la bouche :
« Je m'appelle William, j'ai 18 ans et voici Nirondelle. Hm... Je ne sais pas quoi dire de plus.
- Tu es riche, non ? l'interpella le colosse en observant ses vêtements.
- Hm... Oui, je ne suis pas pauvre, c'est vrai, rougit William en regardant ailleurs.
- Pfff, saleté de riche ! pouffa son bourreau avant de se présenter à son tour. Moi c'est Jamel. Mon âge ne vous intéresse pas et je ne sais même pas pourquoi on se présente. On est plus à l'école. A côté, c'est Chuchmur, mon pokémon. Il pleure souvent, mais ne vous inquiétez pas. Moi, tout ce qui m'intéresse, c'est de savoir ce qu'avait voulu dire la demoiselle lorsqu'elle a prétendu avoir été enlevée... »
Les regards se tournèrent vers la rouquine et son Ténéfix. Celle-ci baissa les yeux en rougissant et bégaya :
« Je... Je suis désolée, je ne sais pas ce qu'il m'a prit de dire ça... En fait, je n'en ai aucune idée. Mais mes derniers souvenirs remontent à ma visite au marché de Lavanville. Puis c'est le trou noir. C'est pour ça que j'en avais déduis avoir été enlevée. Il est vrai que j'ai été un peu rapide sur les conclusions, je vous demande pardon...
- Ne t'inquiète pas, lui sourit Camille, moi non plus je ne me souviens pas de ce qu'il s'est passé. Au contraire, ta théorie est plutôt bonne ! »
Les autres acquiescèrent. Eux non plus n'avaient aucun souvenir des derniers évènements de leur vie. Revigorée, la rouquine se reprit :
« Merci ! Mon nom est Alice, au fait. Et voici Ténéfix. Elle est très peureuse alors je tente de l'ouvrir au monde extérieur. J'aimerais devenir éleveuse plus tard. »
Vint le tour de la dame âgée qui leur sourit avant de se présenter :
« Je m'appelle Helga et les pokémons qui m'accompagnent sont Abra et Tengalice. Je suis assistante de laboratoire et, tout comme vous, je n'ai aucune idée de ce qui a pu nous amener à nous rencontrer ici. »
Tous la saluèrent car après tout, c'était un peu leur doyenne. Puis enfin ne restait plus qu'un seul et dernier compagnon, le militaire, qui regardait tout le monde d'un air faussement malheureux.
« Vous avez sauté mon tour au moment de présenter Alice, couina-t-il au point de faire rire tout le monde.
- T'es un numéro, toi ! s'amusa Jamel en lui donnant une claque sur l'épaule. Ou alors t'es une sacrée tapette. Allez, présente-toi si tu y tiens tant !
- D'accord, commença l'intéressé avec un regard malicieux. Mon p'tit nom à moi, c'est Voltère. Et voici mon compagnon, Dynavolt. J'adore les pokémons électrifiant et je veux élever toute une équipe comme lui ! Vous avez dû remarquer mon style de vêtement aussi, non ? Lors de mon enlèvement –théorie d'Alice- j'effectuais un entrainement militaire. Voilà, comme ça vous savez tout. Sinon, une petite remarque à propos de mes cheveux... Ils ne sont pas blancs ! Ils sont juste extrêmement blonds clairs. Oh, et une autre et dernière remarque... J'ai faim. Quelqu'un aurait-il quelque chose pour moi ? »
Les membres se regardèrent avec surprise et certains fouillèrent dans leur sac. Jamel secoua négativement la tête avec déception.
« Non... Je n'ai rien à manger. Et d'ailleurs, mes pokéballs ont été volées, si jamais ça vous intéresse. Je doute que l'on soit en mesure d'attraper des pokémons tant que l'on sera ici.
- Alors la première chose à faire serait d'organiser un moyen de se sustenter, intervint Camille. Peu importe qui nous a amené ici, il ne va sûrement pas nous laisser mourir de faim. Dès que l'on aura accès à l'extérieur, il faudra se mettre en quête de nourriture.
- Et en quête de la vérité, aussi ! s'exclama Voltère. On ne va pas rester ici toute notre vie, n'est ce pas ?
- Non, en effet, sourit Camille. On doit s'arranger pour former une équipe de chasseurs et une équipe d'éclaireurs. Alors qui est partant pour de la chasse ? »
Deux bras se levèrent, ceux de Voltère et de Jamel. Alice, Helga et Camille étaient plutôt exploration, et William ne savait pas où se mettre. A mesure que la journée avançait, le groupe se détendait petit à petit et apprenait à mieux se connaitre. Le reste de leur journée se résuma à quelques jeux, des discussions et une tentative pour dormir mais personne n'y parvint vraiment, l'excitation et l'angoisse prenant facilement le dessus sur le sommeil. Au crépuscule, enfin, un Magnézone revint pour leur annoncer que la zone était de nouveau ouverte. Le groupe avait le champ libre jusqu'à l'aube.
La montre d'Alice affichait 6h du soir.