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Le Sauveur du Millénaire de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 05/11/2014 à 09:37
» Dernière mise à jour le 17/09/2018 à 22:45

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Médiéval   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Chapitre 13 : Règne de folie
La situation dans laquelle je vis aujourd'hui est bien pire que celle de l'époque, où j'ai joué mon rôle de Sauveur du Millénaire. Si elle résulte de mes actes d'il y a six cent ans, je le demande à Arceus le grand : qu'ai-je donc sauvé au juste ? À quoi ai-je servi ?



*****




Leaf s'apprêtait à tirer sa révérence de son rôle d'espionne. Tout d'abord parce que faute de pouvoir communiquer avec son père, espionner Castel ne servait plus à rien, et surtout parce que le peu de bon sens qui régnait encore dans les armées de Cinhol venait de s'évaporer depuis que le roi avait pris Fubrica. Castel était en train de monter un projet dément de jeux d'arènes dans lequel le peuple conquit de Bakan devra se battre contre des Pokemon devant tout un public, et ce jusqu'à la mort. C'était pour cela qu'il obligeait tous les dresseurs à se déclarer et à remettre leurs Pokemon. Peut-être avait-il prévu d'obliger les Pokemon d'affronter leurs propres dresseurs. Il était assez sadique pour ça. Et personne parmi ses conseillers ne semblaient s'en émouvoir plus que ça. Même des gens que Leaf avait connu et en qui elle avait confiance, comme Isgon et Astarias, n'avaient rien tenté pour raisonner Castel. Non pas que ça aurait changé quelque chose, de toute façon...

Mais les Jeux du Courage, comme Castel les avait nommés, n'étaient pas le seul signe de sa folie croissante. Il prenait un malin plaisir à exécuter lui-même les quelques opposants à son régime de terreur qui osaient s'exprimer, les faisant rôtir sur place avec Hafodes. Si Nirina, lors de son règne, avait été une fan de la guillotine et des piquets avec des têtes, Castel avait une préférence particulière pour les bûchers. Il en brûlait plusieurs par jours dans toute la ville, et Fubrica commençait à sentir une odeur de viande cuite particulièrement nauséabonde.

La vie au palais ministériel n'était pas mieux. Le roi était sujet à des sautes d'humeur inquiétantes. Il pouvait aller très bien, et d'un coup se mettre à éclater de rire sans raison ou à marmonner des phrases sans queue ni tête avec des mots comme « brûleront tous » ou « le feu expiera leurs crimes ». Son délire avec le feu commençait à devenir dangereux pour ses propres hommes. Il avait décrété, pas plus tard que hier, que les flammes d'Hafodes donneront force et courage à ceux qui se baigneraient dedans. Il avait dit ça avec une telle confiance que plusieurs de ses soldats, vénérant leur roi, l'avaient pris au mot. Leaf ne savait pas s'ils avaient éprouvé force et courage, en tout cas ils avaient brûlé. Quand Castel avait levé sa fourche de feu et regardé leurs cendres, il avait éclaté d'un rire de dingue qui avait duré plus de vingt minutes.

Ses Pokemon aussi s'en donnaient à cœur joie. Leaf avait toujours considéré Shinobourge comme un allié et un brave Pokemon, mais le canard ninja s'avérait en fait être le plus zélé des Pokemon de Castel, toujours prêt à faire le mal pour lui. Il s'en donnait à cœur joie de terroriser les humains et de les massacrer si besoin est. Les autres Pokemon obéissaient à Castel, mais lui seul semblait tirer plaisir de toute cette horreur. Tout cela avait dégouté Leaf. La jeune femme n'était pourtant pas facilement impressionnable. Elle avait vu son lot d'horreur dans son enfance quand elle faisait partie de la Neo Team Rocket. Elle en avait commis elle-même un certain nombre d'ailleurs...

Mais à coté de Castel, Masque de Glace était un bisounours. Leaf ne comprenait pas ce qui se passait. Certes, elle savait que Castel était givré, mais elle aurait pensé que les soldats de Cinhol, dont la plupart s'étaient rebellés contre Nirina, aurait pris conscience de la folie de leur roi et se seraient révoltés. Mais ils ne faisaient rien, pas plus qu'Isgon et Astarias. Tous semblaient être à moitié endormis, exécutant les ordres sans la moindre émotion. Leaf aussi commençait peu à peu à se sentir fatiguée, et c'était pour ça qu'elle avait décidé de partir.

Quoi qu'il se passait ici, ça sentait mauvais. Leaf soupçonnait Venisi d'user de ses pouvoirs sur l'esprit rendre tout le monde ici réceptif aux demandes folles de Castel. Après tout, cette bonne femme voilée avait indirectement contrôlé tous les rois et reines de Cinhol qui se sont succédés depuis cinq cent ans pour les faire agir comme Castel le désirait. Elle avait fait de même récemment avec Ryates. Qui sait de quoi elle était capable ? Silver avait suggéré de l'éliminer, mais Leaf avait refusé. Selon Anis, cette femme n'était autre que la défunte épouse de Castel, Enysia. Or, Leaf ne savait pas trop comment on devait faire pour tuer quelqu'un de déjà mort.

Leaf voulait retrouver son père et ses alliés du Sénat. Eux sauraient sûrement quoi faire. Mais quoi qu'ils décident, il fallait le faire vite. En dépit des précautions de Castel pour rester discret, Leaf savait qu'il avait fait ramener la météorite de Cinhol ici. S'il s'adonnait aux pires actes, c'était sans doute pour la faire gagner en énergie ; elle qui se nourrissait des ondes négatives des êtres vivants, comme le désespoir, la peur et la colère. Leaf n'osait imaginer ce que Castel pourrait faire avec cette météorite chargée, mais ça ne serait pas beau à voir. Ils devaient agir.

- Où il se serait planqué, ton vieux ? Demanda Silver tandis qu'ils sortaient de l'enceinte du palais.

Leaf avait choisi pour filer un moment où Castel n'était pas là. Le roi avait fait une sortie en ville pour « aller à la rencontre de ses nouveaux sujets », autrement dit, pour trouver quelque pauvres types à faire cramer. Techniquement, Leaf était une alliée du roi, et donc libre de ses mouvements, mais elle ne pensait pas que Castel serait ravie de la voir partir. Il lui semblait même qu'il commençait à un peu trop apprécier sa compagnie...

- S'il a un peu de jugeote - ce qui est le cas - il aura quitté la ville, répondit Leaf. Peut-être les autres Adeptes d'Uriel sont avec lui.

- Ça ne nous dit pas où le trouver.

- Il aura sûrement rejoint ce qui reste de l'armée régulière de Bakan. Leur base principale est à Hunk, si j'ai bien suivi les rapports de guerre de Castel. C'est une ville tout au sud. Au pire, même si mon père n'y est pas, j'aurai le sentiment d'enfin me trouver du bon coté. On peut aider ceux qui veulent reprendre Fubrica à Castel.

- Je répète que le plus simple aurait été de le tuer ici et maintenant, insista Silver. Il t'aime bien. Tu n'aurais qu'à l'amadouer un peu, l'attirer dans un lit, et paf, un couteau planté dans le cœur. Masque de Glace nous a appris comment faire.

- Oh oui, quel merveilleux professeur il était, ironisa Leaf. Mais ce type, Castel, a vécu cinq cent ans. Cinq siècles durant lesquels il n'a pas cessé de manipuler son petit monde. Il est cinglé, c'est vrai, mais pas stupide. Je suis sûr que c'est un parano puissance mille, et qu'il soupçonne même son ombre.

- Ça ne t'aurai pas empêché d'essayer, en temps normal.

- Qu'est-ce que ça veut dire, en temps normal ?

- Je crois que tu laisses tes sentiments interférer. Tu aimais bien cet Adam Velgos, et tu veux croire qu'il est toujours présent en Castel. C'est pour cela que tu refuses de l'assassiner.

Leaf aurait bien giflé Silver, mais elle savait qu'il avait touché dans le mille. Ça lui apprendra à lui avoir tout raconté sur Adam...

- Quoi que soit devenu Castel, Adam est innocent. Et je me suis promis, depuis que j'ai quitté la Neo Team Rocket, de ne plus jamais refaire de mal à un innocent. Tu as promis la même chose, non ? On était ensemble.

- Cette fois ci, tuer un innocent en sauvera peut-être des milliers, insista Silver. Surtout si tes suppositions sur ce que Castel compte faire avec cette météorite sont vraies.

- Nous sommes loin de tout savoir. Sur Castel comme sur la météorite. Je ne veux pas intervenir avant d'avoir toutes les cartes en main. Notre boulot immédiat, c'est d'aider à faire tomber Castel et son régime de terreur avant qu'il y ait trop de victime. On laisse le paranormal et le mystique à Anis. Si après nous...

Mais Silver l'arrêta d'un coup, les yeux rivés sur la grande porte d'entrée du palais. Il y avait deux gardes, ainsi que Squablarto, l'un des Pokemon de Castel, qui filtraient les entrées et les sorties, exigeants des informations précises sur les missions et les identités de chacun.

- C'est mauvais ça, souffla Silver. Depuis quand l'entrée est gardée ici ?

- Comme je t'ai dit, Castel est parano. Et il ne va pas en s'améliorant.

Leaf se mordit la lèvre inférieure, embêtée. Elle pouvait faire jouer sa relation avec Castel, mais elle doutait de parvenir à tromper le Pokemon sans raison valable. À eux deux et avec tous leurs Pokemon, ils auraient pu passer en force, mais ce n'était pas sans risque, surtout si en ville, Castel se doutait de quelque chose. Et la voix qui se fit entendre derrière eux n'arrangea pas les choses.

- Un problème ? Vous semblez bien agités, tous les deux...

Leaf se retourna pour faire face à Syal. La capitaine Stormy Sky se trouvait souvent au palais, pour servir d'agent de liaison entre Castel et l'Amiral Rashok. Leaf avait appris à sympathiser avec cette fille tandis qu'ils se battaient contre Nirina. On pouvait même dire qu'elles étaient devenues amies. Mais Leaf ne pouvait plus lui faire confiance. Elle n'était peut-être pas convaincue par les agissements de Castel, mais sa loyauté envers l'Amiral Rashok était absolue.

- Un problème ? Répéta Leaf, l'air de rien. Non, aucun problème.

- Vraiment ? Vous avez pourtant l'air de deux gars qui souhaitent sortir sans autorisation.

- Je n'étais pas au courant qu'il fallait une autorisation pour sortir à présent, riposta Leaf. Je suis ici de mon plein gré, que je sache, pas une prisonnière.

- Le roi a fait renforcer la sécurité partout, expliqua Syal. On risque moins de chose quand on veut conquérir un pays que quand on l'a conquis.

- Bien sûr...

- Si vous voulez sortir sans problème, suivez-moi. Moi, on ne me contrôle pas. Je vais et je viens comme je veux du palais à mon vaisseau.

- Euh, c'est gentil, fit Leaf. On voulait juste prendre un peu l'air.

- Bien sûr.

Le sourire de Syal signifiait clairement qu'elle n'y croyait rien. Leaf se demandait si elle les attirait dans un piège. Silver, lui, se tenait déjà prêt à agir au cas où, une main sur l'une de ses Pokeball. Mais il ne se passa rien quand ils passèrent devant les gardes et Squablarto. Quand ils furent hors de l'enceinte du palais, Syal leur demanda :

- Alors, où allez-vous prendre l'air ? Dans un coin plus tranquille, j'espère ? Genre le sud, avec des gens un peu plus sains d'esprit qu'ici ?

Sachant qu'elle les avait percé à jour, Leaf se dépêcha de tirer la Pokeball de son Granbull, mais Syal leva les bras.

- Allons, si j'avais voulu vous arrêter, ce serait déjà fait.

- Qu'est-ce que tu veux ? Demanda Silver de façon menaçante.

- Moi, rien. Ce qui importe, c'est ce que vous voulez, vous. Vous désirez seulement fuir la région, ou vous engager avec ceux qui résistent à Castel ? Si c'est la première solution, je vous attrape sur le champs avec mon cuivre et vous livre au roi timbré. Si c'est la seconde, vous pouvez filer avec tous mes vœux de réussite. Je vous affrèterai même un petit vaisseau pour que vous y aller plus vite.

- Ça veut dire quoi ça ? S'étonna Leaf.

- Que tu dois réparer ce que tu as crée. Tu marches avec Adam depuis le début. C'est en majeure parti grâce à toi qu'il en est là. Tu dois réparer le bordel qu'il a fait, dont tu es en partie responsable.

- Tu trahirais le roi ? Interrogea Silver.

- Castel n'est pas mon roi. Je ne lui dois rien. Ce qu'il fait me révolte. J'ai vraiment du mal à croire qu'il soit le même gamin naïf qui vivait dans son monde rose que j'ai rencontré.

Leaf jugea rapidement le ton de Syal, et décida de la croire.

- C'est parce que ce n'est plus le même, justement.

Elle lui raconta alors ce qu'elle savait grâce à Anis ; qu'Adam avait toujours été Castel Haldar, et que ce dernier avait repris possession de son corps dans le but de se venger du monde réel. Syal écouta jusqu'à la fin en silence, et la seule question qu'elle posa fut :

- Pourquoi ne m'avoir rien dit avant ? J'ai fait front commun avec votre bande de dégénérés pendant un moment, tout de même ! Je pensais qu'on était dans la même équipe... J'avais le droit de savoir, surtout si mon organisation a passé une alliance avec ce taré !

Elle semblait vexée. Leaf leva les mains pour s'excuser.

- Anis m'a demandé d'en parler avec le moins de monde possible pour ne pas éveiller les soupçons. Et toi... eh bien, on ne savait pas trop dans quel panier te mettre. Tu es une Stormy Sky.

- Et j'en reste une. Je suis loyale à l'organisation avant de l'être à l'Amiral. Castel va mener Stormy Sky à la ruine, et donc Rashok aussi s'il s'évertue à le suivre.

- Essais donc de le convaincre de ce que Leaf t'a raconté, fit Silver. Qu'il comprenne qu'il fait alliance avec un démon !

Mais Syal secoua la tête.

- Même s'il me croit, je ne pense pas que ça change quelque chose. L'Amiral s'est allié avec lui pour que Stormy Sky puisse à terme récupérer la région Bakan, voire plus. Il voit en Castel un moyen de renforcer l'influence de Stormy Sky comme personne avant lui. Que son outil soit Adam Velgos ou Castel Haldar ne changera rien, surtout qu'il ignore à peu près tout de l'histoire de Cinhol... Non, l'Amiral est perdu.

Leaf sentit combien ces paroles pesaient sur Syal, qui avait toujours considéré Rashok comme son bienfaiteur, presque un père pour elle.

- Viens avec nous alors, dit-elle. Un vaisseau de Stormy Sky ne sera pas de refus pour l'armée loyaliste.

- Ils auront surtout hâte de faire un exemple du capitaine Stormy Sky qu'ils auront capturé, ricana Syal. Non, je reste. Je pense parvenir à convaincre d'autre capitaines de se retourner contre l'Amiral le moment voulu. Mais si vous pouvez faire quelque chose, alors allez-y.

Une heure plus tard, Syal tint parole. Elle les embarqua discrètement dans un petit transporteur de Stormy Sky, censé envoyer des troupes vers le sud pour lutter contre l'armée loyaliste. Pour ne prendre aucun risque, le pilote les déposa à une distance de sécurité nécessaire des lignes de l'armée ; comme l'avait dit Syal, Stormy Sky était, à juste titre, considéré comme des ennemis et des traîtres de la pire espèce. Leaf et Silver firent le reste du trajet à dos de Pokemon, jusqu'à que des militaires ne les trouvent et leur ordonnent de se rendre.

- Nous ne sommes pas des ennemis, commença Leaf. Nous sommes des dresseurs échappés de la capitale, pour rejoindre ceux qui luttent contre Castel.

- C'est vous qui le dîtes, répliqua l'officier qui les tenait en joue. Castel nous a déjà trompé. On ne peut prendre aucun risque.

- Voilà un homme intelligent, sourit Leaf. Qui commande chez vous ?

- Le général Polvan Willis, commandant en chef des armées de Bakan, et les sénateurs Dusan Karsio et Glen Kearney.

Les noms des sénateurs n'étaient pas inconnus à Leaf. C'étaient des membres des Adeptes d'Uriel.

- C'est parfait, dit-elle. Amenez-nous aux sénateurs, s'il vous plait. Ils connaissent mon père, et pourront certifier qu'on est dans le même camps.

Aussi prudent l'officier soit-il, il accepta, sans pour autant baisser son arme. Une fois dans le camps militaire, Leaf eut la grande joie de voir son père Iridien sortir d'un baraquement, ayant sans doute été prévenu de l'arrivée de sa fille. Leaf se précipita dans ses bras, et quand les soldats qui la tenaient en joue virent son père répondre à cette étreinte, ils baissèrent leurs armes, plus rassurés.

- Monsieur l'ambassadeur, vous connaissez cette jeune femme ? Demanda l'officier.

- C'est ma fille, caporal Malk. Tout va bien.

- Et lui ? Fit-il en désignant Silver.

- Je le connais aussi, c'est bon. Allez prévenir le général, si vous voulez bien. Ils auront sans doute de précieuses informations en provenance de Fubrica.

- Oui monsieur.

Le caporal Malk salua et tourna les talons. Leaf regarda son père d'un air ironique.

- Tu es devenu un chef de guerre en mon absence ?

- En dehors de Dusan et Glen, je suis le seul civil qui les aide, expliqua Iridien. Les militaires apprécient quand les politiques donnent l'image de prendre les choses en main.

L'ambassadeur de Kanto se tourna vers Silver.

- Comment vas-tu, Silver ?

- Bien m'sieur, merci.

- Tu es venu toi aussi t'engouffrer dans cette galère ?

- Je dois deux trois trucs à votre fille, puis je n'ai jamais rien contre boxer les dictateurs comme ce Castel.

- Le roi est devenu plus cinglé qu'il ne l'était déjà, expliqua Leaf à son père. On a décidé qu'il valait mieux partir tant qu'il était encore temps.

- Vous avez bien fait. On aura besoin de vous. Venez, allons voir le général Willis. C'est un homme d'honneur, et il n'a pas du tout apprécié ce que Castel a fait au Sénat. Avec Dusan et Glen, on a importé les Adeptes d'Uriel dans l'armée régulière, qui a des troupes et des bases partout dans Bakan. Les Adeptes sont à peu près dix-mille à présent, et ils ne vont pas laisser Fubrica à ce fou bien longtemps...


***


Une fois rentré des quelques exécutions qu'il avait provoqué en ville - une famille qui avait été un peu trop lente à s'agenouiller sur son passage - Castel fut prit du désir d'être avec Leaf. C'était drôle comment il était resté loin des femmes durant les cinq siècles passés à vieillir et rajeunir indéfiniment, et que maintenant qu'il avait retrouvé son vrai corps et que son temps s'écoulait normalement, le désir du sexe opposé était revenu plus fort que jamais. Peut-être voulait-il rattraper ses cinq cents ans d'abstinence ?

Castel désirait Leaf, bien qu'elle ne fut qu'une fille insignifiante. Cela était sans doute dû aux sentiments d'Adam envers elle. Bien que cette personnalité ridicule et faible ait été totalement effacée, Castel sentait qu'il restait une trace. Son désir inassouvi envers Leaf allait menacer de le rendre dingue. N'était-il pas le roi ? Ne prenait-il pas ce dont il avait envie ? Le problème, c'était que Castel était marié et fidèle à Enysia. Mais sous sa forme actuelle, celle qui se cachait derrière le voile de Venisi, Castel ne pouvait espérer trouver un quelconque réconfort à ses pulsions. C'était un cadavre mobile, rien de plus. Si elle avait mis un voile intégrale, c'était pour ne pas indisposer son époux et roi de la vision désagréable de son corps en décomposition.

Castel avait prévu de se servir de la météorite de Vifacier pour transférer l'essence d'Enysia dans le corps de Leaf. Voilà ce qu'aurait été l'idéal. Mais plus que son corps - très appréciable - c'était aussi l'esprit de Leaf que Castel aimait. Il voulait la dominer au moins une fois, alors qu'elle était encore elle-même. Mais comment faire ? La violer ? Il aurait sans doute pu, mais le fantasme de Castel, c'était que la fille se soumette d'elle-même, qu'elle accepte sa supériorité. La courtiser ? Ça aurait sûrement marché quand il avait été cet idiot d'Adam Velgos. Castel était sûr que Leaf avait eu quelque sentiments pour lui. Mais à présent, après tout ce qu'il avait fait, il doutait que Leaf ne veuille de lui. Mais tant pis, il voulait quand même la voir. Mais après l'avoir cherché longuement dans le palais - sans succès - il apparut que Leaf n'était plus là. Même son ami dresseur Silver était introuvable. Castel demanda des informations à tous les gardes qu'il put trouver, et la réponse tomba de l'un d'entre eux, un garde qui était assisté de Squablarto.

- Je les ai vu passer, sire. Ils étaient avec la capitaine de Stormy Sky, celle avec le cuivre sur le bras. Comme vous avez ordonné qu'elle puisse aller et venir comme bon lui semble, je n'ai pas jugé utile de...

Castel ne le laissa pas finir. Il ordonna à Squablarto de le dévorer sur place pour son manquement, et ordonna à un autre garde terrifié d'aller lui trouver Syal. Pendant ce temps, il se reposa l'esprit en écoutant les hurlements d'agonie du soldat. Depuis quelque temps, il avait des maux de tête, et la souffrance des autres semblaient l'apaiser. Syal arriva quelque minutes plus tard, escortées par deux soldats. Elle fronça les sourcils quand elle vit Squablarto en train de se régaler des restes du gardes, mais ne dit rien.

- Syal, il parait que tu es la dernière personne à avoir vu Leaf ici, commença Castel. Où est-elle ?

- Qu'est-ce que j'en sais moi ? Je suis pas sa nounou.

La Stormy Sky avait conservé son visage neutre et méprisant. Castel n'aurait su dire si elle mentait ou pas.

- Vous êtes sorties ensemble du palais, à ce qu'on m'a dit.

- Ouais, et alors ? On a causé deux minutes, puis on est parti chacune de notre côté. Elle voulait peut-être être seule avec son pote aux cheveux rouges.

- De quoi avez-vous parlé ?

Le sourire de Syal se fit ironique.

- D'après toi, Ta Majesté ? On s'est fait part mutuellement de notre inquiétude commune en ce qui concernait tes nouveaux hobbies. Tu sais, meurtres, tortures, bûchers, ce genre de truc quoi...

- L'Amiral Rashok n'a rien trouvé à redire à mes méthodes. Tu ne devrais pas non plus.

Syal haussa les épaules.

- Contrairement à l'armée de Cinhol, à Stormy Sky, on peut penser et même dire ce qu'on veut. Je sais, ça doit te paraître totalement fou... Mais ça ne nous empêche pas d'obéir aux ordres.

- Alors va obéir, cracha Castel en lui faisant signe de partir.

Il n'avait décelé aucune duplicité chez Syal, mais il ne savait pas non plus lire les esprits. Si Leaf avait décidé de partir parce qu'elle ne supportait plus les agissements de Castel... c'était en soi prévisible, bien que douloureux. Mais si elle était partie pour autre chose, du genre une trahison... Castel la retrouverait. Il n'avait pas renoncé à elle, du moins à son corps. Entre temps, il devrait demander à Venisi de renforcer son engourdissement mental dans le palais. Il ne pouvait se permettre que ses serviteurs se mettent à s'interroger voir à discuter ses ordres. Mais d'abord, il devait faire ce qu'il avait prévu : entrer en contact avec le Grand Forgeron. Après cinq cent ans d'absence, il devait lui faire savoir que leur marché tenait toujours, et que Castel allait lui livrer cette planète comme convenu.

Il s'enferma dans sa chambre, et toucha la météorite de Vifacier. Transcendant le temps et l'espace, ce métal était directement lié au Grand Forgeron, où qu'il puisse se trouver dans le Multivers. Mais l'effort pour le contacter était grand. Castel fondit son esprit dans le Vifacier pendant près d'une heure avant de pouvoir enfin percevoir la présence imposante du Grand Forgeron. Quand ce dernier le remarqua, lui, Castel, il s'accrocha à son esprit si brutalement que le roi de Cinhol ne put rien faire. Personne n'était au niveau du Grand Forgeron question mental.

- Grand Forgeron... murmura Castel en serrant les dents pour faire face à la douleur.

- Toi... Je te reconnais. L'humain à qui j'ai confié Hafodes.

La voix qui semblait être celle de Dieu - ou du Diable - perça l'esprit de Castel et envahit tout son être. En ce moment, le grand roi de Cinhol se sentait des plus insignifiants face à son interlocuteur, un être omniscient qui avait traversé les âges et les univers.

- Tu es encore vivant après tout ce temps ? Etonnant. Les humains de la Terre auraient-ils trouvé un moyen de rallonger leur faible espérance de vie ?

- Il y a eu un accident, Grand Forgeron, expliqua Castel.

Il lui raconta comment Uriel avait saboté la météorite de Vifacier, et que cette dernière avait entraîné Castel et ses Pokemon dans une boucle temporelle impossible à briser.

- Je vois, fit le Grand Forgeron. Un effet imprévu. Le Vifacier est capricieux. Ainsi donc, tu rajeunissais et vieillissait à volonté ? Une forme intéressante d'immortalité, mais pas des plus commodes.

- Je suis parvenu à briser la boucle, seigneur, dit Castel. Je suis de nouveau moi-même, et j'ai récupéré la météorite. Je m'emplois désormais à conquérir le monde pour vous, comme nous l'avions convenu.

- Le rocher de Vifacier est avec toi, dis-tu ?

- Oui, Grand Forgeron. En ce moment même, j'apporte ruine et désespoir autour de moi, et j'emplis la météorite de toute l'énergie négative qu'elle a besoin pour purger totalement ce monde.

Il y eu un silence, comme si le Grand Forgeron réfléchissait.

- J'ai perdu de vue la Terre depuis un moment, dit-il enfin. Mais je n'y ai pas renoncé. Ce monde est celui où les miens ont bâti notre plus grande et majestueuse cité. Elle renferme bien des merveilles, dont toute une armée qui m'est acquise. La retrouver sera pour moi un grand atout dans ma guerre contre les autres Primordiaux. Je t'envois un de mes serviteurs. Il suivra le signal du Vifacier. Il t'assistera et recherchera pour moi la Première Cité.

- Bien, Grand Forgeron. Je l'attends avec impatience.

Castel n'était pas ravi que le Grand Forgeron lui impose une de ces horreurs mécaniques, mais comment aurait-il pu refuser ?

- Fais ce que tu as à faire, humain, conclut le Grand Forgeron. Livre-moi ce monde, et je saurai me montrer encore plus généreux.

- Je suis à votre service, Seigneur Memnark.