When you believe - Mariah Carey et Whitney HoustonUne ombre longiligne recouvrit toute la salle tandis qu'une vague plus puissante que les autres déferlaient sur eux. Cassy retint sa respiration avant d'être propulsée vers l'arrière. Elle voulut rattraper la main de Léa, qui chancela au bord d'une crevasse, mais n'y parvint pas. Une étrange créature, toutefois, l'aida à rétablir son équilibre avant qu'elle ne bascule dans les entrailles de la terre.
Petit, doté d'un corps ailé blanc aux nuances vertes et le visage pareil à un bulbe de fleur, il adressa un sourire à l'adolescente devenue livide. Elle resta bouche bée en le voyant. La meneuse de la Confrérie, elle, étendue sur le sol à cause du ressac, contemplait la silhouette au-dessus de leur tête.
Une sorte d'immense serpent couleur émeraude et capable de voler se mouver dans les airs. Plusieurs personnes semblaient assisses sur son encolure, et Arceus leva vers eux un regard apparemment anxieux.
- Dis à tes alliés d'arrêter cette attaque immédiatement.
Ce timbre féminin se fit clairement entendre, malgré le bruit des attaques environnantes. L'Alpha retrouva un semblant de calme apparent lorsqu'une femme sauta du reptile pour atterrir sur le sol, bien qu'il se situe une dizaine de mètres en contrebas.
Ton père a toujours pensé que tu ne me causerais jamais le moindre problème... jusqu'à aujourd'hui.- Mon père avait tort sur beaucoup de choses, et toi aussi, répliqua Athéna en avançant dans sa direction, prête à le braver.
Cassy sauta sur ses pieds, imitée par l'ensemble de la Confrérie qui ne comprenait vraisemblablement rien à la scène. Les humains légendaires ne paraissaient pas plus saisir ce qui se passait.
Comment oses-tu te comporter de la sorte ? Je t'ai élevé comme ma propre fille, j'ai fais de toi une déesse parmi les déesses. Est-ce ainsi que tu me remercies, à présent ? Tu te joins à ces... traîtres.- Tu as toujours été bon envers moi, Arceus, mais je crois que cette volonté de destruction qui t'anime envers Lilith t'a fait perdre la raison. Mon père m'a enfermée dans une cellule par ta faute, lui qui ne m'a jamais fait le moindre mal.
Tu représentais une menace.- Je t'ai simplement exposé la vérité. Si tu m'avais écoutée, rien de ce qui vient de se produire n'aurait eu lieu.
Le Créateur grogna, menaçant, mais Athéna ne recula pas pour autant. Léa, toujours escortée du petit pokémon qui venait de lui sauver la vie, se positionna à hauteur de Cassy. Elle-même était totalement hagarde, bien que l'intervention de la déesse n'aurait pas dû la surprendre tant que cela.
- Célébi, déclara-t-elle simplement en désignant son sauveur. Et lui, là-bas, c'est Rayquaza. Leurs humains, Janus et Horus, se trouvent sur son dos.
La dresseuse ne témoigna qu'un vague intérêt à ses paroles, plus préoccupée par la discussion que la fille de Zeus entretenait avec l'Alpha. Leur sort dépendait après tout de cela.
- N'y a-t-il pas eu assez de morts, Arceus ? Tu viens de perdre Zeus, ton plus fidèle ami. Eve, Njörd, Circé, Artémis... Combien devront encore périr avant que ne cesse ce conflit ? Cela dure depuis mille ans !
Simplement elle. Je veux qu'elle paye.Son intonation mentale devint plus sifflante lorsqu'il désigna Lilith d'un mouvement de la tête. Celle-ci, à demi effondrée sur la queue de Giratina à cause de la fatigue, trouva tout de même la force de lui lancer un regard assassin.
- Elle a déjà payé. Tu l'as déchue, tu lui as pris tout ce qu'elle possédait. Que te faut-il de plus ?
Sa vie.
- Quelle vie ? Tu l'as transformée en enfer. Toutes nos vies sont devenues un enfer depuis que tu ne jures que par la vengeance. Je t'en prie, Arceus, il n'est pas trop tard. Tu peux encore redevenir celui que tu étais au commencement.
Non, je ne peux pas. J'ai laissé une seconde chance au monde, et le monde l'a gâché.- Tu te trompes. Je connais toute la vérité, à présent, et je suis en mesure de te la révéler. Elle...
Silence !La queue du Créateur se recouvrit d'une protection métallique pour frapper Athéna. Si cette dernière fut assez rapide pour ne pas être assommée sur le coup, cela ne manqua pas de la déstabiliser. Aussitôt, Cassy se précipita sans hésiter à ses côtés afin de l'aider à se relever.
- Tout va bien ?
- Non... Non, rien ne va. Arceus ! Arrête, maintenant, ne m'obli...
L'intéressé ne lui laissa pas l'occasion d'achever sa phrase. Une Lame de Roc jaillit du sol pour heurter la déesse de plein fouet. Elle eut juste le temps de pousser la dresseuse vers l'arrière pour qu'elle ne soit pas blessée également.
Les roches lacérèrent son tailleur en maints endroits et entaillèrent sa peau. Des plaies profondes ne tardèrent pas à strier ses bras, teintant le chemisier blanc qu'elle portait par-dessous sa veste élégante d'une couleur écarlate.
- Tant pis, tu ne me laisses pas le choix. Je ne voulais pas en arriver là, mais je vais devoir m'y résoudre. C'est moi qui vais te combattre.
- Quoi ? s'écria Cassy, interloquée, tandis que deux hommes arrivaient à leur hauteur.
Le premier avait le teint cuivré et des cheveux aussi noirs que ses yeux, plutôt longs pour un individu de sexe masculin car ils tombaient sur ses épaules robustes. Il portait une toge blanche qui contrastait avec le hâle de son épiderme et une coiffe semblable à celle d'Osiris, quoique plus alambiquée. Une cape complétait sa tenue, qu'il tenait par-dessus son bras. Des sandalettes laissaient voir ses pieds fins.
Le second, en revanche, était plus effrayant, sans doute à cause du fait qu'il s'agissait d'un siamois. Deux visages composaient sa tête : l'un paraissait âgé d'une soixantaine d'années, barbu et flétri, alors que celui qui l'avoisinait avait tout d'un beau jeune homme d'à peine vingt ans. Le seul point commun qu'ils possédaient était un oeil bleu électrique, sublime à contempler. Quant au corps de cet être si particulier, il avait la maigreur d'un grand-père mais le maintien d'un adolescent.
- Pars avec tes amis, maintenant, ordonna Athéna.
- Pour vous laisser toute seule face à lui ?
- Je ne suis pas seule. Janus, Horus, occupez-vous de lui !
- Il n'est pas question que je vous abandonne. Vous venez de me sauver la vie.
- Tu avais raison, la dernière fois que nous nous sommes parlés. C'est noble de vouloir éviter un conflit, mais parfois la situation est telle d'une guerre est inéluctable. Et puis, tu dois partir. Némésis te l'a fait comprendre : je suis ta bonne étoile. Je veille sur toi, alors je me dois de te garder en vie.
- Pourquoi ? s'étonna la jeune femme.
- Je t'expliquerai tout cela plus tard. Partez ! Dis à Prométhée et à Crios que nous nous en sortirons. Ils doivent vous conduire en lieu sûr, tes amis et toi.
- Et Lilith ?
- Qu'elle s'en aille aussi, elle et ses alliés. Ils ne peuvent plus rien pour le moment.
Cassy semblait hésiter à partir, cependant la déesse lui lança un regard insistant. Elle donna alors l'ordre à tous ses confrères de se replier, tandis qu'elle-même demeurait immobile.
- Pars, je te dis. Tu es déjà passé suffisamment près de perdre ton bébé, aujourd'hui.
La dresseuse ne put s'empêcher d'entrouvrir les lèvres de stupeur, mais elle finit par s'exécuter. Elle rejoignit son groupe, au sein duquel se tenait les humains légendaires. Inari tenait Lilith par un bras et les membres de la Confrérie se réconfortaient entre eux en attendant les ordres.
- Il faut battre en retraite.
- Pas question, coupa la démone. J'ignore ce qui se passe, mais...
- Il n'y a pas de mais. Je suis désolée, toutefois vous ne me laissez pas le choix. Vous n'êtes que le glyphe spectre alors que moi, je suis le dragon. Vous me devez allégeance, et si je dis que nous partons, nous partons.
Elle se tourna ensuite vers Prométhée et Crios pour leur transmettre les instructions d'Athéna. Ils parurent un peu sceptiques à l'idée de la laisser combattre Arceus, néanmoins ils ne cherchèrent pas à discuter.
Une partie d'entre eux montèrent sur Ho-Oh, les autres sur Giratina. Quelques membres de la Confrérie prirent place sur les oiseaux de Marion tandis que la meneuse, elle, sollicitait à nouveau son Dracolosse afin de la porter.
Le légendaire arc-en-ciel fut le premier à transcender le ciel, le Maître des dimensions dans son sillage. Lilith n'avait pas eu l'intention de capituler, cependant Satan, après un échange de regards silencieux avec Darkrai, s'était vu contraint de l'attraper par le bras pour la contraindre de force à quitter les lieux.
Les autres pokémon venaient ensuite, si bien qu'ils étaient les seuls à ne pas avoir pris d'altitude lorsqu'une vague submergea la grotte pour de bon. L'eau les heurta de plein fouet. Cassy ne vit pas exactement ce qui se passait : elle ne le comprit qu'une fois éjectée de son dragon, alors qu'elle atterrissait dans la mer.
Le choc la sonna. Elle était encore consciente, mais son cerveau s'embrumait à cause du contrecoup. Elle bascula à la renverse pour traverser la surface agitée de l'étendue saline. Elle avait entendu les autres crier, il lui avait semblé voir les autres sombrer, eux aussi, mais elle n'était sûre de rien.
Elle voulut nager, néanmoins ses membres ne répondaient pas à la volonté de son esprit. Elle se sentait faible, cotonneuse, et ne parvenait pas à esquisser le moindre mouvement. Cela lui rappelait le jour de sa rencontre avec Zeus et Poséïdon. Kyogre l'avait remontée à l'air libre juste avant qu'elle ne se noie, car ils avaient besoin d'elle vivante afin de lui soutirer des informations. Désormais, il la laisserait périr.
En même temps, elle était peut-être mieux sous l'eau, où tout semblait calme et paisible, au contraire de la surface sur laquelle elle voyait s'abattre des éclairs par dizaine. L'oeuvre d'Arceus, sans doute, ou d'Electhor. Athéna n'avait pas pensé à ses chiens de garde lorsqu'elle leur avait suggéré de partir.
Cassy ferma les yeux. Finalement, ce n'était pas si désagréable de mourir. L'eau la berçait tendrement, comme sa mère lorsqu'elle était enfant. Cela lui paraissait tellement lointain, à présent, alors que quelques années à peine s'étaient écoulées depuis la mort de ses parents. Elle avait pourtant l'impression qu'il s'agissait d'une vie antérieure à celle qui était sur le point de s'achever.
Un chant mélodieux arriva jusqu'à elle, porté par l'onde sous-marine. Il était magnifique. Un Requiem ? C'aurait été la musique adéquate puisque sa dernière heure approchait. Pourtant, elle ne trouvait pas cet air aussi triste que la musique chantée par Altaria lorsqu'elle lui enseignait cette attaque.
Une forme blanche se découpa devant elle. Kyogre ? Non, Kyogre était bleu. Elle ne parvenait plus à réfléchir au fur et à mesure que l'eau s'engouffrait dans ses poumons. En dépit de cela, elle se sentait bien, étonnamment sereine, alors qu'elle était sur le point de mourir.