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La Ballade du Poisson-Rêve de PeterCynthia



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» Auteur : PeterCynthia - Voir le profil
» Créé le 11/11/2014 à 21:54
» Dernière mise à jour le 11/11/2014 à 21:54

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05: Dernière danse
Le soir commençait peu à peu à teindre le ciel de son long manteau sombre. Le ferry du Mont Mémoria venait de franchir la grotte et entrait dans l'enceinte d'Atalanopolis. Thomas était resté sur le pont durant tout le trajet, assis seul sur un banc, immobile. Il n'avait pas esquissé un seul mouvement en arrivant dans la cité. Il était refermé sur lui-même et avait le cœur lourd. Mangriff lui manquait tellement. Il devait à tout prix penser à autre chose. Il avait l'orbe bleu, il allait enfin pouvoir réveiller le Poisson-Rêve. C'était sa seule chance de revenir de là où il venait et de sauver tous ceux qui peuplaient le sommeil de Kyogre. Il avait déjà beaucoup sacrifié pour cette cause et il allait devoir continuer. Pendant tout le trajet du retour, il n'avait pas arrêté de scruter l'horizon et la montagne du souvenir où attendrait son bien-aimé Pokémon pour l'éternité, séparé de lui à jamais car après que le jeune homme aurait accomplit sa mission, le Pokémon rejoindra son monde sans aucun souvenir de son dresseur. C'était ainsi, il l'avait pratiquement enterré et en plus de cela, la mémoire de leur amitié ne subsistera pas. Peu à peu le Mont Mémoria s'était éloigné, d'abord colline puis rocher et enfin simple point noir au milieu des flots.

Thomas se détourna de la mer pour regarder le port. Il distinguait la silhouette de Viola, ses nombreux bijoux scintillaient sous la lumière déclinante du soleil. Elle portait un long châle bordeaux qui frémissait au vent. Elle était surement là pour lui. Le bateau accosta et le jeune homme débarqua sur les quais.

- Alors ? Comment ça s'est passé ? demanda la bibliothécaire de sa voix grave.

Le naufragé ne répondit pas. Il passa sa main dans ses cheveux comme pour essayer de se mettre à l'aise mais il n'ouvrit pas la bouche.

- Fais comme tu veux ! En revanche j'ai du nouveau sur ta situation…et c'est assez compliqué à expliquer. Allons-nous assoir sur ce banc.

- Que ce passe-t-il ? demanda Thomas.

- Je sais pourquoi tu es ici ! Lorsque tu as coulé au fond de l'océan l'orbe bleu t'a protégé et t'a évité de nombreuses souffrances en amenant ton esprit ici et attendre ton sort.

- Pardon, je ne comprends pas très bien, lâcha le naufragé un peu irrité par toutes ces énigmes.

- Tu es dans le coma depuis plusieurs mois. Tu te trouves à l'hôpital de Rivamar dans la réalité. Enfin ton corps. Tu ne comprends pas ?

- Non !

- C'est pourtant clair…ton esprit est dans ce rêve qui lui sert de refuge, ce monde où nous sommes est un passage intermédiaire entre deux mondes, celui-ci des vivants et…au-delà.

- C'est impossible ! Ne sois pas idiote ! Cette idée de rêve est déjà complètement absurde, n'en rajoute pas !

- Ne t'énerve pas, je comprends que ce soit dur à comprendre mais c'est la vérité. Tu t'es noyé, emporté par ton navire qui sombrait sauf que l'orbe t'a sauvé la vie, je ne sais pas très bien comment ton corps a atterri à Rivamar mais ton esprit à été aspiré par l'orbe pour deux raisons : la première c'est te sauver la vie, l'autre…c'est de sauver la vie de son maître Kyogre.
Thomas s'apprêtait à critiquer cette théorie fumeuse, à traiter Viola de vieilles chouettes décaties qui avaient abusé des herbes à thé mais la bibliothécaire ne lui donna pas l'occasion.

- Kyogre, tout comme Groudon, est plongé dans un profond sommeil tant que personne ne l'invoque. Sauf que comme tout être, il rêve et certains rêves peuvent devenir cauchemar. Les ténèbres qui l'attaquent peuvent alors le détruire et le posséder, il deviendrait alors un être provenant du fond des âges, un être manipulé par les instincts primaires de survie. Kyogre se déchainerait donc, aveugler par la colère. Il faut donc empêcher le cauchemar en le réveillant… sauf qu'il faut détruire l'entité démoniaque qui l'attaque, c'est pour ça qu'il a besoin d'un être du monde réel qui puisse à la fois le réveiller et le sauver de l'intérieur pour chasser le cauchemar à jamais. C'est là que tu es intervenu. Ton esprit se détachait de ton corps qui sombrait peu à peu, l'orbe t'a choisi pour sauver ta vie. Tu es coincé entre deux mondes sauf que nul ne sait si tu retourneras dans ton corps après le réveil de Kyogre. En ce moment même les médecins s'occupent de toi, cela fait trois mois. Trois mois dans le monde des vivants pour cinq ans dans celui-ci. Le temps n'a pas la même emprise.

- Comment peux-tu savoir ça ? Qui es tu à la fin ? Je suis donc entre la vie et la mort c'est ça ? Et tous ces gens, Marine, Victoria, etc, le sont eux aussi ?

- Je n'ai pas le droit de répondre à tes questions mais sache qu'il n'y a que toi qui soit réel, les autres proviennent de l'imagination et des souvenirs du Poisson-Rêve. Je dois te laisser…pars rejoindre ta fiancée, la fête t'attend. Tu ne pourras entamer le rituel de l'éveil que quand je te préviendrais.

Viola disparut comme par enchantement, elle s'était littéralement évaporée. Thomas ne s'en préoccupa pas. Il était en colère contre Viola qui ne lui avait rien dit durant tout ce temps et qui, il en était quasi sur, gardait encore des secrets. Il n'avait jamais eu vraiment peur de la mort mais là, il en était si proche qu'il commençait à sentir son baiser froid qui lui glaçait le sang. Il s'était déjà préparé à cette possibilité depuis longtemps et l'idée de ne pas être aspiré dans le néant s'il échouait mais plutôt de mourir le rassurait un peu plus. Toute cette histoire lui donnait mal à la tête. Une part de lui refusait d'y croire et il n'avait aucune envie de passer des heures à réfléchir sur sa mort, il y avait une fête ce soir pour la veille du mariage, il désirait seulement profiter de ses derniers instants avec la femme de sa vie, avec celle qui rendait sa vie pleine et joyeuse et qui soignait sa tristesse, bref, avec Marine.

*

Les heures s'écoulèrent dans un tourbillon de danses, de musiques, de lumières, d'étreintes et d'excitation. Victoria regardait tous ces jeunes qui faisaient la fête sur la terrasse de son restaurant qui surplombait la mer. Elle avait rit toute la soirée – peut être un peu à cause des cocktails ravageurs de son futur gendre – mais elle avait été heureuse à ce moment là. Maintenant plus du tout. La musique battait son plein, elle avait dansé avec tous les amis de sa fille et avec ses propres amis dans le village mais Thomas lui avait dit quelque chose qui l'avait complètement bouleversée. Il avait été absent toute la journée – ce qui avait d'ailleurs mis la mère de la mariée hors d'elle – et il était venu s'excuser bizarrement en disant qu'il souhaitait annuler le mariage. En soit Victoria était plutôt contente de cette décision car elle avait trouvé cette union trop hâtive et complètement irréfléchie. Elle savait que Thomas aimait follement Marine et que c'était réciproque mais elle voulait le mieux pour son enfant et ce n'est pas un pauvre garçon de bar au passé et à la fidélité douteuse qui allait rendre heureuse sa petite fille heureuse. Cependant, ce qui l'avait bouleversée c'est que son futur gendre avait ensuite dit qu'il devait quitter l'île, que quelque chose de grave se préparait et que la mort le suivait. Victoria avait d'abord pensé qu'il avait trop bu, ce qui était tout à fait possible vu la quantité de verres qu'il avait pris, elle s'était d'ailleurs moquée de lui et l'avait ensuite engueulé en lui disant qu'il devrait avoir honte d'être ivre la veille de son mariage, d'avoir déserté la maison durant la majeure partie de la journée et qu'il était un peu lâche de tout plaquer à ce moment. Elle voulait le faire réfléchir un peu sauf que Thomas prit un air grave, presque affligé, comme si Victoria l'avait profondément blessé, et s'en alla sans rien dire. C'était vraiment étrange.

Mais ce qui avait encore plus inquiété la mère de Marine c'était que Viola, la bibliothécaire de la ville, était venue la voir pour lui dire que Thomas allait mal et que quelque chose de grave se tramait. A partir de ce moment, Victoria n'avait pas quitté Marine et son fiancé des yeux, ils dansaient au centre de la terrasse, tous les regards étaient braqués sur eux, et essayait de comprendre ce qui se passait. Elle était adossé à un arbre, auquel étaient accrochés de nombreuses lanternes, et n'avaient pas bougé depuis sa rapide entrevue avec Viola.

La musique devint plus forte et le moment que la mère de Marine attendait tant arriva. Sa fille repoussa violemment son fiancé alors que celui-ci tentait de l'embrasser et s'enfuit sur la plage. C'était le moment où jamais pour comprendre ce qui se passait. Victoria suivit sa fille sur la grève.

- Ma chérie, qu'est ce qui se passe ?

- Maman…c'est pas le moment là, bougonna Marine.

- J'ai vu que tu t'ais disputé avec Thomas, dis moi ce qui ne va pas, expliqua Victoria en voulant serrer sa fille dans ses bras.

La fiancée de Thomas repoussa sa mère et lui tourna le dos.

- Ce qu'il y a..C'est qu'il veut annuler le mariage et que apparemment tu lui as dis qu'il pouvait, répondit-elle sèchement.

- Chérie, je….

- Non…laisse-moi, je suis suffisamment grande pour gérer ça, vas-t-en, j'ai pas envie de te parler.

Victoria ne dit rien et partit profondément blessée. Elle croisa bien évidemment Thomas sur la route, celui-ci cherchait Marine.

- Victoria, qu'est ce que vous avez ?

- J'ESSAIE DE REPARER TES CONNEREIS !

- Pardon, mais je…

- Et d'ailleurs t'étais où aujourd'hui ? J'avais besoin de votre aide, c'était le deal ! En fait je veux même pas connaître ton excuse, maintenant va consoler Marine et fous-moi là paix.

Victoria continua à avancer, beaucoup plus calme. Elle avait un peu défoulé ses nerfs et était apaisée. Elle devant cependant ce détendre un peu et alla danser avec ses amies. Elle était un fatiguée mais cela lui permettrait de penser à autre chose. La mère de Marine se dirigea directement vers le bar pour boire un verre de rhum-jus de baie Oran et Tronci puis rejoignit ses amies à une table pour discuter et ensuite aller danser, ce n'est pas parce qu'elle avaient environ cinquante ans qu'elles ne pouvaient pas un peu profiter de la soirée. Au bout d'un quart d'heure Marine et Thomas réapparurent. Tout le monde les acclama. A ce moment là, Victoria se sentit un peu faible mais elle resta tout de même toute souriante et toute gaie. Une des témoins de Marine monta sur la scène et prit le micro :

-Thomas, Marine, nous avons un petit cadeau pour vous ! Profitez de ces derniers instants de vie de jeune fille et de garçon car demain vous franchissez le point de non-retour, vous allez passer de l'autre côté de la barrière. VOUS DEVENEZ DES ADULTES !!

A ce moment tout le monde se mit en cercle autour du couple et la fille au micro débuta une chorégraphie que tout le monde reprit en harmonie. Tous se mirent à danser autour du couple qui s'embrassait passionnément. Même Victoria y participait. Tout le monde tournait autour d'eux, exécutant les mêmes mouvements et faisant comme plusieurs cercles. La musique battait son plein, tout le monde criait et souriait tout en dansant et en fêtant le couple. Les mains se frappaient en chœur suivit des pieds qui frappaient le sol. Le flash mob avait entrainé les amis de Thomas et Marine.

Victoria suivait la chorégraphie tout en continuant à observer sa fille et son fiancée pour voir si tout était arrangé. Elle l'espérait au fond d'elle-même mais souhaitait que le mariage n'ait tout de même pas lieu. Ils devaient mieux réfléchir à leur décision. Marine, dans les bras de celui qu'elle avait toujours aimé, rayonnait. Elle était heureuse et avait complètement oublié cette stupide idée d'annuler le mariage. Ils s'aimaient trop, cela ne pouvait pas s'arrêter comme ça, il fallait que ça continue.
Thomas, étreignant celle qu'il aimait et lui faisant de nombreux baiser, était grisé par cet amour, par cette fille, par ce mariage qui s'annonçait et le bonheur qu'il pourrait vivre. Il savait cependant que tout était éphémère et que dès demain tout lui serait retiré. Il voulait profiter jusqu'au dernier instant de cet amour qui l'empêchait d'avoir peur de son futur incertain. Il cherchait cependant un moyen pour dire à sa fiancée que le charme allait bientôt être rompu et que leur histoire allait se finir. Il n'en avait hélas pas le courage. Il entraînait Marine dans une danse, une danse qu'il savait être la dernière. Il fallait qu'elle soit la plus belle pour qu'il la garde ancrée dans sa mémoire.

Ces trois personnages étaient emportés dans leurs illusions. Grisés par la soirée ils pensaient chacun que tout allait bien se terminer. Focalisés sur leurs idées du lendemain, ils ne soupçonnaient même pas ce qui ce tramait, pas même Thomas qui allait être dépassé par tout ce qui allait lui arriver.

Victoria avait la tête qui tournait. L'alcool, tous ces gens qui dansaient et tournaient autour d'elle et qui l'oppressait, l'épuisement du aux préparatifs de la cérémonie et les nombreux conflits qu'elle avait eu avec sa fille lui faisait perdre le contrôle. Elle perdait le contrôle de sa famille, de sa fille, de ce mariage et surtout de son corps. Le tourbillon des gens qui dansaient la mettait mal à l'aise, les bruits de la cadence l'agressaient, les chants, les cris, les lumières, la musique, tout semblait l'attaquer. Elle tourna de l'œil brutalement et s'effondra sur le sol, ses jambes ne répondaient plus. Tout le monde se stoppa. Elle n'entendit plus que les gens qui hurlaient : « Victoria !! » ou « Maman ! » ou encore « Madame ! Réveillez-vous ! Appelez l'infirmière Joëlle ! » Ensuite tout devint flou puis noir.

*
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il faisait encore nuit. Elle était dans son lit et Viola était à son chevet.

- Tu vas mieux ? demanda la bibliothécaire avec un sourire de tendresse.

- Oui…qu'est ce qui m'est arrivé ? interrogea Victoria d'une voix faible.

- Tu as fait un malaise tout à l'heure, rien de bien méchant ne t'inquiète pas ! Il faut juste que tu te reposes.

- C'est vrai que j'étais un peu à bout, cette histoire de mariage m'épuise…

Viola alla vers un petit guéridon près de la fenêtre de la chambre et rapporta à la malade une tasse de thé vert fumant. Une délicieuse odeur de miel associée à une odeur amère d'herbes médicinales s'en dégageait.

- Bois ça, ça te fera du bien…qu'est ce que tu disais avant ?

- Oh rien…Je disais simplement que cette histoire de mariage m'avait beaucoup…occupée la tête depuis quelques temps, murmura la convalescente un peu ailleurs.

- Comment ça ? Tu peux tout me dire tu sais !

- Tu vas trouver ça ridicule mais ça me fait peur. J'ai peur de perdre Marine pour toujours. Tu sais, je l'ai élevé seule durant toute ma vie, elle a été le centre me vie durant toutes ces années, expliqua-t-elle en souriant. Je la vois encore assise au pied de mon lit en train de me réciter ses poésies. Hier encore c'était un bébé qui hurlait toujours mon nom…aujourd'hui…Aujourd'hui elle se marie et elle ne prête presque plus aucune intention à mon égard, soupira-t-elle. Souvent je souhaitais figer certains instants, arrêter le temps pour en profiter. Ca passe tellement vite.

Victoria avait les yeux humides. Sa fille était tout ce qu'elle avait, c'était le centre de sa vie et la voir partir était une grande souffrance pour elle mais il était impératif de couper le cordon. Elle le savait. Et plus tôt cela se faisait, mieux les relations avec sa fille se porterait.

- Mais qu'est ce qui te tracasse dans ce mariage ?

- C'est Thomas. Je le connais comme si c'était mon fils et je sais parfaitement qu'il a trompé
Marine pendant de nombreuses années. Je sais qu'ils s'adorent mais ce n'est pas suffisant pour bâtir un foyer. Regard où j'en suis. Depuis son enfance ma fille me demande où est son papa et je n'ai jamais su comment lui mentir. Thomas me l'a dit lui-même qu'il voulait annuler le mariage…

- Mais connais-tu les vraies raisons qui le pousse à stopper cette union ? demanda Viola sur un ton mystérieux.

- Non…enfin je pense que c'est parce qu'il doute ou quelque chose comme ça.

Viola inspira un bon gout et révéla tout ce qu'elle savait sur Thomas, sur ce monde et sur le Poisson-Rêve. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Elle n'a pas le droit de le dire pour l'instant. Mais le plus étonnant dans tout ça c'est que Victoria n'était pas du tout surprise.