Galaad le Balafré de Kajiaôtori

- Aller, encore un petit effort…

C'était une drôle de scène qui se déroulait ce soir là sur le pas de la porte d'une maison de Lavandia. Un jeune homme, assez frêle et svelte, la tête camouflée par la large capuche de son sweat bleu marine, était accroupi devant la serrure. Un Scorplane voletait à ses côtés, regardant avec curiosité ce qu'il était en train de faire.

- Satané ressort ! jura-t-il entre ses dents. Il va bien finir par céder un jour ou l'autre…

L'homme reposa une tige en métal tordue sur le sol et en sorti une autre de sa poche. Il l'inséra dans le trou de la serrure et la fit bouger lentement. Il en introduisit une autre, qu'il fit délicatement tourner entre ses doigts. Ses sens étaient en alerte, prêts à détecter le moindre bruit. Il jetait des petits regards furtifs autour de lui, tout en continuant de manipuler ses tiges de fer. Son Scorplane le regardait faire en virevoltant près de ses épaules, mais il perdit l'équilibre et heurta son bras.

- Shaad ! siffla son maître entre ses dents. Mais qu'est ce que tu fous ?! Tu vas tout faire foirer ! Va plutôt vérifier si personne ne se pointe dans la rue !

Shaad fit la moue, et s'éloigna un peu de son maître pour épier les environs. Il tourna la tête de droite à gauche : personne. Il lâcha un soupir et regarda à nouveau vers son dresseur. Soudain, un léger déclic se fit entendre dans le silence épais de la nuit. Un sourire se dessina sur le visage du jeune homme. Il retira ses tiges de métal de la serrure et appuya doucement sur la poignée. La porte de la maison s'ouvrit sans le moindre effort. L'homme ricana et se releva, dévoilant en partie son visage au clair de Lune. Étrangement, il semblait n'avoir que 15 ou 16 ans. Des cheveux bruns retombaient en mèches folles sur son visage, abîmé sur la moitié gauche par une tache brune des plus immondes, qui partait de son cou et remontait jusqu'à son oeil, fermé. Son autre oeil exprimait une excitation grandissante, presque puérile, et la couleur orange de son iris brillait dans l'obscurité. Il se retourna vers son Pokémon Scorpivol et lui fit signe de se rapprocher. Le dresseur rangea son attirail et pénétra sans bruit dans la demeure vide, suivi de près par Shaad. Une fois entré, il alluma un petite lampe de poche et détailla l'espace autour de lui. L'entrée de la maison était assez spacieuse et plutôt bien décorée.

- Eh bien, mon cher Shaad… J'crois que cette fois on est tombés sur le gros lot ! fit-il en souriant.

***

Quelques heures plus tard, une silhouette sauta gracieusement depuis la fenêtre de la maison. Elle atterrit sur le sol sans faire de bruit.

- C'est bon Shaad, ramène toi !

Le Scorplane sortit lui aussi de la fenêtre en transportant un baluchon et plana doucement vers son maître. Il se posa à ses pieds puis lui tendit son butin avec un sourire malicieux. Le jeune homme ouvrit le tissu et rangea dans ses poches l'intégralité de son contenu avant de le jeter négligemment au sol. Puis il tourna les talons et se mit à marcher d'un pas tranquille dans la rue.

- Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai la dalle moi… Espérons qu'il y ait encore un bar d'ouvert.

Sur ces mots, il se dirigea vers le centre ville. Ce dernier était assez vide en cette soirée automnale, mais ça n'avait pas l'air de déranger l'adolescent, qui marchait nonchalamment dans les rues. Au bout de quelques minutes, il poussa la porte d'une brasserie, toujours encapuchonné, d'où s'échappait des éclats de voix amusés et de la lumière vive. Il alla s'asseoir à une table non loin du bar, Shaad à ses côtés. Le patron en personne s'approcha de lui pour prendre commande.

- Apportez moi une assiette bien garnie et une bière fraîche. commanda le jeune homme d'une voix ferme.

Le patron posa sur sa table l'une des bouteilles qu'il avait sur son plateau, la décapsula d'une main et la servit dans un verre, puis il s'éloigna en assurant que sa commande arriverai aussi tôt que possible. Le brun attrapa le pichet et but avidement plusieurs gorgées avant de le reposer en soupirant d'aise. Il regarda un peu autour de lui pour voir où il était : c'était un bar tout à fait convenable, sauf qu'à cette heure tardive, il était rempli de personnes peu fréquentables. Soit, il en faisait partie aussi de toute manière. L'ambiance était au beau fixe, tout le monde chantait et braillait joyeusement. L'adolescent fut tiré de sa contemplation par une secousse de la table, en effet le patron venait de poser une assiette pleine devant lui. Elle était composée d'un bon morceau de viande rouge, d'une salade et de frites dorées. Le Scorplane eut les yeux qui brillèrent face à cet étalage de nourriture. Son maître sourit en voyant la réaction du Pokémon Scorpicroc et lui mis de côté un bout de sa viande, que Shaad s'empressa d'engloutir. Son dresseur saisit ses couverts et commença à manger, proprement mais avidement. Il dévora la pièce de viande avant de s'attaquer à la salade. Soudainement, quelqu'un prit place sur la chaise vide à côté de lui.

- Eh bien, tu avais faim on dirait…
- La vie n'est pas facile tous les jours pour les gens comme moi, tu es bien placé pour le savoir Anton… répondit-il sans lever les yeux vers son interlocuteur.

Le dénommé Anton éclata de rire. Il portait un chapeau de feutre marron et de larges lunettes. Il portait la moustache ainsi qu'un grand imper assorti au chapeau. Il saisit notre protagoniste par les épaules et l'invita à trinquer.

- Allez, tu vas pas me faire croire que toi, t'as des problèmes pour avoir de l'argent ? tonitrua l'homme en faisant tinter sa bouteille sur le pichet désormais à moitié vide. Hein, Galaad de la lignée Ardente ?
- M'appelle pas comme ça ! répliqua avec force l'intéressé.

Gale avait saisi son couteau et l'avait planté dans la table, attirant quelque peu les regards des autres personnes dans le bar vers eux. Le brun attendit que leur attention soit à nouveau portée sur autre chose pour reprendre :

- Mon paternel est sans doute à ma recherche… Si tu pouvais éviter de gueuler mon nom sur tous les toits ça m'arrangerait…
- Désolé… fit-il d'un air faussement amusé. Comment dois-je t'appeler alors ?
- Gale tout court. Ça suffira.

Sur ces mots, il retira la pointe de son couteau du bois de la table et recommença à manger sans plus de cérémonie.

- Gale… D'après ce que tu m'as dit, j'en déduit que t'as eu une rentrée d'argent précédemment non ?
- Bien vu Lulu… ironisa le jeune homme. Mais faut avouer que ceux à qui j'ai rendu une petite visite étaient bien fortunés.
- Je vois, je vois… fit l'homme à lunettes. T'as pas oublié… Notre petite affaire hein ?

L'homme à la cicatrice releva la tête. Il soutint le regard d'Anton puis avala une gorgée de bière comme si de rien était. Il reposa lentement son verre puis ouvrit à nouveau la bouche :

- Oui.
- Bien… répondit l'autre en souriant. Et quand penses-tu pouvoir t'en occuper…?
- C'est déjà fait.

Anton manqua de tomber de sa chaise. Il scruta celui qui était devant lui avec des yeux ronds.

- Tu… Tu rigoles là ?
- Pourquoi, j'en ai l'air ?
- N-Non mais…

Galaad soupira et mis une main dans sa poche. Il la ressorti quelques instants plus tard et déposa sur la table un drôle de tissu noir abîmé.

- Tiens, c'est bien ça que tu me demandais de récupérer non ?
- Un Tissu Fauche ! s'écria presque Anton en le voyant. Mais… T'es allé le chercher quand ?!
- Tout à l'heure. répondit calmement le jeune voleur.

L'adulte resta abasourdi face à cet objet passablement rare. Il le saisit délicatement et l'inspecta sous toute les coutures, comme pour vérifier la marchandise.

- J'vois pas ce que les gens peuvent trouver à un vieux bout de tissu… grommella Gale en le voyant faire.
- Mon p'tit, t'as encore beaucoup à apprendre… murmura Anton, émerveillé.

« Comme la valeur de ce "vieux bout de tissu" par exemple… »

L'homme rangea précipitamment le Tissu Fauche dans la doublure de son imperméable. Pendant ce temps, Galaad avait fini de manger, il jouait distraitement avec Shaad. Anton le laissa faire sans bruit, puis ramena ses coudes sur la table.

- J'suppose que tu ne veux pas attendre ta rémunération…
- La question ne se pose même pas. répliqua le jeune homme sans même lui jeter un regard. D'ailleurs, j'aimerais bien aller me coucher, si tu vois ce que j'veux dire….

Le plus âgé des deux soupira et porta la main à l'intérieur de son manteau. Il en sorti une liasse de billets de Pokédollars et les tendis à Gale.

- Tiens, 5000 en liquide, comme convenu.

Son interlocuteur les saisit et les compta pour les vérifier. Visiblement satisfait, il se leva et déposa un billet sur la table. Anton le suivit et le raccompagna jusqu'à l'entrée du bar. Les deux hommes se serrèrent la main, puis le plus grand posa une main amicale sur l'épaule de Galaad.

- J'pourrais refaire appel à toi dans le futur ?
- M'ouais. répondit l'adolescent en haussant les épaules. Ça dépend combien tu paies.
- Toujours bien.
- Alors on verra.

Sur ces mots, le jeune homme partit en le saluant de la main. L'autre le regarda s'éloigner puis re rentra dans la brasserie. Il se rassit à la table qu'il avait momentanément quitté, et soudain, éclata d'un rire tonitruant.

- Haha ! Voilà pourquoi j'aime les p'tits nouveaux. Ils sont toujours bourrés de talents, mais qu'est ce qu'ils sont naïfs ! 5000 Pokédollars pour un Tissu Fauche ! Rien qu'en le revaendant au premier con venu, il en aurait tiré un meilleur prix… Et en plus il veut remettre ça. Ah mon p'tit Gale, je t'adore. Je vais pas te lâcher de sitôt !

Anton commanda à nouveau une bière et la but d'un seul trait. Il reposa la bouteille sur la table, toujours hilare.

- Allez les gars ! Patron, je paye une tournée !

Tout le bar acclama l'homme à lunettes pour sa gratitude. Une multitude de bières furent servies, la fête battait son plein. Puis, lorsque l'employeur de Gale sentit qu'il devait arrêter de boire, il se rendis en titubant au bar. Mais au moment de payer ses consommations…

- Bon, mon p'tit gars, on m'la fait pas à moi….
- Mais je vous le jure ! s'écria Anton, terrifié face au barman.

Il fouilla et refouilla dans son imper, mais pas de trace de son porte feuille. Pourtant, il l'avait tout à l'heure, vu qu'il a payé… Galaad.

- Oh le salopard… marmonna l'homme entre ces dents.

Il sorti le Tissu Fauche afin de s'assurer qu'il était bien là. Apparemment, Gale n'avait pas jugé utile de le lui piquer aussi. Rouge de colère et de honte, Anton le remit à sa place. Mais le barman ne l'entendait pas de cette oreille.

- Crois pas que tu vas t'en tirer comme ça…

***

Plus loin, dans les rues de Lavandia, un adolescent avec un sweat bleu riait assez fort, suivi de près par son Scorplane.

- Qu'est ce que j'aurais pas donné pour voir sa tête quand il aura compris ! s'exclama-t-il tout haut. Faut voir à pas me prendre pour un jambon…

Shaad riait d'aussi bon coeur que son maître. Entre ses pinces, il tenait un portefeuille de cuir noir assez épais. Gale le lui reprit, le vida puis l'envoya valser dans les ténèbres.

- J'pensais pas me faire autant en une nuit… Mais au moins on sera tranquilles un bon bout de temps !

***

Le soleil était déjà levé depuis un moment sur la ville de Voltère. Galaad était allongé sur la plage à l'est de la ville et il dormait. Le vent balayait ses cheveux qu'il portait mi-longs et illuminait son visage encore jeune. Mais ce cadre paisible fut troublé par l'arrivée inopinée d'un homme.

- GALAAD !!!

L'interpellé ouvrit un oeil, réveillé par le cri. Il se frotta les yeux et s'étira tranquillement, nullement effrayé par le ton autoritaire qu'avait prit le nouvel arrivant, et tourna la tête vers ce dernier.

- Ah Anton, c'est toi… commença-t-il d'une voix endormie. Il le détailla plus longuement et repris : Que me vaut ta présence ici, surtout en cette tenue débraillée ? Tu as rencontré des problèmes ?

En effet, Anton ne ressemblait à rien de l'homme qu'il avait croisé hier soir. Il n'avait plus de chapeau, un oeil au beurre noir ainsi qu'un hématome grandissant sur la joue gauche. Et son imper était déchiré de partout. Cependant la phrase de Gale semblait plus l'énerver qu'autre chose :

- Des problèmes ?! Tu te fous de ma gueule ?! C'est TOI mon problème ! C'est à cause de toi que je me retrouve dans cet état !

Le jeune voleur ria doucement et se leva.

- A cause de moi ? Excuse-moi, je ne comprends pas très bien… Quand je suis sorti du bar hier, tu avais l'air parfaitement en forme. Et corrige-moi si je me trompe, mais on ne s'est pas revus depuis…
- Cesse de faire le p'tit malin avec moi !! Je sais très bien que c'est toi qui m'a volé mon portefeuille hier ! Je me suis retrouvé pris dans une bataille de bar avec le patron par ta faute ! Tu vas le payer mon p'tit gars, tu peux pas imaginer…
- Ah ? fit simplement Galaad en guise de réponse. Et tu vas me faire quoi ?
- J'vais te foutre les flics au cul pour ton vol d'hier soir ! Et j'ferais en sorte qu'ils te lâchent pas ! J'irais te voir pourrir en prison, tu verras ce qu'il en coûte de…
- Est-ce que tu as au moins une preuve ? le coupa l'adolescent d'une voix grave.

L'adulte ne répondit pas immédiatement, surpris par l'attitude de son interlocuteur.

- Je me porterais comme témoin oculaire, et je te…
- Ça marchera pas. répliqua Gale avec un petit sourire en coin. Je pense qu'un certain nombre de personnes du bar témoigneront que tu n'étais pas sur les lieux lors du cambriolage.

Anton resta bouche bée devant cette rapidité de raisonnement. L'adolescent en profita pour enchaîner :

- La seule preuve que tu as, elle est dans ta poche. Rien ne prouve que j'ai été mandaté par toi pour récupérer le Tissu Fauche.
- Sauf que tu n'as pas volé que ça ! Aha ! La voilà ma preuve ! Si je te ramène tout de suite au bureau de police, ils trouveront forcément quelque chose sur toi, tu n'as sans doute pas eu le temps de le refourguer à quelqu'un…
- Ils ne trouveront rien. assura le jeune voleur sans se démonter. J'ai pris que du liquide en plus de ton tissu pourri. Aucune preuve, je te dis…

Face à cette vérité providentielle, l'homme entra dans une colère noire. Il ne se laisserait pas faire, non, il ne se laisserait pas faire ! Anton lança une Pokéball en l'air.

- Je te ferais parler sous la torture ! Tu auras tellement mal que tu me supplieras d'arrêter ! Rhinoféros, à toi !

Un puissant Pokémon Roche fit son apparition sur la plage déserte et poussa un hurlement rauque qui fit trembler les arbres aux alentours. Galaad leva un sourcil face à ce Pokémon. Il n'avait pas prévu ça.

- Bon, tant pis, puisque tu sembles vouloir avoir recours à la force… soupira-t-il d'un air désolé.
- Tu t'en tireras pas comme ça ! Rhinoféros, occupe-toi de lui !

Le Pokémon Perceur gratta le sol avec sa patte et fonça sur le jeune homme. Ce dernier sembla nullement impressioné. Il fit un drôle de geste de la main.

- Queen, Abri. murmura-t-il presque à lui même.

Soudainement, l'eau de la rivière jusque là paisible et sans une ride se mit à s'agiter. Les vaguelettes qui en déformaient la surface prirent d'un coup une ampleur plus colossale, allant jusqu'à plusieurs mètres de hauteur. Une lame de fond plus grande que les autres se dirigea vers la plage à une vitesse fulgurante, pile en direction de Gale et d'Anton. Elle s'interposa entre le Pokémon Roche et l'adolescent et inonda le champs de bataille. Lorsque la visibilité revint à peu près, Anton remarqua que son Pokémon avait été stoppé dans son élan. En effet, une superbe Milobellus lui faisait face, entourée d'un voile protecteur translucide. Le Rinoféros essaya tout de même de passer en force, mais il ne faisait pas le poids et se retrouva projeté quelques mètres en arrière. L'adolescent n'avait pas bougé, il était toujours debout, stoïque.

- T'en as mis du temps à arriver. Je croyais pourtant t'avoir appris qu'au moindre ordre émis par ma bouche, tu dois rappliquer en quatrième vitesse.

En guise de réponse, la Milobellus gonfla la joue et détourna la tête, apparemment vexée.

- Putain Queen… Tu fais déjà la gueule ?

Elle ne bougea pas d'un pouce, l'air boudeuse. Sauf qu'Anton, lui, ne perdait pas son temps. Il ordonna à son Pokémon de porter une seconde attaque, aussi celui-ci se remit à charger.

- T'es censée te battre là, t'es au courant ?! s'énerva son dresseur face à sa non réaction.

Le Pokémon adverse se rapprochait dangereusement, mais elle ne bronchait pas d'un poil. Gale lui parlait avec une voix qui trahissait un manque d'assurance :

- Queen… Arrête ça tout de suite…

Toujours face à la non réaction de la part de sa Pokémon Eau, le jeune homme commençait à paniquer. Mais au moment où le Rhinoféros allait frapper, elle se retourna vers lui et lui cracha un jet d'eau bouillante au visage. Le Pokémon Perceur, une nouvelle fois coupé dans sa course, s'écrasa sur le sol en hurlant de douleur.

- Putain Queen ! s'écria d'un coup Galaad, visiblement en colère. Tu pouvais pas faire ça tout de suite au lieu de me faire flipper pour rien ?!

Il fit de nouveau face à un mur en guise de réponse. Il souria nerveusement et serra le poing pour tenter de rester calme.

- C'que tu peux être bornée et têtue parfois… Aïe !

Vexée par les propos de son maître, Queen venait de lui frapper la tête. Leur petite dispute continua un peu, ce pendant quoi le Rhinoféros en profita pour se relever. Il titubait légèrement, mais disposait d'encore assez de force pour attaquer de front une troisième fois. Il n'attendit pas que son dresseur lui en donne l'ordre et prit l'initative d'attaquer seul. Il chargea une troisième fois et sa corne sur son nez s'agrandit considérablement. Il approchait vite, trop vite, le Milobellus n'aurait pas le temps de répliquer… Sauf que si. Queen l'ayant entendu arriver, elle eut le temps de se retourner une nouvelle fois et répliqua cette fois par un puissant Laser Glace. Le rayon de gel toucha le Pokémon Sol à la tête, qui se retrouva totalement congelé. Juste après cette dernière attaque, Gale sortit une HyperBall de sa poche et rappela Queen dans son habitacle. Puis il regarda son adversaire avec un regard grave.

- T'as perdu. J'te dois plus rien. Rentre chez toi, revends ton bout de tissu misérable. T'auras aucun mal à te trouver un autre pigeon. Mais ne cherche plus jamais à prendre contact avec moi. Tu ne mérites pas mes services.

Sur ces paroles, Galaad remonta sa capuche sur sa tête et doubla l'adulte, encore stupéfait autant par sa défaite que par les dernières paroles prononcées par le l'adolescent.

***

Les mains dans les poches de son sweat, Gale marchait vers Lavandia, avec la volonté de trouver un autre employeur, plus fiable. Il grogna en repensant à la manière dont Anton avait tenté de le rouler, et la manière encore plus enfantine avec laquelle il l'avait dépouillé et humilié. Il n'avait eu que ce qu'il méritait.

- Hé m'sieur !

Le jeune homme ne semblait pas avoir entendu la petite voix qui l'avait interpellé à l'instant, aussi s'éleva-t-elle de nouveau :

- Hé m'sieur ! Oui, toi avec la capuche !

Se sentant visé, le jeune voleur se retourna, pour faire face à un jeune enfant aux yeux noirs et aux belles boucles blondes, habillé des vêtements assez beaux.

- J'ai vu votre combat contre l'homme en manteau déchiré. T'es super fort m'sieur !
- Merci p'tit. commença Galaad sans trop savoir où se mettre. Rentre chez toi, tu m'as l'air bien jeune, tes parents vont s'inquiéter.
- Oh y'a pas de problème m'sieur, mes parents sont pas très loin, j'dois juste pas bouger d'ici. C'est quoi votre nom ?
- Gale. répondit-il sans trop réfléchir.
- Il est joli ton nom m'sieur.
- Ta maman ne t'a pas appris à ne pas parler aux inconnus ?
- Non. Mais tu devrais v'nir chez moi.
- En quel honneur ?! répliqua l'adolescent en équarquillant les yeux, supris.
- Pour m'apprendre le combat Pokémon pardi ! s'exclama l'enfant en tappant des mains, un sourire illuminant son visage.
- Hors de question. répondit Gale en tournant les talons.

Mais le petit garçon ne l'entendait pas de cette oreille. Aussi, il se mit à courir pour rattraper le jeune voleur, et tira sur sa manche pour attirer son attention.

- Mais aller quoi !
- J'ai dit non. Maintenant, arrête de m'embêter, veux-tu.
- Mais ma maman et mon papa, ils pourront vous donner plein de sous ! Aller quoi !

La dernière phrase attira l'attention du jeune homme. Des parents fortunés ? Voilà qui était plus intéressant… Il fallait exploiter cette ressource et questionner le gamin. Il s'accroupit prêt de l'enfant, retira sa capuche et le regarda dans les yeux.

- Wow, ta marque elle fait peur.
- Elle te fais peur p'tit ?
- Non.
- Tant mieux. C'est quoi ton prénom ?
- Jimmy.
- Tes parents sont gentils avec toi Jimmy ?
- Oh oui ! s'écria le bambin. Ils me payent tous les jouets que je veux ! Et j'ai plein de Pokémon ! Mais à la maison, on a que des pingouins… termina-t-il avec une mine déçue.
- Je vois… Ça te dirais d'en voir d'autres ?
- Oh oui ! répéta l'enfant les yeux pétillants.
- Bon… fit Gale avec un sourire qui ne présageait rien de bon. Va chercher ton papa et ta maman, et dit leur que je veux bien t'apprendre le combat Pokémon.
- C'est vrai ?!
- Oui. Allez, va les chercher.

Il ne se fit pas prier et partit sur le champs. Il revint quelques instants plus tard, accompagné d'un homme et d'une femme, tous deux aussi richement habillé que lui, en robe de mousseline et costume trois pièces. La femme avait des cheveux bleus glaces et des yeux bleus nuits, l'homme ressemblait trait pour trait à son fils, avec les mêmes boucles blondes et les mêmes yeux noirs. L'adolescent remarqua qu'ils étaient tous les trois habillés dans les mêmes coloris, noir, bleu et or. La mère s'approcha de lui et se présenta :

- Bonjour, je suis Élizabeth Volare, et voici mon mari Octave.

Volare ? Il avait bien entendu ?! Sur le moment, il eu énormément de mal à retenir l'indéfectible sourire qui allait se dessiner sur ses lèvres. Il ne pouvait pas mieux tomber…